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04 avril 2025

Surveillance d'une alsacienne

Pau,le 10 août 1917

MINISTÈRE DE L INTÉRIEUR
Direction de la Sûreté Générale
COMMISSARIAT SPÉCIAL
des Chemins de Fer
de  Pau

Le commissaire spécial de Pau

à Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées

La demoiselle Schmit, Marie, qui fait l'objet de la note ci-jointe de  Mr. le Général Commandant la 18ème région, habite actuellement rue Pasteur à Pau, à proximité du temple protestant. Elle vit maritalement à cette adresse avec le nommé Meyer Lucien Albert, 20 ans, et d'origine alsacienne, né à Delme (Lorraine), le 25 mars 1897, employé depuis plus de deux ans chez Mr. Michelet, épicier aux « Produits Potin », rue de la préfecture à Pau.

Cette demoiselle qui était placée depuis un an comme femme de chambre chez Mme Muller, rentière, 60 boulevard d'Alsace-Lorraine, villa Euterpe, est également d'origine alsacienne. Elle est née en effet à Winkel  le 16 avril 1894, de Alfred, 54 ans, et de Marguerite Lorenz, 69 ans, nés et domiciliés  encore dans la même localité..

 Schmitt-Marie se trouve en France depuis 1913. Elle a séjourné tout d'abord à Nancy où elle souscrivait à la date du 4 novembre de la même année, une déclaration d'étranger sous le numéro 35380. Mlle Schmitt est arrivée à Pau, peu de jours après la déclaration de guerre avec Mme Klopp ,sa patronne, actuellement à Paris.

Un permis de séjour lui ayant été délivré à cette époque, elle rentrait, peu de temps après son arrivée au service de M. Tranchau, ancien trésorier-payeur général, aujourd'hui décédé à Pau, puis au service de Mme Müller ,comme femme de chambre. Mlle Schmitt a reçu à la date de 8 février 1917 un récépissé de cartes d'identité.

 A la suite de la surveillance discrète dont elle a été l'objet, il est exact que cette demoiselle a non pas deux fils, mais deux frères dans l'armée allemande. Ce sont Alfred, 25 ans, et René, 20 ans. De plus, l'aîné Eugène, 27 ans, serait employé dans une usine de guerre allemande, tandis que le plus jeune, Aimé, 17 ans, serait sur le point d'être mobilisé lui aussi.

Mlle Schmit a aussi trois sœurs :Madeleine, Élise et Thérèse, respectivement âgées de 24-21  et 11 ans.

Au cours de cette surveillance, il a été établi que son attitude et sa conduite n'ont jamais été   jusqu’ici 'objet d'aucune remarque défavorable. Sa correspondance, d'autre part, n'a rien révélé de suspect. En ce qui concerne les photographies et les lettres qu'elle aurait reçues par l'intermédiaire de Mme Pue,ce  sont tout simplement des photographies de famille_ trois_ sur lesquelles figurent la mère de cette jeune fille, ses deux frères plus jeunes et ses sœurs. Les lettres de Mlle Schmitt arrivaient régulièrement par la Suisse.Elles étaient adressées en deuxième lieu, par son oncle, Charles Lorenz. menuisier à Panentruy  qui  les recevait d'abord .

 Ces lettres ont toujours été ouvertes par la censure militaire à leur arrivée en France. Mlle Schmitt n'a jamais reçu d'autre correspondance. Elle continue néanmoins à être l'objet d'une surveillance journalière.

 Le commissaire spécial

Source :AD 64 Pau 4 M Article 174

 

Compléments du blog:

Acte de naissance en ligne et en langue allemande Marie Schmitt Marie

Archives Alsace Winkel naissances 1893-1902 Acte N°10 Vue 19/104


Acte de naissance en ligne et en langue allemande Albert Joseph Lucien Meyer

AD 57 Moselle Delme Naissances  1893-1904  9NUM/174EC11   Acte N°3 Vue 39/113

27 mars 2025

Recherches et arrestation de trois prisonniers de guerre allemands qui s'étaient évadés.

