28 juin 2024

René Piet,faux policier ...

 1943

Audience publique de police Correctionnelle du Tribunal de Bayonne séant au Palais de Justice le dix neuf mai mil neuf cent quarante trois

Entre Monsieur le Procureur de la République d’une part :

Et de l’autre

PIET René Ernest Julien,44 ans,s.p. à Bidart,maison « Amoenia »,né à Orléans le 23 janvier 1899 de Charles Albert et de Philomène André

Libre,défaillant

Défaut

La cause ayant été appelée.Le Ministère Public a exposé que

Suivant exploit de Dagorret,huissier à St-Jean-de-Luz,en date du 15 mai 1943,enregistré,le sus-nommé avait été cité à comparaitre devant le tribunal correctionnel de séans,ce jour,sous la prévention d’outrages à gendarmes.

Et le prévenu a fait défaut.

Le Ministère Public a requis l’application de la loi.

Le Tribunal,après en avoir délibéré a prononcé le jugement suivant :

Attendu que Piet René,contre lequel il y a lieu de statuer par défaut,est prévenu  d’avoir,le 29 avril 1943,à Bidart,outragé par paroles les Gendarmes Lazorbes et Chapot,de la Brigade de Biarritz,chargés de procéder à son arrestation,en leur disant : "Vous,Gendarmes Français,vous voulez me conduire à la Fefgendarmerie de Bayonne.Vous êtes encore trop jeunes.Je suis Allemand et Policier Allemand.Je n’ai pas à vous obéir.J’emmerde (sic) la Police Française et toutes les Feldgendarmeries de Bayonne » ;

 

Attendu qu’il y a lieu de faire au sus-nommé,déjà titulaire de nombreuses condamnations correctionnelles,une stricte application de l’article 224 du Code Pénal ;

Par ces motifs,le Tribunal,oui le Ministère Public dans son réquisitoire,et donne défaut contre le prévenu faute par lui d’avoir comparu,le déclare coupable  du délit (…)

Le condamne à un mois de prison (…)

Présents Messieurs Darmaillacq Vice Président ;Brachet ,Juge,Costes Juge,Duplantier,substitut du Procureur de la République et Sicre commis greffier.

Source :AD 64

1027 W article 253 Tribunal de Grande Instance de Bayonne

 

Maison « Amoenia » Bidart

En  1942,cette maison abritait notamment  Bertrand Denis Elissalde,né le 23 avril 1921 à Bidart,fils de Jean-Baptiste Elissalde surnommé le manchot et de Cassassus Catherine (Clarisse).Il s'est mis au service de la douane allemande.A ce sujet,quelle ne fut pas la stupéfaction d'un agriculteur des environs de Bidart,d'entendre dans la cour de sa ferme,un individu revêtu de l'uniforme de la douane allemande s'exprimer en basque .Il s'agissait de Bertrand Denis Elissalde.Il sera condamné par contumace à la peine de mort,le 27 mars 1946 par la Cour de Justice des Basses-Pyrénées.

Il a épousé  Helga Kxxxx native de Luttringhausen (Allemagne) et a travaillé dans une bijouterie à Cologne.Il est décédé le 5 novembre 2004 au centre hospitalier de Dax.


Sources:
AD 64 Bayonne E Dépôt Bidart 1 F 3 _1942 Liste nominative
AD 64 Pau 30 W 47 Cour de justice des Basses-Pyrénées .
Mairie de Dax
Fichier des décès INSEE
Témoignage oral d'une personne native de Bidart,que je remercie vivement

Registre d’écrou 

Bayonne Château-Neuf

 

N°1010

Piet René

Fils de feu Charles

Et de André Philomène

Né à Orléans le 23.1.99

Demeurant à Bidart

Profession :Chef de Chantier

Entré à Bayonne le 10.09.43

Conduit par la Feldgendarmerie de Bayonne

Par jugement du tribunal militaire de Mont-de-Marsan en date du 26 aout 1943

Le nommé Piet René (...)

Déclaré coupable de port d’arme

A été condamné à la peine de 6 mois

Peine subie

Libéré le 26.10.1943

Se retire à Reims 28 rue du Ruisselet

Source :AD 64 _1338 W article 44 Maison d’arrêt de Bayonne

 

Antécédents judiciaires et condamnations.

