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02 juin 2024

Ernest Orliaguet,ouvrier imprimeur

COMMISSARIAT SPÉCIAL 

des Chemins de Fer du Midi et du Port

BAYONNE,le 25 mars 1919

Le Commissaire Spécial de Bayonne

A Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées

J'ai l'honneur de vous rendre compte qu’ayant été avisé qu’un sieur ORLIAGUET, adressait  à des commerçants de la région une circulaire,ayant pour objet un appel de fonds afin  de créer un périodique destiné à combattre le journal « L’Action Syndicaliste » dont il soupçonne les dirigeants de mener bolchévistes. Je me suis aussitôt livré à une entente.

Vous trouverez annexées , la déclaration du sieur ORLIAGUET et la circulaire en question.

J’ai  élargi mon enquête qui a donné les résultats suivants :

 De mon collègue de Bordeaux.

« J’ai  l'honneur de vous faire connaître que le sieur ORLIAGUET Ernest a en effet travaillé dans notre ville comme typographe d'abord à l'imprimerie PECHADE du 26 juin 1917 au 5 janvier 1918 et ensuite chez DELMAS jusqu'au 15 février suivant. Dans ces deux  maisons ,où rien défavorable n'a pu être relevé contre lui ,en ce qui concerne sa probité, il a laissé le souvenir d'un ouvrier médiocre,tant au  point de vue professionnel, quand qu'en ce qui concerne son ardeur au travail.

Dans le quartier où il demeurait, rue Servandoni, avec une concubine, aucun enseignement fâcheux n'a été recueilli sur le ménage ,venant de Paris,lorsqu’il est arrivé à Bordeaux ; il aurait été précédemment établi comme imprimeur à Hasparren (Basses-Pyrénées) et en quittant notre ville, il aurait déclaré se rendre à Saintes où  un de ses frères serait également établi comme imprimeur. »

De mon collègue de Mauléon :

« M.CLED  a employé le nommé ORLIAGUET comme ouvrier typographe à Mauléon en 1913.C’était un bon ouvrier.

Parlons de l’honorabilité et de  la probité de son ancien ouvrier, M CLED a dit : que ce qui était passé était le passé et qu'il n'était plus utile d'en reparler, » ce qui semble indiquer que le nommé ORLIAGUET  n'a pas donné toutes les satisfactions ; En quittant M. CLED,ORLIAGUET est allé s'installer à Hasparren, mais dernièrement M. CLED a eu en mains une circulaire lui faisant connaître que ORLIAGUET était  établi pour son compte à Bayonne ».

A Hasparren,les renseignements suivants ont été recueillis,

« Le nommé ORLIAGUET est  venu s'établir à Hasparren  vers la fin de l'année 1911,où il monta une imprimerie dans le vieux moulin isolé de Saliondos.Il  vivait avec ses trois enfants et la nommée CEDRON Marguerite Marie,Dactylographe,alors agée de 24 ans,née à Cenon (Gironde).

Sauf une plainte déposée le 6 octobre 1912 par ses enfants qui se plaignaient de sévices de la part de leurs parents, ORLIAGUET  n’a suscité aucune plainte ou réclamation de la part des habitants. Il paraissait à tous actifs et vaillant et a fait son possible pour se créer une clientèle.N’ayant  pas suffisamment de travail chez lui,il  allait s'occuper à Bayonne dans une imprimerie et rentrait à Hasparren deux fois   par semaine. Rien d'anormal n'a été constaté dans sa façon de vivre ; Il ne s'est livré à aucun acte pouvant le faire suspecter au point de vue national.Il a  quitté Hasparren  dans les premiers jours de janvier 1915 ;sa maîtresse était partie quelque temps auparavant. »

De mon collègue de Saintes :

Le  nommé ORLIAGUET Ernest a été établi imprimeur à Saintes  puis à Pons.Il  y a une vingtaine d'années,Il a fait de mauvaises affaires et a quitté la France. Sa famille est restée plusieurs années sans  recevoir de ses nouvelles .Depuis ORLIAGUET n’est  jamais revenu à Saintes où  son frère est toujours imprimeur. »

 De tout ce qui précède, il est à retenir que l'imprimerie « LA RÉNOVATRICE » est un foyer d'action de propagande socialiste, mais pas cependant un centre de menées bolchévistes , comme semble l’indiquer le nommé ORLIAGUET .

