20 juillet 2017

Contre le Lapinisme

Fernand Elosu 
1913

Lapinisme:
Familier et ironique. Fécondité excessive (d'un couple, d'un peuple). Ils ont quatorze enfants, c'est du lapinisme!
© 2016 Dictionnaires Le Robert - Le Grand Robert de la langue française



Le ministre du travail M. Chéron, "travaille" très activement à faire repeupler la France par les autres. Car,soyez-en certain, il compte dans sa famille peu ou pas d’enfants, comme d’ailleurs tous les aristocrates  de la politique  ou de la finance. A très peu d’exception près ,les riches limitent très soigneusement  leur progéniture,abandonnant au prolétariat le soin de produire  même  les enfants et de perpétuer ainsi sa fonction de producteur dans tous les domaines (1).
"L'heure est grave déclare les bons bourgeois et répètent leurs salariés  de la presse. La France est perdue si  sa natalité ne se relève pas!"Et M.Chéron,le bon Terre-Neuve,se met en devoir  de sauver la France.Pour cela,un moyen,un seul,mais sublime! Offrir aux familles une prime de cinq francs pour tout enfant à partir du troisième .Et  vous allez voir tous les membres du gouvernement,le coq Barthou en tête,se mettre au travail avec leur épouse,ou celle des autres, afin de toucher la prime attribuée aux animaux reproducteurs.
Les prolétaires ne suivront pas l’exemple. Sans être ministre des finances, l’ouvrier sait compter et établir son budget. D’autre part, il n’est pas une brute inconsciente, comme les bourgeois l’imaginent. S’il a des enfants, il les veut bien nourris, bien soignés, instruits ; heureux enfin. Or, les vivres sont chers, les loyers hors de prix, les frais généraux d’existence très élevés. Et cet excellent  gouvernement républicain vient promette 70  francs par an pour un quatrième enfant qui coûte à sa famille au bas mot 365 francs.Il est difficile de se moquer plus agréablement du monde et de la République.
Cette offre dérisoire est un aveu. Elle marque la faillite lamentable du dogme patriotique et de toute la morale laïque capitaliste. Les tristes pantins appelés dirigeants ont voulu d’abord jouer du sentiment : la patrie est en danger, l’agriculture manque de bras, l’industrie périclite ! Ça n’a pas rendu. Populo rigolait et disait en haussant  les épaules:"Celui  qui a une patrie à défendre fera des soldats ; le propriétaire se débrouillera pour avoir du personnel ; les actionnaires et rentiers n’ont qu’à venir à l’usine pour relever la production ». Et Populo ne faisait pas d’enfants, imitant en cela les patriotes , les propriétaires et les financiers.
Après le lamentable fiasco  de leurs turlupinades,les pitres  du gouvernement change de tactique. Ils rengainent leurs vieux boniments et offrent  une carotte nouvelle bien fraîche, aux lapins de la repopulation. Même cette carotte est argentée pour paraitre  plus belle. Par malheur, l’ouvrier curieux a gratté, a  trouvé une très mince couche d'argenture et, dans cet alliage même, plus de plomb que d’argent. La mirifique prime n’était que de la monnaie de singe.
Messieurs les reproducteurs, c’est bien triste pour vous, mais il n’y a rien à faire. Ni par les mensonges ni par l’appât de quelques sous  vous ne parviendrez à troubler le peuple dans sa sérénité dépopulatrice. Car c’est sciemment que le prolétariat fait tous ses efforts pour restreindre  sa progéniture. Lorsque que des ouvriers, désireux d’augmenter le bien-être de leur famille et de mieux soigner leurs enfants ,se mettent en grève, que trouvent-ils en face d'eux pour faire échouer leur mouvement de justes  revendications ? Des chômeurs,des meurt-de- faim, toujours prêts à jouer le triste  rôle de jaunes.L' industrie ne manque pas de bras; elle en a trop à son service et en veut encore davantage. De même que le capitalisme a besoin de soldats pour réprimer les grèves violentes, il lui faut des sans-travail pour triompher des grèves des bras croisés. Des soldats pour fusiller,des jaunes pour trahir, voilà ce que les exploiteurs veulent faire des enfants du peuple.
Pour constituer cette armée du crime, la bourgeoisie ne peut plus  compter sur les ouvriers. La prime au lapinisme était sa dernière cartouche; elle a raté, car la poudre était falsifiée.La France va donc se dépeupler de plus en plus , jusqu’au jour où l’armée sera gagnée à la cause du peuple,c’est l’œuvre constante des antimilitaristes, et où la grève générale sera victorieuse, la classe ouvrière ne faisant plus de jaunes. Ce jour-là ce sera la Révolution triomphante, la disparition du salariat ,la fin de l’exploitation de l’homme par l’homme.
Amis ! La bourgeoisie s’émeut  elle entr'ouve en gémissant son  coffre fort ! C’est que nous sommes sur le bon chemin.Hardi les gars ! Plus que jamais soyons de parfaits antimilitaristes et d'excellents dépopulateurs.

