JEAN PUCHULU
L’ACTIVITÉ du Comité du "Souvenir Français" à Bayonne depuis 40 ans
Extrait du rapport de M.Louis PUCHULU trésorier du Comité du « Souvenir Français »
Mesdames,
Messieurs,
Lors de la dernière Assemblée générale du Comité du Souvenir Français, le trésorier présenta un rapport moral et financier, et il renouvela, en le maintenant cette fois, son désir de se retirer après quarante ans de gérance des fonds du Comité et de participation aux évènements qui auront lieu pendant cette longue période.
Par une pensée fort délicate ,qui toucha profondément l'intéressé ainsi que son entourage familial,le général Détrie, de même que MM. les Présidents Poydenot et Constantin, M.Appeceix et M.de Saint -Pastou manifestèrent le désir de voir imprimer le résultat de l'activité montrée par le Comité pendant près d'un demi-siècle, et rendre hommage à un octogénaire. Les membres présents approuvent cette initiative et M.Poydenot pensa que la Société des Sciences, Lettres et Arts pourrait accueillir une communication relatant des faits locaux et régionaux. L’acceptation de M.Barbe fut immédiate et c'est pourquoi je suis chargé de vous faire la lecture d'un rapport montrant avec ces petites faiblesses, histoires ou nouvelles, la vie du Comité, qui commença à une époque tout semblait et était facile
Le comité du Souvenir Français fut créé à Bayonne en février 1906. Un des promoteurs fut M. Jules Aubert que certains des membres de notre Société connaissent bien. Ils peuvent se souvenir de l'intelligence profonde, de l'emportement aussi _quand on ne partageait pas toutes ses idées _d'un bayonnais qui aurait pu devenir un bon avocat mais qui préféra la vie un peu libre de l'historien et du journaliste, ne pouvant s’astreindre à l'existence ordonnée qui est une des règles de la bourgeoisie
Ce fut donc en 1906 et 1907, pour commémorer les événements qui, environ cent ans plus tôt, eurent pour théâtre notre région ,que le comité du Souvenir Français songea à faire ériger à Saint-Étienne le monument que vous connaissez.
Par un beau jour d’été, le 11 août 1907, eut lieu l'inauguration. Je laisse au trésorier le soin de vous faire connaître les divers événements
Monument de Saint-Etienne
(11 août 1907)
La veille, le samedi 10 août ,dans l'après-midi, une délégation du S.F. accompagnée de M.Schoedelin ,consul d’Angleterre, s’est rendue aux deux cimetières de Saint-Étienne où reposent les officiers anglais ,presque tous de la Garde Royale ,tués pendant le blocus de la ville en 1814.La délégation déposa une belle couronne de fleurs.Le ruban aux couleurs françaises portait l'inscription SOUVENIR FRANÇAIS,COMITE DE BAYONNE.
Quoique simple, cette cérémonie fut émouvante par le souvenir qu'elle évoquait.M. le Consul ,très touché, remercia de sa délicate attention et lui fit savoir qu'il allait en informer son Gouvernement ainsi que le colonel de la Garde Royale.
Le dimanche matin, sur la demande de la jeunesse catholique stéphanoise, une messe solennelle fut célébrée à 8 heures ,en l'église de la paroisse, où se passèrent d'après la tradition, plus d'un épisode émouvant de la fameuse bataille du 14 avril 1814.
Une délégation du Conseil municipal et du Souvenir Français , de nombreux souscripteurs, les paroissiens de Saint-Étienne, assistèrent à cette pieuse cérémonie et prièrent pour les héros obscurs qui moururent en braves et en chrétiens.
Une autre messe fut célébrée à la Cathédrale, à 11h 1/2,pour le repos de l’âme des soldats et marins morts durant le blocus et lors de la sortie du 14 avril 1814.Les autorités civiles, militaires et religieuses, de même qu’une nombreuse assistance répondirent à l’invitation du Comité qui était représenté par la majeure partie de ses membres.
