Procès-Verbal constatant des coups et blessures réciproques entre
Mme et Mlle Txxx d'Espelette et Mme Exxx de Larressore (lettre anonyme
de diffamation contre la famille Txxx auteur Mlle Exxx de Larressore
(B.Pyrénées)
Dans le cadre de la mise en ligne de la transcription de ce PV, l’identité des personnes,a été volontairement masquée par l’auteur du blog Retours vers les Basses-Pyrénées..
Les cinq protagonistes :
Mme Txxx
- Marie Jeanne,19 ans, sa fille,
- Gracieuse,20 ans, son autre fille
Mme Exxx
- Catherine,20 ans, sa fille
Gendarmerie Nationale
18 e Légion
Compagnie des Landes
Section de Bayonne
Brigade d'Espelette
N.280 du 21/8/1941
Cejourd'hui vingt-et-un Août mil neuf cent quarante-un à quinze heures trente minutes,
Nous soussignés, Txxx Jean Maréchal des Logis Chef
Et Lxxx Pierre
gendarmes à pied à la résidence d'Espelette, département des
Basses-Pyrénées, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres
de nos chefs en service dans la commune d'Espelette avons reçu la
déclaration suivante:
De Mlle Txxx en présence de sa mère
Je me nomme Txxx Marie Jeanne,19 ans cultivatrice chez ses parents à
Espelette maison Xxxx (B.P.) née le 9 aout 1923 Ustaritz de Joseph et
de Lxxx Jeanne, française, célibataire, sais lire et écrire, élevée
chez mes parents, jamais condamnée.
Hier 20 courant vers 20 heures, je me trouvais avec ma mère à façonner
du bois dans la forêt nous appartenant située à environ 700 mètres de
notre domicile.
A un moment donné , Mme Exxx de la maison Xxxx s'est mise à crier du
haut de la colline et a prononcé quelques paroles à notre égard sans
que j'ai compris ce qu'elle voulait dire.
Un moment après cette femme est arrivée avec un bâton à la main et sans
aucune provocation de ma part, elle m'a frappée à la tête avec son
bâton me faisant une blessure sur le crâne ce qui m'a provoqué une
coupure assez profonde et d'un centimètre de longueur. Elle m'a encore
menacée, mais j'ai eu le temps de lui saisir le bâton pour éviter de
nouveaux coups. Je ne l'ai pas frappée.
Ma mère n'a pu intervenir en raison de son âge et de son impotence et
Mme Exxx s'est emparée d'une pierre et nous a de nouveau poursuivies en
nous menaçant.
Me Exxx étant sans doute en colère parce que ma sœur Gracieuse avait
dit à sa fille dans le courant de l'après-midi que nous avions reçu une
lettre insolente que je vous remets. Dans cette lettre il est fait
allusion à notre mauvaise conduite et on nous traite de "Putes".
Nous avons la conviction que cette lettre a été adressée par Mlle Exxx Catherine sans toutefois en avoir des preuves formelles.
Je me suis faite visiter par le docteur Gxxx d'Espelette et vous remets
le certificat médical qui m'a été délivré. Je porte plainte pour coups
et blessure contre Mme Exxx et contre sa fille pour diffamation.
Lecture faite persiste et signe ainsi que sa mère.
De Mme Txxx,Jeanne,
née Lxxx,50 ans ,cultivatrice à Espelette maison X
(Basses-Pyrénées) née le J M A 0à Cambo-les-Bains (Basses-Pyrénées)
Comme vous a déclarer ma fille Marie Jeanne bien dans la soirée, Mme
Exxx est arrivée précipitamment vers nous et sans aucune provocation de
ma part, cette femme a porté un violent coup de bâton sur la tête de ma
fille.
Je n'ai pu intervenir et cette femme nous a ensuite poursuivies avec un
cailloux à la main. Nous ne sommes pas défendues, ma fille a simplement
pris le bâton de cette femme qui voulait encore frapper.
