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05 juillet 2019

Fernand Elosu au lycée de Bayonne

Le docteur Fernand Elosu,figure injustement oubliée de l'histoire de Bayonne,est né à Bordeaux  le 28 mai 1875.C'est le fils naturel non reconnu d'un docteur,médecin chirurgien et député de Bayonne;Salvat Ernest Marie Léon Lafont (1845-1896) .Sa mère, Rose Antonia de Elosu,le reconnaitra le 10 juin 1875.Elle a déclaré être domiciliée au numéro 46 de la rue Villeneuve à Bordeaux.
Sources d’État civil Bordeaux section 2 naissances 1875 cote : 4 E 1539
acte de naissance N°642 vue 106/273
acte de reconnaissance N°682 bis vue 113/273
Fernand Elosu a fréquenté le lycée de Bayonne en qualité d'externe domicilié à Bordeaux.Son nom apparaît à plusieurs reprises lors des remises solennelles des prix de 1893 et 1892 .





1893_Mentions honorables,2e ligne Elosu,Fernand,de Bordeaux,externe.

1893 Lycée de Bayonne

1893 

Philosophie
Excellence
Elosu Fernand

Dissertation française
Prix d'honneur
Accessit.
Elosu Fernand

Sciences physiques et naturelles
1 er Acc.
Elosu Fernand

Histoire
2 e Acc.
Elosu Fernand

1892 Lycée de Bayonne


Rhétorique 
Excellence
Elosu Fernand de Bordeaux







































Seconde
Version latine
Accessit
Elosu Fernand de Bordeaux

Version Grecque
Mention
Elosu Fernand

Histoire et Géographie
1 er Prix
Elosu Fernand

Anglais
Elosu Fernand


Remerciements

A Philippe Prévot principal du collège Marracq 
Xipri Arbelbide,
Yanick Renaud de la Librairie du Levant  15 Rue Marengo, 64100 Bayonne,
Michel Chevance. 

Articles du blog consacrés à Fernand Elosu 

Jugement du 8 février 1940 à l'encontre de Fernand Elosu et Etienne Cazaux  

Fernand Elosu,un politique interné en 1940 

Jeudi 30 juillet 1914 à Bayonne 

1 er mai 1914:meeting au cinéma Saint-Esprit (Bayonne) 

09 février 2018

Fernand Elosu,un politique interné en 1940

Au printemps 1940, les autorités civiles et militaires de la IIIe République,décident d'éloigner de Bayonne,Fernand Elosu (1875-1941), accusé d’être un "extrémiste militant". L’internement initialement prévu au Centre de Séjour Surveillé de Saint-Martin-de-Ré (Charente-Maritime) se fera au camp de Gurs via la prison de Dax.
Le dossier coté 77 W Art 48 conservé par les Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques à Pau dévoilent les ressorts d'un internement pour délit d'opinion,avant le gouvernement de Vichy.

La numérotation des pièces est le fait de l'auteur du blog

Pièce N°1_Bordeaux,le 18 mars 1940
Extrait d'une écoute téléphonique du 11/3/40 Bayonne

Destinataire Appelé Commissariat de Police Bayonne.
Bonjour M.NADEAU.Je vous appelle au sujet de l'affaire ELOSU.Il a demandé un recours en grâce au Procureur de la République.Le Sous-Préfet me demande ce que penserait l'opinion si le recours en grâce était signé.
Venez me voir,nous en reparlerons.
Maintenant il y a trois Espagnols (de la Roseraie) qui n'ont pas de laisser-passer,qui n'ont rien et qui travaillent à la Poudrerie de Blancpignon,et qui arboraient hier une fleur rouge.
Si je les fous entre les mains du Parquet,l'usine va crier,puisqu'ils travaillent pour la Défense.
Venez,nous parlerons de cela.
Le Dr ELOSU est un communiste notoire et militant.

Pièce N°2_Ministère de l'Intérieur
Direction Générale de la Sûreté Nationale
Commissariat spécial de Bayonne
N°945
Bayonne le 24 mars 1940
Le Commissaire spécial TOURRET
à Monsieur le Commissaire Divisionnaire
HENDAYE
Comme suite à la demande de renseignements N°3222 BCR en date du 16 mars 1940 de M.le Général Commandant la 18 e Région,relative à un compte rendu d'écoute de Bayonne du 11 mars 1940 à 14h30,j'ai l'honneur de vous faire connaitre qu'il s'agit d'un entretien téléphonique entre M.NADAUD ,Commissaire Central de Bayonne et moi-même,Commissaire Spécial,détaché à Bayonne.
L'affaire ELOSU,dont il est question,est une affaire de reconstitution de groupement dissous (Les Amis de l'U.R.S.S.) sanctionné le 8 février dernier par le Tribunal Correctionnel de Bayonne qui a prononcé une peine de 6 mois de prison contre le Docteur ELOSU de Bayonne,militant extrémiste.Celui-ci a demandé un recours en grâce.
M.le Sous-Préfet de Bayonne ayant demandé des renseignements à ce sujet à M.NADAUD,Commissaire Central et à moi-même,il était normal de nous consulter.
Je vous ai adressé mon rapport à ce sujet sous le N°826 le 22 mars courant.
Les 3 Espagnols dont il est question dans le compte rendu d'écoute sont les nommés:
CANGA Manuel né à BILBAO le 22 octobre 1915
NOCEDALValentia ,né le 3 novembre 1913 à San-Salvador,
SANCHEZ Gerardo,né le 27 juillet 1917 à Sestas.
Ces 3 réfugiés espagnols travaillent actuellement à la Poudrerie de BLANCPIGNON.
Le 11 mars courant,ils ont fait l'objet d'un examen de situation  dans les services de la Police municipale de Bayonne,cars ils avaient été remarqués ,se promenant en ville avec une fleur rouge à la boutonnière.
Ils n'ont pas été déférés au Parquet,parce qu'il n'a pu être recueilli aucun élément d'inculpation contre eux.
Ces 3 étrangers provenant de camps de concentration sont dépourvus de laissez-passer,car ainsi que tous les réfugiés espagnols travaillant à la Poudrerie nationale de BLANCPIGNON et les usines BREGUET à Anglet,ils vont etre formés en compagnies de travailleurs étrangers,à bref délai.
Le Commissaire Spécial.

N°5.016
5.303
VU et TRANSMIS à Monsieur le Général Commandant
la 18e Région-Etat-major-B-C-R Bordeaux-
suite à sa demande ,en date du 16 mars 1940.N°3.222
Les espagnols sus-visés font l'objet d'une active surveillance de mon service.
Hendaye le 25 mars 1940
Le Commissaire Divisionnaire.



Pièce N°3_Pau,le 8 avril 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Sous-Préfet à Bayonne


En vous accusant réception de votre communication du 27 mars 1940 portant envoi du rapport N°5.016-5.303 de M.le Commissaire Divisionnaire d'Hendaye,en date du 25 mars,j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien,au fur et à mesure que des individus dangereux pour la défense nationale ou l'ordre public et actuellement détenus seront libérés,m'adresser les propositions que vous croiriez devoir formuler en vue de l'application à ces individus de l'une des dispositions prévues par le décret du 18 Novembre 1939.
Je vous serais obligé de me faire connaitre si vous envisagez qu'il y aurait lieu de prendre une mesure semblable à l'encontre du Docteur ELOSU dans le cas où son recours en grâce viendrait à être accepté.
Le Préfet


Pièce N°4_Ministère de l'Intérieur
Direction Générale de la Sûreté Nationale
Commissariat Spécial de BAYONNE
N°1198

Bayonne,le 20 avril 1940
Le Commissaire Spécial TOURRET
à Monsieur le Commissaire Divisionnaire
HENDAYE

Comme suite à vos instructions,j'ai l'honneur de vous faire connaitre qu'à mon avis,il y aurait lieu de prendre une mesure d'éloignement,en application du 18 Novembre 1939,à l'encontre du Docteur ELOSU de Bayonne dans le cas où son recours en grâce viendrait a être accepté.
Ce militant extrémiste a fait l'objet de ma transmission N°826 du 22 mars 1940.
Le Commissaire Spécial.

N)6.205
    7.091
D-Communistes Avril 1935
Dissolution Parti Communiste
--------------------------------------
VU et TRANSMIS à Monsieur le SOUS-PRÉFET de Bayonne,suite à sa demande,en date du 9 avril 1940.
Hendaye le 22 avril 1940.
Le Commissaire Divisionnaire


Pièce N°5_Direction Générale de la Sûreté Nationale
Commissariat spécial d'Hendaye
-------------------------
Communiste 1940
-------------------------
Hendaye le 27 avril 1940
Le Commissaire Divisionnaire à Monsieur le SOUS-PRÉFET BAYONNE

Référence à votre demande,en date du 23 avril 1940,j'ai l'honneur de vous faire connaitre que je partage entièrement l'avis de M.TOURRET,qui a proposé l'éloignement du docteur ELOSU,dans le cas où son recours en grâce viendrait à être accepté.

Le Commissaire Divisionnaire

Pièce N°6_Sous-Préfecture de Bayonne
Bayonne,le 29 avril 1940
SECRET

Le Sous-Préfet de Bayonne
à Monsieur le Préfet (Cabinet du Préfet)
En réponse à votre communication du 8 avril,j'ai l'honneur de vous transmettre,sous ce pli,les rapports que m'adressent M.le Commissaire Divisionnaire d'Hendaye et M,le Commissaire Spécial à Bayonne tendant à l'éloignement du docteur ELOSU dans le cas où son recours en grâce viendrait à être accepté.
Je ne puis que partager leur avis à son sujet.
Le Sous-Préfet
Pierre Daguerre


Pièce N°7_Pau,le 2 mai 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Sous-Préfet à Bayonne.

