05 juin 2014

Bourrage de crâne en juin 44

Mardi 6 juin 1944:"selon toute apparence l'invasion a commencé"
"
"Le Sud-Ouest" 24,Boulevard Alsace-Lorraine" Bayonne
"La Presse" Avenue Darracq-Allées Paulmy Bayonne
Le Sud-Ouest La Presse mardi 6 juin 1944 verso
En deuxième colonne à gauche,des résultats du certificat d'études ;Landes et B.-P. Z.O. 

 Propagande d’extrême droite
Ces documents proviennent d'un lot de vieux papiers d'une maison située à quelques minutes de Bayonne.




Recto

Verso
Tract signé Jacques Doriot


Bulletin hebdomadaire de la "Rose des vents" N°42 du 3 juin 1944-Recto

Une France propre
"Des agents communo-gaullistes revêtent couramment la tenue de Milicien ou de Gendarme pour perpétrer leur exactions et leurs crimes;la pègre espagnole rouge sévit dans nos campagnes;le maquis stalinien et polonais réquisitionne,terrorise et assassine"
Bulletin hebdomadaire de la "Rose des vents" N°42 du 3 juin 1944-Verso

10 juin 1944
"Voici la guerre.La guerre juive."
"Le slogan de la libération perd son effarant prestige.Ce slogan vieilli apparait bien comme la plus monstrueuse imposture et la plus éclatante canaillerie de l'histoire"



"il n'existe aucune force patriotique de la résistance,mais simplement les associations de malfaiteurs juifs, polonais, espagnols,bolchévistes ..."

"Nous souhaitons la victoire européenne parce qu'elle est seule capable de mettre fin aux manœuvres occultes de la Synagogue,de la Franc-Maçonnerie,du Bolchévisme et de la City."

Bulletin hebdomadaire de la "Rose des vents" N°44 Verso
"Une de nos amies ,réfugiée de Saint-Lô ,est venue nous dire que les parachutistes anglo-américains tombés dans sa région avaient été accueillis par des jets de pierre,par des coups de fusil et qu'ils avaient dû être protégés par les soldats allemands."



Bulletin hebdomadaire de la "Rose des vents" N°45 Verso
"La France est bien la proie de l'étranger anglais,américain et bolchéviste.Il s'agit toujours de dresser notre pays contre l'occupant et d'obliger celui-ci à de cruelles et logiques représailles"


Pour en savoir davantage



Delporte Christian. L'épuration des journalistes : polémiques, mythes, réalités. In: Matériaux pour l'histoire de notre temps. 1995, N. 39-40. Lendemains de libération Lendemains de guerre.. pp. 28-31.
L'épuration des journalistes:polémiques,mythes,réalités.

Le portrait de Jacques Doriot sur Wikipédia

Un programme de recherches : « Les Basses-Pyrénées dans la Seconde Guerre mondiale »
Contact : sd64@onacvg.fr

Les Basses-Pyrénées pendant la seconde guerre mondiale 1939-1945 Bilans et perspectives de recherche 
Sous la direction de Laurent Jalabert

La lecture de la presse de l'époque à la Médiathèque de Bayonne ;fonds lacunaires,papiers et encre de mauvaise qualité.

La mémoire de l'agglomération de Pau est à l'Usine des tramways

Les archives de la ville de Pau et de certains fonds de la Communauté d'agglomérations Pau-Pyrénées , sont à l'Usine des Tramways,à quelques mètres de la gare SNCF de Pau.
Les Archives Départementales (conseil général 64) sont boulevard Tourasse à Pau.
 


Le site internet du Service des Archives de la Communauté d'agglomération Pau-Pyrénées
Le plan de classement des registres numérisés
Recensement de la population
Artigueloutan
Billère
Bizanos
Gan
Gelos
Idron
Lescar 
Mazères-Lezons
Ousse
Archives municipales de Pau; BMS, État civil,recensement de la population,etc



La médiathèque André-Labarrère
Pireneas la Bibliothèque des ressources pyrénéennes





Attention à ne pas confondre l'Usine des Tramways avec le  site de Pau des Archives départementales des Pyrénées -Atlantiques  situé  boulevard Tourasse, cité administrative.


Pireneas

Pireneas :le portail de la Bibliothèque Numérique des Ressources Pyrénéennes

www.pireneas.fr

Ce portail regroupe principalement des documents iconographiques relatifs à l'histoire de Pau et du Béarn, aux Pyrénées du XVIIIe siècle à nos jours.
Aujourd'hui, la base dispose de 40 000 documents.Les partenaires impliqués dans la réalisation de cette collection numérique sont :
    Le Réseau des médiathèques de la Communauté d'agglomération Pau-Pyrénées
    Le Service des archives de la Communauté d'agglomération Pau-Pyrénées
    Le Musée National du Château de Pau
    La Bibliothèque de Toulouse
    La Communauté de communes du Piémont-Oloronais
    La médiathèque Jean-Louis Curtis d'Orthez
    Les archives départementales des Pyrénées Atlantiques
    Le Musée des Beaux-Arts de Pau
    Le Centre d'étude du protestantisme Béarnais
    L'Institut occitan

L'existence de ce portail numérique a été portée à la connaissance des participants d'un atelier ,par la responsable de la bibliothèque des Archives départementales des Pyrénées - Atlantiques à Pau

03 juin 2014

Quand Royal proposait de diviser la France en 15 régions.

En 1907, le lieutenant colonel Florian Joseph Royal propose une France divisée en 15 régions. 
Lot-et-Garonne,Landes,Gers,Basses-Pyrénées,Hautes-Pyrénées,formant la 12 e région.

































