L'équipée du 24 août 1944
Bayonne, Villefranque, Mouguerre
Les Allemands se sont retirés de la Cote basque le 22 août 1944.Dans l’après-midi du surlendemain de cette retraite, un gardien de la paix de Bayonne et un habitant de Villefranque ont pris l’initiative de procéder, sans le moindre mandat, à des arrestations. Madame Darricau et sa sœur ont été interpellées.
Dans un article à paraître prochainement nous nous intéresserons aux reproches formulées à l'encontre d'Arnaud Darricau, de son épouse et de la sœur de cette dernière.
Gendarmerie Nationale
Cejourd’hui, trois octobre mil neuf cent quarante-quatre, à 8 huit heures 30’
Nous soussignés CAZAUX Joseph et BONLIEU Pierre,
Gendarmes à la résidence de Bayonne, département des Basses-Pyrénées, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs, de service dans la commune de Mouguerre et agissant en vertu de la réquisition de M. le Procureur de la République à Bayonne en date du 20 septembre 1944 (…) jointe à un dossier relatif à une plainte écrite formulée par M.CELHAY maire de Mouguerre et M.BIELLA, Syndic et Conseiller Municipal pour tentative d’arrestation arbitraire et illégale par MM.Cxxxx Xavier, demeurant à Eliçaberry,(…) et Cyyyy, agent de ville à Bayonne, avons procédé à une enquête et recueilli les renseignements suivants.
1°M.CELHAY, Alfred,76 ans, maire de la commune de Mouguerre, y demeurant, nous a déclaré :
(…) Le 24 aout 1944, vers 15 heures, je me trouvais à mon domicile en compagnie de M.RIGOLIER, chirurgien-dentiste et M. OSPITAL, facteur des P.T.T, lorsqu’une automobile pavoisée de plusieurs drapeaux devant chez moi. Un homme que j’ai su un peu plus tard se nommer Cyyyy et occuper l’emploi de gardien de la Paix à Bayonne, est descendu et a pénétré dans la salle où nous nous trouvions.
Aussitôt et sur un ton impératif, il m’a déclaré « Vous êtes bien M.CELHAY, maire de Mouguerre, je viens vous arrêter pour vous conduire à Bayonne. ». Cet homme était en civil ;je lui ai demandé de m’indiquer ses fonctions et qualité et de quel droit il venait m’arrêter .Il m’a alors répondu qu’il était le maître chez moi et qu’il avait son revolver comme pièce ». Ayant besoin de me rendre au water il m’a dit sur un ton arrogant « Vous avez la chiasse maintenant, mais il est trop tard, dépêchez-vous ».
Ma femme s’est interposée et M.Cyyy lui a répondu « Madame vous me faites « chier » taisez-vous ».A mon retour des water closets , M.RIGOLIER ainsi que Mme .LAHERRERE, qui venait d’arriver, ayant protesté contre mon arrestation et voulant téléphoner à la police à Bayonne, M.Cyyy m’a alors fait des excuses et est sorti de chez moi en me montrant une carte au nom de Cyyy.
J’ai appris depuis par Mme DARRICAU, maison Tarridenis à Villefranque, qui se trouvait dans l’auto en compagnie de sa sœur, de HAUCIARTS demeurant également à Villefranque où il est ouvrier tanneur et du conducteur Cxxx Xavier, que ce dernier reprocha vivement à la personne rentrée chez moi de ne pas m’avoir arrêtée et conduit en prison au moins pour 48 heures et qu’ils allaient maintenant rechercher à Bayonne M.BIELLA, pour l’arrêter.
Cxxx Xavier n’est pas sorti de l’automobile. Ma femme lui ayant demandé pourquoi il venait m’arrêter il répondu : » Moi je ne sais rien, c’est mon camarade qui s’en occupe et je n’y suis pour rien. »
J’ignore pour quel motif ces personnes ont voulu m’arrêter.
