16 mars 2022

Donner le nom d'Henri-Arbeletche à une rue de Bayonne

Au fil des ans,que devient l'hommage public,lorsque les plaques de rue portent sans autres précisions, le nom d'une figure nationale ou locale?Ainsi le cas de Bernard Henri Arbeletche, né le 7 avril 1893 ,rue Bergeret (Saint-Esprit),  mort pour la France le 16 juin 1940 à Görlingen (Bas-Rhin).Entre les deux guerres,Arbeletche a eu une activité marquante auprès des anciens combattants.Aujourd'hui,que représente-t-il dans la mémoire des passants?

Carrefour Henri Arbeletche,au croisement des avenues de la Légion Tchèque et du Bayle à Bayonne

Henri Arbeletche est mort pour la France

La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque 7 janvier 1942 (Source:RetroNews)

La dernière lueur d'espoir vient, hélas de s'éteindre ! Après un long et douloureux silence, la nouvelle de la mort au champ d'honneur du capitaine Henri Arbaletche vient d'être officiellement annoncée.

Cela plonge dans la désolation une épouse et des enfants qui ne pouvaient croire que tout fût, ici là-bas, fini. Elle atteint profondément la grande famille des Anciens combattants, les groupements catholiques et la population entière de Bayonne.

Henri Arbeletche fut, en effet un sympathique, dans toute la force du terme, un chef, un apôtre dont la fermeté des convictions et le rayonnant exemple imposaient  le respect et l'admiration.

A la jeunesse catholique de Saint-Pierre d’Irube, comme à l’Action catholique de Bayonne ;à la tête des Anciens combattants dont il était le président ; au Conseil municipal où il siégea avec distinction, à l'étude de notaire où il tenait la première place ,partout ,enfin, Henri Arbeletche  a magnifiquement servi.

La guerre de 1914-18 lui avait donné l'occasion de déployer des qualités exceptionnelles de soldat puis d'officier. Il en avait rapporté les galons de capitaine et la croix de la Légion d'honneur .A la veille du dernier conflit, il prenait l'initiative d'une fête de Jeanne d'Arc qui devait être le premier pas vers l'érection à Bayonne, d'une statue de la Sainte. Son nom restera attaché à cette œuvre comme il demeurera gravé dans le cœur de tous ceux qui l'ont connu et aimé.

Avec tous ceux qui le pleurent et dont nous partageons la douleur, nous nous inclinons bien bas devant la noble figure d'Henri Arbeletche, grand chrétien, vaillant soldat, serviteur passionné de sa Patrie et de sa ville natale.

Il est de ceux dont la perte surtout à l'heure actuelle est vraiment irréparable.

(…)

H.-P. J.

Une rue Henri-Arbeletche à Bayonne

La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque 31 janvier 1942 (Source RetroNews)

C'est le vœu des anciens combattants et de M.Ribeton, maire de Bayonne, qui va le proposer au Conseil Municipal, ainsi qu'en font foi les deux lettres qui viennent d'être échangées entre M.Dordezon ,président d'honneur de la Fédération bayonnaise des Associations d'anciens combattants, et M. le Maire de Bayonne. C’est aussi certainement le vœu de la population tout entière,

Voici ces deux lettres ;

« Monsieur le maire,

En ma qualité de fondateur et président d'honneur de la Fédération bayonnaises des Associations d'anciens combattants et authentiques victimes de la guerre, certain d'être l'interprète de la pensée de tous les anciens combattants, donc vous êtes, j'ai l'honneur de vous demander que le nom de notre glorieux camarade Henri Arbeletche, mort pour la Patrie soit donné à l'une des principales artères de la ville.

Celui qu'un jour, dans une allocution, je qualifiais de « Saint laïque », fut toute sa vie durant un exemple de modestie, de loyauté, de dévouement et d’ardeur patriotique.

En l’honorant, Bayonne honorera tous ses camarades morts pour la Patrie, et si la population a approuvé l'enlèvement des « navets » qui enlaidissaient nos places publiques, elle applaudira à l’apposition d’une simple plaque qui rappellera la mémoire de notre glorieux compatriote, président de notre Fédération.

