Affichage des articles triés par date pour la requête Anglet. Trier par pertinence Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par date pour la requête Anglet. Trier par pertinence Afficher tous les articles

10 avril 2023

Mesures à prendre pour découvrir et arrêter les déserteurs

Pau,le 31 octobre 1817.

 Mesures à prendre pour découvrir et arrêter les déserteurs

 

LE PRÉFET DES BASSES - PYRÉNÉES,

Chevalier de l’ordre Royal de la légion d’honneur

A MM. les Maires du Département.

L’orthographe de l’époque a été respectée

Monsieur le Maire,je viens de recevoir des plaintes de S.Exc. le ministre de la guerre relativement au nombre considérable de déserteurs que ce département renferme,et au petit nombre d’arrestations en ce genre qui ont été opérées pendant les années 1815 et 1816,et les neufs premiers mois de 1817.

M.le général commandant la 11 e division militaire attribue cet état de désorganisation à la tolérance extrêmement répréhensible des autorités locales pour les déserteurs et aux habitans qui les recèlent. Il est informé que beaucoup de ces déserteurs obtiennent des passe-ports et des certificats,au moyen desquels ils peuvent se soustraire aux recherches de la gendarmerie ;que d’autres sont reçus,en qualité d’ouvriers et de domestiques,soit dans les villes,soit dans les campagnes ;d’où il résulte que les parens des militaires qui sont restés fidèles à leur drapeaux,se croient autorisés à leur insinuer qu’ils peuvent rentrer avec sécurité  dans leurs foyers.Un tel état de choses doit nuire à l’ordre public,et est d’un dangereux exemple  pour la discipline des troupes.Il importe,Monsieur,d’y remédier,en employant contre les déserteurs tous les moyens de répression que la loi autorise.

Vous devez avoir reçu de MM.les Sous-préfets les listes des déserteurs,s’il en existait dans votre commune,ainsi que les signalemens de ceux qui auraient pu quitter leurs corps postérieurement.Vous trouverez à la suite de cette lettre une nouvelle liste de ces déserteurs.Employez toute votre influence à les déterminer à rejoindre volontairement leurs régimens. C’est par cet acte de soumission que ces militaires peuvent espérer que le commandant supérieur du lieu où siège le conseil de guerre permanent ,voudra bien user à leur égard de la faculté que la loi lui accorde de refuser l’information sur la plainte en désertion.

Mais,nonobstant ces moyens de douceur,il est nécessaire,Monsieur,que vous preniez à l’égard des déserteurs,des informations actives et soutenues sur l’époque de leur arrivée dans votre commune et le séjour qu’ils peuvent y avoir fait.Assurez-vous s’ils ont passé dans des départemens voisins ;faites usage de tous les moyens qui sont en votre pouvoir afin de découvrir leur retraite,et vous l’indiquerez sur-le-champ à la gendarmerie,pour que leur arrestation soit opérée sans délai.

Vous devrez également faire seconder les brigades de gendarmerie par les gardes champêtres ;faites connaître à ces agens qu’ils ont droit à une gratification de 25 francs pour chaque capture,conformément au décret du 12 janvier 1811,en leur donnant l’assurance qu’ils en recevront le montant au fur et à mesure des arrestations dues à leur zèle et à leur activité.

La gendarmerie a reçu l’ordre de redoubler de soins dans cette partie importante de son service.Sa conduite m’est un sûr garant de son dévouement ;mais j’ai le droit d’attendre que MM.les Maires l’aideront de tous leurs moyens dans les opérations dont elle va s’occuper.N’oubliez pas,Monsieur,que c’est un devoir pour vous de montrer une juste sévérité envers les déserteurs ;mettez de coté toute considération particulière ;ne voyez dans les ordres que je vous transmets que l’intérêt du service de Sa Majesté ;il est tems que les hommes qui ont été assez lâches pour abandonner leurs corps,rentrent dans le devoir ;si ce n’est par l’effet de vos exhortations auprès de leurs familles,que ce soit d’après des mesures promptes et concertées avec la gendarmerie.Les personnes qui leur donneront asile doivent particulièrement fixer votre surveillance.Il convient d’user de la même rigueur envers elles qu’envers les déserteurs. Signalez en conséquence,à la gendarmerie,toutes celles qui se permettront de contrevenir aux lois et ordonnances sur cette matière.Vous ne devez,en un mot,rien négliger pour concourir au raffermissement de la discipline militaire.Vos fonctions vous en font une obligation :votre dévouement au Roi vous en fait un devoir,et j’ai la confiance de croire que vous me mettez à même de rendre un compte satisfaisant de votre conduite aux ministres de Sa Majesté.

Recevez,Monsieur,l’assurance de ma considération distinguée.



