29 mars 2020

Commerce de librairie populaire par voie de colportage

Colportage


Pau,le 12 octobre 1871

Le Préfet à MM.les Sous-Préfets,Maires et Commissaires de police du département


Messieurs,

Dans ces derniers temps,le commerce de la librairie populaire,répandue par voie de colportage,a donné lieu à des scandales qui ont été signalés à M.le Ministre de l'Intérieur par les agents de l'administration et par la presse honnête de tous les partis.L'ordre public et la morale pourraient être gravement atteints,si une liberté illimitée de circulation et de mise en vente était plus longtemps laissée à des écrits,brochures et dessins qui s'adressent particulièrement aux masses populaires,les trompent,les pervertissent et les égarent.
Afin d’arrêter ce mal et pour empêcher le retour d'abus si compromettants et si dangereux,M.le Ministre nous recommande de veiller avec le plus grand soin à l'application de la loi du 27-29 juillet 1849,en ce qui concerne les ouvrages destinés au colportage..
Aux termes de l'article 6 de cette loi,vous le savez,tous distributeurs ou colporteurs de livres,écrits,brochures,gravures et lithographies doivent être pourvus d'une autorisation délivrée,pour le département de la Seine,par le Préfet de police,et,pour les autres départements,par les Préfets.Ces autorisations peuvent toujours être retirées par les autorités qui les ont délivrées.
Je dois vous rappeler,Messieurs,que tous les écrits et dessins dont la distribution et le colportage ont été autorisés sont revêtus d'une estampille.
Les autorisations données par les Préfets ne sont valables que dans les départements pour lesquels elles ont été données.
Le timbre bleu,apposé à Paris par l'administration centrale,permet seul la circulation;par toute la France,de l'écrit,brochure ou dessin estampillé.
Ces prescriptions doivent être l'objet de notre attention la plus rigoureuse,à cette époque de l'année surtout,où le débit des Almanachs se fait dans des proportions considérables.L'Almanach est le livre populaire par excellence,dans les campagnes notamment;on le conserve ,on le consulte avec une foi crédule,et si ce livre est mauvais,il produit les effets les plus pernicieux.
Je ne doute point,Messieurs,que vous ne prêtiez le concours le plus actif pour atteindre le but que s'est proposé M.le Ministre;il s'agit ,non d'apporter des entraves au commerce de la librairie populaire,mais de ne pas tolérer le colportage d'opuscules et de dessins qui auraient un caractère nuisible.
Veuillez recevoir,Messieurs,l'assurance de ma considération très distinguée.

Le Préfet des Basses-Pyrénées.
NADAILLAC