 

Recherches et arrestation de trois prisonniers de guerre allemands qui s'étaient évadés.

Pau le 31 mars 1916

Rapport du Commissaire de Police

à Monsieur le Commissaire Central.

J'ai l'honneur de vous faire connaître que le jeudi 30 mars à 8 heures du soir, Mr. Péhau inspecteur de police s’est présenté à mon domicile, 22 rue Pasteur, pour me faire connaître qu'un cycliste s'était rendu au commissariat pour dénoncer la présence aux environs de la villa Saint-André- Chemin-Tourasse de trois prisonniers de guerre allemands. L'inspecteur a noté qu'il avait embrouillé sur les lieux 3 agents cyclistes.

 Je me suis rendu immédiatement à la gendarmerie, pour porter ses renseignements à la connaissance de l'adjudant commandant les brigades de Pau. Accompagné du maréchal des logis-chef, je suis parti immédiatement à l'endroit désigné ( extrémité des allées de Morlaàs), et, de concert avec ce sous-officier, j'ai recueilli quelques renseignements, et reçu la déclaration d'un nommé Philippon Charles, 50 ans, domestique chez Mr Camy-Debat , propriétaire au hameau de Pau, Chemin Tourasse  et celle de la patronne, : de leurs dires il résultait que les 3 militaires avaient passé la soirée d'hier dans un champ appartenant à Mme Veuve Camy, où ils se cachaient dans un fossé. Ils auraient dit à cette femme qu'ils étaient évadés d'un camp de concentration des environs d'’Auch, et qu'ils voulaient se rendre en Espagne. L'un d'eux, qui causait très bien le français, était détenteur d'une carte d'état-major qui lui aurait été procurée par un Belge. Enfin, ils se seraient déclarés exténués de fatigue, et auraient sollicité et obtenue de cette femme, qu’il i leur fut donné à manger. Ils lui auraient en outre demandé de garder la plus grande discrétion, et de ne pas faire connaître à la police ou aux gendarmes leur présence en ces lieux, car ils seraient arrêtés.

 La dame Camy, effrayée par la vue des dits Allemands, étant seule avec sa mère et un vieux domestique, donna à manger aux prisonniers et ne dire rien jusqu'au moment où le travail terminé, elle put réintégrer la ferme. A ce moment, elle prévient un cycliste qui, vers 7h30, vint au commissariat.

En présence de ces faits, je décidais avec le maréchal des logis, de me mettre à la poursuite des fugitifs. A cet effet, après avoir battu les champs environnants, nous avons suivi la route de Morlaàs. Arrivés au lieu-dit « Esquive » nous avons suivi le grand boulevard qui nous a conduits directement devant l'église du hameau. Continuant notre randonnée, nous sommes arrivés à Lescar, ; traversant le village nous sommes arrivés sur la route de Bordeaux, où nous avons continué notre course vers Artix ; en arrivant au passage à niveau, nous avons interrogé le veilleur de nuit qui se trouvait dans sa guérite. Ce dernier nous ayant déclaré qu'il était à son poste depuis 8 heures du soir et qu'aucun piéton n'avait traversé la voie, nous l'avons mis au courant de nos recherches et l'avons prié, au cas où les Allemands viendraient à être vus par lui, d'en informer immédiatement la brigade de Lescar.

Continuant notre course, nous arrivions à Danguin  à 11 heures . Supposant à juste raison qu'il n'était pas possible aux 3 militaires d'arriver jusqu'à ce point en raison de l’heure tardive à laquelle ils avaient été aperçus du côté du hameau, nous avons jugé qu'il était préférable de faire demi-tour espérant de les rencontrer en chemin.

En arrivant au passage à niveau où nous étions arrêtés la 1ere fois, nous avons appris que les 3 évadés étaient arrivés à cet endroit après notre passage et que le brigadier de gendarmerie, informé aussitôt, les avait arrêtés.

