26 février 2019

Mai 1939:fugitifs espagnols assassinés et décapités par des soldats espagnols en France

Mai 1939:fugitifs espagnols assassinés et décapités par des soldats espagnols en France


Procès-verbal de transport

Tribunal de 1 ère Instance de Bayonne
Cabinet du juge d'Instruction

L'an mil neuf cent trente neuf et le quatre juin à 12 heures.

Vu la procédure suivie contre X... et X..... soldats espagnols inculpés d'homicide.





Ensemble les articles 87 et 88 du Code d'Instruction Criminelle et notre Ordonnance en date de ce jour.

Nous,Roger DELERIS,Juge d'Instruction de l'Arrondissement de Bayonne accompagné de Monsieur BOUTEMAIL Substitut assistés de Monsieur BELLUCHON Greffier et aussi de Monsieur BARBASTE médecin légiste,expert commis par Nous par Ordonnance de ce jour aux fins d'examiner les deux cadavres et de rechercher la cause de leur mort.
Nous sommes transportés à Sainte-Engrâce où en présence de Monsieur le Commissaire Divisionnaire Claverie Chef de la 17 ème Brigade de Police Mobile à Pau accompagné de ses Inspecteurs de Monsieur le Capitaine Gautier Commandant de la Gendarmerie d'Oloron,nous a mis au courant des résultats de l’enquête à laquelle il avait procédé.Ces résultats permettent de penser que Monsieur Valentin  Larcuen milicien espagnol qui était entré en France dans la nuit du 31 mai pouvait avoir joué un rôle dans cette affaire nous avons chargé la Police Mobile de se transporter au Camp de Gurs où il avait été interner et de le faire immédiatement identifier et amener à la gendarmerie de Tardets.
Pendant ce temps nous nous sommes transportés quartier Chapuir à St-Engrâce et dans la montagne où nous avons entendu les témoins suivants:

EYHERAMENDY a déclaré qu'alors qu'il gardait des moutons près du Col d'Hourdayte le 30 mai dernier vers midi en compagnie du berger Etcheto Hustu et Acaussay ils ont vu venir vers eux un individu âgé d'environ 24 ans qui à leur vue s'est arrêté.Invité à s'approcher cet individu expliqua que parti de Saragosse avec deux camarades dans l'intention de passer en France ils avaient été battus à coup de crosse par des soldats espagnols et que seul il avait pu passer la frontière.Le témoin précise que cet individu était blessé sur le dessus de sa tête et portait sur lui une couverture tachée de sang.

ELICHALDE Jean,a déclaré que le 30 mai dernier vers 10 heures il se trouvait dans la cour de la ferme qu'il habite avec ses parents lorsqu'un jeune homme vint lui demander à manger.Il l'a conduit à la cuisine et lui a donné à manger.Au cours de la conversation que cet individu a eu avec lui et son père il a raconté qu'il s'était échappé d'une prison de Madrid en compagnie de deux camarades pour se rendre en France:que tous les trois avaient franchi la frontière en face du village espagnol Issaba dans la nuit du 29 au 30 mai,mais par des chemins différents.Le témoin n'a pas remarqué qu'il soit blessé ni que la couverture qu'il portait soit tachée de sang.

ELICHALDE Dominique fait la même déposition.

IBANEZ,préposé des douanes a déclaré qu'étant de service le 30 mai vers 13 heures à la Croisière Aguer il avait rencontré un individu suspect;qu'il avait conduit au Restaurant Ungurathurru devant le brigadier des douanes Naumy ou fouillé il n'a pas été trouvé porteur d'aucune pièce d'identité ni d'aucune somme d'argent ;qu'il a déclaré se nommer Balatini Marcoune et avoir franchi la frontière .Sa chemise était taché de sang,il était blessé sur le dessus de la tête.
Ugurathurru confirme la déposition du témoin Ibanez et précise que Larcuen expliqua que la blessure qu'il portait sur le dessus de la tête lui avait été faite par des soldats espagnols qui l'avaient poursuivi lui et ses deux camarades alors qu'ils avaient franchi la frontière.
Ces dépositions nous ont fait un instant penser que Larcuen pouvait être l'auteur du double assassinat.
A vingt heures nous sommes revenus à Licq-Atherey St-Engrace ne possédant pas d’hôtel et le lendemain lundi nous avons interrogé Larcuen qui avait été conduit à Licq- Atherey dans la nuit par la police mobile.

