Pau-La Réole-Bordeaux-Mérignac
Article provisoire
Le registre en ligne des actes de décès de la commune de Mérignac indique à la date du 29 septembre 1944 sous le numéro 214 les éléments suivants :
« Le vingt huit septembre mil neuf cent quarante quatre,à quatorze heures trente
Nous avons constaté le décès d’un individu du sexe masculin dont l’identité n’a pu être établie et dont la mort parait remonter à une journée.Le corps a été trouvé sur le territoire de notre commune,dans la propriété de M.Solle et à 100 mètres environ de la minière.Le signalement est le suivant :25 à 30 ans,taille 1m65 environ_cheveux châtains vêtu d’un costume drap gris clair-caleçon court_chemise blanche_chaussettes marron_souliers bas noirs_chapeau feutre gris_porteur d’un brassard F.F.I
Dressé le vingt neuf septembre mil neuf cent quarante quatre à neuf heures quinze sur la déclaration…
Le cadavre porteur du brassard F.F.I ne restera pas inconnu.Il s’agit d’Yves Dourthe né le 27 mars 1918 à Dax.Il avait été condamné par contumace avec Pierre Louis Giret , le 27 mars 1942 par la section spéciale du Tribunal Militaire permanent de la 17 e Division Militaire à Toulouse pour activités communistes.
Arrêté le 27 juillet 1942,Giret passe au service du commissaire Pierre Émile Napoléon Poinsot et de la Sipo-SD de Bordeaux.Plusieurs dizaines de sympathisants et militants communistes des départements de Charente-Maritime, Gironde, Landes et dans la partie occupée des Basses-Pyrénées,sont alors identifiés,piégés, arrêtés, emprisonnés au fort du Hâ (Bordeaux) torturés, fusillés au camp de Souge (33) ou déportés.A son tour Giret est déporté.Il est condamné par contumace à la peine de mort par la Cour de Justice de Bordeaux le 12 janvier 1946.Fugitif , jamais rattrapé, il décédera dans un lit d’hôpital de Perpignan le 8 août 1985.
Le parcours de Dourthe depuis sa fuite de Pau fin novembre 1941 jusqu'à son arrivée printemps 1944 dans un groupement de maquisards Francs-tireurs et partisans français (F.T.P.F.) de La Réole est méconnu.Il aurait exercé un emploi à Saint-Christoly-de-Blaye (Gironde).La police française le recherchait.Avec ou sans le concours de Giret?Sa compagne,Odile Graton ,en mai 1942,a accouché d'une petite fille à Saint-Méxant (Corrèze).
Le 16 juillet 1944 les Allemands attaquent la formation de Remember.Les maquisards se dispersent.La liaison avec la direction F.T.P.F. est interrompue.Du fait de Dourthe ou contrainte de la clandestinité?Néanmoins, il poursuit le combat contre l’occupant dans les rangs F.F.I.Bordeaux est libéré le 28 août 1944.Quelques jours après , il doit s'expliquer auprès des dirigeants F.T.P.F.
Comment expliquer l’exécution sommaire du 27 septembre 1944?
- Réprimer les agissements de Dourthe alias Remember
- Exaction d'éléments F.T.P.F incontrôlés
- Antagonisme entre organisations de résistants
11 juillet 1945 Extraits du rapport d’enquête de l’Inspecteur LACOSTE Robert
LES FAITS
Maquisard F.T.P. durant l’occupation, Georges DOURTHE,a abandonné les rangs F.T.P, en juillet 1944,au moment de l’attaque de son groupement par les allemands alors qu’il se trouvait dans le Réolais.
Réfugié à Bordeaux ,DOURTHE, s'est alors engagé dans les rangs F.F.I. ,et a disparu le 28 septembre 1944, après avoir reçu une convocation des services F.T.P. de l'hôtel Normandie.
L ENQUÊTE
De l'enquête effectuée, il résulte qu’au moment de la Libération de Bordeaux, »REMEMBER » s'est rendu, accompagné de plusieurs de ses hommes F.F.I. au domicile des époux Sxxx, 4 rue Pxxxs à Bordeaux,4 rue Pxxx à Bordeaux et après avoir procédé à l'arrestation de Mme Sxxxx, accusée de collaboration, a procédé à une perquisition illégale, s'appropriant la somme de 550.000 francs ,une quantité importante de bijoux et d'objets vestimentaires.
