La France a déclaré la guerre à l'Allemagne Nazie début septembre 1939.Du fait de problèmes d'audition,le soldat réserviste Hilaire Marticoréna originaire d'Urepel,a été affecté à Bayonne.Dans la nuit du 21 au 22 octobre,il avait pour mission de surveiller la voie ferrée située,avant l'entrée du tunnel Saint-Esprit conduisant à la gare de Bayonne.
L'accident mortel présenté par La Gazette de Biarritz
Lundi 23 octobre 1939
Un
mobilisé tué en service commandé sur la voie ferrée de Hendaye à Bayonne
Aux premiers jours de la mobilisation il avait quitté son
petit village basque d’Urepel avec quelques-uns de ses camarades pour répondre
à l'appel de la Patrie.Sans forfanterie, mais aussi sans faiblesse, il avait
abandonné son foyer, sa femme, ses enfants et réconforté par le prêtre qui
avait tenu à l’accompagner un bout de chemin en lui prodiguant des paroles
d'espoir il était enfin parti sans retourner la tête…
Où allait-il ?Il n'en savait rien.Qu’importe il
obéirait aux ordres.
Et c'est en se livrant à ces multiples réflexions que
connaissent bien tous ceux qui vécurent ces heures,qu’il accomplit son voyage jusqu'au chef-lieu où il
devait apprendre ce que les chefs
attendaient de lui.
Le hasard ou plutôt les besoins du moment firent que loin de partir au front, il fut affecté à
une unité qui se trouve encore aujourd'hui à Bayonne.Il accepta le sort qui lui
était réservé et, malgré tout se félicita des circonstances différant pour lui
le contact des dangers appréhendés.
Mais pour être à l'arrière, on n'est cependant pas dispensé
de servir ce que, hélas ! trop de critiques bénévoles pensent parfois même
s’oublient à dire.En dehors des
exercices,des marches , des tirs, des corvées, ceux qui restent ont des
obligations dont certaines correspondent à de très graves intérêts touchant la
défense nationale comme par exemple la garde des ouvrages d'art et des voies et
communications et c'est au cours d'une de ses obligations sans relief mais
cependant indispensables, que notre mobilisé basque trouva la mort !...
Commandé pour surveiller contre toute tentative criminelle,
les abords du tunnel qui commence au
quartier Jean d'Amou pour prendre fin aux approches de la gare de
Bayonne, le malheureux a été écrasé hier, un peu avant après minuit, par un
train venant de Hendaye…
Mort modeste peut être, à laquelle le brave garçon eut sans
doute préféré, s'il en avait eu le choix, l'autre là-bas, en première ligne,
mais mort quand même au service de la patrie !
Aussi nous plaît-il de confondre dans un même sentiment de
reconnaissance émane ce brave enfant du petit village basque d’Urepel avec les
vaillants combattants qui sont déjà tombés où qui tomberont demain face à
l'ennemi, pour que la France survive.
Par sa fin tragique autant qu'un imprévue, il a comme eux bien
mérité de la patrie.
Rapport et enquête d'accident
AD 64 Bayonne 3 U 1 Article 42 Tribunal de Première instance de Bayonne
Bayonne,le 23 octobre 1939
Commissariat spécial de Bayonne
Monsieur le Commissaire Divisionnaire Hendaye
J'ai l'honneur de vous rendre compte qu'un accident mortel
s'est produit le 22 octobre courant, vers 0h25, sur la ligne de BORDEAUX à
HENDAYE, à la sortie du souterrain de Saint-Esprit.
A cet endroit, étaient de garde les soldats MARTICORENA
Hilaire, et GABARRUS Pierre .A un certain
moment,Marticoréna ,sentant le froid, a quitté la guérite pour faire un peu
d'exercice sur la voie, mais presque aussitôt,Gabarrus, ayant aperçu le train
qui venait d’Hendaye, le signala à son collègue en lui disant en basque « Attention
le train ». N’ayant pas obtenu de réponse , le convoi passé, Gabarrus
appela de nouveau mais en vain, son camarade.Il se mit alors à sa recherche et
il le trouva, à une vingtaine de mètres environ de la guérite, allongé entre
les rails, la face contre terre, ne donnant plus signe de vie, son fusil, broyé
non loin de lui.
Les services de la gare, alertés, ont fait transporter
aussitôt Marticoréna à l'hôpital militaire où le décès a été constaté.