INTERROGATOIRE DE L'INCULPE
 
L'inculpé déclare que le 8 avril 1939 il s'était enfui du camp de concentration d'Albatera province d'Alicante en compagnie des nommés Burguète Jésus et Acin Domongo,tous trois originaires du village Uncastillo province de Saragosse.Les trois évadés restèrent deux semaines cachés à Uncastillo où ils avaient pu arriver puis,tentèrent de se réfugier en France.Le 29 mai ils arrivèrent au village d'Issaba,Burguète demande à une vieille femme rencontrée à la sortie du village quel était le chemin qui conduisait en France.Et c'est sans doute elle qui les dénonça aux autorités militaires toujours est-il que quelques heures après ils étaient arrêtés par une patrouille et conduits à la Venta de Araco Poste situé à proximité du col d'Ourdayte.Dans la soirée ils furent attachés les uns aux autres et confiés à la garde de deux soldats qui avaient pour mission de les conduire à Issaba devant le commandant  de la région frontière.A mi-chemin l'un des trois fut détaché pour manger et ils profitèrent de ce que leurs gardiens faisaient une cigarette et avaient posé leurs fusils par terre pour s'en emparer.Ils contraignirent les soldats à les précéder et tous les cinq franchirent la frontière française au col d'Ourdayte dans la nuit du 30 au 31 mai vers minuit.
Se croyant en sécurité Larcuen,Burguete et Acin allumèrent un feu à environ un kilomètre de la frontière et s'étendirent les uns à coté des autres pour dormir après avoir pris la précaution d'enlever la culasse mobile des deux fusils qui se trouvaient placés entre eux et les deux soldats qui de l'autre coté du foyer leur faisaient face .C'est alors que profitant du sommeil de leurs anciens prisonniers que les deux soldats se saisirent des fusils et s'en servant comme massue en frappèrent les trois hommes.Larcuen réveillé par le coup de crosse qui lui fut asséné sur la tête mais pas complètement assommé réussit à s'enfuir et à passer le gave qui coule non loin de l'endroit où ils avaient campé sans plus s'occuper de ses camarades.
Interrogé sur l'identité des deux soldats Larcuen n'a pu fournir aucun renseignement si ce n'est que l'un deux serait originaire des îles Canaries et l'autre de l'Aragon.
A 7 heures nous nous mettons en route pour nous transporter sur les lieux en auto jusqu'à Sainte-Engrâce,puis pendant deux heures à dos d’ânes et durant 2 heures 1/2 à pied.A 11 heures 30 nous sommes au col d'Ourdayte, près des cadavres qui étaient gardés par des gendarmes depuis qu'ils avaient été découverts.Larcuen mis en présence des cadavres a déclaré formellement les reconnaître pour être ceux de ses camarades Burguète et Acin.

DESCRIPTION DE L ÉTAT DES LIEUX

Dans la foret de hêtres et de mélèzes à 1 heure de marche de la frontière près du gave un campement avait existé.Un feu avait été allumé.On aperçoit encore des couches faites avec des feuilles.Un cadavre décapité se trouve près du feu,c'est celui d'Acin,l'autre également décapité  se trouve à une vingtaine de mètres du campement,c'est celui de Burguète.Le cou a été tranché près du tronc.Les habits que portent les deux cadavres correspondent à la description qu'en a fait Larcuen.Près du corps d'Acin nous avons découvert et saisi une crosse de fusil qui parait être de marque allemande matricule 252.604.5.,un calot de soldat d'infanterie espagnole et un carnet d'adresses.
C'est alors que nous apprenons par une personne qui se rendait en Espagne que le lieutenant du poste frontière de la Venta d'Araco était désireux de s'entretenir avec le capitaine de gendarmerie.Ce dernier à 13 heures s'est rendu à la frontière et l'officier espagnol qui ne dissimulait pas son écœurement lui a appris que dans la nuit du 31 mai,vers 4 heures du matin,il avait été réveillé par deux de ses soldats qui présentèrent 2 têtes d'homme fraîchement coupées en lui contant le drame.Ils avaient décapité leurs victimes pour ne pas être considérés comme des déserteurs.
Les deux soldats dont l'officier espagnol n'a pas voulu donner les noms auraient été mis aux arrêts et l'officier a spontanément exprimé au capitaine Gautier ses regrets que pareils faits se soient produits surtout en territoire français.
Le docteur Barbaste a examiné les cadavres.(...)
Devant l'état de décomposition avancé,la difficulté du transport et l'impossibilité de trouver des volontaires pour transporter les cadavres au cimetière de Sainte-Engrâce ,nous nous sommes trouvés dans l'obligation de les faire enterrer sur place par des ouvriers amenés par monsieur le Maire.
A 19 heures 30 nous étions de retour à St-Engrâce.
Le jour étant avancé et 4 heures 1/2 de marche sous une pluie battante nous ayant mis dans l'obligation de faire sécher nos vêtements nous avons du coucher à Licq-Atherey que nous avons quitté le lendemain mardi.
De tout quoi nous avons dressé le présent procès-verbal  que nous avons clos à St-Engrâce le 6 juin à 8 heures et que nous avons signé avec Monsieur Boutemail Substitut et notre greffier.
Le Procureur de la République                                 Le Juge d'Instruction                 Le Greffier