 Fiche matricule militaire

https://archives.paris.fr/
Accueil > Archives numérisées > Sources généalogiques complémentaires > Recrutement militaire de la Seine > Registres matricules du recrutement (1887-1921)
 
Piet , René Ernest Julien , 
Classe 1919 
1 er bureau de recrutement
Matricule 4985  
Cote D4R1 2100 
3 vues 

Un faux policier

1926

Ernest René Julien Piet,27 ans, voyageur de commerce à Longwy,alla trouver un jour Mme Marie Thibaut,41 ans,fille de salle,et lui demanda de le conduire dans la chambre qu’elle occupait. »Je suis de la police secrète et j’ai quelque chose de très sérieux à vous dire »expliqua-t-il.

Arrivé chez cette personne il lui fit des propositions sur la nature desquelles nous n’insisterons pas et comme il n’obtenait aucun succès il s’empara d’une montre qui se trouvait sur la table.Mme Thibaut la lui ayant réclamée,il la lança sur la table et s’en alla.

Le tribunal de Briey avait condamné à six mois de prison pour vol et usurpation de fonctions.La Cour lui a accordé le bénéfice de la loi de sursis.

Source :L’Est Républicain vendredi 5 mars 1926 troisième page

 

 Cour de Justice de la Marne

Par arrêt de la cour de justice de la Marne,première chambre,en date du 21 décembre 1945,le nommé Piet (René-Ernest-Julien),né à Orléans ,arrondissement dudit (Loiret),le 23 juin 1899,fils de Charles et d’André (Philomène),électricien,demeurant en dernier lieu 38,rue du Ruisselet,à Reims,actuellement sans domicile connu ,a été condamné par contumace à la confiscation de la totalité de ses biens présents et à venir,meubles,immeubles,divis ou indivis,de quelque nature qu’ils soient,pour activité antifrançaise.

Source :Journal Officiel de la République Française 17 mars 1948 page 2739  3 eme colonne droite

 

 Complément du blog

Piet René est décédé à Versailles le 27 mai 1946

Sources: AD 78
Versailles (Yvelines, France), TD, 1943 - 1952, 4E 9181 Vue 164/206
 
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Versailles  9Q6 685 Tables alphabétiques des successions et absences 1945-1946
Vue 159/200 N° d'ordre 131




                     

22 juin 2024

Quelques éléments sur le commissaire de police Pierre Larrieux fusillé le 19 août 1946

Quelques éléments sur le commissaire de police 

Pierre Larrieux 

fusillé le 19 août 1946

 

 La Gazette, quotidien basque,rapportait dans son édition du samedi 14 février 1942

« Nous apprenons avec plaisir la nomination comme inspecteur de la Police Nationale à Nantes,de M.Pierre Larrieux fils de M.et Mme Gaston Larrieux bien sympathiquement connus à Biarritz.Nous lui adressons ainsi qu’à sa famille nos sincères félicitations. »

Dans ce même quotidien,à la date du mercredi 5 avril 1944,on pouvait lire sous le titre Convoi  Funèbre,Mme Gaston Larrieu _sans x final_ ;le Commissaire Pierre Larrieux  de la Direction Générale de la Police Nationale etc

 Fin  juin début juillet 1946,dans le cadre du procès de  plusieurs policiers du Service de Police anticommuniste (SPAC) devant la Cour de Justice de la Seine,le commissaire Pierre Larrieux a été exposé à plusieurs reprises dans les pages de la presse quotidienne nationale.Condamné à mort,il a été fusillé le 19 aout 1946 au fort de  Montrouge situé sur la commune d’Arcueil dans le Val-de-Marne.

 

Cimetière parisien de Thiais (94)

On trouve la trace de Pierre Larrieux dans les archives en ligne des inhumation de la ville de Paris.En effet,plusieurs condamnés à mort,ont été dans un premier temps inhumés au cimetière parisien de Thiais,près de Rungis et d’Orly.

AD 75 en ligne

Accueil > Archives numérisées > Sources généalogiques complémentaires > Cimetières et pompes funèbres>

Cimetière de Thiais

Registre journalier d’inhumation

AD 75 _1946 1946 THI_RJI9461947_01

Vues 16 et 17/31

Août 1946 ,

319 Tomassaint ? Fusillé

320 Miller ?

321 Fourcade ?Fusillé

322 Dumontel-

323 Dubuc-

324 Detemar_sic_-

325 Larrieux-

 

Cimetière de Thiais

Répertoire annuel d’inhumation

1946 1947 THI_RA19461947_01

Vue 22/31 N° d’ordre 325 -Larrieux ?Transféré à Biarritz 20.08.51

 

Renseignements d’état civil

Les Archives départementales de l’Allier conservent une liste dactylographiée des membres de la Brigade Poinsot à Vichy .Il est indiqué : Larrieux Pierre né le 18/10/17 à Thétieux _sic_ (Landes).

