10 avril 2025

Recherches généalogiques sur Yvonne Kranczer et sa famille

 

Recherches généalogiques sur  Yvonne Kranczer et sa famille 

Paris-Salies-de-Béarn-Paris

Alors que je recherchais une cote dans le fonds des affaires militaires de la commune de Salies-de-Béarn, j’ai remarqué dans l’inventaire en ligne, un dossier intitulé  : Personnes de confession juive en résidence à Salies, cote  E Dépôt Salies-de-Béarn 4 H 12.Je dois reconnaître mon étonnement de prime abord. Pourquoi ranger ce type d’archives dans les Affaires militaires et non en série I Police Hygiène publique Justice. ? Le cadre national de classement des archives communales postérieures à 1790 fixe que la sous série 4 H s’applique aux Mesures d’exceptions et faits de guerre
Le dossier E Dépôt Salies-de-Béarn 4 H 12 est librement consultable en salle de lecture des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques à Pau. La quasi-totalité des documents conservés couvre la période 1941-1942.Le cas d’une petite fille, Yvonne Kranczer retient l’attention. Ses parents ont été récemment arrêtés par les gendarmes. Ensuite, son frère et de sa sœur, tous deux mineurs, ont été dirigés vers Bayonne. Yvonne qui va sur huit ans s’est retrouvée seule le 26 octobre 1942… 
 
Après cette date , que sont devenus les cinq membres de la famille Kranczer ?  Tenter de retracer les parcours de deux adultes et de trois enfants exigerait beaucoup de temps à fouiller  dans des fonds plus ou moins lacunaires,dans des établissements d’archives éloignés de  Pau et Bayonne.Par contre,une approche généalogique  apporte quelques éléments de réponse.

 

Composition de la famille Kranczer à Salies-de-Béarn

 En application d’une ordonnance allemande relayée par le sous-préfet de Bayonne (circulaire N°325 du 4 mars 1912) une liste des juifs résidant à Salies-de-Béarn a été établie. Sur l’état du 11 mars 1942  figurent :

Kranczer Adolphe né le 9 11 1904 Satu Mare Roumanie commerçant, marié 3 enfants ;14,13,8 ans

Kranczer née Klein Thérézia  le 20 06 1900 Satu Mare Roumanie, sans profession, mariée 1 enfant 8 ans

Kranczer Bernard né le 30 01 1928 Paris 14°.

Kranczer Elize née le 11 2 1929 Paris 14

Kranczer Yvonne née le 22 12 1934 Paris 20°

Doit-on comprendre que  Bernard et Elize seraient les enfants d’un premier lit et Yvonne d’une seconde union ? Les actes de naissance des enfants nés  après 1924  ne sont pas  numérisés  sur le site internet des Archives de Paris. Les actes   à demander  auprès des mairies d’arrondissement devraient apporter des éclaircissements .. En revanche la table décennale des naissances  pour la période 1923-1932  est en ligne :

  • Bernard né le 30 01 1928 à Paris 14°  est inscrit sous le patronyme de KRANZER .C’est  sous ce nom qu’il est repris  dans le  fichier des décès INSEE (26  01 2015 Pontoise .Val d’Oise) .

  • Elise Kranczer ne parait pas .

 

 

 

Le registre d’arrivée d’étrangers dans la commune de Salies

E Dépôt Salies-de-Béarn 2 i Article 12

 Avant , pendant et après la guerre, les arrivées et les départs des étrangers étaient consignés sur des registres distincts. La commune de Salies-de-Béarn était  connue des étrangers, et notamment par des ressortissants  d’Europe de l’est.

A la date d’arrivée du 21 août 1941 sont enregistrés :

  • Une Allemande, Miloslawski Régina
  • Un couple de roumains, les Kranczer.

Les trois adultes ont donné pour adresse Villa Le Rêve

Sont également reportées les références des titres de séjour délivrés à Paris .

 

Le 26 octobre 1942,

Le Maire de Salies-de-Béarn

à Monsieur le Sous-Préfet

4 eme bureau

BAYONNE

Très urgent.

Monsieur le Sous-Préfet,

J'ai l'honneur de vous exposer ce qui suit : M. et Mme KRANCZER, sujets roumains, Israélites ont été arrêtés par la Gendarmerie il y a quelques jours et dirigées sur Bayonne, laissant à leur domicile leurs trois enfants âgés de 14 ans 1/2, 13 ans et 7 ans 1/2.