DESSOLLE

Certifié conforme :
Le conseiller de Préfecture,
Secrétaire général,

L’exemplaire adressé au maire d’Anglet comporte les annotations manuscrites suivantes :

Cazenave (Auger) déserteur de la Légion des Basses-Pyrénées

Dalière (Pierre) idem

Landalle (Salvat) idem

 

Source :
Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque,
Annexe des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
39 Avenue Duvergier de Hauranne,
64100 Bayonne,
Bibliothèque (consultation sur place uniquement)
BIB BAB 1.article 1817
Actes administratifs de la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques
 

 

Articles du blog relatifs aux déserteurs 

 

Déserteurs et insoumis de l'arrondissement de Mauléon au XIXe siècle

 

Désertion et insoumission : extraits des dispositions réglementaires (1903-1922)

 

A propos d'une désertion signalée en janvier 1916  

 

Bidondo Jeanne, prévenue de complicité de désertion.1914-1917  

 

Les parts d'ombre associées au dossier Jeanne Bidondo,complicité de désertion.1914-1917  

 

Le refus de "l'impôt du sang":insoumis et déserteurs basques pendant la Grande Guerre (1914-1918)  

 

Colonne mobile à la recherche des militaires insoumis ou déserteurs  

 

Déserteurs Russes  

 

Déserteurs russes,autrichiens,prussiens  

 

19 octobre 2022

Lettre de Bayonne du 12 septembre 1916 rapportant l’explosion de la poudrerie de Blancpignon

Parmi  de vieux papiers d'une famille de Ciboure, une lettre dans laquelle, l'auteur rend compte de ce qu'il a vu et entendu à Bayonne à propos de l'explosion de la poudrerie de Blancpignon à Anglet.

Bayonne , le 12 septembre 1916

Bien chers parents,

Vous n'attendez probablement pas ma lettre pour apprendre qu'un accident s'est produit ce matin à la poudrerie de Blancpignon : entre 6 et 7h le feu s'est déclaré dans l'un des édifices, provoquant 2 ou 3 explosions locales, assez légères, bien qu’on en ait perçu le bruit à Bayonne. C'est alors que la direction de l'usine a jeté le « sauve qui peut », les ouvriers se sont enfuis dans toutes les directions et ils se trouvaient déjà dehors, quand le dépôt de _ illisible_ a sauté : il était exactement 7h10 : l'explosion a produit une secousse très forte, que vous avez peut-être même perçue à Ciboure. A proximité de la poudrerie, une vieille maison a été renversée, aux Allées-Marines des toitures et des cloisons ont été endommagées à Bayonne ( 3 km) des glaces et des carreaux de vitres ont été hachés :au Printemps, aux Dames de France, à la maison Thierry, à la pâtisserie Faradesch, dans une foule d'autres magasins et d'habitations particulières, les devantures et les vitres se sont brisées.

Pour ma part, je me trouvais à l'église Saint-André ,où nous avons entendu une forte détonation, ressenti une secousse, qui a cassé quelques carreaux de vitre .Je me suis empressé d'aller aux renseignements mais je n'ai pas dû aller bien loin, car déjà une colonne de fumée noirâtre, avec une frange jaune rouge montait dans le ciel ,venant de Blancpignon .Immédiatement un barrage de soldats a été établi  à l'entrée des Allées-Marines ; j'ai vu partir une compagnie du 49e ,les voitures ambulances des hôpitaux ,l'auto du commandant d'armes etc ;pendant ce temps, la foule se rassemblait par groupe, affolée. Déjà les ouvriers partis les premiers de Blancpignon arrivaient sur la place d'Armes : ils répandaient des bruits alarmants, bien que dans leur précipitation à fuir ils n’aient eu le temps de rien voir : ils étaient là en manches de chemise, sans béret, quelques-uns en chaussettes, sans souliers : quoique ne sachant rien, ils prétendaient que l'explosion de 7h10 n'était qu'un prélude et qu’un instant après, un immense dépôt de poudre allait sauter. Le bruit s'est répandu qu'il y avait danger à rester dans les maisons, quelques-uns disaient que les édifices de Bayonne allaient s'écrouler par suite de l'explosion, que l’ordre était donné d’évacuer la ville. Tout le monde a quitté les halles et une foule énorme de gens est partie dans la direction de Ustaritz, de Saint-Pierre-d’Irube de Biarritz etc. Les plus audacieux n’ont osé ouvrir leurs magasins que vers 10h,je vous avoue  que la vue de Blancpignon n'avait d'ailleurs rien de rassurant : les flammes montaient à plusieurs mètres de haut et nous entendions un sourd grondement de temps en temps. L’incendie n'est pas encore arrêté mais il y a aucun danger ; le vent pousse les flammes vers l'Adour, je pense que ce soir tout sera éteint. Les dégâts matériels sont importants mais heureusement que la plupart des ouvriers ont pu s'enfuir à temps : beaucoup d'entre eux ont été blessés (la plupart légèrement) par des débris que l'explosion a fait voler ; il y a hélas quelques morts, on n’en  connais pas le nombre. L’accident a été provoqué parait-il par une machine qui a trop chauffé : la température est montée à 192 degrés alors qu'elle ne devait pas dépasser 80 degrés.

(…)

Augustin