Jean,Pierre Idiart-Allor assassiné dans son église,décapité au pied de son autel à CHAPA ,le 18 mai 1948 à l'age de 43 ans
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Cliché Ph Durut- Eglise de Bunus (64)
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A la mémoire d’un missionnaire français tué récemment au Viêt-Nam
Article du journal La Croix vendredi 2 juillet 1948
C’est sous ce titre que M.A.Escutier, président honoraire
des Français sinistrés du Tonkin et du Nord-Annam, vient d’envoyer la relation
suivante à S.Exc. Mgr Mazé, évêque de Hunghoa, arrivé récemment du Tonkin en France.
Nous la reproduisons intégralement.
Le R.P.Idiart Alhor n’est plus :il a été assassiné dans
son église, à Chapa, décapité au pied de son autel, le 19 mai, vers 5 heures du
matin. Une messe a été célébrée à son intention le mardi 25 mai, dans cette
église des martyrs de Hanoi où il avait servi comme vicaire après les
douloureux événements du 9 mars 1945.A l'office célébré par un missionnaire de Hunghoa,
en présence de S.Exc.Mgr Chaize, évêque
de Hanoï, des aumôniers de la place et de nombreux missionnaires, des
militaires et des anciens paroissiens de Chapa et de Laokay encore présents à
Hanoï avaient tenu à assister.
Basque d'origine, le R.P. Idiart n'était âgé que de 44 ans.
Homme au grand cœur, missionnaire animé d'une foi vive et d'un grand esprit de
charité, il a eu la mort héroïque des anciens martyrs du Tonkin. C’'est une
perte immense pour la mission de Hunghoa, dont il faisait partie, et pour ses
nombreux amis et en ce moment il est irremplaçable au Fan-Si-Pan et dans la
vallée de Mung-Bo,parmi les Méos, dont il connaissait parfaitement la langue.
Son œuvre chez les montagnards du Haut-Tonjkin restera :
elle était toute de sacrifice, d'abnégation et de charité quotidiennement renouvelée.
Médecin des âmes, il l'était aussi des corps. Nous nous souvenons de la magnifique confiance
qu'il avait su inspirer à ces Méos ;chaque fois qu'il rentrait de tournée, c'était un défilé
continuel, à son presbytère de Chapa, d'hommes de la montagne accompagnés de
leurs femmes et de leurs enfants :l’un se faisait soigner une plaie, un
autre un goitre énorme, celui-ci avait un membre foulé ou fracturé, celui-là
désirait de la quinine pour un fiévreux
de sa famille ou pour un ami atteint de malaria dans un coin éloigné de la forêt.
Combien de fois lui avons-nous conseillé de se ménager et de soigner
! Mais le P.Idiart répondait par un
large sourire et écoutant que son cœur, il s'en allait soutenu par sa foi
accomplir son devoir de missionnaire et de Français apportant avec lui
l'allègement de la souffrance, l'apaisement de l'âme angoissée et de la
confiance.
Parlant admirablement le dialecte méo, il connaissait bien
les us et coutumes de cette race montagnarde. Pour eux, il avait fondé une
école où, avec l'aide de catéchistes formés par lui, il apprenait le français aux
Méos. Cette école se complétait par un apprentissage technique :
menuiserie, tissage, vannerie, cordonnerie etc.
Quant aux innombrables services que le R.P. Idiart a rendu
aux militaires de la région de Laokay et de Buch-Lu-Phongtho, il ne m'appartient
pas de les signaler, mais nous avons la fierté d'avoir pu constater que ces Méos
sont restés toujours fidèles à la France et que les troupes françaises ont
trouvé en eux des auxiliaires précieux loyaux et sûrs.
Au moment où le R.P.Idiart construisait sa nouvelle église,
il m'avait souvent répété : « Je serais comblé si je pouvais
vivre vieux à Chapa, et mourir au milieu des Méos… » Il est mort jeune de
la mort des héros, dans toute sa gloire de missionnaire français.
Nous adressons à S.Exc. Mgr Mazé, évêque de Hunghoa, parti récemment
en France, son chef et notre ami ainsi que tous les membres de la Société des Missions-Etrangères
de Paris, l'expression de nos bien vives condoléances.
Comme nous le disions dans la Croix du 28 mai dernier, le
R.P.Idiart Alhor le dix-neuvième missionnaire tombé glorieusement en Indochine
depuis le mois de mars 1945.Ajoutons que son nom est le trentième de ceux de la Société missionnaire dont il
faisait partie, morts d'une façon tragique depuis le début de la guerre en Extrême-Orient.
Le sang des martyrs a toujours été une semence de chrétiens, il prépare donc de
belles moissons pour ceux, et nous espérons qu'ils seront un grand nombre qui
s'en iront dans les Missions d’Asie , si riches de promesses mais actuellement si
éprouvées.
Source:Retronews site de presse de la Bibliothèque Nationale de France ,abonnement payant
Pour aller plus loin
Institut de recherche France-Asie (IRFA)
Jean IDIART-ALHOR1904 - 1948
A voir également sur le site IRFA ,la rubrique SE DOCUMENTER SUR UN MISSIONNAIRE
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Remerciements
A Jean-Pierre Ibarboure et Alain Idiart ,qui combinent recherches en salle du Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64) ,et visites sur le terrain.