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05 mai 2017

Discours de José Antonio De Aguirre

 Discours  prononcé par Son Excellence le Président du Gouvernement Basque

 José Antonio De Aguirre aux postes de radio de catalogue

 le 21 décembre 1938

Collection particulière
 

Il y a deux ans… La thèse basque : lumière, doctrine et exemple.

Il y aura déjà deux ans, exactement demain 22 décembre, je prononçais à Bilbao, au micro de Radio Euzkadi, un discours qui fut en substance la présentation du Gouvernement Basque et de son œuvre.
De mon discours, une bonne partie, consacrée à des questions politiques est, à mesure que le temps passe, pleinement confirmée dans toute son extension. Peut-être sont-ce ces paroles qui ont incité le monde à considérer de nouveau le profond problème que constituait la guerre provoquée par les militaires rebelles. La thèse soutenue et la réalité présentée rompaient brutalement avec cette façon simpliste et commode de présenter le problème que l’on interprétait alors comme une lutte entre l’anarchie débordante et l’ordre, entre la civilisation chrétienne occidentale et la barbarie, entre le Christ et Lénine. Assurément, cela ne pouvait venir à l’idée qu’à des esprits légers, pour ne pas les appeler autrement, qui n’avaient pas encore étudié les origines d’une lutte basée sur la rancœur, l'injustice et la superbe.
Il fallait parler clair et ferme. Surgit « le cas basque » comme il fut appelé alors. Grâce à lui se dissipa l’atmosphère chargée et pleine d’ignorance qui régnait alors à ce sujet. Aujourd’hui, on appelle plus « le cas basque » l’épopée que l’Euskadi est en train d’écrire dans cette guerre. On la connaît dans les milieux compétents sous le nom de « thèse basque ». Thèse basque qui renferme une vérité , un enseignement, et qui est  la base ferme d’une position qui, à l’avenir, servira de modèle et de point de départ pour la définition de conduites et d’aptitudes dans le domaine de la philosophie politique.

Avec l’adhésion du peuple et la conscience du devoir.

On a déjà beaucoup écrit sur ce sujet. Il existe des témoignages très abondants. Ce serait un travail certainement inopportun y interminable que de les référer dans ce discours. Il est bien préférable de rappeler et d’approfondir la thèse.
Je veux suivre la ligne de conduite tracée en 1936 en harmonie avec notre histoire qui s’est toujours montrée fidèle à elle-même par la pensée et par la conduite.
Je m’adresse à tous, mais spécialement à mes compatriotes basques, aujourd’hui sous le joug le plus étranger à leur pensée et à leur cœur. Je m’adresse à eux avec l’autorité d’un homme qui peut le faire parce qu’il s’appuie sur l’adhésion enthousiaste de notre peuple, adhésion que ni des barreaux des prisons, ni la persécution acharnée, ni l’exil hors de la Patrie, ni la misère, ni le mépris, ni  l’injustice ne pourront jamais empêcher. Quelle leçon donnerait en ce moment la tyrannie étrangère si on lui  permettait de parler ! Rien que de parler ! Étant en outre ses légitimes représentants d’où que nous nous  adressions à lui, nous savons que nous le faisons en interprétant sa volonté.
Je vous parle donc, comme si je parlais parmi vous, entouré de compatriotes. Ici je les ai devant moi ,vous êtes leur prolongement. Notre communauté spirituelle est parfaite. Même la distance est abolie grâce à l’aide merveilleuse de ces ondes qui nous rapprochent et nous permettent en ce moment d’exprimer nos mutuels désirs et nos espérances prometteuses. Nous allons parler de ce qui nous touche.
Le motif, le même qu’il y a deux ans :les  fête de Noël, avec leur message sublime de paix aux hommes de bonne volonté. L’objet, le même aussi, celui de continuer à rendre compte au peuple, à notre peuple, de toutes nos activités. Ce devoir, bien que nous soyons physiquement séparés, continue à être aussi impérieux qu’il le sera le jour où nous serons de nouveau là-bas. Car ce jour approche, compatriotes. Soyez-en sûrs.

Les conservateurs en armes !Quel mal la République leur avait-elle fait ?

Toute la définition de la lutte, son illégalité initiale, son manque de motifs et son caractère odieux peuvent se concrétiser dans ces paroles que je prononçais il y deux ans et qui paraissent dites pour aujourd’hui et  en particulier pour les jours présents. M’adressant aux classes conservatrices dirigeantes du mouvement  insurrectionnel, je leur avais dit :
« Quel mal vous a fait la République ? Vous avez  conservé vos fortunes, vos affaires. Vous touchiez des honoraires splendides dans vos Conseils d’Administration souvent accaparés par un petit nombre de personnes, et l’on vous a tout  respecté. C’est un catholique qui vous parle, un catholique qui combattit aux Cortès  Constituantes de la République tout ce qui , selon la doctrine chrétienne, était excessif et inacceptable. Ah ! Mais sur les questions sociales, sur les questions économiques, qui sont les seules à vous intéresser, nous donnions notre approbation aux progrès que la justice réclamait. Car nous étions préparés à la générosité et il fallait être préparés à la générosité et il fallait être préparés même au sacrifice. Le bien commun de la doctrine classique doit prévaloir sur le bien privé des individus. Ne vous rappelez pas que tout manquait dans une multitude de foyers ? Aviez-vous le droit de protester ? Avez-vous cru un instant qu’en appelant communisme une juste protestation sociale vous pouviez obtenir un autre résultat que celui d’exaspérer le peuple avide d’un régime social plus humain et plus équitable ?
« Vous viviez bien ; ce n’est que maintenant, en présence du désastre, avec une économie ruinée, une richesse absorbée par les dépenses de la guerre, que vous comprenez combien fut insensée votre conduite ; et malgré cette situation privilégiée, vous vous êtes soulevés, les uns en prenant les armes, les autres en finançant le mouvement, en secondant la rébellion de ceux qui, manquant à la parole donnée, servent un régime caduc, guidés seulement par le désir de commandement, d’oppression et d’orgueil. Et impuissants à réduire le peuple en esclavage, lancés dans une course sans frein ,voyant que les forces que vous aviez soulevées  n’étaient pas capables de vous mener à  la réalisation de vos désirs insensés, vous avez applaudi tragiquement à l’arrivée des  troupes mercenaires africaines, renforcées plus tard de contingents étrangers allemands et italiens, sans qu’il vous importât que votre dignité  traîne dans le ruisseau pourvu que n’importe qui, noir ou blanc, de quelque couleur, de quelque race que ce soit, sauve  votre situation économique, vos privilèges perdus  parce que Dieu a voulu que vous fussiez aveuglés  pour toujours  par votre ambition et votre orgueil ; ces troupes noires infidèles amenées par ces insensés qui ont fait du nom du  Christ un cri de guerre, de ce Christ dont  l’humanité croyante célèbre en ces jours l’avènement  par ce salut   admirable  : « Gloire à Dieu au plus haut  du ciel et paix sur  la terre aux hommes de bonne volonté » Contradiction monstrueuse avec une conduite qui a fait verser tant de sang et causé tant de douleur dans des milliers de familles »
Nous disions ceci il y a deux ans. Avec combien plus de raison nous pouvons le dire aujourd’hui et avec quelle foi nous ratifions ces paroles ! En elles, notre pensée est condensée

Aux compatriotes qui souffrent :notre conduite a triomphé.

C’est à vous que je m’adresse, compatriote qui souffrez. Où que vous vous trouviez, derrière les barreaux des prisons, dans les camps de concentration, épuisés par l’exploitation éhontée que vous subissez dans les usines et dans les mines, à vous qui écoutez ma voix et, aussi, à ceux qui ne l’écoutent pas. Tous vous êtes présents à mon esprit.
« La thèse basque » comme on  appelle aujourd’hui dans le monde entier notre attitude , a acquis la sympathie générale. Ici, et hors d’ici .Notre esprit pratique a répandu son efficacité et son influence. Je peux vous dire aujourd’hui que la politique qu’avait suivie le Gouvernement d’Euzkadi est  suivie ici par le gouvernement de la République. C’est le triomphe d’une conduite.
Tous nos compatriotes travaillent avec foi et enthousiasme dans les postes où leur devoir les conduit, que nous, leurs chefs, nous leur assignons. Tous travaillent pour le  bien de l’Euzkadi et pour la Cause de la République. Et ce travail intelligent en toute sorte des postes reçoit, ici comme à l’étranger, des éloges constants qui arrivent jusqu’à moi sous toutes les formes et même de façon officielle. Les basques ont sû faire honneur à leur réputation de courage, d’amour du travail, de fidélité. Partagez avec moi cette immense satisfaction.

L’Euzkadi dans le monde. On nous aime, on nous admire.

