04 novembre 2020

Précisions sur Bayonne sous Vichy et l’occupation : le détour par Agen _Contenu N°2

Bayonne:Mgr Vansteenberghe entre le 

14 mars et 10 décembre 1943

AD 47 -1738 W 81- Dossier N°837

Contenu N°2

Dimanche 14 mars 1943,en la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne ,Mgr Vansteenberghe a prononcé un sermon évoquant la fleur de la jeunesse ,qui ne demandait qu'à travailler pacifiquement sur son sol,(...) est arrachée pour être à son tour déportée en pays lointain".

La parole discordante de l’évêque a porté au delà de la cathédrale.

Le dossier de l'ancien procureur de la République de Bayonne,devant la Cour de justice de Lot et Garonne, aborde cette affaire.

L’évêque décèdera subitement le 10 décembre 1943.Des militants bayonnais du Parti Populaire Français lui garderont du ressentiment ,comme en témoigne cet extrait d'un article de Ralph Soupault dans le journal Le cri du peuple de Paris N°1.183 Jeudi 13 juillet 1944_Vendredi 14 juillet 1944.
La France de Doriot
Avec les militants de Bayonne-Biarritz

« Têtes froides et cœurs chauds »

« J'apprends à connaître l'humour très particulier de nos amis qui n'hésitèrent  un jour à inscrire sur les murs de la cathédrale, dont l'évêque s'était trop distingué par un zèle un peu stalinien « Camarades et sympathisants communistes, venez tous dimanche au sermon du camarade évêque qui vous donnera les dernières directives de Moscou . »

 

Déposition faîte par le Père Fxxx,demeurant à Bayonne,Couvent des Capucins,recueillie le 4 octobre 1944 

« Au mois de mars dernier Monseigneur l’Évêque de Bayonne fit un sermon contre la déportation en Allemagne.Le lendemain,je rencontrai M.ROUBERTIE,qui vint à moi pour me dire combien il était écœuré ,indigné  et que tout Bayonne était scandalisé du sermon de la veille.Lorsqu’il eut bien parlé,je pris la défense de Monseigneur et de la doctrine qu’il avait adoptée.Je sus que M.ROUBERTIE avait interprété ma défense de l’Évêque comme un acte de gaullisme.A Lourdes,Monseigneur CHOQUET évêque de cette ville ,m’apprit que M.ROUBERTIE avait voulu faire arrêter l’évêque de Bayonne à 
cause de ce sermon contre la déportation.(…) ».

Explications données par Roubertie 15 novembre 1944

« Les déclarations du père Fxxx sont inexactes et tendancieuses.Voici un résumé de ces faits.
J’ignorais le discours qu’avait pu prononcer l’évêque de Bayonne en mars 1943.Le lendemain matin,je fus mis au courant par les journalistes,notamment M.Jxxx de la Gazette et plusieurs autres personnes,de l’attitude prise par l’évêque contre les mesures édictées par le Gouvernement  Français pour la relève.L’évêque de Bayonne avait ému les familles en disant notamment qu’en Allemagne on endoctrinait les jeunes gens et qu’ils n’auraient pas la faculté de pratiquer leur culte.Ce sont là des contres vérités absolues,la liberté de culte étant entière et les associations pieuses étant tolérées.Les déclarations de l’évêque de Bordeaux sont absolument contraires à celles de l’évêque de Bayonne.Devant un incident qui avait soulevé une telle émotion ,il était de l’exercice  de mes fonctions  de faire une enquête et d’en transmettre les résultats à mes chefs de Cour.Je charge donc,non pas le Commissaire de Police mais le Commissaire aux renseignements généraux (ce qui indique bien qu’il s’agissait uniquement  d’avoir des renseignements) de me donner tous renseignements sur cette affaire.Je reçu peu après un rapport accompagné d’un résumé du discours donné par le secrétariat de l’évêché.J’ai fait un rapport à ce sujet au Parquet Général de Bordeaux.Il existe à ce sujet un dossier à mon Parquet où se trouvent toutes les pièces car il eu,du temps de l’ancien évêque trois affaires le concernant.Je serai désireux que ce dossier soit versé intégralement  dans le mien ;on y verra que,non seulement ,je n’ai jamais eu dans l’esprit l’idée absurde de faire arrêter l’évêque ,mais qu’alors les services de PAU (information) demandaient des poursuites pour une affaire de presse,j’ai insisté pour un classement,idée à laquelle on a fini par se rallier.J’ai estimé qu’un évêque était un citoyen comme un autre,n’ayant pas le droit de combattre en chaire ,des mesures gouvernementales.Je n’ai fait que suivre en cela ,les doctrines de séparation des pouvoirs qui sont l’essence même des principes républicains.Les Allemands avaient pris l’incident au tragique ;je m’en suis entretenu avec M.de WALLWITZ,de la Kommandantur,capitaine attaché au Général et je lui ai facilement démontré qu’une action contre l’évêque  serait impolitique,particulièrement en pays basque.J’ai su par M.BONNELLI,attaché consulaire d’Italie,que l’incident avait été porté au Vatican.