Depuis bientôt deux ans je suis l’objet de plaintes continuelles de la part de M.Cxxx Xavier auprès de la Sous-Préfecture et du Ravitaillement Général et consécutives à des ordres de réquisition. Trois ont été adressées depuis deux mois au Ravitaillement Général ;M.BIELLA, Syndic, qui était également impliqué dans ces plaintes, à été convoqué à la Police à Bayonne, pour enquête.
Il pourra donner toutes précisions à ce sujet.
Lecture faite persiste et signe.
2° Monsieur BIELLA, Jean-Baptiste,41 ans, propriétaire et Conseiller Municipal à Mouguerre, nous a déclaré :
Le 24 aout dernier, M.Cxxx Xavier, demeurant à Eliçaberry, s’est présenté à mon domicile vers 15 heures accompagné de l’agent de Police Cyyy de Bayonne. L’agent a demandé à ma belle-mère si j’étais à la maison. Sur sa réponse négative, ils ont demandé où je me trouvais ; lui ayant dit que j’étais à Bayonne, ils sont partis chez M.le Maire sans dire ce qu’ils voulaient.
J’ai appris par la suite par Mme DARRICAU Adrien, demeurant à Villefranque, qu’ils venaient avec l’intention de m’arrêter.
Le 24 septembre dernier, devant la mairie, M.Cxxx Xavier m’ayant interpellé, je lui ai demandé les raisons pour lesquelles il voulait m’arrêter. Il m’a répondu catégoriquement qu’il était prêt à revenir à la première occasion.
Je n’ai jamais rien fait à Cxxx Xavier, et je ne m’explique pas sa façon de faire ni sa ligne de conduite à mon égard.
Je dois ajouter que le 15 septembre dernier, j’ai été convoqué chez le Commissaire Spécial de Police à Bayonne. J’ai été mis à ce moment, au courant d’une plainte portée par Cxxx contre moi, m’accusant de lui avoir envoyé la Police Allemande pour ne pas avoir livré des pneus d’automobile qu’il détenait encore ; ce qui est tout à fait inexact.
Voici dans quelles conditions se sont passés les faits.
Dans le courant du mois de juin ou juillet 1944, plusieurs policiers Allemands, accompagnés de M.Dxxxx entrepreneur de transport à Bayonne s’étaient rendus chez moi afin de prendre livraison de pneus de ma voiture que j’avais reçu ordre de ne pas livrer. Après contrôle fait, ces derniers m’ont demandé où habitait M.Cxxx ;au moment où je leur donnais les indications nécessaires M.Dxxx me dit qu’il le connaissait personnellement et qu’il savait où il habitait.
J’ignorais totalement les raisons de la visite chez Cxxx à ce moment-là. La même réponse a été faite devant M. le Commissaire Spécial. Ce n’est pas dans mes habitudes de porter plainte et moins encore devant les Autorités Allemandes.
Lecture faite persiste et signe.
(…)
Madame LAHERRERE, Alice,56 ans, employée de mairie à Mouguerre, nous a déclaré
Le 24 aout dernier vers 14 heures 45, étant chez moi j’avais été prévenu que quelqu’un venait arrêter M. le Maire.Je me suis rendue immédiatement chez lui et devant sa porte j’ai reconnu la voiture de M.Cxxx d’Eliçaberry ; celui-ci se tenait au voulant. Je suis entré et j’ai vu M.CELHAY en compagnie d’un homme habillé en kaki. M. le Maire m’a mise alors au courant que l’homme qui était là présent venait pour l’arrêter. Je lui ai répondu « Et vous vous laissez arrêter comme ça ». J’ai alors demandé à cet homme qui il était et s’il avait un mandat d’arrêt ; celui-ci m’a répondu que cela ne me regardait pas.
Sur cette réponse j’ai prévenu cet homme que j’allais téléphoner au Commissariat de Police et en effet je me suis rendue à la Poste et d’après l’explication que j’ai eue avec le Commissaire j’ai su qu’il n’y avait rien contre M.CELHAY. J’ai été chargée de lui dire de ne pas se déranger. A mon retour chez M. le Maire les deux hommes étaient déjà partis.
