JEANNE-BOUILLAR
dit Dédé le Basque 1917-1944
AD 47 -1738 W 81- Dossier N°837
Contenu N°7
La justice de l’épuration , s’est intéressée
aux efforts d’Émile Roubertie, lorsqu’il était procureur de la République à
Bayonne,en vue d’arrêter en 1944, André Bouillar.La mémoire de ce résistant mort
en Gironde le 22 août 1944, des suites de ses blessures au combat, est honorée à
Bayonne sous deux identités :
André JEANNE-BOUILLAR à l’intérieur du hall d’entrée de
l’hôtel de police, ainsi qu’au monument aux morts.
André BOUILLAR dénomination d’une petite rue près de la
poste Jules Labat.Intentionnel
ou non,l’emplacement de la rue André Bouillar est un clin d’œil à l’histoire
locale. A quelques pas de là,une organisation immodérément favorable au régime
nazi,le Parti Populaire Français,y avait pris ses quartiers.Des hommes de main de cette formation ont été envoyés dans le département des Landes pour le traquer.
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Monument aux morts de Bayonne_Coussirat Armand_Jeanne-Bouillar André | |
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Près de la poste rue Jules Labat
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En l'état des recherches,la filiation de "dédé le basque" est un imbroglio :
- André JEANNE BOUILLAR et André BOUILLAR sont une seule personne.
- L’acte de mariage _
Bayonne 22 novembre 1941_sur la foi d’un acte de notoriété dressé par le juge
de paix du canton nord-est de Bayonne précise qu’André Gustave JEANNE
BOUILLAR est né à Barcelone le 3 juin 1917 ,qu’il est le fils de Paul Bruno
Germain JEANNE,décédé,et de Lucie CHATRIS,sa veuve,domiciliée à
Bayonne,rue Brigadier Muscar,chalet Jacky.
- Le père biologique,Paul Bruno Germain JEANNE,serait né
à Grepiac (Haute-Garonne) le 14 avril 1890 et marié le 23 avril 1910 à
Saint-Sulpice-sur-Lèze (Haute-Garonne) à APPAS Victorine Noémie.
- L’acte de naissance de Victorine Noémie APPAS du 7
novembre 1888 signale seulement un mariage à Toulouse le 12 avril 1930 avec
Raymond Marius Auguste AYROLLES et un décès à Saint-Sulpice le 01/03/1955
- L’acte de naissance de Lucie Pauline CHATRIS,(fille
de Gustave) rapporte qu’elle est
née à Toulouse le 23 juin 1889,
mariée dans la même ville le 19 février 1921 à Albert Léon BOUILLAR.
En résumé,Albert Léon BOUILLAR serait le père adoptif
d’André Gustave JEANNE.
Sources:
https://www.filae.com et Retronews _abonnements payants
Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque
Etat civil Bayonne
Archives départementales de Haute Garonne,https://archives.haute-garonne.fr/
André
Bouillar vu par l’Assaut hebdomadaire régional du Parti Populaire Français
L’Assaut N°180 22 juillet 1944
Rubrique L’Assaut des Basses-Pyrénées
BAYONNE
Qui avait raison ?
Lorsque l'assaut attirait l'attention sur Tarnos et jetait des
cris d'alarme, les bons fonctionnaires gaullistes se bouchaient les yeux et les
oreilles.Bien mieux l'excellent élève exécutant de Lafeychine, le trop fameux Bouillar, en récompense de sa propagande communiste, se
voyait titulariser dans ses fonctions d'inspecteur de police et recevait de
l'avancement.Cependant, toute la série de ses chefs devait bien savoir mieux
que nous ses agissements.Doit-on rappeler notre numéro de l'Assaut du 12
décembre 1942 où nous signalions avoir
remis au sous-préfet de Bayonne 5 mois auparavant un dossier de l'affaire de
Tarnos où tous les inculpés d'aujourd'hui étaient signalés avec preuves et
témoignages à l'appui ?Peut-être apprécieraient-ils particulièrement ses
aptitudes à la fabrication des fausses cartes d'identité à la mairie de Tarnos ?N'a-t-on
pas la preuve aujourd'hui que Bouillar était le pourvoyeur du maquis en fausses
cartes d'identité ?Il faudra bien qu'un jour tous ces tristes personnages,dont
la tête est à la région, rendent compte de leurs trahisons.On nous a cependant
traités de diffamateurs !ParIons nous à la légère ? Écoutez :
Le 29 juin à Bordeaux ,des malfaiteurs se livrent par
hasard ,à une belle petite fusillade.
