03 octobre 2025

Médisances

 Médisances

 

Contenu N°1 Le cas Arnaud Darricau: un "accident mortel " en question 

Contenu N°2 L'équipée du 24 août 1944 Bayonne, Villefranque, Mouguerre 



Source:AD 64 Pau 30 W Article 45 Cour de Justice du département des Basses-Pyrénées
Léocadie Dxxx accusée d’atteinte à la Sûreté extérieure de l’État.EXTRAITS

 

Les identités de Salva et de Léocadie ont été masquées dans le cadre de cette publication.

5 février 1943

Extrait traduit d’un jugement du tribunal de la Feldkommantur

Garde-chasse Salvat Sxxx

Est accusé d’avoir au mois de janvier 1943 à Villefranque ,tenu des propos compromettants à l’égard de l’Empire Allemand, pouvant provoquer  des troubles sur le territoire occupé, du fait avait _mot illisible à Mme Léocadie Dxxx et à Arnaud DARRICAU, dans le domicile de cette dernière, avoir écouté la radio anglaise, d’après laquelle les troupes allemandes en Russie seraient en débâcle et que la guerre touche à sa fin.

Au cas d’un débarquement américain en France, Mme Dxxx et Mr Darricau seraient fusillés puisqu’ils avaient entretenu des relations avec des militaires allemands

6 mai 1943

Fin de l’emprisonnement de Sxxx Salvat

Source:SHD Caen Liste De Brinon 22 P 3089

 

4 octobre 1944

Procès-verbal

Vu le mandat de M. le Sous-Préfet de BAYONNE

Entendons Mme Marie DARRICAU, née Dxxx, demeurant à VILLEFRANQUE, qui sur interpellation déclare

(…)

Je me suis mariée le 18/7/36 à VILLEFRANQUE

J’ai deux enfants

J’ai une instruction très primaire

Je suis de nationalité française

Je suis ménagère

Je n’ai jamais été condamnée.

 

Je n’ai jamais collaboré avec les allemands. Je n’ai jamais eu de relations intimes avec eux. Je connais le nommé Sxxx, garde-chasse, demeurant à JATXOU,(…).Je n’ignore pas que cet homme a été arrêté en janvier 43 par la gendarmerie allemande et a été condamné à trois mois d’emprisonnement.

Je nie formellement être pour quelque chose dans son arrestation.

Il est exact que je n’entreprenais pas de bonnes relations avec Sxxx. Celui-ci racontait partout que je couchais avec les allemands. Il l’a même dit à mon mari. Deux ou trois jours après cette révélation ma sœur, Melle Dxxx Léocadie, demeurant à VILLEFRANQUE (…) a appris les propos que Sxxx tenait à mon égard. Immédiatement elle s’est fort mise en colère, surtout qu’elle a appris de plus de la bouche de mon mari que Sxxx disait qu’elle gagnait sa vie en fréquentant les allemands. Ce jour-là, elle nous a déclaré qu’elle allait dénoncer Sxxx  à la Gendarmerie allemande. Ma mère, Mme Dxxx, mon mari et moi avons essayé de la dissuader de mettre son projet en exécution. J’ignore ce que ma sœur a fait. En tout cas, en ce qui me concerne, je nie formellement être pour quelque chose dans l’arrestation du nommé Sxxx.

Lecture faite, persiste et signe.

 

Procès-verbal

Vu le mandat de M. le Sous-Préfet de BAYONNE

Entendons Melle Léocadie Dxxx,24 ans, demeurant à VILLEFRANQUE qui sur interpellation déclare :

(…)

Je suis célibataire

Je n’ai pas d’enfants

Je suis de nationalité française

J’ai une instruction primaire

Je suis ménagère

Je n’ai jamais été condamnée

Je n’ai jamais fait de politique. Je n’ai jamais été inscrite à aucun parti. Je n’ai jamais eu de rapports intimes avec les allemands. Ceux-ci venaient bien au café, mais c’est uniquement pour consommer. Je connais bien le nommé Sxxx. Cet homme depuis de nombreuses années me poursuit de ses assiduités. Quand les allemands sont arrivés dans la région, il a cherché à se venger en racontant partout et même en le disant à moi-même, que je couchais avec les allemands, que j’étais une « putain » et que j’étais entretenue par eux. Le jour où il est allé raconter à mon beau-frère que sa femme couchait avec les allemands, et que l’enfant qu’elle allait avoir était le fruit des relations qu’elle avait eues avec un officier allemand pendant qu’il était en Syrie, je me suis mis fort en colère et immédiatement j’ai pensé à aller le dénoncer à la gendarmerie, mais ma sœur et mon beau-frère m’ont dissuadé de mettre ce projet à exécution. Comme je sortais de la maison en pleurant j’ai rencontré un allemand qui n’était pas un gendarme  et sur sa demande, je lui ai dit que je pleurais à cause de Sxxx qui nous faisait des misères et allait raconter partout que j’étais la maîtresse de soldats ou d’officiers allemands.

Cet allemand m’a dit qu’il me connaissait bien, que les dires de Sxxx étaient faux et que je n’avais qu’a me tranquilliser. J’ai quitté la région quelques jours après pour aller à ESPELETTE. Au retour je me suis arrêtée à CAMBO ou j’ai habité chez Mme Bxxx, Bas-Cambo. A mon retour à VILLEFRANQUE, j’ai appris que Sxxx avait été arrêté par les allemands. Je n’ai jamais pensé que cette arrestation avait été provoquée par mes dires au soldat-allemand.

En tout cas, je n’ai jamais dénoncé Sxxx à la Gendarmerie Allemande. Je n’ai jamais porté de plainte contre lui.

Lecture faite, persiste et signe.

