Médisances
Contenu N°1 Le cas Arnaud Darricau: un "accident mortel " en question
Contenu N°2 L'équipée du 24 août 1944 Bayonne, Villefranque, Mouguerre
Source:AD 64 Pau 30 W Article 45 Cour de Justice du département des Basses-Pyrénées
Léocadie Dxxx accusée d’atteinte à la Sûreté extérieure de l’État.EXTRAITS
Les identités de Salva et de Léocadie ont été masquées dans le cadre de cette publication.
5 février 1943
Extrait traduit d’un jugement du tribunal de la Feldkommantur
Garde-chasse Salvat Sxxx
Est accusé d’avoir au mois de janvier 1943 à Villefranque ,tenu des propos compromettants à l’égard de l’Empire Allemand, pouvant provoquer des troubles sur le territoire occupé, du fait avait _mot illisible à Mme Léocadie Dxxx et à Arnaud DARRICAU, dans le domicile de cette dernière, avoir écouté la radio anglaise, d’après laquelle les troupes allemandes en Russie seraient en débâcle et que la guerre touche à sa fin.
Au cas d’un débarquement américain en France, Mme Dxxx et Mr Darricau seraient fusillés puisqu’ils avaient entretenu des relations avec des militaires allemands
6 mai 1943
Fin de l’emprisonnement de Sxxx Salvat
Source:SHD Caen Liste De Brinon 22 P 3089
4 octobre 1944
Procès-verbal
Vu le mandat de M. le Sous-Préfet de BAYONNE
Entendons Mme Marie DARRICAU, née Dxxx, demeurant à VILLEFRANQUE, qui sur interpellation déclare
(…)
Je me suis mariée le 18/7/36 à VILLEFRANQUE
J’ai deux enfants
J’ai une instruction très primaire
Je suis de nationalité française
Je suis ménagère
Je n’ai jamais été condamnée.
Je n’ai jamais collaboré avec les allemands. Je n’ai jamais eu de relations intimes avec eux. Je connais le nommé Sxxx, garde-chasse, demeurant à JATXOU,(…).Je n’ignore pas que cet homme a été arrêté en janvier 43 par la gendarmerie allemande et a été condamné à trois mois d’emprisonnement.
Je nie formellement être pour quelque chose dans son arrestation.
Il est exact que je n’entreprenais pas de bonnes relations avec Sxxx. Celui-ci racontait partout que je couchais avec les allemands. Il l’a même dit à mon mari. Deux ou trois jours après cette révélation ma sœur, Melle Dxxx Léocadie, demeurant à VILLEFRANQUE (…) a appris les propos que Sxxx tenait à mon égard. Immédiatement elle s’est fort mise en colère, surtout qu’elle a appris de plus de la bouche de mon mari que Sxxx disait qu’elle gagnait sa vie en fréquentant les allemands. Ce jour-là, elle nous a déclaré qu’elle allait dénoncer Sxxx à la Gendarmerie allemande. Ma mère, Mme Dxxx, mon mari et moi avons essayé de la dissuader de mettre son projet en exécution. J’ignore ce que ma sœur a fait. En tout cas, en ce qui me concerne, je nie formellement être pour quelque chose dans l’arrestation du nommé Sxxx.
Lecture faite, persiste et signe.
Procès-verbal
Vu le mandat de M. le Sous-Préfet de BAYONNE
Entendons Melle Léocadie Dxxx,24 ans, demeurant à VILLEFRANQUE qui sur interpellation déclare :
(…)
Je suis célibataire
Je n’ai pas d’enfants
Je suis de nationalité française
J’ai une instruction primaire
Je suis ménagère
Je n’ai jamais été condamnée
Je n’ai jamais fait de politique. Je n’ai jamais été inscrite à aucun parti. Je n’ai jamais eu de rapports intimes avec les allemands. Ceux-ci venaient bien au café, mais c’est uniquement pour consommer. Je connais bien le nommé Sxxx. Cet homme depuis de nombreuses années me poursuit de ses assiduités. Quand les allemands sont arrivés dans la région, il a cherché à se venger en racontant partout et même en le disant à moi-même, que je couchais avec les allemands, que j’étais une « putain » et que j’étais entretenue par eux. Le jour où il est allé raconter à mon beau-frère que sa femme couchait avec les allemands, et que l’enfant qu’elle allait avoir était le fruit des relations qu’elle avait eues avec un officier allemand pendant qu’il était en Syrie, je me suis mis fort en colère et immédiatement j’ai pensé à aller le dénoncer à la gendarmerie, mais ma sœur et mon beau-frère m’ont dissuadé de mettre ce projet à exécution. Comme je sortais de la maison en pleurant j’ai rencontré un allemand qui n’était pas un gendarme et sur sa demande, je lui ai dit que je pleurais à cause de Sxxx qui nous faisait des misères et allait raconter partout que j’étais la maîtresse de soldats ou d’officiers allemands.