(1)Un agent de police
française est tué (2),un autre blessé.Par chance deux terroristes sont blessés
et capturés.Ils sont de Tarnos.(3)
Leurs aveux furent édifiants : exécutants aux ordres du
ci-devant inspecteur de police Bouillar , devenu chef de bande de
terroristes.Ils avaient tous de concert
avec Mouchet (4),Capdeville,et Ribeyrolles, commis les attentats de Bayonne des
30 janvier, sur les Permanences nationales, et 20 mai sur le Bureau d'embauche et
le Service de l'Information.Ne vivons-nous pas une curieuse époque ?
Le fils de cet officier de gendarmerie (4), connaissant à
fond la ville où son père exerçait naguère ses fonctions comme chacun sait ,se fait la
main en faisant sauter à la bombe les devantures des bons Bayonnais ; puis
pensant qu'un petit voyage est devenu nécessaire pour ne pas trop attirer
l'attention ,il gagne Bordeaux avec ses hommes de main et, là, s'amuse à
des exercices de tir réel dans les rues.
Qui a placé Bouillar à Tarnos ?Qui l’y a maintenu ?Qui
l'a noté ? Qui lui a fait avoir son avancement ?
Quel est le préfet qui osera ouvrir ce dossier, terriblement
accusateur, mais qui éclairerait d'un jour violent les agissements des bons fonctionnaires
de la prétendue Révolution Nationale ???
L’article est non signé, mais manifestement bien renseigné.
Notes
1_Les phrases en italique ont été remises en ordre à la
suite d’inversions dans la composition typographique.
2_Le policier tué :Jean Pourrat né le 10 juin 1914 à
Castillon-de-Castets.Sur les circonstances de sa mort,on se reportera vers le
livre de René Terrisse BORDEAUX 1940-1944 Librairie Académique Perrin 1993 ISBN
2-262-00991-0_ pages 272 à 274
(3) _Mouchet Jean dit « Jeannot » fusillé le 1/8/1944 voir sa notice dans le Maitron en ligne
https://maitron.fr/spip.php?article169162, notice MOUCHET Jean [dit Jeannot] par Julien Lucchini, version mise en ligne le 16 janvier
2015, dernière modification le 12 mars 2020.
(4)_ La fiche matricule militaire d’Albert Léon Bouillar
,rapporte qu’il a été affecté pour convenances
personnelles à Bayonne en qualité de capitaine de gendarmerie le 24 janvier 1936 .
Archives départementales des Hautes-Pyrénées 1 R 216 _1917 Registre matricules n° 1501 – 1628 (Vues 225 à 227)
L’article publié le 12 décembre 1942 dans
L’Assaut fait référence à l'arrestation du Chef
de service du rationnement de la commune de Tarnos : « (....) chez lequel ont été découvertes
des centaines de cartes d'alimentation et tout un matériel de literie dérobé au
service des réfugiés .En outre, plus d'un millier de cartes périmées, n'ayant
certainement pu être écoulées à temps, ont été découverte dans les bureaux de
la mairie .
Cette affaire se compliquerait d'attentat à la pudeur sur une fillette de 16 ans, occupée au service de
Lxxx
Nous ajouterons que ce dégoûtant personnage avait été inquiété il y a quelques mois… et pour cause
….mais avait bénéficié d’un non lieu du à de puissants appuis.
