31 mars 2015

Des jours empoisonnés d'une marchande d'olives et de cacahuetes

Bayonne,septembre 1940, une marchande ambulante , met en cause un architecte de renom,un peintre décorateur et le directeur du théâtre .

Remarques du blog:
La lettre,extraite du fonds 1027 W 10 Tribunal de Grande Instance de Bayonne , a été transcrite en l'état.Le nom ainsi que l'adresse de la plaignante ont été  volontairement masqués.


Bayonne le 7 septembre 1940
Monsieur le Procureur
"Depuis 1937,Monsieur le Procureur ,je viens auprès de vous pour vous demander si ce ne serait pas un effet de votre bonté,de vouloir faire cesser ce qui se passe depuis longtemps,et aujourd'hui comme c'est plus fort que jamais et que l'on me fait beaucoup de misères dans la ville de Bayonne ,aussi je me permets de faire appel à votre bon cœur,pensant d'avance que je réussirai.Je vous dirai d'abord que je suis marchande d'olive et de cacahuètes que je vends aux terrasses de café mais à Bayonne seulement,et je suis traitée d'une manière infâme car sitôt que je mets le nez dehors j'ai toute la jeunesse après moi,et tout cela vient des théâtres et cinémas,surtout depuis 1929 où j'ai été représentée dans une revue locale à Bayonne et partout ailleurs,à Biarritz aussi,à St Jean de Luz,à St Vincent,depuis ça dure toujours et même cette semaine au théâtre,il y a une caricature et au Majestic; j'ai entendu dire,et moi lorsque je suis dans la rue tranquille et ne pensant qu'à mon travail.Monsieur le Procureur,je suis insultée et méprisée;j'entends,Dieu merci;toutes les réflexions bafouée et calomniée jusqu'à atteindre mon honneur et certes ces Messieurs du théâtre ne sont pas bien délicats de manger des sous en attaquant ma réputation;tout cela me rend bien malheureuse et me font passer des jours empoisonnés et le Maréchal Pétain,dans sa nouvelle formule dit qu'il se faut se défendre en toute matière et de faire justice,et ces Messieurs n'ont pas le droit ,ni ma permission de me mettre dans les cinémas;ils ont été condamnés en 1937,par la justice de Paix le 12 juillet,et aujourd'hui ils recommencent plus fort que jamais ,aussi je veux être payée et ils profitent de moi parce que je ne peux pas me payer un avocat.
Voici,Monsieur le Procureur,les noms des auteurs de la revue des artistes de Bayonne,Mr Benjamin Gommès,villa Malaye St-Esprit,Mr Georges Périer,peintre décorateur,quai des Corsaires ainsi que le directeur du théâtre.Et maintenant je demande des dommages intérêt pour tout le mal qu'il m'on fait et à présent ils font faire des méchancetés par intermédiaire et le juge de Paix et le Procureur doivent mettre main forte,aussi je compte sur vous.
On m'a donné le sobriquet de Georgette et toutes les fois que je suis en train de vendre il y a des gamins qui m'appelle Georgette et même des gamins de 7 à 8 ans qui me diffament en se fichant de moi;je sers de risée à Bayonne,aussi j'en suis malade.Je désire donc ,Mr le Procureur qu'on me laisse tranquille,et à présent en leur demandant une forte somme,ils s’arrêteront,ils ont assez profiter de moi et ont fait une fortune à mes dépens.
Comptant sur votre bienveillance ,Mr le Procureur de la République,je vous adresse mes respectueux hommages
Mademoiselle

Adresse à Bayonne

Annotation  au recto de la lettre
Mr le C de Police à Bayonne
Prière d'inviter la plaignante à s'adresser si elle le juge utile,à un homme d'affaires (..) ou un avoué,les faits signalés n'étant pas de nature  à motiver mon intervention d'office.

9 septembre 1940
Le Procureur de la République

Sources:
1027 W 10 Tribunal de Grande Instance de Bayonne 
Procès verbaux de Gendarmerie et Police 
Juillet - décembre 1940
Document consultable au Pôle de Bayonne et du Pays Basque AD 64 ,39 avenue Duvergier de Hauranne 64100.

Je remercie Nathalie qui m'a signalé l'existence de cette lettre .

28 mars 2015

Où trouver des renseignements sur un ancêtre employé au chemin de fer ?

Un emploi au chemin de fer entrainait souvent une mobilité géographique à l'intérieur et  ou à l'extérieur du département des Basses-Pyrénées.Quelles sont les archives susceptibles d'aider les généalogistes dans la recherche d'un ancêtre cheminot?
Livret -guide officiel des Chemins de Fer du Midi -Année 1927-


Les recensements de population des communes  traversées par le chemin de fer
Recherchez les lignes ouvertes aux circulations ferroviaires ,les gares,les maisons de gardien de passage à niveau.
 
Livret -guide officiel des Chemins de Fer du Midi -Année 1927-

 Où chercher les recensements de population aux AD 64? 

Les recensements de population des Basses-Pyrénées ne sont pas numérisés.Pour connaitre les documents et les années disponibles , il convient de consulter les :

Inventaires en ligne

Sommaire des fonds
Archives communales
Sélectionnez la commune de votre choix puis recherchez la rubrique Population.A noter que toutes les communes n'ont pas versé leurs archives.

Inventaires papier consultables en salle de lecture du

Pôle de Bayonne et du Pays Basque -AD 64 -

Bayonne
Hendaye

Les archives du recrutement militaire

Les tableaux de recensement communal des jeunes gens , l'année de leur 20 ans, comportent parfois des renseignements utiles à la recherche .

Les registres de recrutement militaire
Prenons par exemple Jean Corrihons né à Hendaye le 27 novembre 1888
e-Archives AD 64 -Collection communale Hendaye naissances FRAD064006_5MI260_2_1043.jpg Vue 97/176



















En mention marginale de cet acte de naissance,une date et un lieu de mariage:18 avril 1921 à Ondres dans le département des Landes.
La consultation du registre matricule  64 1R800
 
http://consultarchives.le64.fr/registre_militaires_Corrihons Jean classe 1908

    Dans la partie droite ,les changements de résidence

http://consultarchives.le64.fr/registre_militaires_Corrihons Jean classe 1908


Les archives  du personnel :Cie du Midi (lacunaires) et SNCF

Les archives sont centralisées au  Centre des archives multirégional SNCF
Rue du Lieutenant Pasquet
34500 Béziers 

Sur rendez-vous

Courriel : archives.beziers@sncf.fr 
 du lundi au jeudi : de 9h à 12h et de 13h30 à 16h30
 le vendredi : de 9h à 12h

Par correspondance

Recherche des dossiers sur demande écrite 
Réponse  avec indication du contenu du dossier et des frais  à payer intégrant la recherche, les copies éventuelles

Les conditions de consultation et de communication de ces archives sont précisées sur le site Rails et Histoire