Nous avons quitté l’Euskadi et Santander pour accomplir un douloureux pèlerinage, et les services du Gouvernement Basque ont dirigé l’organisation de notre peuple partout où celui-ci se trouvait, au milieu des naturelles difficultés et de grands sacrifices, que vous comprendrez. Aujourd’hui, les choses ont bien changé. Je sais que de là-bas où vous êtes on s’étonne de la façon dont peuvent vivre tant de milliers d’exilés. Ils vivent bien et ils vivront. Dans notre malheur, que nous supportons avec une bonne humeur et un courage exemplaires, nous avons de grandes consolations. Notre conduite a partout fait respecter notre peuple et l’a fait aimer. On nous a ouvert les portes. On nous aime, compatriotes, on nous aime. ! Nos institutions d’Assistance Sociale sur le sol de de France, en Belgique et en Angleterre, nos magnifiques institutions médico- chirurgicales de La Roseraie où sont soignés les mutilés de guerre, ou nos malades sont soulagé, nos colonies scolaires, nos services sanitaires, et surtout, entendez-moi bien, notre confraternité de race, tout cela aussi nous a valu d’attirer l’attention, tout cela a reçu des éloges, parfois même trop d’éloges, de la grande presse d’Europe et d’Amérique. Et tandis que nous organisons l’exil de notre peuple en adoucissant sa douleur, nos journaux et nos publications de propagande détruisent, à Paris, à Londres et en Amérique, la fable de Franco. Notre art national parait sur les scènes des principales capitales d’Europe et l’Amérique le réclame avec insistance : voilà la preuve donnée au monde que la culture c’est nous qui la représentons, tandis qu’en face il n’y a qu’une barbarie et qu’une rancœur qui ne respecte même pas la vie des peuples.Et si dans les champs de batailles l’Euzkadi continue, aujourd’hui encore, à défendre son renom de loyauté qu’il a scellé de son sang, hors d’ici, hérauts de la justice et du droit, nous dissipons l’hostilité et groupons autour de nous des sympathies innombrables. Les témoignages des ambassadeurs de la République dans les pays étrangers l’ont établi et des personnalités les plus distinguées des milieux politiques républicains l’ont compris. La calomnie et les féroces attaques de l’adversaire nous indiquent que nous avons visé juste. Cette satisfaction aussi, compatriotes, partagez-la avec moi.
Et ici, en Catalogne, dans ce pays noble et cher où nous avons trouvé tant de chaude affection, de même que le reste du territoire de la République qui a généreusement reçu notre peuple, le Gouvernement d’Euzkadi a organisé l’émigration d’une façon qui peut nous remplir d’un légitime orgueil. Refuges, hôpitaux, colonies etc. etc., soit au total presque 200 institutions, recueillent les Basques qui ont tout perdu pour une loyauté qu’ils avaient promise et qu’ils ont prouvée.

La vitalité d’Euskadi : une valeur permanente, un témoignage prodigieux.

L’Euzkadi à une vitalité qui rayonne au dehors. Il est comme notre langue, dans laquelle je vous parlerai tout à l’heure, une valeur permanente et le témoin prodigieux de l’évolution et même la chute de toutes les civilisations de l’Occident. Il dure en se rénovant chaque jour. Et nous, nous sommes comme lui et, plus encore, cette faculté de durée suscite avec une vigueur inattendue les sentiments que l’on croyait endormis, de ces milliers de nos compatriotes qui, au-delà des mers, dans cette Amérique qui les a accueillis, ont aujourd’hui relevé la tête pour regarder vers nous, pour recevoir avec enthousiasme nos représentants. Généreux, ils nous tendent la main et nous donnent notre pain quotidien, qui, dans son sens matériel, ne vaut rien à côté de cette magnifique résurrection de la fraternité de la race basque, qui, née dans un petit territoire, dans un petit peuple, a assez de force pour rayonner au-delà des frontières de notre pays, pour survivre à l’infortune, pour rester éternellement maîtresse de sa maison.

L’exemple basque recueilli par le Gouvernement de la République.

Nous allons parler, maintenant, de quelques choses qui vous intéressent. Cet esprit qui est le nôtre et dans lequel nos sentiments religieux occupent une si grande place, été accueilli, ici, dans le territoire de la République, par le respect et l’affection tous.
Les efforts de notre Manuel de Irujo en faveur de la normalisation de vie religieuse dans le territoire de la République ont   reçu du Président Negrin l’accueil le plus compréhensif. Et dans ce pays où, au début de cette lutte, de condamnables excès ont été commis contre les personnes et les édifices de l’Eglise, aujourd’hui règnent la tolérance et le respect des croyances, appuyés par les autorités et profondément professés par le peuple. Vous savez bien que je vous ai toujours parlé clairement. Je ne rejetterai jamais sur le peuple la faute de tant  d’atrocités qui nous ont fait tant de mal dans la première période révolutionnaire de cette guerre. Peut-être devra-t-on chercher une origine plus reculée à ces faits déplorables. En particulier, cette origine, peut-être la trouverait-on dans les manifestations publiques de ceux-là qui, oubliant la soif de justice sociale  du peuple, donnaient  libre cours à des déclarations d’un sectarisme désuet
Aujourd’hui, le peuple a conquis cela. Il vaut mieux bien imposer les rentes ou destiner les choses de bien commun que de s’amuser à brûler des églises. La première chose est juste, la seconde discrédite sans aucun profit.

Hommage au Saint-Père, défenseur de la dignité humaine

L’église, pas plus que la Foi, n’est coupable des erreurs commises par ceux qui se sont permis de compromettre le Christ contre sa volonté ou de définir avec leur autorité spirituelle des questions que Dieu a laissées à la libre discussion des hommes. Pauvre religion, mise en discussion devant les multitudes ! Pauvre Église, violemment persécutée en Allemagne et à la veille de jours tragiques en Italie. ! Comme on vous cache ces  choses ! Permettez-moi, de cette tribune, à Barcelone, comme Président du Gouvernement Basque, en tant que catholique, remerciant Dieu, aujourd’hui encore, de la Foi qu’il a bien voulu me concéder et dans laquelle je veux mourir, permettez-moi d’adresser à l’Auguste Vieillard du Vatican un salut ému et respectueux pour la défense de la dignité humaine  que par ses paroles et sa conduite il réalise contre les courants  antichrétiens, antihumains et tyranniques  du paganisme fasciste. Ce salut, je sais que tous les hommes de bonne volonté l’adresseront avec moi. D’ici, nous pouvons, nous Basques, parler avec cette clarté et dans la sincérité de notre cœur. C’est aussi en votre nom que j’adresse ce salut, en notre nom à vous, mes compatriotes opprimés ,qui, sans pouvoir exprimer de là où vous êtes ce sentiment, vous associez à mes paroles.

L’échange des prisonniers :la responsabilité de Burgos.

Une autre affaire qui vous intéresse grandement est celle de l’échange des prisonniers. Eh bien, j’ai le devoir de vous dire  que l’attitude du Gouvernement de la République à ce sujet est digne de tout éloge. Accueillant les suggestions de représentants étrangers, il a poussé son esprit d’humanité jusqu’à des limites qui auraient pu difficilement être dépassées par quiconque. Observant fidèlement la parole donnée, il a facilité sans cesse tous les échanges. Ici, il y a une autorité ;tous savent à qui s’adresser , la parole donnée est tenue. Si l’on avait répondu comme elle le méritait à cette conduite, des milliers d’hommes souffre innocemment auraient été libérés. Plus encore : beaucoup d’hommes aurait pu être sauvé des pelotons  d’exécution.
Toute la responsabilité retombe sur Franco.
 Je vous rapporterai seulement une impression que j’ai reçue il a peu de jours de hautes  personnalités qui, parlant de cette question, me dirent :
 « Dans le territoire de Franco on ne sait à qui s’adresser. Il n’y a ni autorité, ni organisation en cette matière. Et c’est ainsi que répond de tous ces actes l’administration de Burgos , qui paraît absolument ne pas exister. »
Tout ceci est rigoureusement exact. Naturellement, la conséquence internationale de ces différentes conduites, c’est que chacun reçoit son dû .

Le Gouvernement Basque prend soin de ce qui appartient aux Basques.