Lecture faite persiste et signe.
Monsieur LAHERRERE, Paul,21ans, instituteur à Mouguerre, nous a déclaré :
Le 24 août dernier, vers 14 heures 30 me trouvant dans la rue M.Ospital, facteur des postes m’a prévenu qu’on venait arrêter M. le Maire. Je me suis rendu à son domicile et devant sa porte j’ai vu M.Cxxx d’Eliçaberry au volant de sa voiture. Il y avait déjà dans la voiture 3 personnes dont deux femmes avec lesquelles j’ai engagé une conversation. Elles m’ont déclaré avoir été arrêtées.
M’adressant alors à M.Cxxxje lui ai demandé s’il était bien chargé d’arrêter M. le Maire ; celui-ci m’a répondu évasivement qu’il n’y était pour rien. Je lui ai alors dit ironiquement « Vous allez me dire que vous êtes requis avec votre auto. ». Ce à quoi il m’a répondu affirmativement.
Je me suis alors rapproché du seuil de la porte sur lequel se tenait un autre homme habillé en kaki, chaussé de sandales et coiffé d’un béret et qui d’après la conversation que j’ai saisi refusait de montrer à Mme. CELHAY sa carte de policier ou autre. Sur l’insistance de celle-ci cet homme a répondu grossièrement à cette dame et lui a dit finalement en exhibant sa carte : » Tenez-vous me faites chier ». Quelqu’un a examiné la carte et a lu sur celle-ci le nom de Cxxx Dominique.
Lecture faite persiste et signe.
Mademoiselle LAHERRERE, Marie,23 ans, institutrice à Mouguerre, nous a déclaré :
Le 24 août 1944, je me trouvais chez moi lorsque M.Ospital, facteur nous a prévenu que l’on venait arrêter M. le Maire. Je me suis rendu chez lui et ai constaté qu’une auto au volant de laquelle se trouvait Cxxx Xavier, stationnait devant la porte. Dans l’intérieur de la maison se trouvait un homme qui attendait que M.CELHAY soit prêt à le suivre. Ma mère ayant annoncé qu’elle allait téléphoner à la police et effectivement étant partie le faire, l’homme qui voulait arrêter M. le Maire s’est retiré avant qu’elle ne revienne. En partant il a montré une carte d’identité au nom de Cxxx, agent. J’ai entendu ce dernier parler grossièrement à Mme CELHAY et en ces termes « Madame vous me faites chier, taisez-vous. »
Lecture faite persiste et signe.
Monsieur OSPITAL, Jean 46 ans, facteur des P.T.T. à Mouguerre, y demeurant, nous a déclaré :
Le 24 aout 1944, vers 15 heures, je distribuais le courrier à M. le Maire de Mouguerre, à son domicile, lorsqu’une voiture automobile s’est arrêtée devant chez lui. Un homme est descendu du véhicule, est entré chez M. le Maire et lui a dit : » Vous êtes bien M.CELHAY, maire de Mouguerre, on vous arrête, suivez-nous. ». Je suis sorti aussitôt et ai prévenu de ce fait le Secrétaire de Mairie et ai continué ma tournée. Je n’ai pas connu le civil qui a voulu arrêter M.Celhay ; j’ai su par la suite qu’il s’agissait de M.Cxxx, agent de police à Bayonne. Au volant de la voiture j’ai reconnu M.Cxxx Xavier, demeurant à Eliçaberry. C’était son automobile. Il y avait également dans le véhicule Mme DARRICAU et sa sœur Mlle Dxxx, ainsi que M.HAUCIARTS , Jean Baptiste demeurant à Villefranque maison « Pahaldia »Je ne puis vous donner aucun autre renseignement.
Lecture faite persiste et signe.
