11 avril 2015

Marcel Bidegaray éxécuté de trois balles de révolver à Bidache


Marcel Bidegaray, 69 ans, mécanicien retraité des chemins de fer, ancien dirigeant dirigeant syndicaliste , domicilié rue Albert Thomas , quartier Saint-Esprit à Bayonne, a été arrêté le 8 septembre 1944.Le 23 du même mois,il a été astreint à résider au centre de séjour surveillé du Polo de Beyris à Bayonne.Il sera assassiné le 20 décembre 1944 à Bidache.

Le COMMISSAIRE DE POLICE
Chef de la Sûreté à
Monsieur le SOUS-PRÉFET à Bayonne
" J'ai l'honneur de vous faire connaître ce qui suit:le 20 décembre courant,vers 19 heures,une automobile marque "PEUGEOT" ,402,à gazogène,venant de la direction de BARDOS,est arrivé à BIDACHE par la rue principale et s'est arrêtée tout à coté de la devanture de l’"hôtel Basque " où BIDEGARAY  était descendu.A ce moment-là,ce dernier venait de sortir en pantoufles,sans rien dire à personne,après avoir enlevé son pardessus.
Deux hommes que l'on suppose être descendus de la voiture,sont entrés dans la salle de débit de l’hôtel précité et se sont fait servir l'apéritif.Pendant qu'ils buvaient ,ils ont demandé si on leur servirait à dîner,et comme il leur a été répondu affirmativement,ils ont déclaré qu'ils reviendraient dans 10 minutes,ils sont repartis mais ne sont pas revenus.Il était environ 19h30.
L'automobile a alors démarré sans qu'on les voie y monter,et est allée tourner un peu plus loin,du coté de l'église pour reprendre la direction de BARDOS.Personne n'a vu à ce moment,BIDEGARAY,ni entendu crier.Il est vrai que les rues ne sont pas éclairées et qu'il faisait très noir,ce qui expliquerait que seule la voiture à été vue.Les époux Dxxxxx tenanciers de l’hôtel ,à leur grande surprise,ne voyant pas revenir BIDEGARAY,qui n'était jamais sorti à cette heure-là,l'ont cherché en vain,hier soir,et le matin,ont alerté la gendarmerie.
C'est dans ces conditions que ce matin,les gendarmes de BIDACHE ont découvert le corps de BIDEGARAY dans le fossé de la route nationale N°636 à 3KM500 de BIDACHE et sur le territoire de cette commune,dans la direction de BARDOS.A hauteur du cadavre,ils ont découvert la poignée de la portière de la voiture,cassée probablement par BIDEGARAY qui s'y était accroché,ainsi que trois douilles de pistolet de 11 mm.
De l'autopsie pratiquée cet après-midi par le Docteur Jean GARAT,en présence de Monsieur le PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE et de Monsieur le JUGE D'INSTRUCTION,il résulte que BIDEGARAY  a reçu deux balles tirées dans la nuque (...).Quant à la troisième,tirée dans le dos (....). La mort fut instantanée.
On ne s'explique pas comment les assassins de BIDEGARAY ont pu enlever ce dernier,sans être vus ni entendus,cette opération s'étant faite ,selon toute probabilité,dans la rue principale.On se demande s'il ne s'agit pas d'anciens camarades de ce dernier qui l'ont invité à prendre place dans leur voiture,ce qu'il aurait accepté.Si,en effet,ils l'avaient pris de vive force,il est vraisemblable qu'il se serait débattu,qu'il aurait crié et se serait fait entendre.
Quoiqu'il en soit,le N° de la voiture n'a pu être relevé,mais par contre ,le signalement que l'on en possède est assez complet.Celui des assassins est plutôt vague.
La gendarmerie de BIDACHE va le diffuser,et de mon coté j'ai prescrit d'actives recherches des assassins et de la voiture.
Il y a lieu de noter que le portefeuille et la montre de BIDEGARAY,très probablement sur lui,ont disparu.Mais il ne semble pas que l'assassinat ait eu le vol pour mobile."


Source :1001 W art 306 Commissariat central de Bayonne

Pôle de Bayonne et du Pays Basque AD 64
39 avenue Duvergier de Hauranne 64100 Bayonne

L'acte de naissance en ligne N°515 e-Archives AD64 de Marcel Bidegaray né le 13 septembre 1875 à Bayonne , fils de Jean Bidegaray et d'Elisa Cornu