Comme suite à mes précédentes communications relatives au même objet et en réponse à votre rapport du 29 avril 1940 dont j'adopte entièrement les conclusions,j'ai l'honneur de vous prier de me faire parvenir,le plus tôt possible,la notice individuelle en triple exemplaire également le concernant afin de me permettre d'adresser à M.le Ministre de l'Intérieur une proposition tendant à l'assignation,le moment venu,au Docteur ELOSU,d'une résidence obligatoire dans une commune du département.
Le Préfet


Pièce N°8_Pau,le 20 mai 1940.
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Sous-Préfet de BAYONNE

J'ai l'honneur de vous transmettre,sous ce pli,pour renseignements et avis,en communication et avec prière de retour,une lettre anonyme en date du 5 mai 1940 adressée à M.le Ministre de l'Intérieur au sujet des nommées ELOSU et Monxxxxxx et faisant allusion à une certaine activité communiste aux usines Bréguet à Anglet.


Pièce N°9_MINISTÈRE DE L 'INTÉRIEUR
DIRECTION GÉNÉRALE
de la
SÛRETÉ NATIONALE
N°52
Objet:Perquisition opérée en vertu d'un mandat décerné par M.le Préfet des Basses-Pyrénées.
Affaire: ELOSU Fernand né le 25 mai 1875 à Bordeaux,Docteur en médecine

PROCÈS-VERBAL

L'an mil neuf cent quarante le vingt-et-un mai,
Nous,Exxx-Axxxx Pierre Éloi,Commissaire de Police Spéciale pour la durée de la guerre,en résidence à Hendaye,Officier de Police judiciaire ,auxiliaire de Monsieur le Procureur de la République ,agissant en vertu d'un mandat de perquisition décerné par Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées,en date du vingt-et-un mai 1940,contre Monsieur ELOSU,Fernand,docteur en médecine à Bayonne,né le 25 mai 1875 à Bordeaux.
Nous nous sommes rendus au domicile de l’intéressé situé à Bayonne Cours du Comte Cabarrus Villa Ego-Aldé,où en sa présence nous avons effectué des recherches dans toutes les dépendances de son habitation,composée de dix pièces (rez-de-chaussée et premier étage). Mais nous n'avons trouvé aucune pièce,document,correspondance ou tract se rattachant au parti communiste dissous.
Lecture faite et persiste et signe avec nous,

Le Commissaire de police spéciale*
Signé:Exxxxxx

Signé:ELOSU

Fait et clos à Bayonne le Vingt-et-un mai 1940

* Complément du blog Retours vers les Basses-Pyrénées Le Commissaire de Police Spéciale qui a procédé à la perquisition est né à Gurs en  1885


Pièce N°10_28 mai 1940
SECRET
Le Sous-Préfet de Bayonne à Monsieur le Préfet
(Cabinet) PAU
En vous transmettant les Procès-Verbaux des perquisitions effectuées aux domiciles des nommés:
ELOSU Fernand,né le 28 mai 1875 à Bordeaux,docteur en médecine,demeurant à Bayonne,
Pxxxx Gaston, né le 1 er avril 1904 à Bidache,ouvrier imprimeur,demeurant à Bayonne,
Mxxxx Georges,né le 28 juin 1884 à Bayonne,industriel,demeurant à Bayonne.
J'ai l'honneur de vous faire connaitre que j'ai déjà proposé,dans mon rapport du 29 avril 1940,qu'une mesure d'éloignement soit prise,en application du décret du 18 novembre 1939,à l'encontre du Docteur ELOSU dans le cas où son recours en grâce viendrait à être accepté.
(...)
Je propose que l'éloignement des trois individus précités soit effectué sous la forme de l'internement dans un camp.
Le Sous-Préfet
Pierre Daguerre



Pièce N°11_CABINET DU PRÉFET DES BASSES-PYRÉNÉES.

Le Préfet des Basses-Pyrénées,Officier de la Légion d'Honneur,
Vu le décret du 18 novembre 1939 relatif aux mesures à prendre à l'égard des individus dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique,et notamment les articles 1 et 4 dudit décret.
Vu le décret du 29 novembre 1939 et notamment l'article 3 dudit décret.
ARRÊTE
ARTICLE 1er.-M.ELOSU,Fernand,docteur en médecine,demeurant à Bayonne,est astreint à résider dans le centre de séjour surveillé de St Martin-de-Ré,où il sera immédiatement conduit.

ARTICLE 2.-Sous peine des sanctions prévues à l'article 4 du décret du 18 novembre 1939 (emprisonnement de un à cinq ans),M.ELOSU,Fernand,ne pourra en aucun cas quitter,sans autorisation,les lieux fixés pour sa résidence et il devra se conformer à toutes les prescriptions qui lui seront adressées pour l’exécution de cette décision par l'autorité compétente.

ARTICLE 3.-M.ELOSU,Fernand peut,à compter de la notification du présent arrêté,produire par écrit devant la Commission de Vérification toutes observations qu'il jugera utiles sur la mesure dont il est l'objet.

ARTICLE 4.-Le présent arrêté sera adressé au Général Commandant la 18 eme Région,en vue de sa notification et de son exécution immédiate et sera communiqué au Ministre de l'Intérieur.

Pau,le 8 juin 1940.
Le Préfet
A.Chiappe

Pièce N°12_Pau,le 8 juin 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Général Commandant la 18 eme Région à Bordeaux.
SECRET

J'ai l'honneur de vous transmettre,sous ce pli,deux ampliations de mon arrêté en date de ce jour par lequel,conformément aux dispositions du décret du 18 novembre 1939,j'ai astreint le nommé ELOSU,Fernand,docteur en médecine,demeurant à Bayonne,à résider dans le centre de St-Martin-de-Ré.
Je vous serais reconnaissant de vouloir bien assurer la notification et l’exécution de cet arrêté ou,tout au moins,me déléguer à cet effet.

Le Préfet
Signé:Angelo CHIAPPE

P.S.Mention dactylographiée rayée.Cette mesure ne sera exécutée qu'à l'expiration de la peine de trois mois de prison que l’intéressé accomplit actuellement

Copie transmise,à titre d'information,à Monsieur le Sous-Préfet de Bayonne.

Pièce N°13_Pau,le 8 juin 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Ministre de l'INTÉRIEUR
(Direction Générale de la Sureté Nationale_4 eme Bureau)
SECRET

J'ai l'honneur de vous transmettre,sous ce pli,un exemplaire de mon arrêté en date de ce jour par lequel,conformément aux dispositions du décret du 18 novembre 1939,j'ai astreint le nommé ELOSU,Fernand,docteur en médecine à Bayonne à résider au centre de séjour surveillé de St-Martin-de-Ré.
Je vous serais reconnaissant de vouloir bien soumettre cet arrêté à la Commission de Vérification.

Le Préfet.



Pièce N°14_GENDARMERIE NATIONALE
18e Légion
Compagnie des Basses-Pyrénées
Section de Bayonne
Brigade de Bayonne
N° de la Brigade :783 du 21/6/1940
Procès-Verbal
constant (sic) la notification d'un arrêté d'internement et la conduite au centre de séjour surveillé de Dax,du nommé ELOSU, Fernand de Bayonne.

CEJOURD'HUI,vingt juin ,mil neuf cent quarante à dix-neuf heures.
Nous soussignés,PxxxxxJean,M.D.L.C. et gendarme Mxxxx,Auguste,gendarme à pied à la résidence de Bayonne,département des (Basses-Pyrénées) revêtues de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs,agissant en vertu de la note N°D.1430.3374.S/2,de M.le Général Cdt la 18e Région,en date du 14 juin 1940,transmission N°5152/3,compagnie du 16 juin 1940 et N°4155/3 section du 18 courant,concernant la notification au nommé ELOSU,Fernand,né le 28 mai 1875 à Bordeaux,fils naturel de Elosu,Rosa,docteur en médecine,demeurant Hégoaldo,quartier Saint-Léon à Bayonne,d'un arrêté de M.le Préfet des (B.P) à Pau en date du 18 juin 1940,l'astreignant à résider au centre de séjour surveillé de Dax (Landes) nous sommes mis à la recherche et interpellé,il nous a déclaré:
"Je me nomme ELOSU,Fernand,né le 28 mai 1875,à Bordeaux (Gironde) fils de père inconnu et de Rose Elosu,docteur en médecine,Villa Hégoaldo quartier St-Léon à Bayonne.
Il a ajouté:
L’arrêté Préfectoral en date du 8 juin 1940 s'applique bien à moi.Je reconnais avoir reçu notification.Je reconnais également avoir pris connaissance de l'article 3 qui m'autorise à produire par écrit devant la commission de vérification toutes observations que je jugerais utiles.
En conséquence,M Elosu a été conduit au centre de séjour surveillé de Dax,où il a été déposé ce jour à 22 heures.


Quatre expéditions:
1° au Général Cdt la 18e Région à Bordeaux
2° à M.le Préfet des (B.P) à Pau
3° à suivre l’intéressé;
4° aux archives.

Pièce N°15_23 juin 1940 lettre manuscrite
Docteur F.ELOSU
"Hégoaldé"
Cours du CTE de CABARRUS
ST-LEON BAYONNE
DE MIDI A 2 HEURES
Maison d’arrêt de Dax
Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées
Monsieur le Préfet
Conformément aux termes du mandat d’arrêt m'envoyant à la prison de Dax comme dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique,j'ai l'honneur de faire appel auprès de vous contre une décision émanant sans doute de services mal informés.
Je ne puis présenter aucun danger pour la défense nationale pour la simple raison qu’âgé de 65 ans,je ne puis avoir ni de près ni de loin aucun contact avec aucun organisme intéressant la défense nationale.
La sécurité publique n'a rien non plus à craindre d'un homme dont toute la vie est faite d'abnégation,de probité,et de travail.Durant toute mon existence je n'ai fait que prêcher et pratiquer la plus pure humanité sans exercer ni préconiser aucune violence contre les personnes ni contre les choses.Toute mon activité a toujours été inspiré par la doctrine de Tolstoï,ennemi de toute violence,et génératrice au contraire de la fraternité la plus entière,sans limite.
J'ose donc espérer,Monsieur le Préfet,que vous ne voudrez répondre à un partisan de la doctrine de la non violence par une violence qui,en dehors de tout principe doctrinaire,ne peut se défendre par une utilité quelconque,puisque je suis un être complètement inoffensif.D'abord par principe et ensuite par impossibilité physique.
ELOSU
23 juin 1940



Pièce N°16_Pau,le 3 juillet 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Sous-Préfet à BAYONNE
J'ai l'honneur de vous transmettre,sous ce pli,en communication et avec prière de retour,une lettre en date du 23 juin 1940,par laquelle le Docteur ELOSU,actuellement interné à Dax demande sa libération et fait valoir à cet effet un certain nombre d'arguments.
Je vous serais obligé de vouloir bien me faire connaitre la suite que cette requête vous paraitra susceptible de comporter.


