Au fil des ans,que devient l'hommage public,lorsque les plaques de rue portent sans autres précisions, le nom d'une figure nationale ou locale?Ainsi le cas de Bernard Henri Arbeletche, né le 7 avril 1893 ,rue Bergeret (Saint-Esprit), mort pour la France le 16 juin 1940 à Görlingen (Bas-Rhin).Entre les deux guerres,Arbeletche a eu une activité marquante auprès des anciens combattants.Aujourd'hui,que représente-t-il dans la mémoire des passants?
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Carrefour Henri Arbeletche,au croisement des avenues de la Légion Tchèque et du Bayle à Bayonne
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Henri Arbeletche est mort pour la France
La Gazette de
Bayonne, de Biarritz et du Pays basque 7 janvier 1942 (Source:RetroNews)
La dernière lueur d'espoir vient, hélas de s'éteindre !
Après un long et douloureux silence, la nouvelle de la mort au champ d'honneur
du capitaine Henri Arbaletche vient d'être officiellement annoncée.
Cela plonge dans la désolation une épouse et des enfants qui
ne pouvaient croire que tout fût, ici là-bas, fini. Elle atteint profondément
la grande famille des Anciens combattants, les groupements catholiques et la
population entière de Bayonne.
Henri Arbeletche fut, en effet un sympathique, dans toute la
force du terme, un chef, un apôtre dont la fermeté des convictions et le
rayonnant exemple imposaient le respect
et l'admiration.
A la jeunesse catholique de Saint-Pierre d’Irube, comme à l’Action
catholique de Bayonne ;à la tête des Anciens combattants dont il était le
président ; au Conseil municipal où il siégea avec distinction, à l'étude
de notaire où il tenait la première place ,partout ,enfin, Henri Arbeletche a magnifiquement servi.
La guerre de 1914-18 lui avait donné l'occasion de déployer
des qualités exceptionnelles de soldat puis d'officier. Il en avait rapporté les
galons de capitaine et la croix de la Légion d'honneur .A la veille du dernier
conflit, il prenait l'initiative d'une fête de Jeanne d'Arc qui devait être le
premier pas vers l'érection à Bayonne, d'une statue de la Sainte. Son nom
restera attaché à cette œuvre comme il demeurera gravé dans le cœur de tous
ceux qui l'ont connu et aimé.
Avec tous ceux qui le pleurent et dont nous partageons la
douleur, nous nous inclinons bien bas devant la noble figure d'Henri Arbeletche,
grand chrétien, vaillant soldat, serviteur passionné de sa Patrie et de sa
ville natale.
Il est de ceux dont la perte surtout à l'heure actuelle est
vraiment irréparable.
(…)
H.-P. J.
Une rue
Henri-Arbeletche à Bayonne
La Gazette de
Bayonne, de Biarritz et du Pays basque 31 janvier 1942 (Source RetroNews)
C'est le vœu des anciens combattants et de M.Ribeton, maire
de Bayonne, qui va le proposer au Conseil Municipal, ainsi qu'en font foi les deux
lettres qui viennent d'être échangées entre M.Dordezon ,président d'honneur de
la Fédération bayonnaise des Associations d'anciens combattants, et M. le Maire
de Bayonne. C’est aussi certainement le vœu de la population tout entière,
Voici ces deux lettres ;
« Monsieur le maire,
En ma qualité de fondateur et président d'honneur de la Fédération
bayonnaises des Associations d'anciens combattants et authentiques victimes de
la guerre, certain d'être l'interprète de la pensée de tous les anciens
combattants, donc vous êtes, j'ai l'honneur de vous demander que le nom de
notre glorieux camarade Henri Arbeletche, mort pour la Patrie soit donné à
l'une des principales artères de la ville.
Celui qu'un jour, dans une allocution, je qualifiais de « Saint
laïque », fut toute sa vie durant un exemple de modestie, de loyauté, de
dévouement et d’ardeur patriotique.
En l’honorant, Bayonne honorera tous ses camarades morts
pour la Patrie, et si la population a approuvé l'enlèvement des « navets »
qui enlaidissaient nos places publiques, elle applaudira à l’apposition d’une
simple plaque qui rappellera la mémoire de notre glorieux compatriote,
président de notre Fédération.