L’acte de naissance correspondant est visible depuis le site internet des Archives départementales des Landes ; Téthieu naissances 1910-1921 4E 315/33 _Acte N°8 Vue 42/63

« A Téthieu  le dix huit octobre mil neuf cent dix sept à six heures du soir,est né au lieu dit école des garçons,Pierre Jean Georges du sexe masculin

 de Simon Gaston Larrieux trente huit ans employé de commerce

et de Georgette Jeanne Darrigade trente ans  sans profession (…) »

En mention marginale : »Décédé à Arcueil ,Seine,le 19 août 1946.Dont mention 30.8.46 »

 

Parcours à Biarritz et Bayonne

Il a fréquenté  l’école Jules Ferry à Biarritz jusqu’à l’age de 12 ans,puis le lycée  national de Bayonne _aujourd’hui collège Marracq _ de 1929 à 1937.Au fil des  distributions annuelles des prix,Pierre Larrieux a été souvent classé parmi les meilleurs élèves :tableau d’honneur,langue française,thème latin, mathématiques,histoire et géographie etc.Il a obtenu à Bordeaux le diplôme de bachelier série philosophie ,à la la session d’octobre 1936 .Il a été maître  d’internat au lycée de Bayonne d’octobre 1937 à fin  octobre 1941. Il a été admis à la Société des Sciences Lettres et Arts de Bayonne (séance du 3 juin 1940) et a pratiqué le rugby et la pelote basque.

Il a exercé les fonctions de contrôleur mobile du Secrétariat d’État au Ravitaillement à Bayonne du  5 novembre 1941 au 13 février 1942


Le préfet à Pau,précise sur une fiche de renseignements du 24 novembre 1941qu'il n'a jamais fait de politique,toutefois s’est occupé des œuvres sociales du Parti Social Français. Entièrement acquis à la politique du Maréchal Pétain.

 

Dans la police

Nommé inspecteur stagiaire de la Police Nationale,au service des Renseignements Généraux à Nantes à compter du 16 février 1942.

Le 21 juillet 1942 à Nantes,il prête serment : "Je jure fidélité à la personne du chef de l’État,et m’engage à exercer mes fonctions pour le bien de l’État,selon les lois de l’honneur et de la probité"

Dans le cadre de la notation,le Préfet Régional indique:"Inspecteur du Commissariat des Renseignements Généraux de Nantes, détaché à la Section anti-communiste de la 4 e Brigade de Police Judiciaire, fonctionnaire courageux,doué de solides qualités professionnelles,à suivre et à récompenser pour son dévouement,son zèle et sa valeur .(Angers 28 septembre 1942).A noter qu'à cette époque ,le préfet du département de Maine-et-Loire est Pierre Daguerre,ancien sous-préfet de l’arrondissement de Bayonne .Connaissait-il personnellement Pierre Larrieux ?En l’état des recherches,aucun élément ne permet de l’établir.

Sur proposition de René Bousquet, Conseiller d’État Secrétaire Général de la Police, Larrieux est nommé Commissaire stagiaire à compter du 1 er novembre 1943,soit seulement 20 mois après son entrée dans la police.

Chef de la Délégation Régionale des Renseignements Généraux à Poitiers,à compter du 26 juin 1944

Affecté provisoirement à la Direction des R.G. à Vichy ,le 11 août 1944 où  il est resté jusqu’au 26  août date de son arrestation.

Détenu successivement au Centre du Concours Hippique à Vichy,Maison d’arrêt de Poitiers,Prison de Fresnes (94)

Suspendu de ses fonctions  le 1 er septembre 1944.