"Sous le titre Décentralisation,polémique entre Royaliste et Républicain,vient de paraître une "plaquette de 80 pages des plus intéressantes,que beaucoup de nos concitoyens liront avec profit.C'est "une série de lettres échangées entre le lieutenant-colonel Royal et M.Toussaint;le premier "démontrant,avec une grande précision de style et une logique serrée d'arguments,que la Royauté "seule peut assurer en France la décentralisation;le second cherchant,en termes des plus courtois,à "combattre l'argumentation du lieutenant-colonel Royal.
"Mais,dans le champ des idées saines et bonnes,le lieutenant-colonel Royal manie la plume aussi "facilement qu'il maniait autrefois l'épée sur les champs de bataille,et il ne se  laisse démonter ni par "l'adversaire ni par le contradicteur."
Journal de la Meurthe et des Vosges (Novembre 1906)

Ouvrage acheté auprès d'un bouquiniste Bayonnais
  
La division territoriale proposée par le lieutenant-colonel  Florian Joseph Royal

Avant-propos

Ce projet de décentralisation s'adresse aux FRANÇAIS PATRIOTES  et à eux seuls.
Faisant appel au bon sens de tous les partis politiques ou religieux,il se tient également éloigné de l'internationalisme rouge ou noir.
On ne trouvera dans son texte aucun mot de haine,ni contre les protestants,ni contre les catholiques,ni même contre les francs-maçons.
L'initiateur,un primaire s'adressant à des primaires,souhaite ardemment que par son culte envers la France et son profond respect de la Liberté,ce projet venant après tant d'autres,fasse naître un courant d'opinion qui en hâte la réalisation.
Nancy,1 er Juillet 1906.

Décentralisation

Le Roi protège et ne gouverne pas!
C'est la formule de la vraie décentralisation!
(...)
La décentralisation a existé aux époques d'enfantement de la société ,au moyen âge;mais comme les ducs étaient héréditaires dans leurs provinces au même titre que le roi l'était dans une France endolorie,il existait ,de ce fait,un dualisme qui devait aboutir à la centralisation.Ah,certes,elle eut ses périodes,brillantes sous Louis XIV,glorieuses sous Napoléon 1er;mais entre ces deux règnes,se place un évènement dont il faut tenir compte,pour si fâcheux qu'on le tienne à plus d'un point de vue,événement qui engendra ,soixante ans plus tard,le suffrage dit universel.J'estime que tout retour à la décentralisation doit faire état du droit de vote,bien que quantité de raisons sérieuses viennent en infirmer l'étonnant emploi,en signaler les abus inqualifiables et montrer par quels appâts grossiers on amorce la classe pauvre.Mais,on perdrait son temps à vouloir remonter ce courant bourbeux,à cause de la centralisation.
Canalisons le par la décentralisation;il se clarifiera.Faisons de l'hygiène politique.
Le comte de Chambord,un des plus honnêtes français de son temps,voulait sérieusement décentraliser dès son retour en France!
C'est une gloire,pour l'élite de nos concitoyens,d'avoir écrit le Programme de Nancy,accepté par les éléments avancés sous l'Empire.
Louis Veuillot saluait le prétendant du titre de:Président des républiques régionales françaises,vers 1873.
Vingt ans après,un brillant écrivain royaliste,remplaçait Président,par Protecteur des mêmes Républiques.
Il existe une ligue décentralisatrice,depuis dix ans.
Celle de l'Entente nationale est à la base de décentralisation.
Un groupe de Renaissance provinciale se forme actuellement.
Nancy a une Union régionaliste lorraine qui s'inspire du Programme de 1865.
De toute part,la centralisation,qui n'aura produit qu'un "Bloc" ennemi de la Liberté,est battue en brèche,et avec raison;car elle est le "Grand bazar" politique où tout se vend à 0 fr.95 pour avoir l'air de compter au plus juste.Mais on fond on n'en donne pas pour son argent;on ruine le petit commerce,la main-d'oeuvre consciencieuse,le producteur libre!
ROYAL

Pensées sur la Décentralisation et le Régionalisme
 
Pour en savoir davantage:
Dossier de Légion d'Honneur de Florian Joseph Royal
Maurice Toussaint (1885-1955) Persée:portail revues scientifiques.

31 mai 2014

Prison ne rime pas avec raison par Georges Loustaunau-Lacau

Un article de  Georges Loustanau-Lacau,militaire de carrière,député des Basses-Pyrénées, dans un numéro du  Crapouillot qui a pour thème A bas les prisons!

 