Cet allemand m’a dit qu’il me connaissait bien, que les dires de Sxxx étaient faux et que je n’avais qu’a me tranquilliser. J’ai quitté la région quelques jours après pour aller à ESPELETTE. Au retour je me suis arrêtée à CAMBO ou j’ai habité chez Mme Bxxx, Bas-Cambo. A mon retour à VILLEFRANQUE, j’ai appris que Sxxx avait été arrêté par les allemands. Je n’ai jamais pensé que cette arrestation avait été provoquée par mes dires au soldat-allemand.
En tout cas, je n’ai jamais dénoncé Sxxx à la Gendarmerie Allemande. Je n’ai jamais porté de plainte contre lui.
Lecture faite, persiste et signe.
Vu le mandat de M. le Sous-Préfet de BAYONNE
Entendons M. Arnaud DARRICAU,33 ans, demeurant à VILLEFRANQUE, qui sur interpellation déclare :
(…)
Je me suis marié le 18/7/36 à VILLEFRANQUE
J’ai deux enfants
J’exerce la profession de plâtrier
J’ai une instruction très primaire
Je suis de nationalité française
Je n’ai jamais été condamné
Je n’ai jamais fait de politique. Je n’ai jamais été inscrit dans aucun parti politique. Je n’ai jamais collaboré en aucune façon avec les allemands. Je pense que mon arrestation est due à une altercation que j’ai eue avec un nommé Sxxx, garde-chasse à JATXOU. Ce jour-là cette personne s’est permise de tenir des propos déplacés sur ma femme et ma belle-sœur. Ayant mis celles-ci au courant, je crois que ma belle-sœur Melle Dxxx en aura parlé incidemment à un allemand et que c’est ainsi que l’enquête a été déclenchée par les autorités par les autorités allemandes et que ce garde-chasse a été arrêté.
En ce qui me concerne je nie formellement avoir dénoncé Sxxx à la gendarmerie allemande.
Je n’ai jamais dénoncé personne.
Lecture faite, persiste et signe.
25 octobre 1944
Procès-verbal
Entendons monsieur Sxxx Salvat, demeurant à JATXOU maison (…) qui nous déclare :
J’ai été arrêté le 28 janvier 1943 par la Gendarmerie allemande et j’ai été condamné le 5 février 1943 à 3 mois de prison, pour avoir écouté la radio anglaise, avoir dit que les allemands reculaient en Russie, que la guerre serait bientôt finie et que les américains en cas de débarquement en France, fusilleraient Léocadie Dxxx et sa mère, parce qu’elles avaient entretenu des relations intimes avec des soldats allemands.
L’extrait de jugement que j’ai en ma possession, indique ce que je viens de vous dire et mentionne comme témoin Léocadie Dxxx et Arnaud Darricau.
J’ai été conduit à l’hôtel Métropole à BIARRITZ, où les allemands m’ont fait lire une lettre de dénonciation signée de Melle Léocadie Dxxx, M. Armand DARRICAU, Mme DARRICAU sa femme et Mme Dxxx, mère. Comme je m’étonnais que Mme Dxxx ait signé cette lettre, les allemands m’ont répondu que c’était Melle Léocadie Dxxx qui avait signé pour elle.
Cette lettre de dénonciation outre les motifs de l’accusation cités plus haut, indiquait que j’étais un terroriste et que leur avait indiqué que je tuerai des allemands avant leur départ de FRANCE.
Que 3 jours avant que je sois libéré, Mme Dxxx mère, est venu me rendre visite au Château Neuf et m’a textuellement dit « Je n’avais pas le moindre doute que vous seriez fusillé. J’avais peur pour vous. »Je ne comprends pas pourquoi ces quatre personnes m’ont dénoncé. J’entretenais de bonnes relations avec tous les membres de cette famille. J’allais particulièrement souvent chez Dxxx, pour faire ferrer mes bêtes et réparer mes machines agricoles. Cependant, en 1940 ou 1941, M. DARRICAU arrêté pour passage clandestin à la frontière franco-espagnole, par les allemands, fut condamné à 2 ou 3 mois de prison. Comme il m’avait invité à aller avec lui en Espagne et que j’avais refusé, je déclarai à sa femme : » Heureusement que je ne suis pas parti avec lui, je serais aussi en prison. ».