Veuillez agréer Monsieur le maire mes salutations les plus distinguées

Signé :H.DORDEZON, président, commandeur de la Légion d’honneur, croix de guerre

« Monsieur le Président,

J’ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre 10 janvier et de vous informer qu’ainsi que j'en avais l'intention, je proposerai au Conseil municipal de répondre au vœu que vous présentez au nom des anciens combattants, en donnant le nom de notre glorieux camarade, Henri Arbeletche,à une voie publique de Bayonne.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes sentiments distingués.

Le Maire »

 

Ville de Bayonne extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal

Séance du 8 mai 1942

Présents :

MM Ribeton,Maire,Président ;

Mettetal ;d’Aleman,Cazamayou,Laplassotte,adjoints ;

Paris,Arospide,Gaudeul,Paries,Deville,Dupuy,Tachoires,Pouchucq,Melle Lacorre, Ninous.

 

Excusés :

MM.Etchepare ,Pochulu,Pécastaings,Bonnet

 

M.Ninous présente le rapport suivant :

Messieurs,

La question s'est posée de donner à l'une des rues ou place de notre Ville, le nom d'Henri Arbeletche.

Il est inutile d'insister sur les raisons qui conduisent à l'adoption d'une telle mesure : ces raisons s'imposent à tous les esprits.

Henri Arbeletche, magnifique soldat des guerres 1914-1918 et 1939-1940, représentait admirablement le patriote ardent attaché à ses devoirs envers son Pays, sa province, Bien sûr sa cité. Au regard des groupements d'Anciens Combattants, il était soit le Chef, soit l'ami. Aux pires moments, à ceux où la politique parvient à semer la discorde entre les Associations, il s'efforça et réussit à être toujours le trait d'union, jamais l'adversaire.

Arbeletche et plus qu'une individualité, il est un symbole, il est l'Ancien Combattant Bayonnais. En lui s’incarnent tous les bayonnais qui, dans les deux  guerres et sur les divers champs de bataille, ont donné leur vie pour la France ; en lui s'incarnent aussi tout ceux qui, ayant échappé à son tragique et glorieux destin, sont prêts à se donner tout entier pour sauver et rénover le Pays.

Aussi estimons nous qu’au cœur même de la cité, le nom d'Henri Arbeletche doit, d'une part apprendre aux jeunes le sacrifice de leurs aînés tombés dans les deux guerres, d'autre part rappeler aux anciens et, en particulier, à ceux des barbelés, le serment monté de leurs cœurs aux heures d'exil, serment de se serrer derrière le Maréchal pour refaire la France. En honorant sa  mémoire, on honorera la mémoire de tous les bayonnais qui ont donné ou risqué  leur vie dans les deux guerres.

Messieurs , nous vous demandons de décider, sous réserve de l'approbation de M. le Préfet des Basses-Pyrénées, après avis de la Commission Départementale des Monuments Naturels, et, conformément aux dispositions de la Loi du 29 mars 1942 de donner le nom d'Henri Arbeletche à l’actuelle Place de la liberté.

Les conclusions de ce rapport sont mises aux voix et adoptées

Ont signé au registre les membres présents

Pour extrait conforme,

Le Maire


Source :
Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque
Archives départementales des Pyrénées Atlantiques
39 avenue Duvergier de Hauranne
64100 Bayonne
E Dépôt Bayonne 7 W art.38.3

 

Hommage à Henri Arbeletche

Article  paru dans L'Assaut  hebdomadaire régional du Parti Populaire Français
N° 80 Samedi 23 mai 1942
Rubrique L’Assaut des Basses-Pyrénées

La municipalité a donc décidé de donner le nom d'Henri Arbeletche à la place de la liberté.C’est le juste hommage qui devait être rendu à ce simple et radieux héros des deux guerres

C’est aussi i le moment de répéter aux bourgeois bayonnais ce que leur rappelait Henri Dordezon, au soir de la conférence Doriot, au Majestic.