CRAPOUILLOT Numéro 21- Dépôt légal 6-1953


Texte intégral

Il faut que je vous aime ,mon cher Galtier,pour aller jusqu'à écrire sur cette chose immonde:la prison,ou sur ses variantes que j'ai eu l'honneur de connaître:la forteresse,la prison militaire,le centre d'internement,le caveau,le camp de concentration,,les locaux dits de droit commun,bref toute la lyre du système des quatre murs.Je m'y décide ,non sans répugnance,avec l'illusion qu'un ministre courageux tiendra compte de mes conclusions et ainsi j'aurai servi ce que Françoise Giroud dénomme votre passion favorite,la vérité.
Cette expérience assez complète,reprise dans son ensemble,m'autorise déjà à affirmer que la prison ne justifie que la moitié de sa raison d’être.Si elle sépare le détenu de la Société qui,à tort ou justement ,le rejette,elle ne lui inspire que très rarement ,qu'il soit coupable ou innocent,le regret de sa faute ou de ses actes.
 Encore serait-ce là un résultat à demi positif.Pratiquement,par le dégoût qu'elle provoque,elle conduit le coupable à la rébellion totale et à des projets plus perfectionnés,plus criminels que ceux qui l'y ont conduit.Quant à l'interné politique,elle le sublime,elle lui donne des ailes.Pour tous les détenus,quelle que soit la cause de leur détention,la prison fournit l'exemple permanent de la grossièreté,de la brutalité,de la saleté,du vice,de la paresse,de l'onanisme et de la pédérastie.On se penche surtout sur les prisonniers.Les gardiens sont,à mon sens,beaucoup plus à plaindre,car ils restent à la prison lorsque les prisonniers,tour à tour ,la quittent.Il est invraisemblable mais vrai que,chaque année,des pêcheurs corses abandonnent l'aube enchantée de la mer pour ce destin sordide,devant l’appât d'un traitement mensuel et d'une retraite.La bonne solution viendra le jour où le recrutement des gardiens se tarira.Souhaitons que ce dénouement soit proche.
La forteresse,pour peu que l'on s'y trouve à l'état de rebelle,a grand air.Elle est,généralement,plus humide et plus sale que les autres enclos,mais le drapeau flotte au sommet de la tour,et la relève rythmée des sentinelles,tout en donnant l'heure aux prisonniers,crée la majesté dans le silence.C'est plus ou moins la Bastille et,du coup,les siècles de révolte par quoi a surnagé la liberté humaine,curieux paradoxe,fournissent au reclus une réserve de fierté.
La forteresse de Mutzig est un de mes meilleurs souvenirs de l'armée.En me hissant à la fenêtre ,je pouvais,par beau temps,apercevoir la flèche de la cathédrale en grès rose et d'autre part la spirale d'argent que dessine le Rhin dans la plaine d'Alsace.On se sublime aisément en de tels lieux.Lorsque j'en sortis en mai 1940,pourvu d'un non-lieu et d'un commandement par le Conseil de Guerre,je me mis à regretter ce splendide isolement et me sentis assez d’âme pour mille exploits.Les chars de Rommel réduisirent par une bonne rafale cette envolée guerrière,mais les vingt-deux chars que cet excellent général laissa avec leurs équipages sur le terrain d'Heitz-l'Évêque avaient reçu,de plein fouet du Mutzig.




La prison militaire de Clermont-Ferrand,découlant pour moi d'un procès,par où l'Amiral Darlan,faussant les données de l'instruction,et le Colonel de Rosière,dénonciateur,espéraient tuer dans l’œuf le plus ancien réseau de Résistance,l'Alliance (mais ils avaient compté sans mes successeurs),m'a montré pendant quinze mois que,dans la plupart des cas,la réclusion entraînait une véritable dégradation de l'homme.Les demi-crapules y tournaient à la crapule intégrale en se frottant aux vieux clients de la maison,les déserteurs ne rêvaient plus que du Venezuela,les voleurs combinaient des coups fourrés dans l'ombre,les espions des Allemands ne comptaient plus que sur leur arrivée pour se tirer d'affaire,l'abrutissement était général.Au bout de quelques semaines,je ne pouvais même plus supporter la vue du gardien.Mais je dois remercier l'Amiral pour m'avoir procuré l'occasion de me fouiller moi-même après avoir décollé les stalagmites d'une existence déjà fertile en souvenirs.On en jugera par les notes que voici,auxquelles je ne change rien,quoique ,aujourd'hui,elles me paraissent avoir été écrites par un autre.

"Dans la cellule où je suis enfermé,encore que ce lieu réunisse toutes les conditions requises pour que "me soit infligée une impitoyable répétition des choses,je constate une variation.Il est six heures du "soir au soleil,du moins je le suppose, puisqu'ici,par charité ou par calcul,les prisonniers n'ont pas "droit à la mesure du temps.La fenêtre à barreaux s'ouvre sur un paysage urbain confié au mauvais "goût du génie militaire.Tout ce qui peut se faire de froid et de laid en lignes,en plans,en courbes,est "rassemblé à mes pieds sur un kilomètre carré.Paysage immobile,au garde à vous.Cependant,je "note:l'ombre des barreaux qui dévore peu à peu,et de droite à gauche,les mots que j'écris,me "prouvent que,soit le soleil,soit la terre,soit les deux à la fois ,se déplacent.Peu s'en faut que je ne voie "bouger cette ombre,ce qui se produirait si la terre se mouvait encore plus vite,ou si mon oeil était "capable de déceler des vitesses relatives plus lentes.Je remarque que la limite inférieure de la "perception oculaire en matière de vitesse des images est justement assez élevée pour ne pas "découvrir à l'homme son mouvement dans l'espace,ce qui l'obligerait à penser sans cesse à "l'infini...La lumière du soleil dore le coté d'un nuage,mais elle ne le dore déjà plus.Il y a du ciel "bleu,mangé sans arrêt par du ciel noir et,vers Gergovie,du vert tendre qui pâlit.Que de ciels n'a pas "vu Gergovie!L'Est semble se résigner à l'ombre,à part la tache claire que fait un pâturage pointu ,au "loin.Un clairon sonne un appel réglementaire et quelqu'un ,tout près,joue faux de l'accordéon.Je "préfère le cheval qui frappe du pied dans l'écurie voisine.Mais avant que j'aie fini ma phrase,la "lumière a baissé,l'accordéon s'est tu,et un oiseau est passé si vite en travers que je n'ai vu qu'un trait "noir.On manie un fouet,une rumeur s'élève,ma cigarette me brûle les lèvres,je sens avec joie ma "plume glisser sur le papier et me traduire.Le tout certainement n'a pas pris une minute.Encore ai-je "oublié la fumée d'un train entre deux toits et une ombre gigantesque aussitôt effacée,qui s'est dressée "sur le mur de la prison,en face.Pourquoi n'ai-je pas joui ainsi en détail de toutes les minutes de ma "vie.Quel gâchis!"