L’après-midi, sur le plateau de Saint-Étienne, au quartier dit de « Madras », une grandiose et touchante cérémonie patriotique eut lieu pour l’inauguration du monument dû au talent de l’éminent sculpteur Froment-Meurice et à l’habile exécuteur de son plan, le maître carrier Perchicot.
Voici la description de cette œuvre :
Sur la façade antérieure de la pyramide est incrustée une mosaïque de verre au fond d'or représentant la citadelle de Bayonne. Au-devant un aigle de bronze, dans une attitude de fierté farouche, en dépit du grand coup de vent qui lui a brisé l'aile gauche (c'est l'invasion), défend le drapeau glorieux enveloppant les armes de la Ville toujours vierge. Au-dessus des armes sont gravés ces mots : »AUX DÉFENSEURS DE LA VILLE. »
Sur la face postérieure de la pyramide une inscription à la mémoire des officiers supérieurs, capitaines, lieutenants, sous-lieutenants, sous-officiers, caporaux et soldats, officiers de marine et marins, des troupes d'infanterie de ligne, d'infanterie légère, morts durant le blocus et particulièrement lors de la sortie 14 avril 1814
A cette inauguration assistaient MM. Legrand et Guichenné, députés, M. Le Barillier, conseiller général, les conseillers d'arrondissement, M.Pouzac, maire de Bayonne, et M.F.R. Domingo, l'un de de ses adjoints ,une délégation du Conseil municipal ,le général Derrecagaix, le général Penaud, M.Xavier Niessen, fondateur du Souvenir Français, venu tout spécialement de Paris, M. Peria, délégué, de nombreux officiers de la garnison, les états-majors des navires de l’État « Couvreline » et « Epieu » ainsi qu'un grand nombre de souscripteurs.
Le monument était entouré à droite par les drapeaux des 49e et 249e régiments d'infanterie de celui du 142e régiment territorial ;à gauche par le drapeau des sapeurs-pompiers et des délégations des Vétérans de Bayonne et des environs.
Un moment avant la remise du monument, la musique du 49 e régiment d’infanterie exécuta les deux morceaux suivants :
a) » Le pas de charge de la Garde consulaire à Marengo »
b) B) » La marche de la Garde à Austerlitz ».
À 5 heures, au moment précis où le drapeau tricolore qui couvrait le monument était enlevé, Mgr Gieure ,évêque de Bayonne, voulant associer l’Église à la fête de ce jour, fit sonner à toute volée les grosses cloches de la Cathédrale pendant trente minutes.
M.Péria, délégué du S.F., prononça une allocution patriotique et remit le monument à la Ville.
La « Marseillaise » fut jouée par la musique du 49e et écoutée debout par tous les spectateurs.
M.Pouzac, maire de la Ville, remercia en termes vibrants le Souvenir Français du don qu’il faisait à la Cité de ce beau monument. »La Favorite », marche des Pupilles de la Garde, fut exécutée par la musique militaire.
M.Xavier Niessen, secrétaire général du Souvenir Français, remercia tout d'abord le Comité d'avoir bien voulu glorifier et perpétuer la mémoire de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la France en édifiant ce monument et prononça un éloquent discours rappelant que l'Association du Souvenir Français avait été reconnu d'utilité publique le 1 février 1906 et le but qu’elle poursuivait.
La musique fit entendre l'air joué le soir d’Iéna par la musique du 4e de ligne, régiment du colonel Harispe.
Le général Derrecagaix prononça e un fort beau discours, relatant les faits du blocus et de la sortie des troupes de la Citadelle ,rendant un éclatant hommage aux héros morts pour la Patrie.
La « Marche du Drapeau des Guides ». fut exécutée
A son tour, le général Penaud, commandant la 36e Division d'infanterie, déléguée par le général commandant en chef le 18e corps d'armée exalta la jeunesse à l'amour de la patrie.