 64 1R649 Registre matricule Bidegaray Marcel


ISBN:978-2-7082-3924-1 Les Éditions de l'Atelier Les Éditions Ouvrières

Biographie de Bidegaray Marcel 

Extraits


En 1898, il entra comme chauffeur à la Compagnie des chemins de fer du Midi ; celle-ci le révoqua « pour manque d’énergie dans l’exercice de ses fonctions » : il convient de noter qu’à ce moment l’intéressé avait déjà donné son adhésion au Syndicat national des chemins de fer et au socialisme...Néanmoins, dans le courant de l’année 1900, Marcel Bidegaray parvint à se faire réembaucher au réseau de l’Ouest où il fut admis comme ouvrier ajusteur au dépôt des Batignolles. Après un stage de chauffeur, il fut nommé en 1907 mécanicien de train.
Sa personnalité de militant commença à se dessiner en 1909 quand il devint, au mois de juin, succédant à Eugène Poitevin, secrétaire général du Syndicat national des chemins de fer. Il s’y efforça de tempérer l’ardeur des éléments révolutionnaires. Au moment de la grève des cheminots de 1910, il fut révoqué par sa compagnie et emprisonné durant six semaines. Il assista aux XIe et XIIe congrès de la CGT, Toulouse, octobre 1910, et Le Havre, septembre 1912.Mobilisé à son poste de mécanicien, il n’en poursuivit pas moins son activité syndicale.
Il contribua puissamment à la fusion des organisations ouvrières de cheminots dans la Fédération nationale des travailleurs des chemins de fer, fondée le 28 janvier 1917, à l’issue d’un congrès interfédéral tenu au siège même de la CGT. Bidegaray fut nommé secrétaire général de la nouvelle Fédération qui groupait 70 000 membres.
Le 23 novembre 1918, la paix revenue, Marcel Bidegaray, membre du comité confédéral de la CGT, fit partie de la délégation mixte (Cachin*, Longuet*, Mistral*,Renaudel*, Rouger*, Thomas*, Bidegaray, Jouhaux*, Merrheim*) qui demanda à Clemenceau la « participation de délégués de la classe ouvrière française à la conférence générale de la paix » et l’autorisation de réunir, pendant les pourparlers de paix, une « conférence internationale ouvrière et socialiste ». Il participa également avec Jeanne Bouvier, Dumoulin, Jouhaux et Lenoir aux travaux de la première Conférence internationale du travail qui s’ouvrit à Washington le 29 novembre 1919.
Dès les premiers mois de l’année 1919, qui marqua les débuts des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR), Bidegaray et la majorité réformiste du conseil de la Fédération des cheminots s’efforcèrent de canaliser la participation des cheminots à l’agitation naissante et refusèrent notamment de donner le mot d’ordre de grève pour le 1er mai. Lors de la première grève des chemins de fer de février 1920, le syndicat de Bidegaray accepta l’arbitrage du président du Conseil (lui même, malade, ne prit pas part au vote), Millerand ; la négociation eut pour résultat la promulgation, après mai 1920, du statut des cheminots en discussion depuis la fin des hostilités.
Au congrès national de la Fédération des cheminots, qui se tint à Aubervilliers du 22 au 25 avril 1920, Bidegaray, vivement critiqué par la fraction révolutionnaire montante représentée par Gaston Monmousseau et Lucien Midol, dut résilier ses fonctions. Après l’échec de la grève des cheminots de mai 1920, lancée par le nouveau conseil fédéral, Bidegaray fut réélu secrétaire général par les éléments modérés du conseil, non sans l’opposition très vive des syndicats parisiens.
Au congrès national de 1921, les « révolutionnaires », conduits par Gaston Monmousseau et Pierre Semard, ayant réclamé la révision des statuts de la Fédération afin d’obtenir la nomination du conseil fédéral par le congrès, Bidegaray quitta la salle du congrès avec les délégués réformistes : c’était l’éclatement de la Fédération, qui donna le signal de la scission au sein de la CGT. Bidegaray poursuivit alors son oeuvre au sein de la nouvelle Fédération confédérée.
Au moment de la grève de 1920, le militant avait été une nouvelle fois révoqué par son réseau. Réintégré, il prit sa retraite de mécanicien en 1928. Il mit son départ à profit pour organiser une souscription en faveur du fondateur du syndicat national, Eugène Guérard, qui vivait très modestement à Pau où il s’était retiré.
Membre du comité de l’exploitation des chemins de fer, il fut membre suppléant du Conseil national économique de 1925 à 1935.
Bidegaray, en retraite dans son pays natal, joua un rôle important dans la vie politique et surtout syndicaliste bayonnaise.En 1932, il fut candidat aux élections législatives (1re circonscription de Bayonne) ;pendant la campagne électorale, il esquissa les grands thèmes du Parti socialiste SFIO : « établir la liberté et l’égalité économique, supprimer l’exploitation du travail par le capital, libérer l’État de l’emprise des grandes compagnies de finance et d’industrie,substituer la justice et la raison au privilège et au hasard » ; il obtint 2 121 voix soit 12 % des suffrages exprimés. Au 2e tour, « conformément à la discipline républicaine » il se désista pour le député sortant, maire de Bayonne, Joseph Garat. Ami de Renaudel et de Marquet, il protesta, en novembre 1933, contre l’exclusion du Parti socialiste SFIO des orateurs de la « manifestation d’Angoulême » puis rejoignit les « Néos » entraînant avec lui une vingtaine de militants (dont Joseph Desarménien). Il participa le 3 décembre 1933 au congrès constitutif du nouveau parti et devint le secrétaire du groupe Jean-Jaurès de Bayonne. À deux reprises, il fut candidat malheureux aux élections municipales de Bayonne (mars 1934, mai 1935).Membre de la commission exécutive de l’Union des syndicats confédérés de l’Adour où il représentait les cheminots, il en fut le délégué quasi permanent à la propagande et se voulut le mentor et le « père tranquille » du syndicalisme local.
Après 1940, Marcel Bidegaray assura à la Bourse du Travail une permanence  et devint le trésorier du Comité ouvrier de secours immédiat (COSI)."

 Le Maitron dictionnaire biographique