19 avril 2024

Zarembo Oleg

 Infraction à un arrêté d’internement administratif

 

Audience  publique de police Correctionnelle. du tribunal de Bayonne séant en  Palais de Justice,le 10 décembre mil neuf cent quarante un.

Entre  Monsieur  le procureur de la République d'une part :

Et de l’autre :.

ZAREMBO Oleg  27 ans, chauffeur mécanicien né à Khabarosk (Russie) le 1 er novembre  novembre 1914 de Serge et de Catherine. Audrieff  domicilié à Paris, 356 rue de Vaugirard..

La cause ayant été appelée,, le Ministère Public a exposé que

Suivant procès-verbal dressé par la police municipale de Bayonne en date du 26 novembre 1941. Il appert que le sus nommé avait été arrêté en flagrant délit d'infraction à arrêté d'internement administratif.

Conduit au Parquet ; interrogé et placé sous mandat de dépôt confirmé par jugement du siège en date du même jour.

Qu’en conséquence il avait été amené à l'audience de ce jour pour répondre du délit qui lui était reproché et à laquelle il a déclaré comparaître volontairement sans citation d'huissier.

(…)

Me Dartiguelongue,avocat ,a présenté la défense du prévenu

Et le tribunal, après en avoir délibéré, à prononcer le jugement suivant.

Attendu que Zarembo Oleg est prévenu d'avoir à Gurs,arrondissement d'Oloron le 23 octobre 1941, étant interné  dans un centre d’internement administratif  à la suite d'un arrêté d'expulsion,quitté ledit centre  sans autorisation du Ministre de l'Intérieur.

Attendu que le prévenu, tout en reconnaissant la matérialité des faits, expose pour sa défense, qu'étant interne administratif à Pari,il  fut mis en observation dans un hôpital de cette ville. Qu’à la date  du 31 mars 1939, une partie des étrangers traités dans cet établissement ont été  transférés à  l'hôpital administratif de Lannemezan,où  il lui fut  notifié l'arrêté d'expulsion pris contre lui.

Qu’à la date du 11 août 1941 il s’évada, mais fut rejoint à Orthez et interné au centre de Gurs ; qu'à nouveau il s'évada de ce centre le 23 octobre 1941 et fut arrêté à la ligne de démarcation Orthez par les autorités allemandes pour avoir franchi la ligne de démarcation sans autorisation préalable.

Qu'il prétend avoir agi de la sorte pour aller travailler en Allemagne et qu'il était engagé par la Kreiskommandantur de Bayonne  qui devait le diriger sur son lieu de travail.

Attendu en définitive  que Zarembo reconnaît la matérialité des faits qui lui sont reprochés et qu’il échet en conséquence de lui faire une stricte application de la loi.

(…)

Condamné à six mois d’emprisonnement,1.200 frs d’amende

(…)

Source :
Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque,
Annexe des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
39 Avenue Duvergier de Hauranne,
64100 Bayonne,

1027 W Article 247 Tribunal de Grande Instance de Bayonne

 

Compléments du blog

Gallica 

Wilaya de Constantine_ Recueil des actes administratifs.Année 1942

Page 15 version imprimée,vue 17  fichier pdf        

« 12.ZAREMBO Oleg né le 1 er novembre 1914 à Khabarosk,russe,taille 1m.69,cheveux chatains clairs,yeux bleus,visage allongé,évadé du camp de Gurs. »

 

Arolsen Archives

Camp de concentration de Buchenwald

10 documents

Référence  01010503 002.066.499

https://collections.arolsen-archives.org/en/document/.....

12 avril 2024

Sur Louis Estebeteguy

  Outrages à agents et tapage nocturne

Audience publique de police Correctionnelle du Tribunal de Bayonne séant au Palais de Justice,le 10 juillet mil neuf cent quarante deux

Entre Monsieur le Procureur de la République d’une part :

Et de l’autre :

ESTEBETEGUY  Louis,29 ans,courtier à Bayonne,39 rue Pannecau,né au dit lieu le 9 octobre 1912 de Pierre et de Marie Dourisboure

Détenu,présent,

La cause ayant été appelée.Le Ministère Public a exposé que suivant procès-verbal de police.

En date du 9 juillet 1942,il appert que le sus-nommé avait été arrêté en flagrant délit d’outrages à agents et tapage nocturne ;conduit au Parquet,interrogé et placé sous mandat de Au parquet, interroger, placé sous mandat de dépôt.