Passant brusquement de ces questions à d’autres ,plus matériels et plus prosaïques, je veux aussi vous apprendre autre chose.
Même les personnes qui là-bas, ont passé leur temps à diffamer et à insulter le Gouvernement Basque ,peuvent avoir la  satisfaction de savoir que les valeurs et les  objets des Basques et des Sociétés  de toutes sortes que le Gouvernement d’Euzkadi a évacués, sont déposés sous bonne garde, rigoureusement classés avec le nom de leurs propriétaires respectifs est administrés par le Gouvernement Basque conformément à l’accord qui fut conclu par lui  avec le Gouvernement de la République. Tel est l’esprit de compréhension qui règne  ici. C’est un détail que nous avons une grande satisfaction à vous faire faire connaître, en attendant le jour où nous pourrons démontrer  notre bonne administration en rendant les titre à leurs légitimes propriétaires, une fois accomplies, naturellement, les décisions que prendra la justice pour chaque cas particulier. En attendant, soyez tranquilles, le Gouvernement Basque veille sur ce qui intéresse les Basques. Il sera donc prudent de ne pas s’aventurer en des opérations risquées et bien moins encore avec des étrangers. Avertissez-en ceux qui ne l’auront  pas entendu et que cela pourrait intéresser.

Ni démagogie ni dictature une démocratie ferme.

Notre indépendance d’esprit et notre position sont si fermes que personne peut-être ne pourra  parler si nettement et avec autant d’autorité que nous.
Nous restons ce que nous avons toujours été. Et c’est grâce à l’esprit qui nous  anime, et avec lui, que nous avons lutté et  que nous continuerons à lutter. Nous, les Basques , nous avons une tradition, la tradition séculaire de la liberté ,et une éducation politique originale qui ne date pas d’aujourd’hui. Notre tradition nous servira de base pour notre marche vers l’avenir. Nous n’avons pas besoin de prendre quoi que ce soit à l’étranger. Nous avons tout chez nous et  depuis des siècles : démocratie sans démagogie _rappelez-vous nos Juntes Générales ;un pouvoir fort, sans les errements des dictatures_ rappelez-vous notre Gouvernement de la Seigneurie_ ; une justice sociale subordonnée au principe du bien commun _rappelez-vous nos lois du Fuero_ ;une égalités des citoyens ,considérés tous comme des aristocrates. Nous voulons l’égalité dans le bien-être, nous ne la voulons pas dans la misère.
Tout ce passé historique, toute cette énergie humaine qui a servi d’exemple et de modèle aux plus grandes démocraties, tout cela me vient à l’esprit pour me rappeler une date historique :le 25 octobre 1839.

Les successeurs des traîtres de 1839.

Dans quelques jours nous entrerons  dans l’année 1939, qui marquera le centenaire de cette date, funeste pour tous les Basques. Une date qui rappellera la trahison de la monarchie espagnole tristement appelée libérale ,qui rappellera la félonie d’Espartero, l’hypocrisie avec laquelle il promit de dégainer  son épée dans le cas où les «Fueros »  ne seraient pas respectées, promesse qui, elle non plus ne fut pas tenue, lorsque nos pères eurent jetés leur épée  sur le sol. Tristes leçons de notre histoire qui ne se produiront plus. Je vous le jure.
Que sont-ils d’autre que les successeurs d’Espartero, ceux qui, là-bas vous oppriment ? Ils brisèrent la paix de nos ancêtres et ont brisé à nouveau notre paix d’aujourd’hui. Contre ceux-là, traîtres d’alors et traîtres d’aujourd’hui, nous devons nous unir, nous les Basques de tous les partis, contre les Espartero et les Maroto. Et par ces Basques de tous les partis j’entends, non seulement nous qui luttons ici pour la défense de la liberté de notre peuple, à laquelle les lois de la République ont ouvert un chemin, mais vous aussi, Basques qui aspirez à recouvrer nos libertés historiques et pour cette raison, vous êtes groupés sous le drapeau trompeur de la rébellion. À vous surtout, Basques de Navarre et d’Alava, c’est à vous que je m’adresse, et à vous qui, en Biscaye et en Guipuzcoa, révérez le drapeau d’une tradition dont on vous cache le véritable caractère, mais qui réclame, elle aussi la restauration de liberté qui nous a été arrachée en 1839.
Tout cela, tout se passé de grandeur, qui est ce qui nous tient le plus à l’âme, toutes ses aspirations, qu’ont-elles de commun avec ce national-syndicalisme improvisé, étrangers, importé et artificiel ? Quelle liberté et quels « Fueros » Basques peuvent comprendre ni octroyer ces hommes qui commencent par vouloir détruire notre âme et finissent par se livrer à l’étranger jusqu’à juste que dans leurs gestes et dans leurs cris ? Ils ne pourront jamais nous comprendre. Ils ne pourront comprendre ni notre âme, ni notre tradition. Vous, vous me comprenez mieux qu’eux, ce qui est notre, c’est ce qui court dans nos veines, ce sont des siècles de notre histoire  de peuple libre, ce sont des institutions qui sont nées pour la défense de nos foyers. Ce qui est leur est froid, est né d’aujourd’hui, est venu de règlements approuvé à Rome ou à Berlin, qui  n’ont rien de commun avec nous. Levez le drapeau de nos libertés, réclamez l’abolition de la loi de 1839,levez  ce drapeau en  union avec tous les cœurs basques, dans cette année décisive !
Buste de José Antonio De Aguirre à Saint-Jean-de-Luz.

Le gouvernement d’Euzkadi saura  accomplir son devoir.

L’âme de notre vieux peuple vibrera comme jamais cette année mémorable, et unira ses fils dans un même cri de triomphe. Je vous le promets. Vous surtout, Basques de Navarre et d’Alava, hommes généreux, qui avez souffert et restez pénétrés de votre idéal. La race vous appelle en cette année 1939 où les pierres mêmes de notre sol se lèveront pour demander  que  soit rétablie la justice, violée il y a cent ans et proclamer l’union de tous les Basques de bonne volonté.
Ce qui est arrivé à nos pères, il y a un  siècle, cela n’arrivera  plus ,cela ne peut plus arriver. Aujourd’hui, il y a un Gouvernement d'Euzkadi, qui  a la pleine conscience de son devoir. Ce devoir il saura l’accomplir, je vous l’assure. Il y a une certaine différence entre les hommes qui oppriment et les hommes de la République. Lorsque nous triompherons, vous pourrez tous parler. Les valeurs spirituelles de notre peuple sont garanties par une conduite, la nôtre, et sont scellées de notre sang. Si vos ennemis, qui sont les nôtres, triomphaient, Il ne serait permis à personne de parler. Quelle différence ! Ici non seulement l’amnistie a été décidée pour ce jour-là , mais  encore les portes sont ouvertes à l’expression la plus large de la volonté populaire. Ceci a été convenu par des personnalités responsables qui représentent des parties et des peuples.

Les intérêts des démocraties européennes.

Que peuvent-ils promettre là-bas ? Pardonnez que je vous aie posé cette question pour la forme, car il est déjà trop tard. Il existe une Armée qui est née du peuple même, de ce peuple qui brisera tous les plans et toutes les illusions que forgeront ces hommes. Il est trop tard, mais de plus, savez-vous où il vous mènent ? Le savez-vous, par hasard ?
Nous allons brièvement examiner la politique internationale.
Les intérêts impériaux de la France et de l’Angleterre opposition avec ceux de vos alliés. Et par conséquent avec les vôtres. Ils coïncident par contre  avec nos intérêts  pour des raisons de régime, d’opportunités et aussi dans ce cas, de justice. Vous avez choisi_je m’adresse ici à vos  oppresseurs, vous le comprendrez_vous avez choisi des amis éphémères comme tous ceux qui basent leur puissance sur la force.
Vous avez changé le cours de la politique internationale de l’Espagne, peut-être sans grande conviction, mais parce que vous y étiez obligés en échange des avions et des canons, nécessaires à la prolongation de ce massacre dont vous êtes coupables. Ce faisant, vous vous êtes livrés à l’étranger. Et plus grande sera l’arrogance Italo-allemande, plus grande sera l’aversion que le monde ressentira pour vous. C’est ce qui arrive déjà, et augmente avec le temps, non seulement en Europe, mais encore dans le monde entier.
Moi, j’ai toujours cru que cette situation devait se produire. Tous ceux qui m’ont écouté le savent bien.
À l’étranger on entend dire partout : « Franco est complètement tombé ,par contre la République se relève. »
C’est naturel. Les intérêts de la République Espagnole coïncident avec ceux de Paris et de Londres et de cette identité naît  nécessairement une politique. Les choses tardent à se produire, mais elles se produisent. Les démocraties de ces peuples , avec une vigilance infatigable et  avec une patience peut-être exagérée, même si elle est compréhensible, ont fait tout ce qui leur a été possible : elles ont attendu et cédé, bravant ainsi l’impopularité et n’ayant en vue  que le bien inestimable de la paix.
Cette politique touche à sa fin et, avec elle, l’arrogance Italo-allemande et celle de son petit serviteur, Franco.
Ne comprenez-vous pas que ces pays savent parfaitement que l’Italie se sert de l’Espagne comme d’une base coloniale future opérations ?
Ne comprenez-vous pas qu’il pense à la possibilité de transporter des troupes au Maroc Espagnol menacé le Maroc Français ?
Ne comprenez-vous pas que le détroit de Gibraltar les intéresse ?
Ne comprenez-vous pas que ces pays ne peuvent rester impassibles devant l’occupation de Majorque ?
Ne comprenez-vous pas que la garantie des Pyrénées et pour la France et l’Angleterre du plus haut  intérêts ?
Croyez-vous peut-être seul instant qu’ils vont  perdre allègrement leurs positions en Méditerranée ?
Et vous, quelles garanties offrez-vous si l’étranger, leur futur adversaire, vous domine, et si votre vie dépend de lui ?
Beaucoup de partisans de Franco le comprennent déjà, et leurs démarches tant soit peu nerveuses auprès des chancelleries ne sont pas sans être connues et commentées.