L’arrêté de  révocation du 10 mars 1945 est ainsi motivé ,

Considérant que M.Larrieux,Pierre, (…)  
A appartenu à la section spéciale de la répression des menées dites
« Antinationales »,dirigée par DETMAR,et ainsi,a favorisé les entreprises de l’ennemi,

A obtenu,en récompense de son zèle,deux avancement exceptionnels,en Novembre 1943 et Juin 1944,tirant ainsi un bénéfice matériel direct de l’application de règlements du prétendu gouvernement de Vichy


Les opérations de police

Vienne,Loire-Inférieure ,Ille-et-Vilaine,Seine,Haute-Savoie,

Je n'ai pas examiné les archives se rapportant aux différentes opérations  de police dans lesquelles Pierre Larrieux a été impliquées.Retenons toutefois;

Poitiers :L’affaire Louis Renard

Le réseau Louis Renard : historique. Article mis en ligne le 7 juillet 2018
et rédigé par : Jean-Henri Calmon. https://www.vrid-memorial.com/le-reseau-louis-renard-historique/

 

Nantes  

Communication de Franck Liaigre docteur en histoire

La lutte armée en Loire-Inférieure :
la résistance et la chute des groupes armés du Parti communiste clandestin

https://resistance-44.fr/journee-detude-les-proces-des-42-et-des-16-nantes-4-fevrier-2023/

"Il y a là également l’inspecteur Pierre Larrieu, le pire tortionnaire du SPAC-SRMAN, une police parallèle qui intervient à Nantes à la demande du préfet Dupart.

Son moyen d’action : la torture pour obtenir des « aveux ». L’aveu : « la reine des preuves » ! La violence exercée par le SPAC-SRMAN comprend trois phases : après la gifle puis le passage à tabac, c’est l’utilisation du nerf de bœuf. Ce qui explique que des « combattants d’un courage inouï » finissent par livrer des informations

 

Louvigné du Désert (Ille et Vilaine) 1943,


Annecy début 1944
Voir le livre de Jacques Dallest « L’’Epuration une histoire interdite » pages 77 à 79

 

Bayonne

Bien que n’ayant exercé aucune fonction policière à Biarritz-Bayonne,il aurait été fin mai début juin 1944 en relation avec Emile Roubertie ,procureur de la République de Bayonne, à propos du policier résistant André Jeanne Bouillar dit Dédé le basque.Ce point sera prochainement abordé dans un article du blog.

 

La défense du prévenu Pierre Larrieux

L’obéissance aux ordres

« (…)

Durant mon  séjour dans la police, je reconnais avoir traité des affaires à caractère politique,mais essentiellement des affaires communistes, sauf l'affaire Renard  que j'ai faîte durant mon séjour à la brigade d'Angers. Cette dernière affaire  était en effet purement gaulliste,et je n’y suis intervenu que comme enquêteur secondaire puisqu’elle était commencée  lorsqu'elle me fut confiée et qu’elle était dirigée par le Commissaire Principal Fritz,en exécution des ordres de M.Legay,alors Préfet délégué auprès du Secrétaire Général pour la Police dans les territoires occupés.

Je reconnais avoir toujours travaillé  activement en matière de répression politique mais ce fut  toujours une exécution des ordres que je recevais de mes supérieurs.J’attribue de toute évidence mon avancement à mon rendement de travail.

Je tiens d’ailleurs à déclarer que mon activité n’aurait pas été moindre si j’avais été affecté à un service de répression de droit commun.

S.I.J'affirme avoir toujours différé les inculpés politiques que j'ai arrêtés aux autorités françaises,et n’avoir jamais travaillé en collaboration directe avec les Allemands.

S.I. Je reconnais avoir, lors des interrogatoires que j’effectuais  en matière politique, parfois tolérée, que des prévenus soient frappés.

Je tiens à vous signaler que j'estime m'être toujours comporté un policier non en partisan..

Source :A.N.19790846/216  Procès Verbal 9 mars 1945 Poitiers

 

Indulgences

 « Je dois vous dire que lors des opérations effectuées en Savoie,le service a procédé à l’arrestation d’un alsacien nommé GRESSEL et d’un de ses camarades nommé  TERCE qui faisaient partie de la police du »maquis ». Pour éviter la mort de GRESSEL j’ai déchiré la procédure de ces deux personnes  qui nous ont suivi à notre retour à Paris où elles ont perçu de l’argent pour vivre quelques jours.Il était convenu qu’elles devaient se rendre au Centre de Réeducation professionnelle de la Marine à La Rochelle et,à cet effet,elles ont été mises en liberté.J’ai appris que ces deux hommes n’avaient pas rejoint le centre et je pense qu’ils ont repris le « maquis ».

