La Femme
La robe-corsage_raübe ou raübete_faisait l'objet de soins particuliers pour les cérémonies ou jours de fête.De laine ou soie dans ce cas,elle était de coton pour les travaux quotidiens.La symétrie dans les plissés du corsage ou de la jaquette et de la jupe nécessitait une technique transmise par la tradition dont on peut admirer encore le bel effet.
La coutume voulait,comme pour les jupes,qu'on découvrit le jupon de dessous en faisant prendre l'agrafe derrière la taille en une queue très étoffée.Cette jupe supérieure ainsi relevée en "arrégus" se drapait sur les hanches et bouillonnait à l'arrière à la mode des anciens costumes de cour contribuant à faire paraitre la taille plus fine.
Parmi les accessoires du vêtement quotidien_de tout die_et mème de la tenue habillée,figurait le tablier_dabantaü_et le châle.
Symbole des devoirs domestiques et protecteur des jupons moins lavables,le tablier est de "drouguet" pour les travaux salissants (y compris les déplacements à dos d’âne dans les vallées) qui sera vite remplacé par le coton,mais de linon ou de soie pour les jours de fête ou les cérémonies.Certaines pièces peuvent être d'une facture si précieuse qu'elles ne sont qu'un ornement.
Produit du 18 e siècle,le châle n'était pas de fabrication locale.Au début du 19 e siècle ,les cachemires venaient de Barèges dans les Hautes-Pyrénées,du Portugal et d'Espagne.A partir du Second Empire,la soierie lyonnaise,voire l'Espagne ,impose ses produits et il n'est pas d'héritière ossaloise digne de ce nom qui ne se drape dans un beau spécimen à franges.
Le folklore a retenu dans le costume béarnais,le BAS sans pied _caousse_se terminant en volant de guêtre_gansole ou boulard_Comme pour l'homme,il est de rude laine de brebis béarnaise au départ.La matière s'affine par l'usage des laines d'importation.Comme il est le le complément quasiment indispensable du sabot dont le frottement détruit le fil au contact ,lorsque la femme portera l'espadrille ou le soulier,elle adoptera le bas complet avec son pied,de laine pour tous les jours,puis de coton blanc et plus tard de soie pour les jours fastes.
Coiffures et Coiffes en Béarn
"Sacot" "Escapule" |
Mouchoirs de tête "Mouchoer det cap" |
La dignité des costumes procède de leur esthétique et on ne saurait la concevoir sans la coiffure,qui nécessité un port de tête et un équilibre du corps qui excluent tout abandon dans l'allure.
Et la béarnaise,jusqu'aux premières décades de ce siècle,n'allait jamais nu-tête,chez elle,ou,à plus forte raison,pour sortir.
Sur ses cheveux ,partagés par une raie médiane,puis tressée en forme de natte lorsqu'elle était très jeune,ramassés ensuite en en chignon sur la nuque,excepté en vallée d'Ossau,où la natte subsistait quel que soit l'age,elle posait une coiffe blanche,la "cohe" qui pouvait être en lin,en coton,très stricte,comme celle de l'Ossaloise,ou bien plus légère,plus riche,encadrant bien le visage,en mousseline,orné de dentelles,de tuyautés,de plissés ,dans les plaines.
Sur cette coiffe,à l'extérieur de l'habitation,se portait la pièce la plus caractéristique du costume féminin des vallées pyrénéennes ,le capulet,tour à tour appelé "escapule","sac de tête" ou "sacot",le terme que nous employons aujourd'hui étant apparu en 1720 seulement.C'est,en fait,un sac,cousu sur deux ou trois cotés seulement,de forme à peu près carrée,généralement en laine,quoiqu'il en ait existé en lin pour les travaux des champs.
Rouge,noir,blanc ou violet,doublé de soie brochée pour les tenues habillées en Ossau,où il a,peut être à cause du climat ,toujours fait partie intégrante de la tenue des femmes,bordé d'un ruban de velours noir dans les plaines et les autres vallées,il se portait avec un large revers,et descendait jusqu'à la taille.Dans ces plaines et ces vallées des gaves et des affluents,plus facilement atteintes par les modes venant de l'extérieur,il a,avant la fin du siècle dernier,été plus spécialement réservé aux offices religieux.
Pour toutes les autres sorties,les femmes du piémont avaient adopté la coiffe;la confection de celle-ci devint alors plus raffinée et,à cause de ses plissés fragiles entourant le visage,de ses tuyautés,elle ne permettait plus toujours le port du capulet.Aussi,pour les cérémonies,les femmes portaient-elles ce dernier sur un serre-tête blanc,le "sarre-cap",plus simple,plus strict.
Pour les deuils des femmes d'âge mûr,le capulet était noir,doublé de noir également,de rouge ou de violet,de longueur variable.Quand il couvrait la totalité de la toilette féminine,il prenait alors le nom de "capichou",réalisé en fin lainage,le mérinos.
