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31 octobre 2017

Où interner dans l'arrondissement de Bayonne les prisonniers de guerre allemands?


Bayonne le 22 juin 1916
Rapport du Capitaine Dedieu commandant l'arrondissement de Bayonne sur le résultat des recherches de bâtiments et autres immeubles pour prisonniers de guerre.

18 e Région
Gendarmerie Nationale
18 e Légion
Compagnie des Basses-Pyrénées
Arrondissement de Bayonne
N°1205

Les recherches effectuées dans l'arrondissement en vue de la découverte d'immeubles pouvant servir d'abris provisoires pour prisonniers de guerre,ont donné les résultats suivants

Place de Bayonne

Les arènes:situées à 1 kilomètre nord-ouest de la ville,dans un quartier assez populaire,solidement construites.Peuvent contenir 5 à 600 hommes.Nombreux réduits sous les gradins pour servir de lieu de couchage,mais le sol n'est pas cimenté.Il y a des locaux pour le détachement de garde et l'eau potable en abondance.Surveillance facile.

Ancien séminaire.Situé au quartier St Léon.Vaste bâtiment de 4 étages et mansardes au dessus,aux dépendances en grand nombre,eau potable en abondance,ayant contenu de 15 à 1800 hommes de troupe au début de la mobilisation.Peut contenir aisément 1500 hommes.Surveillance facile.

Arsenal maritime:situé route du Boucau,rive droite de l'Adour.Vaste bâtiment appartenant à l’État,actuellement à vide mais est à la disposition de l'intendance qui en possède les clefs.Peut contenir 5 à 600 hommes.

Le grand Mogginkel: très vaste bâtiment situé aux allées Marines,rive gauche de l'Adour mesurant 70 m de longueur sur 16 m de largeur,servant d’entrepôt de marchandises,actuellement à vide,appartenant à Mme veuve Larran,de Peyrehorade,sol cimenté.En plus 2 grandes écuries séparées de cette immeuble par une ruelle,l'une mesurant 28m sur 11 et l'autre 16m sur 12,toutes les 2 sur terre,également inoccupées.Eau potable à proximité.On peut loger dans l'ensemble 6 à 700 hommes.

Trinquet de St André:propriété particulière,mesurant 29 m sur 9 ,sol sur terre,représentant un grand hangar couvert et clôturé par des murs de 4 m de hauteur et 3 mètres de treillage au dessus.Peut contenir environ 100 hommes.

Trinquet moderne:quartier Lachepaillet,propriété particulière,mème forme et mêmes dimensions que le précédent immeuble.Peut contenir environ 100 hommes.Pour y accéder,il faut traverser le couloir de l'habitation du propriétaire,inconvénient qui n'existe pas pour le précédent local.

Chai de M.Dolhats:quartier Mousserolles,mesurant 25 m sur 15,sol sur terre,grenier de mêmes dimensions au dessus.Peut contenir  100 hommes environ en occupant le bas et le haut.

Château Bourbaki:quartier St Étienne,à 2 K de la ville,sur un coteau dominant l'Adour.Appartenant à M.Off,rentier à Paris.Maison de campagne comprenant entre-sol,rez-de-chaussée et 2 étages ,non occupée et non meublée (1 cuisine et 23 chambres). Pourrait servir à loger des officiers.Eau potable à 70 mètres.Exigerait une grande surveillance pour empêcher les évasions.

Cottage St Hubert:quartier St Étienne,à 2 K de la ville,en bordure d'un chemin vicinal.Appartient à Mr Bernal,huissier à Bayonne.Maison de campagne non habitée ni meublée,à rez-de-chaussée,1 er et 2 e étage,15 pièces.Fontaine à 150 mètres.Pourrait servir à loger des officiers,au besoin 50 hommes.Un verger entoure la maison.Évasions faciles.

Commune d'Urcuit

10° Maison Hiriart:grande maison de campagne appartenant à Mme Veuve Hiriart de Bayonne Beyries.Située à 1 km.500 de la halte d'Urcuit.Comprend sous-sol,rez-de-chaussée,1 er et 2 e étage,10 pièces,1 vaste grenier de 18 mètres sur 5 et l'autre de 4m50 sur 4.Immeuble en très bon état,isolé,non habité et non meublé,ne pouvant être occupé que par des officiers.Eau fournie par une pompe qui ne fonctionne pas actuellement.Évasions faciles.