Les deux aînés ont été également dirigés sur Bayonne le 23 octobre dernier. Il ne reste donc plus que la jeune Yvonne, KRANCZER âgée de 7 ans ½  (…)

Comme le témoigne le certificat de Mr. le docteur Dufourcq, en date du 26 octobre 1942, cet enfant a besoin, étant donné son état, de pansements quotidiens et doit être dirigée de toute urgence, sur un hôpital où les soins nécessaires peuvent être donnés à cet enfant.

 Je vous serais très obligé de pouvoir me faire connaître votre décision par retour de courrier..

LE MAIRE

Pièce jointe : certificat médical -non publié sur le blog_

 

Bayonne le 26 octobre 1942,

Robert Pinède délégué pour les Basses-Pyrénées -Zone Occupée de

L’Union Générale des Israélites de France,

à Monsieur Le Maire de Salies-de-Béarn

Les services de la Sous-Préfecture m’ont fait connaître qu'à la suite de l'internement de leurs parents, trois enfants israélites étaient en détresse à Salies.

J'apprends ce matin que deux d'entre eux ont été eux-mêmes internés et que vous aviez bien voulu vous occuper vous-même du cas du troisième resté à Salies malade.

Ne pouvant me déplacer jusqu'à Salies de Béarn , je vous serais extrêmement obligé, Monsieur le Maire, de bien vouloir vous servir de faire recueillir cet enfant par une famille Salisienne et veiller sur lui.

L’'Union Générale des Israélites de France est à votre disposition pour payer pour cet enfant une pension aux personnes qui vous voudront bien le prendre en charge.

Je vous demanderai de bien vouloir m'indiquer les nom, prénoms, état civil de cet enfant afin que nous puissions le coucher sur notre fichier d'enfant isolé.

Je serais très heureux qu'à votre prochain passage à Bayonne, vous vouliez bien m'honorer d'une visite précédée si possible d'un coup de téléphone, afin que je sois à mon bureau pour vous recevoir_ bureau 9 boulevard Alsace-Lorraine, téléphone 517.06.

Dans l’entre temps, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de mes sentiments distingués.

 

Ce que l’on sait et ne sait pas

Adolphe Kranczer  est  sur la liste des 9000 déportés au camp de concentration Nordhausen-Dora.

https://lacoupole-france.com/centre-de-ressources-et-de-recherches/le-livre-des-9000-deportes-de-france-a-mittelbau-dora/

Les investigations en ligne ne permettent pas de connaître les parcours de madame Kranczer  et des trois enfants.

 

 Paris 4 septembre 1945,

Une requête sur le site de généalogie  FILAE (payant) signale trois sources reliées à Yvonne :

Le quatre septembre mil neuf cent quarante-cinq ,vingt-deux heures trente minutes, est décédée rue Franklin 15,Yvonne KRANCZER ,née à Paris (20e) le vingt deux décembre mille cent trente-quatre, fille de Adolphe KRANCZER, commerçant, et de Théréze KLEIN, époux domiciliés à Paris rue d’Enghien 2.Dressé le 6 septembre  mil neuf cent quarante-cinq quatorze heures, sur la déclaration de Hélène CARPE, veuve WOLFF, soixante un ans, sans profession, domiciliée rue Notre Dame de Nazareth 11,qui lecture faite a signé avec nous, Alix Maxime GUEREAU adjoint au Maire du seizième arrondissement de Pais etc.

Source : AD 75 1945 , Décès , 16 16D 174 Acte N°1981 Vue 30/30

Une copie de l’acte a été reportée le 15 octobre 1945 sur le registre des décès de la  mairie du 10 e
arrondissement de Paris. La transcription indique qu’Yvonne est née à Paris 20e le 22 décembre 1834
Source:AD 75 1945 , Décès , 10 10D 479 Acte N°2629 Vue 28/31

Elle a été inhumée le 7 septembre 1945 au cimetière parisien de Thiais près de Rungis-Orly

Source:AD 75Répertoires annuels d'inhumation 1943 1945 THI_RA19431945_01 N° d’ordre 2883 vue 28/31

Le décès d’Yvonne survenu le mardi soir 4 septembre a été déclaré le jeudi 6 à 14 heures.

Sous réserve de vérification, la déclarante Hélène Carpe veuve Wolff semble appartenir à la communauté juive. Est-elle intervenue dans le cadre d’une œuvre de bienfaisance ?