Source :AD 64 Pau salle de lecture

1 M Article 115 Administration Générale du département.

Autres billets du blog 

 

Internement à Pampelune et Saragosse de prisonniers allemands provenant du Cameroun 

Actes de décès de militaires allemands prisonniers de guerre à la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port  

08 novembre 2024

Monument à la Gloire du 18e

Monument à la Gloire du 18e

Inauguré à Pau le 26 octobre 1925

Une dame américaine, Miss Alice Linzée Cushing, habitant à Pau, a  offert à la ville un monument élevé à la gloire du 18e R.I., régiment qui, au XVIIIe  siècle, pris part à la guerre de l'Indépendance des États-Unis et se fit remarquer ,en particulier ,à la bataille de York-Town  (octobre 1781). L’inauguration de ce monument eut lieu  le 26 octobre 1925 et donna lieu à une grandiose manifestation.

Le matin à l'église St-Martin, au Temple protestant et à la Synagogue ,des services religieux furent célébrés à la mémoire des soldats des 18e et 218e R.I.  tombés au champ d'honneur pendant la guerre. L'église St-Martin, pourtant immense, était comble. L’Office y fut célébré par l'abbé capitaine Daguzan  et Monsieur le chanoine St-Pierre (1),ancien  sergent du 18e ,dans un discours saisissant d'émotions glorifia l ‘âme  du 18e..

(1)    Sacré Evêque de Carthage en 1930.


Au Temple et à la Synagogue, on a aussi évoqué, en termes magnifiques l'épopée de la guerre.
Le monument érigé sur la place de Verdun, face aux Pyrénées, s'élève sur un socle de granit blanc. Un officier debout regarde l'ennemi, l'indique à ses hommes que représentent deux soldats armés l'un d’un fusil avec sa baïonnette menaçante, l'autre brandissant une grenade. Ce groupe évoque bien l'union intime qui, au cours de toute la guerre, a existé entre l'officier et ses hommes.

Dans la tribune officielle, toutes les personnalités civiles et militaires de Pau se sont regroupées autour de Miss Cushing. Il y a en outre le colonel Mott, attaché militaire à l’ambassade des États-Unis, les généraux Hirschauer, d’Armau de Pouydraguin, tous deux anciens commandants de la 36 e Division, Decherf, ancien du 18e R.I. ,de Belenet, représentant le général commandant le 18 e Corps d’Armée, M.Mac-Williams, vice-consul des États-Unis, le colonel Gloxin ,ancien commandant du 18e R.I.. Au pied du monument, les drapeaux des différentes Sociétés sont groupés sur un rang.

A 10h30, le glorieux drapeau du 18e ,dont les lambeaux  flottent au vent, encadré par la musique et par deux compagnies du 18e vient, sous une pluie battante ,se placer face au monument.

Après le salut au Drapeau, le Président de l'Amicale des 18e et  218e R.I.,M.Louis Sallenave, dans un discours puissant et poignant d'émotion, remercie Miss Cushing et offre   le monument à la ville de Pau.

Ayant célébré les vertus de ceux qui, de York-Town à la Marne ,suivirent la tradition  séculaire du Soldat de France, il dit en particulier :

…. » et mon émotion est grande de voir à cette heure, comme un vivifiant  symbole, massés  au pied de ce monument, à côté de la Femme français , dont la guerre a dit l'énergie et le dévouement inlassables ,les vénérés soldats de l’Année Terrible, ceux  de la Grande Épopée, précédés des martyrs mutilés et fiers de leur  douloureux sacrifice, ceux  d'aujourd'hui pleins des exemples de leurs aînés, cette jeunesse adolescente fleurie  dans le frémissement des armes ,et ces enfants adorables, lumineuse aurore après le crépuscule sanglant.