D’après les dires de Gabarrus ,son camarade de faction était dans un état normal,
mais en raison de l'obscurité, il n'a pu se rendre compte des causes exactes de
l'accident dont il a été victime (chute ou surprise).
Conformément aux instructions du Parquet,la gendarmerie de
Bayonne à procédé à l’ enquête judiciaire.
Le soldat réserviste Marticoréna ,Hilaire,était né le 25
janvier 1905 à Urepel (Basses-P).
Il appartenait au recrutement de Pau et portait le Numéro Matricule 946.Il était
marié et père de trois enfants âgés respectivement de6,5,et 2 ans.
N°9.664
Vu et transmis à :
1° Monsieur le SOUS-PRÉFET de Bayonne,pour information.
2°Monsieur le Procureur de la République à Bayonne.
Hendaye le 24 octobre 1939
GENDARMERIE NATIONALE
Renseignements sur la mort accidentelle du soldat
MARTICORENA ,Hilaire du 183 e Rgt régional.
Ce jourd hui vingt deux octobre mil neuf cent trente neuf à
dix heures
Nous,soussigné LASSAUQUE,Martial
Gendarme à pied à la résidence de Bayonne des Basses-Pyrénées
revêtu de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs
de service à notre caserne, avons été informés téléphoniquement
qu’un accident mortel s'était produit dans la nuit sur la voie ferrée et qu'un
militaire avait été tué par un train.
Nous nous sommes immédiatement rendu à la gare de Bayonne, où
le Capitaine VERGNOL,faisant fonction de commissaire militaire, nous a fait la
déclaration suivante :
« Dans la nuit du 21 au 22 courant, j'ai été prévenue
par un cycliste qu'un accident mortel était survenu à un garde voie ,que le
nécessaire avait été fait pour le conduire à l'hôpital.
Ce matin à la première heure, accompagné du Capitaine cdt la
14e Cie du 182e R.R compagnie à laquelle
appartenait la victime et de M.l'Ingénieur de la voie, nous sommes transportés
sur les lieux de l'accident.Nous avons recherché l'endroit où avait été heurté
la victime.
A notre avis cet homme qui devait faire les cent pas pour se
réchauffer à proximité de sa guérite, a été frappé dans le dos par là motrice
du train venant de Hendaye et arrivant en gare de Bayonne en 0h27.
Les traces de sang indiquent bien que l'homme a été touché à
environ 20 mètres de sa guérite, porteur de son arme que nous avons trouvée
brisée en plusieurs morceaux.
Après avoir entendu son camarade de garde, le soldat GABARRU,Pierre,il
résulterait bien que la victime se serait trouvée sur la voie au moment même de
l'arrivée du train et son impression a été telle que l'accident paraissait
inévitable, si bien que dès le passage du train il a bondi à la recherche de
son camarade qu'il a découvert étendu entre les 2 rails la face contre terre.
Il a cru devoir le retirer en dehors de la voie, d'abord
pour se rendre compte de l'état de sa blessure
et éviter qu'un deuxième train ne le happe à nouveau.
Il est venu aussitôt prévenir le poste voisin à la sortie du
tunnel côté Bayonne, lequel a détaché un homme pour alerter le poste de la gare.
Le chef de poste à fait prévenir le chef de poste des gardes
voie rue Neuve, qui a immédiatement prévenu une ambulance pour transporter le
corps à l'hôpital militaire.
Des renseignements recueillis, il résulte qu'il y a bien eu
accident et que cet accident a eu lieu en service commandé.
De tout ce qui ci-dessus, j'en ai dressé un rapport, qui a
été envoyé à la Place dans la matinée.
Lecture faîte persiste et signe.
Nous nous sommes rendus sur les lieux et avons constaté ce
qui suit :
A 6 mètres de la sortie sud-est du tunnel Saint-Esprit se
trouve une guérite, placée du côté de la voie descendante.
A 17 mètres plus loin, on remarque en dehors de la voie, une
tâche de sang qui a rougi les herbes.Le fusil brisé en plusieurs morceaux se
trouve près de cette tâche.
Trois mètres plus loin à l'intérieur de la voie et près du
rail gauche, on remarque sur une traverse une épaisse tâche de sang de la
grandeur d'une assiette à dessert.Ce sang est coagulé.