Pièce N°17_Sous-Préfecture de Bayonne
Bayonne,le 5 juillet 1940

Le Sous-Préfet de Bayonne
à Monsieur le Préfet (Cabinet) Pau
En vous retournant la lettre ci-jointe que vous avez bien voulu me communiquer,j'ai l'honneur de vous faire connaitre que je ne vois aucun inconvénient à ce que M.le Docteur ELOSU reçoive satisfaction en raison de son age et de son état de santé.Mais je m'oppose à ce que le docteur ELOSU revienne dans la zone d'occupation.
Le Sous-Préfet
Pierre Daguerre


Pièce N°18_ lettre manuscrite
Docteur F.ELOSU
"Hégoaldé"
Cours du CTE de CABARRUS
ST-LEON BAYONNE
DE MIDI A 2 HEURES
Camp de Gurs, le 16 juillet 1940
à Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées
Monsieur le Préfet,
En résidence surveillé depuis le 20 juin 1940,en vertu des décrets lois des 16 et 29 novembre 1939 et par arrêté préfectoral du 16 juin 1940,j'ai l'honneur de solliciter de votre haute bienveillance et de votre esprit d'équité ma libération et mon retour à mon foyer familial de Bayonne.
Âgé de 65 ans,atteint de rhumatisme chronique déformant,opéré de cataracte en 1935,frappé de cécité monoculaire par décollement de la rétine droite,menacé de cécité totale par choriorétinite progressive,prostatique,trainant une vieille sciatique gauche,je me sens dans l'impossibilité de supporter plus longtemps ma détention actuelle,sans danger pour ma santé défaillante et même pour m vie.Car ici,le régime alimentaire et le traitement indispensables ne peuvent m’être assurés.
Ces infirmités,de contrôle facile,montrent aussi l'erreur d'information qui m'a conduit ici.Comment un homme d'une telle incapacité physique  peut-il constituer un danger pour qui que ce soit pour quoi ce soit?A peine me reste-t-l les forces nécessaires à l'exercice de ma profession ,dont la continuation m'est rendue indispensable par l'insuffisance de mes ressources personnelles.
Et enfin,dangereux,comment pourrais-je l’être,pauvre de mon intégrité physique puisque depuis de très longues années ,j'ai cessé toute activité politique pour me consacrer à une éducation basée surtout sur l'exemple ,et que depuis plus de deux ans,je n'ai plus manifesté d'autre action que professionnelle.
J'en appelle donc de l'autorité préfectorale mal informée à l'autorité préfectorale mieux informée,et je suis prêt à me soumettre à une enquête contradictoire que vous pourriez provoquer.
J'ose donc espérer que vous aurez la bonté d'accéder à une demande que je crois bien fondée,et que vous voudrez bien rendre à sa famille un vieillard innocent prêt à consacrer ses dernières forces au service de la société et de la France.
Veuillez agréer,Monsieur le Préfet,avec mes remerciements émus,l'expression de mes sentiments dévoués.
Docteur Fernand Elosu actuellement au camp de Gurs,Basses-Pyrénées.


Pièce N°19_PAU,le 20 juillet 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Général de Corps d'Armée ALTMAYER,Commandant  
la 18 e Région à Pau.
J'ai l'honneur de vous transmettre,sous ce pli,une ampliation de mon arrêté en date de ce jour aux termes duquel est rapportée la mesure d'internement qui avait été prise en conformité des dispositions du décret du 18 novembre 1939 à l'encontre du docteur Fernand Elosu,médecin à Bayonne,en vertu de mon arrêté du 8 juin dernier.
Cette décision a été prise après avis du Sous-Préfet de Bayonne en raison de l'age et de l'état de santé de l’intéressé.
J'ai ,néanmoins,décidé d'interdire au docteur ELOSU tout séjour dans la zone d'occupation et dans l'arrondissement de Pau.
Je vous serais reconnaissant de vouloir bien faire assurer la notification et l’exécution de l’arrêté ci-joint ou,tout au moins,me déléguer à cet effet.
Le Préfet

Mention manuscrite
P.S L’intéressé devra m'indiquer la résidence qu'il a choisie pour me permettre d'en aviser les autorités locales


Pièce N°20_18 eme RÉGION
ÉTAT-MAJOR
B.C.R
N°35/BCR
PAU le 29 juillet 1940
Le GÉNÉRAL de C.A René ALTMAYER
Commandant la 18e Région
à Monsieur le PRÉFET
des Basses-Pyrénées
PAU
En réponse à votre lettre du 20 juillet ,j'ai l'honneur de vous informer que je ne vois aucun inconvénient ,après consultation du dossier de l’intéressé à ce que soient prise à l'égard du Docteur ELOSU Fernand la mesure de bienveillance que vous avez envisagée.
Sans méconnaitre l'opportunité de rapporter dans certain cas en faveur d'indésirables l’arrêté d'expulsion les concernant,il peut se faire que le B.C.R. régional ait depuis la date où il leur a été signifié des éléments d'appréciation nouveaux qui auraient pu vous échapper.
J'estime donc indispensable la consultation au préalable de cet organe.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me faire connaitre si vous partagez cette manière de voir:rien par ailleurs ne devant s'opposer à ce que l’exécution de votre décision vous revienne de plein droit.


Pièce N°21_Cabinet du Préfet des Basses-Pyrénées

Le Préfet des Basses-Pyrénées,Officier de la Légion d'Honneur,
Vu le décret du 18 novembre 1939 relatif aux mesures à prendre à l'égard des individus dangereux pour la défense nationale et la sécurité publique et,notamment,l'art.1  du dit décret;
Vu l’arrêté du 8 juin 1940 par lequel M.le docteur ELOSU,Fernand,médecin,demeurant à Bayonne,a été astreint à résider dans le centre de séjour surveillé de ST-MARTIN-DE-RÉ
Vu l'avis de M.le Sous-Préfet de Bayonne;
Considérant l'age avancé et l'état de santé du docteur ELOSU,
ARRÊTE:

ARTICLE UNIQUE._Est rapporté la mesure prise à l'encontre de M.le docteur ELOSU domicilié à Bayonne par l’arrêté sus-visé du 8 juin 1940 en application de l'article 1 er du décret du 18 novembre 1939.
Toutefois,le docteur ELOSU devra,jusqu'à nouvel ordre,fixer sa résidence en dehors de la zone d'occupation et de l'arrondissement de Pau.
PAU,le 20 juillet 1940
Le Préfet,
Signé:Angelo CHIAPPE


Pièce N°22_PAU,le 31 juillet 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Général de Corps d'Armée ALTMAYER,
Commandant le 18 e Région,
11,avenue Dufau, PAU.

En réponse à votre dépêche 35 BCR du 29 juillet 1940,j'ai l'honneur de vous faire connaitre que j'en adopte entièrement les conclusions.
La solution que vous envisager concilie,en effet,d'une façon parfaite:
-d'une part,le principe selon lequel,dans l'application des dispositions du décret du 18 novembre 1939,le pouvoir de décision appartient au Préfet,ainsi que le précise le texte même de ce décret et les circulaires secrètes n°12 du 14 décembre 1939 et n°22 du 22 février 1940.
Toutes les décisions qui ont été prises à cet égard l'ont été sur mon initiative et sous mon entière responsabilité.Il est donc nécessaire que les arrêtés rapportant ces décisions soient,le cas échéant,pris sur mon initiative et sous ma responsabilité.
-d'autre part,le souci de ne négliger aucune information de nature à éclairer l'autorité chargée de la décision ,le B.C.R. régional pouvant posséder des éléments d'appréciation me faisant défaut.
En ce qui concerne le cas du Docteur ELOSU,je me permets seulement de vous demander de vouloir bien hâter le plus possible la consultation du B.C.R.,étant donné que mon arrêté du 20 juillet 1940 a été motivé par l'age et l'état de santé de l’intéressé et qu'il s'est déjà écoulé 11 jours depuis cette décision.
Le Préfet,



Pièce N°23_Pau,le 3 Aout 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Commandant du Camp de GURS.
                   en communication à:
Monsieur le Commissaire Spécial de PAU
Monsieur le Commandant de Gendarmerie à Pau
Monsieur le Sous-Préfet à OLORON.

J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien libérer le Docteur ELOSU,actuellement interné au camp de Gurs,en application des dispositions du décret du 18 novembre 1939.
Cette décision a été prise par mes soins en vertu d'un arrêté que j'ai signé,d'accord avec le Général Commandant la 18 ème Région Militaire à Pau.
Le Docteur ELOSU devra fixer sa résidence en dehors de la zone occupée et de l'arrondissement de Pau.
Vous voudrez bien m'indiquer la résidence qu'aura choisie le Docteur ELOSU afin que je puisse le faire soumettre à une surveillance spéciale.
Le Préfet


Pièce N°24_18° RÉGION
CAMP DE GURS
N° 2029/2G
Gurs, le 9 Aout 1940

Le Chef d'Escadron DAVERGNE,Commandant le Centre_mot illisible_des réfugiés espagnols,
à Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées à PAU.

RÉFÉRENCE:Votre lettre en date du 3 aout 1940.