LE COMMISSAIRE SPÉCIAL.

 

Circulaire n°1

Bayonne,le

Maison Balangué

St Léon

 

CHERS CONCITOYENS,

Gros et Petits industriels ou  Commerçants

 

Si, comme nous, vous reconnaissez qu'il faut arrêter les exigences sans fin de vos employés à la veille de vos en imposer encore de plus fortes.

Si vous croyez qu'il y a un danger imminent à laisser certains groupements devenir plus importants ;qu'il faut de ce fait ramener vers nous les isolés ; les petits, les hésitants, les timides qui se rangeront de notre côté avec d'autant plus d'entrain qu’ils se sentiront soutenus épars,ils ne sont rien, réunis sous de bons conseils, ils seront puissants.

Si  vous estimez aussi que de cette façon,en divisant l'ennemi,nous  y sèmerons vite vite la zizanie et diminueront ainsi ses forces par trop inquiétantes, surtout à Bayonne qui va devenir une ville très industrielle.

S’il est clair à vos yeux ,qu'il est intéressant de défendre les noms syndiqués, ces sans appui,ces prolétaires à l'esprit libre, indépendant, en dehors des coteries.Qu’il  importe de démasquer la  triste mentalité des meneurs de toutes ces sectes.

Si enfin vous pensez qu'il y a lieu de combattre à outrance certains journaux d'action, des militants, feuilles accréditées  des coopératives.

Si tout cela vous paraît vrai, chers compatriotes ,fondez  avec nous un périodique de défense affilié à la bourgeoisie, tout en étant un centre de placement mettant les ouvriers à l'abri du chômage.

Et vous le pouvez :

En souscrivant à  la demande de la circulaire ci-contre,. vous aurez favorisé la réinstallation de la nouvelle imprimerie du Solidaire  dans votre cité. Cette petite avance d'un ou de plusieurs reçus de 25 frcs,vous serait remboursable en imprimés ; encaissés par le notaire, ces fonds ne nous  serons remis qu'après l'acte de nantissement sur notre matériel d'imprimerie transféré au nom du plus fort souscripteur.

Vous aurez donc fait œuvre utile sans risquer un centime.Vous ne pouvez  guère vous refuser à une autre sincère proposition,à une aussi louable cause ;

2° Par une simple cotisation mensuelle de 5 francs pendant 12 mois seulement, qui donnera droit à une insertion. Avec un petit noyau d'adhérents, nous nous faisons fort de lancer Le Solidaire  qui vivra de lui-même avant une année.

 Vous contribuerez de la sorte à donner de la vitalité à un bien petit mensuel, certes, mais qui grandira ;à tremper une arme intangible contre les bolchéviks en préservant vos intérêts, votre tranquillité, votre dignité.

Le Solidaire , périodique de placement organisé ,deviendra le précieux recours des employés et employeurs, surtout que ceux-ci y puiseront des renseignements intéressants les corporations.

Chers concitoyens, nous vous offrons loyalement, sans arrière-pensées, notre expérience, notre bonne volonté, notre travail, notre énergie. N'hésitez pas à répondre à notre appel,

Aidez-nous,nous vous  défendrons.

ORLIAGUET,

Ex Directeur-Gérant du Progrès de la Charente-Inférieure,

du Patriote Saintongeais,du Laboureur,

Fondateur de l’Éclaireur,

 

Soyez indulgent pour les fautes et les imperfections de ces circulaires composées et tirées à la hâte clandestinement,avec un matériel défectueux.

 

Circulaire n°2

IMPRIMERIE DU LITTORAL

ORLIAGUET

HASPARREN

BAYONNE,

Maison Balangué

MONSIEUR ET CHER CLIENT,

Je ne crois pas qu'il soit prématuré de parler affaires aussitôt la victoire, à l'heure où ceux qui le peuvent se feront un religieux devoir d'aider les petits à se remonter.

De retour à Bayonne depuis deux mois,désireux  de me faire au plus vite une situation, brisée comme tant d'autres débuts de la grande guerre et hachés par de gros ennuis ;tout à fait retrempé, je reprendrai les affaires dans les meilleures conditions. Je me suis fait une nouvelle famille en épousant une béarnaise.Mme Orliaguet me sera donc une précieuse collaboratrice, d'autant plus qu'elle est bonne compositrice.