Dans la vallée du Gave d'Oloron, la région de Pau et les cantons du Béarn,les femmes ont porté tôt le mouchoir de tête,de couleurs vives.
Le mouchoir,(le "cabilh"),dont le port et l'entretien étaient plus faciles que celui du capulet,était surtout réservées aux travaux des champs,aux sorties courantes telles que les marchés.Il s'agissait alors de mouchoirs en lin ou en coton,très souvent blancs,à carreaux de couleur.Plus tard,à partir de 1850 environ,le port du mouchoir de tête se généralisa,pour les sorties,quelles qu'elles fussent.L'on trouva alors des mouchoirs de laine,des foulards de soie brochée aux coloris chatoyants,que les femmes portaient,pour les protéger,sur les serre-tête auxquels il a été fait allusion,ou,parfois,sur la coiffe.Ces mouchoirs,simplement pliés en biais,pouvaient se nouer d'au moins sept façons différentes,dont certaines étaient particulièrement gracieuses.
Plus tard,à partir de la fin du XIXe siècle,à l'intérieur principalement,on se contenta de porter,sur le chignon,un "cache-chignon",appelé "couhet" ou"coeyfet". Réalisés en tissus légers de coton ou de soie unie,imprimée ou brochée,avec des plissés,des bouillonnés fins,des parties perlées,certains de ces cache-chignon étaient vraiment originaux.
Les coiffes d'enfant avaient la particularité d’être taillées dans des tissus de couleurs vives.En Ossau,par exemple,elles étaient appelées "couhétes" et comportaient trois quartiers de soie damassée pour les filles,cinq pour les garçons.Les garnitures différaient également,selon le sexe de l'enfant.
L'Homme
Comme on peut s'y attendre,le costume de l'homme est moins divers et moins raffiné que celui de la femme.
Sa lingerie ,ne comprend pratiquement que la chemise_camisot_de lin,à plis,sur le plastron quand il s'agit de la chemise des jours de fête.Par-dessus un ou plusieurs gilets.Pour le travail,le gilet porte des manches serrées par un poignet fermé par un bouton.
Le gilet s’arrête à la taille.Il s'y ajuste grâce à une martingale à l'arrière.3 ou 4 poches,dont une spacieuse à l'intérieur,permettent d'avoir sous la main les objets usuels.
La blouse camisole dans le sens général,qui peut être chamarre (à rapprocher du français simarre et du basque chamarra) en Aspe et Barétous quand elle est en laine noire pour tenue de cérémonie,ou chartese quand elle est de coton bleu gris.Cette dernière est plus quotidienne et souvent portée,sans leur être réservée,par les fermiers et métayers.
Dans les deux cas,le vêtement repose sur un empiècement qui prend les deux épaules auquel se rattachent les manches et le corps par des fronces.
La hauteur moyenne est de 60 à 80 cm.Elle est un peu plus courte au sud-ouest,en vallée d'Aspe et Barétous,comme celle du Pays basque.
La largeur du tour du bas n'est pas inférieure à 200 cm.
L'encolure simple peut être galonnée.Elle reste le plus souvent ouverte,retenue par une anse ou un brandebourg à boutons.
Avant que ne se répandent les sous-vêtements isothermes comme les flanelles,les hommes portaient une large ceinture de laine à franges,dans laquelle ils s'enroulaient et qui leur tenait le ventre et les reins au chaud.On retrouve cette pièce de vêtement dans toutes les régions pyrénéennes au nord comme au sud de la chaine.Sa couleur la plus courante est le noir.Viennent ensuite le rouge et le bleu.Pour les jours de fête,les plus fortunés la portaient de soie rouge ou violette,plus rarement bleue.
La culotte parait être en usage en Béarn dès le 17 e siècle.Elle est portée par les personnages des bas-reliefs de Sarrance et de la crèche d'Oloron.
Elle sera remplacée,en imitation du costume citadin,au 19 e siècle,par le pantalon.Celui-ci,s'il présente l'inconvénient de "flotter" dans le bas,offre l'avantage de protéger la jambe des intempéries,des écorchures des broussailles et des rochers ainsi que des piqures des insectes l'été.
Ce faisant,l'importance de la guêtre _caousse_de drap ou de laine tricotée se trouve réduite.Avec la culotte,elle couvrait la jambe jusqu'au-dessous du genou.Elle ne subsistera dans cette dimension que pour accompagner la culotte de cérémonie.Réduite à demeurer au-dessous du mollet,elle emprisonnera le bas du pantalon l’empêchant de flotter et son volant _gansooou,gansole ou boulard _se posera sur le sabot,le soulier ou l'espadrille.