Veuillez agréer Monsieur le maire mes salutations les plus
distinguées
Signé :H.DORDEZON, président, commandeur de la Légion d’honneur,
croix de guerre
« Monsieur le Président,
J’ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre 10
janvier et de vous informer qu’ainsi que j'en avais l'intention, je proposerai
au Conseil municipal de répondre au vœu que vous présentez au nom des anciens
combattants, en donnant le nom de notre glorieux camarade, Henri Arbeletche,à
une voie publique de Bayonne.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes
sentiments distingués.
Le Maire »
Ville de Bayonne extrait du registre des délibérations du
Conseil Municipal
Séance du 8 mai 1942
Présents :
MM Ribeton,Maire,Président ;
Mettetal ;d’Aleman,Cazamayou,Laplassotte,adjoints ;
Paris,Arospide,Gaudeul,Paries,Deville,Dupuy,Tachoires,Pouchucq,Melle
Lacorre, Ninous.
Excusés :
MM.Etchepare ,Pochulu,Pécastaings,Bonnet
M.Ninous présente le rapport suivant :
Messieurs,
La question s'est posée de donner à l'une des rues ou place
de notre Ville, le nom d'Henri Arbeletche.
Il est inutile d'insister sur les raisons qui conduisent à
l'adoption d'une telle mesure : ces raisons s'imposent à tous les esprits.
Henri Arbeletche, magnifique soldat des guerres 1914-1918 et
1939-1940, représentait admirablement le patriote ardent attaché à ses devoirs
envers son Pays, sa province, Bien sûr sa cité. Au regard des groupements d'Anciens
Combattants, il était soit le Chef, soit l'ami. Aux pires moments, à ceux où la
politique parvient à semer la discorde entre les Associations, il s'efforça et
réussit à être toujours le trait d'union, jamais l'adversaire.
Arbeletche et plus qu'une individualité, il est un symbole,
il est l'Ancien Combattant Bayonnais. En lui s’incarnent tous les
bayonnais qui, dans les deux guerres et
sur les divers champs de bataille, ont donné leur vie pour la France ; en
lui s'incarnent aussi tout ceux qui, ayant échappé à son tragique et glorieux
destin, sont prêts à se donner tout entier pour sauver et rénover le Pays.
Aussi estimons nous qu’au cœur même de la cité, le nom d'Henri
Arbeletche doit, d'une part apprendre aux jeunes le sacrifice de leurs aînés
tombés dans les deux guerres, d'autre part rappeler aux anciens et, en
particulier, à ceux des barbelés, le serment monté de leurs cœurs aux heures d'exil,
serment de se serrer derrière le Maréchal pour refaire la France. En honorant
sa mémoire, on honorera la mémoire de
tous les bayonnais qui ont donné ou risqué
leur vie dans les deux guerres.
Messieurs , nous vous demandons de décider, sous
réserve de l'approbation de M. le Préfet des Basses-Pyrénées, après avis de la Commission
Départementale des Monuments Naturels, et, conformément aux dispositions de la Loi
du 29 mars 1942 de donner le nom d'Henri Arbeletche à l’actuelle Place de la
liberté.
Les conclusions de ce rapport sont mises aux voix et
adoptées
Ont signé au registre les membres présents
Pour extrait conforme,
Le Maire
Source :
Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque
Archives départementales des Pyrénées Atlantiques
39 avenue Duvergier de Hauranne
64100 Bayonne
E Dépôt Bayonne 7 W art.38.3
Hommage à Henri
Arbeletche
Article paru dans L'Assaut hebdomadaire régional du Parti Populaire Français
N° 80 Samedi 23 mai 1942
Rubrique L’Assaut des Basses-Pyrénées
La municipalité a donc décidé de donner le nom d'Henri Arbeletche
à la place de la liberté.C’est le juste hommage qui devait être rendu à ce
simple et radieux héros des deux guerres
C’est aussi i le moment de répéter aux bourgeois bayonnais
ce que leur rappelait Henri Dordezon, au soir de la conférence Doriot, au
Majestic.