Archives et documentation SNCF

Adresses utiles

Livret -guide officiel des Chemins de Fer du Midi -Année 1927-

Livret -guide officiel des Chemins de Fer du Midi -Année 1927-

24 mars 2015

Commémoration de la Grande Guerre en Amikuze

Du 25 mars au 17 avril 2015, Médiathèque

Exposition : « 100 ans de mémoire, 14-18 en Amikuze»,
Réalisée par l’association Amikuze Généalogie
Pour tout contact avec l'association Amikuze :amikuzegenealogie@orange.fr




et Exposition « Les Basses-Pyrénées dans la Première Guerre mondiale »
Réalisée par les Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques

Le 02 avril 2015, 20h30, cinéma Saint-Louis

Film: « Les sentiers de la gloire»
De Stanley Kubrick, 1957, 88 minutes
Proposé par l’association Argitze

Le 03 avril 2015, de 16h00 à 18h00, Médiathèque

Atelier de recherches familiales

Le 04 avril 2015, 10h00, Médiathèque

Présentation du livre : « La Grande Guerre de mon père »  par Michel Barthaburu


Le 06 avril 2015, 20h30, Cinéma Saint-Louis

Film: « La grande illusion»
De Jean Renoir, 1937, 114 minutes
Proposé par l’association Argitze

Le 10 avril 2015, de 16h00 à 18h00, Médiathèque

Atelier de recherches familiales

Le 11 avril 2015, 10h00, Médiathèque

Conférence : « Les Basques dans la Guerre 14-18»,
Par Eric Mailharrancin

Ce programme est proposé par MM. Bruno Gorre et Jean-Pierre Lafaurie, les associations Amikuze Généalogie et Begirada (club photo), ainsi que la médiathèque de Saint-Palais.

Mediatheque Amikuze 


La Grande Guerre en Amikuze

Guerre 14-18 : quelques romans & BD Médiathèque Amikuze

 Archives de Saint-Palais à consulter en salle de lecture 

du Pôle de Bayonne et du Pays Basque (AD 64)

Affaires militaires 

Extraits

  • Recensement des jeunes gens
  • Liste nominative et liste préparatoire des jeunes gens.
  • Contrôle de la circulation, sauf-conduit.
  • Soldats et travailleurs civils prisonniers en Allemagne.
  • Recensement des chevaux, juments, mulets et mules et des véhicules hippomobiles.
  • Recherche de soldats allemands prisonniers évadés.
  • Soldats français et allemands morts au combat.
  • Préparation au service militaire.
  • Ordre de route.
  • Exemptés ou réformés.
  • Soldats décédés, disparus ou bléssés.
  • Succession des soldats décédés.

17 mars 2015

Exposition sur les camps d'internement du Polo de Beyris, Bayonne 1939-1947.

Du mardi 7 avril au vendredi 22 mai 2015
sauf jours fériés
Entrée libre
Du lundi au vendredi 8h45-12h30 et de 13h30-17h15

Pôle de Bayonne et du Pays Basque AD 64
39 avenue Duvergier de Hauranne 64100 Bayonne
Tél 05 59 03 93 93
www.archives.le64.fr
Emplacement pour les vélos et parking gratuit

Jeudi 16 avril

Visite guidée de l'exposition par le Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris
16h45
Tout public.Entrée libre.Durée 1h

Conférence "Le camp d'internement de Beyris "
Par Michèle Degorce du Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris
18h
Entrée libre libre.Durée 1h30

Samedi 18 avril

Visite du quartier du Polo Beyris
10h
Visite libre.Durée 1h30
Rendez-vous sur la place du Polo 
Contact:c_campbeyris@orange.fr

A l'attention des cycles 3,collèges et lycées

Ateliers pédagogiques pendant toute la durée de l'exposition
Sur réservation:contact  tere.garcia-larrache@cg64.fr

Offre pédagogique AD 64 


 Informations pratiques AD 64

 Pour venir 

L'exposition Derrière les barbelés de Beyris est ouverte à tous sans formalités. Cela peut être aussi l'occasion de vous inscrire aux AD 64.
Inscription en salle de lecture -Hors exposition 
"Toute personne a le droit d’accéder gratuitement à la salle de lecture des Archives départementales après inscription sur place.
Pour vous inscrire il faut vous munir :

  • d’une pièce d’identité en cours de validité,
  • d’une photographie pour l’établissement de la carte de lecteur.
Vous devez remplir et signer une fiche d’inscription.
Une fois inscrit, vous devez déposer tous vos effets personnels dans les casiers disposés dans le hall d’accueil. Vous ne pouvez conserver que votre matériel d’écriture (feuilles volantes et crayon à papier uniquement) et/ou votre matériel informatique (ordinateur portable, appareil photo numérique). Dans le casier vous trouverez un sac en plastique qui vous permettra de transporter votre matériel dans la salle de lecture.
Une table vous est ensuite attribuée par la présidente de salle. La consultation de ces documents se fait obligatoirement sur la table attribuée."

Contribuez à l'histoire de votre commune,du département des Pyrénées-Atlantiques

Particuliers, entreprises, associations

14 mars 2015

1953:L'affaire Finaly à travers le quotidien d'information Côte Basque Soir

Après l'annexion de l'Autriche par l' Allemagne  nazie en 1938, Fritz Finaly et  son épouse Anni (sans e) se réfugient en France .
Dans le sillage de la déclaration de guerre par la France à l'Allemagne,Fritz Finaly est interné  au camp de Chambaran (Isère). S'ensuivent des  conditions de vie difficiles pour des réfugiés étrangers,juifs, sous les gouvernements successifs d'Edouard Daladier, Paul Raynaud, Philippe Pétain puis de l'occupant allemand.Deux enfants du couple Finaly naissent;Robert ,le 14 avril 1941 et le 3 juillet 1942 Gérald .
Le 14 février 1944, les époux Finaly sont arrêtés par la Gestapo ,déportés vers Auschwitz, d'où ils ne reviendront pas.Les deux enfants qui avaient été cachés, ont été confiés à Mlle Antoinette Brun, directrice de la crèche municipale de Grenoble.
Après la guerre , Mlle Brun refuse de rendre à d'autres membres de la famille Finaly , Robert et Gérald qu'elle a fait baptiser.En découle  une bataille judiciaire de plusieurs années .En 1952,la famille Finaly obtient gain de cause, mais les enfants sont enlevés.Ils apparaissent brièvement à  Bayonne, avant d’être amenés  avec l'aide de prêtres , au Pays basque espagnol .L'affaire devient publique en 1953.
Le  pôle patrimoine de la médiathèque de la ville de Bayonne dispose d'une  collection de Côte Basque Soir de cette période.Une consultation des éditions  de ce quotidien d'information témoigne de la place considérable de l'affaire Finaly dans le traitement des actualités.
Dans les extraits présentés ,on relèvera des variations dans l'orthographe de quelques patronymes

Points de repère

Deux billets  signés Marc Legasse:
24 février 1953;Une tradition basque:les curés en prison
9 mars 1953;Pavane pour un séparatiste Basque défunt

28 février 1953 ;une lettre ouverte de Jean Ybarnegaray

26 février 1953;une déclaration de Benjamin Gomez



Côte Basque Soir -Lundi 2 février 1953
Page 2 
Deux enfants israélites disparus de Grenoble sont retrouvés à Bayonne où ils venaient d’être confiés à un pensionnat

