Cellule de Spilers Maison d’Arrêt de Bayonne _3 U 1 art 1297 TGI Bayonne_ |
où il était détenu nous nous sommes transportés en notre Cabinet au Palais de Justice où assisté de Monsieur Fénié Substitut du Procureur de la République,nous avons arrêté et téléphoné les dispositions qui nous semblaient devoir s'imposer pour l'arrestation de ce criminel.Nous avons successivement donné des instructions à la Gendarmerie de Bayonne et au Colonel Commandant la Gendarmerie de Bordeaux,à la Brigade mobile de Bordeaux,à celle de Toulouse,aux services de police criminelle du Ministère de l'Intérieur;nous délivrions mandat d’arrêt et en donnions avis télégraphique.Nous prescrivions également la fouille immédiate des maisons de tolérance,la visite des garnis et meublés par les polices de Bayonne,Saint-Jean-de-Luz,Biarritz et Hendaye. Dès avant de nous prévenir et à minuit 45 la gendarmerie de Bayonne avait fait établir des barrages.En accord avec le Colonel Commandant la gendarmerie de Bordeaux,nous avions demandé que des barrages fussent établis le long de la frontière espagnole. et en direction de Bordeaux.Ces ordres donnés nous nous sommes alors transportés accompagnés de Monsieur Fanié Substitut du Procureur de la République et de Monsieur Cambot Greffier à la maison d’arrêt de Bayonne.
Maison d’Arrêt de Bayonne _3 U 1 art 1297 TGI Bayonne_ |
Nous avons saisi ce calendrier ainsi que le barreau de fer scié en 2 endroits et afin que l'on puisse avec le jour faire toutes constatations utiles, nous avons apposé les scellés sur la porte de cette cellule.
Nous nous sommes alors rendus dans le jardin de la maison d’arrêt et à hauteur des jardins occupés occupés par les surveillants Bouigue et Priat nous avons fait les constatations suivantes:le mur d'enceinte donnant dans la rue mesure 6 mètres 60 de hauteur.Dans les plates-bandes des jardins Priat et Bouigue nous avons trouvé des liteaux solidement attachés les uns aux autres par des bouts de mouchoir déchirés;ces liteaux étaient en deux fragments dont la coïncidence des coupures permettait de déterminer qu'ils avaient constitué une seule et même perche.Nous avons saisi et placé sous scellés ces liteaux.En cet endroit en face du mur d'enceinte se trouve le promenoir des prisonniers ;sur la façade située près de l'endroit où nous avions trouvé les liteaux nous avons constaté que les tuiles avaient été enlevées et les liteaux arrachés sur une longueur de 5 mètres environ,et une largeur de 3 mètres environ.Au bas du mur,nous avons trouvé une scie à métaux,un briquet,un paquet de cigarettes et une barre de fer correspondant à celle qui manquait au lit;à proximité de la toiture précitée des tuiles ont été également enlevées sur une longueur de 3 mètres environ.Nous avons placé sous scellés la scié à métaux ,le briquet ,la barre de fer et renvoyé en raison de l'heure tardive la suite de nos opérations au lendemain matin 10 heures.
Maison d’Arrêt de Bayonne _3 U 1 art 1297 TGI Bayonne_ |
Le treize septembre à 10 heures du matin,nous nous sommes à nouveau transportés à la maison d’arrêt en Compagnie de notre Greffier Monsieur Belluchon et de Monsieur Fénié Substitut du Procureur de la République.Nous avons longuement examiné les abords de la cellule de Spilers et observé que la lucarne prenait jour dans une courette où le charbon des cuisines était entreposé,ce charbon formait un tas dont la partie élevée sise contre le mur de la courette situé en face de la cellule n'était qu'à 2 mètres environ du faîte;une vieille caisse de 0 m40 de hauteur environ se trouvait précisément sur le tas de charbon en face de l'ouverture de la cellule de Spilers.Nous avons vainement cherché les traces d’effritement sur le faîte des murs des courettes intérieures,mais,une trace nette a pu être relevée sur le mur d'enceinte donnant dans la rue du lavoir,trace d'effritement suivie tout au long du mur et jusqu'au trottoir de traces de glissades charbonneuses.A ce moment,la gendarmerie nous a apporté des liteaux de bois terminés par un crochet de fer qu'elle venait de trouver à proximité de la voie ferrée voisine;nous avons comparé les cassures de cet engin à celles des liteaux que nous avons trouvé la veille et nous avons pu ainsi reconstituer une sorte de perche terminée par un crochet mesurant 5 mètres 60 de long;nous ajoutons à titre documentaire que le nombre des tuiles enlevées aux toitures est de 156.Ces constations nous ont permis de supposer qu'après être sorti de sa cellule Spilers avait dû utiliser le tas de charbon soit pour parvenir au chemin de ronde suivant le mur d'enceinte,soit sur les toits des bâtiments voisins,d'où il serait ensuite descendu dans ce chemin de ronde;la clôture en grillage d'un clapier ayant été en partie abattue nous confirme dans cette opinion;nous avons ensuite procédé à des auditions de témoins qui font l'objet de procès verbaux séparés;nous avons suspendu à midi 15 nos opérations qui ont été reprises à 15 heures 30 jusqu'à dix huit heures,heure à laquelle la brigade de gendarmerie de gendarmerie d'Amou a conduit Spilers à la maison d’arrêt,et nous avons aussitôt dressé procès-verbal de première comparution pour le chef d'évasion de détenu par bris de prison.
Fait à Bayonne,le 13 septembre 1936.
Maison d’Arrêt de Bayonne _3 U 1 art 1297 TGI Bayonne_ |
Ce procès-verbal de transport est consultable en salle de lecture du Pôle de Bayonne et du Pays Basque.
Cote 3 U 1 art 1297 Tribunal de Grande Instance de Bayonne.
Article du blog:
Cour d'Assises des Basses-Pyrénées
Audiences des 3,4 et 5 février 1937
L'Affaire Spilers
Un spécialiste de l’Évasion devant le Jury