Enfin à 23 mètres de cette tâche on remarque sur une pierre
du ballast à l'intérieur de la voie et près du rail droit, une touffe de
cheveux adhérente à un caillou.
Entre ses cheveux et la dernière tâche de sang,une traverse
et quelques pierres ont été arrosées de sang, qui semble avoir jailli .
Des débris de la monture du fusil sont parsemés à
l'intérieur de la voie et quelques morceaux sont même attachés aux tires- fonds
des traverses.
De ces constatations il résulte que le soldat Marticoréna se
trouvait à 35 mettre de la guérite et à l'intérieur de la voie lorsqu'il a été
tamponné.
L'accident s'est donc produit à la sortie Sud-Est du tunnel
Saint-Esprit à Bayonne.La voie décrit à cet endroit une légère courbe qui
atténue la longueur de la visibilité.En outre, le côté Sud Ouest de la voie est
boisé ce qui rend très obscure la sortie du tunnel.
Poursuivant notre enquête, nous avons entendu le soldat GABARRUS ,Pierre,
29 ans de la 14e Compagnie du 182e Régiment Régional qui nous a déclaré :
Hier soir 21 octobre 1939, j'ai pris la garde à la sortie Sud-Est
du tunnel Saint-Esprit en Compagnie du soldat Marticoréna.
Nous avions passé une partie de notre faction dans la
guérite en parlant de notre situation.
Pour se réchauffer, vers 0h15 ou 0h20 Marticoréna est sorti
pour se promener.
Quelques minutes à peine s'étant écoulées, lorsque mon
attention a été attirée par le bruit d'un train venant de la direction d’Hendaye.J’ai
aussitôt appelé Marticoréna mais le train était déjà à sa hauteur .
Une fois que le convoi a été passé, je me mis à la recherche
de mon camarade et je l'ai découvert allongé au milieu de la voie la face
contre terre.
Je l'ai immédiatement relevé et déposé sur le côté de la
voie et j'ai alors constaté qu'il était mort .
Son fusil brisé en plusieurs morceaux était également au
milieu de la voie.
Je me suis alors rendu au près de la sentinelle située à
l'autre extrémité du tunnel afin de faire prévenir le chef de poste.Je suis
ensuite revenu au près du corps de Marticoréna.
Au moment du choc, je n'ai pas entendu crier mon camarade je
n'ai pas non plus entendu siffler le train.
Quelques instants après les employés de la compagnie sont
arrivés avec des lanternes et un brancard et ils ont emporté le corps à la gare.
Mon camarade Marticoréna est décédé victime d'un accident
car il était dur d'oreille.
Il n'a nullement voulu mourir volontairement ,il était
gai et nous avions passé la soirée à raconter des histoires.
Lectures faite persiste et signe.
M.TUCOO ,Pierre, 43 ans, sergent à la 14e compagnie du 182e
régiment Régional déclare :
"La garde du côté Sud-Est du tunnel Saint-Esprit était
assurée la nuit dernière de 23h30 à 2h par la sentinelle double composée du
soldat Marticoréna et du soldat Gabarrus.
Ces deux hommes ont quitté le cantonnement vers 23h25 pour
se rendre à leur poste.
Dans la nuit une des sentinelles est venue me prévenir qu'un
accident était arrivé à Marticoréna.
Je me suis immédiatement rendu à la gare pour prendre des
nouvelles et lorsque j'ai appris que Marticoréna était mort, j'en ai rendu
compte au lieutenant Lelibon.
Un médecin prévenu par la compagnie de chemin de fer est
venu et il a constaté le décès,il a lui même prévenu l'ambulance qui a transporté le
cadavre à l'hôpital militaire.
Le soldat Marticoréna était sérieux et ponctuel dans son
service.Il était sous mes ordres depuis 24 jours seulement.Il avait été classé
service auxiliaire pour surdité néanmoins il était resté dans l'affectation de garde-voie."
Lecture faites persiste et signe
De l’enquête à laquelle nous nous sommes livrés ,il
résulte que le soldat Marticoréna est
mort accidentellement.
Le train était conduit par le conducteur électricien VIDAU
du dépôt de Bordeaux, le convoi était tracté par le locomoteur numéro 4187.
Le conducteur du train ayant regagné son dépôt, n'a pu être
entendu, mais d'après les déclarations verbales des employés de la compagnie
présents à l'arrivée du train tamponneur, le conducteur ne se serait aperçu de
rien.