J'ai l'honneur de vous rendre compte que le nommé ELOZU Fernand,né le 28 mai 1875 à BORDEAUX,résidant antérieurement à BAYONNE,Cours du Comte de Cabannus,provenant du Centre de séjour surveillé de DAX où il avait été interné par arrêté Préfectoral de Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées en date du 16 juin 1940,a été libéré le 7 aout 1940.
L’intéressé a fixé sa résidence provisoire à AREN (Basses-Pyrénées)._Ajout manuscrit_Pension Bon Accueil
Pour Ordre le Capitaine-Adjoint

Pièce N°25_Pau,le 13 aout 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à  Monsieur le Sous-Préfet d'OLORON
                     le Commissaire spécial à PAU
                     le Commandant de Gendarmerie à PAU

J'ai l'honneur de vous faire connaitre que le nommé ELOZU,Fernand,Docteur en médecine,né le 28 mai 1875 à Bordeaux,qui résidait antérieurement à BAYONNE et avait été interné conformément aux dispositions du décret du 18 novembre 1939,vient d’être libéré.Il a fixé sa résidence provisoire à AREN,Pension Bon Accueil.L’intéressé devra faire l'objet d'une surveillance discrète mais efficace;dans le cas où il changerait de résidence,il y aurait lieu de m'en informer.
J'ajoute que le susnommé ne peut séjourner ni dans la zone occupée ni dans l'arrondissement de PAU.

Pièce N°26_Mont-de-Marsan,le 17 septembre 1940
Le Préfet des Landes
à Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées

J'ai l'honneur de vous faire connaitre que j'ai autorisé le Docteur Fernand ELOZU,résidant actuellement à Aren (arrondissement d'Oloron),à rejoindre,en raison de son age et de son état de santé,son domicile ,à Bayonne.
Je vous en informe à toutes fins utiles,M.ELOZU devant présenter prochainement une demande de laissez-passer pour revenir chez lui.
Le Préfet
Pierre Daguerre


Pièce N°27_Pau,le 20 septembre 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Commissaire Spécial, à Pau.

J'ai l'honneur de vous faire connaitre que M.le Préfet des Landes autorise M.ELOSU,Fernand,demeurant actuellement à Aren,à rejoindre son domicile à Bayonne,en raison de son age et de son état de santé.
Il demeure cependant bien entendu que M.ELOSU ne pourra quitter Aren qu'au moment où il sera en mesure de franchir la ligne de démarcation,c'est à dire lorsqu'il aura reçu le laissez-passer nécessaire.


Pièce N°28_Pau le 25 octobre 1940
Le Procureur Général près la Cour d'Appel de Pau
à Monsieur le PRÉFET
des Basses-Pyrénées à Pau

Le  Docteur ELOSU,de Bayonne,condamné le 8 février 1940 par le Tribunal de cette ville à 6 mois de prison et 200 frs d'amende pour activité communiste a formé un recours en grâce motivé sur une raison de santé.A la date du 20 avril 1940 la Chancellerie m'invita à faire examiner ELOSU afin de savoir si son état de santé était compatible avec la détention.
Depuis cette date,malgré toutes mes diligences ,je n'ai pu encore faire procéder à cet examen.Ayant appris qu'ELOSU se trouvait en résidence forcée à AREN après avoir été interné au camp de Gurs,je me dispose à commettre trois médecins de Pau lorsque j'ai été informé que cet individu avait quitté AREN pour Mauléon ou Bayonne.
J'ai,en conséquence,l'honneur de vous prier de bien vouloir me faire connaitre si vous avez assigné une nouvelle résidence à ELOSU et laquelle.
Le Procureur Général



Pièce N°29_Pau,le 30 octobre 1940
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Procureur Général près la Cour d'Appel de Pau

En réponse à votre dépêche du 25 octobre 1940,j'ai l'honneur de vous faire connaitre que je ne connais pas l'adresse actuelle du nommé ELOSU, de Bayonne,qui avait été astreint à résider dans un centre de séjour surveillé en vertu d'un arrêté préfectoral du 8 juin 1940 rapporté le 20 juillet 1940.
Il est vraisemblable que l’intéressé a rejoint son domicile à Bayonne.
Je crois devoir vous préciser que la mesure de bienveillance prise à l'égard du Docteur Elosu était motivée par son grand age et par son état de santé.
Le Préfet

Source:
Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
Site de Pau
77 W Article 48/ ELOSU Fernand
Préfectures:Camps d'internements

Autres articles du blog évoquant Fernand Elosu
Jeudi 30 juillet 1914 à Bayonne
1 er mai 1914:meeting au cinéma Saint-Esprit (Bayonne)

Mes remerciements à Xipri Arbelbide et Yannick Renaud de la librairie du Levant qui font partie des quelques bayonnais à s’intéresser à la biographie de Fernand Elosu .

27 août 2023

Les considérations du procureur de la république de Bayonne à propos du docteur Fernand Elosu

Sur la poursuite du docteur Elosu.
23 mars 1940

Procureur général à Pau.
Pour conformer à vos instructions du 6 mars j'ai l'honneur de compléter les renseignements contenus dans le rapport ci-joint et de vous faire part des considérations ci-après :
Il semble que le docteur Elosu  ne pardonne ni au Destin ni aux hommes la disgrâce de son état civil. Enfant naturel, issu d'une mère de peu de conduite, dont les parents vendaient des sardines aux halles de Bayonne , sa basse extraction l' a doté de rancœur. Pourtant une personnalité bayonnaise le  traitant, et pour cause, comme son propre fils assura son instruction et son avenir. On assure qu'un héritage considérable, venu d'une autre source, le mit définitivement à l'abri de la mauvaise fortune. Marié, il établit avantageusement ses deux filles et exerça avec zèle et profit sa profession, non sans se tenir ostensiblement en marge des idées reçues, des conventions sociales et même des lois. Tolstoï, son maître et son idole, lui a inspiré l'orgueilleuse simplicité des faux apôtres à longue  barbe négligée. Ses discours et ses écrits sont d'un redresseur de torts à qui la société doit rendre compte. De bonne heure il s'est proclamé libertaire et disciple de Malthus : le pauvre,dès avant sa naissance et jusqu'à sa mort est une est une victime, une proie ; il faut tarir les sources de la vie misérable, faire rendre gorge aux possédants et saper des institutions qui perpétuent l'injustice. Thème démagogique facile et de sûr effet.
Pour son livre de propagande anticonceptionnelle intitulée « Amour infécond » il mérita les suffrages de la presse anarchiste. Ceci se passait environ en 1908. Poursuivi pour outrage aux bonnes mœurs, il fut condamné par le Tribunal de Bayonne, par la Cour ensuite (arrêt du 1er août 1908) à 2 mois de prison (sursis) et 300 Frs. d'amende. Dans ce libellé, amplement divulgué, le Docteur étalait  avec une  précision raffinée tous les procédés propres à empêcher la conception. À l'audience du tribunal il s'opposa–vainement  du reste– au huis clos  demandé, ne se résignant pas à perdre le bénéfice d'un surcroît de publicité scandaleuse ; il eut le front d'y professer que "la dépopulation était encore insuffisante–que c'était un devoir social et médical d'enrayer de nombreuses naissances ».
Cela étant connu il n'est pas surprenant que ce médecin ait acquis dès cette époque la funeste réputation d'avorteur, consolidée par la suite, sur des bases moins théoriques. En 1921, en effet, à la suite d'une plainte précise du chef d'avortement,il fut mis en détention. L'information fut close par non-lieu, en raison des divergences entre experts commis touchant soit l'état de grossesse de la victime soit l'effet des dragées administrées . Toujours est-il que le magistrat instructeur mit la main sur un nombre impressionnant d'ordonnances  (plus de 50) délivrée par ce praticien et invariablement rédigées comme suit :(...)
Il ne m'a pas paru inutile de revenir en arrière pour placer sous son vrai jour , comme vous me le demandez, l'état de l'opinion publique au sujet de l'opportunité de l'incarcération. Aujourd'hui même, en réponse aux demandes de renseignements que je lui ai adressé le 8 et le 21 mars, Mr le sous-préfet de Bayonne faisait sienne l'avis de la Police Spéciale, me fait savoir que : "l'opinion publique réserverait, dans les circonstances présentes un accueil défavorable à la mesure de faveur sollicitée ». Il ajoute que "le Dr Elosu est connu  du public comme un vieux militant extrémiste, et si son action actuelle n'est pas aussi intense qu'il y a quelques années, il est considéré comme un élément dont les idées subversives peuvent toujours nuire à l'intérêt national. »
Je ne puis que me trouver d'accord avec Mr le Sous-Préfet et avec l'opinion. Sans doute des sympathies peuvent venir au Dr Elosu des éléments les moins recommandables de la population, ceux que les agitateurs professionnels ne se lassent pas d'entretenir dans l'espoir de la subversion sociale ; ou bien de sa clientèle particulière qui a pu trouver auprès de lui dévouement et complaisances de toute sorte ; ou même de débris épars de groupements politiques sur lesquels le communisme exerçait naguère  une influence prépondérante ; il serait vain, en effet de nier  que des affinités involontaires ou inavoués subsistent entre plusieurs tenants de programmes communs aujourd'hui caducs, mais effectifs il y a six mois. Je suis fondé à penser que l'opinion saine, libre et consciente des périls de l'heure est toute différente, et qu'elle se contenterait mal d'un essai avorté de répression ; les demi-mesures ne se distingueraient pas, à ses yeux des compromis ou des capitulations.
Il n'a certes pas déplu au Dr Elosu de se poser en victime d'une magistrature qu'il a voulu flétrir  jadis dans sa brochure  « En prison » ; de faire lui-même à l'audience la verbeuse apologie de sa personne, espérant qu'à cette occasion la justice lui offrirait tribune et non une geôle; d'escompter ainsi sans risque, un mauvais regain de popularité. L'événement l'a déçu : il n'a du martyre  que la vocation oratoire et platonique, et c'est pourquoi, renonçant aux voies judiciaires de l'appel, il poursuit par un détour, la révision de la sentence. Le condamné, d'ailleurs peu digne d'intérêt, est un sexagénaire robuste, que l'on rencontre pédalant allègrement par les rues montantes de la cité ; le mauvais état de sa vue ne  correspond pas chez lui, un mauvais état général de santé.
Je suis d'avis en conséquence qu'il doit subir sa peine.
L'octroi de la grâce paraîtrait marquer l'inanité des consignes  sévères officiellement proclamées auxquelles ont à cœur de se plier les organes de police, de poursuites et de répression en vue de sauver le pays du péril communiste et  « d'écraser la trahison ».

