L’ancien magistrat ,Pierre Marchat, a été arrêté le 20 mai 1947 à l’hôtel Régina,situé près du casino à
Hendaye plage.Pendant la drôle de guerre,il fut chargé d’instruire diverses
affaires touchant des pacifistes,
syndicalistes, communistes dont Pierre Semard, saboteurs, poursuivis par le 3e tribunal
militaire de la Seine. Après la guerre,il a entendu dans son cabinet ou à la prison de Fresnes (94), plusieurs
personnalités et hauts fonctionnaires du régime de Vichy.
L’affaire Marchat a soulevé des questions sur la nature des liens financiers
et amicaux de l’ancien conseiller à la cour d’appel de Paris avec Joseph
Joanovici. Monsieur Joseph a été une figure de la collaboration et de la
résistance.Ce trafiquant,analphabète,retors,a noué d’utiles relations avec les autorités allemandes,les
truands de la « Gestapo française de la rue Lauriston » , et enfin les policiers résistants de la Préfecture de police de Paris.
Sommaire
I_Sélection
d’articles de presse
1_L’Humanité 27 mars 1947 Le juge d’instruction Marchat -ami
de Joanovici- est celui qui fit arrêter Pierre Semard,Léon Frot, et René Le
Gall
2_L’Humanité 21 mai 1947 Arrestation à Hendaye du conseiller
Marchat
3_Le Courrier de Bayonne 21 mai 1947 L’ex-conseiller Marchat
est arrété à Hendaye
4_L’Aurore 21 mai 1947 Et si
Joinovici s’était réfugié chez Franco…L’ex-conseiller Marchat arrêté à la
frontière espagnole.
5_L’Aube 21 mai 1947 Le conseiller
Marchat accusé d’avoir reçu des fonds de Joinovici est arrêté à Hendaye
6_Ce Soir 22 mai 1947 Il a touché
800.000 francs de Joinovici…Arrêté à Hendaye Marchat a dormi au fort du Hâ
7_Ce Soir 10 février 1948 Joinovici
avait délivré à Marchat un certificat de « bonne vie et mœurs »
8_L’Aube 10 février 1948 Dette de
reconnaissance
9_Combat 10 février 1948 L’ex-conseiller
Marchat acquitté à Lyon
10_Paris-Presse L’Intransigeant 26
juin 1948 Joanovici va être entendu sur ses prêts au conseiller Marchat
11_L’Humanité 7 avril 1949 Scandaleux
acquittement du juge Marchat
II_Quelques repères chronologiques concernant Pierre Marchat
III_Sources
1_L’Humanité
Jeudi 27 mars 1947
Page 2
Le juge
d’instruction Marchat -ami de Joanovici- est celui qui fit arrêter Pierre
Semard
(1),Léon Frot, et René Le Gall
Le conseiller Marchat,doyen des juges d’instruction et ami
intime de Joanovici,est l’ancien capitaine Marchat qui,en 1939 et 1940 se spécialisa
au 3e tribunal militaire de Paris dans la répression anticommuniste.
Le 20 octobre 1939 il ordonnait _en application des
directives de Monzie,et en se faisant l’exécuteur du décret du munichois
Daladier_ l’arrestation de six militants syndicalistes parmi lesquels Pierre
Semard et Raymond Tournemaine.
Le 16 novembre 1939 les mandats d’amener du capitaine Marchat
conduisaient en prison quelques militants de notre Parti.Parmi eux se
trouvaient Léon Frot et René Le Gall,conseiller municipal de Paris et
conseiller général de la Seine.
Pierre Semard était condamné le 6 avril 1940 à trois ans de
prison par le 3 e tribunal militaire de
Paris,le même qui condamna ignoblement
les députés communistes.Et le 7 mars 1942,dans la prison d’Évreux,le
dirigeant de la Fédération nationale des Cheminots,membre du Bureau Politique
de notre Parti,affrontait en héros le peloton d’exécution hitlérien….