A la suite de ce vol ,M.S.xxx ,s’est alors plaintein à l’État-major F.T.P. qui a ordonné une enquête ,à la suite de laquelle »REMEMBER » fut détenu durant une quinzaine de jours à l'hôtel Normandie puis relâché le 26 septembre 1944.
Deux jours après « REMEMBER » était à nouveau convoqué à l'hôtel Normandie, et ne devait plus reparaître à son P.C. installé au domicile de Mme Dxxx 83 rue Belleville à Bordeaux.
Les F.T.P. reprochaient notamment à « REMEMBER » de les avoir abandonnés, en s'engageant F.F.I., d'avoir fait abattre sa femme en juillet 1944, d'avoir vendu et abandonné ses camarades de combat au moment de l'attaque des allemands et enfin d'avoir fui emportant la caisse s'élevant à 73.000 francs.
En ce qui concerne le vol commis au préjudice de M.Sxxx , je vous signale que ce dernier n'a pu rentrer que dans une infime de ce qui lui a été dérobé par « REMEMBER » et ses hommes.
Monsieur Bxxx, Greffier au Tribunal de LA REOLE, n'a pu nous fournir aucune explication en ce qui concerne la disparition de « REMEMBER ».
D'après certaines déclarations recueillies auprès de certaines personnes, qui, pour raisons politiques désirent conserver l'anonymat ,l »REMEMBER » aurait été abattu par un officier F.T.P.de l'hôtel Normandie, de deux balles dans la nuque et enterré aux environs de Mérignac (Gironde)
il n'a pas été possible d'identifier les officiers responsables de l’État-major F.T.P. ni de situer exactement l'endroit où il a pu être enterré.
CONCLUSION
Il semble qu'en raison des charges pesant contre « REMEMBER », son sort a été réglé sommairement, tout comme l'ont été certains et nombreux cas, au moment de la Libération.
5 juillet 1945 audition de Mme Dxxx Clotilde 35 ans
« J'ai très bien connu monsieur DOURTHE Georges, alias « REMEMBER ».Il s'agissait d'un bon patriote qui s'était engagé dans les rangs des F.T.P.F., et qui commandait un Groupe de résistants.
Son groupe était cantonné dans le Réolais, et après l'attaque des Allemands, REMEMBER s’était réfugié à Bordeaux, afin de reprendre le contact avec les autres groupes de son organisation. Toutes ces démarches ont été infructueuses, et son mouvement n'a vraiment revécu qu'à la Libération.
Par l’intermédiaire de plusieurs de nos amis, notamment par monsieur Exxx , »REMEMBER » n'ayant pu rejoindre les F.T.P.F., s'est engagé dans les rangs F.F.I.
Je dois vous dire que peu de temps après la Libération nous avons tous été arrêtés, c’est-à-dire REMEMBER, mon mari, moi-même et plusieurs autres membres du groupe. Nous avons été conduits à l'hôtel « Le Paris », Allées de Tourny, et par la suite détenus à la Caserne Carayon-Latour. Nous avons été arrêtés par les nommées « TURENNE,ZAZOU,MICHEL, alors membres influents des F.T.P.F.
Au cours de l'interrogatoire que j'ai dû subir, ils m’ont fait le reproche de connaître REMEMBER et ont déclaré que c'était lui qui avait dénoncé aux allemands ses camarades. Je suis absolument sûre que cette accusation est fausse, car le coupable serait le nommé Bxxx, actuellement détenu au Fort-du-Ha.
Après une quinzaine de jours de détention illégale nous avons été relâchés.
Je dois vous signaler que « REMEMBER » était au courant de certains détails malhonnêtes, qu'il reprochait au lieutenant F.T.P.F. « MICHEL ».
Le 28 septembre 1944, REMEMBER, nous a quittés en nous disant qu'il se rendait à l'hôtel Normandie, alors QG des F.T.P.F., et qu'il devait rencontrer le capitaine Pierre. Mxx
Nous n'avons plus revu « REMEMBER ». Deux jours plus tard c'est-à-dire le 30 septembre 1944, j'ai appris téléphoniquement par Monsieur Bxxx, Greffier au Tribunal de La Réole, que le nommée Melle Vxxx Pierrette ,était rentrée la veille de Bordeaux et affirmait que « REMEMBER » avait été tué vers 16h.
