31 mars 2014

Le bombardement de Biarritz du 27 mars 1944


Le Sud-Ouest La Presse mardi 28 mars 1944.












































 

 

Extraits du rapport définitif sur le bombardement de Biarritz  du 27 mars 1944

Pôle de Bayonne et du Pays Basque AD 64 sous la cote E dépôt Biarritz 4 H art 34


A) L'attaque et ses conséquences
          1° L'alerte et le bombardement
L'alerte a été donnée par les sirènes de Bayonne,d'Anglet,de Biarritz et de St-Jean-de-Luz,mises en action par l'Autorité allemande de l’Hôtel des Postes de Bayonne,le lundi 27 Mars à 14H24.
Le temps était très beau,l'atmosphère limpide.Une légère brise soufflait du Nord-Ouest.
A 14H30,apparaissent les premiers bombardiers,type forteresse volante américaine,quadri-moteur,volant à une altitude de 3.200 mètres.
          Une première vague,comprenant 45 bombardiers,franchit la cote vers la Barre à 14H.30,venant du Nord-Ouest,remonte l'Adour et disparait en direction Sud-Est vers Pau,sans avoir bombardé.
          Une deuxième vague de 22 avions venant de l'Ouest,franchit la côte à 14H.36 à hauteur de la Grande Plage,jette quelques chapelets de bombes sur les quartiers Lahouze,Chassin et sur le Centre Industriel,bombarde violemment Parme à son passage ,vire légèrement au Sud et disparait en direction du Sud-Est,après avoir laissé tomber plusieurs chapelets de bombes sur le territoire de la commune de Bassussarry.
          Une troisième vague de 14 bombardiers franchit à 14H.38 la côte au-dessus du Phare de Biarritz,se dirigeant vers Parme.Cette formation,paraissant ne pas avoir survolé exactement l'objectif,fait demi-tour sans avoir bombardé et pique en droite ligne vers l'embouchure de l'Adour pour disparaitre en direction du Nord-Ouest.
Un avion de cette formation paraissant s’être détaché du groupe,laissa tomber quelques bombes à St-Jean d'Anglet.
C'est cette même formation qui,quelques minutes plus tard ,reviendra sur l'objectif pour former la 5 e vague.
          Une quatrième vague de 9 bombardiers,venant de l'Ouest,franchit à 14H.41 la côte au dessus du Rocher de la Vierge,suivant approximativement le même trajet que la précédante, se dirigeant vers Parme.Elle est prise fortement à partie par la D.C.A. installée en divers points de la cote.
Au-dessus du Rocher de la VIERGE,un avion du groupe lance une fusée qui,en tourbillonnant,dégage une fumée blanche.
Des bombes commencent à ce moment à pleuvoir sur le quartier du Port-Vieux,distant de 3 KM.de l'aérodrome,arrosant littéralement le terrain sur une largeur de 250 à 280 mètres et sur une profondeur de 600 mètres environ entre la Plage du Port-Vieux,la Place Georges Clémenceau et la rue Victor Hugo.
Au-delà de cette ligne,des chapelets tombent encore aux abords de la Poste,au Jardin public,Place Pordelanne,sur la gare de Biarritz-Ville où plusieurs wagons de carburant sont incendiés (14 points de chute sur la gare) et une fois encore au Quartier Lahouze.
Un avion paraissant en difficulté en difficulté se détache de l'escadrille,se dirigeant vers le Nord.
Cette quatrième vague continue son vol vers Parme qu'elle bombarde au passage,atteignant des maisons et fermes situées à près de 1 Km. au delà de l'aérodrome.
          Une cinquième vague de 14 bombardiers,venant du Sud-Ouest,franchit la cote à 14H.43,se dirigeant droit vers l'aérodrome qu'elle bombarde violemment au passage,pour disparaître en direction du Nord-Est.
Les premières bombes tombent à 300 mètres en avant les limites de l'aérodrome,causant quelques dommages et les dernières à 800 mètres environ des limites Est du terrain.
Les vagues de bombardiers se sont,comme on le voit, succédées sans interruption de 14H30 à 14H45.Le bombardement de l'aérodrome et de ses abords a duré de 14H37 à 14H.45,soit 8 minutes,et celui de Biarritz a commencé à 14H.36 (Quartiers Lahouse et Chassin) pour se terminer à 14H.39 (Quartier du Port-Vieux,de la rue Gambetta et de la Gare du Midi.).
En fait,le bombardement du centre de Biarritz,au cours duquel 6 à 700 projectiles furent lancés,dura moins d'une minute et demie,couvrant le centre de la Ville d'une épaisse fumée noire qui se dissipa très rapidement.
D'après les constations faites,90 bombardiers ont donc survolé Biarritz,Anglet et Bayonne,à une altitude de 3200 mètres environ,accompagnés d'un nombre important de chasseurs à long rayon d'action,volant à très haute altitude et par moments seulement visibles à l’œil nu.