Condamnés, le 15 mai 1940,Léon Frot et René Le Gall étaient
en 1942 assassinés par les nazis.
En 1940 le juge d’instruction Marchat était promu
commandant.Son zèle anticommuniste et antinational était récompensé !
Amateur du double jeu Marchat devint l'ami intime de Joanovici
qui s'y connaissait pour acheter des consciences.
C’est lui qui devait
exercer des pressions sur le juge Le Gentil (2) ,à Melun,pour que l’ami de
Joanovici, l'inspecteur Piednoir,ne soit pas inquiété.
C’est lui encore qui introduisit ce dernier à Fresnes,lui
permettant de communiquer avec Launay, le chef de la Gestapo de l'avenue Foch ,et
d’assurer la liaison entre les assassins maintenus en prison et ceux qui
complotent dehors ….
(…)
Comme Joanovici,le banquier de la Cagoule,et ses différents
protecteurs,le conseiller Marchat doit rendre compte de sa criminelle activité
.
Notes du blog
(1) L'arrestation de Pierre Semard résulte d'un mandat du juge Andruéjol (1889-1943) .Le dossier a ensuite été transféré à l'autorité militaire.L'instruction fut confiée à Pierre Marchat magistrat mobilisé au grade de capitaine.
(2) Louis Désiré Legentil juge chargé d'instruire l'assassinat de Robert Scaffa,jeune résistant abattu le 27 juillet 1944 à Ozoir-la-Ferrière (77) .Georges Robert Beau (1923-2002) et Lucien Albert Piednoir (1913-1997) membres du réseau de résistance "Honneur de la Police" de la préfecture de police de Paris sont impliqués dans cet assassinat .Le motif de l’exécution est obscur.:trahison relative aux armes cachées par les oblats du scolasticat de La Brosse-Montceaux (77) _24 juillet 1944_ou témoin gênant d'affaire(s) crapuleuse (s).
Robert Scaffa né le 26 août 1924 Paris 13° est le fils de Annibal Ricardo Scaffa,pâtissier confiseur,et de Rachel Eugénie Poirson.Par une ordonnance du 2 mai 1945 les biens du père ,interné au camp de Charenton (94) ont été placés sous séquestre.Source:Journal officiel 13 juin 1945.Page 3470.La mère mènera un long combat pour réhabiliter la mémoire de son fils assassiné.
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L'Humanité _Mercredi 21 mai 1947
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2_L’Humanité
Mercredi
21 mai 1947
Arrestation à Hendaye du conseiller MARCHAT
Bordeaux,20 mai.L’ancien
conseiller de la Cour d'appel de Paris,Marchat, que le Conseil supérieur de la
magistrature a récemment révoqué de son poste, a été arrêté à la frontière
franco-espagnole. Transféré à Bordeaux, il a été écroué au fort du Hâ .
Marchat, grand ami du
collaborateur multimillionnaire Joanovici pendant l'occupation s'était
spécialisé pendant la drôle de guerre _ comme juge d'instruction_ dans la
poursuite des militants communistes.
Bien entendu l'Espagne
franquiste était pour lui un abri tout indiqué !
3_Le Courrier de Bayonne
Mercredi
21 mai 1947
Page
1
Source :Médiathèque de Bayonne,Le
Courrier de Bayonne en ligne
L’ex-Conseiller Marchat est
arrêté à Hendaye
Hendaye _après sa destitution
par le Conseil d'État de la magistrature, l'ex-conseiller Marchat dont on connaît le rôle dans l'affaire
Joanovici s'était installé à l'hôtel
Régina à Hendaye où il venait villégiaturer ces dernières années.
C'est là que M.Morel, commissaire
divisionnaire chef du service des renseignements généraux à la frontière
d'Hendaye est venu lui signifier le mandat d'arrêt lancé contre lui par le juge
d'instruction de Lyon, mandat qui avait été porté à Hendaye par un
fonctionnaire de la Sûreté nationale (…)
4_L’Aurore
Mercredi
21 mai 1947 (Paris)
Page
1
Et si Joinovici s’était réfugié chez
Franco…
L’ex-conseiller Marchat arrêté à la
frontière espagnole.