Enfin, l’acte de décès dévoile deux renseignements importants :

Les parents sont vivants et sont domiciliés 2 rue d’Enghien à Paris 10e

 

 

Le recensement de 1946

Paris 10 e arrondissement

 

Parmi les habitants domiciliés au 2 rue d’Enghein on relève :

Kranczer Adolphe chef 1904 roumaine fabriquant lingerie

Kranczer Thérèse épouse 1910 roumaine fabt lingerie

Bernard fils 1928 étudiant

Elise fille 1929 _illisible_

Szabro Rosalia bonne 1927 hongroise

Source :AD 75 1946 , 10 , Porte Saint-Denis D2M8 872 N°5157 Vue 114/238 Page droite

 

 Journal Officiel de la République Française

N°247  dimanche 19 octobre 1947

Naturalisations et réintégrations

Décret du 15 octobre 1947 portant naturalisation, réintégration, statut métropolitain et libération des liens l’allégeance _page 10353

KRANCZER Adolphe fabricant de lingerie  né le 9 novembre 1904 à Satu Mare (Roumanie) et Klein (Thérèse) sa femme, née le 20 juin 1900 à Satu Mare (Roumanie) demeurant à Paris.

Page 10369

 

FamilySearch

Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (Mormons)

 

Adolphe Kranczer

https://www.familysearch.org/fr/search/record/results?count=20&q.givenName=Adolphe&q.surname=kranczer

Plusieurs fiches d’immigration SAO PAULO (Brésil).

La fiche datée de 1969 mentionne qu’il est divorcé.


Il est décédé le 3 janvier 1978 et repose au cimetière juif Baron de Hirsch à Montréal (Quebec Canada)

 

Les recherches sont à poursuivre à Paris.Les généalogistes,pourront s'ils le souhaitent,partager les compléments de réponse étayés sur des sources d'archives vérifiables.Je suis joignable à l'adresse de messagerie suivante::philippe point durut arobase gmail point com


Recensement des juifs 1941-1942

Circulaires de la sous-préfecture de Bayonne

 aux maires des communes occupées 

du département des Basses-Pyrénées

1941-1942

E dépôt Salies-de-Béarn 4 H 12

 La sous-préfecture de Bayonne n’a pas versé aux archives départementales des Pyrénées-Atlantiques ses fonds de la Seconde Guerre mondiale. Du moins les documents sensibles liés aux répressions et persécutions. Les personnels d’encadrement et d’exécution des AD 64 ignorent le motif de ce trou mémoire. Tout n’est peut-être pas irrémédiablement perdu. En effet, on peut parfois découvrir dans des archives communales, des pièces en relation avec la sous-préfecture de Bayonne sous l’occupation nazie et le régime du maréchal Pétain. Ainsi la commune de Salies-de-Béarn a conservé des circulaires de la sous-préfecture de Bayonne relatives aux recensements des juifs. Les originaux sont consultables en salle de lecture des AD 64 à Pau .

 

Circulaire N°240

Bayonne, le 28 juillet 1941

ÉTAT FRANÇAIS

SOUS-PRÉFECTURE DE BAYONNE

Zone occupée des Basses-Pyrénées

 LE PRÉFET Faisant fonctions

A Messieurs les maires des Communes occupées du département des Basses-Pyrénées

A Messieurs les Commissaires de Police

 

J'ai l'honneur de vous adresser sous ce pli, un modèle de la déclaration à fournir en double exemplaire, par les juifs qui se présenteront à vous pour se conformer aux indications contenues dans l’avis que j’ai fait insérer dans la Presse..

Cette déclaration doit être faite par le mari pour la femme et par le représentant légal pour le mineur ou l'interdit.

Je vous prie de vouloir bien grouper les déclarations qui vous seront remises en veillant à ce qu'elles soient bien établies dans les formes indiquées, et me les faire parvenir sans retard.

Pour vous permettre de répondre à des questions qui pourraient vous être posées, je vous rappelle qu'aux termes de la loi du 2 juin 1941, est regardé comme juif :

1° Celui  ou celle appartenant ou non à une confession quelconque, qui est issu d'au moins trois grands-parents de race juive, ou de deux seulement si son conjoint est lui-même issu de deux grands-parents de race juive.

 Est regardé comme étant de race juive, le grand-parent ayant appartenu à la religion juive,

2° Celui ou celle qui appartient à la religion juive ou y appartenait le 25 juin 1940 et qui est issu de deux grands-parents de race juive.