Ceci relève surtout de l'observation extérieure,du contact avec la variation continue de l'effet de nature,contact que les hommes jouissant d'une pleine liberté se gardent de prendre,le plus souvent.Pour le prisonnier qui a la volonté de supprimer par la pensée le milieu où il se trouve,l'occasion est magnifique d'une profonde introspection.
"3 septembre 1942,huit heures du soir.
"Par la fenêtre de ma cellule,je regarde le soleil se coucher.De toute la force de mon intelligence et de "mes souvenirs,je réfléchis aux propriétés de la lumière et à ses jeux déconcertants.Cette réflexion "dégage en mon esprit la grandeur de l'infini et l'admiration de la nature.
"Un clé grince dans la serrure.C'est le gardien qui apporte le repas du soir.Il dispose le couvert sur la "table de bois sale et boiteuse,tandis que je regarde,sans enthousiasme,l'assiette peu appétissante de "céleri qui sert de plat de résistance.Puis l'homme me tend une lettre.
"La vue de l'écriture sur l'enveloppe me cause une joie profonde,car j'attends cette lettre depuis huit "jours,et ici les heures sont longues.Les premiers mots m'accablent et provoquent en moi,du coté du "cœur une souffrance subite,comme un coup de poignard.J'essaie de relire avec le vague espoir "d'avoir mal lu.Au même instant l'homme referme la porte de la cellule à double tour avec une clé "géante.C'est comme s'il la tournait dans ma poitrine.J'avais bien lu.C'est affreux......
"Je m'abats sur le lit de camp et les larmes jaillissent comme l'eau du barrage qui se rompt.Cela dure "un temps que je ne saurais préciser.
"Puis je me reprends,je fais face,je cherche à fouiller l'espace qui me sépare du lieu du drame,tel que "je le suppose.Je retourne mes souvenirs en tous sens,comme un tiroir de commande.Il y a des trous "que je crains de remplir inconsciemment.
"Je recommence.
"Rigoureusement je délimite la part de deuil et d'espoir,car il y a une part d'espoir.
"La nuit se passe ainsi en agitations diverses,accompagnées en en sourdine par le sentiment d'une "plaie immatérielle d'où coule un sang imaginaire.
"Au dehors,la lumière bleu foncé et douce d'une nuit d'été parfaite,mais je me détourne d'elle.
"L'aube vient,le céleri froid est toujours sur la table .Je me force à le manger.Puis je me mets à écrire "dans l'espoir de garder l'espoir.
"Je sens que jusqu'à ma mort,je me souviendrai de tous les détails de la nuit du 3 septembre en prison."



 

Mais les journées sont longues et on ne peut pas toujours observer,s'observer,inspecter,s'inspecter et s'introspecter.Des moments d'amertume et de découragement surviennent,en fonction du temps qui s'écoule.C'est là que joue principale force du reclus,la volonté de refuser à la notion de temps.Isolé il parvient à trouver cette volonté,en groupe c'est beaucoup plus difficile.Aussi me suis-je toujours refusé aux cellules collectives dans la mesure ou je l'ai pu,afin de garder intacte la force d'éliminer le temps.Je dois à  la vérité de dire que les aveuglements du juge d'instruction,la partialité de l'Amiral,la sottise des sbires de Bousquet et de Boutemy poussant l'aberration et la haine jusqu'à perquisitionner pendant des heures dans une cellule de 3 mètres sur 2 mètres,enfin et surtout le sentiment que la cause de la Résistance était juste et noble,ainsi que la fabrication journalière d'une encre sympathique,m'ont beaucoup aidé.
Que ceci soit une occasion de protester contre l'abus du mot prison.On décore de ce terme aujourd'hui des centres d'internement où la vie était celle des hôtels,d’hôtels dont le parc fût resté fermé.Un certain nombre de personnages importants de la IVe République se réclament ainsi d'une épreuve ,comme s'ils avaient été les hôtes de Fresnes ou du Cherche-Midi.Lorsque je me trouve en présence de ces Tartarinades,je me fais un malin plaisir de demander des détails sur "l'épreuve". Si tout le monde en faisait autant,les choses reprendraient leurs proportions exactes.
Le caveau est abominable parce qu'il est noir.Ne pas voir la lumière,ne fût-ce que celle d'une imposte ou d'une lucarne est infiniment plus pénible à la longue que la faim,même les coups.Du 31 mars au 6 juin 1943,j'ai connu cette infortune dans un des caveaux de la villa de la Gestapo de Vichy,avenue des États-Unis.C'est le sort de la taupe qui me parait le plus inhumain,plus cruel que la vie moribonde du camp de concentration.Le corps ne se fait pas au noir ni à la pénombre épaisse.Il n'est pas possible de tenir longtemps les yeux fermés,il faut donc les ouvrir et devenir aveugle sans l'être en se demandant tout à coup si l'on ne voit pas parce que qu'on a perdu la vue.La notion de temps disparaît avec la lumière.L'oreille devient très sensible ainsi que le toucher ,et rattache au monde extérieur.Mais elle finit également par confondre les sons.Je n'ai tenu que trois ou quatre semaines dans cette nuit,s'il s'agit de la connaissance normale des choses et des faits.Ensuite ,je suis tombé dans une demi-inconscience,non affectives,venant probablement d'une irritation des yeux ouverts et inutiles.Des milliers de puces en amas gluant dont je faisais des boules puantes complétaient le tableau.Écouter battre son cœur dans ce silence noir est encore une aubaine et la seule façon de se distinguer de l'animal qui,lui,ne sait pas (probablement pas) qu'il a un cœur.S'ils m'avaient fusillé au sortir de cette inconscience,je ne m'en serais pas aperçu.
Je ne redirai pas ici les affres ,horreurs et vraiment terribles heures du camp de concentration de Mauthausen.On les connaît.Les allemands se sont surpassés en ce lieu par la méthode,l'organisation,le cynisme ,et ont porté le crime collectif à des hauteurs qu'il n'avait,auparavant,jamais atteintes.Il me parait superflu d'y revenir.
Mais si l'on veut bien imaginer un tel camp d'où l'horreur,la tuerie,la cruauté seraient éliminées par une direction humaine ,juste et ferme,je crois que le camp de travail est la seule solution acceptable du problème de la prison.
La vie collective organisée offre l'espoir de replacer le prisonnier dans une ambiance où il put,certes,subir de mauvaises influences,mais qui l'élève au rang de travailleur et le libère de l'étiquette honteuse.On peut l'obliger à produire lui-même ce qui est nécessaire à son entretien,et le le faire passer successivement à la culture de la terre,à l'artisanat,à l'usine,tout cela à l'intérieur d'un vaste^périmètre,l'intéresser au produit de son travail.Je n'entends pas par là les vanneries,sandaleries,saboteries qui sont actuellement en usage,mais le grand camp de baraques installé d'une façon moderne,géré par les prisonniers eux-mêmes sous la surveillance d'un personnel d'élite.On fait alors d'une pierre deux coups.Tout en sortant le prisonnier du milieu où il n'a pas su se conduire en homme,on le replace dans les conditions de la vie quotidienne,à ceci près qu'il ne peut s'enfuir.La garde d'un camp comme celui de Mauthausen,garni de puissantes barrières électrifiées,se réduisait à deux ou trois mitrailleuses de flanquement destinées à parer au cas de mutinerie.Grosse économie pour l’État.La nourriture des prisonniers ne coûte pas grand-chose,puisqu'ils en produisent l'essentiel,le fruit de leur travail paie le reste et il leur est loisible de constituer un pécule pour la sortie.Si une chance quelconque existe d'améliorer des brutes endurcies,c'est là qu'elle se trouve et non dans les enclos où ils pourrissent les autres.Deux séries de camps peuvent être envisagées.Le camp simple pour les délinquants moyens,le camp sévère pour les criminels.Qu'on n'aille pas prétendre que c'est là de la faiblesse à l'égard des coupables définis comme tels par la justice.Ceux que j'ai connus préféraient vivre dans les prisons actuelles à paresser,à truquer,avec leurs vices et leur saleté,qu'être soumis à la discipline d'un camp de travail.
Mais,mon cher Galtier,je rêve.Rien ne sera fait.L'administration des prisons a ses habitudes et elle n'y renoncera pas.Là,comme ailleurs des années passeront sans que quoi que ce soit change,nos prisons demeurons ce qu'elles sont,un lieu ignoble fait de tristesse humaine et de dégradation.
Bien amicalement.
G.L.-L