 

Un nommé CHAPPAZ,fermier dans les environs d’Annecy,chez lequel il avait été découvert 600 kgs d’explosifs avait été arrêté. Je n’ai établi aucune procédure pour lui et il a été relâché quelques jours plus tard.

Un sieur ARMATAFFET,Maire d’un petit village des environs d’Annecy avait également été arrêté Il tenait un café où des policiers allemands avaient été assassinés.Au cours de son interrogatoire j’ai évité de lui faire dire ce qui s’était passé chez lui et de ce fait il a pu être remis en liberté.

Je me souviens qu’en Aout dernier les allemands et la Milice devaient procéder à l’arrestation de M.HARZIC,Commissaire Principal ,Chef de la Brigade Mobile de Poitiers,qui avait été contacté par la résistance.Je me suis rendu à la police allemande de Poitiers et au siège de la Milice,en disant que cette affaire m’intéressait et j’ai réussi que ce soit moi qui procède à l’audition du détenu qui était susceptible d’avoir dénoncé M.HARZIC.Mon intervention a eu pour but de gagner du temps ce qui a empêché l’arrestation du Commissaire Principal HARZIC.

Source :AD 63  107 W Article 321 Procès-Verbal d’audition  du 30 septembre 1944  de Pierre Larrieux détenu au Centre du Concours Hippique à Vichy

 

Le procès des policiers

Du  Service de Police Anti Communiste

devenu Service de Répression des Menées Antinationales

Sélection d'articles de presse

La Croix,20 juin 1946

Arrestations et condamnations

(…)

Devant la Cour de justice de la Seine s’ouvre mercredi le procès des 31 inculpés su S.P.A.C. (service de police anticommuniste).Tous les accusés ont,concurremment avec la Gestapo,traqué,arrété et torturé des centaines de résistants.

Combat 22 juin 1946

Un des hommes du S.P.A.C. avoue

Avoir gifflé et « battu un peu » Mlle Bidault

Compte rendu d’audience par Albert Palle

Les hommes du S.P.AC.  qui comparaissent en Cour de Justice,ne diront plus rien jusqu’au jour où les témoins viendront déposer.En attendant,ils nient les faits qui leur sont reprochés.

Au commissaire Larieux,l’accusation reproche d’avoir arrêté à Poitiers,en 1942,une trentaine de membres du premier réseau de Résistance fonctionnant en liaison avec Londres.

_Avez-vous dit demande le président « J’espère qu’il y aura trente fusillés » ?

_C’est faux,monsieur le président

Et l’assassinat à Annecy ,de Raymond Boulanger *?

_C’est faux ,monsieur le président.

Larieux affirme comme les autres accusés qu’il ne se livra jamais qu’à des passages à tabac « normaux ».

Dubuc,qui a une lèvre supérieure molle et débordante et un menton sans forme,a frappé Melle Bidault avec un nerf de bœuf.

_Oui ou non ?demande le président.

_Non.

Après la libération,il « accompagne » les Allemands jusque dans leur pays.

_C’était dans un but patriotique monsieur le président.

Lafouge prétend avoir rendu des services à la Résistance.En tout cas,il démissionna du S.P.A.C. en 1943.Il arrêta à Nantes cinquante Espagnols.Mais il affirme que ceux-ci travaillent au mur de l’Atlantique  et que cette arrestation permit de sauver quarante otages français.Il prétend ,en outre,avoir agi sous les ordres de la préfecture de la Loire-Inférieure.

(…)

….Thomassaint avoue

On interroge ensuite des agents subalternes,comme l’inspecteur Thomassaint,petite brute fort stupide.Le président s’adresse à lui comme à un écolier.

_Vous me comprenez bien,vous n’avez frappé personne,vous n’avez bousculé personne,pas même un simple petit passage à tabac ?

_Pas même,monsieur le président.

_Et Mlle Bidault ?

_Ah !ça,je n’en suis pas fier,j’ai même honte de ce que j’ai fait.Je peux bien le dire,je l’ai giflée

_Seulement giflée ?

_Et battue un peu,c’est vrai,monsieur le président.

_Avec quoi ?

_Euh !... un petit jonc.

_Enfin ,un nerf de bœuf ?

_Non,monsieur le président.

_Bon,un petit nerf de bœuf.