2° LES OBJECTIFS VISES.
L'objectif visé était l'aérodrome de Parme,situé à l'Est du centre de Biarritz,à cheval sur le territoire des communes d'Anglet et de Biarritz.Les limites de l'aérodrome sont à 2Km.seulement à vol d'oiseau du centre de la ville de Biarritz,ce qui représente ,à 500 Km.de vitesse horaire,moins de 15 secondes à un bombardier pour franchir la distance qui sépare la ville de l'objectif.Ce chiffre fait ressortir le danger que constitue pour les agglomérations urbaines,la proximité  d'objectifs militaires en cas d'attaque de ceux-ci,à haute altitude,par des formations importantes de bombardiers.
Comme nous l'avons vu,l'attaque fut dirigée contre l'aérodrome de Parme par 3 vagues successives de forteresses volantes,suivant deux directions légèrement différentes,à des altitudes variant de 3.000 à 3.500 mètres.L'objectif fut partiellement atteint,sans qu'il soit possible à nos services de donner des précisions sur l'intensité du bombardement et les dommages causés,l'accès de l'aérodrome et ses abords ayant été d'ailleurs interdit au personnel de la Défense passive par les Autorités occupantes.
La dispersion de part et d'autre de l'aérodrome dans le sens suivi par les premières vagues de bombardiers,fut de 600 mètres environ.Quelques bombes sont cependant lâchées par la 2e et la 4e vagues aux Quartiers Lahouze et Chassin,soit près de 1.000 mètres des limites de l'aérodrome.
C'est la 4e vague de 9 avions qui a causé des dégâts principalement sur les quartiers du centre de la Ville,sur une profondeur de 800 mètres environ,et une largeur variant de 200 à 280 mètres.
Le temps étant clair,il semble que ce bombardement de la ville,qui parait avoir été effectué par 3 ou 4 appareils au maximum,doit être imputé soit à une erreur,soit à un accident causé par les avions atteints par la D.C.A.
L'hypothèse d'un bombardement des ouvrages de défense côtière ne peut être retenue,étant donné la nature des bombes utilisées (pour la plupart bombes de 20 livres.)
Il en est de même de l'hypothèse d'une attaque des pièces de D.C.A. installées en divers points de la cote.L'escadrille a,en effet,suivi une direction absolument rectiligne de la pointe du Rocher de la Vierge à l'aérodrome de Parme,et aucun avion ne s'est détaché du groupe pour déverser ses chapelets de bombes sur les postes de D.C.A.
3° PROJECTILES UTILISES
Les projectiles utilisés sont des bombes américaines de 20 livres (9 Kg.) devant contenir environ 2 Kg d'explosifs.(...).
Ces bombes paraissent avoir été établies pour l'attaque des troupes en combat ou pour la destruction des avions au sol.
Leur effet,compte tenu de leur faible poids,est très efficace.Leur fragmentation est considérable.Les éclats les plus nombreux pèsent de 15 à 20 grammes,et leur vitesse doit être voisin de celle d'une balle de fusil au départ.
La pénétration des petits éclats est de 8 à 10 cm dans le béton,et de 2 à 3 cm dans les plaques de blindage d'acier de 17 cm d'épaisseur situées à 3 m.de l'impact.Leur puissance est telle que des éclats projetés à plus de 200 mètres du point de chute produisent encore des dégâts à cette distance. (...).
Indépendamment du danger que présentent les éclats,ces bombes ont,malgré leur faible charge d'explosifs,un effet de souffle qui a produit,au cours du bombardement du 27 mars,de très gros dégâts à l'intérieur des magasins et des habitations.
Il semble que des bombes d'un plus puissant calibre ont également été utilisées,des entonnoirs de 2m. de profondeur ayant été relevés en divers points du quartier du Port-Vieux et de la rue Gambetta.
N'ayant trouvé aucune trace intéressante de ces engins,nous ne sommes pas en mesure d'en donner la description.
Par ailleurs,à l'aérodrome,de nombreux trous de 0.20 de diamètre,de bombes non explosées ayant pénétré de 1.50dans le sol,ont été repérés.
4° RÉPARTITION ET INTENSITÉ DU BOMBARDEMENT