F. Elosu,
Docteur médecin

(1) Nous rappelons pour mémoire qu’un de nos camarades, condamné naguère à Bayonne pour une brochure néo-malthusienne, comptait à lui seul le double d'enfants que le tribunal tout entier.Il en avait deux alors que les trois juges et le procureur s'étaient mis à quatre pour en faire un,bien mal foutu par exemple.

Source:
Article consultable en salle de lecture du Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64)
39 avenue Duvergier de Hauranne. 
64100Bayonne

Action syndicaliste
Organe mensuel de l’Union des syndicats des Basses-Pyrénées.
N°18 Septembre 1913
Cote :E dépôt Bayonne 7 F Art.3

Pour aller plus loin


A propos de Fernand Elosu
"le docteur Fernand Elosu (Bordeaux 1875–Bayonne 1941) fut le premier anarchiste d’Iparralde. Il pensait que les femmes avaient le droit d’accepter ou de refuser la maternité. Pacifiste, il connut la prison à plusieurs reprises .".Xipri Arbelbide
Le docteur Elosu fut interné à Gurs en juin et juillet 1940 en qualité d"indésirable.
 

17 juillet 2017

Voyage présidentiel à Bayonne

Action syndicaliste

Organe mensuel de l’Union des syndicats des Basses-Pyrénées.

N°18 Septembre 1913

Bureau:1,rue des Cordeliers.Bayonne


Voyage Présidentiel

Notre pitre national, à peine reposé des fatigues d'un grand voyage, va reprendre de nouveaux sa randonnée à travers la France, mais ce sera cette fois pour aller rendre une  visite de politesse au potentat d’Espagne.
Donc, Raymond Poincaré va diriger ses pas au-delà des Pyrénées. Mais avant de quitter le sol de sa douce patrie, le bon Lorrain "consent" à s’arrêter quelque heures dans cette bonne ville de Bayonne. Depuis que la nouvelle est officielle, les habitants ne se sentent plus de joie. D’aucuns attribuent le  sérénité  de la naiure, à cette bonne fortune. Ce n’est pas si invraisemblable que cela.
Il n’en faut pas plus pour provoquer un remue-ménage inaccoutumé chez les gens de l’administration et du "Governement". Pensez donc!
Les personnages officiels : préfet, sous-préfets, députés, sénateurs, maires, conseillers, etc. etc., font reteindre leurs écharpes surannées et repasser à neuf leurs vieilles redingotes poussiéreuses et râpées. Les uns répètent assidûment chaque soir, le discours  qu'ils devront ânonner; les autres, au rôle plus effacé,se contentent  de prendre des leçons de plastique chez les naturiens, afin d’avoir une tenue convenable  devant le chef de l’État.
Il n’est pas jusqu’à nos  fonctionnaires, employés municipaux,qui, eux aussi, manifestent  le désir d’être de la fête. Mais comme leur garde-robe est aussi modeste que leur budget, ils ne font pas grand frais pour soigner leur tenue.
En revanche, ils vocalisent  à qui mieux mieux sur tous les tons et demis-tons de la gamme le refrain du jour : « Vive M. Poincaré ! Vive la France ! Vive la République ! "
Ça ça va être rigolo....
Seulement, que va-t-on bien faire voir de beau et d'original à Monmon? On ne pourra pas renouveler la scène des truffes  parce que les seuls cochons qu'il aura mangeront les  savoureux ascomycètes au  banquet présidentiel même ....Ah!mais j'y  pense,on lui fera gouter du Jean-Jean, du jambon,du bon jambon de Bayonne. Ça sera toujours de la cochonnerie. Poincaré aime ça !
Et puis, il y aura des chanteurs, de la musique, les rues seront décorées, les maisons pavoisées. Il y aura aussi Populo, ce bon chien  qui montre souvent les dents mais ne mord jamais.Il  oubliera devant cet apparat,que  c’est lui qui paie les voyages et et les gueuletons  de toute la clique qu’il acclame au passage. Bast! Il serrera la ceinture d’un cran de plus.
Qu’il est bête le populo !
Quand donc s’apercevra-il qu’il qu’il est berné par les jean-foutre de la politique ! Le jour où il verra clair, il n'ira plus acclamer  les polichinelles qui se gaussent de lui ,et d’un geste peu gracieux,Populo leur foutra son pied au cul ....
Mais quand donc, bon Dieu!