J’ai toujours considéré que le père Fxxx m’était très hostile parce que je ne fréquente pas l’église et parce que ;le supérieur des capucins de Bayonne,muté depuis,ayant eu son frère poursuivi pour vol d’un portefeuille à Cambo,j’avais refusé de classer l’affaire,malgré les démarches du dit supérieur.

 

Déposition 17 mai 1945 Moreau Franck,avocat au barreau de Bayonne,Président du Comité de Libération à Bayonne.

J’avais appris de façon certaine que M.ROUBERTIE,alors procureur de la République,avait établi un rapport contre Mgr VANSTERBERGHE,évêque de Bayonne,à la suite du courageux discours que ce prélat avait prononcé à la Cathédrale au cours duquel il avait protesté contre les déportations.

Il m’avait été indiqué que M.ROUBERTIE voulait faire arrêter Monseigneur VANSTERBERHE.J’étais immédiatement allé voir l’Évêque de Bayonne auquel j’avais fait part de mes renseignements.Je dois dire que Monsieur VANSTERBERGHE n’en avait été nullement troublé,avait gardé toute sa sérénité et était prêt à supporter les conséquences des paroles par lui prononcées.

Il était de notoriété publique que M.ROUBERTIE faisait preuve de la plus grande animosité contre M.VANSTERBERGHE par suite de l’attitude nettement française de cet évêque.

 

Déposition du 26 mai 1945 de Georges Choquet,évêque de Tarbes et Lourdes

J'ignore complétement si le Procureur de la République de Bayonne a eu l'intention de faire arrêter Mgr Vansteenberghe.J'ignore tout de cette affaire.

Tout ce que je puis dire c'est que j'ai fait l'oraison funèbre de mon confrère et que j'ai fait allusion à certaines difficultés qu'il aurait eues avec l'armée d'occupation .

Mgr ne m'a fait aucune confidence au sujet des difficultés qu'il a pu avoir avec M. le Procureur de la République, difficultés dont j'ai vaguement entendu parlées par la rumeur publique.

lecture faite  persiste et signe avec nous et le greffier

 

Déposition 5 juillet 1945 Dxxxx  Suzanne sténo au Parquet-Palais de Justice.

« M.ROUBERTIE a été procureur à Bayonne d’août 1941 à aout 1944-pendant toute cette période où il a dirigé le Parquet de Bayonne il n’a cessé de croire et de souhaiter la victoire allemande et de manifester des sentiments favorables à la collaboration.

Il manifestait ses sentiments soit à l’occasion des articles de presse,soit à l’occasion des affaires locales.Il se réjouissait publiquement des victoire allemandes.J’ai l’impression d’ailleurs que M.ROUBERTIE considérait les Allemands comme seuls capables d’arrêter le communisme et que c’est pour cette raison qu’il souhaitait leur victoire.C’est ainsi qu’il a déclaré un jour au secrétariat que si la route de Berlin était coupée,malgré son age,il s’engagerait pour la défendre.Il était très partisan de la relève et aurait voulu que les français partent en masse pour activer le retour des prisonniers.