Nous sommes heureux de signaler en cette circonstance, que le P.P.F. il y a cinq mois environ, il avait signalé à M. le Sous-Préfet de
Bayonne les agissements du sus nommé Lxxx et des nombreux complices de son entourage .Nous
avions cru utile de faire le silence autour de cette affaire jusqu’à ce jour,
afin de ne pas entraver l'action de la justice.(...)"
Article non signé.
SourceL'Assaut,collection de la Bibliothèque nationale de France.
Site François-Mitterrand, Bibliothèque de recherche. Sur papier, cote : GR FOL-JO-2743 : a. 1, n° 1 (1940, 15 sept.)-a. 5, n° 183 (1944, 19 août) <inc.> ; lac. : 1941, n° 49
.
Extraits du dossier de la Cour de justice de Lot et Garonne
AD 47 -1738 W 81- Dossier N°837
Au hasard des pièces,on observe des variations dans la manière d'écrire Bouillar.Les rectifications sont le fait de l'auteur du blog.
Lettre de Roubertie du 9 septembre 1944
adressée au Procureur de la République à Bayonne
« Quant au mandat d'arrêt Bouillar les dossiers sont à
l'instruction.Cet ex policiers fabriquait de fausses cartes d'identité.De plus
il est l'auteur de divers attentats de Bayonne en janvier et en mai 1944.Saisi
de ces faits par des rapports et de police et de gendarmerie je devais en tant
que Procureur ouvrir une information et des mandats devaient être délivrés.Je
voudrais qu’en toute justice mes actes soient examinés par des personnes
compétentes et en dehors de toute excitation partisane.
Je vous demande en outre de vouloir bien donner des ordres à
la maison d’arrêt afin que je ne sois appelé et entendu que par des personnes
ayant mandat régulier et enfin pour que je sois assisté d’un gardien s’opposant
aux violences »
Explications d’Emile
Roubertie 3 octobre 1944
DEMANDE : on dit aussi que en relation avec la Gestapo
vous auriez tenté de faire arrêter le fils de l'ancien capitaine de gendarmerie
Bouillar, membre actif de la résistance.Que pouvez-vous répondre à cela ?
REPONSE : j'ai ouvert une information contre inconnu à
la suite de divers attentats.Le 29 juin 1944 avait lieu à Bordeaux une agression contre un
individu dont j'ai oublié le nom ; un agent de police français était tué.L'un
des agresseurs, le nommé Mouchet, était arrêté et déclarait au cours de son
interrogatoire il faisait partie d'une bande de quatre dont Bouillar était le
chef ; que c'était eux qui avaient commis les attentats de Bayonne en
janvier et en mai 1944.Tous ces rapports, soit de Gendarmerie, soit de la
police, se trouvent au cabinet du Juge d'Instruction.J'ai alors demandé à ce
magistrat de décerner mandat d'arrêt, ce que mes fonctions m’obligeaient de
faire
Audition de Sorel de Neufchateau Armand 12 avril 1945
Ancien
chef de la Milice Française à Bayonne
« J'ai connu M.ROUBERTIE personnellement et je l'ai vu
assez souvent mais j'ai eu des relations surtout par les mots qui m'envoyait
par l'intermédiaire de l'agent de police HOSTEIN, lequel les complétait la
plupart du temps verbalement.
Je précise qu'il n'avait de rapport avec moi qu'en tant que Chef
de la Milice.C’'est lui d'ailleurs qui a demandé à faire ma connaissance.
Il m'a donné entre autres des renseignements sur ce qu'il
appelait la bande Bouillar, m’a dénoncé toutes les activités passées de ladite
bande et m'a donné le dernier signalement de Bouillar qui circulait dans la
région en motocyclette sous un déguisement.