Commune d'Hasparren

11° Trinquet Gascoina:propriété particulière,située au bourg même.Veste salle dallée et entièrement clôturée,pouvant contenir 100 hommes environ,facile à garder.Eau à proximité.

12° Trinquet Courtelarre:propriété particulière,située au bourg.Mêmes dispositions et même contenance que le précédent immeuble.

13° Moulin Saliondoa:propriété particulière située à 1 kilomètre du bourg,comprenant une maison d'habitation et 2 vastes locaux ayant servi de tannerie,en bordure d'un chemin vicinal,le tout non habité pouvant contenir 100 hommes.Eau à proximité.Évasions faciles.

Communes de Biarritz et d'Anglet

14° Magasin Rolland:à usage de garde meubles actuellement libre,situé avenue de la Liberté à Biarritz,impasse Rolland,appartenant à M.Rolland.Il mesure 3 m sur 18,sol bitumé .Se trouve en sous-sol du garage Levavasseur et peut contenir aisément 150 hommes.Surveillance facile à exercer.

15° Refuge d'Anglet:Formation sanitaire de convalescence,n'ayant reçu aucun malade depuis novembre 1915.Comprend 2 corps de bâtiments distants de 60 à 70 mètres,mais situés dans le même enclos.Les deux immeubles contiennent un total de 300 lits.En cas de nécessité on peut y loger aisément 5 à 600 hommes.La surveillance devrait être rigoureuse,les moyens de fuite étant faciles,car les murs de l'enclos n'ont que 1m80 de hauteur.Cette propriété appartient aux religieuses du refuge commune d'Anglet.

16° Le lazaret de Blancpignon:situé sur le territoire d'Anglet,à 4 K nord ouest de Bayonne,en bordure de l'Adour,rive gauche.Vaste immeuble de forme rectangulaire clôturè sur les 4 faces par un mur de 2m50 de hauteur.Appartient au département et loué actuellement à M.Cazaubpn,marchand de chevaux.Il a pour l'instant une centaine de mules appartenant à des maquignons espagnols.Il existe des locaux pour installations de cuisines,bureaux et pour loger 2 ou 3 officiers s'il y a lieu.L'enclos mesure un hectare environ et peut contenir 1000 à 1200 avec installation de tentes ou baraquements.Il y a un puits abondant avec pompe,mais l'eau est plus ou moins potable.Surveillance facile bien que l'immeuble soit entouré d'une foret de pins:poste de 5 douaniers

17° Champ de tir de Monbrun:vaste terrain rectangulaire de 250 mètres sur 150 mètres situé sur le territoire d'Anglet,clôturé par du fil de fer ronce.Contient des baraquements qui ont logé 400 hommes au début de la mobilisation,avec un supplément d'abris sous la tente.On peut y cantonner un nombre considérable d'hommes sous la tente ou dans des baraquements à construire.Il y a de l'eau.

Commune de Bidache

18° Dépendances du Château de Bidache;comprenant un grand bâtiment à rez-de-chaussée,divisé en 3 parties,ayant servi d'écuries et de décharges.L'ensemble mesure 74 m de longueur sur 7 et pourrait contenir 300 hommes.
Le pavillon du château aménagé pour recevoir des blessés,n'a jamais été utilisé.Il comprend un rez-d-chaussée et 2 étages,ensemble 9 pièces.Pourrait recevoir des officiers.
Le tout bien clôturé,surveillance facile.Il y a de l'eau en abondance.
Cette propriété appartient à M.le duc de Guiche qui réside à Paris.

Commune d'Ustaritz

19° Ancienne fabrique de glace Moussempès:Vaste immeuble actuellement inoccupé situé derrière la mairie d'Ustarritz ,appartenant à Mme Moussempès,de Ciboure.Peut contenir aisément 150 hommes,surveillance difficile.

Commune d'Urt

20° Collège de Bellocq;très vaste immeuble occupé en partie par une institution religieuse situé à 8 K de la gare d'Urt.Il existe une grange très grande entièrement clôturée servant de local de récréation en cas de mauvais temps,qui peut contenir 100 hommes.Surveillance facile.Il y a des dépendances pour cuisine et pour loger un poste.Eau en abondance.

Communes d'Hendaye,Urrugne et Ascain

Il existe à Hendaye 3 bâtiments pouvant recevoir dans l'ensemble 250 hommes.
A Urrugne un bâtiment pour contenir 30 hommes.
A Ascain un autre immeuble pouvant contenir 40 hommes.
Le voisinage immédiat de la frontière ne permet pas d'utiliser ces locaux et pour cette raison je ne crois pas devoir les décrire.