 

 

Procès-verbal

Vu le mandat de M. le Sous-Préfet de BAYONNE

Entendons M. Arnaud DARRICAU,33 ans, demeurant à VILLEFRANQUE, qui sur interpellation déclare :

(…)

Je me suis marié le 18/7/36 à VILLEFRANQUE

J’ai deux enfants

J’exerce la profession de plâtrier

J’ai une instruction très primaire

Je suis de nationalité française

Je n’ai jamais été condamné

Je n’ai jamais fait de politique. Je n’ai jamais été inscrit dans aucun parti politique. Je n’ai jamais collaboré en aucune façon avec les allemands. Je pense que mon arrestation est due à une altercation que j’ai eue avec un nommé Sxxx, garde-chasse à JATXOU. Ce jour-là cette personne s’est permise de tenir des propos déplacés sur ma femme et ma belle-sœur. Ayant mis celles-ci au courant, je crois que ma belle-sœur Melle Dxxx en aura parlé incidemment à un allemand et que c’est ainsi que l’enquête a été déclenchée par les autorités par les autorités allemandes et que ce garde-chasse a été arrêté.

En ce qui me concerne je nie formellement avoir dénoncé Sxxx à la gendarmerie allemande.

Je n’ai jamais dénoncé personne.

Lecture faite, persiste et signe.

 

25 octobre 1944

Procès-verbal

Entendons monsieur Sxxx Salvat, demeurant à JATXOU maison (…) qui nous déclare :

J’ai été arrêté le 28 janvier 1943 par la Gendarmerie allemande et j’ai été condamné le 5 février 1943 à 3 mois de prison, pour avoir écouté la radio anglaise, avoir dit que les allemands reculaient en Russie, que la guerre serait bientôt finie et que les américains en cas de débarquement en France, fusilleraient Léocadie Dxxx et sa mère, parce qu’elles avaient entretenu des relations intimes avec des soldats allemands.

L’extrait de jugement que j’ai en ma possession, indique ce que je viens de vous dire et mentionne comme témoin Léocadie Dxxx et Arnaud Darricau.

J’ai été conduit à l’hôtel Métropole à BIARRITZ, où les allemands m’ont fait lire une lettre de dénonciation signée de Melle Léocadie Dxxx, M. Armand DARRICAU, Mme DARRICAU sa femme et Mme Dxxx, mère. Comme je m’étonnais que Mme Dxxx ait signé cette lettre, les allemands m’ont répondu que c’était Melle Léocadie Dxxx qui avait signé pour elle.

Cette lettre de dénonciation outre les motifs de l’accusation cités plus haut, indiquait que j’étais un terroriste et que leur avait indiqué que je tuerai des allemands avant leur départ de FRANCE.

Que 3 jours avant que je sois libéré, Mme Dxxx  mère, est venu me rendre visite au Château Neuf et m’a textuellement dit « Je n’avais pas le moindre doute que vous seriez fusillé. J’avais peur pour vous. »Je ne comprends pas pourquoi ces quatre personnes m’ont dénoncé. J’entretenais de bonnes relations avec tous les membres de cette famille. J’allais particulièrement souvent chez Dxxx, pour faire ferrer mes bêtes et réparer mes machines agricoles. Cependant, en 1940 ou 1941, M. DARRICAU arrêté pour passage clandestin à la frontière franco-espagnole, par les allemands, fut condamné à 2 ou 3 mois de prison. Comme il m’avait invité à aller avec lui en Espagne et que j’avais refusé, je déclarai à sa femme : » Heureusement que je ne suis pas parti avec lui, je serais aussi en prison. ».

Elle se mit en colère, et me répondit qu’elle me ferait arrêter un jour.

D’autre part, quelques jours avant mon arrestation, au retour d’un voyage à Bayonne que j’avais effectué avec M.DARRICAU, un petit incident eu lieu entre nous. Je lui ai fait allusion très discrète à une liaison dont il m’avait entretenu précédemment. Il s’est mis alors en colère et m’a dit « Tu auras de mes nouvelles ». Effectivement, quelques jours après, j’étais arrêté. Je dois vous dire que DARRICAU avait la réputation de travailler plus ou moins pour les allemands. Depuis qu’il était sorti de prison, depuis environ 2 ans, il ne travaillait pas et menait une vie très large. C’est ainsi que lors de notre voyage à BAYONNE précité, il me quitta pour aller faire une commission et revint avec une liasse de billets dont il déclara ne pas connaître le montant, et qu’il se mit à compter devant moi.

D’autre part, Léocadie entretenait des relations particulièrement suivies avec les allemands. Elle faisait avec eux de fréquents voyages qui duraient parfois plusieurs jours. Je sais qu’elle avait une chambre à CAMBO avec d’autres jeunes filles et qu’elle a été prise dans une rafle et obliger de passer une visite médicale. Enfin, lorsque j’ai été arrêté, à l’hôtel Métropole et à la Maison Blanche, les allemands parlant entre eux, ont dit que j’avais eu des ennuis avec « Léo ». J’ai compris qu’il s’agissait de Léocadie Dxxx, qui semblait bien connue d’eux.

Lecture faite, persiste et signe.

 

27 décembre 1944

Déclaration de Sxxx Salvat, âgé de 48 ans, garde-chasse demeurant à Jatxou (…)

Je confirme la déposition que j’ai faite le 15 octobre 1944 devant les Inspecteurs de la Sureté.

J’ai été arrêté le 28 janvier 1943 par la Gendarmerie Allemande et condamné le 5 février 1943 à 3 mois de prison pour avoir écouté la radio-anglaise, avoir dit que les allemands reculaient en Russie, que je tuerai des allemands à leur départ de France. A l’hôtel Métropole à Biarritz les allemands m’ont fait lire la dénonciation qui avait servie de base à ma condamnation. Cette lettre était signée par Mlle Léocadie Dxxx, M.et Mme DARRICAU, et Mme Dxxx mère.