CADRATIN


Article consultable en salle de lecture du Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64)
39 avenue Duvergier de Hauranne. 
64100Bayonne
E dépôt Bayonne 7 F Art.3

13 juillet 2017

L'ingénieur de la ville de Bayonne sollicite la mémoire d'un ancien chef cantonnier,à la retraite

19 Janvier 1931
Monsieur Jxxxxxx
Ancien chef-Cantonnier
Maison "L'Enclos"
ST.JEAN.DE.MARSAC (Landes)

Monsieur,

"Pour répondre à une question qui m'est actuellement posée par la municipalité,je vous serais obligé de bien vouloir me faire connaitre si vous vous rappelez dans quelles conditions a été construites,aux Allées marines,la petite baraque occupée par la buvette.

Je n'ai pu,dans les archives du Service de la Voirie,trouver aucun renseignement concernant l'établissement de cet édicule.Si vous pouviez m'indiquer à quelle époque et par qui il a été construit,mes recherches en seraient facilitées.
Je vous en remercie d'avance,et vous prie de croire à mes sentiments dévoués.

P.S-Ci-joint une enveloppe timbrée pour la réponse."

St Jean de Marsacq le 21 janvier 1931
"A Monsieur l'Ingénieur de la Ville de Bayonne

Monsieur l'Ingénieur

Je répond à votre lettre du 20 courant qu'elle me demande des renseignements de la buvette adossée au magasin à outillage de la voirie de Bayonne à l'entrée des Allées Marines.
Voici quelques explications que je peu vous donner.Cette buvette existait de puis très longtemps a une trentaine de mètres a l'est du dit magasin a l'endroit ou l'on a placé la voie de raccordement qui va jusqu'à la place d'Armes *.
Au moment de la pose de la voie elle a été déplacée je crois d'en etre sur pa Mr Laffuste Entrepreneur environt 1910 pour le compte de la tenancière je suis sur et certain que se déplacement a été fait par cimple tolérance des services du Port de la Compagnie du midi et du Conseil Municipal parce que je ne suis jamais été appelé à faire aucun rapport sur se cas.
C'est tous les renseignements que je peu vous donner.
Veuillez agréer mes sincères salutations.
J......."





*Place d'armes,aujourd'hui parking Charles de Gaulle,derrière la mairie de Bayonne


Source:
Document consultable en salle de lecture du Pôle d'archives de Bayonne et du Pays Basque 
Cote: E Dépôt Bayonne 1 O Art 15 -2

10 juillet 2017

Manifestation gueularde à Mauléon


Mauléon , le 4 aout 1936.Une lettre dactylographiée ,signée par un groupe de "Mauléonais excellents patriotes" _sans autres précisions_ a été adressée au préfet des Basses-Pyrénées à Pau.

