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16 juillet 2023

Une lettre de l’ancien commissaire Pierre Poinsot détenu à la Maison Centrale de Riom (63)

Commissaire à la brigade régionale de police de sûreté à Bordeaux ,Pierre Émile Napoléon Poinsot,a été entre 1942 et avril 1944 une figure de la répression en Aquitaine.A Hendaye, Biarritz, Anglet, Bayonne,Boucau,Orthez,Tarnos,des femmes,des hommes, espagnols,français,suspectés de militantisme communiste, ont été arrêtés,dirigés vers Bordeaux,torturés,puis livrés aux nazis par la brigade Poinsot. En mai 1944 ,il a été  été promu sous-directeur des renseignements généraux, en poste à Vichy (Allier).A la fin août 44,Poinsot s’est enfui en Allemagne nazie via  Nancy puis Belfort.Le 30 avril 1945 ,les autorités Suisse ont remis Poinsot à l’antenne de Saint-Louis (Haut-Rhin) de la sécurité militaire.Le lendemain,il a été transféré au siège de  ladite direction, 64 boulevard Suchet à Paris.Le 5 mai,il a été  placé sous mandat de dépôt de la préfecture de police de Paris .Il a été conduit  le 25 mai suivant vers la Maison d’Arrêt de Cusset dans l’Allier.Le 2 juin,une foule envahit la prison.Les 14,15,16 juin 1945,Pierre Poinsot a comparu devant la Cour de Justice de l’Allier.Condamné le 16 juin 1945  à la peine de mort pour intelligence avec l’ennemi,il a été transféré le même jour à la Maison Centrale de Riom (Puy-de-Dôme).Il a été  fusillé la matin du 12 juillet 1945 au champ de tir de la Varenne à  Riom.

 

Lettre adressée à Jules Pascal Léoni,cadre policier résistant,

 Riom

28 06 1945

Mon cher Léoni

« Les absents ont toujours tort » j’ai pu me rendre compte de cette évidence que nombre de mes anciens collaborateurs pour se décharger eux-mêmes n’ont pas reculé à m’accabler et j’imagine que moi disparu à jamais ceux qui seront appelés à rendre des comptes ne se priveront pas d’agir de même.

Aucune information n'ayant été faite avant mon procès je n'ai pu réfuter les charges relevées à tort ou à raison  à mon encontre et il m'est infiniment pénible ,ne serait-ce que pour mon honorabilité et ma famille, de servir encore de bouc émissaire à certaines crapules lorsqu'elles seront arrêtées.

Le temps passé en Allemagne m’a (illisible) révélé bien des choses ;j’en ai appris d’autres en prison qui m’ont éclairé sur pas mal de responsabilités encourues par des individus en instance de procès ou qui demain seront arrêtés et dont on m’a fait supporter le poids.

Ma condamnation hâtive suivie d’une disparition prématurée m’apparaissent comme une énormité stupide et constituent à mes yeux un véritable non-sens.La justice et par incidence le Pays n’ont-ils pas à gagner à ce que toute la vérité soit établie…Un témoin ne doit jamais être supprimé tant qu’il peut être de quelques utilités.

Peut-être bénéficierai-je d’un recours en grâce,mais dans le cas contraire ne peux-tu obtenir dans un intérêt de police et de justice que l’on sursoie à mon exécution pendant 2 ou 3 mois, laps de temps pendant lequel je serai à même d’apporter mon témoignage chaque fois qu’il sera nécessaire.

Je ne suis ni un tortionnaire ni un voleur,pas plus qu’un mauvais français.J’ai été entraîné dans certaines erreurs.Je me suis engagé dans une mauvaise voie, mais tous ceux qui me connaissent savent que j’ai toujours été un homme de cœur et d’honneur parfois peut-être un peu trop confiant,mais toujours animé de sentiments absolument nets et loyaux.Je n’ai pas misé sur deux tableaux ni été un résistant de la dernière de la dernière heure.Mon caractère s’est toujours refusé aux bas calculs personnels…ce n’est pas très habile,j’en conviens, mais qui dénote tout de même une honnête morale dont je n’ai pas à rougir.

J’ai été sali à souhait,surtout dans certains cercles de Police,quand je pense que l’on ose me comparer à Himmeler_sic_ ;dire que j’étais tout-puissant dans la police, etc…c’est ahurissant,mais là n’est pas la question,et je ne veux pas te faire perdre ton temps.

Je fais appel à ton concours mon cher Léoni,dans une situation pour moi bien cruelle et en grande partie imméritée.Je ne demande pas d être soustrait au châtiment si je le mérite,mais je voudrais ardemment que chacun paie suivant sa propre responsabilité et que l’on ne me fasse pas disparaître alors que je peux servir à établir ou rétablir bien des faits.

Peut-être même pourrais-je être utile dans la recherche de certains responsables en Allemagne.Berger a les preuves en main que je n’étais pas à la dévotion des fritz et de tout cœur,loyalement,le cas échéant,je prêterais dans la mesure de mes moyens,mon plus entier concours.

Peux-tu faire quelque chose auprès de la Commission des grâces,Mr Patin,m’a-t-on dit auprès du général de Gaulle.

Je te le demande en camarade,qui a conscience de n’avoir jamais démérité,du moins en esprit,ni envers son Pays,ni envers ses amis.

D’avance je t’en exprime toute ma gratitude et te prie de croire à ma fidèle amitié.

Cordialement.