Le conseiller de la Cour d'appel
de Paris Marchat vient d’être arrêté par le commissaire Morel de la Sûreté
nationale à la frontière franco-espagnole, puis transféré à Bordeaux.
On l’a ensuite écroué au fort du
Hâ .
Ainsi,une fois de plus, l'un de
ceux chargés de faire respecter en ce pays la loi et l'ordre, l'un de ceux
chargés de recherche le crime et les criminels est à son tour frappé.
Après avoir été le 12 mai
dernier, déchu de ses fonctions de magistrat par le Conseil supérieur de la
magistrature présidé par M.Vincent Auriol ,le conseiller Marchat était
précipitamment parti pour Hendaye.
Mais la justice dont il venait d'être chassé ne
l'oubliait pas.
En vertu de l’article 483 du
Code d’instruction criminelle,un magistrat ne peut être poursuivi et jugé dans
le ressort de la Cour où il exerçait précédemment.
Aussi,M.André Marie,Garde des
Sceaux,soumit-il le dossier Marchat,au lendemain de la déchéance de celui-ci à
l’examen de la Chambre des requêtes de la Cour de cassation.Celle-ci,sans juger
sur le fond,estima qu’il y avait à l’égard de l’ex-conseiller,une présomption
suffisante de trafic d’influence,délit prévu et réprimé par l’article 178 du
Code pénal.
La Chambre des requêtes désigna
alors pour procéder à l’information,le doyen des juges d’instruction de
Lyon,M.Liquier,lequel délivra un mandat d’amener contre Marchat.
Forfaiture…
On se souvient des griefs
imputés à Marchat :ils constituent tous des preuves évidentes de la
collusion entre celui-ci et le bandit Joinovici.
Marchat,en effet,était
scandaleusement intervenu auprès de son collègue,M.Legentil,juge d’instruction
à Melun pour que celui-ci classât le dossier de l’assassinat de Scaffa par le fameux
Piednoir.Il était allé,muni d’un faux mandat,interroger à Fresnes,on n’a jamais
su exactement sur quoi,le chef de la Gestapo de l’avenue Foch,Launay.
Il s’était fait avancer 100.000
fr (1) par son ami Joinovici,avec qui il passait des soirées très
parisiennes,pour prendre un appartement.Il avait reçu 380.000 francs (2) du
général Barré (3),bras droit de Joinovici,pour faire éditer les romans policiers
de sa jeune femme.
Bref,sur toute la ligne,il avait
failli à sa charge,à son devoir,à son honneur.Il va maintenant s’en expliquer
devant ceux qui étaient hier ses pairs ,et qui sont aujourd’hui ses juges.
Seulement,la présence de Marchat
à Hendaye ne laisse pas de nous intriguer.Hendaye,c’est la frontière,c’est
l’Espagne proche,c’est l’oubli.
Ou les amis.
Mais veut-on faire la lumière ?
Lesquels ?Et pourquoi pas
Joinovici ?
Déchu,ruiné,déshonoré,Marchat ne
voulait-il pas entrer en contact et rechercher l’appui de son ancien et très
cher ami ?
La présence de Marchat sur les
bords de la Bidassoa doit inciter la police à faire,de ce côté-là,quelques
sérieux coups de sonde.
Mais le veut-on ?
Mais tient-on tellement à se
saisir de celui qui peut,si on le prend et s’il parle,mettre « dans le bain »bien
des gens en place,et pas des moindres…
(…)
Notes du blog
(1) 100.000 francs (1945) = 1 411 224 Euros
(2)380 000 francs (1945) = 5 362 652 Euros
Source :https://www.insee.fr/fr_ Convertisseur franc-euro.
(3) Général Barré,erreur orthographique sur le nom de
famille du général. Pierre Eugène Baré né à Brest le 23 août 1877 décédé le 27
novembre 1947 à Paris 8 ° .
