Sursis aux ouvriers boulangers
Instruction des demandes
2e Division
Pau, le 8 décembre 1916
Le Préfet des Basses-Pyrénées
A Messieurs les Maires du département
A la suite de certaines difficultés provoquées par le retrait de quelques boulangers en sursis, l’autorité militaire a examiné la possibilité d’inaugurer une procédure nouvelle, dont j’ai l’honneur de vous exposer ci-après le but et les règles d’application.
En raison des besoins du front, le nombre des boulangers à mettre en sursis d’appel à l’intérieur est forcément réduit et, dans l’intérêt même des populations, il convient d’affecter ceux dont on dispose aux communes qui en ont le plus grand besoin.
Pour arriver à ce résultat, il y a lieu de se baser sur les données ci-après :
1° Nombre de personnes que la commune doit alimenter en pain,
2° Nombre de boulangers nécessaires pour fournir une quantité de pain déterminée ;
En ce qui concerne ce dernier renseignement, il est établi par l’expérience, qu’en vingt-quatre heures un boulanger peut fabriquer du pain :
1° Avec un pétrin mécanique, pour 750 personnes.
2° Sans pétrin mécanique pour 500 personnes.
Le renseignement concernant le nombre de personnes que la commune doit alimenter en pain sera fournie par la gendarmerie, sur un état spécial qui devra contenir, non seulement le nombre d’habitants de la commune, mais encore le nombre de personnes habitant à l’extérieur et que la commune alimente en pain, le nombre d’habitants de la commune alimentée par les communes voisines, et, enfin, le nombre de boulangers existant dans la commune.
Cet état, dûment rempli, sera remis par la gendarmerie, au maire, qui vérifiera si les renseignements fournis sont bien exacts, les rectifiera, s’il y a lieu, sous sa propre responsabilité, inscrira son avis sur la suite à donner et le retournera, ainsi complété, au préfet, pour transmission au général commandant la 18e région, qui donnera satisfaction à la demande si elle remplit les conditions indiquées ci-dessus et si les ressources disponibles le permettent.
Pour permettre d’obtenir de ces mesures tout le résultat désirable, j’appelle d’une manière toute particulière, votre attention sur les points suivants :
1° Nécessité de ne fournir que des renseignements rigoureusement exacts sur le nombre des personnes alimentées en pain par la commune, votre responsabilité étant gravement engagée par des déclarations inexactes.
2° Obligation de ne pas demander un nombre de boulangers supérieur à celui fixé par les règles établies ci-dessus. ;
3° Inutilité d’insister sur le maintien indéfini d’un spécialiste, La dépêche ministérielle n°1989 M 7/5 du 23 mai 1916. prescrit expressément qu’au bout d’un certain temps, les boulangers en sursis doivent être remplacés par d’autres boulangers afin de ne pas consacrer au profit des uns et au détriment des autres, des inégalités ou des faveurs personnelles ou indéfinies.
4° Enfin, conformément aux dispositions des décisions ministérielles du 3 mai et du 28 juillet 1915. MM les Maires ont, plus que jamais à l’heure actuelle, le devoir de recruter et de former des professionnels parmi les personnes dégagées de toute obligation militaire.
Le Préfet
COGGIA
Source :
Préfecture des Basses-Pyrénées
RECUEIL DES ACTES ADMINISTRATIFS
N°14 Collection particulière