La famille du décédé a été prévenue par les soins du
commandant de la 14e compagnie du 182e R.R. Identité :Marticoréna
,Hilaire, né le 25 janvier 1905 à Urepel (B.P.) fils de Justo et Garnieta,Josépha,a marié ,trois
enfants.
Nous joignons au procès-verbal un croquis de l'état des
lieux ainsi qu'un bulletin de décès.
Trois expéditions
1ère à M.le Procureur de la République
2ème à M.le Commandant d'Armes
3ème aux
archives
L'an mil neuf cent
trente neuf le 30 octobre
Nous Dubois,Léopold Inspecteur de police spéciale en
résidence à Bordeaux
(…)Mandons et entendons comme suit M.Videau , Jean, 42 ans, conducteur
électricien du dépôt de Bordeaux demeurant dans cette ville (…)qui déclare :
« Le 22 courant je conduisais , en effet le train N°
190 ,partant d’Hendaye à 23h25 et arrivant à Bayonne à 0h28.
Lorsque je suis passé au lieu-dit « Le Tunnel Saint-Esprit »
près Bayonne, et étant donné la courbe
que décrit la voie à cet endroit, mon convoi ne roulait qu'à une vitesse de 30
kilomètres à l’heure environ, mais malgré cela, je n'ai aperçu personne devant
le locomoteur et n'ai ressenti non plus aucun choc faisant présumer que j'avais
heurté quelqu'un.
Arrivé à Bayonne, quelques minutes plus tard ,l'arrêt prescrit
étant de 18 minutes, je suis descendu du locomoteur et l’ai visité tout le tour
conformément aux règlements, mais là encore je n'ai remarqué rien d'anormal et
d'autant plus, que je n'avais pas eu connaissance de l'accident dont vous me
parlez.
Ce n'est qu’à mon arrivée en gare de Dax que le Chef de
service m'a appris qu’en cours de route j'avais tué un soldat qui montait la
garde près du tunnel Saint-Esprit à Bayonne.
J'ai alors fait observer à ce Chef de service que je n'avais
rien vu ni entendu au cours du trajet Hendaye-Bayonne.
J'ai néanmoins examiné à nouveau mon locomoteur très
minutieusement avec l'aide du visiteur habituel, mais je n'ai relevé aucune
trace d'accident où d'accrochage quelconque.
Je ne peux donc fournir aucun renseignement sur les
circonstances de l'accident mortel dont a été victime le soldat Marticoréna .
J'ajoute que ce jour-là, j'étais assisté de M.Brousteau Chef
de train du dépôt de Bordeaux, comme aide conducteur.
Je précise en outre qu’à mon approche du tunnel « Saint-Esprit »
et avant le passage à niveau situé à 100
mètres plus loin,j’ai actionné comme je le fais habituellement,le sifflet de
mon locomoteur,ces endroits étant les plus dangereux de la ligne
Hendaye-Bordeaux."
Lecture faite persiste et signe avec nous.
Autres militaires victimes d'accidents mortels
7 aout 1940
Pont de fer de la Nive
Hier matin vers 7h30 alors que deux trains se croisaient sur
le pont de fer traversant la Nive un militaire allemand a été heurté par le
convoi se dirigeant sur Bayonne ; la mort a été instantanée.
On croit que la victime voulant se garer du train allant
vers Hendaye,n'aperçut pas celui ci venant en sens inverse.
La Gazette jeudi 8 août 1940
Acte de décès N°523
Richard Schneider
Le sept août mil neuf cent quarante
sept heures trente cinq minutes est décédé quartier Saint
Léon, Pont du chemin de fer de la Nive, Richard Schneider soldat né à Trachenberg-in-Schlesien
(Allemagne) le vingt six mai mil neuf cent douze
Dressé le sept août mil neuf cent quarante
onze heures sur la
déclaration de Véronique Mendilahatxou, femme Lasausa,trente ans,ménagère,
domiciliée en cette commune, qui lecture faite à signé avec nous Émile Weiller,
chevalier de la Légion d'Honneur,Adjoint au Maire de Bayonne, Officier de l'Etat-Civil
par délégation
Source:Etat civil de Bayonne registre des décès 1940
20 octobre 1944
Pont de fer Adour
http://archives.le64.fr
Découvrir les archives/Document du mois_Janvier 2021 _Luc Corlouër
Le décès du résistant Roger Schaeffer