Gendarmerie Nationale

18 e Légion

Compagnie des Basses-Pyrénées

Section d'Oloron

Brigade de Licq-Atherey

N°24 du 5 juin 1939


PROCÈS-VERBAL
constatant une déclaration anonyme sur la découverte sur le territoire français,près de la frontière,de deux cadavres décapités d'espagnols.
Cejourd'hui,cinq juin mil neuf cent trente neuf à dix neuf heures,

Nous soussigné:M.L.Chef CYPRIEN,commandant la brigade frontière de Licq-Athérey,département des Basses-Pyrénées,revêtu de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs,pour faire suite à l'information judiciaire effectuée par le Parquet de Bayonne,au sujet de la découverte sur le territoire français,,dans un bois à proximité de la frontière franco-espagnole de deux cadavres d'espagnols décapités,avons reçu d'une personne qui s'est présenté spontanément  à notre brigade ,mais désirant garder l'anonymat,la déclaration suivante:

Me trouvant en Espagne le 4 juin courant,au lieu dit "La Venta de Arraco",à proximité de la frontière et causant avec l'officier commandant le poste frontière du même nom,j'ai appris ce qui suit:le lundi 28 mai 1939,trois réfugiés espagnols  qui essayaient de passer la frontière pour se rendre en France par le col d'Hourdayte,ont été pris par des soldats espagnils qui les ont emmenés au poste de la Venta.Ces trois hommes ont été dirigés aussitôt sur la prison d'Isaba accompagnés par deux soldats en arme.En cours de route,ces trois hommes ont pu se libérer de leurs liens et ont assailli leurs gardiens et les ont désarmés.Ils les ont ensuite obligés de les suivre en France jusque dans un bois situé sur le versant français à deux kilomètres environ de la frontière.Là,les deux soldats ont dit à leurs gardiens  qu'ils désiraient les accompagner en France et partir avec eux.A ce moment-là les cinq fraternisèrent et finirent par s'endormir cote à cote.Seulement ,les deux soldats ne dormaient que d'un oeil,et dès qu'ils virent les trois réfugiés endormis,ils s'emparèrent à leur tour des armes et assommèrent à coups de crosse deux des hommes endormis et blessèrent le troisième qui put s'enfuir  et éviter ainsi la mort.A ce moment-là,les deux soldats sachant qu'ils seraient portés manquants à leur poste et voulant prouver à leur officier  qu'ils n'avaient pas déserté,décapitèrent les deux cadavres avec un couteau de poche et apportèrent les deux têtes à leur lieutenant comme pièces à conviction.
Lecture faite déclare ne vouloir signer.
Deux expéditions
1° à M.le Procureur de la République à Bayonne
2° aux Archives

Source:
AD 64 Annexe de Bayonne
1027 W Art 291 Tribunal de Grande instance de Bayonne

Revue de presse 

Extrais

Source: RetroNews site média dédié aux archives de presse issues des collections de la Bibliothèque nationale de France sur la période 1631 à 1945