Il me fournissait le double à peu près de toutes les
affaires gaullistes, résistance, et…. qu'il jugeait utiles, régulièrement.Ces
renseignements auraient pu être très préjudiciables à la résistance si ces
indications étaient tombés en d'autres mains que les miennes.
Lecture faite persiste et signe
Déposition 4 juin 1945
Exxx Jean Secrétaire au Parquet
M.ROUBERTIE manifestait
nettement ses sentiments pro- allemands, était partisan de la collaboration la
plus complète.
Je sais qu'il avait déclaré à qui voulait l'entendre que si
la route de Berlin était menacée malgré ses soixante ans,il serait disposé à
aller la défendre.
Par ses propos il se réjouissait des victoires allemandes et
par contre il mettait beaucoup d'acharnement contre tout ce qui touchait les Anglais
et les juifs.
Il a déployé beaucoup d'activités au sujet du nommé Bouillar
qui faisait partie de la Résistance et recueillait tous les renseignements
susceptibles de faciliter sa capture .
Il recevait
journellement la visite de Gxx P.P.F qui
lui servait de mouchard pour les communes de Tarnos Boucau
Déposition de Mme Coussirat
Monique 22 juin 1945
Mis à jour le 11 mai 2024
Coussirat Armand né à Tarnos le 27 octobre 1913
,du Contrôle économique de Bayonne,résistant,mort en déportation le 15 novembre 1944 à Hersbruck (Allemagne).Il avait été témoin au mariage d'André Jeanne Bouillar.
Mon mari a été arrêté le 11juin 1944 et le lendemain matin
alors que personne à Bayonne n'était au courant de cette arrestation je suis
venu trouver M.Roubertie Procureur de la République à Bayonne. Aussitôt
celui-ci m'a déclaré qu'il savait que mon mari était arrêté par les Allemands
parce que en perquisitionnant chez Bouillar ils avaient trouvé une photo de mon
mari .
Sur le moment j'ai été suffoquée ne comprenant pas comment
il pouvait être déjà au courant. M Roubertie comme je lui demandais d'intervenir en faveur de mon mari a téléphoné
au Capitaine MULLER de la Gestapo en lui affirmant que mon mari n'avait rien
fait contre eux.Par la suite il m'a accompagné à deux reprises à la Gestapo
j'ai pu me rendre compte qu'il était très bien vu dans ces milieux.
D’ailleurs à la Gestapo où j'ai eu l'impression ce qui
m'avait choqué un peu qu'on le traitait plutôt comme un vulgaire agent que
comme un procureur de la République.
D'ailleurs il avait senti lui-même car il m'avait fait la
réflexion suivante « Wiedman ne prend pas toujours assez en considération
les renseignements que je lui fournis ».
Par la suite à la Gestapo Wiedman et Muller m'ont tout de
suite déclaré que si j'indiquais où était Bouillar mon mari serait aussitôt relâché.Devant mon
reflex ils n'ont pas insisté et je pense qu'ils ont dû charger M.Roubertie de le faire lui-même estimant qu'il lui serait
plus facile à lui étant français ,car Roubertie qui ne m'en avait pas parlé
auparavant me parla de Bouillar et à trois ou quatre reprises c'est-à-dire à chacune de mes visites dans son
cabinet il m'invita à indiquer où se trouvait Bouillar en me disant que c'était
mon devoir de française ,de mettre ma patrie au-dessus du tout.Il m'a dit
également que si je dénonçais Bouillar mon mari serait relâché.
De même il m'avait déclaré que si mon mari avait suivi ses
conseils et avait comme Dxxx qui était entré dans la Brigade de Répression
contre le Terrorisme,il n’en Il ne serait pas là où il en était.
Une autre fois comme j'arrivais à son cabinet il me dit « j'ai
une bonne nouvelle à vous annoncer « Bouillar est arrêté » comme je
savais pertinemment qu'il ne l'était pas j'ai répondu aussitôt « tant
mieux, alors mon mari va être libéré ».J'ai compris qu'il m'avait tendu un
piège pour voir mes réactions.
