Recherches et arrestation de trois prisonniers de guerre allemands qui s'étaient évadés.
Pau le 31 mars 1916
Rapport du Commissaire de Police
à Monsieur le Commissaire Central.
J'ai l'honneur de vous faire connaître que le jeudi 30 mars à 8 heures du soir, Mr. Péhau inspecteur de police s’est présenté à mon domicile, 22 rue Pasteur, pour me faire connaître qu'un cycliste s'était rendu au commissariat pour dénoncer la présence aux environs de la villa Saint-André- Chemin-Tourasse de trois prisonniers de guerre allemands. L'inspecteur a noté qu'il avait embrouillé sur les lieux 3 agents cyclistes.
Je me suis rendu immédiatement à la gendarmerie, pour porter ses renseignements à la connaissance de l'adjudant commandant les brigades de Pau. Accompagné du maréchal des logis-chef, je suis parti immédiatement à l'endroit désigné ( extrémité des allées de Morlaàs), et, de concert avec ce sous-officier, j'ai recueilli quelques renseignements, et reçu la déclaration d'un nommé Philippon Charles, 50 ans, domestique chez Mr Camy-Debat , propriétaire au hameau de Pau, Chemin Tourasse et celle de la patronne, : de leurs dires il résultait que les 3 militaires avaient passé la soirée d'hier dans un champ appartenant à Mme Veuve Camy, où ils se cachaient dans un fossé. Ils auraient dit à cette femme qu'ils étaient évadés d'un camp de concentration des environs d'’Auch, et qu'ils voulaient se rendre en Espagne. L'un d'eux, qui causait très bien le français, était détenteur d'une carte d'état-major qui lui aurait été procurée par un Belge. Enfin, ils se seraient déclarés exténués de fatigue, et auraient sollicité et obtenue de cette femme, qu’il i leur fut donné à manger. Ils lui auraient en outre demandé de garder la plus grande discrétion, et de ne pas faire connaître à la police ou aux gendarmes leur présence en ces lieux, car ils seraient arrêtés.
La dame Camy, effrayée par la vue des dits Allemands, étant seule avec sa mère et un vieux domestique, donna à manger aux prisonniers et ne dire rien jusqu'au moment où le travail terminé, elle put réintégrer la ferme. A ce moment, elle prévient un cycliste qui, vers 7h30, vint au commissariat.
En présence de ces faits, je décidais avec le maréchal des logis, de me mettre à la poursuite des fugitifs. A cet effet, après avoir battu les champs environnants, nous avons suivi la route de Morlaàs. Arrivés au lieu-dit « Esquive » nous avons suivi le grand boulevard qui nous a conduits directement devant l'église du hameau. Continuant notre randonnée, nous sommes arrivés à Lescar, ; traversant le village nous sommes arrivés sur la route de Bordeaux, où nous avons continué notre course vers Artix ; en arrivant au passage à niveau, nous avons interrogé le veilleur de nuit qui se trouvait dans sa guérite. Ce dernier nous ayant déclaré qu'il était à son poste depuis 8 heures du soir et qu'aucun piéton n'avait traversé la voie, nous l'avons mis au courant de nos recherches et l'avons prié, au cas où les Allemands viendraient à être vus par lui, d'en informer immédiatement la brigade de Lescar.
Continuant notre course, nous arrivions à Danguin à 11 heures . Supposant à juste raison qu'il n'était pas possible aux 3 militaires d'arriver jusqu'à ce point en raison de l’heure tardive à laquelle ils avaient été aperçus du côté du hameau, nous avons jugé qu'il était préférable de faire demi-tour espérant de les rencontrer en chemin.
En arrivant au passage à niveau où nous étions arrêtés la 1ere fois, nous avons appris que les 3 évadés étaient arrivés à cet endroit après notre passage et que le brigadier de gendarmerie, informé aussitôt, les avait arrêtés.
Source :AD 64 Pau salle de lecture
1 M Article 115 Administration Générale du département.
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