Trois zones ont été bombardées au cours de l'attaque du 27 mars 1944.
1) L'aérodrome de Parme et ses abords immédiats.
2) La gare de Biarritz-Ville et la Place Pordelanne.
3) Le quartier du Port-Vieux.
Quelques chapelets de bombes sont par ailleurs tombés en divers points des agglomérations de Biarritz et Anglet,faisant par endroit des victimes et causant des dommages:Quartier Lahouze et Centre Industriel,Parc d'Hiver,sur Biarritz;Quartier St-Jean près de l’Église,Quartier Sutar vers Bassussary.
Sur les quartiers du Port-Vieux de Biarritz,l'intensité du bombardement a été assez forte.Elle est beaucoup plus élevée aux abords immédiats de Parme.
Nos Services de Défense passive ont dénombré sur le territoire de Biarritz,en dehors de la zone de l'aérodrome ,154 porte-bombe correspondant à plus de 900 bombes.Tous ces engins ont été retrouvés dans un périmètre relativement réduit au Quartier St-Martin (...).
Nous estimons,dans ces conditions,que 3 à 400 bombes environ ont atteint le quartier du Port-Vieux,sur une superficie de 10 à 12 hectares,ce qui correspond à 30 bombes à l'hectare en moyenne,et 2 à 300 autres,les quartiers de la Gare,Pordelanne et Lahouze.
Aux abords de l'aérodrome,l'intensité du bombardement a été plus élevée et les points de chute peuvent être évalués à plus de 100 bombes à l'hectare.
Le pourcentage des engins non explosés est pratiquement nul au Quartier du Port-Vieux.Il est par contre élevé dans les quartiers plus éloignés du centre (30 à 75%).(...)
5° EFFETS SUR LES PERSONNES
Les bombes de 20 livres utilisées par les bombardiers américains ont eu des effets extrêmement meurtriers.
Des éclats très petits,certains de la dimension d'un noyau de cerise,ont provoqué à distance des blessures mortelles.
Plusieurs blessés,dont certains gravement frappés,ne se sont rendus compte de leur blessure qu'un certain temps après avoir été atteints.
Le nombre d'éclats était tel à une dizaine de mètres de l'impact,qu'il était absolument impossible d'y échapper.
Nous avons relevé sur des façades à 6 m,du point de chute,une densité de 3 à 400 éclats par mètre carré.
Ces bombes ne produisant pas d'entonnoirs,leur effet sur le sol est rasant.Il est vain dans ces conditions,de se coucher pour les éviter,à moins de pouvoir se placer dans une dépression,une tranchée,ou même un caniveau.
Les corps des victimes tuées à faible distance ont été littéralement déchiquetés.
La plupart des personnes atteintes avaient la figure et les vêtements recouverts d'une poussière noire.
Le souffle parait avoir causé la mort de plusieurs personnes.La plupart des victimes ont été touchées sur la voie publique ou dans les étages des immeubles.
Aucune cave,même non recensée,n'a été détruite.
De nombreuses personnes ont été blessées ,souvent grièvement par les éclats de glace projetés avec une violence inouïe sous l'effet du souffle au milieu de la rue.
6° EFFETS SUR LES IMMEUBLES
Le bombardement des quartiers du centre de la ville a produit sur les immeubles soit:
Leur destruction totale ou partielle par coups directs des bombes de petits calibres.
Le soufflage intérieur des cloisons,plafonds,etc et la mise en pièces du mobilier sous l'effet des bombes tombées à proximité immédiate.
Le bris des glaces et des vitrines et de la plupart des vitrages des fenêtres,à des distances de 100 mètres et plus des points de chute.
Le percement des maçonneries de faible épaisseur,des menuiseries,par la projection d'une multitude d'éclats à plusieurs dizaines de mètres de l'impact.
Des portails et des grilles en fer,des poteaux en béton armé ont été littéralement hachés et disloqués par les éclats provenant de bombes de petit calibre.
A titre d'indication,signalons que les montants en fer carré de 4 cm. d'épaisseur des grilles d'entrée au Casino Bellevue,ont été traversés par les éclats des bombes de 20 livres tandis qu'à l'établissement de bains du Port-Vieux,des poteaux en béton de 20/20 étaient entièrement dégarnis de ciment par les seuls éclats.