Mgr l’Évêque de Bayonne ayant prononcé un sermon à l’occasion du départ en Allemagne de la classe 42 dans lequel il s’élevait clairement contre ce départ et contre toute idée de collaboration avec les allemands,M.ROUBERTIE fit tout son possible pour sinon le faire arrêter du moins le faire déplacer.Les Allemands avaient d’ailleurs refusé de l’arrêter pour ne pas en faire un martyr aux yeux de la population.Lorsque Monseigneur mourut subitement quelque temps après,M.ROUBERTIE en nous apprenant la nouvelle au Secrétariat déclara « le camarade Évêque (1) est mort les communistes de la ville sont en deuil. » (…) »

(1) L’expression « camarade évêque » a été utilisée dans l'article  Ralph Soupault (Le cri du peuple de Paris N°1.183 Jeudi 13 juillet 1944_Vendredi 14 juillet 1944.)

Déposition du 06/07/1945 de Ralph Lepointe Vice- Président du Tribunal

(…) Tour à tour ,j'ai personnellement_terme manquant_ celui-ci déclaré que le plus beau jour de sa vie serait celui de la défaite complète des anglo-américains ; qu’en cas  de débarquement il prendrait un fusil pour s'opposer ;et qu'il fallait fusiller l'évêque lequel ,avait dans un prône ,parlé des travailleurs et employé le mot « déportés » que les révolutionnaires espagnols avaient bien fait de brûler leurs religieuses,etc,etc …On n’en finirait pas de reproduire des propos de pareilles espèces qui ont été quotidiennement tenu au Parquet(...)

 

Pour en savoir davantage

Le site internet Les Basses-Pyrénées dans la Seconde Guerre mondiale a mis en ligne le texte du  sermon prononcé le 14 mars 1943 par l’évêque de Bayonne rs partant en Allemagne.

La fiche matricule militaire d'Emile Roubertie ,accessible sur le site internet des Archives départementales de la Haute Vienne ,nous apprend deux choses:

Avant de bifurquer vers le droit,il a été étudiant ecclésiastique.

Il a été prisonnier de guerre du 29/8/1914 au 22/7/1917.  

 
AD 87 
501 1900 1 R 594 Numéro de matricule 657_Vues 206 et 207/689

 

02 novembre 2020

Précisions sur Bayonne sous Vichy et l’occupation : le détour par Agen _Contenu N°1

Entre le procureur de la République et

 le Parti Populaire Français à Bayonne 

AD 47 -1738 W 81- Dossier N°837

Contenu N°1

Pour les personnes qui se consacrent sérieusement à des recherches sur des aspects de Bayonne sous Vichy et l’occupation,Agen n’est pas le chemin le plus direct qui s’impose spontanément.Pourquoi ce détour par Agen ? Émile Roubertie , qui a exercé à Bayonne depuis 1941 les fonctions de procureur de la République a été arrêté quelques heures après le départ des Allemands.Accusé de trahison,il est en détention préventive,au camp du Polo Beyris,puis à la maison d’arrêt de Bayonne.Un arrêt de la Cour de cassation du 22 février 1945,a ordonné la désignation d’une Cour de Justice autre que celle des Basses-Pyrénées.Il était également difficile de juger sereinement l’ancien magistrat à Bordeaux où, pendant l’occupation, il rendait compte à sa hiérarchie.La  frontière que constituait la ligne de démarcation,coupait en deux le département des Basses-Pyrénées.Cela ,avait entraîné une modification des champs de compétence des tribunaux.Pau se trouvant en zone non occupée,le tribunal de Bayonne avait été alors rattaché à la cour d’appel de Bordeaux.La délocalisation  vers  la Cour de Justice de Lot-et-Garonne s’explique ainsi.

Le dossier d’instruction,conservé  aux Archives départementales à Agen, améliore les connaissances découlant du fonds de la Cour de Justice des Basses-Pyrénées consultable à Pau.Les dépositions favorables ou non au prévenu,les événements et les documents saisis versés,représentent un large éventail.Les principaux éléments contenus dans ce dossier de la Cour de Justice de Lot et Garonne feront l’objet d’une publication dans ce blog , par thème et au fil de l’eau.

Ce premier billet s’intéresse aux relations entre l’ancien procureur de la République de Bayonne et des militants du  Parti Populaire Français. Selon le réquisitoire définitif, « Le sieur Roubertie a d’autre part ,depuis 1942,entretenu avec le P.P.F. et la Milice  des relations si étroites qu'il a été considéré par beaucoup comme membre sinon comme chef de ces partis.Il est représenté notamment dans un rapport de police figurant au dossier comme ayant constitué avec le P.P.F une police dont il était le chef et qui recherchait surtout les membres de la Résistance.Il n'est pas inutile de noter que suivant une expression de Roubertie lui-même ,le P.P.F. était devenu à Bayonne en 1944 une sorte de police auxiliaire allemande.