Le « Chant des Girondins » fut exécuté par le cœur du 49e.La musique joua ensuite » Le pas de charge des soldats de la Marine impériale » (1809).
Une ode « Numquam Polluta » de M.J.Seignac, professeur au Lycée de Bayonne, fut dite par M.Juncar..En voici trois strophes, les 1 er,5e et dernière :
Bayonne, la cité trop longtemps oublieuse
De ces généreux fils tombés en combattant,
A leur gloire, en ce jour, tardivement précieuse
Dresse ce monument
Elle ne se rend pas,car elle est immortelle
La Numquam Pollula soutient de toutes parts
Les assauts répétés, résistant impassible
Derrière ses remparts
Ce granit qu’a dressé la piété publique
Redira leurs exploits aux âges à venir
Conservant à jamais de leur mort héroïque
l’Éternel souvenir
La cérémonie se termina par le défilé des troupes de la garnison, des marins venus tout particulièrement à cette occasion, des sapeurs-pompiers et des diverses sections de Vétérans de Bayonne et environs.
Le soir , à 9h 1/2 ,une réception à laquelle étaient invitées toutes les autorités civiles et militaires ayant assisté à l'inauguration ainsi que les membres du Comité du S.F eut lieu à l'Hôtel de Ville.
Le montant de la souscription s'éleva à la somme de 13.129 francs.Le coût total du monument fut de 14.640 francs.La ville de Bayonne versa les 1.511 francs qui manquaient.
Le bronze provenant de canons hors d'usage fut mis gracieusement par le ministre de la Guerre à la disposition de M.Froment-Meurice afin qu'il pût exécuter son œuvre associant ainsi l'armée à cette œuvre patriotique.
La maquette de l'Aigle se trouve dans le Hall de l'hôtel de police, rue Jacques Laffitte.
Plaque commémorative à Saint-Boès
(Bataille d’Orthez)
Après les cérémonies de Bayonne ,le Comité songea à ériger un autre monument. Ce projet ne sera exécuté qu'un peu plus tard, ainsi que nous le verrons plus loin, mais entre-temps, il s'associa aux fêtes qui furent célébrées le 19 avril 1914, à Saint-Boès, à l'occasion du centenaire de la bataille d’Orthez en faisant apposer une plaque sur la façade de la mairie de cette commune.
Le général de Lestapis, président du Comité d'Orthez, prononça une vibrante allocution. La plaque porte l'inscription suivante:
HONNEUR-PATRIE
A la mémoire du Général de Brigade Béchard,
des Officiers, Sous-Officiers et soldats
de l'armée du Maréchal Soult , tués à la défense de St-Boès,
Bataille d’Orthez, le 27 février 1814
A NOUS LE SOUVENIR-A EUX L’IMMORTALITÉ
La tourmente 1914-1918 passa
Plaque commémorative au rempart Lachepaillet
Le 19 septembre 1924, une plaque commémorative du siège de Bayonne en 1523 fut apposé au rempart Lachepaillet , près de l'entrée de la Porte d'Espagne.
Cette plaque surmontée des Armes de Bayonne en bronze platiné, soutenue par deux grecques, encadrées de deux chutes de laurier également en bronze, porte cette inscription :
16 20 septembre 1523
Sur l'ordre de Charles-Quint , les impériaux commandés par le Connétable de Castille et le Prince d'Orange viennent assiéger Bayonne. François 1er avait confié au Maréchal de LAUTREC la garde de cette clef de la France. Sur la demande de ce grand homme de guerre, les habitants ,hommes, femmes, enfants pourvurent à la défense de la ville, unissant leurs efforts à ceux des Gascons qui composaient la faible garnison ,les bayonnais repoussent les attaques des Impériaux. Le siège fut levé, l’ennemi refoulé.