Mon mari a été amené en Allemagne et est mort à DACHAU.
Réponse de Roubertie 24 juillet 1945
En ce qui concerne les déclarations de Madame Coussirat je me ne me souviens pas de quelle façon j'avais été avisé de l'arrestation de son
mari, peut-être est-ce par un coup de téléphone de la police ou du contrôle
économique ,ou peut-être est-ce par un membre du P.P.F.Il est exact que je suis
intervenu vigoureusement en faveur de M.Coussirat pour qu'il soit relâché par
les Allemands.C'était un très bon contrôleur sur le compte de qui j'avais une
très bonne impression.C'était la deuxième fois qu'il était arrêté par les Allemands.Je me
souviens que cette deuxième arrestation avait été provoquée par la sûreté
allemande de Bordeaux qui était hiérarchiquement au-dessus de celle de Bayonne.II
est exact et je vous l’ai déjà déclaré que Wiedman était un rustre et lorsqu'il
me recevait il agissait comme quelqu'un dénué de toute espèce d'éducation.Il
est possible que j'ai dit à Madame Coussirat que Wiedman ne prenait pas assez en considération les
renseignements que je lui fournissais.En effet je considérais Wiedman _mot
illisible_ et lorsque je lui parlais en qualité de Procureur de la République
je voulais qu'il m'écoute avec la même considération que m'avaient témoigné ses prédécesseurs
Audition 25 juin 1945
Hosteins Robert
J'ai connu Mr Roubertie en 1943, lorsque je fus détaché
comme Gardien de la Paix planton au Parquet du Tribunal de Bayonne.Je
travaillais alors pour le compte du service de Renseignement français de la Résistance.
Roubertie a eu à Bayonne une activité politique marquée.Il
s’est vanté devant moi, lors de sa présence à Limoges vers 1936, d'avoir
facilité la vente du journal Royaliste de l'Action Française (…)
A Bayonne Roubertie manifestait une animosité particulière contre Bouillar,
un chef de la Résistance tombé face à l'ennemi.Il avait à Tarnos pour le
renseigner sur ces agissements de ce dernier, un nommé Grixxx membre actif du P.P.F.A plusieurs reprises ,Gxxx
transmit à Roubertie des renseignements sur Bouillar et ses hommes.Roubertie
transmettait alors au S.D.En juin 1944,Roubertie
me dépêcha auprès de Gxxx à Tarnos,afin que ce dernier me communique des
renseignements sur Bouillar ,renseignements qui d'après eux devait permettre
l'arrestation de toute la bande.Je me rendis chez Gxxx,et de ce dernier me
donna les renseignements demandés par Roubertie.De retour à Bayonne,et avant de
me rendre au Parquet,je rencontrais le Commissaire Renaud ,actuellement aux Renseignements
Généraux à Bayonne, auxquels je transmis les renseignements que m’avait donnés Gxxx .Nous établîmes tous deux, un
rapport erroné que je remis à Roubertie. C'est ainsi que cette fois là,
l'arrestation de Bouillar fut manquée.Roubertie, transmettait au S.D. les
renseignements que nous donnait son agent.Il profita de ce qu’un nommé Dxxx Eugène avait été arrêté porteur d'une fausse
carte d'identité qu'il avoua avoir été
faite par Bouillar , pour lancer immédiatement contre ce dernier un mandat
d'arrêt portant la mention « individu dangereux abattre »
Audition de Roubertie
07 juillet 1945
« Il est faux que j'ai communiqué au S.D (Service de
sûreté allemand) le procès-verbal relatif à l'attentat commis par les nommés
Mouchet et Dxxx .Mouchet qui avait été arrêté à Bordeaux à la suite du meurtre
d'un agent de police français avait été auteur des attentats commis à Bayonne
en janvier et mai 44. C'est pourquoi la police bordelaise m'a envoyé copie de
ces déclarations mais je n'ai pas mis les Allemands au courant de ces déclarations
qu'ils ont sûrement connu avant moi .Il se peut que la police allemande soit
par la suite venue me parler de cette affaire mais c'est tout . »
Audition de Roubertie
24 juillet 1945