Comme je ne voulais pas croire que Mme Dxxx avait signé cette lettre, les allemands m’ont répondu que c’était Léocadie Dxxx qui avait signé pour elle.

J’étais plutôt en bon terme avec les Dxxx et DARRICAU à telle enseigne que 8 jours avant mon arrestation ayant tué un lapin je l’avais porté chez eux. Les déclarations de Léocadie Dxxxdont vous me donnez connaissance sont entièrement fausses, jamais je ne l’ai poursuivies de mes assiduités, et jamais je n’ai parlé de sa conduite, bien que j’ai su qu’elle entretenait des relations avec les allemands.

Je ne comprends pas pourquoi ces gens-là m’ont dénoncé, j’avais cessé de les fréquenter parce que leur maison était toujours pleine d’allemands.

Lecture faite persiste et signe.

Déclaration de DARRICAU née Dxxx Marie,31 ans, cultivatrice, demeurant à Villefranque.

Je nie formellement avoir écrit une lettre de dénonciation contre M.Sxxx et je n’ai rien fait pour le faire arrêter. M.Sxxx m’en veut parce que j’ai repoussé ses assiduités et que j’ai eu des ennuis avec lui en raison des propos qu’il tenait sur mon compte. M.DESTRIBATS qui est actuellement chef de la Brigade de Gendarmerie de Biarritz pourra justifier de ces faits car je l’avais prié d’intervenir auprès de M.Sxxx.

Lecture faite persiste et signe

Nous introduisons M.Sxxx et nous lui donnons connaissance des déclarations de Mme DARRICAU.

M.Sxxx répond :je maintiens mes affirmations et je vous remets la photographie de ma condamnation.

Nous faisons remarquer à M.Sxxx qu’au vue de cette photographie seule Melle Léocadie Dxxx et Arnaud DARRICAU l’auraient dénoncé. J’affirme que sur la lettre que les allemands m’ont montré il y avait bien 4 signatures dont celles de Mme DARRICAU.

Mme DARRICAU maintient ces affirmations.

Lecture faite, persiste et signe.

 

27 décembre 1944

Déclaration de Dxxx Léocadie, âgée de 24 ans, ménagère demeurant à Villefranque

J’affirme n’avoir jamais envoyé de lettre de dénonciation aux allemands concernant M.Sxxx.

J’avais simplement dit à un soldat allemand qui me demandait pourquoi je pleurais, que c’était à cause de M.Sxxx qui disait que j’étais la maîtresse de soldats et d’officiers allemands, et qu’il tenait des propos semblables sur ma sœur. C’est certainement cet allemand qui l’a dénoncé. Je n’étais pas en mauvais terme avec M.Sxxx, mais c’est un homme qui boit et lorsqu’il a bu il a l’habitude de mal traiter les gens.

Lecture faite persiste et signe.

Nous donnons connaissance à M.Sxxx de la déclaration de Melle Dxxx Léocadie.

Je maintiens mes déclarations et j’affirme avoir vu la signature de melle  Dxxx sur la lettre que m’ont montré les allemands.

Melle Dxxx maintient sa déclaration, et déclare :je tiens à préciser qu’une fois j’ai fait passer un officier belge en Espagne avec des documents. M.DUFOUR de Villefranque pourra en témoigner.

Lecture faite , persiste et signe

 

 

15 janvier 1945

COUR DE JUSTICE DES BASSES- PYRÉNÉES

CABINET D’INSTRUCTION

HÔTEL DE POLICE

2,rue Jacques-Laffitte (2 e étage)

BAYONNE

Tél :.523.30

Le Juge d’Instruction

 A Monsieur le Commissaire du Gouvernement près la Cour de Justice à Pau

J’ai l’honneur de vous adresser la procédure suivie contre Dxxx Léocadie et DARRICAU née Dxxx.Cette procédure est actuellement achevée mais il serait peut-être opportun de faire une ordonnance de non-lieu en ce qui concerne DARRICAU née Dxxx.

Ces deux femmes sont en effet accusées d’avoir dénoncé un certain Sxxx et il prétend que lors de sa condamnation par les allemands ceux-ci lui auraient montré une lettre de dénonciation signée par ces deux prévenues ainsi que par Monsieur DARRICAU.

A l’appui de ses affirmations il fournit la copie du jugement qui lui a été remis par les allemands. Cette pièce indique très nettement que la dénonciation avait été faite par Léocadie Dxxx et par Monsieur DARRICAU mais ne parle en aucune façon de Madame Dxxx _DARRICAU_

Je crains donc que l’accusation ne s’effondre en ce qui concerne cette dernière.

Je vous signale par ailleurs que vous nous avez adressé un nouveau réquisitoire introductif concernant cette affaire mais visant outre les deux sus nommées DARRICAUD Arnaud.

Ce dernier étant décédé depuis quelque temps, la procédure ne saurait avoir lieu à son encontre et il serait opportun d’annuler purement et simplement ce dernier réquisitoire introductif.

 

3 janvier 1945

Interrogatoire définitif de Dxxx Léocadie ,âgée de 24 ans, ménagère Villefranque (…)

En janvier 1943, Monsieur Sxxx, était arrêté par les autorités allemandes et condamné à 3 mois de prison.

A l’hôtel Métropole à Biarritz, les allemands ont montré à Mr Sxxx,la dénonciation écrite qui avait servi de base à sa condamnation et votre signature y figurait.

Vous avez toujours prétendu que vous n’aviez jamais envoyé de lettre de dénonciation, mais qu’un jour vous vous étiez plainte à un soldat allemand  des agissements de Mr Sxxx et que c’était lui qui avait dû le faire arrêter.

Je vous ai fait remarquer que sur la condamnation de M.Sxxx, les allemands avaient indiqué que la lettre de dénonciation était signée de vous et de votre beau-frère, malgré cela vous avez persisté à nier. Vous avez prétendu par ailleurs avoir fait passer un officier belge en Espagne et Mr DUFOUR entendu comme témoin a certifié vos dires.