Cette cérémonie eut lieu à 11h00.M.le Président Soulange-Bodin entouré des membres du Conseil d'Administration du Comité reçoit M.Castagnet, maire de Bayonne et son adjoint M.André Frois, une délégation du Conseil Municipal et remet au Premier Magistrat de la Cité la plaque précitée et depuis le mois d'Octobre 1924 la route partant de la rue d'Espagne et se dirigeant vers Anglet porte le nom d'Avenue du maréchal de Lautrec
Plaque commémorative à la rue Guillamin,18
En 1925 une plaque a été apposée sur la maison de la rue Guilhamin N.18 où naquit le Lieutenant-Colonel CASSAIGNE, premier aide de camp du Maréchal Pélissier et qui fut tué à Malakoff,le 8 septembre 1855.
Plaque commémorative à l’église de Garris
Le 24 avril 1927, le Souvenir Français ne pouvant ignorer le Pays Basque ,a fait ce jour un geste dont l’Eskual Herria lui sera reconnaissant. Fidèle à la grande pensée dont il est né, le Souvenir Français à glorifié, par une plaque apposée sous le porche de l'église de GARRIS la mémoire des soldats tombés au combat du 18 février 1814.
Le choix fait de ce riant village qui domine les confins de la Basse-Navarre et de la Soule, pour servir de cadre à cette pieuse manifestation, a été droit au cœur de ceux qu’attirent et la terre et les morts. Avec le souvenir du Général Harispe, illustre chef des Chasseurs Basques de 1793, des pensées toutes de pieuse adoration et de fervente admiration ont inspiré tous ceux qui, venus de Bayonne et de tous les coins du Pays Basque, se sont groupés au pied de l'héroïque redoute de Garris.
La jolie église, dont le temps n'a pu effacer les antiques beautés, connut la foule qui, jadis, aux jours de fêtes, accourait dans la capitale de la sous-délégation de Navarre.
Avant la messe Monsieur le curé souhaita une cordiale bienvenue à tous les assistants. Après l’Évangile, M. l’Abbé J.-B Silhouette, missionnaire diocésain ,exalta l'idée de sacrifice, fondement de toute vaillance et rachat de toute défaillance. Il remercia tous ceux qui, reconnaissants au sacrifice, se dressent sans cesse contre la prescription de l'oubli.
Après la Messe, Bénédiction de la plaque offerte par le Souvenir Français ,qui a fait graver l'inscription suivante :
HONNEUR-PATRIE
A la mémoire des Officiers, Sous-Officiers et soldats,
de la division HARISPE
tombés héroïquement au combat de GARRIS
le 18 février 1814
A NOUS LE SOUVENIR-A EUX L’IMMORTALITÉ
M. le Président Soulange-Bodin dit tout d'abord que le Souvenir Français ne pouvait ignorer le Pays Basque , ce pays frontière où se livrèrent tant de combats isolés, tant de batailles rangées, et remettant cette plaque à M. le Maire de GARRIS , il lui dit : »En confiant la garde de ce souvenir en patriotisme de la noble population de Garris et du digne Conseil Municipal dont vous êtes le chef distingué, vous me permettrez, Messieurs, un dernier mot : Pouvons-nous oublier les événements ? Il faut que dans chaque foyer endeuillé brûle la lampe du souvenir fidèle, il faut que dans les réunions les citoyens rendent un hommage ému à ceux qui ont donné leur vie pour la Patrie. Élevons donc nos âmes vers le séjour céleste où nos frères ,nos amis, sont admis aux éternelles récompenses et que pour eux soit, dans un sentiment d'union sacrée ,la noble devise du Souvenir F : »A NOUS LE SOUVENIR-A EUX L’IMMORTALITÉ . »
Qu’il nous soit permis d'interrompre le cours de la narration de la cérémonie de Garris, pour nous incliner devant les paroles de M.Soulange-Bodin, en nous souvenant tout particulièrement qu'un de ses fils, que sa belle-fille, victimes de la barbarie allemande, ont droit au souvenir, puisque c'est pour cette dévouée pour la France qu'ils ne sont plus .