Elle se mit en colère, et me répondit qu’elle me ferait arrêter un jour.
D’autre part, quelques jours avant mon arrestation, au retour d’un voyage à Bayonne que j’avais effectué avec M.DARRICAU, un petit incident eu lieu entre nous. Je lui ai fait allusion très discrète à une liaison dont il m’avait entretenu précédemment. Il s’est mis alors en colère et m’a dit « Tu auras de mes nouvelles ». Effectivement, quelques jours après, j’étais arrêté. Je dois vous dire que DARRICAU avait la réputation de travailler plus ou moins pour les allemands. Depuis qu’il était sorti de prison, depuis environ 2 ans, il ne travaillait pas et menait une vie très large. C’est ainsi que lors de notre voyage à BAYONNE précité, il me quitta pour aller faire une commission et revint avec une liasse de billets dont il déclara ne pas connaître le montant, et qu’il se mit à compter devant moi.
D’autre part, Léocadie entretenait des relations particulièrement suivies avec les allemands. Elle faisait avec eux de fréquents voyages qui duraient parfois plusieurs jours. Je sais qu’elle avait une chambre à CAMBO avec d’autres jeunes filles et qu’elle a été prise dans une rafle et obliger de passer une visite médicale. Enfin, lorsque j’ai été arrêté, à l’hôtel Métropole et à la Maison Blanche, les allemands parlant entre eux, ont dit que j’avais eu des ennuis avec « Léo ». J’ai compris qu’il s’agissait de Léocadie Dxxx, qui semblait bien connue d’eux.
Lecture faite, persiste et signe.
27 décembre 1944
Déclaration de Sxxx Salvat, âgé de 48 ans, garde-chasse demeurant à Jatxou (…)
Je confirme la déposition que j’ai faite le 15 octobre 1944 devant les Inspecteurs de la Sureté.
J’ai été arrêté le 28 janvier 1943 par la Gendarmerie Allemande et condamné le 5 février 1943 à 3 mois de prison pour avoir écouté la radio-anglaise, avoir dit que les allemands reculaient en Russie, que je tuerai des allemands à leur départ de France. A l’hôtel Métropole à Biarritz les allemands m’ont fait lire la dénonciation qui avait servie de base à ma condamnation. Cette lettre était signée par Mlle Léocadie Dxxx, M.et Mme DARRICAU, et Mme Dxxx mère.
Comme je ne voulais pas croire que Mme Dxxx avait signé cette lettre, les allemands m’ont répondu que c’était Léocadie Dxxx qui avait signé pour elle.
J’étais plutôt en bon terme avec les Dxxx et DARRICAU à telle enseigne que 8 jours avant mon arrestation ayant tué un lapin je l’avais porté chez eux. Les déclarations de Léocadie Dxxxdont vous me donnez connaissance sont entièrement fausses, jamais je ne l’ai poursuivies de mes assiduités, et jamais je n’ai parlé de sa conduite, bien que j’ai su qu’elle entretenait des relations avec les allemands.
Je ne comprends pas pourquoi ces gens-là m’ont dénoncé, j’avais cessé de les fréquenter parce que leur maison était toujours pleine d’allemands.
Lecture faite persiste et signe.
Déclaration de DARRICAU née Dxxx Marie,31 ans, cultivatrice, demeurant à Villefranque.
Je nie formellement avoir écrit une lettre de dénonciation contre M.Sxxx et je n’ai rien fait pour le faire arrêter. M.Sxxx m’en veut parce que j’ai repoussé ses assiduités et que j’ai eu des ennuis avec lui en raison des propos qu’il tenait sur mon compte. M.DESTRIBATS qui est actuellement chef de la Brigade de Gendarmerie de Biarritz pourra justifier de ces faits car je l’avais prié d’intervenir auprès de M.Sxxx.
Lecture faite persiste et signe
Nous introduisons M.Sxxx et nous lui donnons connaissance des déclarations de Mme DARRICAU.
M.Sxxx répond :je maintiens mes affirmations et je vous remets la photographie de ma condamnation.
Nous faisons remarquer à M.Sxxx qu’au vue de cette photographie seule Melle Léocadie Dxxx et Arnaud DARRICAU l’auraient dénoncé. J’affirme que sur la lettre que les allemands m’ont montré il y avait bien 4 signatures dont celles de Mme DARRICAU.
Mme DARRICAU maintient ces affirmations.
Lecture faite, persiste et signe.