(…)

Complément du Maitron en ligne *RAYMOND Barthélemy, François

https://maitron.fr/spip.php?article231842, notice RAYMOND Barthélemy, François par Michel Germain , version mise en ligne le 7 septembre 2020, dernière modification le 7 septembre 2020.


L’Humanité 22 juin 1946

Malgré les preuves écrasantes les bourreaux du S.P.A.C. osent nier.

Hier après-midi  s’est poursuivi l’interrogatoire des monstres du S.P.A.C.

Une fois pour toutes,les bourreaux ont adopté une même tactique :ils nient tout et vont jusqu’à feindre l’indignation mais c’est blême de peur que Dubuc répond aux accusations portées contre lui.

Spécialiste du nerf de bœuf,il a plusieurs meurtres sur la conscience ;mais à chaque fois sa réponse est la même :c’est faux.

_C’est un ignoble témoignage.

Son complice,Pierre Larieux,inspecteur à la brigade mobile d’Angers,est responsable de l’arrestation de 70 patriotes de Poitiers.

Dix de ses victimes devaient tomber sous les balles allemandes et 29 autres allèrent mourir dans les bagnes hitlériens nazis.

Il reconnaît avoir « légèrement » maltraité à Nantes,des patriotes arrêtés : »Avec une petite règle monsieur le président … »

Des crimes commis à Rennes par les agents du S.P.AC. Larieux prétend tout ignorer : "Il ne se passait rien d’anormal dans les sous-sols de la prison allemande de Rennes »dit-il.

Il ne sait rien non plus de l’assassinat du jeune Raymond,arrêté par le S.P.A.C. et dont le cadavre bourré de cailloux fut jeté dans le lac d’Annecy.

(…)

 

France-Soir 22 juin 1946

A un tueur du S.P.A.C. le président demande :

« Vous êtes  vous arrêté au « normal » passage à tabac ?. » !

(…)

Dès le début de l’audience ,le président interroge Pierre Larrieux,un des « durs » de la bande,l’un des principaux tortionnaires,un homme jeune,légèrement voûté,la tête rentrée dans les épaules.

Comme les autres,il nie tout en bloc.

Larrieux est d’abord interrogé sur l’affaire de Poitiers où plusieurs patriotes furent arrêtés,déportés ou fusillés.Il reporte toute la responsabilité sur un certain commissaire Fritz.Il est vrai qu’avec un nom pareil…

Pour le reste,il met dans le bain quelques personnalités comme M.Ingrand qui fut préfet régional,comme M.Bourguin,qui fut également préfet régional aux cotés desquels il se fait tout petit personnage.

Pour les autres affaires,il n’admet que le « passage à tabac ».

Et quand le président en arrive aux supplices infligés dans l’affaire de Saint-Brieuc ,à quelques patriotes qui furent quelque peu malmenés,il pose cette question pour le moins curieuse :

_S’est-on arrêté au classique et normal passage à tabac ou est-on allé plus loin. ?

Jean LABORDE.

 

 

L’Humanité 29 juin 1946

« On te le rendra ton papa mais en petits morceaux » répondaient les monstres du S.P.A.C à la petite fille de leur victime

Pendant près d’une semaine encore,les victimes des monstres du S.PA.C. vont apporter à la barre leurs témoignages terrifiants.On croirait entendre évoquer l’enfer d’Auschwitz ou de Dachau.

Affreusement torturé lui-même,un cheminot de Rennes,M.Eugène Simon vient,dans une éloquente déposition,demander  justice pour ses douze camarades tombés sous les coups des bourreaux du S.P.A.C.

_Justice sera faite ,affirme le président,soyez-en assuré.

Mme Dekerboison a assisté impuissante à l’arrestation de son père,le capitaine Kerment.Sur le point de partir,le courageux vieillard dit à sa famille : "Surtout,pas une larme devant ces gens-là."Pendant leurs adieux ,Larieux ,cynique,fredonnait : »Le bonheur est entré dans mon cœur…. »

M.Mathurin Lucienne fut arrêté,lui aussi, en pleine nuit.A sa petite fille qui pleurait,Larieux et sa bande répondent :

_Ta boite,la môme,on te le rendra ton papa,mais en petits morceaux.

De l’avis même des brutes SS,le S.P.A.C. était considéré comme l’un des services de répression les plus cruels.

Torturé dans les sous-sol de l’école Jacques Cartier à Rennes,M.Douaze reconnait en Dubuc son plus sauvage tortionnaire.