Roubertie  recevait journellement, à son bureau les Chefs du P.P.F. .Il se rendait parfois au siège de ce parti, ou au bar tenu par l'un d'entre eux (Chxxxx) recevait parfois les membres de ce parti à son domicile particulier, s'exerçait  au tir au revolver au stand du P.P.F,achetait  des grenades allemandes aux membres du P.P.F. qui en détenaient.Il était si intimement mêlé à l’action et aux   responsabilités des chefs du P.P.F. que lorsque ceux-ci le 20 août 1944, décidèrent de gagner l'Espagne à la suite de l'assassinat d'un d'entre eux(1),ils firent prévenir Roubertie pour que celui-ci se joigne à eux.Après avoir réfléchi une nuit,Roubertie refusa,mais parut le regretter huit jours plus tard,au moment de son arrestation. »

(1) Gaston Pialloux abattu par des inconnus le 18 août 1944. 

La défense de Roubertie 

 A un peu moins de la moitié de la durée de la détention préventive de Roubertie ,son avocat  s’est adressé au juge d’instruction. « Monsieur Roubertie qui est accusé d’avoir eu des relations avec le P.P.F. a intérêt à prouver qu’il a toujours poursuivi les membres de cette organisation,lorsqu’ils avaient commis des infractions.

C’est ainsi 1°/Que le sieur  DESVEAUX,secrétaire du P.P.F. personnage important poursuivi ,malgré les interventions P.P.F. et allemandes pour abus de confiance fin de l’année 1943 ou début 1944 et condamné à deux ans de prison. 

2°/ « le sieur Pxxx,commerçant à Urt près de Bayonne poursuivi pour recel et placé sous mandat par le juge d’instruction a fait intervenir auprès de Monsieur Roubertie le Maire de Urt,docteur en médecine.Celui-ci était accompagné de monsieur Pialloux.Leur insistance fut telle que Monsieur Roubertie fut obligé de les congédier.Le Maire d’Urt écrivit le lendemain une lettre d’excuse pour sa démarche »

J’ai l’honneur de vous demander de faire entendre Monsieur Axxxx,actuellement substitut à Bayonne
Qui est au courant des poursuites qui furent intentées contre Desveaux et des démarches de Pialloux et du Maire d’Urt dans l’affaire Pxxxx.
Au surplus l’on doit retrouver la lettre du maire dans le dossier Pxxxx.
Veuillez agréer… »

Affaire Desveaux ou Despaux ?

Aucune trace écrite relative à un dénommé Desveaux n' a été retrouvée.En revanche,les archives du Tribunal d’instance de Bayonne renvoient à deux délits d’abus de confiance à l’encontre de Georges Maximilien Despaux.Lequel, sera condamné par défaut à 2 ans de prison par la Cour d’appel de Bordeaux.(AD 64 Bayonne 1027 W Art 256 _93 et 94).Enfin Despaux,a été une plume dans un hebdomadaire du Parti Populaire Français .(AD 64 Pau 30 W Art 42)

Desveaux et Despaux sont deux patronymes quasiment homophones .A quel moment et pour quelles raisons, le P.P.F et les Allemands auraient marqué une opposition dans le cadre des poursuites engagées contre Despaux ?Les présences de Lesgourgues chef du Service d’Ordre du P.P.F à Bayonne et de deux agents de la Gestapo à l’audience publique du tribunal (27 janvier 1944) soulèvent des questions. 
(Déposition de Georges Despaux 02 juin 1945_AD 64 Pau 30 W Art 42). Que venaient-ils faire? Curiosité? Ou prélude à l'arrestation qui sera opérée  par les allemands le 1 er février 1944?.Les jugements seront rendus par le tribunal de Bayonne le 3 février 1944.Les raisons de l’arrestation et de la déportation à caractère politique sont encore obscures à ce jour.