Gérald et Robert Finaly ,deux enfants israélites confiés depuis l'occupation à Mlle Brun,directrice de la Crèche municipale de Grenoble et dont les parents périrent en déportation,avaient disparu.
Melle Brun,qui s'était attachée à eux,avait refusé de les remettre à des membres de la famille qui les réclamaient.Des procès ont été engagés et Melle Brun avaient été condamnée pour non présentation d'enfants.Ceux-ci étaient dans une retraite secrète en Dauphiné.Ils viennent d’être retrouvés à Bayonne.
Mlle Setoun professeur de l'enseignement libre à Grenoble,originaire d'Arneguy,vint au pensionnat St-Louis de-Gonzague,à Bayonne,demander au Supérieur s'il consentirait à prendre comme pensionnaire deux orphelins israélites sans famille,recherchés par le gouvernement israélien.Le supérieur fit remarquer qu'il était nécessaire qu'ils aient un répondant.Les conditions ayant été réglée,une dame inconnue  descendant en gare de Bayonne de l'express de Dauphiné amena au Pensionnat deux enfants,sous le nom de Martela.Cette dame dit avec satisfaction que ces enfants seraient ainsi en sûreté loin de Grenoble ,en attendant la décision  de la Cour à leur égard.Ces déclarations mirent le supérieur en éveil.Il apprit la disparition des deux enfants et le procès auquel donnait lieu leur sort.Il prévint les autorités religieuses et le Parquet.Des relations furent nouées entre les parquets de Bayonne et de Grenoble .En attendant les décisions de justice les deux enfants ont été admis à ce collège bayonnais.

 



















Côte Basque Soir - Mardi 3 février 1953
Les deux petits Finaly ont été Kidnappés ce matin à St-Louis-de-Gonzague à Bayonne.
On pouvait espérer que l'affaire de Gérald et Robert Finaly ,les deux enfants israélites dont le père et la mère sont morts en déportation et que se disputent d'autres parents  ainsi que Mlle Brun,la directrice de la Crèche municipale de Grenoble qui les a élevés et désire les conserver trouverait à Bayonne le calme,en attendant les décisions de justice les concernant.
Les deux enfants avaient été admis au collège Saint-Louis-de-Gonzague conformément à la décision prise par les magistrats en attendant les jugements à venir.
Gérald et Robert,bien élevés,ayant causé une excellente impression,se semblaient en aucune façon ,malheureux.Ils ne manifestaient pas la timidité et le dépaysement que l'on constate chez bien des êtres jeunes transplantés d'un jour à l'autre dans un milieu différent ,mais au contraire une assurance non pas effrontée,mais de bon aloi.
Or ce matin,coup de théâtre.Les enfants ont disparu.Dans la journée d'hier,M.le Supérieur de Saint-Louis avait été chargé de la garde des enfants et c'est lui-même qui ce matin a alerté la police judiciaire de cette disparition mystérieuse dont on devine combien il était ennuyé étant donné que de lui-même il avait mis la Justice au courant de la présence de ces enfants dans sa maison.
Les enfants se sont levés ce matin,à 7 heures,en même temps que leurs petits camarades.A 7h.20,le surveillant du dortoir les a envoyés en études où le surveillant de cette étude a constaté leur absence et donné l'alarme.On se perd en conjonctures sur ce qui a pu se passer.
Il est peu vraisemblable que les enfants soient partis d’eux-mêmes.Par ailleurs,la porte est ouverte,comme celle de tous les externats,pour l'arrivée des élèves le matin.
Un enlèvement apparaît la solution la plus vraisemblable.Le Parquet de Bayonne a ouvert une information contre X... pour enlèvement d'enfants.La police judiciaire et les brigades de gendarmerie ont été alertées.
Cette affaire cause une vive émotion à Bayonne particulièrement dans cet établissement où deux pauvres enfants venaient de recevoir un accueil si familial.
Par ailleurs,nous avons appris que deux personnalités israélites venues de Grenoble s'étaient présentées ce matin au Parquet pour réclamer les enfants et les ramener avec elles en Dauphiné.


 

Côte Basque Soir -Mercredi 4 février 1953
Les deux petits Finaly sont-ils en Espagne ?
La police interroge les professeurs,le personnel et les enfants de Saint-Louis-de-Gonzague
On recherche un mystérieux individu qui,lundi,a demandé aux élèves des détails sur les deux orphelins
En dépit de recherches extrêmement actives,on n'a toujours pas retrouvé les deux petits Finaly,disparus mystérieusement hier matin de l'Institution Saint-Louis-de-Gonzague.
Les enquêteurs se demandent si les deux petits n'ont pas été emmenés en Espagne.
On se perd en tout cas en conjonctures sur la manière dont les enfants ont pu disparaître.
On sait qu'ils ont quitté à 7 heures 30 le dortoir situé au 3 e étage pour la salle d'études du premier étage;ils étaient là à la queue de la file des élèves.
C'est peu après qu'on s'aperçut qu'ils n'étaient pas en classe.
Des interrogatoires des élèves et du personnel,il ressort que nul n'a aperçu une personne étrangère à l'établissement dans l'entourage des enfants.
Comme la rue d'Espagne est actuellement un véritable chantier ,aucune voiture n'a pu venir jusqu'à la porte de l'Institution.Et si les enfants avaient été enlevés de force,ils auraient crié.Sont-ils donc partis volontairement rejoindre une personne amie ?
Serait-ce le mystérieux inconnu qui,lundi,avait questionné des petits élèves de Saint-Louis sur les petits Finaly,appelée alors "Fartella"?
Arrestation de Mme Setouin
Quoi qu'il en soit ,les interrogatoires ont commencé hier et se sont poursuivis ce matin.
M.l'abbé Setouin,frère de Mme Setouin qui était venue de Grenoble à Bayonne pour y préparer le séjour des deux enfants a été interrogé jusqu'à deux heures du matin.
Quant à sa sœur,originaire d'Arneguy,ancienne institutrice à Bayonne,elle a été arrêtée à Grenoble comme co-auteur de la séquestration.
Il est à noter qu'une des tantes des deux enfants,Mme Rosner,a déposé contre Mlle Brun une plainte pour meurtre ,ce qui parait tout de même un peu exagéré quand on sait que sans Mlle Brun et les soins qu'elle leur prodigua,les deux petits orphelins seraient morts depuis huit ans.
C'est en effet en février 1944 que Mlle Brun recueillit les enfants dans les circonstances que voici:
La Gestapo arrêta alors le docteur Finaly et sa femme ,israélites autrichiens réfugiés à La Tronche (Isère).
Sans Mlle Brun les deux enfants seraient morts
Les deux enfants,Robert ,né en 1941,et Gérald,né en 1942,furent confiés à la pouponnière Saint-Vincent-de-Paul à Meylan où on ne peut les garder.
On les remit alors à Mlle Brun directrice de la Crèche municipale de Grenoble  qui,avec le Dr Baudry,membre du même réseau de résistance  hébergeait déjà une dizaine d'autres enfants israélites.
Quand on les lui amena ,les deux petits Finaly étaient mourants:le petit,âgé d'un an et demi,avait une forte dysenterie;l'ainé venait d’être opéré d'une mastoïdite.
A force de soins,Mlle Brun parvint à les sauver.
C'est alors que la municipalité de Grenoble lui donna l'ordre de livrer ses enfants aux Allemands ;elle s'y refusa;on la menaça de la licencier sans traitement ni pension.
Avec l'aide d'un ecclésiastique Mlle Brun loua le château de Vif où elle s'installa avec ses douze petits réfugiés subvenant personnellement jusqu'à la Libération aux frais de leur hébergement.
Après le départ des Allemands,les enfants furent rendus à leurs familles sauf trois:un que sa mère décida de laisser à Mlle Brun  qui l'a depuis adopté légalement et les deux petits Finaly dont les parents étaient morts en déportation.
(...)





