Le procureur de la République



Source:
Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque,
Annexe des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
39 Avenue Duvergier de Hauranne,
64100 Bayonne,
1378 W Article 158 TGI Bayonne _Elosu_Document N°1806

 

 Pour aller plus loin

 Livret de Xipri Arbelbide _fichier pdf illustré
http://www.eusko-ikaskuntza.eus/PDFAnlt/vasconia/vas42/42051100.pdf
     Fernando Elosu mediku anarkista (Bordale 1875- Baiona 1941)
     Fernando Elosu, médico anarquista (Burdeos 1875- Bayona 1941
     Ferdinand Elosu, médecin des idées anarchistes (Bordeaux 1875- Bayonne 1941 

 

Articles du blog consacrés au docteur Elosu (1875_1941)

Fernand Elosu au lycée de Bayonne  

Mise en ligne par Gallica de l''Action Syndicale ,bulletin de la Bourse du Travail de Bayonne ,de l'Union des syndicats de Biarritz,1906-1911  

1 er mai 1914:meeting au cinéma Saint-Esprit (Bayonne)  

Jeudi 30 juillet 1914 à Bayonne  

Jugement du 8 février 1940 à l'encontre de Fernand Elosu et Etienne Cazaux  

Fernand Elosu,un politique interné en 1940  

Épuration à Bayonne:la plainte du comité local France-U.R.S.S.contre le Vice-président du tribunal  


21 avril 2020

Épuration à Bayonne:la plainte du comité local France-U.R.S.S.contre le Vice-président du tribunal

Épuration à Bayonne:la plainte du comité local

France-U.R.S.S.contre le Vice-président du tribunal



Dans un long texte dactylographié portant la date du 11 décembre 1944,adressé aux membres du Comité Départemental de Libération,la section France-U.R.S.S de Bayonne,met en cause M.Darmaillacq Vice-président du Tribunal.Fernand Elosu et Etienne Cazaux,ont été condamnés en application du décret-loi du 26 septembre 1939"portant dissolution des organisations communistes". Ce décret fait suite à l'approbation par le parti communiste du pacte germano-soviétique signé le 23 aout 1939.
Elosu est anarchiste,Cazaux communiste.



Comité FRANCE-U.R.S.S. Bayonne 

Bayonne,le 11 décembre 1944,

A Messieurs les Membres du Comité Départemental de la Libération

Messieurs,

     Le Comité FRANCE-U.R.S.S.de Bayonne qui a succédé à l'Association des AMIS de l' UNION SOVIÉTIQUE vient déposer entre vos mains une plainte contre M.DARMAILLACQ,Vice-Président du Tribunal Correctionnel de BAYONNE,que nous accusons publiquement  de forfaiture,pour avoir le 8 février 1940,injustement condamné à une peine d'emprisonnement : ELOSU Fernand,Docteur en Médecine et CAZAUX  Étienne,Artisan,tous deux poursuivis en qualité de Président et Secrétaire  de notre Association A.U.S.
     En une copie que nous joignons à la présente requête,nous soumettons à votre impartialité les attendus de ce jugement.
     Depuis cette date,quatre sombres et longues années se sont écoulées.Le Docteur ELOSU et CAZAUX sont morts des suites d'une incarcération  que l'on savait devoir leur être sinon fatale,du moins ,très dangereuses,en raison même de leur état de santé.
     Nos cœurs ont conservé pieusement le souvenir de ces deux victimes du mensonge et de la haine.Pour eux,nous étions résolus à demander tôt ou tard,réparation.
     Maintenant que nous sommes libérés de la contrainte,maintenant que nos baillons sont arrachés,nous venons vers ceux qui ont l'ingrate mais noble mission de redresser les fautes passées;vers vous,Messieurs,dont les décisions doivent être le reflet des grandes et légitimes aspirations populaires,nous venons vous demander JUSTICE au nom de nos chers disparus et de notre Comité FRANCE-U.R.S.S. de BAYONNE.
     Avant d'aborder le fond même de cette affaire,nous croyons nécessaire de rappeler quelle était l'activité et la raison d’être de notre Association.
     L'Association des AMIS de l' UNION SOVIÉTIQUE de BAYONNE constitué en 1935,avait son siège dans un local situé 30,rue Bourgneuf.Son but était:
1° de créer un courant d'amitié Franco-Soviétique en vue d'une alliance favorable à la PAIX.
2°de faire connaitre la structure politique ainsi que les réalisations de l' U.R.S.S  dans tous les domaines :économique,scientifique,culturel.En bref,étudier l'évolution d'un pays immense aux possibilités inouïes.
     Pour ce faire,les A.U.S. mettaient à la disposition de leurs adhérents,des livres de littérature et de documentation sur l' U.R.S.S.Ils organisaient des conférences éducatives ainsi que des séances cinématographiques avec projections de films de réalisation soviétique.
     D'autre part,le Centre des A.U.S. à Paris,avait ouvert pour toute la FRANCE un service touristique à prix réduits,(...)permettait aux membres A.U.S. d'effectuer un voyage de plusieurs semaines en U.R.S.S.
     Cette très intéressante initiative remportait un grand succès et nombreux étaient nos groupements régionaux qui(...) l'appui de collectes,pouvaient faire participer à ces voyages l'un des leurs,toujours le plus méritant.


     A son retour, celui-ci était tenu de faire en réunion plénière ou public, un exposé de la documentation et des impressions personnelles qu'il rapportait. Ceci permettait à chacun de discuter très objectivement, de certains problèmes.
     En 1938, le groupe des AMIS de l' UNION SOVIÉTIQUE de BAYONNE, envoya ainsi son premier délégué.CAZAUX, son secrétaire, fut désigné et participa à un voyage à MOSCOU..
     Voilà quel était le modeste travail culturel auquel se livrait sans publicité tapageuse, mais avec sérieux et opiniâtreté,notre association Bayonnaise.
     Nous sommes bien loin des agissements ténébreux et de la propagande pernicieuse qui nous sont reprochés comme crimes par M. DARMAILLACQ. Nous en reparlerons d'ailleurs lorsque nous discuterons les attendus de son jugement.
     Cependant, il est juste d'ajouter que notre activité ne se bornait pas exclusivement au travail précité. Nous cultivons également le plaisant en d'agréables et raisonnables loisirs.
     Notre permanence n'avait rien d'un antre  propice aux conspirations. Ouverte à tous, elle accueillait le soir venu, ceux qui désiraient se délasser un instant d'une journée de labeur. Un bar et des jeux étaient à leur disposition. Des soirées récréatives,musicales et artistiques,y furent organisées par nos jeunes. Elles se terminaient généralement par une sauterie toujours très animée.
     Les soirées familiales du Samedi étaient réservées aux paisibles amateurs du loto.Comme l'on pouvait y décrocher la traditionnelle bourriche de victuailles, l'affluence était grande et l'atmosphère remplie de la plus franche gaieté.
     Nombreuses furent nos sorties champêtres qui amenaient en cars vers les sites environnants, une foule joyeuse.Une petite chorale mixte s'appliquait à traduire la beauté puissante des champs soviétiques et lors des répétitions, alors que notre permanence s'emplissait des malades accents du Chant des Partisans, nombreux étaient les passants qui, de la rue, nous prêtaient une oreille attentive sinon sympathique.
     N'en déplaise à M.DARMAILLACQ, aucune de ces manifestations, pourtant faites au grand jour, ne suscitèrent jamais la moindre réprobation, ni le moindre incident de la part de la population Bayonnaise.
     Nous voudrions, Messieurs, que ce préambule empreint surtout de la plus grande sincérité, soit suffisamment expressif pour vous imprégner de l'ambiance qui régnait dans notre Association des AMIS de l' UNION SOVIÉTIQUE.
     Avant de clore cette mise au point, permettez que nous profitions de l'occasion  qui s'offre à nous pour protester avec force, une fois de plus, contre cette propagande calomnieuse qui  prétend que les A.U.S. n'étaient et ne sont encore sans doute, que des agents plus ou moins camouflés de cette 3e Internationale Communiste dont on a tenté  de faire un épouvantail.
     Cet argument n'est pas nouveau pour nous. Il rappelle un pénible et proche passé durant lequel les officines nazies  et autres collaborateurs stipendiés par Vichy insultaient l' U.R.S.S.tous les jours. Cette misérable croisade antibolchevique n'avait qu'un but: dresser les Français contre la Russie soviétique pour mieux leur faire accepter ensuite l'idéologie du National-Socialisme Allemand.
     Nous affirmons que jamais les A.U.S n'ont subi de tutelle d'un parti politique ou secte quelconque.
     Jamais les A.U.S  n'ont appliqué de directives autres que celles décidées par les délégués de tous les groupements et Fédérations réunis en Congrès National.