Poinsot

 

Sources:

Archives Nationales site de Pierrefitte-sur-Seine cote 20000356/1
Dossier POINSOT Pierre 688435

Archives départementales de l'Allier
FRAD003 26 J 236 Lynchage miliciens Cusset-Cri du peuple -1945-06-05
FRAD003 26 J 236 Lynchage miliciens Cusset-Le Centre -1945-06-05

A la botte de l'Occupant
Itinéraire de cinq collaborateurs
René Terrisse
Editions Auberon Bordeaux ,1998
ISBN 2-908650-82-7
 

10 avril 2023

Mesures à prendre pour découvrir et arrêter les déserteurs

Pau,le 31 octobre 1817.

 Mesures à prendre pour découvrir et arrêter les déserteurs

 

LE PRÉFET DES BASSES - PYRÉNÉES,

Chevalier de l’ordre Royal de la légion d’honneur

A MM. les Maires du Département.

L’orthographe de l’époque a été respectée

Monsieur le Maire,je viens de recevoir des plaintes de S.Exc. le ministre de la guerre relativement au nombre considérable de déserteurs que ce département renferme,et au petit nombre d’arrestations en ce genre qui ont été opérées pendant les années 1815 et 1816,et les neufs premiers mois de 1817.

M.le général commandant la 11 e division militaire attribue cet état de désorganisation à la tolérance extrêmement répréhensible des autorités locales pour les déserteurs et aux habitans qui les recèlent. Il est informé que beaucoup de ces déserteurs obtiennent des passe-ports et des certificats,au moyen desquels ils peuvent se soustraire aux recherches de la gendarmerie ;que d’autres sont reçus,en qualité d’ouvriers et de domestiques,soit dans les villes,soit dans les campagnes ;d’où il résulte que les parens des militaires qui sont restés fidèles à leur drapeaux,se croient autorisés à leur insinuer qu’ils peuvent rentrer avec sécurité  dans leurs foyers.Un tel état de choses doit nuire à l’ordre public,et est d’un dangereux exemple  pour la discipline des troupes.Il importe,Monsieur,d’y remédier,en employant contre les déserteurs tous les moyens de répression que la loi autorise.

Vous devez avoir reçu de MM.les Sous-préfets les listes des déserteurs,s’il en existait dans votre commune,ainsi que les signalemens de ceux qui auraient pu quitter leurs corps postérieurement.Vous trouverez à la suite de cette lettre une nouvelle liste de ces déserteurs.Employez toute votre influence à les déterminer à rejoindre volontairement leurs régimens. C’est par cet acte de soumission que ces militaires peuvent espérer que le commandant supérieur du lieu où siège le conseil de guerre permanent ,voudra bien user à leur égard de la faculté que la loi lui accorde de refuser l’information sur la plainte en désertion.

Mais,nonobstant ces moyens de douceur,il est nécessaire,Monsieur,que vous preniez à l’égard des déserteurs,des informations actives et soutenues sur l’époque de leur arrivée dans votre commune et le séjour qu’ils peuvent y avoir fait.Assurez-vous s’ils ont passé dans des départemens voisins ;faites usage de tous les moyens qui sont en votre pouvoir afin de découvrir leur retraite,et vous l’indiquerez sur-le-champ à la gendarmerie,pour que leur arrestation soit opérée sans délai.

Vous devrez également faire seconder les brigades de gendarmerie par les gardes champêtres ;faites connaître à ces agens qu’ils ont droit à une gratification de 25 francs pour chaque capture,conformément au décret du 12 janvier 1811,en leur donnant l’assurance qu’ils en recevront le montant au fur et à mesure des arrestations dues à leur zèle et à leur activité.

La gendarmerie a reçu l’ordre de redoubler de soins dans cette partie importante de son service.Sa conduite m’est un sûr garant de son dévouement ;mais j’ai le droit d’attendre que MM.les Maires l’aideront de tous leurs moyens dans les opérations dont elle va s’occuper.N’oubliez pas,Monsieur,que c’est un devoir pour vous de montrer une juste sévérité envers les déserteurs ;mettez de coté toute considération particulière ;ne voyez dans les ordres que je vous transmets que l’intérêt du service de Sa Majesté ;il est tems que les hommes qui ont été assez lâches pour abandonner leurs corps,rentrent dans le devoir ;si ce n’est par l’effet de vos exhortations auprès de leurs familles,que ce soit d’après des mesures promptes et concertées avec la gendarmerie.Les personnes qui leur donneront asile doivent particulièrement fixer votre surveillance.Il convient d’user de la même rigueur envers elles qu’envers les déserteurs. Signalez en conséquence,à la gendarmerie,toutes celles qui se permettront de contrevenir aux lois et ordonnances sur cette matière.Vous ne devez,en un mot,rien négliger pour concourir au raffermissement de la discipline militaire.Vos fonctions vous en font une obligation :votre dévouement au Roi vous en fait un devoir,et j’ai la confiance de croire que vous me mettez à même de rendre un compte satisfaisant de votre conduite aux ministres de Sa Majesté.

Recevez,Monsieur,l’assurance de ma considération distinguée.



DESSOLLE

Certifié conforme :
Le conseiller de Préfecture,
Secrétaire général,

L’exemplaire adressé au maire d’Anglet comporte les annotations manuscrites suivantes :

Cazenave (Auger) déserteur de la Légion des Basses-Pyrénées

Dalière (Pierre) idem

Landalle (Salvat) idem

 

Source :
Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque,
Annexe des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
39 Avenue Duvergier de Hauranne,
64100 Bayonne,
Bibliothèque (consultation sur place uniquement)
BIB BAB 1.article 1817
Actes administratifs de la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques
 

 

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