19 juillet 2023

1836 Emigration pour Montevideo

26 mai 1836

LE PRÉFET DES BASSES-PYRENÉES

COMMANDEUR DE L ORDRE ROYAL DE LA LÉGION D HONNEUR

A MM.LES SOUS-PRÉFETS ET MAIRES DU DÉPARTEMENT

Messieurs,

L’orthographe de l’époque à été respectée

Vous savez qu’une polémique assez vive s’est engagée dernièrement entre les journaux du département, parce que l’un d’eux,le Mémorial des Pyrénées,avait publié qu’au terme de leur voyage,des habitans de ce pays qui s’étaient embarqués pour Montevidéo n’avaient trouvé que déception.Il est certain que ces individus allaient très-hasardeusement chercher au-delà des mers un bien-être que personne ne doit désespérer d’acquérir un jour chez-nous,en se livrant laborieusement à l’agriculture ou à l’industrie.Aussi les émigrations si nombreuses de nos administrés pour la République de l'Uruguay avaient- elle éveillé toute la sollicitude du Gouvernement ,et la mienne en particulier.

Mais avant d'intervenir dans une opération où mon administration est personnellement tout à fait désintéressée, et où elle n’est mue que par des sentimens paternels, dans une opération d'ailleurs qui se traitait à Bayonne sous des auspices recommandables et qui pouvait réellement offrir des chances à la fortune des colons, je devais soigneusement recueillir toutes les informations convenables.C'est à quoi je me suis attaché,et j'ai soumis à M. le Ministre de l'Intérieur les résultats de mes scrupuleuses investigations.Depuis,Son Excellence m'a fait l'honneur de me communiquer une dépêche adressée à M. le Président du Conseil,ministre des affaires étrangères, par notre consul à Montevideo,et je ne puis ,Messieurs, me dispenser de vous faire part à vous même des faits renfermés  dans ce document : c'est ce dont, au reste, j'ai reçu l'invitation de l'autorité supérieure.

Il  résulte de la dépêche de M.le consul de  France que 160 basques ,engagés à Bayonne pour le compte de la maison anglaise Lafone et Wilson  de Montevideo, sont arrivés, le 25 novembre 1835 ,dans cette dernière ville ,à bord du navire l'Helvellyn,et que les conditions de leurs contrats étaient telles que les services et presque la liberté des émigrans étaient engagé à MM.Lafone  et Wilson, jusqu'à parfait paiement des 80 patacons stipulés pour le prix du passage.Aussi le lendemain de l'arrivée de l'Helvellyn,plusieurs des passagers furent livrés à bord, et sans qu’on eut pris le temps de les consulter , à des personnes qui répondaient du prix de leur passage .Les autres furent retenus forcément sur le navire pendant 4 à 5 jours ,faute de trouver leurs placemens.Quelques-uns même, aux mépris de leurs engagemens ont été livrés comme peones ou saldores (hommes de peine), tandis que leurs contrats portaient qu'ils ne pourraient être forcés à travailler que de leurs professions.Le public ne tarda pas à être instruit d'une pareille conduite, et l'indignation fut grande surtout parmi la population française.M. le Consul fut bientôt assailli de plaintes, et il dut demander  au gouvernement d'Uruguay d'intervenir pour faire exécuter par MM. Lafone et Wilson les engagemens contractés en leur nom à Bayonne envers ces émigrans.

Tels sont , Messieurs, exactement,les faits dont il a été rendu compte par cet agent consulaire au gouvernement du Roi.Ils sont graves et nous imposent à tous l'obligation d'y apporter la plus grande publicité afin de prémunir les familles pauvres de ce département contre les tentatives employées pour les déterminer à s'expatrier.

Je compte également sur votre zèle et votre amour de vos administrés pour remplir cette obligation. Le moyen le plus simple et le plus sûr qui vous en soit offert est de donner connaissance de la présente circulaire à tout individu qui vous demanderait d'obtenir de moi, en sa faveur,des titres de voyage pour Montevidéo.On  devra la lire en basque à ceux des habitans de ce pays qui n'entendraient pas le français.

J'ai l'honneur de vous prévenir, Messieurs,qu’à l’avenir, les pétitions, dans l'objet d'obtenir des passeports pour l'état oriental de l'Uruguay, devront,outre le visa ordinaire de l'autorité municipale, porter  attestation du Maire, certifiée par le Sous-préfet, qu'il a été satisfait vis-à-vis de l'impétrant à cette communication, également recommandée par la prudence et l'humanité.

Agréez,Messieurs, l'assurance de mes sentiments les plus distingués.

LEROY

 

Bayonne,pont Henri Grenet (pont rouge) rive gauche

 

8 janvier 1837

Émigration pour Montevideo

A MM.LES SOUS-PRÉFETS ET MAIRES.

Messieurs

Par ma circulaire du 26 mai dernier ,approuvée par M. le ministre de l'Intérieur et insérée au n° 14 du Recueil de mes Actes Administratifs de 1836, j'ai eu l'honneur d'appeler toute votre attention sur le danger des nombreuses émigrations qui s'opéraient de ce département sur Montevideo

S.Exc. vient de m'informer qu'une nouvelle expédition de 223 basques est arrivée dans l'État oriental de l'Uruguay , le 7 août dernier, par le navire anglais le Delhi  et qu'ils n'ont pas manqué de faire entendre comme les premiers émigrants ,des plaintes qui n'ont cependant pu porté sur l'état même de la colonie, mais seulement sur les fatigues et les privations presque inséparables d'une longue traversée.Elle avait duré 111 jours.

Il est donc bien nécessaire, Messieurs, de continuer comme nous l'avons déjà fait, à prémunir les familles contre les chances de ces expatriations, et je ne saurais trop,à cet égard, vous recommander de vous reporter à ma circulaire précitée. Quant à moi ce sera toujours que,sous les conditions qu'elle indique, que je délivrerai les passeports qui pourraient encore m'être demandés pour Montevideo.

Agréez, Messieurs, l'expression de mes sentiments les plus distingués.

LEROY


Sources:

Recueil des actes administratifs du département des Basses-Pyrénées
Année 1836
Année 1837
Collection personnelle

 

Billets du blog

Statistiques des émigrants partis de Bayonne (1865-1874)  

Naufrage de la Léopoldine-Rose en destination pour Montévidéo