     Toutes les bonnes volontés sans distinction d'opinions politiques, philosophiques ou religieuses, désireuses de participer à la réalisation d'un plan de travail nettement déterminé, avaient place au sein de nos groupements
     La stricte observance de cet extrait de nos Statuts nous avait valu l'adhésion de très nombreuses personnalités venues de tous les horizons politiques. Mais le plus remarquable et que nos détracteurs feignaient d'ignorer, résidait dans la variété des nuances qui composaient nos Associations.
     Selon des statistiques sérieusement établies par chacune d'elles et centralisées à PARIS, 60 % environ des adhérents A.U.S. n'appartenaient à aucun parti. Ils se qualifiaient eux-mêmes, tout comme en Russie ,de sans- parti.
     Les A.U.S.de BAYONNE  n'échappaient pas à cette constatation. En 1938, pour le Congrès National de LYON, nous comptions 500 membres cotisants, ce qui nous avait valu d'ailleurs un classement plus qu'honorable sur le Plan National A.U.S.S. Or, près de 400 de nos adhérents étaient des sans- parti et nous devons reconnaître qu'ils n'étaient pas les moins actifs.
     Comme il se devait, la Commission Administrative de notre Groupement, seule responsable de sa gestion devant une Assemblée Générale, était composée de : 2 socialistes, 4 communistes et 8 sans-parti. Le Docteur ELOSU, notre Président, était également un sans-parti.
     Voilà, Messieurs, très franchement exprimé, l'essentiel de notre activité qui, après la déclaration de guerre de 1939, devint pratiquement nulle.
     Du fait de la mobilisation, les départs de nos adhérents furent nombreux. La répression qui commençait fit le reste et autour de nous, le vide s'agrandit tous les jours un peu plus.
     Nos ressources déjà bien modestes s’amenuisèrent . Ceci amena les quelques membres qui gardaient encore le contact à s'inquiéter d'une situation qui paraissait devoir se compliquer dans les jours à venir.
     Différentes propositions ayant été faites, il fut décidé de discuter en réunion de bureau et de convoquer exceptionnellement le Docteur ELOSU qui, en raison de son état de santé, s'abstenait depuis 1937, d'y assister.
     À cette réunion qui se tint dans la soirée du 3 novembre 1939, à la permanence, la fermeture de celle-ci ainsi qu'une demande en réduction de loyer y furent envisagées. Notre Président qui était seul responsable de la location, fut chargé d'effectuer cette démarche auprès du propriétaire.
     C'est ce même soir que se situe un incident, banal en apparence, qui, de toute évidence, fut le point de départ des poursuites qui nous furent intentées.
     Alors que les membres du bureau discutaient autour d'une table, des questions précitées, l'on frappa à la porte et, sur notre invitation, entra M.MOURET, Clerc d'huissier, qui comme il le faisait tous les mois se présenta au nom du propriétaire pour encaisser le montant du loyer. Dès son apparition et en raison de son attitude toujours froide et compassée, augmentée cette fois d'une certaine gêne, les conversations cessèrent durant le court laps de temps que mit à le payer note secrétaire CAZAUX.
     Peu après son départ, qui ne souleva  sur le moment aucun commentaire, notre réunion prit fin et nous nous donnâmes rendez-vous pour le 12 NOVEMBRE afin de connaître la réponse du propriétaire.


     À cette date, le Docteur ELOSU vint nous aviser que nous avions satisfaction. Ce fut sa dernière visite à la permanence.
     Vers cette même période, nous avions eu écho que le Gouvernement français avait décidé de dissoudre les organisations affiliées à la 3e Internationale Communiste.
     Ceci ne nous avait pas autrement ému du fait que notre Association Française des AMIS de l' UNION SOVIÉTIQUE, totalement indépendante, n'émanait ni ne relevait de cet organisme politique. Nous pensions, de très bonne foi, ne pas être touchés par cette décision d'autant plus qu'à notre connaissance, les A.US. n'avaient pas été cités parmi les groupements qui devaient être dissous. Nous eûmes d'ailleurs confirmation de cette assertion par M. DUPLANTIER , Substitut du Procureur de la République qui, répondant à la question posée par un membre de notre Bureau, venu le voir pour  affaire personnelle, affirma qu'il n'avait reçu aucune ordre concernant notre association. Toutefois, ajouta-t-il sous forme de conseil, continuer à ne pas faire d'action tapageuse ou répréhensible. Cette conversation peut se situer vers les premiers jours d' OCTOBRE 1939.
     Il n'était nullement dans nos intentions de reprendre une action strictement à A.U.S. Notre association était entrée en sommeil et nous ne pouvions l'en sortir utilement, qu'en l'adaptant aux circonstances et plus particulièrement en l'orientant vers une participation plus grande à l'effort commun d'aide à nos soldats.
     Nous avions déjà eu des équipes de tricoteuses à A.U.S qui, dans notre local, venait à la veillée confectionner : cache-nez, chaussettes et chandails. Nous savions pouvoir compter sur leur dévouement et nous pensions faire appel à nouveau plan à leur patriotisme. C'est ainsi que nous décidâmes de continuer à ouvrir notre permanence tous les soirs, de 18 à 20 heures pour maintenir le contact avec nos adhérents.
     Mais, le 3 DÉCEMBRE 1939, dans la soirée, M. le Commissaire de Police, vint effectuer une perquisition à laquelle nous ne attendions pas car aucun écart de notre part ne la légitimait. Comme nous n'avions rien à cacher, nous ne fumes pas trop inquiets. La Police cependant, emportant quelques revues et brochures A.U.S. de parution antérieure à la guerre. Aucune publication clandestine de nature à établir une liaison de fait avec la 3e Internationale Communiste ne fut saisie ; et pour cause.
     Dans ses attendus, M.DARMAILLACQ, énumère cette littérature et brandit comme un  épouvantail des titres qu'il veut convaincants pour trouver notre antipatriotisme. C'était une malhonnêteté et une sottise. Ces titres "l' U.R.S.S. ne trahit pas"," Rompre avec l' U.R.S.S. serait trahir la France"," l' U.R.S.S. est forte, son aide peut sauver la PAIX", sont actuellement autant de soufflets appliqués sur la face de ce magistrat. Il n'avait pas compris que le crime qu'il  nous reprochait hier, était simplement la vérité comme elle l'est dans toute sa grandeur aujourd'hui.
     Nous ne voudrions pas accabler M.DARMAILLACQ en lui rappelant son indignation saisie des portraits des maréchaux STALINE  et VOROCHILOV qui ornaient notre local. Notre grand animateur National, le général DE GAULLE, s'est chargé de répondre pour nous. Nous savons que l'accolade qu'il donna à ces deux admirables personnalités Soviétiques, lors de son voyage à MOSCOU, exprime toute la reconnaissance émue et toute l'amitié profonde du Peuple Français pour la vaillante Armée rouge et le Peuple Russe.
     La perquisition faite en notre local,rue Bourgneuf,fut un fiasco lamentable.En toutes autres circonstances, elle eut clôturer cette affaire. Mais cela eût été trop simple.


      Le 9 DÉCEMBRE 1939, M.le Commissaire Spécial présenta à la signature du Docteur ELOSU, la notification d'un ordre préfectoral de dissolution de l'association A.U.S. de Bayonne. Cet ordre fut rigoureusement exécuté et notre local définitivement fermé.
     Quelques jours plus tard, le Docteur ELOSU, en tant que Président, et CAZAUX comme Secrétaire des A.U.S. furent inculpés  par le procureur M. Dejean de la Batie, pour, diront les attendus, "s’être cette livrés depuis la promulgation du décret du 26 SEPTEMBRE 1939 et particulièrement le 3 DÉCEMBRE 1939, à une activité ayant directement ou indirectement pour objet, de propager des mots d'ordre émanant ou relevant de la 3e Internationale Communiste"
     Devant le néant de cette accusation, nous comprimes aussitôt qu'au travers de notre Association l'on voulait frapper deux hommes, moralement inattaquables, mais dont les opinions cataloguées de subversives, étaient empreintes de la plus pure philosophie humanitaire.
     Le procès qui se déroulera en Correctionnelle le 1er FÉVRIER 1940, fut strictement un procès de tendance.
     Des deux inculpés, un seul retint plus particulièrement l'attention du Tribunal. Confiant dans sa loyauté, il crut devoir se défendre seul.
     L'acharnement dont M.DARMAILLACQ,fit étalage contre le Docteur ELOSU, fut un scandale qui souleva l'indignation des auditeurs et, dans les couloirs, la réprobation unanime des membres du barreau présente à cette parodie de justice.
     Les arguments invoqués par l'accusation pour démontrer le délit de 'menées communistes" parurent au Tribunal sans doute bien fragiles. L'on fouilla alors un passé irréprochable avec l'espoir d'y glaner  quelque chose de plus sérieux. Ce travail s’avérait difficile. Cependant des cartons poussiéreux, l'on extirpa quelques ragots de police du plus de 25 années, odieusement mensongers et ridicules
     Alors qu'ils n'avaient aucun rapport avec le délit reproché, M.DARMAILLACQ s'en servit à l'audience avec l'intention évidente de créer un incident défavorable à l'accusé. Mais la manœuvre ne réussit pas à modifier le calme de ce dernier.
     M.DARMAILLACQ se vengea en dirigeant les débats comme une chasse à courre, le sarcasme aux lèvres. Il ne fut pas un juge à la recherche de la vérité, mais un accusateur impitoyable. Le Ministère public n'eut rien à ajouter. Tout réquisitoire était superflu.
     Le 8 FÉVRIER 1940, Monsieur le Vice-Président DARMAILLACQ, prononça les condamnations suivantes :
  • ELOSU, six mois d'emprisonnement et 200 Fr. d'amende
  • CAZAUX, trois mois d'emprisonnement et 200 Fr. d'amende .
En outre, tous deux furent frappés durant cinq ans de la privation des droits civiques et civils.
M.DARMAILLACQ croyait , peut-être avoir gagné ce jour-là, le titre envié de M.le PRÉSIDENT.