5_L’Aube
Mercredi
21 mai 1947 (Paris)
Page
1
Le conseiller Marchat accusé d’avoir
reçu des fonds de Joinovici est arrêté à Hendaye
Il sera transféré à Lyon
L'ancien conseiller Marchat révoqué
par décision du Conseil supérieur de la magistrature vient d'être arrêté à
Hendaye à l'hôtel hôtel Régina où il était en villégiature.
Un commissaire divisionnaire est
venu lui notifier le mandat d'arrêt lancé contre lui par un juge d'instruction
de Lyon saisi par la Cour de cassation.
(…)
En attendant son transfert à Lyon,
Marchat a été écroué à Bordeaux au fort du Hâ.
Le Conseil supérieur de la
magistrature ne pouvait statuer que sur les fautes disciplinaires.Et, comme
l’enquête officieuse établissait que Marchat avait au cours de ses relations
avec Joinovici,reçu de celui-ci des sommes importantes, M.André Marie, garde
des Sceaux, décida de soumettre le dossier à l'examen de la Cour de
cassation.La Chambre des requêtes a ainsi estimé sans juger au fond, qu'il y
avait présomption suffisante de trafic d'influence, délit prévu et réprimé par
l'article 178 du code pénal.
6_Ce soir
Jeudi
22 mai 1947
Page
3
Il a touché 800.000 francs de Joinovici…
Arrêté à Hendaye Marchat a dormi au fort du Hâ
Il a été transféré à Lyon
(…)
Mme Marchat nous dit :
A deux pas de la place Péreire au 6e étage d'un
confortable immeuble de la rue Paul-Adam la sémillante Mme Marchat nous a reçu
ce matin dans l'appartement coquet et de bon goût qu'elle occupe avec son mari
depuis la Libération.
_Mais oui, nous , dit-elle, j'étais
à Hendaye avec mon mari lorsqu'il fut arrêté.Nous nous y étions rendus mercredi
dernier afin de passer là-bas dans le calme et là tranquillité les fêtes de la
Pentecôte, à deux pas de la frontière
espagnole.L’endroit était mal choisi évidemment, mais fort de son innocence,
mon mari ne pensait nullement que le choix de ce pays charmant où nous avions
déjà passé d'excellentes vacances à plusieurs reprises pourrait faire naître
une équivoque.
Arrêté à l’hôtel
_Votre mari n'en fut pas moins
arrêté, je crois, à proximité du poste-frontière ?
_ « Pas du tout.Il
pouvait être trois heures de l'après-midi, dimanche dernier et nous étions mon
mari et moi, dans la chambre que nous occupions à l'hôtel Regina.Tout à coup,
on frappe à la porte :Police !
Mon mari suivit les
policiers,deux inspecteurs de la Sûreté de Paris au commissariat spécial.
Vers 17 heures, je m'y rendis à mon tour et, à 18h30, un
mandat d'amener arriva de Paris.
Le lendemain matin, j'ai
retrouvé mon mari, entre deux policiers, sur le quai de la gare d'Hendaye. Nous
voyageons ensemble jusqu'à Bordeaux et je revins seule sur Paris. »
Marchat-Joinovici
Comme nous lui demandions de
nous préciser quelles avaient été les relations de son mari avec Joinovici,Mme
Marchat nous a répondu :
_Vous savez que mon mari a été
sauvé par Joinovici sous
l'occupation.Nous lui fumes présentés après la Libération par Piednoir.Nous n'avions alors aucune
raison de nous méfier d'un homme qui était reçu par le tout Paris et
connaissait intimement des fonctionnaires et des personnalités haut placées.En
tout cas, jusqu'à preuve du contraire, je tiens Joinovici pour un grand résistant
et un parfait honnête homme.
Nous avons été reçus chez lui à
plusieurs reprises et il est venu ici assez souvent.
