31 août 2014

Un champion basque au feu

"Chaque jour nous parvient du théâtre de la guerre l'écho d'un acte de dévouement  de l’héroïsme accompli par nos champions sportifs avec un entrain joyeux  ils supportent la lourde besogne quotidienne de la guerre et,pour eux ,l'heure de la bataille est souvent l'heure du sacrifice suprême.Leur force généreuse,leur ardeur patriotique les poussent aux endroits dangereux  et les font solliciter les missions les plus périlleuses.Parfois,là tombent,nobles victimes d'un devoir sacré .Nous n'applaudirons plus aux exploits sportifs  des Bouin,des Lane,des Iguinitz,mais,pieusement nous irons nous agenouiller à l'ombre du mausolée que la Patrie élèvera à ses héros dont ils étaient la fleur.
Ces actes d’héroïsme couronnés par la plus belle belle des morts,les journaux prennent le soin pieux de les porter à la connaissance du public,mais ils sont nombreux autant qu'ignorés ceux qui,ayant eu une issue plus heureuse,n'en révèlent pas moins chez leurs auteurs  les mêmes qualités de vigueur,de dévouement,de sacrifice joyeux.
Les témoins admiratifs de l'un de ces actes heureux peuvent-ils le  relater ,l'offrir en hommage  à celui pour lequel ils ont frémi ,les donner en exemple à ceux qui luttent aujourd'hui pour la grandeur et la gloire de la Patrie.
Sur un plateau balayé par la mitraille,une compagnie résiste aux attaques désespérées  des allemands.Une section lutte séparée du reste  de la compagnie;sa position devient critique;il faut à faire connaitre au commandant de l'unité.Mais pour parvenir au capitaine,la route à suivre est un espace découvert sur lequel pleuvent les obus et la mitraille.Celui qui sera chargé de cette mission reviendra-t-il?Le chef de section hésite dans le choix qu'il doit faire,mais un homme se présente et dit "J'irai".
Les instructions données, l'homme d'un bond s'élance;la mitraille fait rage, mais lui, impassible, poursuit sa route sans dévier de la ligne qu'il s'est tracée.Par quelle miracle,par quelle merveille de sang-froid échappe-t-il aux dangers multiples sous ses pas!Il reparait enfin devant son chef ,à sa bouche tombent ces simples mots:"Ordre à capitaine tenir jusqu'au dernier". Puis il rentre dans le rang et recommence le coup de feu.
Le soir,le héros de cette aventure ne comprenait rien aux félicitations de ses camarades et à ses chefs.Il est vrai qu’être brave est naturel aux Basques.Quand ce basque est Chiquito de Cambo.roi de la pelote,faut -il s'étonner que la bravoure se change en héroïsme? "


Article publié par La Semaine de Bayonne
Chronique politique,religieuse,maritime,agricole et commerciale.
Samedi 31 octobre 1914
Collection Médiathèque de Bayonne.
Cote J 36 Année 1914