C’est exact, j’ajoute en outre que j’ai fait passer au maquis,3 jeunes gens qui s’étaient échappés des chantiers de jeunesse, je ne peux donner leurs noms.

 

Interrogatoire définitif de DARRICAU née Dxxx Marie,agée de 31 ans,cultivatrice à VILLEFRANQUE,née à St Pierre d’Irube,le 11 mars 1913, de Joseph et de BEER Marie.Je suis mariée et mère de deux enfants.

(…)

Vous avez toujours dénié les faits, disant que si Mr Sxxx avait été arrêté c’est parce qu’il avait fait des misères à votre sœur qui s’était plainte à un soldat allemand ,et c’est ce dernier qui aurait dénoncé Mr Sxxx. Pour expliquer les déclarations de Mr Sxxx, vous avez prétendu que celui-ci vous avait poursuivie sans succès de ses assiduités.

C’est exact.


Déclaration de DESTRIBATS Félicien, âgé de 43 ans, adjudant de gendarmerie à BIARRITZ.

Il est exact qu’une fois Mme DARRICAU est venue me trouver et m’a dit que Sxxx avait dit à mon mari, au cours d’une discussion que sa femme couchait avec les allemands et d’autres choses de ce genre. Elle me demanda ce que je devais faire. Je lui répondis que si elle pensait être dans son droit elle n’avait que le citer en Justice de Paix et me pria de faire la morale à Sxxx.Y étant allé le surlendemain, j’ai appris que Sxxx venait d’etre arrêté par les allemands. Ayant vu Mme DARRICAU,je luis demandai ce que cela voulait dire. Elle me répondit que ce devait être sa sœur qui s’était plainte aux allemands et que ceux-ci avaient pris l’affaire en main. Je ne me suis jamais rendu compte par ailleurs que Mr Sxxx ait poursuivi Mme Darricau de ses assiduités.

Lecture faite, persiste et signe.

 

Déclaration de M.DUFOURCQ Marcel, âgé de 45 ans, cultivateur à Villefranque.

Il est exact que Melle Dxxx au cours de l’année 1942 a fait passer un officier belge en Espagne.

Comme je me trouvais chez elle à ce moment-là,elle me l’avait confié sous le sceau du secret et je sais qu’elle lui avait confié une paire d’espadrilles et du ravitaillement et l’avait ensuite dirigé vers AINHOA.

Lecture faite, persiste et signe.

 

Pau , le 14 janvier 1945.

LE COMMISSAIRE DU GOUVERNEMENT

Vu la procédure suivie contre Dxxx Léocadie ,et DARRICAU pour atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat.

EXPOSE

 Le 28 janvier 1943, le nommé Sxxx était arrêté par la Feldgendarmerie et condamné le 5 février 1943 à 3 mois de prison pour avoir écouté la radio anglaise, dit que les Allemands reculaient en Russie, etc. Sxxx affirme que les allemands lui ont montré la lettre de dénonciation qui avait servi de base à sa condamnation et qu’elle était signée par. Léocadie Dxxx, les époux DARRICAU et la dame Dxxx mère. La signature de cette dernière avait été approuvée aux dires des allemands par Léocadie Dxxx.

Au cours de l’enquête, les deux prévenues ont nié avoir écrit cette lettre. Toutefois, Léocadie Dxxx , reconnaît avoir dit à un soldat allemand que Sxxx lui causait des ennuis, et prétend que c’est ce soldat qui aurait provoqué l’arrestation de Sxxx, quant à la femme DARRICAU elle a toujours protesté de son innocence.

A  l’appui de ses accusations Sxxx fournit une reproduction photographique du jugement prononcé contre lui, Cette pièce indique très nettement que Sxxx avait été dénoncé comme écoutant la radio anglaise et ayant tenu les propos qui ont basé sa condamnation par une lettre signée de Léocadie Dxxx  et du sieur DARRICAU,Par contre, il n’y est nullement fait mention de la dame DARRICAU  qui semble pour cette raison pouvoir être mise hors de cause ,quant à DARRICAU décédé accidentellement depuis la libération ,des poursuites n’ont pu être exercées à son encontre.

Il convient également de noter que l’adjudant de gendarmerie DESTRIBATS,a témoigné que la dame DARRICAU ,lui avait confié  que si Sxxx avait été arrêté, c’était parce que sa sœur Léocadie avait du se plaindre aux allemands.

Léocadie Dxxx prétend avoir fait des actes de résistance. Les renseignements fournis sur le compte de la dame DARRICAU sont bons, tandis que ceux concernant la demoiselle Léocadie Dxxx lui sont défavorables. Elles n’ont pas d’antécédents judiciaires.

En conséquence, Monsieur le Commissaire du Gouvernement, décide le classement de la procédure en ce qui concerne la dame DARRICAU, décide de renvoyer devant la Cour de Justice des Basses-Pyrénées la nommée Léocadie Dxxx sous l’accusation d’avoir 1943, en tout cas depuis moins de dix ans par des actes non approuvés par le Gouvernement exposé des Français à subir des représailles.

 Crime prévu et puni par les articles 79 et 83 du code pénal.

Pau, le 14 janvier 1945.

Le Commissaire du Gouvernement.

 

1 er février 1945

Léocadie Dxxx a été condamnée à deux ans d’emprisonnement par la Cour de de Justice du département des Basses-Pyrénées

26 septembre 2025

L' équipée du 24 août 1944

 

L'équipée du 24 août 1944

 Bayonne, Villefranque, Mouguerre 


Les Allemands se sont retirés de la Cote basque le 22 août 1944.Dans l’après-midi du surlendemain de cette retraite, un gardien de la paix de Bayonne et un habitant de Villefranque ont pris l’initiative de procéder, sans le moindre mandat, à des arrestations. Madame Darricau et sa sœur ont été interpellées.
Dans un article à paraître prochainement nous nous intéresserons aux reproches formulées à l'encontre d'Arnaud Darricau, de son épouse et de la sœur de cette dernière.