J'ai reçu une lettre hier dans l'après-midi et je soupçonne fortement Mlle Exxx d'être l'auteur de cet écrit.
Dans cette lettre que je vous remets il est dit que je n'ai pas à me
dégoûter de créer une maison en ville et non à Espelette, que je
gagnerais beaucoup plus d'argent avec les "putes" faisant ainsi
allusion sans aucun doute à mes quatre filles qui sont à la maison.
Ma fille Gracieuse avait reproché à la fille Exxx dans le courant de
l'après-midi d'être l'auteur de la lettre et c'est vraisemblablement à
la suite de ce reproche que la mère Exxx est venue sauvagement frapper
ma fille Marie Jeanne qui n'était en rien en cette affaire.
Je porte plainte contre Mme Exxx pour coups et blessures sur ma fille et contre Melle Exxx pour diffamation.
Lecture faite persiste et signe.
De Mlle Txxx Gracieuse,
20 ans, cultivatrice chez ses parents à
Espelette maison X (B.Pées) née à Ustaritz le xxx 1921 de Joseph et de
Lxxx Jeanne, célibataire, élevée par mes parents, sais lire et écrire,
jamais condamnée.
Hier 20 courant dans l'après-midi nous avons reçu la lettre dont ma mère et ma sœur ont fait allusion.
J'ai rencontré Mlle Exxx et je lui ai reproché d'en être l'auteur car
j'ai la conviction que c'est elle qui nous l'a adressée. J'ai cru
reconnaître son écriture malgré que je ne sois pas affirmative à ce
sujet, c'est pour cela sans doute que Mme Exxx est allée trouver hier
dans la soirée ma mère et ma sœur, frappant brutalement cette dernière
avec un bâton.
J'estime que la lettre en question est diffamatoire et je porte moi
aussi plainte contre Mlle Exxx que je soupçonne fortement d'être
l'auteur de ces agissements.
Lecture faite persiste et signe.
La maison X occupée par la famille Exxx étant située aux confins des
communes d'Espelette à la montagne de Larressore, nous trouvant sur les
lieux nous avons continué notre enquête dans la circonscription
voisine. Nous avons prévenu le CDT de brigade d'Ustaritz par téléphone
le 22 dans la matinée.
De Françoise Exxx,
née Dxxx,39 ans, ménagère à Larressore maison X née à
Oyarzun (Espagne) française, mariée 5 enfants, illettrée jamais
condamnée.
Hier 20 courant dans la soirée, je suis allée chercher des champignons
dans le ravin situé entre notre domicile et celui de la famille Txxx.
J'ai rencontré Mme Txxx et sa fille Marie Jeanne. Sa mère portait une
hache et la fille un bâton. Ces deux femmes m'ont interpellé en me
disant "
Tu es là bohémienne, sale gitane, ceci nous appartient et on va
te tuer ici". Je dois relater que madame Txxx avait aussi un bâton à la
main.
Réciproquement nous nous sommes menacées avec les bâtons et j'ai alors
dans ma défense, porté un coup sur la tête de la fille Txxx. Les deux
m'ont saisie et j'ai roulé à terre avec la fille Marie Jeanne, à ce
moment la mère m'a porté un violent coup de bâton à la tête et un
deuxième au-dessus du poignet gauche .
Je suis en outre blessée à la cuisse et à la fesse gauche.
La fille Txxx voulait à tout prix enlever la bûche à sa mère pour me
frapper. Il est faux que j'ai interpellé ces deux personnes la
première. Je ne suis pas au courant de la lettre . Je serais surprise
que ma fille en soit l'auteur.
Je porte plainte pour coups et blessures et pour insultes contre Mme
Txxx et sa fille.Je dois me faire visiter par un docteur et vous
remettrai le certificat médical qui me sera délivré.