La belligérance et les dettes de Franco.

Il devait en être ainsi. L’Italie et l’Allemagne le savent bien .C’est pour cela qu’elles demandent le droit de belligérance pour Franco.
Je ne sais si, dans le territoire rebelle, on a parfaitement compris ce que signifierait le droit de belligérance ainsi demandé. Pourquoi le voulez-vous ? Pour bloquer les cotes républicaines ? Mais avec quelle escadre ?Avec la vôtre ?Vous comprendrez que cela n’est pas sérieux. Ah ! Avec celles de l’Italie et de l’Allemagne ?Et  vous, pensez gouverner un peuple que vous livrez à l'étranger ? Permettez-moi de vous le dire clairement : vous arrivez trop tard. Vous arrivez trop tard ; cela ne sera pas permis d’abord par les armes qui dans ce territoire défendent la  justice et la liberté et, en second lieu, parce que l’Europe nous connaît tous et sait  bien ce que chacun de nous représente ; elle comprend bien quelles seraient les conséquences de votre esclavage.
Écoutez-moi bien. Ce droit de belligérance qui à lui tout seul sera jamais suffisant  pour ce blocus si  désiré ne servira qu’à la reconnaissance juridique de vos dettes, à la régularisation de vos emprunts. C’est une des clauses de la reconnaissance. Vous comprendrez que nos envahisseurs, les vôtres, sont pressés de régler les comptes non payés.
Si la guerre finissait aujourd’hui _et ils doivent avoir des raisons de le craindre-quel serait juridiquement le sort de ces dettes, quels titres pourraient présenter vos créanciers, à qui pourraient-ils les présenter, que deviendraient ces dettes contractées par vous dans  cette terrible et  sanglante aventure ?Vous demandez le droit de belligérance et, ce faisant, vous ne faites que vous livrer pieds et poings liés à l’étranger qui veut vous faire signer la reconnaissance de vos dette envers lui, en  vous donnant pour cela une personnalité juridique suffisante. Combien d’attitudes en Europe sont aujourd’hui provoquées par ces considérations matérialistes !.

Il est encore temps de rectifier vos erreurs.

Vous avez violé la justice et le droit, vous avez attaqué le peuple, vous avez fait appel à des mercenaires pour lutter contre vos frères, vous vous êtes livrés à l’Allemagne et à l’Italie, vous avez détruit la paix de milliers de familles, et vous voulez encore signer de votre main l’acte qui consacrerait définitivement votre esclavage, qui, de plus, nous obligerait tous ? Le droit de belligérance que vous sollicitez, c’est cela. Vous êtes en mauvaise posture, pensez le bien. Il est encore temps de réparer vos erreurs  si vous avez  tant soit peu de conscience de votre devoir.
La conscience internationale vous est hostile parce que vous avez mal agi. Votre prestige extérieur diminue chaque jour, de même que la valeur de votre monnaie. Vous vous êtes placés aux cotés de ceux qui menacent tous les jours de déchaîner la guerre. Et celle-ci peut arriver. Que  Dieu ne la veuille  pas !Mais  si elle arrivait, que deviendrez-vous ? Je sais que vous y avez pensé. Je me souviens des derniers jours de Septembre. Vous vouliez alors  vous déclarer neutres. Faites-moi l’honneur de croire que personne n’a pris vos promesses au sérieux.
Mais supposez que les mêmes circonstances se présentent à nouveau et, avec elles, que vous répétiez vos déclarations de Septembre. Qui vous livrera l’armement qui vous serait nécessaire, quand ce ne serait que vous maintenir dans votre position actuelle ? Et si vous entrez dans le conflit général _ou pour mieux dire on vous y fera  entrer-ne comprenez-vous pas que le blocus le plus rigoureux serait la seule conséquence qu’entraînerait votre attitude déraisonnable ?
Ce n’est pas pour rien que les mêmes rares journaux amis qui vous restent en France et en Angleterre, ceux qui pensent comme vous, demandent une médiation. N’avez-vous pas peut-être travaillé vous-même à cette médiation, tout en le cachant au peuple qui verse des torrents de sang ? Pensez-y bien, et vous éviterez que plus de sang encore soit versé.

Pas de vengeance ! Justice et reconstruction .Discipline et foi.

Je reviens à vous, mes chers compatriotes, mais avant de parler dans notre langue nationale, je veux vous dire quelque chose qui soit compris ici et là-bas.
Ils nous ont insultés, ils nous ont calomniés, ils ont dévasté nos foyers, ils ont détruit  Guernica et ils nous ont ensuite calomniés, ils ont tué des milliers de femmes et d’enfants. Ils n’ont pas d’autre argument ni d’autre réponse à notre conduite et à notre œuvre. Eh bien ! Malgré tout cela, je vous dis : Maudit soit celui qui a dans son cœur un désir de vengeance ! Devant Dieu je peux vous affirmer que moi, je ne l’ai pas ; et je veux que, vous, vous ayez ce même sentiment.
Nous devons reconstituer notre peuple, nous tous, avec l’effort de tous. Nous ne le ferons jamais, si notre cœur est encore agité de sursauts de haine. Laissez la justice faire son œuvre.
Entendez notre voix comme vous l’entendiez avant .Vous nous avez  donné trop de preuves que vous avez scellées de vos souffrances et votre sang. Gardez une discipline de fer. Faites-vous un cœur impavide, espérez, gardez votre calme, ne vous impatientez pas : les jours s’approchent où, les foyers reconstitués, les  frères réconciliés, nous entrerons dans la voie de notre grandeur, nous verrons un avenir que nous bâtirons sur l’œuvre éternelle de nos ancêtres. Écoutez-moi bien. Discipline et Foi ! Vous me comprenez.



Buste de José Antonio De Aguirre à Saint-Jean-de-Luz.


Plaque sous le buste  de José Antonio De Aguirre à Saint-Jean-de-Luz.







19 octobre 2015

Évasion par bris de prison à la Maison d’arrêt de Bayonne

 "L'an mil neuf cent trente six et le 13 septembre à deux heures du matin,prévenu que le nommé SPILERS venait de s'évader de la Maison d’arrêt 
Cellule de Spilers Maison d’Arrêt de Bayonne _3 U 1 art 1297 TGI Bayonne_