Mais , pour y aboutir ,surtout en raison de la cherté des papiers,il me manque   2500 francs.J'ai pensé les réaliser en faisant souscrire 100 reçus  de 25 frcs à valoir sur des travaux d'imprimerie et remboursables par moitié chaque année.

J'en ferai le recouvrement au fur et à mesure des besoins de mon commerce,et  successivement, afin d'en garantir la totalité sur la valeur intrinsèque de mon matériel, estimé à 25.000 francs.

Ce fonds de roulement m'aiderait alors à mettre sur pied mon matériel en faisant venir celui remisé à Caussade, dont j'ai fait l'acquisition, complétant de la sorte mes collections par des types modernes ;le tout  est suffisant pour entreprendre les divers travaux d'imprimerie de tous formats.

 Vous connaissez mon activité, vous m'avez vu à l'œuvre :travailleur infatigable, j'étais arrivé ,sans avance, avec mes propres forces. Un résultat indéniable ,après trois années ,il  est vrai ,de rudes labeurs et cependant bien mal entouré dans mon intérieur.

Vous savez que mes livraisons sont  irréprochables, même en ce qui concerne les travaux de reproductions en couleurs,que  je traite d'une façon toute particulière m'y étant spécialisé puisque je suis également dessinateur et retoucheur. Profitant encore de mon séjour à Paris,durant  ces dernières années, je me suis perfectionné davantage dans cet art. ;aussi, d'importantes commandes me  sont-elles assurées.

Or, voulez vous me tenez un coup d'épaule en acceptant ma proposition ?, je suis persuadé que vous n'aurez qu'à vous louer de m'avoir aidé à faire revivre ma petite industrie. De mon côté, je m'efforcerai plus que jamais , à vous donner une entière satisfaction,en mettant  à votre service, ma grande expérience du métier ,pour les imprimés que vous voudrez bien me confier.

En cet espoir, je vous prie d'agréer, Monsieur et Cher Client, l'expression de ma plus vive gratitude.

E.ORLIAGUET

 

 

BAYONNE le 29 Novembre 1918

Monsieur ORLIAGUET

Ouvrier à la « Rénovatrice »

E.V.

Monsieur,

Une délégation du syndicat des ouvriers du livre de Bayonne et venu me trouver ,ces jours derniers, pour m'informer que vous n'êtes pas membre de la Fédération Française des travailleurs du Livre  et que,pour ce motif, vous ne pourrez travailler à la « Rénovatrice » . Les statuts de notre société nous interdisant d'embaucher des ouvriers non syndiqués.

Je dois vous avouer, que lorsque vous m'avez adressé de Pamiers  une demande de travail,j'ai cru bien sincèrement,en répondant par une acceptation,que vous étiez syndiqué.Il  ne m'est pas venu à l'esprit de vous poser la question,vous ayant connu. ouvrier à la « Rénovatrice » et la clause de nos statuts  qui exigent l'emploi d’ouvriers syndiqués existant  aussi bien à l'époque qu’à  présent.

Personnellement, je n'ai rien à reprocher ni à votre conduite, ni à votre travail ,et si je m'en rapporte à ce que j'ai entendu dire,vous vous êtes conduit partout ou vous avez travaillé en bon camarade et ouvriers consciencieux.

Afin d'éviter un conflit avec le syndicat du Livre et pour nous conformer à nos statuts, je vous invite à demander votre adhésion à la 118e Section du Livre .

 Si, pour des raisons personnelles, vous ne croyez pas devoir vous soumettre à cette obligation, vous voudrez bien considérer, je vous prie, que vous cessez de faire partie de notre personnel à partir de fin décembre.

 Ne croyez là, je vous prie, aucune manifestation de mauvaise humeur de ma part,ni d'un mécontentement quelconque.

Recevez Monsieur ORLIAGUET, mes meilleurs cordialités.

Signé :MIREMONT.