 

"Monsieur le Préfet,
La situation des Industriels et bourgeois de Mauléon est devenue trop critique ,et les dangers que courent ces citoyens français trop menaçants,pour que vous ne soyez pas éclairé.
Cette cité jusqu'à ces dernières années était prisée par les étrangers tant y était complète la tranquillité.Aujourd'hui,la capitale de la Soule subit une transformation qui la trouble à une vitesse exagérée,pour ne pas dire inquiétante.La masse ouvrière composée surtout d'Espagnols est mené par des éléments extrémistes et l'industrie de la sandale blessée à mort car de jour en jour les rapports entre le Capital et la production deviennent plus difficiles.
Une cellule communiste s'y est installée et le maire de TARNOS en "villégiature" dans notre cité depuis près de deux mois,pouvait se vanter dimanche dernier au banquet communiste de GARAÏBY d'avoir enrôlé 80 jeunes gens sous la bannière du marteau et de la faucille depuis son arrivée au pays basque.Des réunions ont lieu tous les soirs à la HAUTE VILLE et nombreux sont et orateurs et auditeurs.A l'issue de ces réunions qui se prolongent tard dans la nuit,les éléments espagnols se joignant aux français pour effectuer plusieurs fois le tour de ville ,hurlant l'internationale (version française et espagnole).Ils se livrent à cette manifestation gueularde d'autant plus aisément que la rue à cette heure là leur appartient,la police municipale n'existant pas et la gendarmerie n'ayant pas d'ordres pour patrouiller dans la ville.Voilà où nous en sommes,Monsieur le Préfet,et ce mouvement n'est qu'en gestation.
Des renforts sont venus d'Espagne,ces temps derniers,car ses "réfugiés politiques" puisque tel est le qualificatif officiel qu'il sied de leur donner,ne se contentant pas de jouir en paix d'une large hospitalité et de remplir envers cette dernière les devoirs qu'elle leur impose,non:ils font mieux.Se retrouvent dans leur élément "frente popular" ils poussent leur cynisme jusqu'à prendre part au défilé nocturne et au chant qui le scande.Nous apprenons avec soulagement qu'ils sont priés de repartir pour l'Espagne de Don Quichotte ou de s'enfoncer davantage dans les terres françaises:Tant mieux.
Bref,le malaise qui grandit de jour en jour gagne tous les esprits.On craint l'émeute,la discrétion manquant à ceux qui en assument les préparatifs.L'un des chefs est un armurier qui,chassé d'un gros bourg basque,assure à tous ses partisans la distribution d'armes et munitions pour le "Grand Soir" C'est charmant pour les autres !
Non,Monsieur le Préfet,il est temps que cette situation cesse;et que l'air redevienne respirable dans Mauléon.Sinon,les esprits continueront de s'échauffer,des frictions auront lieu entre "blancs et rouges" et l'intervention tardive de ceux qui doivent assurer l'ordre aura été la cause d'incidents regrettables.
Nous comptons absolument sur votre énergie et votre autorité pour améliorer cet état des choses et assurer la sécurité des Mauléonais qui vivent des heures inquiètes ,se rendent compte que Mauléon pourrait être bien le point de départ du Mouvement dont vous devez être au courant.
Veuillez agréer,Monsieur le Préfet,nos meilleures salutations,et l'expression de nos sentiments les plus distingués.
Un groupe de Mauléonais excellents patriotes"

Archive consultable en salle de lecture à Pau des AD 64
Cote 1 M Art.78
Administration Générale du département
Année 1936


06 juillet 2017

Interdiction des Clubs et des Réunions politiques

Interdiction des Clubs et des Réunions politiques

Pau,le 21 septembre 1850 

NOUS,PRÉFET DES BASSES- PYRÉNÉES

Vu la loi du 19 juin 1849,qui autorise le gouvernement,pendant l'année qui suivra la promulgation de ladite loi,à interdire les clubs et autres réunions publiques qui seraient de nature à compromettre la sécurité publique;
Vu la circulaire de M.le Ministre de l'intérieur,en date du 24 juin 1849;
Vu la loi du 6 juin 1850,qui proroge celle du 19 juin 1849 jusqu'au 22 juin 1851;

ARRÊTONS:

ARTICLE PREMIER
Les clubs et réunions publiques où seraient discutées les affaires politiques où lus à haute voix les journaux  politiques,sont interdits dans le département des Basses-Pyrénées.

ARTICLE 2
Sont également interdits,les banquets et autres réunions accidentelles ou permanentes qui pourraient compromettre la tranquillité publique.