Cejourd’hui, quatre octobre 1944, à huit heures, les gendarmes CAZAUX et BONLIEU, continuant l’enquête à Elicaberry, avons recueilli les renseignements suivants :
Je me nomme HAUCIARTS Jean ,44 ans, cultivateur à Villefranque, maison « Pahaldia ».
Le 24 août dernier, dans le courant de l’après-midi me trouvant au restaurant DUFAU, sis à proximité de chez moi, Cxxx Xavier, est arrivé avec son automobile, accompagné de Cxxx, agent de Police à Bayonne, que je connais très bien. Ils sont descendus et l’agent de ville a dit aux deux filles Dxxx qu’il fallait qu’elles aillent à Bayonne. Ayant besoin moi-même d’y aller, j’ai demandé à Cxxx, agent, s’il avait une place pour moi. Sur sa réponse affirmative je suis parti avec eux et j’ignorais s’ils devaient passer à Mouguerre. Dans cette localité ils sont allés d’abord chez M. Biella et ensuite chez M.le Maire. M.Biella n’était pas chez lui. Lorsque l’agent Cxxx est sorti de chez M. le Maire, il a dit à Xavier que M. Celhay était malade et qu’il ne pouvait pas l’emmener.
Je n’ai pas saisi ce qu’a répondu Xxxx Cxxx mais j’ai remarqué qu’il n’était pas content. J’étais monté à l’arrière de la voiture et j’ignore la conversation tenue par eux, surtout que je me trouvais là accidentellement.
J’ai habité jusqu’en 1932 à Mouguerre, quartier Eliçaberry et pendant 10 ans environ.
Je n’ai jamais eu à me plaindre de M.Celhay, maire de Mouguerre.
Lecture faite persiste et signe.
Entendu, Cxxx , Xavier, nous a déclaré :
Je me nomme Cxxx, Xavier,38 ans, propriétaire cultivateur à Mouguerre-Eliçaberry, maison « Gxxx », né le 3 mars 1906 à Urt fils des feus Jean-Baptiste et Larran, Jeanne Marie,marié,3 enfants, je sais lire et écrire, j’ai été élevé par mes parents jusqu’à ma majorité ,je n’ai jamais été condamné, classe 1926, Recrutement Maritime de Rochefort° Mle 142.254.
Le 24 août 1944, vers 10 heures, ma femme se trouvant à Bayonne a été interpellé par l’agent de Police Cxxx qui lui a demandé si notre voiture automobile était en état de marche. Ma femme lui a répondu affirmativement. Cet agent de police a alors dit à ma femme qu’il lui réquisitionnait sa voiture. Il est arrivé à la maison à Eliçaberry vers 12 heures, à bicyclette et en compagnie de ma femme. Il était en tenue Kaki et sans arme apparente. Il m’a dit qu’il requestionnait ma voiture pour procéder à l’arrestation de M. et Mme DARRICAU et la sœur de cette dernière Mlle Dxxx, domiciliés à Villefranque. Nous sommes partis à Villefranque vers 12 heures 30 et avons arrêté ces deux femmes. M.DARRICAU était absent.
L’agent Cxxx a invité un voisin de Darricau, M.Hauciarts à s’unir à nous. En partant du domicile de Darricau j’ai fait part à l’agent Cxxx que M.le Maire de Mouguerre et M. Biella, conseiller municipal , m’avaient envoyé les allemands pour me prendre ma voiture. Il m’a répondu « Ces messieurs sont fautifs et nous allons les arrêter ».
Nous sommes partis à Mouguerre et sommes allés chez M.Biella. Celui-ci était absent. J’ignore ce qui s’est dit à l’intérieur de la maison car je suis resté au volant de ma voiture.