Avec lui et des amis, nous avons
passé plusieurs soirées dans des boîtes de nuit,et en particulier au
« Casanova ».
7_Ce Soir
Mardi
10 février 1948
Page
3
Joinovici avait délivré à Marchat un certificat de
« bonne vie et mœurs »
Le tribunal lyonnais qui juge aujourd’hui l’ex-conseiller en
aura-t-il connaissance ?
(De notre envoyé spécial Geo
London)
Lyon,9 février (par téléphone)._La
5e chambre du tribunal correctionnel est une bien modeste enceinte
pour servir de cadre à cette cause hors-série qu’est le procès de
l’ex-conseiller à la Cour d’appel de Paris,Marchat.
L'intérêt spécial qu'attache les
Lyonnais à l'affaire Marchat provient
d'un fait local qui à l'époque où il se produisit,éberlua quelque peu la population et le monde judiciaire.
Deux autres magistrats de la ville qui n'étaient autres
que le procureur général Sennebier (1) et le
procureur de la République Ducasse (2), avaient pris pendant l'occupation,une attitude
si notoirement germanophile qu’à la libération
des poursuites furent décidées contre eux.
De même que Marchat, magistrat,ne
saurait être jugé à Paris, on ne pouvait évidemment songer à faire juger ici des magistrats lyonnais par
leurs collègues de la veille et, en fait le Parquet de la Cour de justice de
Paris fut chargé de prendre en main les deux cas.
A la surprise générale, les deux magistrats bénéficièrent d'un non-lieu.
Or, le juge d'instruction d'alors,
qui avait proposé cette mesure étonnante, n'était autre que Marchat en personne.
L’ancien magistrat à la Cour de
Paris,sur qui pèse l'inculpation de corruption de fonctionnaires visée par
l'article 177 du Code pénal, est passible d'une peine de un an à trois ans de
prison et d'une amende de 10.000 à 250.000 francs.
Il a quelque peu vieilli ,depuis neuf
mois qu'il est incarcéré à la prison Saint-Paul. Sur ces cheveux naguère
grisonnants, la neige s'est abondamment répandue.
« Cherchez la femme…. »
Mme Marchat, la très jeune femme de
l'inculpé, est arrivée hier à Lyon. Descendue dans un discret hôtel proche du Palais
de justice,elle s’apprête à suivre le
procès d'aujourd'hui.Son nom va être souvent prononcé.C’est pour lui offrir le
confort d'un bel appartement dans le quartier du boulevard Malesherbes et pour
lui permettre de mettre en valeur ses qualités d'auteur de romans policiers que
son mari obtint de Joanovici le million qui
lui permit, d'une part la reprise d'un mobilier luxueux et d'autre part de se
concilier les bonnes grâces d'un éditeur peu enclin à dénicher de jeunes talents à titre purement gracieux et
pour l'amour de l'art.
Sentiment et « affaires »…
Ces arguments d’ordre sentimental
seront développés par Me Marcepoil,du barreau de Paris.De son coté,Me
Cohendy,ancien adjoint au maire de Lyon,qui défend également l’ancien
conseiller Marchat,est un professeur de droit commercial à l’Université de Lyon
.Et c’est à lui qu’il appartiendra de plaider le côté « affaires » du
procès.
On sait d’ores et déjà qu’il
arguera que les sommes importantes versées par l’inculpé Joseph Joinovici au
magistrat Marchat,l’ont été en qualité de prêt et ne constituent en aucune
manière le prix du stupre.Fort de cet argument qui sera certainement contesté
avec vigueur par le substitut Leboulanger,représentant le ministère public,Me
Cohendy réclamera l’acquittement pur et simple du prévenu.
(…)
Notes du blog
(1) Procureur général Jean Elisée Alexandre Senebier (1881-1962) suspendu de ses fonctions le 01/10/1944,fin d'activité 07/04/1945,révoqué avec pension.Décret de révocation annulé par le Conseil d'Etat.