L’âme d'un rail de la voie ferrée de Biarritz-Ville a été traversée par les éclats à 5 m.de l'impact.
Sur une grande étendue,les couvertures en ardoise et en tuiles ont été arrachées et ont subi de gros dégâts sous l'effet du souffle.
Les terrasses ordinaires en béton armé ont été facilement traversées par les bombes de 20 livres.
Il convient de noter,d'autre part,que le gros œuvre des immeubles bien construits ont ,en général,résisté,tandis que la plupart des maisons entièrement détruites étaient,sous une apparence quelquefois moderne,de construction ancienne,bâties en moellons tendres et qui n'ont pu résister aux bombes de moyen et même de petit calibre.
7° BILAN DU BOMBARDEMENT
Le bilan du bombardement s'établit ainsi:
Tués:115 civils,dont:
Femmes:57.Hommes:54.Enfants:4.
Blessés grièvement hospitalisés:122 dont 33 sont décédés.
Blessés peu graves,soignés à leur domicile après opération ou pansement:107.
Le chiffre des blessés est certainement incomplet,un certain nombre de personnes soignées à leur domicile sans être passés aux postes de secours ne s'étant pas fait connaitre ,malgré les avis insérés dans la presse à cet effet.
          Immeubles.
Entièrement détruits.21
Sérieusement endommagés et inhabitables (de 50 à 75%).59
Partiellement endommagés (25%).46
Légèrement endommagés .249
Total:375
Nombre de personnes sinistrées,sans abri.1200
Le bombardement du 27 mars s'étant produit un lundi ,jour de fermeture des magasins,à une heure où le quartier du Port-Vieux est pratiquement désert,on doit à cette circonstance de ne pas déplorer un nombre de victimes encore plus élevé.
Il convient également de signaler que les établissements scolaires Jules Ferry qui groupaient plus de 800 enfants,entourés de toute part par les bombes,ont été miraculeusement épargnés.
(...)
SERVICE D'ORDRE
Dès la fin du bombardement,les équipes de police étaient dirigées,par les soins du Commissaire de Police de Biarritz,sur les lieux sinistrés,pour assurer le service d'ordre et la surveillance des immeubles détruits.Des barrages étaient immédiatement établis pour interdire l'accès des quartiers bombardés,en vue de faciliter les opérations de sauvetage et d'éviter le pillage.
La Police d’État de Biarritz fut immédiatement renforcée par la Police Municipale (20 unités) et dans le courant de l'après-midi du 27 mars,par 6 gardiens de la Paix de la Police d’État de Bayonne et 6 Agents de police du Boucau.
La Brigade de Gendarmerie de Biarritz se rendit également dans les quartiers sinistrés du Port-Vieux pour coopérer à la surveillance des immeubles.
La Police départementale de D.P (NDLR Défense Passive),recrutée dans les villes de la cote,ne donna pas les résultats escomptés.Elle n'arriva sur les lieux qu'avec un grand retard et avec des effectifs squelettiques.
Le Corps de Police de D.P. urbaine n'étant pas encore organisé ne fonctionna qu'imparfaitement,mais fut aussitôt remplacé par des pompiers de D.P et peu après par les membres des équipes de Jeunesse.
Le lendemain,la Police de Biarritz recevait en renfort 15 agents de la Police d’État de Bordeaux,et le surlendemain,15 de plus.
Grâce à ces concours extérieurs,la surveillance des secteurs détruits put être assuré dans de bonnes conditions,et tout acte de pillage fut ainsi évité.
(...)
La Police d’État,en collaboration avec la Croix Rouge et la Défense passive,assura dès la fin de l'après-midi ,dans la nuit du 27 au 28 et dans la journée qui suivit,la garde de la Chapelle ardente,l'identification des corps des victimes et le contrôle de la mise en bière.
Elle fut également chargée d'assurer le Service d'ordre au cours des obsèques des victimes qui eurent lieu au Jardin public de Biarritz,le jeudi 30 mars 1944,au milieu d'une énorme affluence.








