Les identités de Dominique ,de Xavier et autres, ont été masquées dans le cadre de cette publication.

Gendarmerie Nationale

Cejourd’hui, trois octobre mil neuf cent quarante-quatre, à 8 huit heures 30’

Nous soussignés CAZAUX Joseph et BONLIEU Pierre,

Gendarmes à la résidence de Bayonne, département des Basses-Pyrénées, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs, de service dans la commune de Mouguerre et agissant en vertu de la réquisition de M. le Procureur de la République à Bayonne en date du 20 septembre 1944  (…) jointe à un dossier relatif à une plainte écrite formulée par M.CELHAY maire de Mouguerre et M.BIELLA, Syndic et Conseiller Municipal pour tentative d’arrestation arbitraire et illégale par MM.Cxxxx Xavier, demeurant à Eliçaberry,(…) et Cyyyy, agent de ville à Bayonne, avons procédé à une enquête et recueilli les renseignements suivants.

1°M.CELHAY, Alfred,76 ans, maire de la commune de Mouguerre, y demeurant, nous a déclaré :

(…) Le 24 aout 1944, vers 15 heures, je me trouvais à mon domicile en compagnie de M.RIGOLIER, chirurgien-dentiste et M. OSPITAL, facteur des P.T.T, lorsqu’une automobile pavoisée de plusieurs drapeaux devant chez moi. Un homme que j’ai su un peu plus tard se nommer Cyyyy et occuper l’emploi de gardien de la Paix à Bayonne, est descendu et a pénétré dans la salle où nous nous trouvions.

Aussitôt et sur un ton impératif, il m’a déclaré « Vous êtes bien M.CELHAY, maire de Mouguerre, je viens vous arrêter pour vous conduire à Bayonne. ». Cet homme était en civil ;je lui ai demandé de m’indiquer ses fonctions et qualité et de quel droit il venait m’arrêter .Il m’a alors répondu qu’il était le maître chez moi et qu’il avait son revolver comme pièce ». Ayant besoin de me rendre au water il m’a dit sur un ton arrogant « Vous avez la chiasse maintenant, mais il est trop tard, dépêchez-vous ».

Ma femme s’est interposée et M.Cyyy lui a répondu « Madame vous me faites « chier » taisez-vous ».A mon retour des water closets , M.RIGOLIER ainsi que Mme .LAHERRERE, qui venait d’arriver, ayant protesté contre mon arrestation et voulant téléphoner à la police à  Bayonne, M.Cyyy m’a alors fait des excuses et est sorti de chez moi en me montrant une carte au nom de Cyyy.

J’ai appris depuis par Mme DARRICAU, maison Tarridenis à Villefranque, qui se trouvait dans l’auto en compagnie de sa sœur, de HAUCIARTS demeurant également à Villefranque où il est ouvrier tanneur et du conducteur Cxxx Xavier, que ce dernier reprocha vivement à la personne rentrée chez moi de ne pas m’avoir arrêtée et conduit en prison au moins pour 48 heures et qu’ils allaient maintenant rechercher à Bayonne M.BIELLA, pour l’arrêter.

Cxxx Xavier n’est pas sorti de l’automobile. Ma femme lui ayant demandé pourquoi il venait m’arrêter il répondu : » Moi je ne sais rien, c’est mon camarade qui s’en occupe et je n’y suis pour rien. »

J’ignore pour quel motif ces personnes ont voulu m’arrêter.

Depuis bientôt deux ans je suis l’objet de plaintes continuelles de la part de M.Cxxx Xavier auprès de la Sous-Préfecture et du Ravitaillement Général et consécutives à des ordres de réquisition. Trois ont été adressées depuis deux mois au Ravitaillement Général ;M.BIELLA, Syndic, qui était également impliqué dans ces plaintes, à été convoqué à la Police à Bayonne, pour enquête.

Il pourra donner toutes précisions à ce sujet.

Lecture faite persiste et signe.

2° Monsieur BIELLA, Jean-Baptiste,41 ans, propriétaire et Conseiller Municipal à Mouguerre, nous a déclaré :

Le 24 aout dernier, M.Cxxx Xavier, demeurant à Eliçaberry, s’est présenté à mon domicile vers 15 heures accompagné de l’agent de Police Cyyy de Bayonne. L’agent a demandé à ma belle-mère si j’étais à la maison. Sur sa réponse négative, ils ont demandé où je me trouvais ; lui ayant dit que j’étais à Bayonne, ils sont partis chez M.le Maire sans dire ce qu’ils voulaient.

J’ai appris par la suite par Mme DARRICAU Adrien, demeurant à Villefranque, qu’ils venaient avec l’intention de m’arrêter.

Le 24 septembre dernier, devant la mairie, M.Cxxx Xavier m’ayant interpellé, je lui ai demandé les raisons pour lesquelles il voulait m’arrêter. Il m’a répondu catégoriquement qu’il était prêt à revenir à la première occasion.

Je n’ai jamais rien fait à Cxxx Xavier, et je ne m’explique pas sa façon de faire ni sa ligne de conduite à mon égard.

Je dois ajouter que le 15 septembre dernier, j’ai été convoqué chez le Commissaire Spécial de Police à Bayonne.  J’ai été mis à ce moment, au courant d’une plainte portée par Cxxx contre moi, m’accusant de lui avoir envoyé la Police Allemande pour ne pas avoir livré des pneus d’automobile qu’il détenait encore ; ce qui est tout à fait inexact.

Voici dans quelles conditions se sont passés les faits.