(2) Procureur de la République Louis Jean Vincent Ducasse (1885-1956) suspendu de ses fonctions le 10/11/1944,fin d'activité 7/5/1945,révoqué avec pension.
8_L’Aube
Mardi
10 février 1948
Page
4
« Dette de
reconnaissance »
(…)
Au sujet de la somme d’un million
versée par Joanovici,l’ex-conseiller précise « qu’il ne s’agissait pas de
dons,mais de simples prêts ».Au président qui lui reproche ses relations
compromettantes et son influence dans différentes affaires assez louches,Marchat
répond « qu'à son avis l'affaire
politique de Joanovici ne tient pas ».
On entend ensuite M. Boulanger qui,
dans un réquisitoire extrêmement modéré, insiste certes sur les « imprudences
insensées de l'accusé » et les « incartades inadmissibles » de
son épouse, mais se demande il s'agit vraiment de corruption ou si Marchat n'a
pas plutôt été victime de sa bonne foi et de sa candeur :
Je ne suis pas encore parvenu à
croire, dit-il qu'un magistrat se soit vendu ainsi à un bas métèque, même pour
un million.
Après une courte plaidoirie de Me
Marcepoil , le jury se retire pour délibérer et revient peu après avec un
verdict de relaxation.
9_Combat
Mardi
10 février 1948
Page
6
L’ex-conseiller Marchat acquitté à Lyon
(…) le procès Marchat a été évoqué
cet après-midi devant les Assises du Rhône.
L’ancien conseiller a reconnu avoir
envers Joanovici et l'inspecteur principal Piednoir une dette de reconnaissance
« ayant, grâce à eux ,au printemps 1944 échappé à la Gestapo. »
_On est véritablement surpris,
déclare le président ,s'adressant à l'ancien conseiller, de vous voir
constamment vous, un tel magistrat, en relations avec des individus si peu
recommandables.
Joanovici,poursuit le président ,vous
a pris entre les mailles d’un filet, sans trop résistance de votre part. »
Après avoir rappelé la déchéance de
l'ex magistrat, l'avocat général a insisté sur les « imprudences insensées de Marchat » et les
« incartades de Mme Marchat », initiatives invraisemblables de la femme
d'un magistrat.
Me Marcepoil, du barreau de Paris a
demandé un acquittement que le jury a accordé..
10_Paris-Presse L’Intransigeant
Samedi
26 juin 1948
Page 5
Joanovici va être entendu sur
ses prêts au conseiller Marchat
Le doyen des juges d’instruction
de Paris,M.Berri,a a reçu de la cour d'appel de Lyon une commission rogatoire à
l'effet d'entendre Joanovici et divers
témoins dans le supplément d'information prescrit au sujet du conseiller
Marchat à la demande du défenseur Me Marcepoil.
Cette audition portera notamment sur les prêts de 750.000 et 350.000 francs qui furent
accordés, le premier par le général Barré, employé de Joanovici , à Mme Marchat
pour éditer son livre La mort frappe trois coups, le second par M.Joseph lui-même au conseiller, pour lui permettre une reprise d'appartement .Cette
dernière avance de fonds fut remboursée
par le magistrat.
11_L’Humanité
Jeudi
7 avril 1949
Page
6
Scandaleux acquittement du juge
Marchat
La Cour d'appel de Lyon vient de
relaxer le conseiller Marchat,ex-doyen des juges d'instruction de la Seine,qui
reçut d'importantes libéralités de Joanovici
Dans ses attendus, la Cour
n'hésite pas à écrire que « les faveurs de Joanovici furent souvent prodiguées à des personnages
plus haut placés que Marchat et qu’une responsabilité de quelque nature qu'elle soit ne pouvait
être retenue contre lui ».
Drôle de prétexte pour des
magistrats dont le devoir était :
1°De faire poursuivre les
« personnages plus haut placés » ;
2°De condamner Marchat, qui a
reçu au moins 500.000 francs pour que
son épouse puisse éditer un roman policier.