La non-appartenance à la religion juive est établie par la preuve de l'adhésion à l'une des autres confessions reconnues par l'État avant la loi du 9 décembre 1905.

Le désaveu ou l'annulation de la reconnaissance d'un enfant considéré comme juif sont sans effet au regard des dispositions qui précèdent.

Le Préfet f.fons

    

Circulaire N°272

Bayonne, le 23 septembre 1941

ÉTAT FRANÇAIS

SOUS-PRÉFECTURE DE BAYONNE

4ème Bureau

 LE PRÉFET Faisant fonctions

A Messieurs les Commissaires de Police de Bayonne, Biarritz, St-Jean-de-Luz

A Messieurs les Maires des communes occupées du département des Basses-Pyrénées

 Les Autorités occupantes viennent de prescrire un nouveau recensement des Juifs pour permettre d'en établir une liste contenant divers renseignements qui n'avaient pas été recueillis lors du précédent recensement.

Par la voie de la presse j’invite les intéressés à se présenter dans les commissariats de police ou dans les mairies à l'effet de produire de nouvelles déclarations.

 Vous voudrez bien recevoir ces déclarations et me faire parvenir pour le 1er octobre dernier délai un état récapitulatif conforme au modèle ci- annexé (en double exemplaire).

Si parmi les déclarants certains ont déjà été recensés dans une autre commune ou dans un autre département lors du recensement de 1940, vous aurez à le mentionner dans la colonne « Observations ».

S'il n'existe pas de juifs dans votre commune, un état portant la mention « Néant » devra m'être adressé.

Au cas où des décès se seraient produits depuis le dernier recensement des juifs, vous aurez à m'indiquer sur un état spécial les noms des décédés et la date de leur décès.

J'insiste tout particulièrement auprès de vous pour que les indications demandées soient données avec une scrupuleuse exactitude.

Je vous rappelle que : est regardé comme juif :

1° Celui ou celle appartenant  (..)

Le Préfet f.fons

 

Zone occupée des Basses-Pyrénées

4eme

Bayonne, le 8 octobre 1941

Le Préfet faisant fonctions

 

A Messieurs les Commissaires de Police de Bayonne, Biarritz et St-Jean-de-Luz

A Messieurs les Capitaines de Gendarmerie de Bayonne et d’Orthez

A Messieurs les Maires de Guéthary- Boucau- Bidart-Sault-de-Navailles-Larressore-Came-Salies de Béarn- Iholdy- Itxassou- Cambo-les-Bains-Hendaye-Arcangues-Louhossoa-St-Jean-Pied-de-Port-Ustaritz-Orthez

La Feldkommandantur de Biarritz me demande de lui présenter un rapport constatant :

1°) que tous les juifs sont actuellement en possession d’une carte d’identité ;

2° que toutes les cartes d’identité ont reçu le cachet prescrit.

Pour me permettre de me conformer à ces instructions, je vous prie de vouloir bien me rendre compte de toute urgence, et au plus tard pour le 15 octobre ,de l’application de ces mesures en ce qui vous concerne.

P.le Préfet f.fons. empêché

Le Secrétaire en chef délégué.

 

 

Circulaire N°325

Bayonne, le 4 mars 1942

ÉTAT FRANÇAIS

SOUS-PRÉFECTURE DE BAYONNE

4ème Bureau

 Le Sous-Préfet de Bayonne

A Messieurs les Maires des Communes occupées du département des Basses-Pyrénées

Et les Commissaires de Police de Bayonne, Biarritz et St-Jean-de-Luz

Pour information à Messieurs les Maires de Bayonne, Biarritz et St-Jean-de-Luz

Pour contrôler l'exécution de l'ordonnance du 7 février 1942, les autorités allemandes me demandent de leur fournir la liste des Juifs résidant actuellement dans la zone occupée des basses Pyrénées.

En conséquence, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien, en ce qui vous concerne, procéder de toute urgence à l'établissement de cette liste, qui devra grouper par famille les Israélites résidant dans votre commune et mentionner les lieux, états de naissance, profession, nationalité, sexe, domicile exact, indiquer la situation de famille, le nombre et l'âge des enfants et signaler en outre si les intéressés ont été baptisés ou ont changé de religion.

Cette liste devra être dressée avec le plus grand soin, Elle servira aux vérifications effectuées par les services de police français et allemands.