On peut supposer que le cas  Despaux a fait l’objet de discussions informelles entre Roubertie,le P.P.F. et les Allemands.Ces parties étrangères à la procédure ,auraient-elles eu connaissance à l’avance des peines qui seront prononcées par le tribunal de Bayonne ?Le dossier de la Cour de Justice de Lot et Garonne n'apporte pas de réponse à ce sujet.

 

Le docteur Caplong,maire d’Urt - Gaston Pialloux

« C'est moi, qui, peu de temps avant la libération ai assisté à la visite qui fut faites par le docteur CAPLONG ancien Délégué régional P.P.F. accompagné de PIALLOUX ,Chef du Groupe d'Action P.P.F.  qui fut abattu peu de jours après ;à M.ROUBERTIE.Plus exactement je les ai vu entrer dans le Cabinet de M.ROUBERTIE.

Comme à cette époque je me renseignais le plus possible sur les allées et venues constantes des membres du P.P.F. et des organes collaborateurs au Tribunal,où ils venaient rendre de longues visites à M.ROUBERTIE, je me suis arrangé pour savoir le motif de la visite du Dr CAPLONG et de PIALLOUX.

M.ROUBERTIE n'a fait aucune difficulté pour me l'indiquer et au contraire il a tenu à me faire connaître publiquement les raisons de cette visite .

Le Docteur CAPLONG et PIALLOUX étaient venus intercéder auprès de lui en faveur d'un commerçant d’Urt nommé Pxxx, inculpé de recel qui avait fait intervenir à l'époque le P.P.F. et qui,après la libération fit intervenir dans la même affaire le Comité de Libération Nationale ,le parti socialiste, etc.  M.ROUBERTIE manifesta hautement qu'il ne donnerait pas suite à cette intervention bien qu'elle émanat du P.P.F. Son attitude était d'ailleurs conforme à l'intérêt de la Bonne administration de la Justice, je peux le dire d'autant mieux que j'instruisis l'affaire Pxxx.

Certains de mes collègues et d'autres personnes présentes ont simplement observé qu'il était regrettable que M.ROUBERTIE n'ait pas toujours eu la même attitude d'indépendance et je crois me souvenir qu'un des assistant remarqua ensuite : « On voit bien que le vent tourne »

Il est d'ailleurs équitable de reconnaître que si M.ROUBERTIE a eu avec les autorités allemandes et les organes collaborateurs des relations profondément regrettables qui paraissent avoir souvent tourné à la collusion, il a eu parfois dans certaines affaires et dès son arrivée une attitude plus indépendante .

En raison de son caractère personnel et impulsif il était toujours difficile de prévoir quelles seraient ses réactions

Je ne sais rien de l'affaire DESVEAUX.
Lecture faite persiste et signe 

23 octobre 1945 déposition de Ralph Lepointe Vice-Président du Tribunal de Bayonne

 

Déposition du 24 juillet 1945  de Pxxxx Jean négociant _AD 64 Pau 30 W Article 35 dossier Caplong

L'année dernière j'avais été inculpé le 26 juillet dans une affaire de vol et de recel de sacs des salines. Comme je craignais d'être arrêté j'avais essayé d'obtenir un sursis de cette arrestation parce que  c'était le ramassage du blé et que j'étais collecteur.

J'ai demandé au Docteur CAPLONG  d'aller trouver le Procureur de la République pour essayer d'obtenir un sursis.A ma connaissance le Docteur CAPLONG n'avait pas de relations particulières avec M.ROUBERTIE et je me suis adressé à lui en tant que maire pour faire une démarche officielle.Par ailleurs comme mon père connaissait Mme PIALLOUX,je suis allé la trouver pour lui demander de faire intervenir son mari auprès de M.ROUBERTIE.Je n'ai pas demandé au Docteur CAPLONG de 
s'adresser à M.PIALLOUX.
Lecture faite persiste et signe

 

Déposition du 17 juillet 1945 de Caplong Bernard

DEMANDE

Est-il exact que vous soyez intervenu ou que vous auriez fait intervenir le nommé PIALLOUX auprès du Procureur ROUBERTIE  à l'occasion des poursuites correctionnelles dont le nommé Jean Pxxx  a été l'objet.?