ARTICLE 3
MM.les Sous-préfets et Maires du département,le Commandant de la gendarmerie et les Commissaires de police,sont chargés d'assurer l’exécution du présent arrêté,qui sera affiché dans toutes les communes du département.

Pau,le 21 septembre 1850
Jules Cambacérès

République Française
Recueil des actes administratifs
Année 1850
Pages 333 à 334
Collection particulière
 

04 juillet 2017

Colonies agricoles de l’Algérie

Algérie._Colonies agricoles

Pau, le 21 aout 1850

A Messieurs les Sous-préfets et les Maires du département.
L’orthographe de l’époque a été respectée
Messieurs,

Par sa circulaire du 12 de ce mois, M. le Ministre de l’intérieur m’informe que la commission instituée d’après le décret de l’Assemblée constituante du 19 septembre 1848, pour désigner les colons qui doivent être admis dans les colonies agricoles de l’Algérie, a cessé d’exister par suite de la promulgation de la loi du 20 juillet dernier, et que ses fonctions, aux termes de l’article 2 de cette loi, sont dévolues aux conseils de préfecture des départemens.
Rien n’est changé au règlement sur la colonisation de l’Algérie, arrêté par M. le Ministre de la guerre, le 27 septembre 1848 ; les colons destinés à compléter la population des villages agricoles fondés en 1848, doivent être exclusivement choisis parmi les anciens militaires et les cultivateurs. Ces derniers doivent être mariés.
Le règlement dont je viens de parler est inséré dans le Recueil des Actes Administratifs de cette Préfecture de l’année 1849, n°3, page 13 et suivantes ; à la suite se trouvent les modèles de dossier (n.°1er) et d’un certificat d’aptitude physique à délivrer  par les maires aux citoyens qui demanderont à être  admis comme concessionnaires. Les demandes me seront transmises pour l’arrondissement de Pau, par les Maires, et pour les autres arrondissemens par les Sous-préfets qui, pour éviter tout retard, s’assureront que les dossiers sont complets.
Quant aux avantages auxquels ont droit les colons, ils consistent dans :
1° Le passage gratuit de France en Algérie et le transport des effets appartenant aux émigrants ; le secours de route pourra en outre leur être accordé.
2° La concession gratuite d’une maison en maçonnerie composée de deux pièces.
3° La concession d’une étendue de terres cultivables en rapport avec le nombre des membres de la famille (de 2 à 10 ha).
4° Le don des bestiaux, d’instrumens aratoires ara toi, de semences et de plants d’arbres.
5° Enfin, dans l’allocation de la ration de vivres à tous les membres de la famille, à partir de l’installation jusqu’au 31 décembre 1851, époque où doivent cesser toutes les subventions de L’État.

Les nouveaux émigrants seront pris principalement dans les départemens du Midi où le climat et le genre de culture se rapprochent le plus du climat et de l’agriculture de l’Algérie. À égalité de chances, la préférence sera donnée aux familles qui ont des enfans déjà en âge de travailler, ainsi qu’à celles qui pourront justifier de quelques ressources.
Le nombre de colons à placer sera extrêmement limité, M. le Ministre me dit qu’il ne dépassera pas très-probablement un chiffre de 5 à 600 concessionnaires.
Les émigrans devant être rendus sur les lieux au plus tard à la fin d’octobre prochain, il est indispensable que les demandes d’admission me parviennent promptement, afin que je les transmette avec l’avis du conseil de préfecture à M. le Ministre de la guerre.
Toutefois, les maires préviendront les pétitionnaires qu’ils devront, tant qu’ils n’auront pas reçu d’avis  de leur admission , se garder de faire des préparatifs de départ, de vendre leur mobilier, de résilier leurs engagemens de tout genre, attendu que l’administration ne peut s’engager à faire droit à toutes les demandes. Du reste, des avertissements très positifs seront donnés, sous ce rapport aux intéressés.
J’invite MM. les Maires, à donner  la plus grande publicité aux dispositions que renferme cette lettre.
Agréez, Messieurs, l’expression de mes sentimens les plus distingués,

Jules Cambacerès 

Source :
République Française
Recueil des actes administratifs
Année 1850
Pages 334 à 336
Collection particulière