Le lundi 2 octobre je me suis rendu à LA RÉOLE et j'ai rencontré Mlle V xxx qui m'a répété la conversation qu'elle avait eue avec Monsieur Bxxx. Elle a ajouté que le Capitaine BERTRAND, autre Chef de Résistance, lui avait montré la serviette de »REMEMBER »,et lui aurait dit « Vous n'avez plus à avoir peur de « REMEMBER », maintenant il ne vous gênera plus.
Mlle Vxxx était très écoutés par les « Maquisards » Réolais, malgré cela je ne puis vous indiquer pour quelle raisons une certaine antipathie régnait entre eux .
Je ne puis vous fournir de plus amples renseignements"
5 juillet 1945 audition de M.Exxx Jean
(…) Je n'ignore pas que REMEMBER, ainsi que plusieurs de ses camarades F.F.I. ont été arrêtés par les services de l'hôtel Normandie (F.T.P.) et détenus durant plusieurs jours à la caserne Carayon Latour à Bordeaux les hommes qui auraient participé à ces arrestations appartenaient au service des Capitaines TURENNE et TOUBIB.
Ils ont été relâchés après avoir subi divers interrogatoires dans lesquels il lui était notamment reproché d’avoir quitté les rangs F.T.P..
(…) Je tiens à vous dire que durant le peu de temps que je l’ai connu, je l’ai toujours apprécié comme un parfait résistant, très dévoué à la cause commune et incapable de porter préjudice à quiconque.
7 juillet 1945 audition de M.Sxxx Pierre
(…)
"Au moment de la Libération, un groupe de maquisards s’est présenté à mon domicile, a perquisitionné, êta procédé à l’arrestation de ma femme ,qui d’origine autrichienne, est naturalisée française depuis 1933.
C’était le lieutenant « REMEMBER »,qui était chef du groupe qui s’est présenté chez moi. Je vous signale qu’au cours de la perquisition opérée par « REMEMBER » et ses hommes, j’ai eu à déplorer le vol important de bijoux de famille, ainsi que de certains objets vestimentaires.
Après de nombreuses démarches, j’ai réussi à faire libérer, sur qui je vous l’assure aucune charge ne pouvait être relevée.
Je dois vous déclarer que « REMEMBER », qui avait son poste de commandement au domicile des époux Dxxx, rue Belleville à Paris, et qu’il comptait à ce moment-là dans les rangs F.F.I.
J’ai fait part de ce qui s’était passé chez moi, à l’un de mes amis qui en a référé à l’Etat-Major F.T.P.F. service 2 e Bureau, à l’hôtel Normandie.
J’ai été convoqué à ce service, et j’ai renouvelé les déclarations qui avaient été faites à mon ami. Par la suite j’ai appris que ce service avait procédé à l’arrestation de « REMEMBER »,et qu’il avait été incarcéré à la Caserne Carayon-Latour à Bordeaux.
Je dois vous signaler qu’au cours de l’interrogatoire que j’ai subi à l’Etat-Major F.T.P. j’ai appris que des charges graves pesaient contre « REMEMBER », et qu’il était accusé notamment d’avoir sans raison fait abattre sa femme alors (…) » maquis » dans le Réolais, qu’au moment de l’attaque de son groupement par les Allemands, qu’il avait fui abandonnant ses hommes, et emportant la caisse renfermant 73.000 francs.
Je vous signale qu’en ma présence, il a été procédé à l’interrogatoire de plusieurs témoins, qui ont avoué d’une part avoir tué sur son ordre la femme de « REMEMBER » qui se trouvait enceinte, et raconté les détails de son départ du maquis, alors qu’il emportait les 73.000 frcs.L’un des témoins a reconnu avoir touché de « REMEMBER »,une part de la somme volée.
Je ne puis vous dire les noms des témoins, dont je viens de vous parler. J’ignore ce qu’ils sont devenus.
J’ai appris par la suite à la caserne Carayon-Latour,que « REMEMBER »,avait été abattu de deux balles de révolver, pour avoir trahi le « maquis ».
C’est un lieutenant F.T.P., que je ne connaissais que de vue, et que je n’ai pas revu depuis longtemps qui m’a fait cette confidence.
Le lieutenant ne m’a cité aucun nom, cependant il ne m’a pas caché, que « REMEMBER » avait été tué par un Officier F.T.P. pour trahison.
