Action syndicaliste
Organe mensuel de l’Union des syndicats des Basses-Pyrénées.
N°18 Septembre 1913
Bureau:1,rue des Cordeliers.Bayonne
Voyage Présidentiel
Notre pitre national, à peine reposé des fatigues d'un grand voyage, va reprendre de nouveaux sa randonnée à travers la France, mais ce sera cette fois pour aller rendre une visite de politesse au potentat d’Espagne.Donc, Raymond Poincaré va diriger ses pas au-delà des Pyrénées. Mais avant de quitter le sol de sa douce patrie, le bon Lorrain "consent" à s’arrêter quelque heures dans cette bonne ville de Bayonne. Depuis que la nouvelle est officielle, les habitants ne se sentent plus de joie. D’aucuns attribuent le sérénité de la naiure, à cette bonne fortune. Ce n’est pas si invraisemblable que cela.
Il n’en faut pas plus pour provoquer un remue-ménage inaccoutumé chez les gens de l’administration et du "Governement". Pensez donc!
Les personnages officiels : préfet, sous-préfets, députés, sénateurs, maires, conseillers, etc. etc., font reteindre leurs écharpes surannées et repasser à neuf leurs vieilles redingotes poussiéreuses et râpées. Les uns répètent assidûment chaque soir, le discours qu'ils devront ânonner; les autres, au rôle plus effacé,se contentent de prendre des leçons de plastique chez les naturiens, afin d’avoir une tenue convenable devant le chef de l’État.
Il n’est pas jusqu’à nos fonctionnaires, employés municipaux,qui, eux aussi, manifestent le désir d’être de la fête. Mais comme leur garde-robe est aussi modeste que leur budget, ils ne font pas grand frais pour soigner leur tenue.
En revanche, ils vocalisent à qui mieux mieux sur tous les tons et demis-tons de la gamme le refrain du jour : « Vive M. Poincaré ! Vive la France ! Vive la République ! "
Ça ça va être rigolo....
Seulement, que va-t-on bien faire voir de beau et d'original à Monmon? On ne pourra pas renouveler la scène des truffes parce que les seuls cochons qu'il aura mangeront les savoureux ascomycètes au banquet présidentiel même ....Ah!mais j'y pense,on lui fera gouter du Jean-Jean, du jambon,du bon jambon de Bayonne. Ça sera toujours de la cochonnerie. Poincaré aime ça !
Et puis, il y aura des chanteurs, de la musique, les rues seront décorées, les maisons pavoisées. Il y aura aussi Populo, ce bon chien qui montre souvent les dents mais ne mord jamais.Il oubliera devant cet apparat,que c’est lui qui paie les voyages et et les gueuletons de toute la clique qu’il acclame au passage. Bast! Il serrera la ceinture d’un cran de plus.
Qu’il est bête le populo !
Quand donc s’apercevra-il qu’il qu’il est berné par les jean-foutre de la politique ! Le jour où il verra clair, il n'ira plus acclamer les polichinelles qui se gaussent de lui ,et d’un geste peu gracieux,Populo leur foutra son pied au cul ....
Mais quand donc, bon Dieu!
CADRATIN
Article consultable en salle de lecture du Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64)
39 avenue Duvergier de Hauranne.
64100Bayonne
E dépôt Bayonne 7 F Art.3