Côte Basque Soir -Jeudi 5 février 1953
La mystérieuse disparition des orphelins juifs
Un radiesthésiste nous affirme que les deux petits FINALY sont à moins de 500 mètres de Saint-Louis-de-Gonzague
Les enfants auraient reçu un message les invitant à sortir du pensionnat et auraient mangé des bananes à leur petit déjeuner

Cette affaire Finaly va-t-elle commencer une guerre de religion?On le croirait à lire les télégrammes envoyés au garde des sceaux par Mme Rosner tante des enfants qui se trouve en Israël et par M.Kakn,rabbin de Grenoble.
Voici le premier:
"Famille Finaly,dont les deux enfants viennent d’être enlevés à Bayonne alors qu'ils étaient sous main de justice ,par des fanatiques religieux,implore secours de justice française  et du ministre de la justice.Dénonce la folie criminelle de fanatiques qui veulent rallumer les luttes raciales et religieuses.Signé :Edwige Rosner-Finaly,tutrice.
Et voici le deuxième:
"Enfant Finaly sous protection parquet de Bayonne ont été enlevés par des fanatiques religieux .Population israélite de l'Isère proteste  et demande des recherches énergiques  afin que la justice française soit respectée."
Le ton de ces télégrammes et le fait que Mme Rosner a porté plainte pour meurtre contre Mlle Brun montre qu'il y a de ce coté-là aussi un certain énervement. (...)

On a retrouvé le "mystérieux individu" qui avait questionné des élèves de St-Louis sur les petits Finaly
On a retrouvé le mystérieux individu qui avait été vu rue d'Espagne en train de causer avec deux jeunes externes du Collège St-Louis de Gonzague.Cet "individu" s'est fait connaitre spontanément à M.Favreau,juge d'instruction.....
Précisons que c'est notre confrère Édouard Flous qui eut désiré obtenir la photo de Robert et Gérald Finaly et quelques renseignements sur leur séjour à Bayonne.



Côte Basque Soir -Mercredi 11 février 1953
Finaly :rien de nouveau
Les enquêteurs s'efforcent de savoir si les prêtres de Saint-Louis mettent des chaussures ou des pantoufles pour dire leur messe
(...)
Ils demandent ainsi à des prêtres :"Dites-vous votre messe en pantoufles ou chaussez-vous des souliers?"
Pourquoi gardez-vous des pantoufles pour circuler dans le dortoir?Ils les font alors  marcher avec des pantoufles pour se rendre compte qu'ils font moins de bruit ainsi.
On constatera que la police avec un admirable souci de faire éclater la vérité,ne néglige aucun détail.
Des parents se plaignent du temps que l'on fait perdre aux enfants au détriment des études.Ils souhaiteraient que les interrogatoires soient effectués sans attente inutile et de préférence le jeudi.
(...)
Mgr Terrier serait entendu
Il est possible que Mgr Terrier,évêque de Bayonne,soit entendu par le magistrat instructeur.Mère Antonine,supérieure de l’institution Notre-Dame-de-Sion de Grenoble,lui avait rendu visite,lundi,lorsqu'elle arriva de Grenoble.
Le rôle de sœur Antonine
On signale de Grenoble qu'il apparaît que le personnage  central de l'affaire qui,jusqu'alors était Mlle Brun,se trouve maintenant être la Mère Antonine de Notre-Dame-de-Sion.Elle aurait joué un rôle prépondérant à Biarritz et à Bayonne dans l'enlèvement des enfants.
En effet,la mère supérieure de Notre-Dame-de-Sion prévenue que le chanoine Silhouette de St-Louis-de-Gonzague ne voulait plus garder les enfants,se rendit immédiatement à Bayonne et,dans la journée qui précéda la disparition des enfants Finaly,elle aurait préparé une nouvelle résidence pour Gérald et Robert.
La mère Antonine eut une entrevue assez longue avec l’évêque de Bayonne,Mgr Terrier.Selon la Mère Antonine,elle serait allée voir l’évêque pour s'excuser auprès de lui des ennuis que pourrait lui apporter dans la région l'affaire Finaly.
Affaire d'honneur Basque.
Notre confrère Sud-Ouest estime que la disparition des enfants Finaly parait avoir pris le caractère d'une affaire d'honneur basque.
Basque,en effet,Mlle Setoain avait été chargée d'une mission qu'elle ne put mener à bien en raison de l'intervention judiciaire.De ce fait,il est vraisemblable  que d'autres filles ou garçons du pays ont voulu remettre les choses au point et "pour l'honneur" empêcher que soient livrer les deux enfants aux autorités.



Au sujet de l'affaire Finaly
Un article du bulletin diocésain
(...) Certains journaux ont publié des commentaires et des déclarations qui mettent en cause les autorités ecclésiastiques ,parlent de fanatisme religieux et voudraient faire croire à je ne sais quelle machination antisémite.
Laissant de coté toutes autres considérations,on peut simplement rappeler certains faits qui paraissent déjà oubliés aujourd'hui:
L’Église de France a pris la défense des Juif en une période où leurs défenseurs n'étaient pas légion:
Des milliers de Juifs doivent la vie sauve à des évêques,des prêtres et des religieux français.
Mgr Terrier ,évêque de Bayonne,nous pardonnera sans doute d'affirmer  que ce prélat ,étant à l'époque évêque de Tarentaise ,a secouru dans son Évêché plusieurs centaines d'israélites français,belges ou hollandais,avec la collaboration de plusieurs prêtres,dont un qui paya de sa vie son audace et son héroïsme;
Dans le diocèse de Bayonne où de nombreux Juifs ,principalement des enfants furent cachés dans des presbytères  ou des colonies de vacances catholiques,le "Bulletin Diocésain" organe officiel de l’Évêché fut suspendu par les autorités allemandes pour avoir publié un éditorial qui protestait contre la persécution juive.
Faut-il enfin rappeler ,puisqu'on a voulu également l'accuser,que la Congrégation de Notre-Dame-de-Sion a toujours été fidèle à son admirable mission d’assistance aux Israélites,et que ses Religieuses n'ont jamais imposé le baptême aux enfants juifs qu'elles ont secourus et souvent sauvés?
De tels faits appartiennent à l'histoire .Ils sont connus non seulement des catholiques,mais aussi des Israélites et des incroyants de bonne foi,qui ont su rendre hommage aux services inappréciables rendus par l’Église.
(...)
Lundi 16 février 1953






