Journal des débats des lundi 5 et mardi 6 juin 1939
Page 6/6
Faits divers
Trois espagnols assassinés près de la frontière
(...) l’enquête du parquet de Bayonne a établi que le vol aurait été le mobile de ce triple assassinat.Les soupçons se sont portés sur le nommé Valentin Carcero,réfugié d'Espagne en France,qui aurait passé la frontière avec les trois hommes,et qui s'est présenté au camp de Gurs avec des vêtements couverts de sang.Interrogé,il n'a pas encore fait d'aveux.
L’œuvre
Lundi 5 juin 1939 
Page 5/10
On découvre près de la frontière espagnole deux cadavres décapités.
 (...) Mercredi dernier ,les gendarmes de Lick-Atherey recevaient à leur brigade la visite d'un Espagnol portant une blessure au front:le nommé Valentin Esteban ,âgé de 24 ans ,né à Uncastillo,province de Saragosse,évadé du camp d'Albatera,près d'Alicante.Il déclara avoir fui en compagnie de deux miliciens qui,eux,avaient été repris.Il fut hospitalisé au camp de Gurs.
Il a été entendu aujourd'hui.Les enquêteurs lui attribueraient le double meurtre

La Petite Gironde
Lundi 5 juin 1939
Page 1
En pleine montagne basque près de la frontière espagnole,deux cadavres décapités sont découverts par un berger
Les deux tetes restent introuvables 
Un milicien évadé d'Alicante et arrivé mercredi au camp de Gurs est soupçonné de ce crime 

Suite page 2 


Le Midi Socialiste
Lundi 5 juin 1939
Page 5/6
Un crime horrible en Pays basque
(...) S'agit-il de républicains évadés d'un camp de concentration franquiste et poursuivis par des patrouilles jusque sur le territoire français.(...)

L'Humanité
Mardi 6 juin 1939
Page 2
Dernière heure
Ce sont bien des policiers franquistes qui assassinèrent sur notre sol deux républicains évadés

La Petite Gironde
Mardi 6 juin 1939 
Page 1
Le mystère des cadavres décapités dans la montagne basque est éclairci
Ce sont des soldats espagnols qui tuèrent les deux miliciens et leur tranchèrent la tete pour leur rapporter en Espagne
Le rescapé du camp de Gurs qui échappa à la tragédie est complètement mis hors de cause

19 février 2019

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Mise à jour au jeudi 07 février 
Mise à jour au 12 février :
"Aucune amélioration n'est à prévoir avant le 18 février"
Mise à jour au 18 février
"Si les tests sont concluants, l'accès à e-archives pourrait être rétabli dans quelques jours."
Le site internet des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques earchives.le64.fr est en panne pour les seuls utilisateurs extérieurs,semble-t-il, depuis le tout début du mois de février.

Cependant,earchives.le64.fr fonctionne en salle de lecture des sites de Pau et de Bayonne des AD 64



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14 février 2019

Coups et blessures réciproques entre voisines

Procès-Verbal constatant des coups et blessures réciproques entre Mme et Mlle Txxx d'Espelette et Mme Exxx de Larressore (lettre anonyme de diffamation contre la famille Txxx auteur Mlle Exxx de Larressore (B.Pyrénées)


Dans le cadre de la mise en ligne de la transcription de ce PV, l’identité des personnes,a été volontairement masquée par l’auteur du blog Retours vers les Basses-Pyrénées..
Les cinq protagonistes :
Mme Txxx
  • Marie Jeanne,19 ans, sa fille,
  • Gracieuse,20 ans, son autre fille
Mme Exxx
  • Catherine,20 ans, sa fille
Gendarmerie Nationale
18 e Légion
Compagnie des Landes
Section de Bayonne
Brigade d'Espelette
N.280 du 21/8/1941


Cejourd'hui vingt-et-un Août mil neuf cent quarante-un à quinze heures trente minutes,
Nous soussignés, Txxx Jean Maréchal des Logis Chef
Et Lxxx Pierre
gendarmes à pied à la résidence d'Espelette, département des Basses-Pyrénées, revêtus de notre uniforme  et conformément aux ordres de nos chefs en service dans la commune d'Espelette avons reçu la déclaration suivante:

