LA FRANCE DE DORIOT
AVEC LES MILITANTS DE BAYONNE-BIARRITZ
« Têtes froides et cœurs chauds »
Ralph Soupault
Le cri du peuple de Paris
N°1.183 - Jeudi 13 juillet 1944_Vendredi 14 juillet 1944
Sous des dehors froids, dit-on le Basque possède un caractère bouillant.Possible.Jusqu’à ce jour, je l'avoue, je n'avais jamais mis les pieds au pays basque.A mon arrivée en gare de Bayonne, je suis enchanté tout d'abord par l'accueil qui m'y est réservé.Des jeunes gens au visage ouvert, au franc sourire me reçoivent exactement comme si j'étais un très vieil ami .Et aussitôt la sympathie la plus chaude opère.Et nous voilà partis dans les rues claires de Bayonne.Un spectacle inattendu nous arrête un moment.Une large voiture allemande stationne bord du trottoir.Les gens circulent cependant, mais aussi intrigués que nous-mêmes ,devant un officier supérieur, descendu de la voiture et qui discute avec d'autres officiers allemands.Cette silhouette,ce visage ?... nous les connaissons… la photo , le cinéma nous les ont rendus familiers…Eh !oui ! c'est le maréchal Rommel, en tournée d'inspection.
Nous rendons visite à Biarritz.Courte, mais combien attachante.Et, le soir venu, nous retrouvons à la permanence de Bayonne tous les camarades qui ont pu s'y rendre.C’est le secrétaire fédéral, Lasteyrade,qui qui nous fait les honneurs du lieu .Lasteyrade c'est l’âme même de la fédération des Basses-Pyrénées, c'est le militant type.Secrétaire fédéral depuis 1937, ancien communiste, cet authentique ouvrier est, depuis le début l'homme de Doriot.Puissant et trapu , calme et serein, c'est un beau gaillard au larges mains ,un vrai chef aimé et respecté de tous.Même des adversaires , puisqu'il a réussi il n'y a pas si longtemps ,à se faire élire à l'unanimité au comité social de son entreprise aux cris de « Vive le P.P.F. ! » Il est vrai que l'action sociale et corporative du Parti est grande dans cette région.Le secrétaire corporatif fédéral travaille activement les milieux ouvriers, où il fait admettre nos points de vue,créer un climat favorable au développement de nos idées, et il trouve sans cesse des gens disposés à nous entendre.Sur 33 comités sociaux, une dizaine marchent réellement bien et comme par hasard,ce sont ceux-là mêmes qui sont dirigés par nos camarades.
Mais le Basque est non seulement un beau combattant social, c'est aussi un combattant tout court.Le chef S.O.Lesgourgue,un garçon fin et racé, à la petite moustache noire,à l’ élégance raffinée, et son inséparable ami Colombani, un Corse de Paris ,ont la charge d'un S.O comme on en rencontre peu.C’est que tous les camarades basques ont à cœur d’être S.O.On est S.O.,à Bayonne Biarritz comme on est P.P.F.Et ça bouge si la permanence un jour est tant soit peu démolie ,lapidée,le soir même on répond exactement comme il convient.Et ceci procure des surprises agréables car, dans ce besoin d'action,des gars mis à l'épreuve savent se montrer encore plus à la hauteur de la situation qu'on ne l'aurait imaginé.Les jeunes dont Garrigue à la responsabilité font aussi leur travail : on chercherait en vain dans le domaine de la fédération une Marianne oubliée, une plaque de rue glorifiant nos « chers amis ». Pourtant la jeunesse du pays à de sérieuses difficultés.Elle est sans cesse en butte à une opposition du clergé ,très puissant dans ces régions fortement croyantes.Il tient les jeunes bien en main,en leur mettant en main la grande ou la petite chistera.Le sport, ici, règne en maître et pour conquérir les jeunes il faut d'abord leur parler le langage qui convient :pelote ou rugby.Et c'est une des raisons qui font le succès du Cri du Peuple dans les articles sportifs du lundi et du mardi sont très lus,très très suivis.(A toi Reichel !)
Le mouvement paysan, par contre, n'est pas très développé.Ceci provient du fait que là paysannerie existe peu en ces régions de propriétés morcelées.
Et au fur et à mesure,je découvre davantage le visage réel du Basque,ce Basque glacial d'apparence, mais bouillant de caractère.J'apprends à connaître l'humour très particulier de nos amis qui n'hésitèrent un jour à inscrire sur les murs de la cathédrale, dont l'évêque s'était trop distingué par un zèle un peu stalinien « Camarades et sympathisants communistes, venez tous dimanche au sermon du camarade évêque qui vous donnera les dernières directives de Moscou . »
C’est net et droit ,cinglant et mérité, d'une forte ironie et d'un écrasant mépris.Têtes froides et cœurs chauds : de beaux militants P.P.F.
Ralph Soupault
Source:
Retronews le site de presse de la Bibliothèque nationale de France
Le cri du peuple de Paris
N°1.183
Jeudi 13 juillet 1944_Vendredi 14 juillet 1944
Compléments du blog
Militants
Des militants actifs du Parti Populaire Français de Bayonne portaient un uniforme se composant d'une chemise ,cravate ,pattes d'épaule,ceinturon ,et un brassard .
"Le zèle un peu stalinien de l'évêque "
Le 20 septembre 1942,Mgr Vansteenberghe,évêque de Bayonne-Lescar-Oloron (1939-1943) a publiquement protesté à propos des persécutions à l'encontre des juifs.
L'inscription sur un des murs de la cathédrale de Bayonne, si elle était un fait véridique,aurait entrainé l'établissement d'un rapport de police aux autorités françaises.