Côte Basque Soir -Jeudi 19 février 1953
"Les petits Finaly seraient à Aguinardia en Espagne" mais l'information n'est pas encore confirmée.
Paris.-Notre confrère "l'Aurore" publie ce matin une information d'après laquelle Gérald et Robert Finaly se trouveraient en Espagne.Ils seraient hébergés dans une institution à Aguinardia,assez proche de la frontière française et de Sare.Cette information n'a pu être confirmée




Côte Basque Soir -Vendredi 20 février 1953
Les deux petits Finaly sont bien en Espagne
On a arrêté un Luzien et un Basque qui leur ont fait franchir la frontière à Biriatou,mais on ignore encore le lieu exact où se trouvent les enfants.
Nous avons annoncé dès hier que les jeunes Gérald et Robert Finaly se trouvaient en Espagne.Cette nouvelle est confirmée.Toutefois ,le lieu de leur cachette est encore ignoré.
Le nom de "Guinardia" qui a été imprimé par un de nos confrères parisiens serait-il celui d'une propriété ou d'une institution scolaire?
C'est possible;en tout cas pas celui d'un village.Ce nom de "Guinardia" signifie en basque "Dent de brebis". On apprend que deux passeurs ,qui avaient fait franchir la frontière aux deux enfants,le 13 février,ont été arrêtés.Il s'agit de François Etcheçaharak,domicilié à St-Jean-de-Luz et d'El Chabo domestique de ferme.

Gérald et Robert Finaly qui avaient quitté le collège St-Louis-de-Gonzague le 3 février,étaient confiés ,le 13 février ,à 21 h,par une personne dont l'identité n'est pas révélée  à François Etcheçaharak .Celui-ci  les amenait à Biriatou  puis les confiait à El Chambo.Ce dernier  fit franchir clandestinement la frontière aux enfants,les conduisit à Véra dans la ferme "Etchegoreta".Le 14,François Etcheçaharak se rendait en voiture en Espagne..Passant à Vera il prenait Gérald et Robert Finaly,les transportait à Saint-Sébastien où un prêtre espagnol domicilié calle Verdura les accueillait. 
 



Côte Basque Soir -Samedi 21 février 1953
L'affaire Finaly
Deux prêtres et un commerçant bayonnais sont écroués.Les enfants sont restés dix jours dans la région bayonnaise avant d’être emmenés en Espagne.
(...)
A Biriatou
Des inspecteurs de police se sont rendus hier à Biriatou où ils ont longuement entendu le curé,M.l'abbé Ibarburu qui est le cousin d'Etchezaharetta.Après cette audition,les inspecteurs ont quitté Biriatou laissant  le prêtre dans son presbytère.
(...)
De l’Hôtel de Police au Palais de Justice.
Devant le commissariat de police et devant le palais de justice de Bayonne où la foule,depuis quelques heures ,s'était amassée,la police a fait dégager les trottoirs à 19h30.
Encadrés par les inspecteurs de la brigade mobile et les gardiens de la paix bayonnais,on voyait tour à tour,sortir du commissariat et monter dans les voitures :Etchezaharreta,le commerçant en radio de St-Jean-de-Luz,le passeur de Biriatou Susperreguy;M. Fagalde,directeur de Société commerciale à Bayonne;M. l'abbé Latxague,professeur de théologie au grand séminaire de Bayonne et l'abbé Aristia,aumônier départemental des J.O.C.(...)



























 


Côte Basque Soir -Lundi 23 février 1953
Où les enfants Finaly ont-ils séjourné pendant les 10 jours qui ont précédé leur passage en Espagne?
Les enquêteurs s'efforcent de l'établir ,mais il leur faudra dans doute attendre le retour des deux petits orphelins pour le savoir
(...)Les faits antérieurs au 3 février sont instruit par le Parquet de Grenoble.Le magistrat bayonnais s'attache donc à établir les événements à dater du 3 février jusqu'à ce jour.
Dans la nuit
On reste dans la nuit sur la période du 3 février après la sortie mystérieuse des enfants du collège Saint-Louisde-Gonzague jusqu'au 12.Mais on sait comment ils passèrent clandestinement en Espagne.
Le Passage
Les abbés Latxague et Ariztia avaient par l'intermédiaire de Jean Fagalde eu recours à François Etcheeahareta pour conduire les enfants qui furent pris entre Guethary et St-Jean-de-Luz en auto par François Etcheeahareta .A Biriatou,Susperreguy dit del Campo leur fit franchir la frontière.Del Campo avait été contacté au préalable par Etchezaharreta et le cousin de celui-ci,l'abbé Ibarburu,curé de Biriatou.Del Campo mena les enfants jusqu'à Renteria où il les remit à un pretre espagnol.Les abbés Ariztia et Ibarburu sont allés ensuite voir en Espagne Gérald et Robert Finaly.
Les abbés Laxague et Ariztia déclarent s’être occupés de cette fillère de passage à la demande d'une personne dont ils refusent de révéler le nom.
Deux nouvelles arrestations
Samedi après-midi deux autres prêtres du diocèse de Bayonne ont été inculpés et écroués,ce qui porte à quatre le nombre des ecclésiastiques incarcérés à la villa Chagrin.
L'après-midi,des inspecteurs de police ont conduit au Palais de Justice de Bayonne l'abbé Ibarburu curé de Biriatou et l'abbé Irigoin,vicaire à Saint-Jean-de-Luz.Après un interrogatoire d'une heure,ils étaient amenés à la maison d’arrêt et écroués.Ils sont inculpés l'un et l'autre ,de complicité d'enlèvement de mineurs.
L'abbé Ibarburu avait hébergé Gérald et Robert Finaly avant qu'ils passent clandestinement la frontière.Il se serait rendu ensuite en Espagne avec l'abbé Aristia les voir,après ce passage.
Quant à l'abbé Irigoin,il aurait mis en rapport l'abbé Laxague avec Etchezaharreta,l'électricien de Saint-Jean-de-Luz,qui conduisait dans sa voiture les enfants jusqu'à Biriatou.
Instruction laborieuse
L'instruction est laborieuse car elle doit être conduite à la fois dans un milieu ecclésiastique et dans un milieu basque.Toutefois,il apparaît que l'enlèvement des enfants a été improvisé car trop de personnes s'y sont trouvées mêlées pour que le secret de l'opération put être toujours sauvegardé.




Côte Basque Soir -Mardi 24 février 1953
(...)
Un émissaire du Primat des Gaules en Espagne
On apprend qu'un Père Jésuite s'est rendu en Espagne.Il serait croit-on chargé par le cardinal Gerlier de rechercher avec les autorités espagnoles un règlement de l'affaire.
L'opinion espagnole
La presse espagnole n'accorde guère d'importance à l'affaire Finaly.Elle a diffusé l'appel de l'évêque de Grenoble et a rappelé l'enlèvement d'enfants espagnols hébergés pendant la guerre civile par l' U.R.S.S. ou des pays d'Europe qui ne les ont pas tous rendus.