II_Quelques repères chronologiques concernant Pierre Marchat
Données généalogiques
Acte de
naissance
17 juin 1897 Saint-Jean-d’Angely (17), « né jumeau et sorti le premier »
Fils de Marchat Thomas Hippolite Fulbert Arthur,avoué et de Marat Marie Aimée Denise
AD 17_2E 360/72*Saint-Jean-d’Angély- Collection du greffe État civil naissances 1893-1897
Acte N°62 Vue 163/181
Matricule
militaire
AD 17 La Rochelle
1_r_455-classe 1917-matricule 812
Détail des services et mutations diverses :« (…)
Affecté au 3 °tribunal militaire permanent de Paris »
Acte de
mariage
AD 75_5 avril 1945 Paris 18°_1945 , Mariages , 18 18M 635 _Acte N°543 Vue 13/31
Simone Yvonne Andrée Ricou née à Paris 14° le 16 août 1917,
divorcée de Maurice Charles Duchêne,jugement du tribunal civil de la Seine du 11 juillet 1942
_AD 75 1943 , Mariages , 03 3M 286 acte N°250 vue 11/31
Acte de décès AD 75_1 er février 1974 _Paris 10° 1974 , Décès , 10 10D 593 Acte N°301 Vue 31/31
1936
Pierre Marchat juge
d’instruction au tribunal de première instance de Bordeaux,nommé juge
d’instruction
adjoint au tribunal de première instance de la Seine à dater du 1 er octobre 1936
Source :Journal officiel de la République française,27 septembre 1936 p756
1937
Chargé de l’instruction concernant le général russe blanc Miller enlevé à
Paris le 22 septembre 1937 par des agents de l’U.R.S.S.
1939-1940
Pendant la drôle de guerre,magistrat instructeur au 3 e tribunal militaire de la Seine .
Liste non exhaustive des affaires examinées
Octobre
1939 ouverture d’une information Tract intitulé « Paix immédiate » 31
personnes inculpées dont Marcel Déat,Louis Lecoin,Jean Giono
Interrogatoire
de plusieurs députés communistes signataires d’une lettre ouverte adressée à
Édouard Herriot
A la suite
de la parution dans un journal belge d’un texte « Pour l’unité syndicale en
France » Julien Racamond,Henri
Becker,Alexandre Marceau Delobelle , Edouard Finck,Charles
Garcia,Henri Raynaud.Le septième signataire Benoît Frachon a plongé dans la
clandestinité.
Pierre Semard
secrétaire général de la fédération CGT
des cheminots et membre du bureau politique du P.C.F.
Raymond Tournemaine, trésorier de la fédération CGT des
cheminots,militant communiste ( CGT des cheminots ,P.C.F.)
Maurier
dit Moure,Léon Frot et René Le Gall conseillers municipaux de Paris,Fernand Soupé maire communiste de
Montreuil (93),Leduc,Camille Henri.
Albert
Vassart maire communiste de Maisons-Alfort (94)
Extrait du
Journal (1939-1945) de l’avocat Maurice Garçon,Les Belles Lettres/librairie
Arthème Fayard,
16 janvier
1940 page 59
« Je quitte le capitaine Marchat qui est
instructeur au 3e conseil de guerre.C’est dans le civil un bon juge
d'instruction.Je le crois fort honnête et consciencieux.