Dans le courant du mois de juin ou juillet 1944, plusieurs policiers Allemands, accompagnés de M.Dxxxx entrepreneur de transport à Bayonne s’étaient rendus chez moi afin de prendre livraison de pneus de ma voiture que j’avais reçu ordre de ne pas livrer. Après contrôle fait, ces derniers m’ont demandé où habitait M.Cxxx ;au moment où je leur donnais les indications nécessaires M.Dxxx me dit qu’il le connaissait personnellement et qu’il savait où il habitait.

J’ignorais totalement les raisons de la visite chez Cxxx à ce moment-là. La même réponse a été faite devant M. le Commissaire Spécial. Ce n’est pas dans mes habitudes de porter plainte et moins encore devant les Autorités Allemandes.

Lecture faite persiste et signe.

(…)

Madame LAHERRERE, Alice,56 ans, employée de mairie à Mouguerre, nous a déclaré

Le 24 aout dernier vers 14 heures 45, étant chez moi j’avais été prévenu que quelqu’un venait arrêter M. le Maire.Je me suis rendue immédiatement chez lui  et devant sa porte j’ai reconnu la voiture de M.Cxxx d’Eliçaberry ; celui-ci se tenait au voulant. Je suis entré et j’ai vu M.CELHAY en compagnie d’un homme habillé en kaki. M. le Maire m’a mise alors au courant que l’homme qui était là présent venait pour l’arrêter. Je lui ai répondu « Et vous vous laissez arrêter comme ça ». J’ai alors demandé à cet homme qui il était et s’il avait un mandat d’arrêt ; celui-ci m’a répondu que cela ne me regardait pas.

Sur cette réponse j’ai prévenu cet homme que j’allais téléphoner au Commissariat de Police et en effet je me suis rendue à la Poste et d’après l’explication que j’ai eue avec le Commissaire j’ai su qu’il n’y avait rien contre M.CELHAY. J’ai été chargée de lui dire de ne pas se déranger. A mon retour chez M. le Maire les deux hommes étaient déjà partis.

Lecture faite persiste et signe.

Monsieur LAHERRERE, Paul,21ans, instituteur à Mouguerre, nous a déclaré :

Le 24 août dernier, vers 14 heures 30 me trouvant dans la rue M.Ospital, facteur des postes m’a prévenu qu’on venait arrêter M. le Maire. Je me suis rendu à son domicile et devant sa porte j’ai vu M.Cxxx d’Eliçaberry au volant de sa voiture. Il y avait déjà dans la voiture 3 personnes dont deux femmes avec lesquelles j’ai engagé une conversation. Elles m’ont déclaré avoir été arrêtées.

M’adressant alors à M.Cxxxje lui ai demandé s’il était bien chargé d’arrêter M. le Maire ; celui-ci m’a répondu évasivement qu’il n’y était pour rien. Je lui ai alors dit ironiquement « Vous allez me dire que vous êtes requis avec votre auto. ». Ce à quoi il m’a répondu affirmativement.

Je me suis alors rapproché du seuil de la porte sur lequel se tenait un autre homme habillé en kaki, chaussé de sandales et coiffé d’un béret et qui d’après la conversation que j’ai saisi refusait de montrer à Mme.  CELHAY sa carte de policier ou autre. Sur l’insistance de celle-ci cet homme a répondu grossièrement à cette dame et lui a dit finalement en exhibant sa carte : » Tenez-vous me faites chier ». Quelqu’un a examiné la carte et a lu sur celle-ci le nom de Cxxx Dominique.

Lecture faite persiste et signe.

 

Mademoiselle LAHERRERE, Marie,23 ans, institutrice à Mouguerre, nous a déclaré :

Le 24 août 1944, je me trouvais chez moi lorsque M.Ospital, facteur nous a prévenu que l’on venait arrêter M. le Maire. Je me suis rendu chez lui et ai constaté qu’une auto au volant de laquelle se trouvait Cxxx Xavier, stationnait devant la porte. Dans l’intérieur de la maison se trouvait un homme qui attendait que M.CELHAY soit prêt à le suivre. Ma mère ayant annoncé qu’elle allait téléphoner à la police et effectivement étant partie le faire, l’homme qui voulait arrêter M. le Maire s’est retiré avant qu’elle ne revienne. En partant il a montré une carte d’identité au nom de Cxxx, agent. J’ai entendu ce dernier parler grossièrement à Mme CELHAY et en ces termes « Madame vous me faites chier, taisez-vous. »

Lecture faite persiste et signe.

Monsieur OSPITAL, Jean 46 ans, facteur des P.T.T. à Mouguerre, y demeurant, nous a déclaré :

Le 24 aout 1944, vers 15 heures, je distribuais le courrier à M. le Maire de Mouguerre, à son domicile, lorsqu’une voiture automobile s’est arrêtée devant chez lui. Un homme est descendu du véhicule, est entré chez M. le Maire et lui a dit : » Vous êtes bien M.CELHAY, maire de Mouguerre, on vous arrête, suivez-nous. ». Je suis sorti aussitôt et ai prévenu de ce fait le Secrétaire de Mairie et ai continué ma tournée. Je n’ai pas connu le civil qui a voulu arrêter M.Celhay ; j’ai su par la suite qu’il s’agissait de M.Cxxx, agent de police à Bayonne. Au volant de la voiture j’ai reconnu M.Cxxx Xavier, demeurant à Eliçaberry. C’était son automobile. Il y avait également dans le véhicule Mme DARRICAU et sa sœur Mlle Dxxx, ainsi que M.HAUCIARTS , Jean Baptiste demeurant à Villefranque maison « Pahaldia »Je ne puis vous donner aucun autre renseignement.

Lecture faite persiste et signe.

 

Cejourd’hui, quatre octobre 1944, à huit heures, les gendarmes CAZAUX et BONLIEU, continuant l’enquête à Elicaberry, avons recueilli les renseignements suivants :

Je me nomme HAUCIARTS  Jean ,44 ans, cultivateur à Villefranque, maison « Pahaldia ».