En fait je défie qu'on me prouve la plus petite activité
contre un groupe de Tarnos.Je savais par
le P.P.F que ce groupe existait, je savais qu'il avait des armes, et je savais
également que c'était ce groupe qui était l'auteur des attentats de Bayonne des
30 janvier et 20 mai 1944 ;or à la suite de ces attentats, j'ai ouvert
comme tout procureur l'aurait fait des dossiers d'information contre inconnu.Je
n'ai jamais fait de ce que le P.P.F. me racontait concernant les auteurs de ces
attentats,mais en juin ou juillet 44, les mêmes individus s'étant livrés à une
bataille entre eux dans les rues de Bordeaux un agent de police français fut
tué et un sieur Mouchet blessé et poursuivi par des agents fut arrêté. Dans son
interrogatoire à la police, il parla des attentats de Bayonne dont il s’avoua l'auteur avec Bouillar et un ou deux individus
dont les noms m'échappent.La police de Bordeaux m’envoya donc une copie de ses
déclarations.Je transmis au juge d'instruction et _mot illisible_ information
contre personne dénommée avec délivrance de mandat d'arrêt.Cette affaire est donc
parfaitement claire,ni Gxxx, ni personne de Bayonne n'y a joué le plus petit
rôle.
Déposition 10 aout
1945 Renaud René Commissaire de Police à Bayonne
Il est exact que au mois de juin 1944 Hostein m'avait
prévenu qu'il allait voir Gxxx envoyé par M.Roubertie qui l’avait chargé de recueillir des
renseignements auprès de lui, au sujet de la bande de Bouillar.J'ai attendu Hostein
dans sa chambre et lorsque celui-ci est revenu il m'a fait part des
renseignements que lui avait fourni Gxxx - renseignements très important car il
pouvait parfaitement être à la base de toute l'équipe recherchée.Aussitôt nous
avons donné l'alerte à Tarnos où se trouvait l équipe de Bouillar et les
renseignements fournis à M.Roubertie avait été arrangés.
Confrontation Hostein -
Roubertie 04 septembre 1945
Demande au témoin Hostein .Je vais donner des lectures de
la déposition que vous avez faite le 25juin 1945. Maintenez vous cette
déposition ?
Réponse Je confirme ces déclarations à l'exception
d'une rectification dont je vous parlerai tout à l'heure.
J'étais gardien de la paix à Bayonne lorsque j'ai été
détaché le 8 janvier 1944 comme planton au parquet.J’appartenais à la
résistance depuis 1942 comme agent de renseignements et j'avais comme chef
direct l'inspecteur de police Renaud.Sur les ordres de mon organisation, je
suis entré au P.P.F. dans le courant de l'été 43 pour recueillir des
renseignements sur ce groupement. M. Roubertie savait que j'étais adhérent PPF et c'est pour cette
raison qu'il m’a fait parfois certaines confidences et qu’il m'a chargé de certaines commissions.J'ai
déclaré que M.Roubertie manifestait une
animosité particulière contre Bouillar : en effet M.Roubertie parlait fréquemment de celui-ci en des termes qui
trahissaient cette animosité.D'autre part en mai ou juin 44, mais plutôt en
juin, un jour que j'étais de repos,M.Roubertie m'a chargé de me rendre à Tarnos
auprès du dénommé Gxxx pour recueillir auprès de ce dernier des renseignements
sur un parachutage d'armes qui avait eu lieu dans la région de Tarnos et
également pour avoir des renseignements sur l'activité de Bouillar. M.Roubertie
m'avait remis une carte de visite pour
m'introduire auprès de Gxxxx .Avant de partir, j'ai rendu compte de cette
mission à mon chef Renaud qui m'a conseillé d'y aller.Gixxx m'a effectivement
donné des renseignements sur ce parachutage d’armes, me disant que les armes
avaient été amenés dans un café de Tarnos et distribuées et que Bouillar avait été vu quelques temps
auparavant à Labenne.Au retour , j'ai rendu compte à nouveau à Renaud de
ce que m'avait dit Gxxx.Celui-ci m'a recommandé de taire certains faits et de
rapporter les autres à M.Roubertie, ce que j'ai fait .