Crapouillot numéro 21 dépôt légal 6-1953
On peut trouver auprès des bouquinistes d' anciens numéros du Crapouillot sous la direction de Jean Galtier-Boissière.

Pour en savoir davantage


Georges, Augustin LOUSTAUNAU-LACAU (1894 - 1955) Base de données des députés français depuis 1789 (Cliquez pour le bouton biographie en haut à droite)


Dossier Légion d'Honneur Base Léonore


Loustaunau-Lacau Georges Augustin Anselme Registre de recrutement militaire AD 64-1R870



30 mai 2014

La Grande Guerre à la médiathèque de Bayonne

Exposition du 7 mai au 7 juin 2014

Livret Expo Grande Guerre Bayonne -fichier pdf 12 pages 

Pages 10 et 11 , documents de la Médiathèque de Bayonne présentés dans l'exposition; photographies, cartes postales, affiches et estampes,textes imprimés,revues et journaux manuscrits,plan de Bayonne .

Les volontaires tchèques posent autour de Joseph Garat,maire de Bayonne,en 1914,avant leur départ pour le front.

 

La compagnie Nazdar:à Monsieur Garat,député et maire de Bayonne.Hommage respectueux et cordial d'un vieux tchèque Parisien.Vydra Charles.1914.Photo 110R



29 mai 2014

Inventaire en ligne du patrimoine de la ville d'Anglet-2013

A Nicole et Annie .


Nicole,Annie,et moi même,effectuons nos propres recherches au Pôle de Bayonne et du Pays Basque.
Lorsque nos investigations sont infructueuses,nous nous appuyons mutuellement.C'est ainsi,que Nicole et Annie m'aident à localiser  l’hôpital du val fleuri ,hôpital militaire St Nicolas Bordeaux annexe d'Anglet pendant l'Occupation.Elles ont photographié des bâtiments avenue de Biarritz et allée des libellules à Anglet.Et de m'indiquer un inventaire en ligne dont j'ignorais l'existence:  Patrimoine de la ville d'Anglet
Cet inventaire ,disponible en téléchargement,a été réalisé suivant l'article L. 123 1,7° du Code de l’Urbanisme.Lequel article précise que le Plan Local d'Urbanisme (PLU) peut "identifier et localiser les éléments de paysage et délimiter les quartiers,immeubles,espaces publics,ilots,immeubles,espaces publics,monuments,sites,et secteurs à protéger,à mettre en valeur ou a requalifier pour des motifs d'ordre culturel ,historique ou écologique (...)"


Ce ficher pdf de 80 pages est composé de 143 fiches;chacune d'entre elles renseigne les éléments suivants:
N° de fiche
Parcelles concernées
Dénomination,
Localisation
Date de construction des éléments bâtis,si elle est connue
Un bref descriptif
L’intérêt au regard duquel le bien a été classé.