Le 24 août dernier, dans le courant de l’après-midi me trouvant au restaurant DUFAU, sis à proximité de chez moi, Cxxx Xavier, est arrivé avec son automobile, accompagné de Cxxx, agent de Police à Bayonne, que je connais très bien. Ils sont descendus et l’agent de ville a dit aux deux filles Dxxx qu’il fallait qu’elles aillent à Bayonne. Ayant besoin moi-même d’y aller, j’ai demandé à Cxxx, agent, s’il avait une place pour moi. Sur sa réponse affirmative je suis parti avec eux et j’ignorais s’ils devaient passer à Mouguerre. Dans cette localité ils sont allés d’abord chez M. Biella et ensuite chez M.le Maire. M.Biella n’était pas chez lui. Lorsque l’agent Cxxx est sorti de chez M. le Maire, il a dit à Xavier que M. Celhay était malade et qu’il ne pouvait pas l’emmener.

Je n’ai pas saisi ce qu’a répondu Xxxx Cxxx mais j’ai remarqué qu’il n’était pas content. J’étais monté à l’arrière de la voiture et j’ignore la conversation tenue par eux, surtout que je me trouvais là accidentellement.

J’ai habité jusqu’en 1932 à Mouguerre, quartier Eliçaberry et pendant 10 ans environ.

Je n’ai jamais eu à me plaindre de M.Celhay, maire de Mouguerre.

Lecture faite persiste et signe.

Entendu, Cxxx , Xavier, nous a déclaré :

Je me nomme Cxxx, Xavier,38 ans, propriétaire cultivateur à Mouguerre-Eliçaberry, maison « Gxxx », né le 3 mars 1906 à Urt fils des feus Jean-Baptiste et Larran, Jeanne Marie,marié,3 enfants, je sais lire et écrire, j’ai été élevé par mes parents jusqu’à ma majorité ,je n’ai jamais été condamné, classe 1926, Recrutement Maritime de Rochefort° Mle 142.254.

Le 24 août 1944, vers 10 heures, ma femme se trouvant à Bayonne a été interpellé par l’agent de Police Cxxx qui lui a demandé si notre voiture automobile était en état de marche. Ma femme lui a répondu affirmativement. Cet agent de police a alors dit à ma femme qu’il lui réquisitionnait sa voiture. Il est arrivé à la maison à Eliçaberry vers 12 heures, à bicyclette et en compagnie de ma femme. Il était en tenue Kaki et sans arme apparente. Il m’a dit qu’il requestionnait ma voiture pour procéder à l’arrestation de M. et Mme DARRICAU et la sœur de cette dernière Mlle Dxxx, domiciliés à Villefranque. Nous sommes partis à Villefranque vers 12 heures 30 et avons arrêté ces deux femmes. M.DARRICAU était absent.

L’agent Cxxx a invité un voisin de Darricau, M.Hauciarts à s’unir à nous. En partant du domicile de Darricau j’ai fait part à l’agent Cxxx que M.le Maire de Mouguerre et M. Biella, conseiller municipal , m’avaient envoyé les allemands pour me prendre ma voiture. Il m’a répondu « Ces messieurs sont fautifs et nous allons les arrêter ».

Nous sommes partis à Mouguerre et sommes allés chez M.Biella. Celui-ci était absent. J’ignore ce qui s’est dit à l’intérieur de la maison car je suis resté au volant de ma voiture.

Cxxx m’a alors commandé de me rendre chez M. le Maire, ce que j’ai fait. Il est descendu seul de la voiture et est rentré chez M. le Maire. Je suis resté au volant de mon véhicule. J’ai entendu une conversation assez agitée et j’ai compris que l’agent Cxxx reprochait au maire d’avoir envoyé les allemands chez moi. Le maire a répondu qu’il avait reçu des ordres de la troupe d’occupation et qu’il était obligé d’agir ainsi. Les enfants de Mme Laherrere étant arrivés à ce moment là je n’ai plus entendu ce qui se disait à l’intérieur de la maison. L’agent Curutchet est sorti seul de chez M. le Maire et m’a dit »Je ne l’ai pas arrêté parce que c’est un vieillard et il est essoufflé. » Je ne lui ai rien répondu  et il m’a donné l’ordre de rentrer à Bayonne.

Je nie avoir dit à Cxxx qu’il aurait dû quand même procéder à son arrestation et le mettre en prison au moins 48 heures.

Je n’avais aucune autorisation de circuler pour ma voiture automobile N°6936. N.M.3.L’agent Cxxx ne m’a donné aucun ordre de réquisition écrit.

Je n’ai fait que conduire ma voiture et n’ai opéré aucune arrestation. L’agent Cxxx a opéré seul.

J’ignore s’il avait des mandats d’arrêt.

J’ai conduit les personnes arrêtées au poste de police à Bayonne.

Lecture faite persiste et signe.

Par téléphone, nous avons demandé à M. le Commissaire de Police à Bayonne, l’autorisation d’entendre l’agent de Police Cxxx Dominique. Cette autorisation nous ayant été accordée, nous avons convoqué Cxxx au bureau de notre brigade.

Cejourd’hui, cinq octobre 1944, à 10 heures, nous CAZAUX et BONLIEU, continuant l’enquête à notre caserne, s’est présenté Cxxx Dominique, qui nous a déclaré :

Je me nomme Cxxx Dominique,38 ans, gardien de la Paix à Bayonne, y demeurant, quartier Villa Pia, maison Petit-Beyris, né le 17 juin 1906 à Arcangues, fils de Martin et de Camajor, Marie, marié,4 enfants, je sais lire et écrire, élevé par mes parents, jusqu’à ma majorité, classe 1926, recrutement de Pau, N° Mle 1068.

