18 août 2025

La citadelle de Bayonne, prison allemande

 

La citadelle de Bayonne, prison allemande

Après la Libération,en réponse à une demande d’enquête des autorités belges, un secrétaire de police  du commissariat de police de Bayonne, apporte quelques éléments à propos de la citadelle de Bayonne.

 « Impossible à évaluer : certainement plus de 3000 prisonniers. Beaucoup de belges et de Hollandais.

La prison de la citadelle était un centre de passage avant les camps de concentration et de déportation Beaucoup des détenus étaient des personnes arrêtées en  zone frontière interdite, alors qu’elles cherchaient à passer en Espagne. Le régime de la prison était le suivant :

Réveil à 06h00,

 06h30 toilette 2 par 2 

7h petit déjeuner (une ration de liquide chaud quelconque),

de 08h00 à 08h15 promenade (exercice dans la cour de la prison sous la surveillance des de geôliers)

puis retour aux cellules.

12h soupe servie dans les cellules

 à 18h00 conduite aux WC sous gardes

puis retour aux cellules jusqu’au lendemain matin.

Les prisonniers n’étaient astreints à aucun travail. Il y avait environ 200 cellules mesurant 3 m sur 2 m. Chaque cellule était occupée par 3 hommes qui couchaient dans des châlits superposés. Étant donné le caractère de la prison, il a été impossible de recueillir de plus amples renseignements sur les personnes qui ont été internées, et notamment leur nombre et leur nationalité. Tout ce qu’il a été possible de connaître c’est que les Belges et les Hollandais auraient été nombreux.

(…)

La réponse du secrétaire de police du commissariat de Bayonne est complétée par  le  document suivant.

CITADELLE DE BAYONNE PRISON ALLEMANDE

RÉGLEMENTATION DE LA CELLULE

 

I _Tout ordre du gardien doit être immédiatement accompli, sans aucune objection. Le gardien est envoyé pour réprimer toute opposition soit par la force, soit avec l’arme, selon l’exigence du cas.

 II _Toute conversation des prisonniers, de cellule à cellule ou avec des personnes qui sont en dehors de la prison est interdite. Seuls les prisonniers d’une même cellule peuvent se parler d’une manière pondérée.

 III_ Il doit régner dans les cellules, un calme absolu et une grande propreté. Il est interdit de chanter, de siffler, de crier et de frapper.

 IV-_ Les séjours à la fenêtre sont interdits. La fenêtre doit être immédiatement fermée, aussitôt l’ouverture de la porte. En même temps, les prisonniers doivent se mettre au garde-à-vous.

 V_ Le matériel doit être traité avec ménagement. Il est interdit d’écrire ou de dessiner sur les murs, les fenêtres et les portes.

 VI_ Il est interdit de boire des spiritueux et de fumer.

 VII_ Il est interdit de faire son journal. La possession d’un jeu de cartes est défendue.

 VIII_ Toute communication verbale ou par écrit est interdite entre les prisonniers.

 IX_ La sonnerie ne doit être utilisée que dans les cas les plus urgents.

 X _Il est interdit aux prisonniers de s’étendre et de s’asseoir sur le lit avant 20 heures, fermeture de la prison.

 XI _Toute demande, de même que celle de la visite au docteur, doit être faite le matin à 7 heures, ouverture de la prison.

 XII La permission de recevoir des visites ne pourra être accordée que sur présentation d’une autorisation écrite, soit de la part des autorités exécutives, soit de l’officier commandant la prison.

XIII_ Il est permis d’écrire le produit le 1 et le 15 de chaque mois. Seules les lettres aux autoroutes exécutives sont permises, négatives sont permises, et s’il est nécessaire les autres jours.

 XIV Les colis ne peuvent être envoyés et reçus que le jeudi de 14 à 17 heures

 XV_ En cas d’infraction à la réglementation de la cellule, ou contre les ordres du personnel de garde, les prisonniers seront réprimés. Par exemple : suppression de la promenade, du lit, et même d’une partie de la nourriture

 

LE CHEF DE LA PRISON

Signé illisible

Source :Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (AD64) 1001 W Article 204 Commissariat central de Bayonne

 

Compléments du blog


Deux civils, sans lien avec une quelconque organisation de résistance, ont été fusillés
dans l’enceinte de la citadelle.Des armes à feu non déclarées ont été retrouvées par les allemands.

6 mai 1942 Raymond Siard  domicilié à Biarritz, inhumé au cimetière Saint-Léon de Bayonne.

https://www.retours-vers-les-basses-pyrenees.fr/2015/05/raymond-siard-et-sa-fille.html

8 septembre 1942 Miremont Jean  domicilié à Saint Martin de Hinx (Landes) né à Saubrigues (Landes) 29 août 1896

Sources :
AD64 Bayonne E Dépôt Bayonne 1 W 8 Liste des fusillés ou exécutés par les allemands sur le territoire de la ville de Bayonne
AD 64 Bayonne E Dépôt Bayonne 17 W Art 72 4

  

SHD Caen 27 P 13 Prison Citadelle Bayonne_

De petites feuilles sur lesquelles ont été griffonnées, par un rédacteur anonyme, des noms, des dates. Ces éléments, plus ou moins lisibles, sont en l’état ,difficilement exploitables. On y relève notamment quelques  « droit commun ».

Dédé de Clichy 14 filles
2 piges ½


Dédé les mains blanches de Pigalle
Simone je t’aime
Plus que ma vie
Adrien


Jacquot le dingue de Belleville le roi de la plage 3 piges pour casse 


Titi de la Clichy 4 filles

 

S'agissant d'une prison exclusivement administrée par les allemands,les registres d'écrou ,s'ils n'ont pas été détruits,ne sont pas disponibles en France.Au hasard d'un dossier de déporté résistant conservé à Caen,il est possible de trouver des traces d'un emprisonnement à la citadelle.

Lajournade Julien Bernard est l'une des 52 personnes arrêtées  le 26 10 1942 dans la partie occupée du département des Basses-Pyrénées.Les arrestations ont été opérées  par des policiers français de la brigade Poinsot (Bordeaux) assistés par des Allemands.Les personnes interpelées ne sont pas toutes passées par la Citadelle de Bayonne.Le dossier de Lajournade détaille son parcours avant d’être déporté:

Citadelle de Bayonne du 27 10 1942 au 3 11 1942

Villa Chagrin  (Maison d’Arrêt de Bayonne ) du 3 11 42 au 10 11 42

Fort du Bordeaux 10/11/42 au 17/1/43

Compiègne 17 1 43 au 23 1 43

SHD Caen AC 21 P 584399 _Dossier déporté résistant

Les Basses-Pyrénées dans le « Registre d’écrou » de la Section des Affaires Politiques de Bordeaux dite « Brigade Poinsot » 1942-1944