Comme la culotte des jours de liesse sera le drap fin_velours ou étamine_le bas-guêtre assorti de laine tricotée blanche avec des dessins de fantaisie.
En dehors des boutons des pièces de cérémonie faits de fil ou recouverts de tissu,ceux qui tenaient les vêtements d'usage courant pouvaient venir des fabriques béarnaises qui les tiraient des os des animaux.
Béret - "Bounet" - "Berret"
Le béret _du latin birrum_qui se dit pourtant "bounet" en béarnais,est fabriqué et porté dans ce pays depuis plusieurs siècles.Fait à l'origine en tricot de laine de l'endroit (on trouve cette façon encore au début du 19 e siècle entre les mains des bergers) il est de bonne heure objet de travail d'industrie.En raison de la dureté des laines locales ,on leur préfère dans les ateliers les laines d'importation,plus douces et plus souples,traitées dans les filatures spécialisées.
Après une addition d'huile animale (ensimage) pour faciliter le cardage ,le fil sera retordu avant d’être expédié aux usiniers.
C'est ensuite le tricotage.Le béret se présente alors sous la forme d'un large cercle blanchâtre et plat ouvert le long d'un de ses rayons.Cette ouverture est fermée par le remaillage.Jusqu'aux environs de 1940,l'opération était confiée à domicile à des femmes des campagnes des environs d'Oloron et de Nay.Elle se fait aujourd'hui sur des machines.
Le foulonnage resserre le tricot en le feutrant.Puis le béret passe à la teinture.Il y prend les nuances voulues par la clientèle.
Jusqu'au début du siècle,les hommes des vallées _surtout celle d'Ossau_affectionnaient le béret marron,sans doute en souvenir de ceux qu'autrefois on tricotait à la main avec la laine brune du cru.Mais,dès 1875 au plus tard,les fabriques mettaient en circulation au moins autant de bérets de couleur sombre,dits bleu marine que d'articles marron.
Le noir est, depuis lors,la couleur dominante des coiffures d'homme.
Le grattage aère le poil superficiel aplati par les foulons.Puis le tondage ou rasage égalise les poils soulevés.
Aujourd'hui,le garnissage finit la présentation par la pose d'une bande de cuir pour le tour de tête et celle d'une coiffe à l'intérieur en tissu chatoyant orné d'un blason suivant la marque et le fabricant.
Espadrille - "Espartègne"
L'Espadrille _l'espartègne béarnaise_,est l'une des sandales,celle que les Romains connaissent sous le nom de "spartea" chaussure à semelle de corde.Elle comprend toujours cette semelle surmontée d'une empeigne de tissu dite "téle" ou toile qui retient le pied.
Antérieurement au 19 e siècle ,la corde devait etre tressée avec du chanvre,d'où le nom de "cambet" qu'on donne encore au jute qui s'imposa de très bonne heure dans la fabrication.
La même évolution a été suivie par la "toile" où le coton a remplacé le cuir et le lin.
Aux alentours des années 1920,le tressage à la main,long et irrégulier fut remplacé par un tressage mécanique ,plus serré.
Pour la confection de la semelle ,la tresse est disposée sur le moule en deux spirales,les "cœurs" ,qui prennent environ 15 tours de tresse.Le bout extérieur de celle-ci,coupé aux ciseaux,en rentré grâce à la "filière",sorte de cône métallique poussé par un poinçon.La semelle est alors sommairement liée pour faciliter les manipulations.
La toile est taillée en deux pièces:
-le devant suivant le gabarit,pour la partie longue sur le pied;
-le talon,paré par un dégagement léger pour que le tissu s'applique contre le pied et ne baille pas.
Les deux pièces sont assemblées par une triple piqure pour résister aux efforts.
Montage._Jusqu'au début du 20 e siècle,la toile était assemblée par pose et couture après que la semelle ait été cousue séparément.A partir de 1920 environ,une seule et même opération joint et serre la toile contre la semelle tout en cousant cette dernière à l'aiguille-poinçon actionnée d'abord à la main ,puis à la machine.
On arrête le bout de la corde par un nœud.On taille et cire l'autre bout enfilé dans le chas de l'aiguille-poinçon.
La corde ,ainsi menée,va passer de l'extérieur de la semelle,au niveau du milieu de la tresse,vers le centre,jusqu'au croisement des cœurs.
Pour le talon,les points sont faits en oblique_jamais en équerre_ et forment une sorte de feuille de fougère.Ils doivent prendre tous les rangs de tresse au milieu de celle-ci pour éviter les dénivellements et les pertes de force.
Après la couture du talon,le point traverse toute la semelle grâce à un avant-trou fait au poinçon.
Quand on arrive à la pointe de l'espadrille ,on reprend le point en éventail.
Le dernier point sera la clef avec un nœud de retenue à l'endroit du commencement de la couture.