Lecture faite persiste et signe en faisant une x.......Madame Exxx
présente une meurtrissure noirâtre au dessus du poignet gauche et des
éraflures au côté droit du front.Elle se plaint en outre de douleurs
à la cuisse et à la fesse gauche.
De Mlle Exxx Catherine ,
20 ans, ménagère chez ses parents à Larressore
confins de cette dernière commune et de celle d'Espelette maison X née
à Larressore le xx xx 1921,de Bernard et de Françoise Dxxx, française,
célibataire, sait lire et écrire, élevée par ses parents ,jamais
condamnée.
Interrogée en présence de sa mère déclare :
Hier 20 courant dans l'après-midi je suis allée chercher des
champignons et j'ai aperçu Marie et Marie Jeanne Txxx et non Gracieuse.
Ces demoiselles m'ont interpellée et m'ont insultée grossièrement "
eh!
bohémienne, gitane, squelette, si je viens là, je vais te hacher, je
vais te foutre à la rigole et nous ne serons pas punies car tu es une
gitane."
Un homme d'un certain âge (60 ans environ) se nommant Jean-Baptiste
Dxxx de la maison X à Larressore se trouvait à proximité et a très bien
entendu ces insultes à mon égard .Cet homme pourra certifier mes dires.
Je n'ai pas répondu et me suis éloignée.
Comme elles persistaient je leur ai alors demandé en partant ce
qu'elles avaient contre moi; elles ont répondu :"Un trou au derrière "
et c'est tout". Elles n'ont pas fait allusion à la lettre dont vous me
parlez et qu'elles auraient reçu. J'affirme que je n'ai jamais adressé
de lettre aux demoiselles Txxx ni à personne.
Lecture faite persiste et signe.
Nous avons invité Mlle Exxx à écrire de sa main sous dictée les termes
de la lettre adressée aux demoiselles Txxx, nous avons constaté que les
deux écrits correspondaient exactement.
Devant l'évidence cette jeune fille pressée de questions nous a enfin déclaré :
C'est bien moi qui ai adressé la lettre diffamatoire aux demoiselles
Txxx et je le regrette sincèrement. J’ai agi dans un moment de colère,
car les filles Txxx m'insultent fréquemment.
Ces jeunes filles fréquentent des soldats des troupes d'occupation
d'Espelette et les engagent ensuite à venir chez moi, ce sont les
soldats même qui me l'ont déclaré.
Presque tous les soirs les soldats vont dans cette maison pour se restaurer ou pour tout autre chose.
Lecture faite persiste et signe.
RENSEIGNEMENTS DE MORALITÉ : De M.G,Georges,38 ans, docteur en médecine et faisant fonctions de Maire à Espelette (B.Pyrénées)
Je connais bien la famille Txxx d'Espelette et également madame Exxx et
sa fille à la montagne de Larressore à la limite de la commune
d'Espelette.
J'ai eu connaissance des coups réciproques suivis de blessures légères
échangés entre Mme Txxx,sa fille et Mme Exxx.Il est question aussi
d'une lettre anonyme insolente à l'égard de la famille Txxx. Il y a mon
avis dans cette affaire de coups responsabilité partagée. Les époux
Txxx sont de bons travailleurs. Ils ont élevé une nombreuse famille,
mais la conduite des filles selon la rumeur publique laisserait à
désirer ainsi que celle de Mlle Exxx dont la mère vit séparée de son
mari depuis plusieurs années.
Lecture faite persiste et signe
Nous transmettons la première expédition du présent au CDT de brigade
d'Ustaritz pour audition de Dxxx Jean-Baptiste de la maison X à
Larressore susceptible de donner quelques renseignements.
Deux expéditions:
La 1 ere à M.le Procureur de la République à Bayonne (avec les certificats médicaux)
La 2me à nos chefs (archives)
Source:
Document original consultable en salle de lecture de l'annexe de Bayonne des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
1027 W Art.19
Tribunal de Grande Instance de Bayonne