« Souvenez-vous, pantouflards !Aux  élections municipales, à ce pur ancien combattant ,vous avez préféré le juif Gomez Avez  qui recueillit plus de voix qu’Henri Arbeletche .Aujourd’hui le juif Gomez Vaez se goberge avec l'argent qu'il vous a volé, sur la Canebière, tandis qu’Henry Arbeletche est en train de pourrir dans la terre d'Alsace qu'il a défendue. »

Précisons que le juif Gomez Vaez, dont le repoussant profil et l’énorme rosette de  pacotille étaient les plus beaux ornements de Bayonne, est allé grossir le ghetto marseillais avec sa tribu et notamment son fils qui, en 39 40 pensait que là guerre juive devait être faite par les seuls goys.

Source :
L’Assaut N°80 Samedi 23 mai 1942,
Une collection numérisée est accessible sur Gallica _Bibliothèque nationale de France_

 

Pour une rue Henri Arbeletche

 Le Courrier de Bayonne 27 12 1945
 

On nous prie d'insérer la lettre suivante adressée à M. le Maire de Bayonne :

D'après le compte-rendu de votre dernière réunion du Conseil municipal, vous avez décidé de donner des noms de résistants et de patriotes à certaines rues et places de votre ville. Cela est  fort bien. Je me permets, cependant, de faire ici une remarque.

Pourquoi , n'avoir pensé qu'à ceux de la résistance ?.... Il y a aussi les héros tombés au champ d'honneur. Voici ce que très courtoisement, je voudrai vous signaler.

Lorsque vous avez fait votre tour d'horizon pour porter votre choix sur les résistants dont vous citez les noms, et dont je salue ici la mémoire, ne vous est-il pas venu à l'esprit le nom d'un de vos concitoyens victime de la guerre lui aussi et tombé dans les plaines d'Alsace en juin 1940.J’ai nommé le Capitaine Henri Arbeletche, Bayonnais authentique, bien connu de tous pour ses grandes qualités de cœur et de dévouement.

Nombreux, sont les Bayonnais reconnaissants qui ont gardé de lui le meilleur souvenir et qui seraient heureux qu'une des rues de notre ville porta son nom.

Parti avec le 49e, il s'est battu durant toute la guerre de 14-18. Nommé à la tête de la section d'Anciens Combattants du Pays Basque pendant plus de vingt ans, il nous a donné là l'occasion d'apprécier sa valeur morale, sa nature franche et droite. En politique, adversaire loyal et courageux, il était même estimé de ceux qui le combattait. En 1939, il il répondait présent à l'appel des braves et comme capitaine, repartait pour la deuxième fois dans les rangs de ce cher 49e  qu’il aimait tant,  mais hélas cette fois pour ne plus revenir.

Voilà, Monsieur le Maire, le glorieux combattant que fut le Capitaine Henri Arbeletche.En intervenant dans votre proposition et en faisant un rapprochement entre ces braves, je réponds à ceux qui parfois se demandent : « Quel est le héros qui a le mieux servi son pays de celui tombé au champ de bataille… ou de celui tombé sur le chemin de la résistance ? » Avec vous je répondrai, sans doute : « Tous deux sont morts en vrai Français et ont droit à la même gratitude. »

J'ose espérer, Monsieur le Maire qu'une suite favorable sera donnée à ma suggestion, en souvenir de ce glorieux combattant qui symbolise pour nous, tous les Bayonnais morts au champ d'honneur.

Avec mes excuses, je vous prie d'agréer, Monsieur le Maire, mes sentiments respectueux et  dévoués.

Pour un groupe d'Anciens Combattants

J.D.

Le Courrier de Bayonne 27 12 1945

Collection numérisée accessible depuis le site internet de la médiathèque de Bayonne.
Si vous souhaitez consulter un numéro d'une autre date,soyez très patient :les temps de chargement  des fichiers images Année puis Mois sont longs.

Au croisement des avenues de la Légion Tchèque et du Bayle