En rappelant les temps troublés ou la terre basque connue en 1814 les horreurs de la guerre, le député basque exalte le courage de ces éclaireurs basques jaillis de ce sol fécond à la seule vue de l’ennemi. Il évoque en une émouvante envolée la figure toute de bonté et de vaillance du vieux maréchal Harispe, il lance un appel vibrant vers la tombe d'Harispe, blottie à Lacarre,au cœur de cette terre qu’il a tant aimée ,et pour clore cette émouvante cérémonie M. le maire de Garris remercie le Souvenir Français dans les termes suivants :
« C'est un beau jour pour Garris et surtout pour les soldats basques qui ont sacrifié leur vie pour la Patrie. Ce beau jour nous vous le devons, votre œuvre est belle, nous vous en félicitons. En mon nom personnel, au nom de la commune de Garris et au nom des soldats basques tombés au champ d’honneur, tout près, là-haut, Messieurs, à tous je dis :Merci ! »
Une réunion toute de charme et de qualité, réunit ensuite tous ceux qui se rendirent à Garris et ne purent que louer l'hôtellerie de M.Mathieu.
Dans l'après-midi, le Souvenir Français, devenu pour un jour le Souvenir Basque, avait organisé à l'ombre des chênes séculaires de Garris une fête à laquelle participèrent tous les villages aux voisin. Une superbe partie de « limpio » opposant Fernand Forgues et Etchandy à Heugas et de Souhy, plus un d’Irrintzina, réveillèrent les échos du vallon héroïque. Des « betzulari » improvisèrent des couplets dans le rythme traditionnel tour à tour et héroïque et satirique sur la bataille de Garris.
Monument de Mouguerre
Poursuivant sa pensée, ainsi qu'il a été dit, le Souvenir Français avait pris ses dispositions pour que le plateau de Mouguerre devint autel du Souvenir ; tout était prêt en cet été de 1914 ; les événements arrêtèrent l'élan et la conclusion de l'œuvre. Ce fut seulement en 1936 qu’officiellement le monument de Mouguerre put être remis à la Municipalité et voici les détails de la cérémonie ainsi que des phases qui précédèrent l’érection.
Par un splendide après-midi s'est déroulé le lundi de la Pentecôte 1 juin 1936, à 16h00, sur le plateau de Mouguerre, la cérémonie organisée par la Municipalité le Souvenir Français, pour la remise du Monument commémoratif des batailles qui ont eu lieu en 1813/14.
C’est en pleine guerre mondiale ,en 1917 /18 que le monument a été érigé sur les plans de notre collègue M.André Darricau, architecte
Tout commandait en même temps que ce souvenir fut dressé sur cet éperon de la commune, sur cette colline inspirée de la croix de Mouguerre, si âprement disputée le 13 décembre 1813 et qui porte encore avec ses retranchements subsistants, la trace de la bataille de Saint Pierre
Seules, des circonstances qu'il est facile d'évoquer empêchèrent de procéder à la remise du monument à la commune.
Vint l'heure de la paix et avec elle tous les problèmes urgents qu'elle posait, quand se produisit le 3 février 1936 le fait suivant : Au cours d'un violent orage ,la foudre vint frapper le monument, lui causant de graves détériorations. Heureusement que la Municipalité, sur la demande de son Maire,M. Alfred Celhay, avait assuré dès son achèvement la pyramide contre la foudre, à la Cie la Providence qui remboursa la somme fixée par les experts, ce qui permit à M. André Darricau de panser et cicatriser les blessures, de repeindre toutes les lettres de l'inscription gravée sur une des faces du Monument rappelant le sacrifice des enfants de France tombés sur ce plateau en 1813-1814 pour la défense du sol national.