RÉPONSE

Jean Pxxx devant être incarcéré pour l'affaire des sacs des salines  vint me chercher le jour même à URT pour me prier d'obtenir du Procureur une mise en liberté sous caution.Cette liberté me paraissait nécessaire parce que Monsieur Pxxx était collecteur pour 14 communes et qu'il était seul à connaître la comptabilité de la collecte.Comme je ne connaissais pas Monsieur ROUBERTIE  Monsieur Pxxx  m'a offert de me faire présenter par Mr PIALLOUX  qui était marié avec une Urtoise .L'entretien fut à ce point cordial que non seulement il me refusa ce que je lui demandais et me traita de saboteur, je lui répondis qu'il ne se permettrait pas de me traiter ainsi si nous étions dans la rue et je partis sans le saluer en le laissant dans son cabinet avec M.PIALOUX

Lecture faite persiste et signe

Complément du Blog 

Le registre d'écrou de la maison d’arrêt de Bayonne associe Pxxx J demeurant à Urt arrêté le 26 juillet 1944 N° d’écrou N°479 mis en liberté provisoire le 24 aout 1944? à trois autres prévenus

Mxxx J  demeurant à Urcuit  arrêté le 10 juillet 1944 N° d’écrou 436 mis en liberté provisoire le 24 aout 1944

Lxxx L  demeurant à Urt arrêté le 10 juillet 1944 N° d’écrou 437 mis en liberté provisoire le 24 aout 1944

Axxx M demeurant à Urt arrêté le 26 juillet 1944 N° d’écrou 476 mis en liberté provisoire le 24 aout 1944

En guise de conclusion provisoire

Les immixtions des autorités occupantes ont laissé quelques traces,notamment dans les registres d'écrou. Les interférences avec des organisations collaborationnistes sont plus difficiles à prouver.Dans la masse des archives judiciaires de Bayonne,il y a toutefois un petit dossier où une ancienne appartenance politique a contribué à l'atténuation d'un délit.A l'été 1942,un infirmier de l’hôpital de Bayonne a été brièvement inquiété pour avoir fait écouter pendant cinq à six jours à 11 malades des émissions de la radio anglaise.Les brefs liens passés du mis en cause avec le P.P.F.figurent dans la déposition de police.Emile Roubertie n'apparait à aucun moment.(AD 64 Bayonne 1027W Art 305. Affaire N°2587)

 

Sources

Archives départementales de Lot-et-Garonne 
https://archivesdepartementales.lotetgaronne.fr/archives-pratiques/informations-pratiques/adresse-acces-horaires
Attention, il y a deux sites des AD 47 à Agen

Le dossier de la Cour de Justice concernant Émile Roubertie est consultable au Centre des archives contemporaines et de l’état civil – 1633, avenue du Général-Leclerc 47000 Agen ( à proximité de l’hôtel du département )
Cote :1738 W Article 81 dossier 837
Le dossier comporte approximativement 400 pièces
 
Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
Site de Pau
Les dossiers individuels de jugement de la Cour de Justice des Basses-Pyrénées 30W  _128 articles 
Despaux:30 W Art 42
 
Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque
Les archives du Tribunal de Grande Instance 1027 W dont
l'article 256 pour les jugements du 3 février 1944 concernant Despaux
l'article 305 dossier de procédure 2587 _1942
Registre d'écrou de la Maison d’Arrêt de Bayonne 1338 W Art 37

Articles du blog

Despaux 



Pialloux
Gaston Pialloux, une place oubliée au Panthéon bayonnais de la Collaboration (1941-1944) 
En particulier 7_Le Procureur de la République de Bayonne s'exprime
 
 
Lesgourgues
« Mais le Basque est non seulement un beau combattant social, c'est aussi un combattant tout court.Le chef S.O.Lesgourgue,un garçon fin et racé, à la petite moustache noire,à l’ élégance raffinée, et son inséparable ami Colombani, un Corse de Paris ,ont la charge d'un S.O  comme on en rencontre peu.C’est que tous les camarades basques ont à cœur d’être S.O.On est S.O.,à Bayonne Biarritz comme on est P.P.F.Et ça bouge si la permanence un jour est tant soit peu démolie ,lapidée,le soir même on répond exactement comme il convient »

 

Remerciements

A l'équipe du Centre des Archives contemporaines des AD 47.

Aux personnes avec qui j'ai été en contact,et qui cherchent des éclaircissements sur un parcours de vie.