SERVICE SANITAIRE
a) Les premiers secours
Les quartiers du Port-Vieux et du Centre faisant partie du 3e secteur,ce fut le poste de secours d'Hélianthe,installé dans la partie Nord des sous-sols de l'établissement,qui eut la plus lourde charge à assumer,à la suite du bombardement du 27 mars.
Le nombre des blessés qui furent transportés à ce poste de secours fut de 120.
Le poste de secours du 2e secteur,fonctionnant au sous-sol de la Maison maternelle,reçut,de son coté,76 blessés de la Gare du Midi,de la Place Pordelanne et du quartier Lahouze.
Le poste de secours des Thermes Salins,3e secteur,qui ne fut pas intéressé par le bombardement,ne reçut que 7 blessés.
La plupart des médecins se sont rendus à leur poste dès le début de l'alerte.A noter cependant,qu'un certain nombre d'entre eux n'ont quitté leur domicile qu'après avoir entendu les premières explosions.D'autres,se basant sur des consignes périmées,ont attendu à leur domicile que l'on fasse appel à leur concours.
Les brancardiers et infirmiers ont,dans l'ensemble,rejoint leur poste dès le signal d'alerte.Un certain nombre a dû  traverser les zones bombardées au plus fort de l'attaque.Plusieurs ont été tués ou blessés avant d'atteindre le poste de secours d'Hélianthe.
Avant même que les bombardiers n'aient disparu à l'horizon,les équipes de brancardiers secouristes partaient des postes de secours des 2e et 3e secteurs à la recherche des blessés.
De leur coté,les équipes d'ilots organisaient immédiatement le sauvetage des victimes avec l'aide de volontaires.
Dans l'ensemble,le ramassage des blessés s'est effectué convenablement et avec célérité.Tous les blessés qui devaient l’être ont été munis de garrots.
Une heure environ après le bombardement,tous les blessés avaient été retirés des décombres et transportés aux postes de secours.
(...)
Évacuation des blessés
l'évacuation des blessés a été rapide,grâce au nombre de véhicules de transport réquisitionnés.Malheureusement,par suite de la pénurie d'ambulances,la plupart des blessés ont dû
être transportés dans des camions et camionnettes vers les Centres hospitaliers.
b) Hospitalisation.
Les villes de Biarritz et d'Anglet étant,seules,atteintes par le bombardement,la Direction intercommunale de Biarritz fit appel,comme le prévoit le plan de la Défense passive,dès les premières heures de l'après-midi,à la Direction départementale,en vue de l'envoi à Biarritz d'équipes chirurgicales de renfort pouvant opérer à la clinique Leroy de Biarritz et éventuellement dans la salle de pansement de la Maison de Secours.
(...)
Un chirurgien de Biarritz,absent ce jour-là de la commune fit défaut,mais put être remplacé à la Maison de secours pour les opérations de 2e et 3e urgence par un médecin de la Colonie Espagnole de Biarritz.
La répartition des blessés graves du soir du 27 mars dans les divers centres d'hospitalisation de Biarritz et des communes voisines s'établissait ainsi:
Maison de Secours 37
Hôpital de Bayonne 45
Clinique Leroy à Biarritz 7
Clinique Grené de Bayonne 4
Clinique Lafourcade de Bayonne 20
Clinique Delay à Bayonne 5
Clinique Darricau à St-Jean-de-Luz 4
Total 122
sur lesquels 33 décès furent enregistrés.
(...)
III.Déblaiement des voies publiques et mesures de sécurité.
Le sauvetage des victimes ensevelies sous les décombres ayant été rapidement effectués par les équipes de déblaiement de D.P. constituées,comme nous l'avons vu,en majorité par les cantonniers et ouvriers de la Ville,ces mêmes équipes commencent le soir même le dégagement sommaire des voies publiques des quartiers sinistrés.
Le mardi 28 mars à midi,les voies et artères principales étaient livrées à la circulation..
Dès l'après-midi du 28,les Services des Ponts et Chaussées en collaboration étroite avec les Services techniques Municipaux,entreprirent avec les équipes de cantonniers de Bayonne,de Salies,de Saint-Jean-Pied-de-Port et d'Orthez,le déblaiement méthodique des voies publiques et la démolition des immeubles menaçant ruine.
Ce travail a nécessité l'utilisation ,pendant une durée moyenne de 20 jours,de 90 cantonniers des Ponts et Chaussées et ouvriers Municipaux répartis en 5 groupes et disposant de 8 camions à bennes.
Parallèlement au déblaiement des voies publiques il était procédé au dégagement du mobilier des immeubles endommagés et au déménagement des sinistrés dans les logements réquisitionnés à leur intention.
(...)
Près de 300 déménagements,certains très importants ,ont ainsi été effectués.Cette opération a nécessité l'emploi,pendant 10 jours,de 3 à 400 jeunes gens des établissements scolaires placés sous l'autorité du Délégué à la Jeunesse,ainsi que des équipes de jeunesse de Mouguerre,de Biarritz et de Bayonne.
(...)
Biarritz ,le 23 avril 1944
La Direction de la Défense passive intercommunale
M.Delord Georges,Ingénieur de la Ville Directeur Interurbain
M.Sombrun Fernand,Chef de sécurité locale de Biarritz
M.le Docteur Mercier des Rochettes Directeur technique sanitaire Biarritz-Anglet.
M.Puyade,Chef de sécurité locale d'Anglet.