Gxxx autant que je me souvienne est venu trois fois voir M.Roubertie
au parquet .Grixxx était un P.P.F.actif.Ce
n'était pas un fou mais un déséquilibré qui avait notamment la manie de la
persécution.
C'est M.Roubertie lui-même
qui m'a dit qu'il transmettait à la police allemande des renseignements
et notamment les renseignements concernant Bouillar .
Dans la déposition que j'ai faite le 25 juin c'est à tort
qu'il a été mentionné que M.Roubertie avait inscrit sur le mandat d'arrêt lancé
contre Bouillar les mots « individu dangereux à abattre ». Ces mots n'ont pas été inscrits sur le mandat
d'arrêt mais ce sont des propos que M.Roubertie m’a tenu à moi même à
l'occasion de cette affaire.
L’inculpé
Hostein s'affichait assez violemment comme membre du P.P.F. ce
parti agissant de concert avec la police allemande j'étais obligé de prendre
beaucoup de précautions pour éviter des conflits.Hostein était un tout jeune
homme de 20 ans, gardien de la paix auxiliaire et simple planton ,il est
ridicule de sa part de prétendre qui il était mon confident, mais j'étais
obligé de lui témoigner beaucoup de bienveillance en raison des rapports qu’il faisait
au P.P.F. sur ce qui se passait au
parquet
(…)
Je n'ai manqué aucune animosité particulière contre Bouillar
.Un sieur Dxxx ,repris de justice et relégable fut arrêté pour vol au environs
du 15 mai 1944 ; cet individu avait donné une fausse identité soit disant
par crainte des allemands en réalité pour essayer de dissimuler son passé
judiciaire .Les Allemands ont connu cette affaire de fausse cartes d'identité,
je ne sais au juste comment mais je crois, par un « mouton » de la
prison, je crois pas qu'ils aient pris de sanction contre lui ,la justice
française était saisie ,ils m'ont laissé poursuivre l'affaire après avoir cependant procédé à un
interrogatoire de Dxxx Bonjour dont ils m'ont donné copie et qui figure au
dossier.
Mention marginale :
Dxxx a été arrêté vers le 15
janvier 1945 avec quelques uns de ses acolytes pour vol à main armée,ce qui
prouve que mon appréciation de 1944 était juste.
