18 mars 2021

Commune de Paris:quand Adolphe Thiers promettait la vie sauve aux insurgés qui déposeront les armes

L'annexe de Bayonne des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques conservent dans les fonds communaux de Bayonne ,Biarritz , Saint-Jean-de-Luz,quelques documents relatifs à la Commune de Paris.
E DÉPÔT BAYONNE 2 I 52;Insurrection parisienne de 1871dont est extrait le texte ci-dessous signé d'Adolphe Thiers.
E DÉPÔT BIARRITZ 4 H 11;guerre civile la commune de Paris.
E DÉPÔT Saint-Jean-de-Luz 4 H 26;dépêches relatives à la Commune de Paris.

 RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

Versailles ,12 avril 1871,7 h du soir

Dépêche Télégraphique

Le chef du pouvoir exécutif aux Préfets, Sous-Préfets, Généraux commandant les divisions et subdivisions militaires, Procureurs-Généraux, Procureurs de la République et toutes les autorités civiles et militaires.

(Circulaires à afficher dans toutes les communes de France)

 

Ne vous laissez pas inquiéter par de faux bruits, l'ordre le plus parfait règne en France, Paris seul excepté ; le Gouvernement suit son plan, et il n'agira que lorsqu'il jugera le moment venu .Jusque-là les événements de nos avant-postes sont insignifiants ; les récits de la Commune sont aussi faux que ses principes, les écrivains de l'insurrection prétendent qu'ils ont remporté une victoire du côté de Châtillon, opposez un démenti formel à ces mensonges ridicules ; ordre est donné aux avant-postes de ne dépenser inutilement ni la poudre ni le sang de nos soldats.

Cette nuit, vers Clamart les insurgés ont canonné, fusillé dans le vide, sans que nos soldats devant lesquels ils fuient à toutes jambes, aient daigné riposter. Notre armée, tranquille et confiante, attend le moment décisif avec une parfaite assurance ,et si le Gouvernement la fait attendre, c'est pour rendre la victoire moins sanglante et plus certaine.

L'insurrection donne plusieurs signes de fatigue et d'épuisement. Bien des intermédiaires sont venus à Versailles porter des paroles, non pas au nom de la Commune (sachant que à ce titre ils n'auraient pas même été reçus) mais au nom des républicains sincères qui demandent le maintien de la République et qui voudraient voir appliquer des traitements modérés aux insurgés vaincus. La  réponse a été invariable : personne ne menace la République si ce n'est l’insurrection elle-même ; le chef du pouvoir exécutif persévèrera  loyalement dans les déclarations qu'il a faites à plusieurs reprises. Quant aux insurgés, les assassins exceptés, ceux qui déposeront les armes auront la vie sauve ; les ouvriers malheureux conserveront pendant quelques semaines le subside qui les faisait vivre. Paris jouira, comme Lyon, comme Marseille, d'une représentation municipale élue, comme les autres villes de France fera librement les affaires de la cité ; mais pour les villes, comme pour les citoyens, il n'y aura qu'une loi, une seule, et il n'y aura de privilège pour personne ; toute tentative de sécession, essayée par une partie quelconque du territoire, sera énergiquement réprimée en France, ainsi qu'elle l'a été en Amérique.

Telle a été la réponse sans cesse répétée, non pas aux représentant de la Commune que le Gouvernement ne saurait admettre auprès de lui, mais à tous les hommes de bonne foi qui sont venus à Versailles s'informer des intentions du Gouvernement .

A.THIERS

Pour copie conforme : Le Préfet des Basses-Pyrénées

NADAILLAC

Source

AD 64 E Dépôt Bayonne 2 I art.52.

 

 Pour aller plus loin



264 pages — 10 €
Parution : 4 mars 2021
ISBN physique : 9782377291762
 
Plusieurs exemplaires disponibles à la librairie Chez Simone  12 Boulevard Alsace Lorraine, 64100 Bayonne
 
— REVUE de PRESSE —

Publié sur le blog Mediapart de Faisons vivre la Commune, le 1er mars 2021.

Paru dans Le Canard enchaîné (24 février 2021).

À l’approche du 18 mars, grand jour de la Commune dont on fête le cent-cinquantenaire, les librairies voient fleurir moult ouvrages passionnants et rouge cerise.
[…] De son côté Michèle Audin s’est intéressée à la terrible Semaine sanglante par laquelle Thiers mit fin à la Commune. Combien de morts ? « Le débat est loin d’être clos. Les amis de l’ordre, au pouvoir à Paris depuis le 28 mai 1871, ont tout fait pour que ce nombre ne soit pas connu. »
Michèle Audin ouvre les registres d’inhumation des cimetières, enquête sur les gisements d’ossements découverts des années après, recoupe les sources, traque les erreurs des historiens.
En bonne mathématicienne, comme le fut son père, elle fait et refait les calculs. Fastidieux ? Non : son ardeur pinailleuse est communicative. Avec elle on voit l’histoire en train de se faire, on assiste à des scènes de massacres ou d’héroïsme, on croise « une jeune fille avec un bonnet phrygien sur la tête, le chassepot à la main, la cartouchière aux reins » qui campe sur une barricade place Blanche : « Halte-là citoyen, on ne passe pas. » Peu après les versaillais balaient cette barricade et reprennent Montmartre. En conclusion, Michèle Audin fait le compte : « Avec certitude, 10 000 morts de la Semaine sanglante inhumés dans les cimetières parisiens. Et, en tout, « certainement 15 000 morts ». Il y a des rêves qui dérangent terriblement.

Jean-Luc Porquet