 

 

 

COMMISSARIAT SPÉCIAL 

des Chemins de Fer du Midi et du Port

BAYONNE

N°57

Objet :Déclaration du sieur ORLIAGUET Ernest

 

L’an mil neuf cent dix huit

Le vingt huit décembre dix sept heures

Nous,Monicault,Georges,Commissaire Spécial des Devant Chemins de Fer du Midi et du Port de Bayonne,Officier de Police Judiciaire auxiliaire de Monsieur le Procureur de la République

Se présente M.Orliaguet Ernest,né à Saintes le 16 juillet 1871,sujet français demeurant à Bayonne maison Balangué qui nous fait la déclaration suivante :

Je réside dans la région depuis 10 ans. Mauléon,Hasarren et Bayonne .

À Mauléon. J'étais employé comme typographe à l'imprimerie CLED,puis j'ai installé une imprimerie à Hasparren.

J'ai travaillé ensuite à Versailles, imprimerie LECERF ;

A Paris,imprimerie PÉPIN et BROUARD , rue de la perle et imprimerie  de la Bourse du Commerce  rue Jean-Jacques Rousseau.

À Bordeaux, imprimerie PECHADE ,rue Margeaux ,DELMAS place St Christoly.

Je suis venu me fixer à Bayonne où j'ai trouvé un emploi à « La Rénovatrice »  quai Chaho.

Dans cette imprimerie dirigée par M.MIREMONT  on m’a tenu en suspicion parce que je n'étais pas syndiqué ; une campagne a été menée contre moi,parmi le personnel ,ar le sieur BRAU,,prote  gérant de journal « l'action syndicaliste « et le 29 novembre 1918, j'ai reçu de mon patron une lettre,par laquelle j'étais visé que si je ne m'affiliais  pas au » syndicat du livre » je n'appartiendrais plus au personnel de l'imprimerie à la date du 31 décembre 1918.

Cherchons alors à me créer une situation, j'ai adressé à des industriels une circulaire, dont je vous remets un exemplaire, par laquelle j'informais ceux-ci, que j'avais l'intention de créer un Bayonne, une imprimerie, et je leur faisais mes offres de service.

M.MIREMONT, ayant eu connaissance de cette circulaire, me congédiait le 18 décembre courant.

Vous remarquerez que dans ma circulaire, je fais allusion aux menées Bolchévistes  de la r »Rénovatrice »  et je m'appuie, pour faire semblable remarque, sur les conversations qui se tenaient journellement dans cette maison.

Plusieurs ouvriers reçoivent des journaux anarchistes, tels que le « Populaire » et "La Vague ».

BRAU est celui qui fait le plus de propagande socialiste ;. C’est un  défaitiste qui,en sa  double qualité de « secrétaire du syndicat du livre » et de « Président du Conseil des Prud'hommes, » reçoit journellement des ouvriers avec lesquels il a des conciliabules.

Il reçoit des circulaires de la CGT, il distribue les plus violentes et conserve celles qui  ont un caractère plus modéré.

Lecture faite persiste et signe.

Complément du blog

BRAU-MENJUCA Louis
https://maitron.fr/spip.php?article102249, notice BRAU-MENJUCA Louis
par J.-Cl. Paul Dejean,
version mise en ligne le 3 novembre 2010, dernière modification le 3 novembre 2010. 


https://earchives.le64.fr/archives-en-ligne/etat-civil-
Acte de naissance de BRAU-MENJUCA Pierre Jean Louis
Bayonne état civil naissances 1863-1873_Acte N°526 Vue 564/889

 


Source :
Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
Site de Pau
4 M Article 170 Police

 

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21 mai 2024

Enfant trouvé

 

Enfant trouvé

Procès-verbal

Marie Bxxx née le 19 janvier 1928

Les identités ont été volontairement masquées par l'auteur du blog 
 
 Le vingt janvier mil neuf cent vingt-huit,à huit heures,Fxxx Jean,né le quatre novembre mil huit cent soixante douze,cultivateur propriétaire de la maison Ithurbide d’Irissary où il est domicilié,nous a présenté un enfant du sexe féminin,nouvellement née,qu’il déclare avoir trouvé la veille,vers les vingt trois heures,devant la porte de sa maison.

L’enfant était bien constituée.Elle était enveloppée dans une serviette de table avec deux raies blancs à chaque extrémité,un linge blanc et une pèlerine tricotée en laine noire.Aucun de ces effets ne portait d’initiale.Quelques mots écrits en basque sur un morceau de papier trouvé à coté indiquant que l’enfant serait née vingt quatre auparavant,et cela semble résulter aussi de l’état du cordon ombilical et de l’examen de l’enfant.