27 décembre 1944
Déclaration de Dxxx Léocadie, âgée de 24 ans, ménagère demeurant à Villefranque
J’affirme n’avoir jamais envoyé de lettre de dénonciation aux allemands concernant M.Sxxx.
J’avais simplement dit à un soldat allemand qui me demandait pourquoi je pleurais, que c’était à cause de M.Sxxx qui disait que j’étais la maîtresse de soldats et d’officiers allemands, et qu’il tenait des propos semblables sur ma sœur. C’est certainement cet allemand qui l’a dénoncé. Je n’étais pas en mauvais terme avec M.Sxxx, mais c’est un homme qui boit et lorsqu’il a bu il a l’habitude de mal traiter les gens.
Lecture faite persiste et signe.
Nous donnons connaissance à M.Sxxx de la déclaration de Melle Dxxx Léocadie.
Je maintiens mes déclarations et j’affirme avoir vu la signature de melle Dxxx sur la lettre que m’ont montré les allemands.
Melle Dxxx maintient sa déclaration, et déclare :je tiens à préciser qu’une fois j’ai fait passer un officier belge en Espagne avec des documents. M.DUFOUR de Villefranque pourra en témoigner.
Lecture faite , persiste et signe
15 janvier 1945
COUR DE JUSTICE DES BASSES- PYRÉNÉES
CABINET D’INSTRUCTION
HÔTEL DE POLICE
2,rue Jacques-Laffitte (2 e étage)
BAYONNE
Tél :.523.30
Le Juge d’Instruction
A Monsieur le Commissaire du Gouvernement près la Cour de Justice à Pau
J’ai l’honneur de vous adresser la procédure suivie contre Dxxx Léocadie et DARRICAU née Dxxx.Cette procédure est actuellement achevée mais il serait peut-être opportun de faire une ordonnance de non-lieu en ce qui concerne DARRICAU née Dxxx.
Ces deux femmes sont en effet accusées d’avoir dénoncé un certain Sxxx et il prétend que lors de sa condamnation par les allemands ceux-ci lui auraient montré une lettre de dénonciation signée par ces deux prévenues ainsi que par Monsieur DARRICAU.
A l’appui de ses affirmations il fournit la copie du jugement qui lui a été remis par les allemands. Cette pièce indique très nettement que la dénonciation avait été faite par Léocadie Dxxx et par Monsieur DARRICAU mais ne parle en aucune façon de Madame Dxxx _DARRICAU_
Je crains donc que l’accusation ne s’effondre en ce qui concerne cette dernière.
Je vous signale par ailleurs que vous nous avez adressé un nouveau réquisitoire introductif concernant cette affaire mais visant outre les deux sus nommées DARRICAUD Arnaud.
Ce dernier étant décédé depuis quelque temps, la procédure ne saurait avoir lieu à son encontre et il serait opportun d’annuler purement et simplement ce dernier réquisitoire introductif.
3 janvier 1945
Interrogatoire définitif de Dxxx Léocadie ,âgée de 24 ans, ménagère Villefranque (…)
En janvier 1943, Monsieur Sxxx, était arrêté par les autorités allemandes et condamné à 3 mois de prison.
A l’hôtel Métropole à Biarritz, les allemands ont montré à Mr Sxxx,la dénonciation écrite qui avait servi de base à sa condamnation et votre signature y figurait.
Vous avez toujours prétendu que vous n’aviez jamais envoyé de lettre de dénonciation, mais qu’un jour vous vous étiez plainte à un soldat allemand des agissements de Mr Sxxx et que c’était lui qui avait dû le faire arrêter.
Je vous ai fait remarquer que sur la condamnation de M.Sxxx, les allemands avaient indiqué que la lettre de dénonciation était signée de vous et de votre beau-frère, malgré cela vous avez persisté à nier. Vous avez prétendu par ailleurs avoir fait passer un officier belge en Espagne et Mr DUFOUR entendu comme témoin a certifié vos dires.
C’est exact, j’ajoute en outre que j’ai fait passer au maquis,3 jeunes gens qui s’étaient échappés des chantiers de jeunesse, je ne peux donner leurs noms.
Interrogatoire définitif de DARRICAU née Dxxx Marie,agée de 31 ans,cultivatrice à VILLEFRANQUE,née à St Pierre d’Irube,le 11 mars 1913, de Joseph et de BEER Marie.Je suis mariée et mère de deux enfants.
(…)
Vous avez toujours dénié les faits, disant que si Mr Sxxx avait été arrêté c’est parce qu’il avait fait des misères à votre sœur qui s’était plainte à un soldat allemand ,et c’est ce dernier qui aurait dénoncé Mr Sxxx. Pour expliquer les déclarations de Mr Sxxx, vous avez prétendu que celui-ci vous avait poursuivie sans succès de ses assiduités.