Une tradition basque:

les curés en prison

C'est une très ancienne coutume dans notre clergé.Ne remontons pas jusqu'au Déluge,signalons seulement qu'au XVIIe siècle,le Curé de Moncayolle ; Benat Goyeneche ,proteste contre une décision anti-forale de Louis XIV.Il est jeté en prison et on lui coupe le cou.
Le Curé Santa-Cruz,mis en état d'arrestation par la police madrilène ,s'échappe par la fenêtre de sa sacristie,gagne les montagnes,y lève une troupe de partisans pour "Dieu et les Fueros".Repris,il est incarcéré à Arramayona.Tout le pays suit avec passion les péripéties de la seconde évasion.
Il y a cinquante ans,le Curé de Sainte-Engrâce, le fameux Harritchabalet,faisait passer sous le couvert de convois funèbres,des ballots de tabac,dissimulés dans un cercueil.Et les cavalcades d'honneur,lors des tournées épiscopales,ont toujours servi à la contrebande des Pottoks,d'un coté à l'autre de la frontière.
Enfin,plus récemment,on vit des centaines de prêtres,coupables de non conformisme,jetés en prison par le Général Franco,"Caudillo d'une Croisade Chrétienne". On en fusilla une bonne dizaine.
Aujourd'hui,c'est l'enlèvement des Finaly.

On pourra penser ce qu'on voudra de ces protestations contre "l’État,c'est moi",de ces refus d'une "Espana una",de ces négations d'une frontière artificielle,de ce "sauvetage" de de deux petits convertis en péril de reconversion.Toutes les opinions sont permises.
Mais,nous Basques,ne pouvons oublier que c'est grâce à ce même esprit de rébellion de notre Clergé que notre langue,frappée d'inutilité ,chassée de l'École,condamnée à mort par les grands maîtres de l'Enseignement ,doit d'avoir survécu.
Nous ne nous étonnons donc pas de l'attitude de nos ecclésiastiques face aux décisions de la Cour de Versailles,des Cortès madrilènes,de la Direction des Douanes,d'une Junta militaire ou de la Cour de Grenoble.
Là,comme sur nos places de pelote,ils savent parfaitement,le moment venu ,retrousser leur soutane et,courant de droite à gauche,défendre vaillamment les couleurs de leur camp.
Félicitons-nous plutôt de la continuité de cet amour de risque dans notre clergé.Il est le gage de notre survie.
Amen.

Marc LEGASSE



Côte Basque Soir -Mercredi 25 février 1953
L'affaire Finaly
Vive effervescence au Pays Basque à la suite de l'arrestation des 4 prêtres
Les conseillers généraux basques mettront-ils MM.G.Petit et de Chevigné en demeure de quitter le Gouvernement ?
Il se pourrait qu'ils décident cet après-midi des mesures de protestations et une grève administrative
L'incarcération de quatre prêtres basques inculpés de complicité d'enlèvement des enfants Finaly suscite une certaine émotion dans les milieux Euskariens.
Les conseillers généraux des cantons basques doivent se réunir cet après-midi au café du Grand-Balcon à Bayonne sous la présidence de M.Louis Inchauspé Président de l'assemblée départementale.
Cette réunion a trait aux répercussions sur l'opinion publique de la région du maintien en prison des quatre prêtres actuellement à la villa Chagrin.
Nous croyons savoir que des mesures de protestations seraient proposées.Certaines personnes suggèrent que MM.Pierre de Chevigné et Guy Petit soient mis en demeure de quitter le gouvernement .D'autres proposent des démissions massives des conseillers généraux et des maires;d'autres une grève administrative.(...)




Côte Basque Soir -Jeudi 26 février 1953
Les Conseillers généraux Basques unanimes,réclament la mise en liberté des prêtres emprisonnés
Treize conseillers généraux des Bases-Pyrénées élus des cantons basques se sont réunis hier après-midi,à Bayonne sous la présidence de M.Inchauspé,président de l'Assemblée départementale afin d'examiner les répercussions de l'incarcération de quatre prêtres basques inculpés dans l'affaire Finaly.
Cette réunion secrète a duré 1h30.
A son issue,ces treize conseillers généraux se sont rendus à la Sous-Préfecture de Bayonne où ils ont été reçus par M.Delaunay,préfet des Basses-Pyrénées,à qui ils ont remis la remis la motion suivante:
"Les conseillers généraux du Pays Basque,réunis à Bayonne le 25 février 1953,sous la présidence de M.Inchauspé président du Conseil Général des Basses-Pyrénées.
Ont le devoir de signaler,comme ils l'on déjà fait par la voie de leur président auprès de M.le Préfet,l'émotion profonde ressentie par le Pays Basque unanime,par suite du développement imprévu de l'affaire Finaly "
(...)
Demandes de mise en liberté provisoire
Me Bernard Dartiguelongue,Me Bernard Personnaz ont déposé hier une demande de mise en liberté provisoire en faveur de MM. les abbés Laxague,Ariztia,Ibarburu et Irigoin.
Cette demande a été signifiée à la partie civile représentée par Me Marcel Ribeton,avoué.Il s'agit d'un document de deux pages dactylographiées,où sont exposés les hauts principes qui dominent l'affaire ,notamment la détention de quatre prêtres basques à la maison d’arrêt de Bayonne.
(...)

Quand nos confrères débitent des bobards sans tiquer !...

Les bobards continuent à alimenter copieusement la chronique.
En voici quelques uns cueillis chez un confrère parisien:
"Va-t-on arriver au terme du jeu de cache-cache auquel les policiers et ceux qui connaissent la retraite des enfants Finaly se livrent?Pendant quelques heures,l'espoir  revint de retrouver les jeunes orphelins.On avait même l'impression que les enquêteurs connaissent leur adresse.Leur rentrée en France n'était plus qu'une question de règlement administratif!"
QUELLE NAÏVETÉ!
"Le gouverneur civil,le préfet des Basses-Pyrénées et le consul de France à Saint-Sébastien ont tenue une conférence commune afin d'étudier un nouveau plan de recherches."
Un plan de recherches entre autorités françaises et espagnoles!Le préfet des Basses-Pyrénées ne s'est en aucune façon rendu en Espagne.Il a formulé du reste,un démenti officiel!
"Les enquêteurs de la Brigade mobile se sont rendus en Espagne.Ils sont revenus dans la soirée et pensent que les enfants pourraient se trouver à Loyola et non plus à Tolosa"
Les policiers enquêtant en Espagne....Le bobard a la vie dure...
"On assurait qu'un représentant de l’archevêché de Paris serait parti dimanche en compagnie d'un envoyé de l’évêché de Bayonne pour négocier à Saint-Sébastien le retour des enfants.Le soir ,on apprenait le départ pour Paris du vicaire général de l’Évêché...."
BOBARDS ENCORE...L’archevêché de Paris dément le départ d'un de ses représentants pour Saint-Sébastien.
"Il convient également de signaler qu'un père jésuite,spécialement mandaté par le cardinal Gerlier,primat des Gaules,a franchi la frontière.Il doit entrer en contact avec les autorités ecclésiastiques espagnoles afin de trouver un règlement de l'affaire Finaly."
Ce père Jésuite n'a pas passé la frontière à Hendaye.Dans les milieux ecclésiastiques de Lyon on dément ce prétendu voyage.