où il était détenu nous nous sommes transportés en notre Cabinet au Palais de Justice où assisté de Monsieur Fénié Substitut du Procureur de la République,nous avons arrêté et téléphoné les dispositions qui nous semblaient devoir s'imposer pour l'arrestation de ce criminel.Nous avons successivement donné des instructions à la Gendarmerie de Bayonne et au Colonel Commandant la Gendarmerie de Bordeaux,à la Brigade mobile de Bordeaux,à celle de Toulouse,aux services de police criminelle du Ministère de l'Intérieur;nous délivrions mandat d’arrêt et en donnions avis télégraphique.Nous prescrivions également la fouille immédiate des maisons de tolérance,la visite des garnis et meublés par les polices de Bayonne,Saint-Jean-de-Luz,Biarritz et Hendaye. Dès avant de nous prévenir et à minuit 45 la gendarmerie de Bayonne avait fait établir des barrages.En accord avec le Colonel Commandant la gendarmerie de Bordeaux,nous avions demandé que des barrages fussent établis le long de la frontière espagnole. et en direction de Bordeaux.Ces ordres donnés nous nous sommes alors transportés accompagnés de Monsieur Fanié Substitut du Procureur de la République et de Monsieur Cambot Greffier à la maison d’arrêt de Bayonne.
Maison d’Arrêt de Bayonne _3 U 1 art 1297 TGI Bayonne_
Nous nous sommes faits conduire par le Surveillant Chef à la cellule qu'occupait Spilers;nous avons constaté que la chaise de bois du détenu  avait pu être déplacée de l'endroit où elle était ordinairement retenue  au sol par une chaine de fer et mise sous la lucarne d'aération;une couverture était placée sous les pieds de cette chaise et une seconde couverture placée sur le dossier et le siège.Deux barreaux avaient été sciés;l'un avait été scié en deux endroits de manière à ce qu'on puisse l'enlever complètement,l'autre avait été scié à la base de manière à pouvoir être écarté;l'ouverture ainsi produite comportait un espace de 0.17 sur 0.38;il est à observer que les barreaux étaient sciés tous les deux dans le même sens de bas en haut;les cassures présentaient des traces de rouille ,le vasistas était complètement rabattu contre le mur par suite d'une modification apportée au dispositif de fermeture obligeant ordinairement de maintenir le vasistas entr'ouvert,sans qu'il puisse se rabattre totalement.Un tricot et un caleçon étaient placés sous ce vasistas de manière certainement à éviter tout heurt et tout bruit;une couche épaisse de poussière et de crasse enduisait ce vasistas,sans qu'il y ait de traces de frottement;nous avons relevé la trace de deux pieds sur la partie immédiatement située sous le vasistas;l'examen du lit nous a permis de constater l'enlèvement d'une barre de fer et il est à observer que la cassure de cette barre était couverte en partie d'une couche de crasse noirâtre.Nous avons remarqué sur la planchette servant de table au détenu un calendrier portant certaines encoches dont l'une correspondant au jour de l'évasion.
Nous avons saisi ce calendrier ainsi que le barreau de fer scié en 2 endroits et afin que l'on puisse avec le jour faire toutes constatations utiles, nous avons apposé les scellés sur la porte de cette cellule.
Nous nous sommes alors rendus dans le jardin de la maison d’arrêt et à hauteur des jardins occupés occupés par les surveillants Bouigue et Priat nous avons fait les constatations suivantes:le mur d'enceinte donnant dans la rue mesure 6 mètres 60 de hauteur.Dans les plates-bandes des jardins Priat et Bouigue nous avons trouvé des liteaux solidement attachés les uns aux autres par des bouts de mouchoir déchirés;ces liteaux étaient en deux fragments dont la coïncidence des coupures permettait de déterminer qu'ils avaient constitué une seule et même  perche.Nous avons saisi et placé sous scellés ces liteaux.En cet endroit en face du mur d'enceinte se trouve le promenoir des prisonniers ;sur la façade située près de l'endroit où nous avions trouvé les liteaux nous avons constaté que les tuiles avaient été enlevées et les liteaux arrachés sur une longueur de 5 mètres environ,et une largeur de 3 mètres environ.Au bas du mur,nous avons trouvé une scie à métaux,un briquet,un paquet de cigarettes et une barre de fer correspondant à celle qui manquait au lit;à proximité de la toiture précitée des tuiles ont été également enlevées sur une longueur de 3 mètres environ.Nous avons placé sous scellés la scié à métaux ,le briquet ,la barre de fer et renvoyé en raison de l'heure tardive la suite de nos opérations au lendemain matin 10 heures.
Maison d’Arrêt de Bayonne _3 U 1 art 1297 TGI Bayonne_

Le treize septembre à 10 heures du matin,nous nous sommes à nouveau transportés à la maison d’arrêt en Compagnie de notre Greffier Monsieur Belluchon et de Monsieur Fénié  Substitut du Procureur de la République.Nous avons longuement examiné les abords de la cellule de Spilers et observé que la lucarne prenait jour dans une courette où le charbon des cuisines était entreposé,ce charbon formait un tas dont la partie élevée sise contre le mur de la courette situé en face de la cellule n'était qu'à 2 mètres environ du faîte;une vieille caisse de 0 m40 de hauteur environ se trouvait précisément sur le tas de charbon en face de l'ouverture de la cellule de Spilers.Nous avons vainement cherché les traces d’effritement sur le faîte des murs des courettes intérieures,mais,une trace nette a pu être relevée sur le mur d'enceinte donnant dans la rue du lavoir,trace d'effritement suivie tout au long du mur et jusqu'au trottoir de traces de glissades charbonneuses.A ce moment,la gendarmerie nous a apporté des liteaux de bois terminés par un crochet de fer qu'elle venait de trouver à proximité de la voie ferrée voisine;nous avons comparé les cassures de cet engin à celles des liteaux que nous avons trouvé la veille  et nous avons pu ainsi reconstituer une sorte de perche terminée par un crochet mesurant 5 mètres 60 de long;nous ajoutons à titre documentaire que le nombre des tuiles enlevées aux toitures est de 156.Ces constations nous ont permis de supposer qu'après être sorti de sa cellule Spilers avait dû utiliser le tas de charbon soit pour parvenir au chemin de ronde suivant le mur d'enceinte,soit sur les toits des bâtiments voisins,d'où il serait ensuite descendu dans ce chemin de ronde;la clôture en grillage d'un clapier ayant été en partie abattue nous confirme dans cette opinion;nous avons ensuite procédé à des auditions de témoins qui font l'objet de procès verbaux séparés;nous avons suspendu à midi 15 nos opérations qui ont été reprises à 15 heures 30 jusqu'à dix huit heures,heure à laquelle la brigade de gendarmerie de gendarmerie d'Amou a conduit Spilers à la maison  d’arrêt,et nous avons aussitôt dressé procès-verbal de première comparution pour le chef d'évasion de détenu par bris de prison.
Fait à Bayonne,le 13 septembre 1936.

Maison d’Arrêt de Bayonne _3 U 1 art 1297 TGI Bayonne_


Ce procès-verbal de transport est consultable en salle de lecture du Pôle de Bayonne et du Pays Basque. 
Cote 3 U 1 art 1297 Tribunal de Grande Instance de Bayonne.


Article du blog:
Cour d'Assises des Basses-Pyrénées
Audiences des 3,4 et 5 février 1937
L'Affaire Spilers
Un spécialiste de l’Évasion devant le Jury

 

14 février 2015

Les secrets de la "Prison des évêques" de Saint-Jean-Pied-de-Port

Les secrets de la "Prison des Évêques" , un texte  signé Bernard Duhourcau, édité par le Syndicat d'Initiative de Saint-Jean-Pied-de-Port.


 De toutes les maisons de Saint-Jean-Pied-de-Port qui ont une histoire à raconter,l'une semble plutôt jusqu'à présent se plaire à poser des énigmes:c'est la "Prison des évêques" dont la visite laisse toujours une impression mystérieuse et donne envie d'en savoir plus long sur ces vieilles pierres.
Quand,pour la voir,on monte la rue de la Citadelle,on rencontre sur la gauche une maison à encorbellement dont un gros crépi tyrolien laisse apparaître un moellon portant la date de 1584 peinte en rouge.Cette maison est connue sous le nom de "Maison des Évêques".
Une tradition conservée jusqu'à nos jours veut que,pendant le grand schisme d'Occident,de 1383 à 1417,les évêques de Saint-Jean-Pied-de-Port en aient fait leur résidence.Ce ne peut être en tout cas la maison actuelle qu'ils ont habité ,car 20 ans séparent l'année du départ du dernier évêque Arnaud de Laborde,à Bayonne,de celle dont la date est conservée dans l'appareil.
Un jardin,bordé d'un mur,sépare la "maison des évêques" de la suivante.C'est celle-ci que l'on désigne du nom des "Prisons des Évêques",appellation qui a succédé à celle de "Maison de ville",puis au XIXe siècle de "Maison d’arrêt" et "Dépôt de sécurité".
Sous sa nouvelle enseigne de "Prison des évêques" sa visite est une des attractions les plus connues de Saint-Jean-Pied-de-Port.Une bande sonore guide le visiteur en évoquant,sous un jour romanesque,l'Inquisition médiévale et le passé sinistre de l'édifice.La présente étude ne vise qu'à lui faire voir d'un peu plus près la réalité.
La façade,un peu en retrait des autres maisons,s'abrite sous l'auvent d'un toit à double pente,dont le faite allongé est perpendiculaire à la rue,contrairement à la plupart des toits voisins.Le rez-de-chaussée est percée d'une fenêtre à gros barreaux et d'une porte en plein cintre,étroite,que ne surmonte aucun écusson,ni monogramme,à la différence de la plupart des maisons bas-navarraises de même époque,par exemple le manoir de Larrea sur la route d'Ispoure.S'il y eut quelques ornement de ce genre autrefois,il a disparu sous l'inscription plaquée sur le claveau central qui s'intitule "Prison des Evesques ".
La première salle a gardé son authentique pavage en galet de rivière,bien caractéristique des anciennes construction du bassin de la Garonne et des vallées pyrénéennes,et qui remontent au moins au XVI e siècle.
En face s'ouvre un couloir qui mène aux pièces du rez-de-chaussée ;il donne dans un corps de garde décoré de chassepots de l'ancienne garnison de la Citadelle,d'une table taillée au cœur d'un chêne de la montagne qui semble attendre l'ouverture d'un lourd registre d'écrou;sur le mur ,un grand blason en bois où des chaînes au naturel évoquent librement les armes du royaume de Navarre.Derrière s'ouvrent,consacrées aux souvenirs de Roncevaux et,aux vieilles pierres du pays,les anciennes cellules disciplinaires,éclairées de fenêtres hautes,garnies de barreaux de fer et fermées par des portes aux vantaux épais encore garnis de leurs énormes serrures.
Les archives municipales,à l'occasion de la destitution d'un geôlier,nous apprennent que ces cellules étaient utilisées comme prison municipale en 1795;au début du XIX e siècle,elles servirent de locaux disciplinaires pour les soldats de la garnison punis de salle de police.Pour occuper leurs loisirs forcés,certains ont gravé dans le bois des portes,comme tous leurs semblables,leurs noms,le numéro de leur régiment,la date de leur villégiature,et dans son étude,publiée en 1923,Harruguet les a scrupuleusement relevées :"Joubert ....1829 ...48e L (48e régiment de ligne)....Himelspach ....4L ....1820",etc.
Une curiosité remarquable attend le visiteur après son passage dans ce rez-de-chaussée:c'est la grande salle gothique souterraine.On y accède par une ouverture sombre entre le couloir qui mène aux cellules et l'escalier qui monte à l'étage.On descend plusieurs marches étroites et raides,et on se trouve sur un palier devant une porte.De l'autre coté,en contre-bas,s'étend une salle imposante et obscure ,faite d'une seule voûte en berceau à arc d'ogive,nue,en pierre de taille.Au premier et au second tiers de sa longueur,deux arc doubleaux à bandeau plat renforcent la construction et la soulagent du poids des étages supérieurs.Elle mesure 9m.25 de large sur 14m.de long,et sa hauteur est actuellement de 5m.50 depuis le sommet de la voûte jusqu'au sol de terre battue.Un escalier de 21 marches plonge de la porte ouverte à mi-hauteur du mur,dans ce local à l'air saturé d'humidité et de moisissure.Un seul soupirail ,dans le mur face à l'entrée,laisse pénétrer un peu de jour;un éclairage rasant,installé au bas des murs de retombée de la voûte,fait ressortir les pierres de taille de ses belles assises régulières  faites du même grès violet des montagnes voisines,Jarra ou Arradoy,que les murailles et les maisons de la ville.Sur certaines pierres apparaissent,révélées par la lumière oblique,de fines "marques de tacherons",ces signes gravées par les tailleurs de pierre du Moyen Âge pour identifier leur œuvre.Il est intéressant de rapprocher les signes que l'on rencontre ici de ceux qui figurent sur la façade de l'église Notre-Dame,entre le portail et la base du clocher,et représentant des étoiles,un triangle,une pointe de flèche,etc.....