Je ne puis vous dire où cette exécution a eu lieu, néanmoins, je crois savoir que cela se serait passé aux environs de Mérignac.
Je ne puis vous fournir de plus amples renseignements."
5 septembre 1945 rapport de police. Extrait
"Le capitaine des F.T.P. BERTRAND susceptible de fournir des renseignements dans cette affaire, n’a pu être identifié. Le groupe qu'il commandait a été dissous et il est vraisemblable qu à cette date cet officier cachait son véritable nom, de sorte que les recherches entreprises se sont avérées négatives. A cette époque une grande confusion régnait dans les divers groupes de résistance qui souvent s'ignoraient et sur lesquelles l'autorité militaire elle-même ne possède aucun renseignement sérieux.
Pour toutes ces raisons, la mort de DOURTHE-REMEMBER, reste enveloppée d'un certain mystère qui n'a pu être élucidé .
Par contre il semble établi que la maîtresse de DOURTHE la femme Odile GRATON , a bien été exécutée courant juillet 44 dans le maquis de LA REOLE par deux maquisards, ainsi qu'il apparaît dans la déposition du nommé Dxxx Roland né le 7 août 1919 (…) et un certain Gxxx qui serait actuellement militaire dans un régiment stationné à Nice ou dans les environs ,auraient été chargés par REMEMBER, d'abattre la femme GRATON qui devenait un danger permanent pour le groupe et menaçait à tout moment de dénoncer les maquisards aux allemands.
Cette femme qui paraissait être une indicatrice des allemands, avait été surprise en allumant du feu pour permettre le repérage du groupe par les occupants.
REMEMBER était très attaché à sa maîtresse ainsi qu'il ressort des dépositions figurant au dossier et ce n'est qu'après avoir acquis la certitude que sa maîtresse constituait un danger qu'il s'est décidé à prononcer son arrêt de mort.
Dxxx s’était refusé à exécuter cette mission, REMEMBER lui en intima l’ordre formel et il dut s'incliner .
Il prétend que remplissant les fonctions de chef de détachement, il devait faire preuve de discipline et malgré sa répugnance secondé par Gxxx il conduisit la femme sur le bord du DROP et la blessa d'une balle dans la tête.
Gxxx la frappa d’une deuxième balle et le corps fut aussitôt jeté dans le fleuve."
16 août 1945 audition de Bxxx René greffier au Tribunal de 1 ere instance de La Réole
"Vers le mois de mars ou avril 1944,j’ai été sollicité par le parti communiste pour créer une section communiste à LA RÉOLE .C’est ainsi que vers le mois de mai, je suis entré en relations avec un certain « REMEMBER » que je n’avais jamais vu auparavant et qui en compagnie de quelques camarades devait former un groupe « F.T.P. ».Mon rôle consistait à surveiller l’activité du groupe.
Fin juin ou début juillet 1944, » REMEMBER » que je ne connaissais pas sous un autre nom, m’a invité à assister à une fête qu’il donnait dans le maquis, à l’occasion de l’anniversaire d’un maquisard, ou plus exactement d’un responsable du parti. Un jour avant la date fixée, je me suis rendu au « maquis » où « REMEMBER » m’a présenté une femme comme étant sa maîtresse. Il ne m’a pas dit son nom, mais il m’a indiqué qu’il avait une fillette avec elle et qu’elle était enceinte d’un mois environ.
REMEMBER, a ajouté qu’il ne pouvait conserver cette femme au maquis et qu’il craignait de la renvoyer, la considérant comme capable de le dénoncer ainsi que ses hommes aux allemands. J’ai fait connaître à « REMEMBER » qu’il ne m’appartenait pas d’intervenir dans cette affaire et que la police et la sécurité de son maquis, lui appartenait.
Le lendemain de cette entrevue, jour du repas au maquis ,j'ai appris par des hommes du maquis dont je ne me rappelle pas le nom, que la maîtresse de REMEMBER avait été tuée dans la nuit précédente et que son corps avait été jeté dans le DROPT.J’ai su par la suite qu'elle avait été tuée au cours d'une « promenade » en automobile et au moment de sa descente de voiture .Toutefois j'ignore les détails de la scène qui a dû se produire. Le corps a été retrouvé une huitaine de jours plus tard et a été inhumé au cimetière de LE PUY.Je crois que la victime n'a jamais été identifiée. (…)
C'est tout ce que je sais sur cette affaire, si ce n'est que l'enfant de cette femme a été placé par REMEMBER chez un camarade de parti (…)
Le 16 juillet 1944, craignant d'être arrêté, j’ai gagné le maquis commandé par « REMEMBER » où je suis resté jusqu'au 24 du même mois, époque à laquelle les membres du maquis se sont séparés par petits groupes pour éviter une arrestation massive par les Allemands qui nous avaient attaqués.
