31 janvier 2022

Un prêtre originaire de Bunus (Basses-Pyrénées) décapité au pied de son autel à Chapa (Tonkin/Vietnam)

Jean,Pierre Idiart-Allor assassiné dans son église,décapité au pied de son autel à CHAPA ,le 18 mai 1948 à l'age de 43 ans

 

Cliché Ph Durut- Eglise de Bunus (64)

 A la mémoire d’un missionnaire français tué récemment au Viêt-Nam

Article du journal La Croix vendredi 2 juillet 1948

C’est sous ce titre que M.A.Escutier, président honoraire des Français sinistrés du Tonkin et du Nord-Annam, vient d’envoyer la relation suivante à S.Exc. Mgr Mazé, évêque de Hunghoa, arrivé récemment du Tonkin en France. Nous la reproduisons intégralement.

Le R.P.Idiart Alhor n’est plus :il a été assassiné dans son église, à Chapa, décapité au pied de son autel, le 19 mai, vers 5 heures du matin. Une messe a été célébrée à son intention le mardi 25 mai, dans cette église des martyrs de Hanoi où il avait servi comme vicaire après les douloureux événements du 9 mars 1945.A l'office célébré par un missionnaire de Hunghoa, en présence de  S.Exc.Mgr Chaize, évêque de Hanoï, des aumôniers de la place et de nombreux missionnaires, des militaires et des anciens paroissiens de Chapa et de Laokay encore présents à Hanoï avaient tenu à assister.

Basque d'origine, le R.P. Idiart n'était âgé que de 44 ans. Homme au grand cœur, missionnaire animé d'une foi vive et d'un grand esprit de charité, il a eu la mort héroïque des anciens martyrs du Tonkin. C’'est une perte immense pour la mission de Hunghoa, dont il faisait partie, et pour ses nombreux amis et en ce moment il est irremplaçable au Fan-Si-Pan et dans la vallée de Mung-Bo,parmi les Méos, dont il connaissait parfaitement la langue.

Son œuvre chez les montagnards du Haut-Tonjkin restera : elle était toute de sacrifice, d'abnégation et de charité quotidiennement renouvelée. Médecin des âmes, il l'était aussi des corps. Nous  nous souvenons de la magnifique confiance qu'il avait su inspirer à ces Méos ;chaque fois qu'il  rentrait de tournée, c'était un défilé continuel, à son presbytère de Chapa, d'hommes de la montagne accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants :l’un se faisait soigner une plaie, un autre un goitre énorme, celui-ci avait un membre foulé ou fracturé, celui-là désirait  de la quinine pour un fiévreux de sa famille ou pour un ami atteint de malaria dans un coin éloigné de la forêt. Combien de fois   lui avons-nous conseillé de se ménager et de soigner ! Mais le P.Idiart répondait  par un large sourire et écoutant que son cœur, il s'en allait soutenu par sa foi accomplir son devoir de missionnaire et de Français apportant avec lui l'allègement de la souffrance, l'apaisement de l'âme angoissée et de la confiance.

Parlant admirablement le dialecte méo, il connaissait bien les us et coutumes de cette race montagnarde. Pour eux, il avait fondé une école où, avec l'aide de catéchistes formés par lui, il apprenait le français aux Méos. Cette école se complétait par un apprentissage technique : menuiserie, tissage, vannerie, cordonnerie etc.

Quant aux innombrables services que le R.P. Idiart a rendu aux militaires de la région de Laokay et de Buch-Lu-Phongtho, il ne m'appartient pas de les signaler, mais nous avons la fierté d'avoir pu constater que ces Méos sont restés toujours fidèles à la France et que les troupes françaises ont trouvé en eux des auxiliaires précieux loyaux et sûrs.

Au moment où le R.P.Idiart construisait sa nouvelle église, il m'avait souvent répété : « Je serais comblé si je pouvais vivre vieux à Chapa, et mourir au milieu des Méos… » Il est mort jeune de la mort des héros, dans toute sa gloire de missionnaire français.

Nous adressons à S.Exc. Mgr Mazé, évêque de Hunghoa, parti récemment en France, son chef et notre ami ainsi que tous les membres de la Société des Missions-Etrangères de Paris, l'expression de nos bien vives condoléances.

Comme nous le disions dans la Croix du 28 mai dernier, le R.P.Idiart Alhor   le dix-neuvième  missionnaire tombé glorieusement en Indochine depuis le mois de mars 1945.Ajoutons que son nom est le trentième  de ceux de la Société missionnaire dont il faisait partie, morts d'une façon tragique depuis le début de la guerre en Extrême-Orient. Le sang des martyrs a toujours été une semence de chrétiens, il prépare donc de belles moissons pour ceux, et nous espérons qu'ils seront un grand nombre qui s'en iront dans les Missions d’Asie , si riches de promesses mais actuellement si éprouvées.

Source:Retronews site de presse de la Bibliothèque Nationale de France ,abonnement payant


Pour aller plus loin

Institut de recherche France-Asie (IRFA)
Jean IDIART-ALHOR1904 - 1948


A voir également sur le site IRFA ,la rubrique SE DOCUMENTER SUR UN MISSIONNAIRE
131 Résultats pour le diocèse de Bayonne




Missions Étrangères de Paris
https://missionsetrangeres.com/eglises-asie/2007-12-01-sapa-la-laborieuse-restauration-d2019une-ancienne/
Églises d'Asie Vietnam
Sapa : la laborieuse restauration d’une ancienne église remplit de joie la communauté des catholiques h’mongs de la région

 

Remerciements 

A Jean-Pierre Ibarboure et Alain Idiart ,qui combinent recherches en salle du Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64) ,et visites sur le terrain.