Le mur du fond était,percé de deux hautes baies ogivales et d'une grande porte;elles sont murées,mais on peut encore suivre le tracé de leurs embrasures dans la maçonnerie;le bas du mur est bordé d'un alignement de dalles de pierre légèrement inclinées qui servaient de bas-flanc aux prisonniers.Il semble qu'elles recouvrent un souterrain ou au moins un égout qui passait dans le jardin de la maison des évêques.On remarque encore au bas de la voûte,du coté de ce jardin,la trace d'une porte murée.
A droite de l'escalier d'arrivée ,quatre chaînes à boucles sont scellées au mur;à gauche,une lourde construction cubique en maçonnerie de 2 m. sur 3 de surface et 2 mètres de hauteur a dû servir de cachot;au fond,une chaîne avec un collier et des ters est rivée au mur;le séjour dans ce local,s'il était particulièrement dur,n'était pas exceptionnel.Des notables du pays en firent encore l'expérience au XVIIe siècle,pour des histoires de gabelle.
Cette salle grandiose et sinistre est,sans contredit,contemporaine de la façade de l'église Notre-Dame;les assises de pierre de dimension et de taille semblables,les marques de maçons le prouvent.Or,la fondation de l'église Notre-Dame est attribuée par les historiens au roi Sanche le Fort,après la victoire de Las Navas de Tolosa qu'il remporta sur les Maures en 1212.La salle souterraine de la rue de la Citadelle  ,comme les embassements de l'église et des portes de l'enceinte seraient donc du XIII siècle ,ce que confirment les études des architectes et des historiens.
Quelle pouvait être la destination d'une construction aussi importante et soignée ?Administrative,commerciale ou religieuse?La destination commerciale se déduirait de son apparentement aux caves voûtées du vieux Bayonne.Celles-ci,on le sait aujourd'hui ,après l'étude qu'Elie Lambert leur a consacrée servaient d’entrepôts de marchandises et de magasins,comme dans la plupart des villes marchandes du Moyen Âge;à Bayonne ,il devait s'agir d’entrepôts de vins dont ce port faisait un grand commerce avec l'Angleterre.A Saint-Jean-Pied-de-Port,la grande salle de la rue de la Citadelle a bien pu servir de dépôt pour les laines et les draps d'Espagne dont il faisait un important trafic à destination de l'Europe du nord par les ports de Cize.a présence de deux hautes fenêtres et d'une porte bouchée dans le mur du fond,fait naître aussi une autre supposition:celle d'une grande salle de réunion,d'une "halle des marchands" qui s'ouvrait sur le passage des "lices" au pied des remparts (1).
(1) On trouve, aujourd'hui encore dans beaucoup de villes,des rues des Lices au voisinage des anciens remparts (exemple Angers)
.Dans ce cas,ce mur était la façade principale.Enfin,si c'était une chapelle,la porte se trouvait ainsi ouverte à l'ouest,disposition normale.
Mais quelle qu'ait pu être depuis l'origine la destination de l'édifice,les bouleversements subis par Saint-Jean-Pied-de-Port au XVI siècle devaient le modifier profondément et changer son affectation.En 1512,l'invasion de la Navarre par les Castillans ouvre pour le Pays de Cize une ère de destructions.La ville de Saint-Jean-Pied-de-Port passe de mains en mains à deux reprises;en 1512 et 1521;en 1567,elle est encore saccagée par les troupes béarnaises calvinistes.Peu de maisons furent épargnées,les édifices religieux souffrirent plus que les autres.Au cours de la reconstruction de la ville,à la grande salle voûtée qui était peut être tout ce qui subsistait d'une construction plus importante ,on ajouta les deux étages supérieurs et on termina par une façade du coté de la colline,en bordure de la nouvelle rue principale ,celle où s'alignent aujourd'hui toutes les maisons de la ville haute.
On peut remarquer en effet que la porte d'entrée à grand claveau en plein cintre est d'un type bien défini que l'on retrouve dans d'autres constructions datées de la région:maisons de 1610,1633,dans la rue de la Citadelle,maison Dufourquenia sur la route de Çaro datée de 1588;et la date de 1584 de la maison voisine des évêques figurait autrefois sur le claveau central d'une porte en plein cintre semblable.
On peut donc fixer entre 1580 environ et 1610 la construction de la partie antérieure de l'édifice.On peut donc se rendre compte ,du reste ,que l'on passe d'une construction à une autre par les décrochements de murs que l'on peut remarquer dans le couloir qui descend vers la grande salle et qui traverse les différentes fondations des deux édifices.
Si elle était alors la "Maison de Ville",comme le porte un plan de 1685 conservé aux Archives du Génie à Vincennes,on s'explique que la salle basse ait été convertie en prison;dans ce  but on aura obstrué les deux deux grandes fenêtres et condamné la porte donnant du coté de la muraille où,du reste le passage,le passage ne devait plus se faire.Le rez-de-Chaussée devait servir de logement au concierge et de corps de garde éventuellement,le premier aux délibérations des jurats et à la garde des archives.Plus tard,ce fut une salle du clocher de l'église qui remplit cet office.
En 1795,les archives municipales nous apprennent que la prison de la commune comportait une basse-fosse où le concierge avait,"de son autorité privée",fait passer une nuit,les fers aux pieds,à un tailleur d'habits détenu pour six mois.
Il y a quelques années,on lisait encore au-dessus de l'entrée,l'inscription "Dépôt de Sûreté".La mairie de Saint-Jean-Pied-de-Port était déjà installé en 1795 dans l'ancien hôpital Sainte-Marie à coté de l'église,avant d'occuper le bel hôtel particulier que l'on connaît sur la place du Marché.