Ci-après un aperçu de la richesse de l'inventaire du patrimoine de la ville d'Anglet. 








Sources documentaires de l'inventaire en ligne du patrimoine de la ville d'Anglet:
Etude de Sylvie Escoffier,mandatée par la ville d'Anglet,2004
Balades Architecturales ,archives d'Architectures de la Cote Basque, Éditions Lavielle,2001

Les archives municipales d'Anglet sont ouvertes au public

Les archives municipales d'Anglet sont ouvertes au public :
La maison pour tous, 6 rue Albert Le Barillier Anglet
Avant de vous déplacer,prenez contact avec le service
par téléphone  05 59 03 03 34 (Ligne directe des archives)
ou par courriel archives@anglet.fr

Les archives municipales disposent seulement de deux places.L'accueil est chaleureux.L'absence d'instruments de recherches est compensée par une connaissance approfondie des fonds par l'archiviste.

28 mai 2014

Signalement des recherchés ; états signalétiques des étrangers expulsés de France

Les Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques mettent à la disposition des internautes  des archives de police de l'ancienne sous-préfecture de Mauléon (Sous-préfectures - Série Z - Répertoire numérique ):
Gardes champêtres et gardes particuliers
Police générale
Police politique, générale, administrative     dont un avis de recherche concernant Zola (Aout 1898 Vues 67/70/71)
Police des débits de boissons
Recherches dans l'intérêt des familles
Transports de corps
Vérification des bornes frontière
Incidents de frontières, saisies de bétail par les carabiniers espagnols
Passeports  qui ont fait l'objet de deux articles dans ce blog:

Étrangers

Signalement des recherchés ; états signalétiques des étrangers expulsés de France
Ce dernier dossier numérisé _ 2 Z 79_ se compose de deux parties:
                États signalétiques des étrangers expulsés de France 1919-1920
                Signalement des recherchés 1920-1926

Service départemental des archives des Pyrénées-Atlantiques-2 Z 79 -États signalétiques des étrangers expulsés de France
 

Service départemental des archives des Pyrénées-Atlantiques-2 Z 79 -Signalement des recherches


État signalétique des étrangers expulsés de France (lacunes)

Nouvelle série.N°559 Novembre 1920
Lettre B
Lettre C
Lettre D
Lettre E
Lettre F
Lettre G (N°337)
Lettre H
Lettre I
Lettre J (N°445)
Lettre K
Lettre L (N°521)
Lettre M
Lettre N
Lettre O
Lettre P
Lettres Q et R
Lettre S (N°786)
Lettre T
Lettre U (N°901)
Lettres V et W
Lettres Y et Z
Arrêtés d'expulsions rapportés




Nouvelle série N°556 Aout 1920
Arrêtés d'expulsions suspendus

Nouvelle série N°557 Septembre 1920
Autorisation de séjour en France rapportée

Nouvelle série N°558 Octobre 1920
Arretés d'expulsions rapportés


 Signalement des recherchés

Classement dans l'ordre chronologique (lacunes)

Ministère de l'intérieur. 








24 mai 2014

Extraits d' archives du tribunal de grande instance de Bayonne ;année 1944

Boucau,Bayonne, Hendaye ;4 témoignages, extraits des archives du tribunal de Grande Instance de Bayonne ,année 1944.
  • J'ai masqué les noms et adresses des personnes impliquées.
  • Les dossiers cités dans cet article sont consultables sous la cote 1027 W art 18 Tribunal de Grande Instance de Bayonne.(Pôle de Bayonne et du Pays Basque-AD 64). 
  • Attention, les archives liées à l'Occupation et à la Libération dans les Basses-Pyrénées  sont dispersées à travers plusieurs sites ; Pau,Mont-de-Marsan,Bayonne,Pierrefitte-sur-Seine etc .En outre, les archives ne sont pas toutes communicables immédiatement.C'est pourquoi il est prudent de consulter sur le site de la CADA (Commission d'accès aux documents administratifs) les délais de communicabilité des archives publiques Et de se renseigner préalablement par téléphone et ou par courriel  auprès des établissements d'archives (perturbations à Pau et Mont-de-Marsan)
  • Les coupures de presse qui illustrent cet article, sont des découpages de photographies numériques du journal Sud-Ouest La Presse, provenant de la collection de la Médiathèque de Bayonne (Cote J48 Année 1944).


 "et l'opinion publique semble satisfaite de la tonsure 
qui lui a été infligée."
Le secrétaire de Police à Monsieur le Commissaire de Police du Boucau.14 septembre 1944


Monsieur le Procureur de la République
Près le tribunal civil de Bayonne
Le 22 aout j'ai été assaillie dans la maison ...... chez une amie Mme Veuve D rue de......Le Boucau.
Dans le groupe de mes agresseurs qui m'ont brutalisé déchiré mes vêtements,coupé les cheveux,j'en ai ai reconnu quelques uns qui sont :C........fils habitant la barrière D.....fils habitant maison ..... D.... ouvrier aux forges habitant rue de.....Le Boucau.
Donc je vous prierai monsieur le Procureur de faire le nécessaire à seule fin que justice s'ensuive.
Dans l'attente daignez recevoir monsieur le Procureur l'assurance de mon profond respect.
S........F........