De Mlle Txxx en présence de sa mère

Je me nomme Txxx Marie Jeanne,19 ans cultivatrice chez ses parents à Espelette maison Xxxx (B.P.) née le 9 aout 1923 Ustaritz de Joseph et de Lxxx Jeanne, française, célibataire, sais lire et écrire, élevée chez mes parents, jamais condamnée.
Hier 20 courant  vers 20 heures, je me trouvais avec ma mère à façonner du bois dans la forêt nous appartenant située à environ 700 mètres de notre domicile.
A un moment donné , Mme Exxx de la maison Xxxx s'est mise à crier du haut de la colline et a prononcé quelques paroles à notre égard sans que j'ai compris ce qu'elle voulait dire.
Un moment après cette femme est arrivée avec un bâton à la main et sans aucune provocation de ma part, elle m'a frappée à la tête avec son bâton me faisant une blessure sur le crâne ce qui m'a provoqué une coupure assez profonde et d'un centimètre de longueur. Elle m'a encore menacée, mais j'ai eu le temps de lui saisir le bâton pour éviter de nouveaux coups. Je ne l'ai pas frappée.
Ma mère n'a pu intervenir en raison de son âge et de son impotence et Mme Exxx s'est emparée d'une pierre et nous a de nouveau poursuivies en nous menaçant.
Me Exxx étant sans doute en colère parce que ma sœur Gracieuse avait dit à sa fille dans le courant de l'après-midi que nous avions reçu une lettre insolente que je vous remets. Dans cette lettre il est fait allusion à notre mauvaise conduite et on nous traite de "Putes".
Nous avons la conviction que cette lettre a été adressée par Mlle Exxx Catherine sans toutefois en avoir des preuves formelles.
Je me suis faite visiter par le docteur Gxxx d'Espelette et vous remets le certificat médical qui m'a été délivré. Je porte plainte pour coups et blessure contre Mme Exxx et contre sa fille pour diffamation.
Lecture faite persiste et signe ainsi que sa mère.

De Mme Txxx,Jeanne

née Lxxx,50 ans ,cultivatrice à Espelette maison X (Basses-Pyrénées) née le J M A 0à Cambo-les-Bains (Basses-Pyrénées)
Comme vous a déclarer ma fille Marie Jeanne bien dans la soirée, Mme Exxx est arrivée précipitamment vers nous et sans aucune provocation de ma part, cette femme a porté un violent coup de bâton sur la tête de ma fille.
Je n'ai pu intervenir et cette femme nous a ensuite poursuivies avec un cailloux à la main. Nous ne sommes pas défendues, ma fille a simplement pris le bâton de cette femme qui voulait encore frapper.
J'ai reçu une lettre hier dans l'après-midi et je soupçonne fortement Mlle Exxx d'être l'auteur de cet écrit.
Dans cette lettre que je vous remets il est dit que je n'ai pas à me dégoûter de créer une maison en ville et non à Espelette, que je gagnerais beaucoup plus d'argent avec les "putes" faisant ainsi allusion sans aucun doute à mes quatre filles qui sont à la maison.
Ma fille Gracieuse avait reproché à la fille Exxx dans le courant de l'après-midi d'être l'auteur de la lettre et c'est vraisemblablement à la suite de ce reproche que la mère Exxx est venue sauvagement frapper ma fille Marie Jeanne qui n'était en rien en cette affaire.
Je porte plainte contre Mme Exxx pour coups et blessures sur ma fille et contre Melle Exxx pour diffamation.
Lecture faite persiste et signe.

De Mlle Txxx Gracieuse,

20 ans, cultivatrice chez ses parents à Espelette maison X (B.Pées) née à Ustaritz le xxx 1921 de Joseph et de Lxxx Jeanne, célibataire, élevée par mes parents, sais lire et écrire, jamais condamnée.
Hier 20 courant dans l'après-midi nous avons reçu la lettre dont ma mère et ma sœur ont fait allusion.
J'ai rencontré Mlle Exxx et je lui ai reproché d'en être l'auteur car j'ai la conviction que c'est elle qui nous l'a adressée. J'ai cru reconnaître son écriture malgré que je ne sois pas affirmative à ce sujet, c'est pour cela sans doute que Mme Exxx est allée trouver hier dans la soirée ma mère et ma sœur, frappant brutalement cette dernière avec un bâton.
J'estime que la lettre en question est diffamatoire et je porte moi aussi plainte contre Mlle Exxx que je soupçonne fortement d'être l'auteur de ces agissements.
Lecture faite persiste et signe.


La maison X occupée par la famille Exxx étant située aux confins des communes d'Espelette à la montagne de Larressore, nous trouvant sur les lieux nous avons continué notre enquête dans la circonscription voisine. Nous avons prévenu le CDT de brigade d'Ustaritz par téléphone le 22 dans la matinée.