« Souvenez-vous, pantouflards !Aux élections municipales, à ce pur ancien
combattant ,vous avez préféré le juif Gomez Avez qui recueillit plus de voix qu’Henri
Arbeletche .Aujourd’hui le juif Gomez Vaez se goberge avec l'argent qu'il vous
a volé, sur la Canebière, tandis qu’Henry Arbeletche est en train de pourrir
dans la terre d'Alsace qu'il a défendue. »
Précisons que le juif Gomez Vaez, dont le repoussant profil et
l’énorme rosette de pacotille étaient les
plus beaux ornements de Bayonne, est allé grossir le ghetto marseillais avec sa
tribu et notamment son fils qui, en 39 40 pensait que là guerre juive devait
être faite par les seuls goys.
Source :
L’Assaut N°80 Samedi 23 mai 1942,
Une collection numérisée est accessible sur Gallica _Bibliothèque nationale de France_
Pour une rue Henri Arbeletche
Le Courrier de Bayonne 27 12 1945
On nous prie d'insérer la lettre suivante adressée à M. le Maire
de Bayonne :
D'après le compte-rendu de votre dernière réunion du Conseil
municipal, vous avez décidé de donner des noms de résistants et de patriotes à
certaines rues et places de votre ville. Cela est fort bien. Je me permets, cependant, de faire
ici une remarque.
Pourquoi , n'avoir pensé qu'à ceux de la résistance ?....
Il y a aussi les héros tombés au champ d'honneur. Voici ce que très
courtoisement, je voudrai vous signaler.
Lorsque vous avez fait votre tour d'horizon pour porter
votre choix sur les résistants dont vous citez les noms, et dont je salue ici
la mémoire, ne vous est-il pas venu à l'esprit le nom d'un de vos concitoyens
victime de la guerre lui aussi et tombé dans les plaines d'Alsace en juin 1940.J’ai
nommé le Capitaine Henri Arbeletche, Bayonnais authentique, bien connu de tous
pour ses grandes qualités de cœur et de dévouement.
Nombreux, sont les Bayonnais reconnaissants qui ont gardé de
lui le meilleur souvenir et qui seraient heureux qu'une des rues de notre ville
porta son nom.
Parti avec le 49e, il s'est battu durant toute la
guerre de 14-18. Nommé à la tête de la section d'Anciens Combattants du Pays Basque
pendant plus de vingt ans, il nous a donné là l'occasion d'apprécier sa valeur
morale, sa nature franche et droite. En politique, adversaire loyal et courageux,
il était même estimé de ceux qui le combattait. En 1939, il il répondait
présent à l'appel des braves et comme capitaine, repartait pour la deuxième fois
dans les rangs de ce cher 49e qu’il
aimait tant, mais hélas cette fois pour
ne plus revenir.
Voilà, Monsieur le Maire, le glorieux combattant que fut le Capitaine
Henri Arbeletche.En intervenant dans votre proposition et en faisant un
rapprochement entre ces braves, je réponds à ceux qui parfois se demandent : « Quel
est le héros qui a le mieux servi son pays de celui tombé au champ de bataille…
ou de celui tombé sur le chemin de la résistance ? » Avec vous je
répondrai, sans doute : « Tous deux sont morts en vrai Français et ont
droit à la même gratitude. »
J'ose espérer, Monsieur le Maire qu'une suite favorable sera
donnée à ma suggestion, en souvenir de ce glorieux combattant qui symbolise
pour nous, tous les Bayonnais morts au champ d'honneur.
Avec mes excuses, je vous prie d'agréer, Monsieur le Maire,
mes sentiments respectueux et dévoués.
Pour un groupe d'Anciens Combattants
J.D.
Le Courrier de Bayonne 27 12 1945
Collection numérisée accessible depuis le site internet de la médiathèque de Bayonne.
Si vous souhaitez consulter un numéro d'une autre date,soyez très patient :les temps de chargement des fichiers images Année puis Mois sont longs.
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Au croisement des avenues de la Légion Tchèque et du Bayle
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