(…)
DOURTHE 'a été arrêté en septembre à Bordeaux par un groupe FTP. Il lui était reproché d'être un agent provocateur, d'avoir tué sa maîtresse, et d’ avoir détourné des fonds appartenant au maquis."
(…)
21 Août 1945 audition de Dxxx Roland
Au mois de mai 1944 REMEMBER que je savais s'appeler de son véritable nom DOURTHE Georges Jean ,est devenu chef d'un groupe F.T.P. au maquis de LA RÉOLE .Je me trouvais au même groupe en qualité de chef de détachement.
Durant quatre mois environ, j’avais caché chez moi DOURTHE et sa maîtresse, de fin 1943 début 1944.Je savais que la femme qui vivait avec DOURTHE s'appelait Odile mais j'ignore si elle avait un autre nom et je n'ai jamais rien su la concernant.
Au mois d'août 1944, ODILE est venue au maquis pour y retrouver son amant REMEMBER-DOURTHE. Elle a vécu ainsi parmi les maquisards, environ trois semaines.
Durant le temps qu'elle est restée au maquis cette femme a constitué pour le groupe un véritable danger. Elle menaçait fréquemment de nous dénoncer aux allemands. C’est ainsi qu'un jour nous l'avons surprise allumant un feu dans le bois pour nous faire repérer par les Allemands. A la suite des observations qui lui ont été faites à ce moment-là, elle a provoqué une véritable mutinerie au maquis. Des incidents se sont produits et REMEMBER étant absent, nous sommes allés trouver notre chef dès son retour pour lui faire connaître notre intention de quitter le maquis si cette femme n'était pas renvoyée.
Je suis parti en expédition pendant quelques jours et à mon retour j'appris par REMEMBER, qu'il avait donné l'ordre d'abattre sa maîtresse qui ne lui avait pas caché qu'elle était décidée à nous dénoncer tous aux allemands.
Le camarade désigné et dont j'ignore le nom, ayant échoué dans sa mission, REMEMBER me chargea d'exécuter sa maîtresse que nous ne pouvions relâcher sans provoquer la mort ou la capture de plusieurs membres de notre groupe.
J'ai hésité à exécuter cette mission tout en me rendant parfaitement compte qu'il n'y avait aucun moyen d'agir.
Devant mon hésitation, REMEMBER qui pleurait à chaudes larmes m'a intimé l’ordre, d’abattre sa maîtresse devant plusieurs maquisards.
Accompagné de quelques camarades dont l'un a été tué et qui s'appelait Roger SAINT-JEAN , nous avons conduit ODILE sur le bord d'une rivière et je lui ai tiré un coup de revolver qui l'a blessée à la tête .Voyant que cette femme vivait encore, je n'ai pas eu le courage de l'achever. C’est un camarade Gxxx René qui l’acheva d’une balle dans la tempe.
Le corps a été jeté dans la rivière.
Voilà exactement comment a été abattue la maîtresse de REMEMBER et j'insiste pour affirmer que cette femme constituait un véritable danger et je suis certain que si elle l'avait été remise en liberté tous les membres de notre maquis auraient pu payer de leur vie cette mesure de clémence.
Comme je vous l'ai indiqué par ailleurs, nous l'avions surprise faisant des signaux et elle nous trahissait sans aucun doute.
J'ignore où se trouve Godard actuellement. Je sais qu'il est mobilisé mais j'ignore dans quel corps de troupe.
En ce qui concerne la mort de REMEMBER je ne peux vous fournir aucun renseignement.
Je sais qu'il avait été convoqué à l'hôtel Normandie par le ftp quelque temps après la libération, mais je ne sais pas exactement ce qui lui était reproché
Je sais que REMEMBER avait emporté l'argent du maquis, mais ce n'était pas dans l'intention de se l’approprier.