Rapport dactylographié, 46 pages.,consultable au Pôle de Bayonne et du Pays Basque AD 64 sous la cote E dépôt Biarritz 4 H art 34.
On trouvera notamment à l'intérieur de ce fonds :
  • liste d'immeubles sinistrés après le bombardement indiquant la rue,le nom de la maison,le propriétaire,les éléments du cadastre,
  • Immeubles menaçant ruine,
  • Immeubles interdits à l'accès des sinistrés,

  • Des liste des victimes (avec les adresses). Attention,il y a parfois des détails susceptibles de heurter les sensibilités.
  • Proposition du chanteur André Dassary en faveur des sinistrés
  • Documents divers
  • Déclarations faites par les sinistrés.

Pour en savoir davantage

Les Archives Départementales des Pyrénées-Atlantiques mettent en ligne  un dossier pédagogique
Mémoire de Guerre 1936 1939 1945 Les bombardements

Les Archives Départementales des Landes (AD 40) à Mont-de-Marsan  disposent également d'archives sur Biarritz pendant l'occupation allemande.

Les registres de décès de l'année 1944 des villes de Biarritz,Anglet,Bayonne.( Services d’État civil )





































Décès survenu à Biarritz le 27 mars ,transcrit à Bayonne le 21 mai 1944






































Quelques victimes du bombardement du 27 mars 1944 ont reçu la mention "Mort pour la France"
Des militaires et des civils .
Sur les conditions et les modalités d'attribution de la mention "Mort pour la France" voir la fiche pdf de l' Office National des Anciens Combattants et victimes de guerre - ONAC.A retenir,dans ce domaine,l'absence de forclusion.


Sur la Défense Passive (D.P.)

Manuel officiel rédigé par les services de la Défense et de l’Éducation Nationales
Manuel officiel élémentaire de défense passive contre les attaques aériennes.
Illustrations de Marcel JeanJean peintre du département de l'Air
Hachette
1939-1940
Document acheté à un bouquiniste de Bayonne.