Le 24 août 1944, j’ai pris l’initiative d’aller à Villefranque pour arrêter M.DARRICAU, sa femme ainsi que la sœur de cette dernière Mlle Dxxx, Lxxx , qui collaboraient avec l’ennemi. A cet effet ayant rencontré Mme Cxxx Xavier à Bayonne, je lui ai fait part de mon intention et elle m’a offert sa voiture automobile qui était à Eliçaberry.J ‘ai accepté et je me suis rendu chez elle à bicyclette.

Vers 12 heures 30, M.Cxxx Xavier, qui était au volant de sa voiture et moi sommes allés à Villefranque et j’ai procédé à l’arrestation de Mme DARRICAU et Mlle Dxxx.

Au moment du retour Cxxx Xavier, m’ayant fait part que M. le Maire de Mouguerre et M. BIELLA lui avaient envoyé les gendarmes allemands, au sujet de bêtes qu’il n’aurait pas fourni au ravitaillement et des pneus d’autos qu’il n’avait pas livré .Je lui répondu que nous allions y passer pour lui demander des explications.

Nous nous sommes rendus chez M. BIELLA qui était absent de son domicile et d’après sa belle-mère  se trouvait à Bayonne.

Ensuite nous sommes descendus chez M.le Maire ,Cxxx Xavier est resté au volant de sa voiture. J’ai pénétré seul chez M. le Maire après avoir frappé à la porte et j’ai demandé à ce magistrat pourquoi il avait envoyé les gendarmes Allemands chez Cxxx Xavier. Il m’a répondu qu’il avait été dans l’obligation de les envoyer. Je lui ai alors dit de venir s’expliquer au poste de police ; bureau des F.F.I.. Il m’a répondu qu’il était malade et ne pouvait pas se déplacer.

A ce moment-là Mme CELHAY m’a demandé qui j’étais. (…) je lui ai présenté ma carte professionnelle de police (…)

Cxxx Xavier m’a demandé si j’avais vu M. le Maire, je lui ai répondu que oui, mais qu’il était malade.

Je n’ai jamais prononcé les paroles grossières qui me sont reprochées par M. le Maire et sa femme et j’ai présenté ma carte d’identité dès qu’elle m’a été demandée, sans faire la réponse que l’on m’implique.

J’affirme que je n’ai pas dit à Mme Cxxx que je réquisitionnais sa voiture ; c’est elle-même qui me l’a offerte.

J’ignorais si ce véhicule avait une autorisation de circuler, M. HAUCIARTS qui se trouvait avec nous n’était là que comme passager, ayant demandé au conducteur de le porter à Bayonne.

Je précise que lorsque je suis entré chez M le Maire, celui-ci était seul avec sa femme dans la salle à manger.

M.RIGOLIER est arrivé au moment où je sortais et je lui ai parlé devant la porte.

Lecture faite persiste et signe.

Monsieur RIGOLIER, André, Joseph ,53 ans, chirurgien-dentiste, demeurant à Mouguerre, entendu à Bayonne,26 rue Lormand, nous a déclaré :

Le 24 aout 1944, je me trouvais chez M.CELHAY, maire de Mouguerre lorsqu’une voiture automobile s’est arrêtée devant la porte. Un homme en est descendu et s’est présenté chez M.CELHAY en lui enjoignant l’ordre avec insistance, de vouloir bien le suivre à Bayonne. A ce moment par discrétion, je suis sorti et quelques instants après ayant entendu le bruit d’une discussion plus animée, je suis entré à nouveau. J’ai dit alors ce monsieur que M. le Maire était un vieillard intransportable, que je répondais de lui et je l’ai invité à le laisser. Sur ces paroles il n’a pas insisté.

Pendant que j’étais dehors, il y a une discussion générale et je n’ai pu entendre les paroles prononcées. D’autre part je n’avais pas pris cette chose au sérieux.

Lecture faite persiste et signe

Madame DARRICAU et sa sœur Mlle.Dxxx sont détenues depuis 3 ou 4 jours au camp de Beyris. Nous nous sommes rendus sur les lieux ,mais elles n’ont pu être entendues, faute d’autorisation.

 

 Notes manuscrites

Parquet de Bayonne

Soit transmis à Monsieur le Commissaire de Police à Bayonne.

Pour admonestation du gardien de la Paix Cxxx Dominique et me rendre compte

Bayonne le 8 10 1944

 

Le Commissaire de Police à Monsieur le Procureur de la République à Bayonne

Bayonne le 11 10 1944

J’ai l’honneur de vous retourner le dossier ci-joint après avoir admonesté le gardien de la Paix Cxxx Dominique qui a déclaré que pareille chose ne se produirait pas à l’avenir et qu’il n’agirait qu’en exécution d’ordres émanant de ses chefs.

Il a ajouté qu’ayant montré sa carte professionnelle à M.Celhay, Maire de Mouguerre, ce dernier a pu penser qu’il était parent de Cxxx Xavier ,avec lequel M.Celhay est en difficultés depuis assez longtemps, chose qu’il a appris par la suite, et qu’ainsi il était intervenu auprès de lui pour lui faire plaisir.

Cxxx a déclaré en outre que Celhay avait (mot raturé…) démesurément l’affaire en lui prêtant les propos qu’il n’a pas tenus ;il a affirmé qu’il n’y avait eu de sa part ni menaces ni écart de langage. On lui avait dit que M.Celhay avait fait intervenir les allemands et il l’a invité à venir s’expliquer au bureau des F.F.I. à Bayonne. M.Celhay ayant répliqué qu’il ne pourrait se déplacer étant malade et âgé,il s’est retiré sans insister pensant  (…)

Cxxx Dominique n’est pas parent avec Cxxx Xavier



Source: Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (AD 64)
1027 W article 18 Tribunal de Grande Instance de Bayonne