Il est écœuré de la besogne qu’on lui fait
faire.Comme je lui disais que j'allais acheter un code de justice militaire
pour être en mesure de connaître les textes actuellement en application devant
les tribunaux militaires, il m'a répondu :
-Ce n'est pas la peine, tout se réduit à un
article unique ainsi conçu : « Les magistrats militaires
jouissent d'un arbitraire absolu pour disposer de la liberté et de la vie des
citoyens… »
Il ajouta :
-On n’aurait pas dû,pour cette
besogne-là,recruter les juges dans la magistrature.On les déshonore. »
10 avril 1940 Le capitaine Marchat ,juge d’instruction,officier de
justice militaire de 3 e classe promu au grade de commandant
Mai 1940
Sabotage_ Roger Rambaud,Marcel Rambaud,Raymond Andrieux,Roger Leroux,Léon
Lobeau et Maurice Lobeau (voir les articles de Jacky Tronel)
Occupation allemande
Joanovici ,qui ne connaissait pas
la personne du juge ,l’aurait fait prévenir,d’une
menace d’arrestation par les services allemands.Pour quel motif ? On l’ignore.De même que le moment où le renseignement aurait été rapporté à Marchat.L’hypothèse d’un coup monté par le rusé trafiquant pour s’attirer
les bonnes grâces d’un magistrat n’est pas à exclure.On peut
aussi considérer une histoire arrangée ou
inventée pour justifier l'existence d'une « dette de reconnaissance » de Marchat
vis-à-vis
de son bienfaiteur.Selon le témoignage de madame Marchat ,les deux
hommes auraient été présentés après la Libération par le policier
Lucien Piednoir.
1945
Mars_
Classement de l’affaire Bernard Henri
Lecornu qui avait été arrêté le 23 octobre 1944.Il avait été sous-préfet
de Chateaubriant (44) au moment de l’exécution des 27 otages dont Guy Môquet.
Aout_
Pierre Laval,Joseph Darnand,Max Knippig interrogés par Marchat à la prison de
Fresnes à propos de l’assassinat de Georges Mandel.
1947
31 mars Décret suspendant de
ses fonctions Pierre Marchat ,conseiller à la cour d’appel de Paris.(J-O 5
avril 1947)
12 mai ,le conseil supérieur
de la magistrature prononce la déchéance de Marchat (J-O 15 mai 1947)
20 mai
Marchat arrêté à Hendaye plage où il était en villégiature à l’hôtel
Regina
1948
9 février
Pierre Marchat relaxé par la 5 e chambre correctionnelle de Lyon
III_Sources
Retronews site de presse de la Bibliothèque nationale de France
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Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, Annuaire rétrospectif de la magistrature xixe-xxe siècles,
Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS),
Site internet Mémoire des Hommes
Archives collectives des Forces françaises de l'intérieur Seine
Honneur de la police, police et patrie GR 19 P 75/88
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Voir lettre vue N°73
Blog de Jacky Tronel,
Histoire pénitentiaire et Justice militaire
Des hommes,des prisons et des camps
2 décembre 2012
Le général Héring, un gouverneur militaire obsédé par « l’ennemi intérieur »…
25 avril 2010 |
Ces fusillés de juin 1940 dont on ne parle pas…
22 juin 2010
Les « fusillés et oubliés » de Pessac – Sud-Ouest du 22 juin
16 septembre 2012
Louis Lecoin (1888-1971) pacifiste et antimilitariste
Maurice Garçon de l’Académie française, Journal (1939-1945)
2015,Société d’édition Les Belles Lettres/Librairie Arthème Fayard
ISBN :978-2-213-44536-6
Cinq oblats de la Brosse
Lucien Wisselmann,O.M.I.
Collection Héritage Oblat 12 Postulation générale des O.M.I. Rome,Italie,1998
https://www.omiworld.org/wp-content/uploads/12-Cinq-Oblats-de-la-Brosse-FRA-1.pdf
Annie Lacroix-Riz
La Non Épuration en France de 1943 aux années 1950
Armand Colin 2019
ISBN 978-2-200-62514-6
Bernard Lecornu
Un préfet sous l’occupation Allemande
Chateaubriand,Saint-Nazaire,Tulle
Éditions France-Empire,Paris 1984
ISBN 978-2704 803729
Alphonse Boudard
L’étrange Monsieur Joseph
Robert Laffont,Paris 1998
ISBN 2-221-08489-6
André Goldschmidt
L’affaire Joinovici
Collaborateur ,résistant et… bouc émissaire
Éditions Privat ,Toulouse,2002
ISBN 2-7089-5610-8
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