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septembre,octobre,novembre,décembre 1914,janvier 1915 |
Ces affirmations ont été publiées dans un article signé Ardouin-Dumazet intitulé " Petite étude sur la valeur personnelle des soldats engagés dans la lutte ".
La Science et la Vie Numéro 18 Tome VI
Le troupier français est gai,brave et débrouillard
"Même en remontant aux guerres de Napoléon,il est impossible de rencontrer dans l'histoire une mêlée comparable,par les masses engagées et les races aux prises à celle dont nous avons aujourd'hui le spectacle.Les armées en lutte représentent non seulement la plus grande partie des peuples européens et leurs principales familles:Latins, Anglo-Saxons, Flamands et Slaves d'un coté,Germains de l'autre,mais encore les populations les plus éloignées de la civilisation européenne:Indiens de toutes races,Arabes,Berbères,noirs du Soudan.Jamais armée ne fut aussi complexe que celle des alliés luttant contre la barbarie allemande.
Non seulement chaque armée a ses qualités propres,mais,dans son sein même,le tempérament diffère selon les origines du régiment.Il serait malaisé ,par exemple de définir aussi nettement le troupier français de nos jours que celui des armées d'autrefois,de Napoléon à l'aurore de la troisième République.Jadis le recrutement fondait dans un seul moule les conscrits issus du tirage au sort et éparpillés sur tout le territoire.Avec le recrutement régional qui peuple nos régiments,l'infanterie plus particulièrement ,de recrues provenant sinon toujours de la même province,du moins de régions ayant les mêmes caractères ethniques,avec l'afflux des réserves qui,en temps de guerre,peuple les corps d'homme du même arrondissement ou d'arrondissements contigus,le troupier français n'a plus de caractère si nettement national:il représente sa province.
Il s'agit évidemment ici du fantassin de ligne.Les armes et les subdivisions d'armes recrutées sur l'ensemble du territoire:chasseurs à pied,zouaves,sapeurs du génie,cavaliers et,moins complètement ,artilleurs rappellent la diversité d'origine de l'ancienne armée.On la retrouve également dans les corps de l'Est et des Alpes,où la nécéssité d'avoir des effectifs au complet et des régiments nombreux a rendu nécessaire l'appel au recrutement de subdivisions éloignées.Si l'on voulait avoir le type idéal du troupier français,c'est dans ces pays frontières qu'il fallait le chercher.Là était le creuset d'où sortait encore le soldat d'autrefois,malgré la faible durée du service militaire actuel comparée aux sept années de présence au corps de jadis.
Peut-être vivait-il trop par le passé.La guerre lui apparaissait comme la lutte loyale,à armes égales,au grand soleil,poitrine contre poitrine,quand l'heure souhaitée de l'assaut sonnait enfin.On obtenait malaisément de lui les précautions pour la marche en avant,la surveillance,la préparation des abris.Le métier de terrassier lui répugnait:pourquoi remuer la terre,se tapir au fond d'une tranchée lorsqu'on pouvait aborder l'ennemi à la baïonnette,à la française!
L'officier lui-même,malgré une éducation bien supérieure à celle de l'officier allemand,partageait les nobles préjugés de ses hommes.
La guerre à la façon allemande nous a montré que les qualités brillantes de notre soldat n'étaient pas de mise devant les déloyautés du Germain,devant son astuce,le soin qu'il prenait de se terrer en attendant le moment de la ruée,chez lui forme de l'entrain.Nous avons payé cher,pendant les premières semaines ,cette méconnaissance du caractère teuton.Mais l'expérience a rapidement porté ses fruits,les autres qualités du soldat français ont reparu:le débrouillage,l'art de se plier aux circonstances.Aux travaux de terrassement de l'ennemi,il en a opposé d'autres.Nul troupier ne se montre plus prudent que le notre jusqu'à l'heure où il est permis de montrer qu'il n'a rien perdu de la vigueur,de la vaillance et de l'entrain de ses aînés."
Peut-être vivait-il trop par le passé.La guerre lui apparaissait comme la lutte loyale,à armes égales,au grand soleil,poitrine contre poitrine,quand l'heure souhaitée de l'assaut sonnait enfin.On obtenait malaisément de lui les précautions pour la marche en avant,la surveillance,la préparation des abris.Le métier de terrassier lui répugnait:pourquoi remuer la terre,se tapir au fond d'une tranchée lorsqu'on pouvait aborder l'ennemi à la baïonnette,à la française!
L'officier lui-même,malgré une éducation bien supérieure à celle de l'officier allemand,partageait les nobles préjugés de ses hommes.
La guerre à la façon allemande nous a montré que les qualités brillantes de notre soldat n'étaient pas de mise devant les déloyautés du Germain,devant son astuce,le soin qu'il prenait de se terrer en attendant le moment de la ruée,chez lui forme de l'entrain.Nous avons payé cher,pendant les premières semaines ,cette méconnaissance du caractère teuton.Mais l'expérience a rapidement porté ses fruits,les autres qualités du soldat français ont reparu:le débrouillage,l'art de se plier aux circonstances.Aux travaux de terrassement de l'ennemi,il en a opposé d'autres.Nul troupier ne se montre plus prudent que le notre jusqu'à l'heure où il est permis de montrer qu'il n'a rien perdu de la vigueur,de la vaillance et de l'entrain de ses aînés."
Le soldat anglais est calme et méthodique
(..)
Au feu,le soldat russe se montre toujours d'une superbe témérité
(..)
Le troupier belge possède toutes les qualités du vrai soldat français
(...)Le soldat belge a été digne de son roi et a mérité l'estime du monde,dès le début de la campagne.
Il a toutes les qualités du troupier français:la gaiété,la subtilité,la vaillance.En un mot,c'est un combattant qu'on ne peut vaincre qu'en le tuant!
Le soldat allemand est lourd et sans initiative
"Ici,je suis embarrassé et serai bref.En dépit de toutes les réminiscences,bien que j'ai vu souvent sur le terrain des manœuvres ou les Champs de Mars les diverses parties de l'énorme machine destinée à nous broyer,toutes les qualités militaires du peuple allemand disparaissent à mes yeux devant la férocité ,l'esprit de trahison,d'espionnage,de violence froide,de pillage et de vol que masquait un semblant de civilisation.Est ce bien un soldat que nous avons devant nous?C'est plutôt la brute déchainée ne gardant rien du noble métier militaire que la discipline à tout prix,le désir d'aller à l'assaut dans l'espoir de broyer l'ennemi plus que le vaincre.Le Hun et le Vandale reparaissent chez cet homme après plus de dix siècles.
Je le répète:le soldat teuton est l'esclave d'une discipline de fer qui l'enserre de toutes parts,comprimant ses moindres gestes et réglant le travail de son cerveau.On ne saurait lui méconnaitre une certaine bravoure;mais cette bravoure n'est point ,comme chez le soldat français,un élan spontané ,l'envolée d'une ame ardente qui recherche la gloire;_il est brave par ordre et,s'il se fait tuer,c'est que son chef lui a commandé de faire le sacrifice de sa vie.Il marche à la mort comme il va à l'exercice,automatiquement,non par devoir,mais par discipline.
Privé de son chef,le soldat allemand est comme désemparé;c'est un navire sans boussole.Il ne prendra jamais sur lui d'accomplir un acte qui ne lui aurait point été commandé;il ignore les initiatives personnelles;en un mot,il ne sait qu'obéir.Cela n'est pas toujours suffisant pour vaincre."
Le Monténégrin est tout à la fois fougueux et très subtil au combat
(...)
Le petit fantassin serbe possède de l'endurance et une extrême ténacité
(..).