« Un jour,déclare t-il,il referme si violemment la porte de ma cellule que la serrure tomba à terre. »

_Tu vas la bouffer,rugit Dubuc, (…)

 

L’Humanité 02 juillet 1946

Au procès du S.PA.C.

« Regardez bien votre fils je vais le faire fusiller »

Au début de l’audience,d’hier,Melle Bidault est venue à la barre confondre les hommes du S.PA.C.

C’est lui qui a frappé le premier,dit-elle en désignant Thomassin

Je n’ai rien à répondre,marmotte la brute en baissant la tête,je fais des excuses et je regrette.

Et c’est Larrieux qui se lève maintenant pour faire face aux terribles accusations portées contre lui.

C’est lui qui,au cours d’une perquisition chez un patriote,gifla le père,âgé de 70 ans,paralysé  dans un fauteuil.Ivre de fureur,il crie aux vieux parents en larmes :

Votre fils !Vous pouvez le regarder,je vais le faire fusiller.

A Poitiers,il fait arrêter une mère de six enfants,dont le fils avait été torturé par le S.P.A.C.

Elle est morte le 25 avril 1944,assassinée par les femmes S.S. (…)

 

 

L’Aurore 20 août 1946

Sept condamnés du S.PA.C.ont été fusillés à Montrouge

Quatre autres avaient été graciés

L’affaire du S.P.AC. cette filiale de la Gestapo s’était on s’en souvient terminée par onze condamnations à mort.

(…)

Les autres Ditmar,Fourcade,Thomasseint,Miller,Dumontel,Dubuc,Larrieux ont été fusillés ce matin.

Les salves dont les détonations ont été parfaitement perçues de l’extérieur,puis les coups de grâce,annoncèrent à 8h45 que les sept condamnés avaient payé leur dette.

Tous ont refusé de se laisser bander les yeux et sont morts sans prononcer une parole.

France-Soir 20 août 1946

Ce matin 7 des tortionnaires du S.P.AC. ont été exécutés

(..)

Ce matin,à 7h30,le fourgon cellulaire est parti de Fresnes avec un premier chargement de quatre condamnés à mort :Fourcade,Thomassaint,Dumontel et Miller.

A 8h20,ils étaient fusillés au fort de Montrouge.A ce moment,Fresnes était prévenu par T.S.F. et expédiait les trois derniers :Detmar,Larrieux,Dubuc.

A 8h45,ils étaient exécutés à leur tour.

Tous les condamnés ont crié au dernier moment : »Vive la France catholique ! ».

 

Sources

AD 40  en ligne Téthieu naissances 1910-1921 Cote 4 E 315/33 _Acte N°8 Vue 42/63

 

Lycée national de Bayonne,distribution solennelle des prix ;1930,1931,1932,1933,1934,1935, 1938
(collection particulière)

 Retronews _Le site de la presse de la Bibliothèque nationale de France 



Gallica
Société des sciences, lettres & arts de Bayonne
1 er juillet 1940
Proçès verbaux des séances,séance du 3 juin 1940,page 184

 

Archives Nationales site de Pierrefitte-sur-Seine

Extrait de la notice L à P (1870-1970) Direction du personnel de la police dossier individuel police forces de l'ordre carrière professionnelle fonction publique d'État fonction publique Cote 19790846/216

 

AD 63 Clermont-Ferrant

Section départementale de l'Allier à Moulins

Dossiers de procédure de la cour de justice

Brigade Poinsot (mars 1946)1941/1947

107 W 321  Dossier Pierre Poinsot, accusés et témoins

Poinsot Pierre (commissaire divisionnaire à Vichy, condamné à mort et exécuté), Célérier André (condamné à mort et exécuté),