Source:
Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
Site de Pau
1 M art 114 Administration générale du département

16 décembre 2020

Janine de Greef, du réseau Comète est décédée

Le Washington Post vient de publier une longue nécrologie en l'honneur d'une femme courageuse qui a vécu à Anglet... 

Janine de Greef, Belgian who helped smuggle downed Allied airmen to safety, dies at 95

Par Phil Davison

15 décembre 2020 à 18h05 UTC

Janine de Greef était une écolière belge de 14 ans lorsque les nazis ont envahi son pays en mai 1940. Avec sa jeunesse prouvant une couverture efficace, elle est devenue à 16 ans un membre de la résistance belge, aidant à passer des centaines d'aviateurs alliés abattus, principalement britanniques mais dont 108 Américains, au sud par la France occupée par les nazis jusqu'à l'Espagne neutre.

La famille de Greef - son père, sa mère et son frère aîné - ont été crédités d'avoir sauvé plus de 320 des quelque 800 aviateurs alliés qui ont survécu à l'abattage au-dessus de la Belgique.

A chaque pas, Mme de Greef risquait d'être capturée, voire exécutée par la Gestapo, un sort qui est arrivé à nombre de ses camarades belges, dont environ 250 sont morts dans les camps de concentration nazis.

Lors de ses voyages à travers la France vers les Pyrénées et l'Espagne, elle a souvent été aidée par des guérilleros locaux de la résistance française. On pensait qu'elle faisait partie des derniers membres survivants de la «Comet Line», le réseau clandestin de résistance belge fondé en 1941 par l'infirmière belge Andrée «Dédée» de Jongh, 24 ans, pour inciter les aviateurs alliés à travers les lignes nazies à la sécurité en Espagne et finalement en Grande-Bretagne.

Mme de Greef, 95 ans, est décédée le 7 novembre au foyer de soins de Bruxelles où elle avait passé la dernière décennie. La société française Les Amis du Réseau Comète (Friends of the Comet Network, ou Line) a annoncé le décès mais n'a pas fourni de cause.

À l'âge de 19 ans, elle avait effectué plus de 30 voyages dangereux en train, tram, vélo ou à pied, de la France à la frontière espagnole, avec des aviateurs alliés «sous son aile». Elle prétendait souvent être leur fille ou leur petite sœur.

Avant qu'ils ne se lancent dans leurs voyages de vie ou de mort, elle enseignait aux aviateurs, tous porteurs de faux passeports que son père et son frère avaient forgés, des réponses de base en français ou en allemand si elles étaient interrogées. Elle a dit aux aviateurs américains de ne jamais jongler avec le changement dans leurs poches, ce que les Européens font rarement, de ne jamais mâcher de chewing-gum et de toujours éviter une marche fanfaronne et de se comporter plutôt comme quelqu'un dont le pays a été occupé militairement.

Une fois qu'elle avait escorté de petits groupes d'aviateurs jusqu'à la dernière «maison sûre» de France, sous les contreforts des Pyrénées qui chevauchent la frontière franco-espagnole, elle marchait souvent ou faisait du vélo avec eux pour rencontrer des guides de montagne basques qui les emmenaient sur un marche exténuante de plusieurs jours à travers les montagnes, évitant d'abord les nazis occupants en France et plus tard la police paramilitaire espagnole.

Bien que le dictateur espagnol de l'époque, le général Francisco Franco, se soit habilement déclaré neutre dans la guerre pour son auto-préservation, il était un ailier d'extrême droite qui admirait fortement Hitler. De nombreux militaires alliés, des leaders de la résistance française ou des gauchistes français ont été jetés dans des camps de prisonniers s'ils étaient surpris en train d'entrer en Espagne.

Ces aviateurs qui ont été guidés en toute sécurité au-dessus des Pyrénées par des guides basques, qui connaissaient le terrain parce qu'ils se livraient depuis longtemps à la contrebande, ont ensuite été repris par des agents de ce qui était alors le service de renseignement britannique du MI9 en temps de guerre, spécialement mis en place pour sauver les aviateurs. Les agents ont ensuite donné aux militaires un abri diplomatique à l'ambassade britannique à Madrid avant de les emmener au sud de Gibraltar, une colonie britannique, pour des vols de retour vers la Grande-Bretagne et, pour les Américains, vers les États-Unis.

L'un des aviateurs britanniques que Mme de Greef a sauvés était le Sgt. Bob Frost, un mitrailleur arrière dont le bombardier Wellington a été abattu par des tirs antiaériens en 1942 lors d'un raid visant la ville industrielle allemande d'Essen.