De Françoise Exxx,

née Dxxx,39 ans, ménagère à Larressore maison X née à Oyarzun (Espagne) française, mariée 5 enfants, illettrée jamais condamnée.
Hier 20 courant dans la soirée, je suis allée chercher des champignons dans le ravin situé entre notre domicile et celui de la famille Txxx.
J'ai rencontré Mme Txxx et sa fille Marie Jeanne. Sa mère portait une hache et la fille un bâton. Ces deux femmes m'ont interpellé en me disant "Tu es là bohémienne, sale gitane, ceci nous appartient et on va te tuer ici". Je dois relater que madame Txxx avait aussi un bâton à la main.
Réciproquement nous nous sommes menacées avec les bâtons et j'ai alors dans ma défense, porté un coup sur la tête de la fille Txxx. Les deux m'ont saisie et j'ai roulé à terre avec la fille Marie Jeanne, à ce moment la mère m'a porté un violent coup de bâton à la tête et un deuxième au-dessus du poignet gauche .
Je suis en outre blessée à la cuisse et à la fesse gauche.
La fille Txxx voulait à tout prix enlever la bûche à sa mère pour me frapper. Il est faux que j'ai interpellé ces deux personnes la première. Je ne suis pas au courant de la lettre . Je serais surprise que ma fille en soit l'auteur.
Je porte plainte pour coups et blessures et pour insultes contre Mme Txxx et sa fille.Je dois me faire visiter par un docteur et vous remettrai le certificat médical qui me sera délivré.
Lecture faite persiste et signe en faisant une x.......Madame Exxx présente une meurtrissure noirâtre au dessus du poignet gauche et des éraflures au côté droit du front.Elle se plaint en outre de douleurs à la cuisse et à la fesse gauche.

De Mlle Exxx Catherine ,

20 ans, ménagère chez ses parents à Larressore confins de cette dernière commune et de celle d'Espelette maison X née à Larressore le xx xx 1921,de Bernard et de Françoise Dxxx, française, célibataire, sait lire et écrire, élevée par ses parents ,jamais condamnée.
Interrogée en présence de sa mère déclare :
Hier 20 courant dans l'après-midi je suis allée chercher des champignons et j'ai aperçu Marie et Marie Jeanne Txxx et non Gracieuse. Ces demoiselles m'ont interpellée et m'ont insultée grossièrement "eh! bohémienne, gitane, squelette, si je viens là, je vais te hacher, je vais te foutre à la rigole et nous ne serons pas punies car tu es une gitane."
Un homme d'un certain âge (60 ans environ) se nommant Jean-Baptiste Dxxx de la maison X à Larressore se trouvait à proximité et a très bien entendu ces insultes à mon égard .Cet homme pourra certifier mes dires. Je n'ai pas répondu et me suis éloignée.
Comme elles persistaient je leur ai alors demandé en partant ce qu'elles avaient contre moi; elles ont répondu :"Un trou au derrière " et c'est tout". Elles n'ont pas fait allusion à la lettre dont vous me parlez et qu'elles auraient reçu. J'affirme que je n'ai jamais adressé de lettre aux demoiselles  Txxx ni à personne.
Lecture faite persiste et signe.


Nous avons invité Mlle Exxx à écrire de sa main sous dictée les termes de la lettre adressée aux demoiselles Txxx, nous avons constaté que les deux écrits correspondaient exactement.
Devant l'évidence cette jeune fille pressée de questions nous a enfin déclaré :
C'est bien moi qui ai adressé la lettre diffamatoire aux demoiselles Txxx et je le regrette sincèrement. J’ai agi dans un moment de colère, car les filles Txxx m'insultent fréquemment.
Ces jeunes filles fréquentent des soldats des troupes d'occupation d'Espelette et les engagent ensuite à venir chez moi, ce sont les soldats même qui me l'ont déclaré.
Presque tous les soirs les soldats vont dans cette maison pour se restaurer ou pour tout autre chose.
Lecture faite persiste et signe.