Donc en ce jour du 1 juin 1936, les oriflammes tricolores flottent au vent et les gardes mobiles font la haie lorsque les personnages officiels arrivent et prennent place dans l'enceinte réservée. Sont présents, le Général Détrie, Président du Comité ;le Général Hug, commandant la 36e division, Monseigneur Houbaut, Evêque de Bayonne ; Mgr Lasserre vicaire général ;M. le Colonel Soulé ;le Médecin Colonel Ferron ;MM. Hirigoyen, Président de l'association des Maires de la Côte Basque ; Celhay, maire de Mouguerre ;Batsale maire de Saint-Pierre d’Irube ;les membres du Comité du S.F. et un nombreux public. M.Daguerre, Sous-Préfet, s’était excusé.
Le Général Détrie prononça un éloquent discours : il parla du sacrifice que firent les Généraux, Officiers, Sous-Officiers et Soldats, Gardes Nationaux et habitants tombés au cours des combats livrés pour la défense du sol national par l'armée du Lieutenant -Général de l’ Empereur ,le Maréchal Soult, depuis le passage de la Bidassoa le 7 octobre 1813 par l'armée anglo-hispano-portugaise aux ordres du Maréchal Wellington, jusqu’aux journées de Février 1814.Envisageant l’ensemble de ses opérations le Maréchal Soult pouvait se rendre cette justice qu’il avait fait ce qu’il avait à faire de mieux en traînant la guerre en longueur et ajouter : »La supériorité en nombre des ennemis est telle que je ne puis faire autrement sans m’exposer à perdre l’Armée. »
M.le Général Détrie termine ainsi son vibrant discours : » Monsieur le Maire de Mouguerre, au nom du Comité du Souvenir Français, j’ai l’honneur de vous remettre ce monument, confiant que votre belle population à votre exemple en assurera la veillée sans fin. »
M.Celhay, maire de Mouguerre, adresse d’abord une cordiale bienvenue au nom de son Conseil Municipal et de la population tout entière unis dans un même sentiment de patriotisme, à tous les assistants et les remercie d'avoir bien voulu honorer de leur présence cette pieuse cérémonie. Il ajoute, »Et maintenant, ce monument que vous voulez bien, Monsieur le Président ,confier à sa sollicitude, la commune de Mouguerre l'accepte avec un empressement partagé par tous ses habitants ,fiers de l'honneur très apprécié qui leur est fait. En leur nom à tous je vous remercie . »
Monseigneur Houbaut bénit le monument. Aussitôt les chœurs des enfants de Mouguerre entonnent des cantates tandis que des centaines de pigeons étaient lâchés .Ce spectacle était complété par un avion qui tournoyant dans le ciel vint jeter une gerbe sur le plateau de Mouguerre.Les Ailes Françaises se sont aussi unies au Souvenir Français pour commémorer le sacrifice des héros de 18113-1814.
Une somme de 15.200 francs recueillis par souscription publique couvrit tous les frais du monument dont les bornes et les chaînes qui entourent la pyramide ont été payées 20 francs 75 à l'Administration des Domaines en 1918.
Nous voilà sous l'occupation. La récupération des métaux sévit. L’Aigle du Monument de Saint Etienne avait subi le sort des statuts de Léon Bonnat et de M.Lormand tous deux bienfaiteurs de Bayonne .La Sous-Préfecture , la Mairie et la Direction Générale du Souvenir français entreprirent des démarches pour que le lambeau de notre épopée, cet aigle qui la symbolise ,soit ravi à la fonte et remis sur son socle. Le résultat de ces démarches fut favorablement accueillie et la Maison Lebas fut chargée de la remise en état de l'aigle qui avait eu les deux ailes détachées du corps et de sa mise en place.