 J'appelle votre attention sur le fait que votre responsabilité serait engagée pour le cas où il serait constaté des omissions ou des inexactitudes.

 Vous voudrez bien me l'adresser pour le 12 mars dernier délai.

Si aucun Israélite ne réside dans votre commune, un état néant devra être fourni.

Le Sous-Préfet

 

Complément du blog :

L’ordonnance allemande du 7 février 1942 interdisait aux Juifs de sortir de chez eux entre 20 heures et 6 heures.

 

04 avril 2025

Surveillance d'une alsacienne

Pau,le 10 août 1917

MINISTÈRE DE L INTÉRIEUR
Direction de la Sûreté Générale
COMMISSARIAT SPÉCIAL
des Chemins de Fer
de  Pau

Le commissaire spécial de Pau

à Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées

La demoiselle Schmit, Marie, qui fait l'objet de la note ci-jointe de  Mr. le Général Commandant la 18ème région, habite actuellement rue Pasteur à Pau, à proximité du temple protestant. Elle vit maritalement à cette adresse avec le nommé Meyer Lucien Albert, 20 ans, et d'origine alsacienne, né à Delme (Lorraine), le 25 mars 1897, employé depuis plus de deux ans chez Mr. Michelet, épicier aux « Produits Potin », rue de la préfecture à Pau.

Cette demoiselle qui était placée depuis un an comme femme de chambre chez Mme Muller, rentière, 60 boulevard d'Alsace-Lorraine, villa Euterpe, est également d'origine alsacienne. Elle est née en effet à Winkel  le 16 avril 1894, de Alfred, 54 ans, et de Marguerite Lorenz, 69 ans, nés et domiciliés  encore dans la même localité..

 Schmitt-Marie se trouve en France depuis 1913. Elle a séjourné tout d'abord à Nancy où elle souscrivait à la date du 4 novembre de la même année, une déclaration d'étranger sous le numéro 35380. Mlle Schmitt est arrivée à Pau, peu de jours après la déclaration de guerre avec Mme Klopp ,sa patronne, actuellement à Paris.

Un permis de séjour lui ayant été délivré à cette époque, elle rentrait, peu de temps après son arrivée au service de M. Tranchau, ancien trésorier-payeur général, aujourd'hui décédé à Pau, puis au service de Mme Müller ,comme femme de chambre. Mlle Schmitt a reçu à la date de 8 février 1917 un récépissé de cartes d'identité.

 A la suite de la surveillance discrète dont elle a été l'objet, il est exact que cette demoiselle a non pas deux fils, mais deux frères dans l'armée allemande. Ce sont Alfred, 25 ans, et René, 20 ans. De plus, l'aîné Eugène, 27 ans, serait employé dans une usine de guerre allemande, tandis que le plus jeune, Aimé, 17 ans, serait sur le point d'être mobilisé lui aussi.

Mlle Schmit a aussi trois sœurs :Madeleine, Élise et Thérèse, respectivement âgées de 24-21  et 11 ans.

Au cours de cette surveillance, il a été établi que son attitude et sa conduite n'ont jamais été   jusqu’ici 'objet d'aucune remarque défavorable. Sa correspondance, d'autre part, n'a rien révélé de suspect. En ce qui concerne les photographies et les lettres qu'elle aurait reçues par l'intermédiaire de Mme Pue,ce  sont tout simplement des photographies de famille_ trois_ sur lesquelles figurent la mère de cette jeune fille, ses deux frères plus jeunes et ses sœurs. Les lettres de Mlle Schmitt arrivaient régulièrement par la Suisse.Elles étaient adressées en deuxième lieu, par son oncle, Charles Lorenz. menuisier à Panentruy  qui  les recevait d'abord .

 Ces lettres ont toujours été ouvertes par la censure militaire à leur arrivée en France. Mlle Schmitt n'a jamais reçu d'autre correspondance. Elle continue néanmoins à être l'objet d'une surveillance journalière.

 Le commissaire spécial

Source :AD 64 Pau 4 M Article 174

 

Compléments du blog:

Acte de naissance en ligne et en langue allemande Marie Schmitt Marie

Archives Alsace Winkel naissances 1893-1902 Acte N°10 Vue 19/104


Acte de naissance en ligne et en langue allemande Albert Joseph Lucien Meyer

AD 57 Moselle Delme Naissances  1893-1904  9NUM/174EC11   Acte N°3 Vue 39/113