L'an mil neuf quarante quarante quatre le 1 er septembre ,nous B L ,Commissaire de Police Chef de Circonscription de Boucau officier de Police Judiciaire,auxiliaire de Monsieur le Procureur de l’État Français agissant en vertu des instructions de Monsieur le Procureur de la République à Bayonne,en date du 29/8/44 ,et vu le dossier à nous communiqué,faisons comparaitre et entendons Mademoiselle F........ S.......,dt rue de .....à Boucau,qui déclare:
Le 22 aout 1944,vers 17 heures alors que je me trouvais chez Madame Vve D....,rue de ....à Boucau,un groupe de jeunes gens parmi lesquels j'ai reconnu ,le fils de M. C dt à la ....,D dt mon F rue de .....et M.D ouvrier des Forges dt rue de ...à Boucau,ont pénétré dans la demeure de cette dernière,et m'ont conduite de force dans la rue,en me brutalisant.
Arrivée au milieu de la chaussée,le fils C.......  à l'aide d'une paire de ciseaux,m'a coupé les cheveux;en suite,je ne puis vous préciser qui,un des jeunes gens,m'a passé la tondeuse sur la tête.
J'estime que ma conduite ayant été irréprochable ,quoique travaillant pour le compte des troupes d'occupation,ces jeunes gens n'avaient pas à me couper les cheveux,et je dépose entre vos mains contre eux une plainte en voie de faits et violences.
Lecture faite persiste et signe;

En ce jour,5 septembre mil neuf cent quarante quatre,continuons notre enquête,
faisons comparaitre et entendons C.....    ,demeurant à Boucau,place .....qui déclare:
"Je me nomme C.......E....... ,j'ai 16 ans et suis fils de ........je suis étudiant ,et je demeure  à Boucau,Place ......Je n'ai jamais été condamné.
La déclaration de Mlle F........  est mensongère,car je ne l'ai ni brutalisée ni je ne lui ai coupé les cheveux.
Il est exact que je suivais comme beaucoup d'autres,le cortège des personnes qui tondaient les femmes ayant eu des relations avec les Allemands.Je nie catégoriquement avoir tondu et même touché Mlle F......
Lecture faite persiste et signe

De même suite faisons comparaitre et entendons,M D....G...qui,sur interpellations successives ,déclare:
"Je me nomme D......G.......,né le 9 mars 1928 à Boucau,fils de ......,,j'exerce la profession de .....et je demeure ....à Boucau.
Je déclare ne pas avoir pris part à la coupe de cheveux subie par Mlle F.
Il est vrai que je me trouvais au premier rang pour assister à cette opération,c'est sans doute pour cela que cette personne m' a désigné.
Je ne puis vous fournir d'indications sur la personne qui a effectué cette mutilation sur la plaignante.
Lecture faite persiste et signe.

Continuant notre enquête,faisons comparaitre et entendons le nommé D.... P...... ,qui sur interpellations successives déclare:
"Je me nomme .....,né le 23 février 1919 à Bayonne,fils de Guillaume et de Marie Etcheverry;je suis ouvrier aux forges de l'Adour;je demeure rue de ....à Boucau;je suis marié et père d'un enfant de 5 mois;je fais partie du recrutement de Pau,N° Mle 740,classe 39;je sais lire et écrire et je n'ai jamais été condamné.
Je reconnais avoir coupé les cheveux à la fille F....... et je n'ai aucun regret de mon acte.Je nie toutefois l'avoir brutalisée.Je suis ancien prisonnier de guerre et j'ai été libéré le 6 juin 1943;c'est surtout pour cette raison que j'ai voulu tondre les femmes qui avaient eu une mauvaise conduite avec les boches.
Lecture faite persiste et signe.

Boucau le 14 septembre 1944
Rapport
Le secrétaire de Police à Monsieur le Commissaire de Police du Boucau.
J'ai l'honneur de vous rendre compte du résultat de l’enquête à laquelle j'ai procédé,concernant la nommée F......S........
Des renseignements recueillis,il résulte que la sus-nommée avait une très mauvaise conduite,elle recevait souvent des Allemands chez elle,notamment le soir.
Tous ses voisins sont unanimes à déclarer qu'elle n'a cessé de fréquenter les Allemands depuis l'occupation,et l'opinion publique semble satisfaite de la tonsure qui lui a été infligée.


"....rue Victor Hugo,je viens de voir exposée au public à la devanture du Parti Communiste la photo de ma fille  
avec les "Kollaborateurs et Miliciens bayonnais"
Bayonne le 23 septembre 1944
Monsieur le Procureur

A l'instant,à mon passage rue Victor Hugo,je viens de voir exposée au public à la devanture du Parti Communiste la photo de ma fille XXXX avec les "Kollaborateurs et Miliciens bayonnais "
Or ma fille n'a jamais appartenu a aucun société politique ni privée.Elle suit encore à l'heure actuelle les cours de sténo de Melle Toussaint au cours ménager et en particulier.Elle suit également les cours d'Espagnol de Melle Sabatier et les cours d'anglais de Mme Dupuis.Elle a toujours chez elle une machine à écrire pour conserver son doigté (...)
Le Boucau 28 aout 1944
Monsieur le Procureur de la République
Près le Tribunal civil de Bayonne (B P)
Monsieur

Bayonne  le 29 septembre 1944
Rapport
Le Commissaire de Police,Chef de la Section Judiciaire,à Monsieur le Procureur de la République à Bayonne.
J'ai l'honneur de vous retourner la pièce ci-jointe,en vous faisant connaitre ce qui suit:
Il est exact que la photographie de la nommée XXX est exposée à la vitrine du bureau du Parti Communiste ,de la rue Victor Hugo,avec de nombreuses photographies de "collaborateurs". Les dirigeants de ce Parti questionnés,à ce sujet l'ont reconnu volontiers et ont déclaré que la photographie de la jeune fille en question ,avait été trouvée par eux,au siège de la Milice.Ils ont ajouté que le jour où les miliciens distribuaient de la viande,aux halles de Bayonne,la sus-nommée XXX portait le brassard de Milicienne et les aidait.
Des renseignements recueillis à Anglet,autour de Melle XXX,il résulte également que celle-ci passe là-bas pour être "Collaboratrice"L’enquête a révélé également que Melle XXX et sa mère ont logé chez elles des allemands et qu'elles s'entendaient très bien avec eux.D'autre part l’enquête a confirmé que Mlle XXX servait de dactylo aux miliciens,lorsque ceux--ci distribuaient de la viande aux halles.
Melle XXX est en partie excusable parce que un peu anormale,au point de vue mental,et aussi très jeune (19 ans).
Quoi qu'il en soit,les dirigeants du Parti Communiste de la rue Victor Hugo,la tiennent pour une collaboratrice et voudraient en ce qui concerne la photo,lui faire le même sort qu'aux autres.