Nous avons donné à cette enfant le prénom de Marie et le nom de Bxxx et l’avons remis aux époux Axxx Jean,propriétaire de la maison Béardia d’Irissary qui ont consenti à l’élever.

Dont procès-verbal dressé en présence de Jean Axxx qui a pris l’enfant,et Jean Dxxx instituteur honoraire domicilié à Irissary qui,lecture faite ,ont signé avec le déclarant  et nous Amédée Larre Maire d’Irissary.

Source:

Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque,
Annexe des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
39 Avenue Duvergier de Hauranne,

64100 Bayonne,

4 E article 273-11 Registres paroissiaux -État civil

1928 Acte N°3 

01 avril 2024

Dénonciation calomnieuse

N°395

Dénonciation calomnieuse

Audience publique de police Correctionnelle du Tribunal de Bayonne séant au Palais de Justice ,le neuf juin mil neuf cent quarante trois

Entre Monsieur le Procureur de la République d’une part et de l’autre :

Xxxx ,56 ans Secrétaire de Mairie à Macaye,né au dit lieu (…)

A l’audience publique du 19 mai 1943

La cause ayant été appelée.

Le Ministère Public a exposé que suivant ordonnance du juge d’instruction du siège,en date 17 avril 1943,le sus-nommé avait été renvoyé devant le tribunal correctionnel de céans,sous la prévention de dénonciation calomnieuse.

Qu’en conséquence,suivant exploit de Fagalde,huissier à Bayonne,en date du 14 mai 1943,enregistré,le prévenu avait été invité à comparaître à l’audience du dit jour,pour répondre du délit qui lui était reproché.

(…)

Et le prévenu a été interrogé

Le Greffier a tenu note des réponses du prévenu

Le Ministère Public a requis l’application de la loi

Me Harriague ,avocat a présenté la défense du prévenu

Et le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour le jugement être rendu à l’audience publique du 9 juin 1943

Advenu le dit jour,9 juin  1943

Le Tribunal,après en avoir délibéré a prononcé le jugement suivant :

Attendu qu’Xxxx secrétaire de Mairie à Macaye, prévenu d'avoir. le 29 août 1941, méchamment et de mauvaise foi,dénoncé par écrit,à l'Inspecteur d'académie de Mont de Marsan,des fautes professionnelles dont se serait rendu coupable le sieur Txxxassant. la fausseté de cette dénonciation résultant d’une décision ou même Inspecteur d’Académie ;

Attendu en fait que sous la date,à zzz,du 29 août 1941 une lettre missive était adressée à ce dernier,énonçant une série de griefs graves,au nombre de cinq,formulés à l’encontre du sieur Txxxxx instituteur intérimaire dans la commune.

Attendus que les huit signataires ou prétendus tels de la lettre dont il s’agit demandaient,en leur qualité de parents d’élèves,le déplacement de l’instituteur et ce,motif pris :

1° qu’il n'avait pas lu et commenté, comme il était tenu de le faire, au début de l'année scolaire, les déclarations du Maréchal Pétain, Chef de l'État Français.

2° qu'il n'avait pas hésité à user de sévices  vis-à-vis de certains jeunes garçons fréquentant l'école publique ;

3°que son enseignement laissait nettement à désirer et,fait encore plus grave ,il n’interdisait pas l'emploi de la langue basque durant les récréations ;

4° que son prestige auprès de ses élèves était sérieusement atteint parce qu'il s'adonnait à la boisson ;

5°que l’antipathie générale dont il était l'objet n'était pas la nature.à rehausser le prestige de l'école laïque ;

Attendu incontestablement que, si ces cinq griefs, ou même certains d'entr’ eux seulement ,avaient été reconnus fondés,ils auraient exposé le sieur Txxx, sinon à une  révocation, du moins à un changement de résidence,et en tout cas à  une répression administrative.

Or attendu que par lettre du 2 février  1943, l'Inspecteur d'Académie du département des Landes a fait  connaître au Procureur  de l'État Français à Bayonne,qu’au résultat d’une enquête administrative,dont il communiquait d’ailleurs  la copie des pièces,la plainte portée contre l’instituteur de Macaye  avait été classé sans suite, purement et simplement.