Une déclaration de M.B.Gomez

M.Benjamin Gomez,ancien adjoint au maire de Bayonne,président provisoire du Consistoire Israélite ,interviewé par des journalistes parisiens,a déclaré à ceux-ci qu'il resterait témoin et ne prendrait pas parti.Il entretient depuis toujours les meilleures relations avec le clergé basque et espagnol.Il estime  avec les autres Israélites établis au Pays Basque que "les parents des jeunes Finaly sont fondés à les réclamer;il est normal qu'ils essaient de reconstituer une famille.S'il est vrai que de gros intérêts sont en jeu dans cette affaire,il me parait normal que la famille Finaly,et par conséquent  les deux enfants,en soient les bénéficiaires."

Vendredi 27 février 1953 


Côte Basque Soir -Samedi 28 février 1953
Le Garde des Sceaux rappelle que la détention préventive doit être l'exception
" (...) je dois vous dire que j'ai,il y a un an,envoyé une circulaire aux magistrats ,leur rappelant que la détention préventive devait être l'exception  et la liberté provisoire la règle .Je continue à m'en tenir à ses consignes.
Une fois passé le délai qui pourrait être utilisé par les inculpés d'affaires non-criminelles pour brouiller les pistes,il n'y a pas de raison de les maintenir en prison"

M.de Leotard pose une question au Garde des Sceaux
M.de Léotard ,député de Paris,a demandé ,par voie de question orale,au Garde des Sceaux," à quels critères peuvent se référer les pouvoirs publics pour faire ou laisser amnistier des individus convaincus d'avoir massacré des enfants,et pour au même moment faire emprisonner  (avec refus de mise en liberté provisoire) des personnes qui,aux mêmes heures dramatiques de l'occupation ,recueilli,protégé et élevé des enfants confiés ou abandonnés par leur famille"

Dans une lettre ouverte au Préfet des Basses-Pyrénées M.J.Ybarnegaray proteste contre la détention des 4 prêtes basques.
M.Jean Ybarnegaray nous communique le texte d'une lettre ouverte qu'il a adressé à M.le Préfet des Basses-Pyrénées,le 27 février 1953.Voici le texte de cette lettre.
Monsieur le Préfet
Qu'est ce qui vous est donc arrivé?La douceur et la mesure étaient votre marque et dans une administration où on le voit rarement ,le sourire votre force et votre charme.
Et vous voilà soudain,vis à vis de moi,saisi d'une sorte de frénésie ,celle-là même dont le Parquet de Bayonne est le siège.
Depuis trois ans un parti politique a couvert les murs de la France et,bien entendu,ceux de votre département ,d'affiches où on était prodigue d'insultes à nos soldats d'Indochine,à leurs chefs, trainant nos alliés dans la boue,sans que vous ayez marqué quelque émotion ,en tout cas sans que vous ayez songé à sévir.
Et parce que le vieux lutteur catholique que je suis se révolte devant l'iniquité ,et le proclame,vous voilà soudain en transes,criant "Au feu",et lâchant vos sbires  contre ma proclamation.Car ,durant toute la journée de jeudi,le spectacle pittoresque fut offert à nos Basques,de gendarmes transformés par votre ordre en lacérateurs.
Ils n'en étaient pas très fiers.Vous non plus,sans doute.Tout au moins,je veux l'espérer.
Devant les membres du Conseil  général vous avez déclaré mon affiche "incendiaire". Vous aimez les images ,Monsieur le Préfet,et vous avez cueilli celle-là aux feux que le printemps et les bergers allument dans nos montagnes.
Mais,si incendie il y a,qui donc l'a allumé?Est-ce moi ,en affirmant une fois de plus ma fidélité à ma terre et à ma foi,ma fierté de nos prêtres,o ceux-là qui jettent en prison quatre  des meilleurs de ces prêtres dont le seul crime est d'avoir dressé au-dessus des brouillards de la Loi la cime du plus clair et plus haut devoir?
Vous vous êtes engagé,c'est vrai,à faire cesser cette extravagance et à obtenir que les internés de la Villa Chagrin soient mis en liberté provisoire.Confiants en cet engagement,les conseillers généraux se sont résignés  à une pale motion  d'unanimité.Si votre engagement est tenu ,si vous parvenez à convaincre les magistrats de cette mesure d'équité,tant mieux:un souffle d'apaisement passera sur notre vieille terre.
Mais si,comme tout permet de le craindre,les magistrats s'obstinent dans leur rigueur et si les prêtres  et le commandant Fagalde sont maintenus en prison,alors Monsieur le Préfet ,perdez toute illusion.Les conseillers généraux que vous avez réussi une fois encore à incliner à votre désir ,se dresseront dans la même révolte que moi.Et le Pays Basque vous offrira ce spectacle  que vous ne soupçonnerez pas d'un peuple rassemblé dans l'unanimité  et dans la force de ces prêtres persécutés.
Et cette force,croyez-moi,Monsieur le Préfet ,ni vos gendarmes,ni votre sourire,ne réussiront à la réduire ou à l'apaiser.
En attendant ,le privilège m'aura été réservé de recevoir comme "incendiaire" votre premier jet de lance.Rassurez-vous,je ne m'en porte pas plus mal.
Jean YBARNEGARAY

Mercredi 1 er mars 1953


Jeudi 5 mars 1953


Vendredi 6 mars 1953     

















A 20h.40,les portes de la Villa Chagrin se sont ouvertes
C'est à 20h40 que les lourdes portes de la Villa Chagrin se sont ouvertes pour laisser sortir les trois abbés libérés.Quelques amis,étaient venus en voiture les chercher.
Après les formalités de levée d'écrou,les abbés Ariztia,Ibarburu et Irigoin furent autorisés à voir un instant l'abbé Laxague,qui demeure écroué.Celui-ci se félicita de leur libération ajoutant qu'il attendait avec confiance la décision de la Justice en ce qui le concerne.
Coiffés du béret basque,portant leurs couvertures et autres bagages,les trois libérés prirent place dans la voiture de Me Bernard Personnaz.
M. l'abbé Ibarburu a déclaré:"Nous sommes heureux certes,de sortir,mais notre joie n'est pas complète puisque l'un de nous reste encore enfermé.Bientôt il sortira lui aussi;nous ferons tout ce qu'il faut pour cela."
Les trois prêtres se sont rendus ensuite ,à l’Évêché où autour de Mgr Terrier,ses vicaires généraux,ses secrétaires,des dirigeants de l'Union Basque,l' événement fut fêté par un verre de Moscatel.
(...)
A SAINT JEAN-DE-LUZ
Les abbés Irigoin et Ibarburu ont été fêtés par les luziens.
Des pétards ont explosé.
Les cloches devaient sonner;mais du fait du maintien de M. l'abbé Laxague en cellule,ces sonneries n'ont pas eu lieu.
M.le chanoine Hirigoyen a donné l'accolade aux deux abbés qui ont,en suite,été l'objet d'une réception donnée à Gure-Etchéa.