RENSEIGNEMENTS DE MORALITÉ : De M.G,Georges,38 ans, docteur en médecine et faisant fonctions de Maire à Espelette (B.Pyrénées)
Je connais bien la famille Txxx d'Espelette et également madame Exxx et sa fille à la montagne de Larressore à la limite de la commune d'Espelette.
J'ai eu connaissance des coups réciproques suivis de blessures légères échangés entre Mme Txxx,sa fille et Mme Exxx.Il est question aussi d'une lettre anonyme insolente à l'égard de la famille Txxx. Il y a mon avis dans cette affaire de coups responsabilité partagée. Les époux Txxx sont de bons travailleurs. Ils ont élevé une nombreuse famille, mais la conduite des filles selon la rumeur publique laisserait à désirer ainsi que celle de Mlle Exxx dont la mère vit séparée de son mari depuis plusieurs années.
Lecture faite persiste et signe


Nous transmettons la première expédition du présent au CDT de brigade d'Ustaritz pour audition de Dxxx Jean-Baptiste de la maison X à Larressore susceptible de donner quelques renseignements.
Deux expéditions:
La 1 ere à M.le Procureur de la République à Bayonne (avec les certificats médicaux)
La 2me à nos chefs (archives)

Source:
Document original consultable en salle de lecture de l'annexe de Bayonne des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
1027 W Art.19
Tribunal de Grande Instance de Bayonne

09 février 2019

Photographie de mariage non datée par Henri Thevin

Photographie de mariage non datée par Henri Thevin

Photographe -Bayonne

Cliché trouvé aux puces de Bayonne



Agrandissement de la photographie 


Agrandissement de la photographie


Verso de la photographie de mariage


05 février 2019

Réflexions à propos d'une tribu de gitans dans un village proche de Pau

Pau,le 15 septembre 1940

L'Inspecteur Primaire
A Monsieur l'Inspecteur d'Académie des Basses-Pyrénées       

Monsieur l'Inspecteur d'Académie,

Je crois devoir vous signaler les conséquences,en ce qui concerne le service scolaire et,d'une façon générale,l’œuvre d'éducation qui revient à l'école,de la présence ,à BORDES,d'une importante tribu de "gitanes". 
Quelques uns des enfants de cette tribu fréquentent -irrégulièrement d'ailleurs-les classes.Mais on peut évaluer à 40 au moins,le nombre de ceux qui échappent totalement à la loi,en dépit de maint rappel.Et il faut ajouter que leur présence dans les écoles poserait un très redoutable  problème,tant en ce qui concerne le risque de contagion (la malpropreté de ces petits étant extrême et leurs familles étant,visiblement,la proie de la syphilis et de la tuberculose) que sur le plan de la salubrité morale (car les mœurs des gitanes,dans les logements où règne la pire promiscuité,ne sont pas certes d'un exemple admissible).
Les jeunes gens de la tribu ont coutume de se rassembler sur la place,devant l'école des garçons et l'église.Ils donnent aux écoliers le spectacle de la paresse et de la mauvaise tenue,certains d'entre eux avaient même pris l'habitude de venir s'asseoir ,au soleil,sur le mur bas qui sert de clôture  à la cour de récréations;j'ai eu toutes les peines du monde à décider l'un de ces indésirables à quitter,hier,ce siège qu'il jugeait être à son service;il ne s'est ,finalement,éloigné,qu'en proférant des menaces.
Je n'ai pas à me poser la question de savoir si notre pays  peut,dans les circonstances actuelles,tolérer la présence,dans nos villages,de gens sans professions définies (les hommes sont des maquignons fort suspects),constituant un groupe fermé,et conservant leur langue (ce qui leur permet de causer entre eux sans le moindre risque d’être compris par le public) et des traditions aussi fâcheuses,sans doute,qu'occasionnellement pittoresques.Mon rôle se borne à signaler une situation qui,du point de vue de la législation scolaire,engage ma responsabilité.Je crois que la plupart des familles intéressées touchent de larges indemnités pour l'entretien de leurs nombreux enfants et que,par conséquent,une action coercitive serait relativement simple.Mais je rappelle que les mesures devront être prises si tous les petits qui se trouvent actuellement en contravention sont envoyés à l'école.:peut -être faudra-t-il envisager la création d'une classe spéciale.

Pau,le 15 septembre 1940
L'Inspecteur Primaire,
Signé:Dxxx

Inspection de l'Enseignement Primaire
PAU
(1 ere Circonscription)


Document consultable à Pau, Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
1031 W Art 91 Cabinet du Préfet.