Frost et son équipage ont renfloué en parachute et il a atterri dans un champ à Kapellen, en Belgique, où un fermier local l'a hébergé et a reçu un message à la résistance locale pour l'aider. Un agent de la Comet Line l'a fait passer clandestinement à Paris où, à sa grande surprise, il a été transmis à Mme de Greef.

Elle avait déjà de faux papiers pour lui, lui a dit de se taire, de sourire et de la laisser parler s'ils étaient approchés par des Allemands. Elle s'est associée à trois autres aviateurs et ils sont partis en train de Paris à Saint-Jean-de-Luz dans le pays basque du sud-ouest de la France.

Plus tard, Frost a traversé les Pyrénées, jusqu'à Gibraltar, et enfin de retour dans son escadre en Angleterre.

Janine Lambertine Marie Angèle de Greef est née à Bruxelles le 25 septembre 1925 de Fernand de Greef, un homme d'affaires multilingue, et de son épouse, l'ancienne Elvire Berlémont, journaliste au journal L'Indépendance Belge.

Lorsque les forces d'Hitler sont arrivées en Belgique, Janine, son frère aîné Frederick (Freddie), ses parents et sa grand-mère ont pris la fuite en convoi avec des amis et des voisins et se sont installés à Anglet, une ville de l'océan Atlantique à l'extrême sud-ouest de la France. C'était aussi une ville en grande partie franco-basque et située à la limite nord des Pyrénées, deux faits qui s'avéreraient cruciaux pour la famille au cours des prochaines années.

La famille avait initialement prévu de naviguer du sud de la France vers les États-Unis mais, une fois à Anglet, ils ont choisi de rester et de résister aux nazis.

La mère de Janine, connue dans le réseau uniquement sous le nom de Tante Go (tante Go), a établi une chaîne de «refuges» autour d'Anglet où les aviateurs alliés pouvaient être cachés jusqu'à ce que les agents de la Comet Line puissent les mettre en contact avec des guides de montagne basques pour faire le long , promenade accidentée sur les Pyrénées en Espagne.

Albert Johnson, un civil anglais qui avait travaillé avec la famille de Greef avant la guerre, est resté avec eux à Anglet et est devenu un membre clé de la Comet Line, connu en français sous le nom de Réseau Comète et dans le néerlandais et le flamand natif des de Greef. comme De Komeetlijn.

Lorsque la Comet Line était de plus en plus «brûlée» - identifiée par la Gestapo - en 1944, les parents de Janine l'ont emmenée avec Freddie en Angleterre via Gibraltar pendant que les parents eux-mêmes restaient et survivaient, grâce aux débarquements alliés en Normandie en juin et au Retraite allemande. La guerre finie, Janine et Freddie retournent à Bruxelles pour retrouver leurs parents.

Mme de Greef a reçu la Médaille du roi britannique pour le courage dans la cause de la liberté, une récompense aux ressortissants non britanniques, la médaille américaine de la liberté ainsi que des prix belges et français pour son travail de résistance. Sa citation pour la médaille du roi disait: «Dans tout son travail pour la cause alliée, Mademoiselle Janine de Greef s'est avérée être une aide des plus courageuses, loyales et patriotiques.

 Elle ne s'est jamais mariée et n'avait pas de famille survivante immédiate; Freddie est décédé en 1969.

Après la guerre, Mme de Greef a travaillé pour l'ambassade britannique à Bruxelles et a souvent été invitée en Grande-Bretagne pour des événements de commémoration de la résistance.

Comme l'a raconté l'aviateur britannique Frost en 2015 aux archives numériques de l' International Bomber Command Center de Lincoln, en Angleterre, un Américain s'échappant avec lui a offert son siège de train à une jeune Française debout dans le couloir.

Se rendant compte qu'il avait parlé anglais, un cadeau dangereux, tous les échappés se figèrent en silence pendant quelques secondes. Mais Mme de Greef a créé une distraction et désamorcé la situation.

«Elle n'a pas battu une paupière», a déclaré Frost. "Une vraie héroïne, cette fille."


Sources:
Article du Washington Post signalé par John Guse,historien américain.

https://www.washingtonpost.com/local/obituaries/janine-de-greef-belgian-who-helped-smuggle-downed-allied-airmen-to-safety-dies-at-95/2020/12/15/b66bf724-3e1e-11eb-9453-fc36ba051781_story.html