Nous avions été attaqués le 16 juillet par les Allemands, nous avons eu des tués et les membres du maquis avaient dû se disperser. C'est ainsi que REMEMBER devant cette situation ne pouvait faire autrement que conserver l'argent qu'il détenait. Par la suite il a distribué la plus grande partie de l'argent entre les membres de son groupe. Il a acheté quelques costumes qui ont été donnés aux plus nécessiteux. Il a gardé pour lui la somme de quatre mille qu’il a envoyé à sa famille.
Je considère que l'attitude de REMEMBER durant l'occupation a été celle d'un très grand français et d'un honnête homme.
Il aimait beaucoup sa maîtresse et il n'a pas hésité à la sacrifier pour sauver ses hommes .Durant plusieurs jours avant et après la mort de cette femme nous avons tous vu REMEMBER pleurer.
(…)
Sources
AD 33_Salle de lecture
1692 W 263_DI 72429
Fonds Terrisse 59 J 195 .Affaire du maquis Remember
Site internet AD 33 Mérignac décès 1944 4E31736 Acte N°214 Vue 111/159
Site internet des AD 40 Dax-Naissances-1914 - 1918-4 E 88/181 Acte N°24 Vue 198/245
Site internet AD 40 Table alphabétique des successions et absences Bureau de Dax _1947 - 1951-3 Q 8793 Vue 49/203 N° d'ordre 68
Site internet AD 40 Saint-Paul-lès-Dax-Décès-1938 – 1950-4 E 279/60 Acte N°61 Vue 150/202
Compléments:
Site internet Mémoire des Hommes
Conflits et opérations_Seconde Guerre mondiale _Forces françaises de l'intérieur (FFI)
Gironde
Etat-major FTPF et Groupe Andron GR 19 P 33/33
OSS et FTPF Gironde GR 19 P 33/34
Groupe de Combat Aquitaine GR 19 P 33/36
FTPF Groupe de Lorette GR 19 P 33/32
Odile GRATON décédée en 1944 à La Réole, 33
victime civile
Né(e) le/en 01-04-1925 à Epesses (85 - Vendée,)
Service historique de la Défense, Caen_AC 21 P 350558 (Dossier non consulté)
Base des militaires décédés pendant la Seconde Guerre mondiale
Yves DOURTHE alias Georges
décédé le 27-09-1944 à Mérignac, 33
forces françaises de l'intérieur (FFI)
Non Mort pour la France
Service historique de la Défense, Caen_AC 21 P 122659 (Dossier non consulté)
Roger SAINJEAN
Mort pour la France le 18-07-1944 (Fossès-et-Baleyssac, 33 - Gironde )
Né le 15-07-1925 à Bègles (33 - Gironde,)
Forces françaises de l'intérieur (FFI)
Fusillé par les Allemands
Service historique de la Défense, Caen
Cote AC 21 P 151195 (Dossier non consulté)
Gustave François Édouard Marie MEHU
Mort pour la France le 18-07-1944 (Fossès-et-Baleyssac, 33 - Gironde)
Né le 26-09-1920 à St Fiacre (22 - Côtes-d'Armor (ex Côtes-du-Nord),
Forces françaises de l'intérieur (FFI)
Fusillé par les Allemands
Service historique de la Défense, Caen
Cote AC 21 P 93517(Dossier non consulté)
Jean Jacques USUBELLI
Mort pour la France le 18-07-1944 (Saint-Sulpice-de-Guilleragues, 33 - Gironde, )
Né(e) le/en 29-11-1915 à Paris 12e arrondissement (75 - Paris (ex Seine)
Forces françaises de l'intérieur (FFI)
Tué au combat
Service historique de la Défense, Caen
Cote AC 21 P 165402 (Dossier non consulté)
Georges Paul DURAND
Mort pour la France le 18-07-1944 (Saint-Sulpice-de-Guilleragues, 33 - Gironde, )
Né(e) le/en 21-09-1921 à Bordeaux (33 - Gironde, France)
Forces françaises de l'intérieur (FFI)
Tué au combat
Service historique de la Défense, Caen
Cote AC 21 P 177815 (Dossier non consulté)
Articles du blog
Novembre 1941, une enquête de la police judiciaire de Pau sur des activités communistes
17 e Brigade de Police Judiciaire, PAU, le 27 novembre 1941
Revenu de déportation, Pierre Louis Giret fugitif jamais rattrapé
Les Basses-Pyrénées dans le « Registre d’écrou » de la Section des Affaires Politiques de Bordeaux dite « Brigade Poinsot » 1942-1944
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