C’est exact.
Déclaration de DESTRIBATS Félicien, âgé de 43 ans, adjudant de gendarmerie à BIARRITZ.
Il est exact qu’une fois Mme DARRICAU est venue me trouver et m’a dit que Sxxx avait dit à mon mari, au cours d’une discussion que sa femme couchait avec les allemands et d’autres choses de ce genre. Elle me demanda ce que je devais faire. Je lui répondis que si elle pensait être dans son droit elle n’avait que le citer en Justice de Paix et me pria de faire la morale à Sxxx.Y étant allé le surlendemain, j’ai appris que Sxxx venait d’etre arrêté par les allemands. Ayant vu Mme DARRICAU,je luis demandai ce que cela voulait dire. Elle me répondit que ce devait être sa sœur qui s’était plainte aux allemands et que ceux-ci avaient pris l’affaire en main. Je ne me suis jamais rendu compte par ailleurs que Mr Sxxx ait poursuivi Mme Darricau de ses assiduités.
Lecture faite, persiste et signe.
Déclaration de M.DUFOURCQ Marcel, âgé de 45 ans, cultivateur à Villefranque.
Il est exact que Melle Dxxx au cours de l’année 1942 a fait passer un officier belge en Espagne.
Comme je me trouvais chez elle à ce moment-là,elle me l’avait confié sous le sceau du secret et je sais qu’elle lui avait confié une paire d’espadrilles et du ravitaillement et l’avait ensuite dirigé vers AINHOA.
Lecture faite, persiste et signe.
Pau , le 14 janvier 1945.
LE COMMISSAIRE DU GOUVERNEMENT
Vu la procédure suivie contre Dxxx Léocadie ,et DARRICAU pour atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat.
EXPOSE
Le 28 janvier 1943, le nommé Sxxx était arrêté par la Feldgendarmerie et condamné le 5 février 1943 à 3 mois de prison pour avoir écouté la radio anglaise, dit que les Allemands reculaient en Russie, etc. Sxxx affirme que les allemands lui ont montré la lettre de dénonciation qui avait servi de base à sa condamnation et qu’elle était signée par. Léocadie Dxxx, les époux DARRICAU et la dame Dxxx mère. La signature de cette dernière avait été approuvée aux dires des allemands par Léocadie Dxxx.
Au cours de l’enquête, les deux prévenues ont nié avoir écrit cette lettre. Toutefois, Léocadie Dxxx , reconnaît avoir dit à un soldat allemand que Sxxx lui causait des ennuis, et prétend que c’est ce soldat qui aurait provoqué l’arrestation de Sxxx, quant à la femme DARRICAU elle a toujours protesté de son innocence.
A l’appui de ses accusations Sxxx fournit une reproduction photographique du jugement prononcé contre lui, Cette pièce indique très nettement que Sxxx avait été dénoncé comme écoutant la radio anglaise et ayant tenu les propos qui ont basé sa condamnation par une lettre signée de Léocadie Dxxx et du sieur DARRICAU,Par contre, il n’y est nullement fait mention de la dame DARRICAU qui semble pour cette raison pouvoir être mise hors de cause ,quant à DARRICAU décédé accidentellement depuis la libération ,des poursuites n’ont pu être exercées à son encontre.
Il convient également de noter que l’adjudant de gendarmerie DESTRIBATS,a témoigné que la dame DARRICAU ,lui avait confié que si Sxxx avait été arrêté, c’était parce que sa sœur Léocadie avait du se plaindre aux allemands.
Léocadie Dxxx prétend avoir fait des actes de résistance. Les renseignements fournis sur le compte de la dame DARRICAU sont bons, tandis que ceux concernant la demoiselle Léocadie Dxxx lui sont défavorables. Elles n’ont pas d’antécédents judiciaires.
En conséquence, Monsieur le Commissaire du Gouvernement, décide le classement de la procédure en ce qui concerne la dame DARRICAU, décide de renvoyer devant la Cour de Justice des Basses-Pyrénées la nommée Léocadie Dxxx sous l’accusation d’avoir 1943, en tout cas depuis moins de dix ans par des actes non approuvés par le Gouvernement exposé des Français à subir des représailles.
Crime prévu et puni par les articles 79 et 83 du code pénal.
Le Commissaire du Gouvernement.
1 er février 1945
Léocadie Dxxx a été condamnée à deux ans d’emprisonnement par la Cour de de Justice du département des Basses-Pyrénées