Autres extraits du dossier de la Cour de justice de Lot-et-Garonne 

AD 47 -1738 W 81- Dossier N°837

publiés dans le blog Retours vers les Basses-Pyrénées

Précisions sur Bayonne sous Vichy et l’occupation : le détour par Agen _Contenu N°1 
Entre le procureur de la République et le Parti Populaire Français
 
Contenu N°2 

Bayonne:Mgr Vansteenberghe entre le 14 mars et 10 décembre 1943

Contenu N°3 

Témoignages en faveur de l'ancien procureur de la République à Bayonne (1941-1944)  
 
Correspondance entre Émile Roubertie  et André Besson dit "Besson-Rapp" du Service de police des Sociétés Secrètes
 

En fuite ,l’ancien chef du P.P.F de Bayonne, demande une aide financière au consul d’Allemagne à San-Sébastien

Contenu N°6 

Dessins de presse jugés obscènes par Marcel Ribeton,refus des autorités allemandes de censurer,
Bayonne 19 mai 1944 - 06 juin 1944 

Contenu N°7 

Contribution à la connaissance d’André Gustave JEANNE-BOUILLAR dit Dédé le Basque  1917-1944

 

01 novembre 2020

La cérémonie à la cathédrale de Bayonne à la mémoire de Philippe Henriot

Secrétaire d’État à l'Information et à la Propagande,dans le gouvernement de Pierre Laval,Philippe Henriot est abattu le 28 juin 1944 à Paris par un commando de la Résistance.Des messes sont célébrées dans tout le pays.Le 4 juillet à la cathédrale de Bayonne.

Le lendemain,La Gazette ,journal local,rend compte en ces termes:

"Ainsi que nous le disions hier une cérémonie émouvante et imposante a eu lieu à la cathédrale de Bayonne à la mémoire de Philippe Henriot.Notre compte-rendu serait incomplet si nous ne donnions pas les noms de nombreuses personnalités qui avaient tenu à apporter par leur présence un hommage posthume au grand orateur français si tragiquement disparu.

Au premier rang à gauche, on remarquait la présence de M.Jean-Jacques  Dubreuil , délégué dans les fonctions de préfet pour la zone occupée des Basses-Pyrénées représentant le gouvernement. MM.Marcel Ribeton , maire de Bayonne Sorel de Neufchâteau commandant de la Milice française ,Darroze, président du tribunal civil,Roubertie , procureur de la République, Constantin président du tribunal de commerce, général Détrieu, ancien commandant de la 36e division d'infanterie, le général et Madame Mativet, Bréchacq  commandant des chantiers de jeunesse, capitaine de vaisseau Cazalis, maire de Biarritz,Lacabe-Plasteigt,maire d’Anglet,Papi commissaire aux renseignements généraux ,Dehès  commissaire de police judiciaire, Gaillard lieutenant de gendarmerie,commandant Tachoires,Gorry,administrateur général de la marine ,docteur Lavoine, inspecteur départemental de l'hygiène, les conseillers municipaux des communes  environnantes.

À droite se trouvait M. le commandant délégué de l'armée d'occupation ; les délégations de la Milice française, du Rassemblement National Populaire, de la Légion des Volontaires Français,du Parti Populaire Français, du Front du travail, des Chantiers de jeunesse.Toutes ces délégations étaient en tenue de service. M. Etienne , commissaire central ,assisté de M.Février officier de paix, dirigeaient le service d'ordre.

Une première garde d'honneur composée des agents en grande tenue,gants blancs à crispins, se trouvait à l'entrée principale de la cathédrale, rue de l'Évêché. Une deuxième  assurée par les miliciens étaient rangée autour du catafalque.Enfin une troisième était postée à la porte donnant à la place Notre-Dame.La messe a été dite et l'absoute donnée par M.l’abbé Bordarrampé, curé archiprêtre de la cathédrale.

Au cours de la cérémonie, la maîtrise accompagnée par le maître organiste Décha,a exécuté  des chants funèbres d'une beauté particulièrement poignante.L’office terminé la foule s'est retirée cependant que les Miliciens et toutes les associations plus haut citées défilaient  devant le catafalque et saluaient  le bras tendu."

Source:
RetroNews site des archives de presse de la Bibliothèque nationale de France
La Gazette
Mercredi 5 juillet 1944 N°10999