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Pour commémorer le séjour de l’Empereur Napoléon 1er au château de Marrac, car jusqu’ici rien ne rappelle le passage de cet hôte illustre dans cette demeure, le Comité du Souvenir Français a songé à faire apposer une plaque sur le mur de soutènement qui borde la route. Ainsi, après l’accord du propriétaire, M.Auguste Fourcade, le texte à graver serait celui-ci :
CHATEAU DE MARRAC
Résidence de l'EMPEREUR
18 avril 21 juillet 1808 (1)
Ce souvenir complétera celui évoqué par la plaque apposée sur le Palais de la Division.
Si le Comité du Souvenir français a toujours eu en vue de rappeler par le bronze et le marbre les traits d’héroïsme des armées françaises, il a associé l’Église Catholique Romaine , la Religion Israélite et la Religion Réformée au même souvenir, leur demandant de prier pour leurs enfants, et c'est pourquoi depuis le 11 août 1907,avec reprise du 10 juin 1910 et surtout depuis 1922 à une date fixe, le dernier dimanche de décembre, notre Cathédrale voit se dérouler les rites de la Messe toujours suivie par une assistance nombreuse.
En 1945,le 30 décembre, le souvenir des Soldats et Marins morts pour la Patrie se doubla d’une pensée pour commémorer le centenaire de Sidi Brahim et les Bayonnais purent entendre la fanfare du 1 er Bataillon des Chasseurs à pied.
Les cérémonies au Temple Protestant ont lieu le même dimanche de décembre, les circonstances n’ont pas encore permis s au Temple Israélite d’ouvrir ses portes.
Vous voudrez bien excuser ce long exposé, simplement indiqué. L’œuvre du Souvenir Français est vivante sans fausse modestie. Je puis indiquer le nombre de ses membres qui était au 31 décembre 1945 de 1.242. (Donateurs, bienfaiteurs, et Titulaires).Elle mérite, je crois les sympathies de tous.(2)
Jean PUCHULU
(1) Cette plaque a été posée le 31 août 1946
(2) Une grande partie de cette communication a été extraite d’un rapport de M.Louis Puchulu, trésorier du Comité du Souvenir Français et père de M.Jean Puchulu, trésorier de notre Société.
Brochure
1947
IMPRIMERIE DU COURRIER
BAYONNE
Compléments du blog
Mort de M.Jules Aubert doyen de la presse régionale
Nous apprenons avec une profonde peine, la mort de notre excellent confrère et ami Jules Aubert, survenue hier aux suites d’un accident dont son grand âge n’avait pu avoir raison.
Notre confrère était âgé de 85 ans. Après avoir passé sa licence en droit, et durant plus de 60 ans, M.Jules Aubert a consacré sa vie au service de la presse. Correspondant de « Figaro »,et rédacteur au « Courrier »,ses chroniques émaillées de notes historiques qui attestaient son érudition, firent le régal de plusieurs générations.
C’était en outre, un causeur très spirituel dont les ressources semblaient inépuisables.
Catholique fervent et non moins royaliste, il ne dédaignait pas la compagnie de ses adversaires politiques. Nul doute que certains de ces derniers ne lui conservent toute l’affection au-delà de la tombe.
Dans sa jeunesse et il se plaisait à le rappeler souvent au cours de correspondances intimes Jules Aubert avait été admis à partager les jeux du jeune prince impérial, fils de Napoléon III, alors que l’auguste famille séjournait au Palais de Biarritz.
Il tirait quelque vanité de ce souvenir qui était demeuré très vif en sa mémoire.
L’histoire locale à laquelle il s’est particulièrement attaché, lui doit des notes et des rapports ignorés de beaucoup de nos concitoyens avant leur divulgation par l’auteur. A ce titre, comme à bien d’autres, Jules Aubert a droit à l’hommage qu’avec une émotion sincère nous rendons à son talent d’écrivain et à son patriotisme de bon Français.
Source:La Gazette de Biarritz et du Pays basque
Retronews
22 10 1940
Cimetières de la ville de Bayonne
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Bayonne
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1852-1863
Acte de naissance de Jean Marie Louis Jules Aubert
Acte N°16 Vue 185/897