Ambiance douce, comme celle d'un temple, ambiance sacrée puisque là, des pères, des mères, des épouses ont voulu braver la douleur intarissable des souvenirs pour que flotte autour de nous l'âme de nos vaillants camarades disparus dont je salue bien bas la mémoire chérie… »

Et il termine ainsi :

« Car ils sont là les soldats de Marbais-la-Tour, de Marchais-en-Brie, de la Ville-aux-Bois, de Verdun , de la Somme, de Craonne et de Laffaux, et, devant eux, leurs chefs venus de très loin leur apporter le témoignage touchant de leur affection.

Et qui d’entre nous aujourd’hui ne revit pas le songe affreux, ces quatre années de misères, d'espoirs, de déceptions et d'enthousiasmes : le grand baptême de Charleroi, la déprimante retraite, la Marne victorieuse, l’Aisne sanglante, Douamont effroyable, l’assaut de Californie, « position jugée inexpugnable » enlevée en vingt minutes, la résistance désespérée de Montdidier, l’offensive de  la délivrance, l'armistice ?

« Élite », disaient nos généraux, dans les citations qui illustrent nos parchemins de gloire , »Élite », je ne sais, mais qu’il me soit permis de proclamer  bien haut, à vous, Messieurs, qui fûtes nos chefs aimés ;nous avons voulu simplement être dignes de vous, dignes de votre sollicitude et de vos vertus militaires .

Enfin, Mademoiselle, nous avons pu tout à l'heure éprouver une bien douce et bien réconfortante joie. Grâce à vous, il nous a été donné de revoir ensemble, coude à coude, cette relique sublime, cette loque meurtrie comme notre chair, diminuée comme notre jeunesse ardente, ce drapeau admirable dans les plis duquel s’attache tout notre passé.

Un jour, il nous quittera pour rejoindre sous la coupole dorée des Invalides, les autres étendards de l’Histoire. Et  il fanera  au cours des ans, notre drapeau bien-aimé, à moins que, pour ne pas qu'il meure, les Anciens qui seront là-haut ne viennent le prendre et ne l'emportent avec eux vers des cieux sereins et immortels.

(1)    Le vieux drapeau du 18e R.I. a été envoyée aux Invalides en septembre 1927, et a été remplacé par un drapeau neuf à la même époque.

 

Le Maire de Pau, M.d’Iriart d’Etchepare, prend acte de cette remise et remercie le Président de l'Amicale et ses collègues du zèle et  du dévouement qu'ils ont apportés à l'organisation de cette cérémonie.

Le général Hirschauer,,prend à son tour la parole au nom des généraux ayant eu le 18 e R.I.  sous leurs ordres. Après avoir remercié l'Amicale et Miss Cushing ,il évoque, en maître, l'épopée du 18e R.I. à la bataille de York-Town et pendant la guerre. Très applaudi pendant tout son discours, le général est l'objet d'une véritable ovation en quittant la tribune.

Aussitôt après, le colonel Mott, attaché militaire des États-Unis, représentant son ambassadeur M.Myron T.Herrick, remet au colonel Duplantier ,commandant le 18e R.I. un magnifique drapeau brodé par l'Association des Filles de la Révolution Américaine de Philadelphie qui ont ajouté aux noms de Rivoli,Austerlitz, La Moskova, Sébastopol celui de « York-Town » et dans une brillante allocution remercie le 18 R.I.

Cette émouvante cérémonie se termine par un banquet de plus de trois cents convives, dans le  cadre magnifique du Palmarium où de nouveaux  discours sont prononcés. 

Source:

Le 18e 1914-1918
Achevé d'imprimer sur les presses de Marrimpouey Jeune en Mai 1936,le Comité de Rédaction étant présidé par le Commandant Louis Lespinasse.
Imprimerie Marrimpouey Jeune,place du Palais,Pau.
Collection particulière

Billet du blog consacré à madame Bentley-Mott Georgette,conseillère municipale d'Anglet du 27 juin 1941 au 15 avril 1942 et à son époux le colonel T.Bentley MOTT,