L'escalier intérieur

La vieille voûte gothique,aveugle et humide,continuait à jouer son rôle de "villa Chagrin".
Reste l'histoire de l'inscription "Prison des Evesques";c'est un amusant épisode de la chronique de la ville.
En l'absence d'archives permettant d'éclairer sa lanterne,Sauveur Harruguet,envieux des lauriers du célèbre écrivain de Tardets,Augustin Chaho (l'inventeur de la "mythologie" basque),fit paraître en 1927 une plaquette sur la "Prison des Évêques". Il rapportait ,sans discussion possible,la tradition de la maison des Évêques de l'utilisation de la construction voisine comme prison.Et un beau jour,le ci-devant "dépôt de Sûreté" fut doté d'une superbe inscription que l'on voit encore,cimentée sur le claveau central de la porte d'entrée.C'est ainsi que les évêques de Saint-Jean-Pied-de-Port entraient dans la légende,accompagnés d'un redoutable cortège de justice.
Certains préféreront la vérité nue,quelque simple et banale qu'elle puisse être. Aujourd'hui,l'authenticité est recherchée comme une valeur sure.Or,l'histoire de la Prison des Évêques fait partie du passé d'une cité chère aux rois de Navarre.Elle évoque la grande époque de l'indépendance de ce grand royaume pyrénéen et de la prospérité de Saint-Jean-Pied-de-Port quand Philippe III de Navarre lui confirmait en 1329 ses "fueros".Cette charte des droits de la ville accordait aux magistrats municipaux aux consuls comme les désignait le sceau de la ville,des pouvoirs qu'ils n'ont jamais eus depuis:c'est cela qu'on appelle l'"ancien régime"."Le corps du magistrat ,écrivait le géographe Salmon en 1718,qui est composé d'un maire et de quatre jurats,est jugé criminel dans toute l'étendue du Pays de Cize.Il a pouvoir de juger à mort...."Et pour avoir une idée de ce que cela représentait ,il faut penser à ce drame extraordinaire de l'Espagnol Calderon,"l'Alcalde de Zalamea",où l'on voit un simple maire de village donner le garrot à un capitaine des troupes castillanes qui a ravi l'honneur de sa ville,et tenir tête au roi d'Espagne en personne qui reconnaît ses droits.
"L'Alcalde de Zalamea",qui a été un des succès du T.N.P.,pourrait être joué à la "Maison de ville" de Saint-Jean-Pied-de-Port où les souvenirs du passé ne demandent qu'à revivre.
Que sait-on,du reste,de ces évêques de Saint-Jean-Pied-de-Port ,hormis la tradition sur l'emplacement de leur maison.?
Ils furent nommés à la création du Grand Schisme d'Occident.On en sait l'origine.La chrétienté se trouva en 1376,avoir à sa tête deux papes nommés par des conclaves rivaux:Grégoire XI,élu par les cardinaux revenus à Rome,Clément VII,par ceux qui étaient restés à Avignon.Les souverains d'Europe ayant pris parti pour l'un ou l'autre ,le roi de Navarre et le Roi de France reconnurent le pape d'Avignon,et le roi d'Angleterre,celui de Rome.Or le diocèse de Bayonne était divisé territorialement entre le roi de Navarre qui possédait la Basse-Navarre,et le roi d'Angleterre,qui comptait le Labourd parmi ses possessions  d'Aquitaine.La Basse-Navarre ou Merindad de Ultra Puertos,fut donc dotée par le pape d'Avignon ,Clément VII,d'un évêque qui s'installa à Saint-Jean-Pied-de-Port ,principale ville de la province.Il y eût donc,en fait,deux diocèses séparés géographiquement et politiquement ,sans conflit de juridiction religieuse.On le vit bien,lorsque Garcias Eugui succéda en 1365,au premier évêque de Saint-Jean,un certain Nicolas,nommé en 1383.
C'était le confesseur du roi de Navarre,Charles III;il prit part tout naturellement avec les autres évêques du royaume, au sacre à Pampelune de son souverain .En 1413,Benoit XIII,plus connu sous le nom de Pedro de Luna,désigna Guillaume-Arnaud de Laborde pour succéder à Garcias Eugi.Ce fut le troisième et dernier évêque de Saint-Jean-Pied-de-Port.

En effet,le Concile de Constance ,ouvert en 1415,avait fini par déposer les deux papes rivaux,et élire à leur place Martin V;pour les diocèses dotés de deux évêques,il réglait leur question en décidant qu'à la mort du premier ,le survivant deviendrait titulaire du siège épiscopal.En 1417,l’évêque de Bayonne décédait ,et Arnaud de Laborde quittait Saint-Jean avec les quatre chanoines de son chapitre pour rejoindre la cité épiscopale où il fut intronisé dans les siège vacant le 2 octobre .En souvenir de son passage à Saint-Jean,il obtint que quatre postes de chanoines du Chapitre de Bayonne seraient toujours réservés à des Bas-Navarrais,ce qui ne manqua pas dans la suite de provoquer quelques incidents.
Quelques bonnes qu'aient pu être les relations de Garcias Eugui ou d'Arnaud de Laborde avec les magistrats de Saint-Jean-Pied-de-Port,elles n'entamèrent rien des "fors" et des coutumes du Pays de Cize.Le représentant du bras séculier ,on peut en être assuré,conserva toute son indépendance vis à vis de l'autorité de l’évêque qui resta confinée au spirituel;encore n'avait-il plus depuis longtemps la juridiction inquisitoriale.Le maire,par contre,gardait intact son droit d’arrêter,emprisonner ,donner la question ,juger,pendre ou garrotter....et quand des plaintes s'élevaient sous la voûte gothique ,elles n'étaient pas provoquées par les rigueurs de quelques porteurs de mitre,mais par le fait des terribles pouvoirs des consuls de Saint-Jean grands justiciers du Pays de Cize.
Retrouvant,à la sortie,la belle lumière du jour qui rend si éclatante la blancheur des maisons aux tuiles ensoleillées,on peut se demander si la fière indépendance qui est le privilège du peuple basque,ne repose pas sur le respect de cette rigoureuse justice distribuée sans faiblesse par leurs ancêtres.

Les Bas-Navarrais,justement,en ont donné un beau témoignage à la veille de la Révolution de 1789.On lit,en effet,dans les cahiers de doléances envoyées par les États du Pays de Cize que les nobles et le clergé se plaignaient vivement de ne pas avoir de privilèges en matière de justice et d’être obligés de comparaître devant un tribunal de savetiers et de maçons.On ne peut trouver de plus franc témoignage de l'égalité de tous les Navarrais devant la justice exercée par leurs représentants.
Aussi la visite de la "Prison des Évêques" peut s'achever sur cette haute leçon donnée par le peuple basque à tous les gouvernants:"Sans justice égale pour tous il n'est pas de véritable liberté....."
Bernard DUHOURCAU
22 avril 1967

Pour aller plus loin

Office de Tourisme de St-JeanPied-de-Port - St-Etienne-de-Baïgorry

Sites et Musées en Pays Basque

Sur Facebook:La Prison dite des Évêques

Au Pôle de Bayonne et du Pays Basque (AD 64)39 avenue Duvergier de Hauranne 64100 Bayonne
Fonds de la commune de Saint-Jean-Pied-de-Port
Archives antérieures à 1790 ( communicables selon l'état des documents )
  • Actes constitutifs et politiques de la commune
  • Finances, impôts, comptabilité
  • Justice, police

Les ouvrages de Bernard Duhourcau à la bibliothèque des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques :
Impr.des Cordeliers -Bayonne

10 juillet 2014

Archives de la Maison d'Arrêt de Bayonne

Les archives de la Maison d’Arrêt de Bayonne , communicables en 2014, sont accessibles
  • Sur internet, pour les documents les plus anciens,
  • Au Pôle de Bayonne et du Pays Basque , pour les archives postérieures à 1940, 1338W
  • A Pau,sur microfilms (1338W)

On lira sur e-Archives les explications associées aux Établissements pénitentiaires -Série Y-Répertoires numériques , en particulier les délais de communicabilité .