Le tribunal après en avoir délibéré a prononcé le jugement suivant :

Attendu que Louis Estebeteguy,est prévenu d’avoir,à Bayonne,le 8 juillet 1942,vers 23 heures :

1° Outragé par paroles les agents de police Nogaro,Lapègue et Carvailho,qui le conduisait au poste de police,en disant à un camarade « s’ils te disent « merde » réponds leur « mange », »s’ils te donnent une gifle tu leur en donne deux,et puis « ils ont reçu l’ordre de ne pas nous arrêter ;

2° Commis la contravention de bruits et tapages nocturnes en troublant la tranquillité des habitants ;

Attendu qu’amené à l’audience de ce jour pour voir statuer sur le mandat  de dépôt décerné contre lui ;Estebeteguy a demandé a être jugé immédiatement,n’entendant pas se prévaloir du délai de trois jours qui lui était accordé pour préparer sa défense ;

Attendu que le Ministère Public ne s’opposant pas à la demande du prévenu,il convient d’y faire droit ;

Attendu en fait qu’à la date précitée du 8 juillet  1942,vers 23 heures,Louis Estebetéguy,en compagnie de plusieurs individus,causant du scandale sur la voie publique, était invité par les agents de police Nogaro,Lapègue et Carvailho à les suivre au poste de police ;qu’en cours de route le prévenu injuria les représentants de l’autorité en prononçant les paroles suivantes,en s’adressant à un de ses camarades ; »S’ils te disent « merde »,réponds »mange »,s’ils te donnent une gifle tu leur en donne deux, »et puis ils ont reçu l’ordre  de ne pas nous arrêter,ils auront des explications à donner d’ici 8 à 10 jours ».

Attendu que tout  en reconnaissant  les faits le prévenu prétend ne point se souvenir des paroles par lui prononcées ;

Attendu qu’il y a lieu de ne faire aucun crédit aux explications d’Estébétéguy,plusieurs fois condamné pour outrages,ivresse,violences à agents et port d’arme prohibée ;qu’il convient d’entrer en condamnation


Source :
Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque,
Annexe des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
39 Avenue Duvergier de Hauranne,
64100 Bayonne,

1027W Article 250 Tribunal de Grande Instance de Bayonne

 

CERBÈRE DISCRET de Bony-Lafont 

Louis Estebeteguy est condamné à cinq ans de travaux forcés

« La rue Lauriston !Rien que ce nom fait frémir d’horreur «  s’exclame le président Viviers en commençant l’interrogatoire du basque Louis Estebeteguy,dont l’œil droit fermé et le visage ravagé de cicatrices évoquent les supplices raffinés de la Gestapo Française.

Né à Bayonne,Estebeteguy « monta «  à Paris en 1943pour retrouver son frère Adrien.A son arrivée,il apprit qu’Adrien avait quitté la France pour les Etats-Unis,grâce aux bons offices d’un docteur habitant 21 rue Lesueur.Adrien Estebeteguy avait été ,en vérité l’une des victimes du célèbre docteur Petiot.

Un portier borgne et un peu sourd

A Paris,Louis voulu être gérant de bar.Mais il dut se contenter d’un emploi de portier au 93 de la rue Lauriston.Il était borgne et un peu sourd,ce qui facilita singulièrement  son role dans cette demeure des suppliciés.On lui remit un revolver et une carte de la police allemande.Il percevait 10.000 francs par mois.Ses fonctions consistaient principalement à introduire les visiteurs chez « Monsieur Henri » ou à les éconduire s’ils étaient jugés indésirables.C’était la belle vie !

Bien entendu devant la Cour de Justice ,Louis Estebeteguy assure qu’il n’a rien vu ni rien su des opérations et arrestations de la bande Bony-Lafont.C’est un portier discret.Il faut dire que son intelligence ne semble pas exagérément développé.

La déformation de sa lèvre supérieure accuse encore son léger accent basque quand il explique : »J’étais veilleur de nuit et je tirais le cordon (sic). C’est tout.Je croyais être employé dans un bureau d’achat ».

_Alors ,pourquoi étiez-vous armé ?

_Oh !Je n’ai jamais eu mon revolver sur moi.J’avais bien trop peur de m’en servir.

Trois témoins cités par la défense s’efforcent de convaincre la Cour que l’accusé est un brave garçon,très serviable.Mais M.Sudaka,commissaire du Gouvernement,spécialiste des affaires de la Gestapo,malmène passablement l’ancien portier contre qui il requiert les travaux forcés à temps.

Plus heureux que ses maitres Bony et Lafont,condamnés à la peine de mort et exécutés,Louis Estebeteguy se voit frappé ,après plaidoirie de Me François,de cinq ans de travaux forcés,dix ans d’interdiction de séjour et quinze ans de dégradation nationale.

Source :RetroNews

COMBAT 04 octobre 1946

 

Complément du blog:

Louis Estebeteguy est décédé le 27 février 1988 à Cambo-les-Bains Acte n°55.

Source.Décès INSEE.