Attendu,il importe de le rappeler, que huit  signatures étaient apposées  au bas de cette plainte datée du 29 août 1941 ;

Attendu cependant que les 7 et 8 novembre de la même année,le sieur Txxxavait obtenu de sept des prétendus signataires,des déclarations écrites attestant qu’il s’agissait d’un faux ;

Attendu qu’interrogé,le secrétaire de mairie Xxxx,huitième signataire,reconnaît avoir rédigé spontanément la lettre missive incriminée,dans l’intention d’obtenir la destitution de l’instituteur ;qu’il ajoute,que non seulement il avait apposé sa propre signature,mais qu’il avait encore imité celles de sept autres habitants de la commune,ainsi que celle du Maire pour visa ;qu’afin il avait également apposé,sur la même lettre,le sceau de la Mairie ;

Attendu qu’il dut convenir,d’autre part qu’il ne possédait aucun papier émanant,soit du Maire,soit des personnes dont il avait imité la signature,l’autorisant à signer en leur lieu et place ;

Mais attendu que,le 27 février 1943,il remettait au Juge d’instruction,datée du 12 juillet 1941,une attestation des sept autres prétendus plaignants,aux termes de laquelle il recevait pleins pouvoirs pour formuler une pétition contre le sieur Txxx ;

Attendu qu’en cet état,le magistrat instructeur procéda à  l'audition des auteurs de l'attestation sus- visée.,lesquels déclarèrent l'avoir signé postérieurement au 29 août 1941,sans en lire son contenu,à la demande d’Xxxx.

(…)

Attendu en vérité que la seule question qui se pose est celle de savoir si les griefs signalés par le prévenu sont ou non fondés ;

Attendu qu’au résultat de l’enquête effectué par l’inspecteur primaire sus-nommé,l’Inspecteur d’Académie,Chef hiérarchique  de l’instituteur intérimaire Txxx,a estimé  devoir classer sans suite  la plainte dont il était saisi,encore que l’Inspecteur Primaire eut,pour sa part,admis

que,parmi les cinq griefs formulés,l’un d’entre eux fut recevable, celui relatif aux corrections que l’instituteur croyait devoir infliger aux enfants ;

Attendu qu'il n'appartient pas au tribunal d'apprécier le mérite du classement sans suite ,mais,qu’n toute hypothèse,il lui est permis de rappeler que l’inspecteur d’académie a témoigné ,en la circonstance ,d’une impartialité  et d’un esprit de bienveillance  auxquels Xxxx devrait être le premier à rendre hommage .

Attendu,par ailleurs ,qu’un doute ne peut subsister quant à la mauvaise foi du dénonciateur qui,vraisemblablement pour donner plus de poids à sa plainte,a apposé au bas de cette plainte plusieurs fausses signatures ;

Attendu ,en définitive,que les faits de la prévention sont nettement établis,mais qu’il convient de les sanctionner avec une indulgence relative,aussi bien dans un but d’apaisement que parce qu’ils constituent la manifestation ,évidement déplacée et quelque peu inconsciente,d’une mentalité de paysan rural,vivant dans la commune du pays basque qui passe,à tort ou à raison,pour la plus particulariste,sinon la plus arriérée de la région ;

Attendu en d’autres termes qu’Xxxx,au surplus père de huit enfants,doit être admis au bénéfice des circonstances atténuantes.Ne peut subsister quant à la mauvaise foi de l'initiateur qui vraisemblablement pour donner plus de poids à sa date.

(...)


Source :
Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque,
Annexe des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
39 Avenue Duvergier de Hauranne,
64100 Bayonne,

1027 W Article 253 Tribunal de Grande Instance de Bayonne

 

Complément  à propos de l'usage de la langue basque en 1943

"3°que son enseignement laissait nettement à désirer et,fait encore plus grave ,il n’interdisait pas l'emploi de la langue basque durant les récréations "

Jean-Pierre Ibarboure m'a fait part de l'existence dans les archives de la mairie d'Ascain,d'un brouillon d'avis qui était destiné à être lu en français et en basque aux habitants de la commune.(5 septembre 1943).