  














 Maison d’Arrêt Bayonne  44 rue Charles Floquet, 64100 BAYONNE
Direction interrégionale des services pénitentiaires
de Bordeaux
188 rue de Pessac
CS-21509
33 062 Bordeaux Cedex 
















Archives en ligne de la prison de Bayonne (AD 64)


Administration

Carnets d'ordre de service 
Cote 2Y1/1 ;284 vues1906-1916 

 
Cote 2Y1/2; 220 vues1923-1927

 
Cote 2Y1/3; 140 vues1934-1937

 
Cote  2Y1/4;122 vues1937-1939

Notes de service 2Y1/5;35 vues  1907-1937
Dont
cheveux en gros , postiches en tous genres FRAD064005_2Y1_5_0009.jpg 

liste nominative d'agents de la circonscription pénitentiaire de Bordeaux au 13 octobre 1936
FRAD064005_2Y1_5_0031.jpg

Rapports journaliers du gardien chef au directeur

  • 1er avril-2 juillet 1876
  • 1er janvier-2 avril 1877
  • 2e semestre 1877
  • 2e semestre 1878
  • 1er semestre 1878

Comptabilité

Livre des dépenses
  • 1938-1943
  • 1917-1924
  • 1906-1917
  • 1896-1906
  • 1886-1890
  • 1880-1883
  • 1876-1880
Registres des dépenses de consommation et de la cantine

  • 1892
  • 1893-1894
  • 1928-1930
  • 1931-1933
  • 1938
Registre de main courante octobre 1935-juillet 1940

Livres à souche des recettes
  • 3 juin 1926-6 juillet 1928
  • 30 août 1913-12 juin 1914
Registres du vaguemestre
  • Sommes, valeurs cotées et lettres chargées à retirer des bureaux de poste. 1916-1949
  • Valeurs cotées et lettres chargées à déposer. 1913-1946
Situation des ateliers-cellules

 Population

 Registre d'écrou
11 mai 1806-1er octobre 1810 ;262 vues


Écrou pour les prévenus et accusés attendant leur interrogatoire
11 septembre 1872-3 décembre 1876

 
3 décembre 1876-1er septembre 1887

Écrou des prisonniers pour dettes:7 septembre 1842-1er septembre 1853
Écrou pour la maison de correction

  • 31 décembre 1855-31 janvier 1859
  • 13 mars 1852-26 décembre 1855
  • 28 août 1849-11 mars 1852
  • 7 février 1846-28 août 1849
  • 5 janvier 1843-3 février 1846
  • 22 avril 1839-29 décembre 1842
  • 7 février 1836-7 avril 1839
  • 12 avril 1832-5 février 1836

 

Registres numériques des mouvements journaliers

  • novembre 1936-mars 1939
  • juin 1914-août 1916
  • janvier 1912-avril 1914

 

 Contrôle nominatif

  • Arrêt.1832-1833
  • Correction.1828-1833













































































































































































































 Police intérieure

Services de nuit et rondes

  • 21 avril 1917-8 avril 1921
  • 3 juin 1935-24 avril 1941
  • 31 décembre 1905-20 novembre 1910

 

Catalogue des ouvrages de la bibliothèque jusqu'à la vue 31 .....


16 mars 1932-17 septembre 1940;123 vues

Archives de la Maison d’Arrêt de Bayonne consultables 

au Pôle de Bayonne et du Pays Basque -AD 64

39 avenue Duvergier de Hauranne,Bayonne


Maison d’Arrêt de Bayonne


1338W 1 Notes de service 1941-1946


1338W 3 Minutes de lettres et correspondance relatives aux locaux 1940-1948

1338W 4 Registre des dépenses 1940-1943


1338W 5 Registre des dépenses 1942-1947


1338W 6 Registre des dépenses 1948-1949

1338W 7 Main courante 1943-1945


1338W 8 Main courante 1950-1952

1338W 9 Livre à souche des recettes 1940


1338W 10 Livre à souche des recettes 1940-1941


1338W 11 Livre à souche des recettes 1941-1942


1338W 12 Livre à souche des recettes 1942-1943


1338W 13 Livre à souche des recettes 1946


1338W 14 Livre à souche des recettes 1947-1948


1338W 15 Livre à souche des recettes 1948-1949


1338W 16 Livre à souche des recettes 1950


1338W 17 Livre à souche des recettes 1950-1951

1338W 18 Sommiers de comptabilité (recettes-dépenses) 1940-1941


1338W 19 Sommiers de comptabilité (dépenses) 1942

1338W 20 Comptes ouverts pour les détenus 1941-1942


1338W 21 Comptes ouverts pour les détenus 1943-1945


1338W 22 Comptes ouverts pour les détenus 1947-1949


1338W 23 Comptes ouverts pour les détenus 1949-1952

1338W 24 Fiches de pécule 1945

1338W 25 Livre des dépenses effectuées pour le compte des détenus et de la régie 1940-1941

1338W 27 Enregistrement des cartes d'alimentation des prisonniers 1941-1949


1338W 28 Enregistrement des cartes d'alimentation des prisonniers 1942-1945

1338W 29 Registre du vaguemestre 1947-1948


1338W 30 Pièces comptables (états,factures)1943-1952

1338W 31 Répertoire général 1942-1943


1338W 32 Répertoire général 1945-1949


1338W 33 Répertoire général sans date

1338W 34 Écrou pour la maison d’arrêt 03/05/1940-12/08/1941


1338W 35 Écrou pour la maison d’arrêt 13/08/1941-13/07/1942


1338W 36 Écrou pour la maison d’arrêt 13/07/1942-18/08/1943


1338W 37 Écrou pour la maison d’arrêt 18/08/1943-25/09/1944


1338W 38 Écrou pour la maison d’arrêt 26/09/1944-20/09/1945


1338W 39 Écrou pour la maison d’arrêt 20/09/1945-15/04/1946


1338W 40 Écrou pour la maison d’arrêt 15/04/1946-07/12/1946


1338W 41 Écrou pour la maison d’arrêt 08/12/1946-14/05/1948


1338W 42 Écrou pour la maison d’arrêt 14/05/1948-18/10/1949


1338W 43 Écrou pour la maison d’arrêt 18/101949-14/08/1952

1338W 44 Écrou pour la maison d’arrêt (autorités allemandes) 13/07/1942-10/08/1944

 
1338W 45 Écrou pour la maison d’arrêt- prévenus  (autorités allemandes) 21/04/1943-3/08/1944 Le registre est suivi de l'écrou des passagers pour la période 12 septembre 1944-12 juin 1945

1338W 46 Écrou pour les passagers et autres détenus à titre provisoire 12/12/1942-7/09/1944 


1338W 47 Écrou pour les passagers et autres détenus à titre provisoire 24/09/1942-09/04/1943


1338W 48 Écrou pour les passagers et autres détenus à titre provisoire 10/04/1943-12/09/1944 pour la suite voir 1338W 45


1338W 49 Écrou pour les passagers et autres détenus à titre provisoire 18/06/1945-12/05/1949


1338W 50 Écrou pour les passagers et autres détenus à titre provisoire 16/05/1949-31/12/1955

1338W 51 Écrou des prisonniers pour dettes 08/05/1943-26/02/1953

1338W 52 Écrou pour la maison de correction  01/06/1943-30/04/1955


1338W 53 Écrou pour la maison de correction  13/01/1945-11:11:1945


1338W 54 Écrou pour la maison de correction  (Saint-Esprit) juin-novembre 1945

1338W 57 Contrôle nominatif 1941-1945


1338W 58 Contrôle nominatif 1946-1949


1338W 59 Contrôle nominatif (autorités allemandes) décembre 1941-1944


1338W 60 Registre numérique des mouvements journaliers 1942-1943


1338W 61 Registre numérique des mouvements journaliers 1944-1946


1338W 62 Registre numérique des mouvements journaliers 1946-1948


1338W 63 Registre numérique des mouvements journaliers 1956-1958

1338W 64 Mouvements journaliers (contrôle nominatif) 14/08/1941-01/01/1943


1338W 65 Mouvements journaliers (contrôle nominatif) 01/01/1943-31/12/1943


1338W 66 Mouvements journaliers (contrôle nominatif) 22/09/1942-18/02/1945

1338W 67 Inscription des vêtements des détenus 1946-1948

1338W 68 Inscription des objets précieux et des bijoux 1940-1944 


1338W 69 Inscription des objets précieux et des bijoux 1945-1946

1338W 70 Registre des visites aux détenus 1945-1947


1338W 71 Registre des visites aux détenus 1947-1948


Archives de la Maison d’Arrêt de Bayonne (1338 W) consultables sur microfilm à Pau   

(AD 64 Boulevard Tourasse)

Documents microfilmés pour l'Holocaust Memorial Museum Research Institute


Pour en savoir davantage
Ministère de la Justice /Justice en région 

Extrait de la présentation de Criminocorpus:" une plateforme d’édition scientifique pour l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Produit d’une coopération originale entre chercheurs, archivistes, documentalistes et collectionneurs, Criminocorpus met à disposition du public des outils de recherches, des sources, des articles et des expositions virtuelles. "

Histoire pénitentiaire et Justice militaire -Blog de Jacky Tronel
Extrait de la présentation du blog:"Consacré à l’Histoire pénitentiaire et à la Justice militaire, ce blog s’attache principalement à la Prison militaire de Paris et aux trois lieux d’internement associés à son histoire : la prison du Cherche-Midi et son annexe de la Santé, les camps de Mauzac (Dordogne) et de Gurs (Basses-Pyrénées)."

Extrait de la présentation du blog:" Articles à votre disposition concernant l’Histoire de la Police, de la Gendarmerie, des Galères, des Bagnes maritimes et coloniaux, des Prisons, des colonies correctionnelles, des maisons de correction, des Hospices, des Hôpitaux… en passant par de nombreux articles consacrés à l’histoire du vêtement, à l'histoire de la vie quotidienne, des portraits de femmes et d’hommes qui ont traversé « l’Histoire » et « la petite Histoire »…"