Dxxx a été signalé dans un rapport de gendarmerie,je crois
comme un homme dangereux en ces termes « homme de main de Bouillar ». A
la suite des aveux de Dxxxx, comme Bouillar et ses acolytes étaient en fuite
depuis le 20 mai, le juge d'instruction lança un mandat d'arrêt.Je considérais Bouillar
qui dépendait du département des Landes, comme très dangereux pour notre
tranquillité à Bayonne, parce que à la suite des attentats contre des maisons
particulières les 30 janvier et 20 mai 1944 nous avions obtenu des allemands
qu'aucune mesure ne soit prise contre la population, les autorités
d’occupation nous avaient formellement déclaré au Sous-Préfet au Maire et à
moi,qu’au prochain attentat il y aurait arrestations et exécutions
d’otages.Déposer des bombes devant des permanences de parti politique ou devant
les bureaux de la propagande allemande ne pouvait pas constituer à mes yeux de
magistrat ,un acte de résistance mais seulement un crime de droit commun.Si
Bouillar avait voulu travailler contre les forces militaires
allemandes,c’était fort simple,pendant toute l’occupation,en pleine ville de
Bayonne,un service de navigation a débarqué ,venant des mines anglaises de
Bilbao,des quantités de minerais(1),jamais ce trafic n’a été gêné en quoi que ce
soit,les quais n’étaient pas gardés et Bouillar cependant s’est contenté de
jeter des bombes contre des immeubles particuliers.(…)
(1) L'affirmation de Roubertie est confirmée par des états chiffrés consultables en salle de lecture du Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (Cotes sur demande auprès du blog)
Statistiques journalières détaillées du port de Bayonne;
Date d'entrée/Date de sortie
Nationalité du navire
Nom du navire,
Nom du capitaine,
Nom de l'armateur-courtier
Tonnage
Nature du chargement
Provenance
Exemple de statistiques annuelles (extrait):
1940:98 navires à l'entré chargés portant 196.922 tonnes
1941:614 navires à l'entrée chargés portant 172.048 tonnes
1942:1455 navires à l'entrée chargés portant 434.947 tonnes
1943:687 navires à l'entrée chargés portant 260.175 tonnes
1944:550 navires à l'entrée chargés portant 183.023 tonnes
1945:86 navires à l'entrée portant 56.172 tonnes
Déposition de Fxxx
Pierre 4 septembre 1945
« En ma qualité d’huissier, il m’était plus
particulièrement facile de surveiller l'activité de l'ex procureur Roubertie.En
maintes occasions,et au cours de nos conversations dans son bureau, il fit état
de ses relations avec les Allemands.Notamment au moment où la Feldkommandantur quitta
Biarritz pour Mont de Marsan, il le déplora devant moi et il prononça la phrase
suivante : »C'est bien ennuyeux pour moi ;chaque fois que
j'avais besoin de quelque chose, je n'avais qu'a prendre mon chapeau et ma
canne, et je revenais satisfait. »
Plus particulièrement,un mardi fin mai ou début juin 1944,
le jour où se tenait l'audience de la Première Chambre du Tribunal civil, j'ai
été amené pour un motif de service, dans le bureau du procureur Roubertie.Pendant
que je lui exposais les raisons de ma venue, un coup de téléphone suspendit
notre conversation.J’ai su par la suite que son interlocuteur était le chef de
la Milice, Sorel de Neufchâteau.Le procureur prononça ces mots « Bonjour Chef ;
je vous ai appelé il y a un instant, avant votre arrivée, car il est nécessaire
que vous fassiez des recherches avec la dernière énergie sur cet espèce de
communiste qui s'appelle André Bouillar.Je tiens aussi à ce que vous fassiez
une enquête approfondie sur les influences qui ont pu permettre que cet
individu reste aussi longtemps Inspecteur de police à Tarnos. »
En effet ces termes que je viens de reproduire furent immédiatement
et fidèlement retranscrits, car je connaissais tout particulièrement Bouillar
qui appartenait à mon réseau de renseignements et qui était mon chef de
groupe.Il se trouvait à ce moment-là à Bordeaux et le renseignement lui fut
envoyé par mes soins,immédiatement.
Lecture faite,persiste et signe avec nous.
Autres extraits du dossier de la Cour de justice de Lot-et-Garonne
AD 47 -1738 W 81- Dossier N°837
publiés dans le blog Retours vers les Basses-Pyrénées
Entre le procureur de la République et le Parti Populaire Français
Bayonne:Mgr Vansteenberghe entre le 14 mars et 10 décembre 1943
Témoignages en faveur de l'ancien procureur de la République à Bayonne (1941-1944)
Correspondance entre Émile Roubertie et André Besson dit "Besson-Rapp" du Service de police des Sociétés Secrètes
En fuite ,l’ancien chef du P.P.F de Bayonne, demande
une aide financière au consul d’Allemagne à San-Sébastien
Dessins de presse jugés obscènes par Marcel Ribeton,refus des autorités allemandes de censurer,
Bayonne 19 mai 1944 - 06 juin 1944