Messieurs

     Au cours de long exposé il nous est déjà arrivé de répondre à quelques contre-vérités contenues dans certains attendus du jugement. Dans une analyse critique que nous vous adressons séparément, nous reprenons, attendu par attendu, leur examen.
     Il est toutefois une chose que ces attendus ne peuvent dépeindre, c'est l'atmosphère de passion malveillante qui régnait dans cette audience du Tribunal Correctionnel le 1er FÉVRIER 1940.
     L'un des prévenus supportera seul tout le poids de l'accusation. Son interrogatoire et sa défense furent continuellement hachés par les interruptions acerbes de M.DARMAILLACQ.
     Un tel acharnement ne pouvait s'expliquer par le seul fait que le Docteur ELOSU était Président de notre Association. Sa responsabilité délictuelle, si responsabilité il y a, était nulle du fait que depuis 1937 jusqu'au 3 NOVEMBRE 1939, il ne s'occupa en rien de la gestion de notre Section A.U.S. Cette tâche, avons nous déjà dit, incombait uniquement au Conseil d'Administration, lequel assumait ainsi toutes les responsabilités de son travail.
     Nous pensons que pour des fins personnelles faciles à déterminer, l'on voulait donner à ce procès une ampleur exceptionnelle. L'inculpation du Docteur ELOSU, en raison même de la popularité et de l'estime dont il jouissait, devait avoir le retentissement souhaité.
     Tous ces calculs firent de ce procès une odieuse comédie. Comédie dramatique, puisque la vie de deux hommes y fut  sacrifiée.
     Examinons l'attendu suivant «... tout en admettant que la responsabilité délictuelle de CAZAUX,est MOINS FORTEMENT engagée que celle du Docteur ELOSU,ANIMATEUR de l'association des A.U.S."
     Ainsi présenté par l'accusation, CAZAUX, deuxième inculpé ne pouvait faire figure que de comparse.
     Au nom de la mémoire de notre cher ami et par simple souci de la vérité, nous protestons contre cette substitution des responsabilités. En effet, si notre groupement avait eu à  décerner à l'un d'entre nous, le qualificatifs que nous considérons élogieux, d' ANIMATEUR, il aurait choisi aucune réserve, le plus actif, le plus dévoué, le plus éclairé , c'est-à-dire : CAZAUX, notre secrétaire.
     Certes, de son vivant, il n'eut jamais accepté de telles louanges. Mais c'est bien parce qu'il était tout cela que nous tenons à lui rendre un hommage mérité.
     Tout comme le Docteur ELOSU, CAZAUX était l'un de ces hommes probes qui par leurs qualités forcent la sympathie, l'admiration.
     Cordonnier de profession, son activité militante remontait à la période Dreyfusarde. ZOLA, ROCHEFORT, et le journal L'AURORE furent à l'origine de sa formation intellectuelle et il participa tout jeune, aux après luttes républicaines.
     Il adhère au Parti Socialiste Français, puis la pondération de son caractère et ses qualités naturelles d'administrateur, l'orientent vers le mouvement coopératif. C'est lui qui, il y a près de 40 ans créa les premières Coopératives de Production et de Consommation de la Région;la Cordonnerie Ouvrière et la Boulangerie "l'Espérance" à Biarritz,l'Imprimerie "La Rénovatrice" à BAYONNE, lui encore qui   constitua l'Union des Syndicats de  BIARRITZ et la Bourse du Travail à BAYONNE.
     Entre-temps CAZAUX, est au Parti Socialiste S.F.I.O, puis à la scission,adhère au parti Communiste qu'il  ne devait plus quitter.
     Depuis la Révolution Russe d' OCTOBRE 1917, il fut l'animateur compréhensif des réalisations Soviétiques. Ce fut encore à lui que revint l'honneur de constituer l'Association à A.U.S de BAYONNE. En 1938, il trouva la  juste récompense de son inlassable activité, dans un voyage d'études qu'il finit en U.R.S.S. et d'où il revint plus confiant que jamais dans les destinées de ce pays.
     De cet admirable passé, de cet apostolat rempli de luttes continuelles, rien ne fut retenu par l'accusation. Le Tribunal n'y fit pas la moindre allusion.Pourtant, CAZAUX, qui prenait toujours ses responsabilités, ne cache pas à l'instruction le processus de son évolution politique.


     Nous savons bien que ceci ne fut pas laissée dans l'ombre pour alléger les charges de l'accusé. CAZAUX n'avait pas à compter sur la bienveillance du Tribunal et de M.DARMAILLACQ en particulier. Mais pour les fins publicitaires de ce dernier, seule devait compter la personnalité autrement représentative du Docteur ELOSU.
     C'est pourquoi l'accusation ne reprocha pas à CAZAUX d'avoir été l'ANIMATEUR véritable des à A.U.S. Ceci aurait atténué par trop  les charges que seul le Docteur ELOSU devait supporter en totalité. C'est avec ce souci malveillant que M.DARMAILLACQ, le qualifie d'animateur des A.U.S. sans citer d'ailleurs le moindre fait, la moindre preuve qui vienne légitimer cette assertion.
     À la réflexion, nous comprenons maintenant, qu'il importait peu de savoir si oui ou non la dissolution de nos organisations A.U.S. était indiquée dans ce fameux décret du 26 SEPTEMBRE 1939.
     Pourquoi ? Parce que, dans l'un comme dans l'autre, le résultat eut été pour nous, identique. Nous étions condamnés à l'avance. Le complot était bien ourdi. Le traquenard prêt.L'on n'attendait plus, quitte à passer  outre s'il tardait trop, que le prétexte, l'incident le plus futile pour nous frapper.
     Tout l'appareil de justice se déclencha 3 DÉCEMBRE 1939 pour une perquisition. La réunion de quelques membres du Conseil d'Administration le 3 NOVEMBRE 1939, en fut certainement le prétexte. La preuve, nous croyons la trouver dans la tenue de l'attendu suivant « Attendu qu'à la suite d'agissements contraires aux prescriptions du décret du 26 SEPTEMBRE 1939 qui lui avait été personnellement signalés, le Procureur de la République fit procéder au début du mois de NOVEMBRE 1939 à une enquête de police, etc. »
     En quoi  cette réunion de caractère purement administrative, comme nous l'avons déjà dit, était-elle contraire aux prescriptions du dit décret ? Nous l'ignorons encore, puisque ne connaissant pas celui-ci, tout comme nous ignorions également l'enquête de police du début de NOVEMBRE.
     Cette enquête fut-elle faite ? Auprès de qui ? Pourquoi ne nous a-t-on pas alors interrogé ? C'eut  été semble-t-il le moyen le plus simple et le plus honnête à la fois. Nous aurions fourni loyalement toutes explications pour éclairer les enquêteurs.
     Autant de questions qui demeurent sans réponse.
     Cependant, qu'il nous soit permis de tirer quelques déductions du passage de ce même attendu qui signale que nos agissements avaient été personnellement signalés au Procureur de la République.
     L'incident que nous relations précédemment par le détail c'est-à-dire la visite inopinée de M.MOURET lors de notre réunion du 3 NOVEMBRE 1939, devait logiquement nous revenir en mémoire. Par voie de conséquence, nous pensons trouver là l'origine des renseignements remis au Procureur, renseignements forcément erronés, que nous qualifions d'acte de délation.
     Il nous est même permis de supposer, sans trop nous écarter de la vérité, que l'enquête de police dont il est fait mention, s'identifie en réalité dans cette dénonciation malhonnête.
     Nous en concluons que ces attendus verbeux, ne peuvent résister à un examen attentif, sérieux. L'on n'y descellera tout au long que la plus évidente partialité et l'ardeur opiniâtre que M.DARMAILLACQ à justifier, par de fausses allégations une accusation invraisemblable.


     Il semblerait , Messieurs, que nous ayons tout dit sur cette affaire.
     Malheureusement, il n'en est pas ainsi et nous nous excusons d'avoir à solliciter de vous  encore plus d'attention.
     Nous avons bien dit, malheureusement, car en effet, c'est le plus pénible, le plus douloureux et également le plus révoltant qu'il nous reste à porter à votre connaissance.
     Lorsque le 8 FÉVRIER 1940, le Tribunal Correctionnel de BAYONNE, prononça son verdict, le Docteur ELOSU et CAZAUX l'accueillir avec sérénité. Ils étaient de ces hommes que les rigueurs de l'injustice grandissent au lieu de les accabler.
     Mais, si moralement ils étaient forts, physiquement du moins leur santé était des précaires.
     Les deux condamnés âgés tous deux de 65 ans, étaient de grands malades et il ne  pouvait échapper à M.DARMAILLACQ, qu'une peine d'emprisonnement équivalait pour eux à un arrêt de mort. Une mort qui s'avérait d'autant plus cruelle qu'elle devait être, surtout pour l'un d'entre eux, lente et atroce.
     Le Docteur ELOSU qui avait cessé depuis 1937, toute activité non professionnelle, s'interdisait rigoureusement tout effort et ne participait même plus à nos réunions A.U.S.
     Grâce a des soins constants il s'adonnait encore, quoique avec beaucoup de difficultés, à l'exercice de sa profession. Le seul souci d'apporter aux chevet de ses malades le poids de son expérience  et le réconfort de sa bonté naturelle, faisait accomplir au Docteur ELOSU, un travail au-dessus de ses forces. La population Bayonnaise qui le connaissait bien, n'ignorait rien de son dévouement inlassable.Il en était d'autant plus admiré et aimé.
     CAZAUX lui, été pensionné de guerre à 95 %. Son corps était miné par une maladie contractée quelque part en France au cours de la guerre 1914 1918.En raison de son âge et de ses capacités professionnelles, il aurait pu, à l'instar de maints autres, se planquer à l'arrière. Mais nous avons dit qu'il était la droiture et l'intégrité même. Il fit parti de cette pléiade de vieux pépères, obscurs mais valeureux et  accomplit dans les tranchées, en pur Socialiste, son devoir de soldat et de français.
     De grands soins, une vie d'une sobriété exemplaire alliés à une grande énergie, lui permettait de vaquer à ses occupations à la condition expresse d'éviter toute fatigue.
     C'est aux AMIS de l' UNION SOVIÉTIQUE dont il était l’âme,que CAZAUX consacra toute sa vive intelligence et le peu de ses forces.
     Après la sentence du Tribunal, il fallu toute l'affectueuse insistance de leurs proches pour convaincre ELOSU et CAZAUX que le régime de la prison, durant plusieurs mois pourrait leur être néfaste.
     Le 17  FÉVRIER 1940, le docteur ELOSU adressa au Garde des Sceaux, un recours en grâce pour  raison de santé. De son côté CAZAUX fit de même.
     Après la condamnation des inculpés l’émotion parmi la population avait été vive. Plusieurs groupements s'en firent l'écho et par des ordres du jour appuyèrent le recours  en grâce du Docteur ELOSU. Citons parmi elles : l'Union des Syndicats Confédérés de l'Adour,la Fédération des Officiers de Réserve Républicaine,la Ligue des Droits de l'Homme (Section de BAYONNE), la section de BAYONNE du Parti Socialiste S.F.I.O, la loge maçonnique "LA ZÉLÉE" etc.
     L'affaire paraît sommeiller. Les familles et amis des condamnés reprennent espoir. Mais M.DARMAILLACQ veillait. Il n'accepta pas de se laisser déposséder du fruit de son travail machiavélique .Cette affaire est sienne et tous ses espoirs sont en elle. Sa réaction fut rapide.Sa proie ne lui échappera pas.