Cxxx m’a alors commandé de me rendre chez M. le Maire, ce que j’ai fait. Il est descendu seul de la voiture et est rentré chez M. le Maire. Je suis resté au volant de mon véhicule. J’ai entendu une conversation assez agitée et j’ai compris que l’agent Cxxx reprochait au maire d’avoir envoyé les allemands chez moi. Le maire a répondu qu’il avait reçu des ordres de la troupe d’occupation et qu’il était obligé d’agir ainsi. Les enfants de Mme Laherrere étant arrivés à ce moment là je n’ai plus entendu ce qui se disait à l’intérieur de la maison. L’agent Curutchet est sorti seul de chez M. le Maire et m’a dit »Je ne l’ai pas arrêté parce que c’est un vieillard et il est essoufflé. » Je ne lui ai rien répondu et il m’a donné l’ordre de rentrer à Bayonne.
Je nie avoir dit à Cxxx qu’il aurait dû quand même procéder à son arrestation et le mettre en prison au moins 48 heures.
Je n’avais aucune autorisation de circuler pour ma voiture automobile N°6936. N.M.3.L’agent Cxxx ne m’a donné aucun ordre de réquisition écrit.
Je n’ai fait que conduire ma voiture et n’ai opéré aucune arrestation. L’agent Cxxx a opéré seul.
J’ignore s’il avait des mandats d’arrêt.
J’ai conduit les personnes arrêtées au poste de police à Bayonne.
Lecture faite persiste et signe.
Par téléphone, nous avons demandé à M. le Commissaire de Police à Bayonne, l’autorisation d’entendre l’agent de Police Cxxx Dominique. Cette autorisation nous ayant été accordée, nous avons convoqué Cxxx au bureau de notre brigade.
Cejourd’hui, cinq octobre 1944, à 10 heures, nous CAZAUX et BONLIEU, continuant l’enquête à notre caserne, s’est présenté Cxxx Dominique, qui nous a déclaré :
Je me nomme Cxxx Dominique,38 ans, gardien de la Paix à Bayonne, y demeurant, quartier Villa Pia, maison Petit-Beyris, né le 17 juin 1906 à Arcangues, fils de Martin et de Camajor, Marie, marié,4 enfants, je sais lire et écrire, élevé par mes parents, jusqu’à ma majorité, classe 1926, recrutement de Pau, N° Mle 1068.
Le 24 août 1944, j’ai pris l’initiative d’aller à Villefranque pour arrêter M.DARRICAU, sa femme ainsi que la sœur de cette dernière Mlle Dxxx, Lxxx , qui collaboraient avec l’ennemi. A cet effet ayant rencontré Mme Cxxx Xavier à Bayonne, je lui ai fait part de mon intention et elle m’a offert sa voiture automobile qui était à Eliçaberry.J ‘ai accepté et je me suis rendu chez elle à bicyclette.
Vers 12 heures 30, M.Cxxx Xavier, qui était au volant de sa voiture et moi sommes allés à Villefranque et j’ai procédé à l’arrestation de Mme DARRICAU et Mlle Dxxx.
Au moment du retour Cxxx Xavier, m’ayant fait part que M. le Maire de Mouguerre et M. BIELLA lui avaient envoyé les gendarmes allemands, au sujet de bêtes qu’il n’aurait pas fourni au ravitaillement et des pneus d’autos qu’il n’avait pas livré .Je lui répondu que nous allions y passer pour lui demander des explications.
Nous nous sommes rendus chez M. BIELLA qui était absent de son domicile et d’après sa belle-mère se trouvait à Bayonne.
Ensuite nous sommes descendus chez M.le Maire ,Cxxx Xavier est resté au volant de sa voiture. J’ai pénétré seul chez M. le Maire après avoir frappé à la porte et j’ai demandé à ce magistrat pourquoi il avait envoyé les gendarmes Allemands chez Cxxx Xavier. Il m’a répondu qu’il avait été dans l’obligation de les envoyer. Je lui ai alors dit de venir s’expliquer au poste de police ; bureau des F.F.I.. Il m’a répondu qu’il était malade et ne pouvait pas se déplacer.