Évrard René (condamné à mort et exécuté),

Penot (condamné à mort et exécuté),

Tournadour Jean-Marie,

Lafargue Roger,

Degans Jean (directeur des Renseignements Généraux à Vichy),

Poinsot Henri,

Martineau Anatole,

Zygomalas René,

Gatille Jean,

Thierry Fernand,

Rogat Maurice,

Mallet Jean,

Martin Jean,

Pauly René,

Lebeau Jacques,

Hasquenoph Jules,

Hoariau André,

Lachenal Maurice,

Froelich Frédéric,

Géanty Marcel,

Germanaud Jacques,

Dubos Henri,

Beurrot Fernand,

Batissier Jany,

Rigaud James,

Poinsot Jean,

Thybault des Alliers Alain,

Verbault Albert,

Balades Jean,

Dalbe Paul,

Drevet Roger,

Bony de Lavergne Charles,

Fettig Charles,

Legail Paul,

Maron Jean,

Thibeau Jean-Louis,

Dasse Paul, 

Mouth Gustave,

Laperche Paul,

Lamouche Paul,

Sers André,

Bellavoine Jacques,

Bideau Émile,

Caviglioli Pierre,

Duperray Michel,

Girard Robert,

Larrieux Pierre,

Picard Robert,

Poisvert Bernard,

Olivieri Antoine,

Sourciat Élie et Chassedoux Serge,

intelligences avec l'ennemi, vols, violation de domicile, recels, séquestration arbitraire, violences et complicité, Bordeaux-Vichy [concerne aussi Langlade, Aujames Gilbert et Bosq Adrien (tous condamnés à mort et exécutés)] (dossier non numéroté). 

 

AD 64 Pau 35 W Article 61 Ravitaillement général

AD 64 Bayonne 1027 W Article 13 Rapport de Pierre Larrieux du 19 janvier 1942


 

Pour aller plus loin

Policiers français sous l’occupation d’après les archives de l’épuration
Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun
Éditions Perrin 2001 et 2009 pour l’édition tempus
www.editions-perrin.fr
ISBN :978-2-262-02978-4
35€


En format poche
Police des temps noirs France 1939-1945
Jean-Marc Berlière
Éditions Perrin
Dépôt légal :septembre 2018
ISBN :978-2-262-03561-7
Voir pages 850 à 853



L’épuration une histoire interdite.Les miliciens de Haute-Savoie
Jacques Dallest
Les éditions du Cerf,2022
ISBN 978-2-204-14758-3
https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/19444/L-epuration-une-histoire-interdite

 

Remerciements

Archives Nationales

AD de l’Allier

AD Puy-de-Dôme

AD Haute Savoie

Mairie de  Biarritz

Michel Germain,historien savoyard

 

Droit d’auteur et plagiat

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17 juin 2024

Les contrôleurs spéciaux,héritiers des contrôleurs mobiles du ravitaillement.

 La Gazette  de Bayonne ,mardi  du 12 janvier 1943 

Retronews

«  Dans l’ancienne organisation, trois services avaient à peu près les mêmes fonctions. :

1° Le  contrôle général économique,( ancien service des prix), qui dépendait du ministère des Finances ;

2° La  police économique ;.

3°Le contrôle du ravitaillement ,rattaché au ministère du même nom.

Tous trois , en définitive, traquaient la hausse illicite et les infractions au  rationnement, mais ils le faisaient sans liaison et sans unité de vues.

LES QUALITÉS D’UN CONTRÔLEUR

Or,un contrôleur en matière économique doit avoir des qualités diverses et précises.

Il  lui faut être un peu policier puisqu'il y a des enquêtes, des filatures et des arrestations à faire ; comptable pour étayer par des vérifications souvent délicates les accusations qu'il porte.Enfin, il lui faut  avoir la probité chevillée au corps,exposé à d’incessantes  accusations.

Créer de toutes pièces en 1940-1941,le contrôle économique  avait eu la chance de pouvoir embaucher d’anciens employés des  régies financières,gens rompus au travail que l’on attendait d’eux et dont la parfaite intégrité était garantie par le passé administratif.

Au contraire, le contrôle mobile de ravitaillement plus tard venu,dut  se contenter de sans travail , non spécialisés dont le rendement fut décevant.

Délaissant la plus difficile partie de leur tâche, ils se contentèrent souvent de brimer public, commerçants et producteurs.

De plus nombreux furent ceux qui allèrent méditer sur les inconvénients de la corruption.

ORGANISATION COORDINATION

C’est pour faire cesser cette anarchie que l’on décida de refondre le système de contrôle.

A la tête fut placée une direction générale du contrôle économique dépendant du secrétariat d’État à la police et chargée de grouper et de coordonner l’action des contrôleurs spéciaux nouveaux titre des contrôleurs mobiles du ravitaillement.Et enfin,des inspecteurs du contrôle économique chargés d’encadrer les premiers et de coopérer avec eux

 Cette nouvelle formule a déjà donné des résultats encourageants, comme en font foi les bilans publics. »