     Le Docteur ELOSU et CAZAUX sont invités à accomplir leur peine immédiatement.
     Tout le monde s'affole. Pour obtenir un sursis l'on tente d'émouvoir  M. DARMAILLACQ  sur l'état de santé des condamnés. Mais il demeure intraitable et affirme que dans tous les cas, ELOSU et CAZAUX auront l'hôpital pour faire leur temps.
     Cependant un ordre supérieur vient calmer l’irascible personnage et l'on sursoit à leur internement.
À nouveau l'affaire sommeille jusqu'en Décembre 1940,
     Une expertise médicale est ordonnée. Indiscutablement elle doit être favorable aux condamnée. L'espoir renaît à nouveau. Pas pour longtemps, car les deux experts décident que la peine pourra être exécutée"à la belle saison". Le 27 mars 1941 le Docteur ELOSU et CAZAUX entrent en prison.
     CAZAUX dont la santé s'est aggravée termine sa peine à l’hôpital. Il ne quitte celui-ci que pour s'aliter à nouveau et mourir chez lui après des mois d'atroces souffrances.
     Comme prévu, l'internement est néfaste au Docteur ELOSU. Sa maladie fait de rapide progrès. En juin 1941 il fait une en remise du quart de la peine. Elle lui est refusée.
Le Docteur ELOSU sort de prison le 7 août 1941 pour mourir  auprès des siens, 12 jours  après sa libération, le 19 août 1941. C'est la fin du Drame.
     Lorsque la nouvelle se répand dans BAYONNE, la population ne peut croire à l'irréparable. Autour de son lit de mort nombreux sont ceux qui viennent adresser un dernier adieu à celui qui fut, toute une vie, l'Ami des Humbles. Tout le monde s'indigne contre les responsables d'un crime qui appelle un juste châtiment. Mais la conscience comme la personne de ces responsables était abritées derrière les fusils des occupants. Ils escomptaient bien que leur impunité serait éternelle..
     Que dire de cette expertise médicale et des Experts eux-mêmes dont nous n'avons pas à discuter ici la valeur professionnelle ?
     Fussent-ils Professeurs, nous les considérons comme des fonctionnaires, auxiliaires plus ou moins zélés de la Magistrature. C'est à ce titre que nous avons une confiance limitée en leur indépendance,en leur intégrité.
     Dans le cas qui nous occupe, les deux Experts qui ont examiné le Docteur ELOSU et CAZAUX s'étaient prononcés commencé pour un internement "à la belle saison". En d'autres termes, pour un internement effectué dans une période où les conditions atmosphériques paraissent les moins défavorables à des malades. Car il ne peut être question que l'on affiche pareille mansuétude pour des condamnés bien portants..
     Cette décision reconnaissait donc implicitement que le Docteur ELOSU et CAZAUX étaient des malades.
     Ceci convenu, est-il vrai que cet état maladif eut pu supporter, sans aggravation: "la belle saison", recommandée par MM.les Experts ?
     La mort de nos Amis, victimes de leur incarcération, en est la réponse.
     À moins que le fait de ne pas mourir en  prison soit un satisfecit pour ces Messieurs, nous leur répondrons que leur décision d'internement "à la belle saison "était dans le cas qui nous intéresse plus qu'une plaisanterie macabre ; c'était un crime.
     Nous avons également à nous indigner de ce procédé foncièrement illégal qui consiste à faire parvenir en lecture aux experts médicaux, le dossiers des inculpés ou condamnés dont ils doivent examiner l'état de santé.
     Nous possédons la preuve formelle que le dossier du docteur ELOSU avait été envoyé à Bordeaux à l'Expert chargés de son examen médical.


     Pourquoi a-t-il été envoyé et dans quel but?
     Seul, M.DARMAILLACQ pourrait nous répondre. Nous voyons dans cette manœuvre la volonté d'influencer la décision d'un homme qui ne devrait relever que de sa conscience professionnelle. C'est pourquoi nous sommes en droit d'affirmer que l'expertise médicale à laquelle ont été soumis ELOSU et CAZAUX n'est qu'une sinistre comédie.
     Nous retrouvons là les mêmes responsabilités initiales ,les mêmes influences ténébreuses et encore, cet acharnement féroce qui ne s'est apaisé que devant les tombes de ses deux victimes.

Messieurs,

     Nous en avons terminé avec ses douloureux événements.Quoique  impartialement relatés,leur  sur le papier, n'est pas aussi parfaite que nous l'aurions désiré. Cela tient essentiellement à ce que nous ne sommes pas qualifiés pour un tel travail.Il faut nous en excuser.
     En remuant tout ce proche passé, nous avons senti combien été irréparable la perte de nos amis. Il s'ajoute à cela l'amertume de les avoir vu disparaître avant qu'ils ne vivent ces heures magnifiques  où la France libérée sera ce qu'ils voulaient ardemment qu'elle soit : Une Grande République, vraiment Démocratique, par et pour le Peuple.
     Ils n'assisteront  pas davantage à l'écrasement du fascisme international ni la Victoire des Alliés. Ils ont cependant emporté dans leur tombe, la certitude de cette Victoire, tout comme ils savaient que l' U.R.S.S.vaincrait.
     Ils ne connaîtront pas FRANCE-U.R.S.S qui apparaît au milieu des ruines, les bras chargés de fruits, de fleurs, de feuilles et de branches, à un tournant merveilleux de l'Histoire des peuples.
     C'est en pensant à eux que notre Comité FRANCE-U.R.S.S. va reprendre la suite de l'activité des A.U.S. Il la prendra avec encore plus d'enthousiasme car les événements ont prouvé que nous avions raison, aussi bien en 1939 comme 1944. Ceci est tellement vrai qu'actuellement, aux yeux des patriotes Français, c'est un crime que de n’être pas un ami de l'Union Soviétique.
     Monsieur le Vice-Président DARMAILLACQ, ne pensait pas comme nous. Il joua sa chance sur un présent qui tout en lui laissant entrevoir un avenir prometteur, convenait parfaitement à ses aspirations personnelles.
     Il devint ainsi l'auxiliaire compréhensif et dévoué de la répression antibolchévique.
     Par tout ce qui précède, vous avez lu combien M.DARMAILLACQ, nous frappa durement dans notre œuvre, dans nos biens et pire encore, dans nos amitiés les plus précieuses.
     Avec de très nouveaux autres ne pouvons pas l'oublier.
     Nous convenons parfaitement que M. le Vice-Président a bien servi le régime des usurpateurs Vichyssois. Il s'est employé avec ardeur à soutenir le Maréchal , collaborant ainsi avec les envahisseurs.
     Certes, de cette fidélité, M.DARMAILLACQ n'a pas été payé.
     La Présidence qu'il escomptait comme prix  de ses bons et loyaux services, lui a échappé et il se peut qu'il en ait conservé quelque amertume. Nous n'y pouvons rien. Il avait misé en toute conscience sur mauvaise cause. Il a perdu, il doit payer.


     Aucune autre considération, d'ailleurs difficile à expliquer honnêtement, ne peut atténuer ses responsabilités.
     Puisque M.DARMAILLACQ n'a pas eu en AOUT dernier, la pudeur de quitter sa robe, qu'on le chasse ou qu'on l'emprisonne.
     En aucune façon, Messieurs,vous ne pouvez tolérer que l'on mange l'avoine de la France à plusieurs râteliers.
     En conclusion nous attirons votre attention sur l'urgence qu'il y a, pour le bon renom  de la Justice de la 4 e République ,à ce que le Temple de Thémis soit assaini par le départ de cet homme.
     Cet acte de salubrité publique s'impose.
     Ce faisant, votre décision sera pleinement approuvée par tous ceux qui veulent que notre Patrie, libérée et rénovée ait des serviteurs dignes d'elle.

                                                                                                                Comité FRANCE-U.R.S.S.
                                                                                                                3, rue Port de Castex
                                                                                                                BAYONNE

BAYONNE ,le 11 DECEMBRE1944

Source:
AD64 Pau 1031 W article 172 Cabinet du Préfet

Pour aller plus loin 

Jean Germain Aristide André Darmaillacq
Magistrat
Né le 03/08/1890 à Pouillon (40)
Archives départementales des Landes_http://www.archives.landes.fr/ 
Pouillon naissances 1880-1894_4 E 233/2_Acte N°46 Vue 233/320 

  Vers sa fiche matricule militaire _AD 40 1052 W _1910 matricule 232

Annuaire rétrospectif de la magistrature xixe-xxe siècles Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS) Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, _Fiche magistrat


Journal officiel de la République Française 27 septembre 1939
Gallica-bnf
Décret portant dissolution des organisations communistes


Livret de Xipri Arbelbide _fichier pdf illustré
http://www.eusko-ikaskuntza.eus/PDFAnlt/vasconia/vas42/42051100.pdf
     Fernando Elosu mediku anarkista (Bordale 1875- Baiona 1941)
     Fernando Elosu, médico anarquista (Burdeos 1875- Bayona 1941
     Ferdinand Elosu, médecin des idées anarchistes (Bordeaux 1875- Bayonne 1941 


Billets du blog consacrés au docteur Elosu

Fernand Elosu au lycée de Bayonne  

1 er mai 1914:meeting au cinéma Saint-Esprit (Bayonne) 

Jeudi 30 juillet 1914 à Bayonne 

Jugement du 8 février 1940 à l'encontre de Fernand Elosu et Etienne Cazaux  

Fernand Elosu,un politique interné en 1940