Samedi 7 mars 1953


Lundi 9 mars 1953




PAVANE

pour un séparatiste basque défunt

On sait,ou plutôt on ne sait pas que les Géorgiens sont Basques.Le commandant Duhourcau le démontra naguère.Et la toponymie caucasienne le prouve.Staline ne naquit-il pas d'une façon prédestinée ,à Gorri (Rouge en basque )?L'un de ses successeurs parmi les mieux placés sur la route du trône suprême,Géorgien lui aussi ,ne se nomme-t-il pas Beria (le nouveau en basque)?
Plus de doute,Staline était Basque.
On sait d'autre part qu'un autre militaire,le général De Gaulle a démontré que les communistes étaient en fait des séparatistes.Les "Rassemblés du Peuple Français " ne les désignent plus d'ailleurs que sous ce vocable.
Staline était donc bel et bien comme on le savait au reste dans nos campagnes,un séparatiste basque.
Dès lors,ne serait-il pas opportun de célébrer un service funèbre pour le repos de l'âme du grand révolutionnaire euskarien,au cours duquel officieraient tout naturellement les trois abbés rebelles libérés de prison;le curé de Biriatou et le vicaire de St-Jean-de-Luz entourant l’aumônier de la Jeunesse Ouvrière que ses affinités professionnelles avec le défunt désignent pour le premier rôle.
Aux motifs de solidarité politico-raciale qui suffiraient à justifier la cérémonie religieuse ci-dessus projetée,s'ajoute de surcroît pour notre clergé,un pieux devoir de confraternité.Staline,en effet,n'était-il pas avec Pie XII,le séminariste de sa génération qui avait le mieux réussi ?
Marc LEGASSE

Mercredi 11 mars 1953


Jeudi 12 mars 1953


Vendredi 13 mars 1953

Lundi 16 mars 1953
                                                          
Mardi 17 mars 1953
Samedi 11 avril  1953

LE JEU DES PETITS FINALY

ou le Jeu de Loi

Ce jeu se joue avec un dé;chaque joueur le jettera à son tour et comptera sur le jeu,avec sa marque distinctive,autant de points que le dé l'indiquera.
Si l'on tombe sur les petits Finaly,on avancera du nombre de cases indiqué par le dé.
Si vous tombez sur l'Abbé Aristia (4),allez à la Maison inconnue (12)
Si vous tombez sur Monsieur Keller (8),repartez à Saint-Louis-de-Gonzague (1)
Si vous tombez sur l’Évêché (9) vous perdrez trois tours.
Si vous tombez sur le Chanoine Narbaitz (16),allez au Diable (31)
Si vous tomez sur la pelote du Curé de Biriatou (17) allez aux sandales de Thiomo (36)
Si vous tombez sur la réunion du Conseil Général (21),vous perdez un tour.
Si vous tombez sur Me Garçon (22) allez à Cambronne (13)
Si vous arrivez à la Villa Chagrin (19),vous y restez jusqu'à ce quelqu'un tombe sur la réunion du Conseil Général (21),sur l'affiche d'Ibar (18) ou sur les Ministres (33)
Si vous tombez sur le Tribunal (23),allez en prison (19)
Si vous tombez sur la Baronne Bigoudi (27),allez au chateau d'Arcangues (14)
Si vous tombez sur Radio Euskadi (32),allez regarder l'affiche d'Ibar (18)
Si vous tombez dans la Bidassoa (38),vous avez perdu
Si vous arrivez à la venta (39) ,vous avez gagné
 
Samedi 27 juin 1953




Le pôle patrimoine de la médiathèque centre-ville de Bayonne

10 rue des Gouverneurs 64100 Bayonne

Médiathèque de Bayonne

La lecture sur place des collections de journaux est gratuite,ouverte à tous , avec ou sans carte de lecteur de la médiathèque.Il suffit simplement de remplir une fiche bleue LECTURE SUR PLACE ;nom adresse,titre du document,année.La cote correspondante à une collection de journaux  vous sera aimablement communiquée par le personnel du pôle patrimoine .
Côte Basque Soir -1 er semestre 1953 Cote J53

Ouvrages à la médiathèque de Bayonne


Germain Latour,avocat au barreau de Paris
Editions Fayard, mars 2006
572 pages
25 photographies
ISBN:2-213-62825-4
Référence médiathèque de Bayonne:944.082 LAT
Les principales sources documentaires sont précisées page 11 
Bibliographie pages 511 et 512
9 Annexes ;pages 515 à 567



Catherine Poujol avec la participation de Chantal Thoinet
Berg International Éditeur ,2006
320 pages
ISBN:2-911289-86-2
Référence médiathèque de Bayonne:944.082 POU
Sources d'archives publiques page 301
Sources d'archives privées page 302
Bibliographie pages 303 à 309
Index des noms cités

 Auprès des bouquinistes


Page 68

L'affaire Finaly

 (...)il nous faut mentionner une tapageuse affaire où Saint-Louis fut mêlé à son corps défendant."Mentionner",disons nous,car,en dépit de la publicité qui lui fut faite,l'affaire Finaly,considérée objectivement et dans le cadre du collège,prend des proportions beaucoup plus réduites.
Les faits concernant Saint-Louis sont les suivants.Le vendredi 30 janvier 1953,deux enfants sont présentés au Supérieur de Saint-Louis comme dignes d'intérêt,sans autre précision et sous de faux noms.Le dimanche soir le Supérieur apprend fortuitement qu'il pourrait s'agir des enfants Finaly;ce nom du reste,ne lui dit rien.Mais un journaliste qui a suivi leur histoire peu connue à Bayonne lui apprend qu'un jugement a été rendu selon lequel ces enfants,israélites,doivent être rendus à leur famille.
Soucieux de ne pas mêler le Collège à une affaire de ce genre,le chanoine Silhouette consulte immédiatement l'Eveché dont la réponse est nette:les enfants ne peuvent être gardés.Le lendemain matin lundi quand les mandataires de la famille se présentent à Saint-Louis,les enfants ont disparu.Nous renvoyons aux journaux de l'époque pour les suites de cette disparition:enquêtes,interrogatoires,emprisonnements temporaires.En fin de compte les enfants furent ramenés d'Espagne et remis à leur famille.
Cette regrettable affaire,qui a suscité les passions en sens contraire pendant de longs mois,eut sans doute sa répercussion sur la santé déjà ébranlée du chanoine Silhouette qui se démit de ses fonctions à la fin de l'année scolaire 1953.Nommé Supérieur honoraire il se retira dans sa maison familiale de Biarritz où il mourut le 29 novembre 1954.(...)