Le Sud-Ouest La Presse 31/07/1944 Coll Médiathèque de Bayonne-J 48

Le Sud-Ouest La Presse 01/8/1944 Coll Médiathèque de Bayonne-J 48

Le Sud-Ouest La Presse 4/8/1944 Coll Médiathèque de Bayonne






"Je suis vrai Français,Monsieur le Procureur ..."
_Transcription sans corrections de la lettre_

Hendaye 7 novembre 1944
Monsieur le Procureur
Je prends la respectueuse liberté à venir vous demander plus amples renseignements du fait suivant auquel je suis en grande attente.Malgré mon attente je sais que l'affaire est jugée sans ma présence.
Hors le 29 aout 1944,j'avais eu le vol d'un poulet ,affirmativement ce poulet avait été attiré dans la cuisine de Mademoiselle XXX avec des miettes de pain,le témoin occulaire de ce fait voulait garder son anonimat.Me voyant nerveux désirant aller chez Melle ce témoin me dit "Inutile ton poulet est parti à Béhobie chez son amie qui elle même l'a emporté.Gardant mon calme,je suis allé trouver le brigadier de gendarmerie d'Hendaye lui expliquant mon cas.Bien m'a t'il dit je téléphone à Béhobie;après l'entretien avec le gendarme X de Béhobie,Monsieur le Brigadier d'Hendaye me dit "Si la personne est retrouvé avec votre poulet,je m'engage a venir vous avertir.Chose faite;a 22h le brigadier frappa a ma porte me disant d'aller chercher mon poulet à la gendarmerie de Béhobie.Hors arrivé a celle ci,je me trouvais en présence d'une personne nommé YYYY ZZZZ,celle ci avouant en ma présence le mauvais geste accompli par son amie XXX.
Si je ne suis pas été indulgent a cette affaire c'est pour le fait suivant
Monsieur le Procureur,sans vouloir inculper lors du baptême de mon enfant au mois de décembre 1943,j'avais une poule qui avait disparu quelque temps après 1 mois environ une autre poule me disparaissait.Tout ceci me donnait des doutes sans affirmative.
Hors le 27 aout 1944,Mademoiselle XXX revenant de prison ayant purgé sa peine d'un mois de prison pour affaire d'avortement,dit a ma femme,je n'ai rien a manger,vendez moi je vous prie un lapin,ma femme le cœur sur la main lui vendit.Ne comprenant pas le bon cœur qu'avait eu celle-ci envers elle;j'avais un poulet depuis 4 jours le mardi 29 aout mon poulet disparaissait,hélas !j'étais averti.
Monsieur le Procureur,de ce jugement je ne suis pas averti.Je sais fort bien que Mademoiselle avec sa figure de vierge appitoie les gens de cœur ou de lois.Si elle ne peut ainsi,c'est avec de l'argent,hors se voyant dans un chemin épineux,elle a juré que par tout moyens elle acheterai les gens de lois pour sauvegarder son honneur déjà souillé.
Étant juste et sincère Français,je demandais Monsieur le Procureur que 4 ou 5 jours de prison ou amende sans sursis;hélas,c'est avec sursis qu'elle a eu 300 d'amende.
Je suis vrai Français,Monsieur le Procureur,ne demande que justice,hors une jeune fille comme Melle XXX  Espagnole ayant fait pendant l'occupation un trafic inouïe avec un allemand Monsieur WWWW,contrebande en espagne,celui-ci passant en espagne avec son auto quand bon lui semblait.
De ce trafic a rémunération,elle s'en sert actuellement pour blanchir et effacer ses causes ou fautes.Après cette affaire,pour tromper l'incrimination de vol sur le journal,les initiales ayant été déjouées.Il a fallu déboursé de l'argent si mal acquit,celui-ci lui couvrant tout ses pêchés.J'ose croire que Msieur le Procureur comprendra la sincérité de mes paroles.Je suis vraiment nargué par une fautive gagnante.
Daignez agréer Msieur le Procureur mes Sincères Salutations
Nom Prénom qualité
adresse


Faits d'avortements
Hendaye,le 16 novembre 1944
Monsieur le Procureur de la République
Bayonne

J'ai l'honneur de solliciter de votre bienveillance un renseignement qu'il vous sera possible,je l'espère de me donner.
Ma femme,née XXX a été arrêtée en mars dernier ,condamnée à 3 ans de prison pour faits d'avortement par le tribunal de Bayonne.
Or,j'apprends que ce même tribunal a condamné,tout dernièrement ,la femme YYYY à 4 mois de prison pour faits d'avortement également.
Il me semble donc que cette dernière a été jugée avec les lois de la République ,alors que ma femme a été soumise à la rigueur de celles de Vichy.
Puis-je espérer qu'il y aura une révision des condamnations prononcées pendant l'occupation?
J'ajoute que j'ai deux fillettes entièrement à charge,qui attendent avec impatience le retour de leur maman.
Dans l'espoir d'une réponse encourageante et avec mes remerciements anticipés,veuillez agréer Monsieur le Procureur mes très respectueuses salutations.