A ce moment-là Mme CELHAY m’a demandé qui j’étais. (…) je lui ai présenté ma carte professionnelle de police (…)
Cxxx Xavier m’a demandé si j’avais vu M. le Maire, je lui ai répondu que oui, mais qu’il était malade.
Je n’ai jamais prononcé les paroles grossières qui me sont reprochées par M. le Maire et sa femme et j’ai présenté ma carte d’identité dès qu’elle m’a été demandée, sans faire la réponse que l’on m’implique.
J’affirme que je n’ai pas dit à Mme Cxxx que je réquisitionnais sa voiture ; c’est elle-même qui me l’a offerte.
J’ignorais si ce véhicule avait une autorisation de circuler, M. HAUCIARTS qui se trouvait avec nous n’était là que comme passager, ayant demandé au conducteur de le porter à Bayonne.
Je précise que lorsque je suis entré chez M le Maire, celui-ci était seul avec sa femme dans la salle à manger.
M.RIGOLIER est arrivé au moment où je sortais et je lui ai parlé devant la porte.
Lecture faite persiste et signe.
Monsieur RIGOLIER, André, Joseph ,53 ans, chirurgien-dentiste, demeurant à Mouguerre, entendu à Bayonne,26 rue Lormand, nous a déclaré :
Le 24 aout 1944, je me trouvais chez M.CELHAY, maire de Mouguerre lorsqu’une voiture automobile s’est arrêtée devant la porte. Un homme en est descendu et s’est présenté chez M.CELHAY en lui enjoignant l’ordre avec insistance, de vouloir bien le suivre à Bayonne. A ce moment par discrétion, je suis sorti et quelques instants après ayant entendu le bruit d’une discussion plus animée, je suis entré à nouveau. J’ai dit alors ce monsieur que M. le Maire était un vieillard intransportable, que je répondais de lui et je l’ai invité à le laisser. Sur ces paroles il n’a pas insisté.
Pendant que j’étais dehors, il y a une discussion générale et je n’ai pu entendre les paroles prononcées. D’autre part je n’avais pas pris cette chose au sérieux.
Lecture faite persiste et signe
Madame DARRICAU et sa sœur Mlle.Dxxx sont détenues depuis 3 ou 4 jours au camp de Beyris. Nous nous sommes rendus sur les lieux ,mais elles n’ont pu être entendues, faute d’autorisation.
Notes manuscrites
Parquet de Bayonne
Soit transmis à Monsieur le Commissaire de Police à Bayonne.
Pour admonestation du gardien de la Paix Cxxx Dominique et me rendre compte
Bayonne le 8 10 1944
Le Commissaire de Police à Monsieur le Procureur de la République à Bayonne
Bayonne le 11 10 1944
J’ai l’honneur de vous retourner le dossier ci-joint après avoir admonesté le gardien de la Paix Cxxx Dominique qui a déclaré que pareille chose ne se produirait pas à l’avenir et qu’il n’agirait qu’en exécution d’ordres émanant de ses chefs.
Il a ajouté qu’ayant montré sa carte professionnelle à M.Celhay, Maire de Mouguerre, ce dernier a pu penser qu’il était parent de Cxxx Xavier ,avec lequel M.Celhay est en difficultés depuis assez longtemps, chose qu’il a appris par la suite, et qu’ainsi il était intervenu auprès de lui pour lui faire plaisir.
Cxxx a déclaré en outre que Celhay avait (mot raturé…) démesurément l’affaire en lui prêtant les propos qu’il n’a pas tenus ;il a affirmé qu’il n’y avait eu de sa part ni menaces ni écart de langage. On lui avait dit que M.Celhay avait fait intervenir les allemands et il l’a invité à venir s’expliquer au bureau des F.F.I. à Bayonne. M.Celhay ayant répliqué qu’il ne pourrait se déplacer étant malade et âgé,il s’est retiré sans insister pensant (…)
Cxxx Dominique n’est pas parent avec Cxxx Xavier
Source: Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64)
1027 W article 18 Tribunal de Grande Instance de Bayonne