27 mars 2021

Dans les archives du tribunal de Bayonne,une affiche relative à l'organisation de la justice dans les territoires d'Alsace occupés par les troupes françaises

On trouve parfois aux Archives départementales, des documents se rapportant à une commune ou à un secteur géographique extérieur au département .Ainsi,dans les fonds du tribunal d'instance de Bayonne,une affiche datée du 5 octobre 1915, relative à l'organisation de la justice dans les territoires d'Alsace occupés par les troupes françaises.

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

ADMINISTRATION DE L'ALSACE

Arrêté

Relatif à l’Organisation de la Justice en Alsace

Nous,LOUIS ERNEST de MAUD’HUY,

Général de Division,Commandant la VIIe Armée,Commandeur de la Légion d’Honneur,

Vu les instructions du Général Commandant en Chef en date du 26 Novembre 1914, relatives à l'organisation provisoire de la Justice en Alsace, instructions publiées dans les Communes du Territoire de THANN,le 23 Novembre 1914 et dans les Communes du Territoire de DANNEMARIE le 5 décembre 1914 ;

Vu les nouvelles instructions du Général Commandant en Chef en date du 28 septembre 1915, prises en exécution de celles du Gouvernement de la République Française ;

ARRÊTONS

Article I

Dans les territoires d’Alsace occupés par les troupes françaises les lois civiles et pénales antérieurement en vigueur demeureront applicables et les juridictions qui y existaient seront maintenues pendant la période d'occupation sous réserve des exceptions et modalités ci-après commandées par les circonstances.

Article II

Les dispositions des dites lois civiles et pénales qui serait incompatible avec le nouvel ordre de choses créée par l'occupation ou contraire à la sécurité des troupes françaises cesseront de s'appliquer.

A leur défaut,et à raison de l'impossibilité de les observer il sera fait application, le cas échéant, des dispositions correspondantes des lois françaises .

Article III

En matière civile,les tribunaux de bailliage continueront à rendre la justice dans les limites assignées à leur compétence par la législation demeurée en vigueur.En conséquence, ils connaîtront 1° de toutes affaires civiles, y compris les affaires commerciales, dont l'objet a une valeur n'excédant pas 600 marks (750 f.) ;2° sans limitation de valeur , des affaires civiles dont le jugement leur a été spécialement attribué, a raison de leur nature, par ladite législation.

Provisoirement, et jusqu à ce que l'appel de leurs jugements ait pu être assuré, ils statueront en dernier ressort sur toutes affaires visées au paragraphe précédent.

A titre également provisoire, et jusqu à ce que les tribunaux régionaux aient pu être établis, ils connaîtront des affaires relevant de ces tribunaux à l'effet d'ordonner, sans qu'il soit porté préjudice au principal, toutes mesures provisoires ou conservatoires.

Indépendamment de leurs attributions contentieuses les juges de bailliage conserveront les attributions de juridiction gracieuse qu'ils tiennent des lois restées en vigueur.Notamment , ils resteront chargés de la tenue des livres fonciers soit par eux-mêmes, soit par des délégués placés sous leur autorité et leur contrôle

Article IV

Conformément à l'article 1er la procédure devant les tribunaux de bailliage sera, en principe, régie par les lois en vigueur lors de l'occupation.

Ces lois s'appliqueront sous réserve tant des exceptions prévues à l'article 2 que des modalités suivantes :

Les tribunaux de bailliage pourront être saisis soit par requête écrite et signée du demandeur, soit par une déclaration verbale que recevra le greffier ; mais aucune citation à l'audience ne pourra être donnée sans qu’au préalable le juge de bailliage ait appelé les parties devant lui en conciliation ou qu’elles aient spontanément comparu à cette fin.

Il sera procédé à la notification des citations et à toutes significations soit par la poste au moyen de lettres recommandées, soit par la voie administrative selon ce qui aura été décidé par le juge.

ARTICLE V

En matière pénale les juges de bailliage connaîtront sans l'assistance d’échevins :1° des poursuites pour contraventions et délits sur lesquelles ils pouvaient déjà statuer seuls d'après les lois en vigueur lors de l'occupation ; 2°de celles qui d'après les dites lois devaient être portées devant les tribunaux d’échevins.

En conséquence, et par application de la disposition de l'alinéa 2 du paragraphe précédent relèveront provisoirement de la compétence des juges de bailliage jugeant sans le concours d’échevins :l 1° toutes contraventions c'est à dire toutes infractions punies de la détention simple (1) ou d'une amende de 150 marks (187,50f.) au maximum ; les délits punis au maximum d'un emprisonnement de trois mois ou d'une amende de 600 marks (750 f.)à l'exception de ceux qui ont été expressément soustraits à la compétence des tribunaux d’échevins  par les lois en vigueur lors de l'occupation ; 3° les délits dont la connaissance leur a été spécialement attribuée par ces lois et notamment les vols simples et abus de confiance lorsque la valeur de l'objet volé ou détourné ne dépasse pas 150 marks (187,50 f.).

Provisoirement et jusqu à ce que l'appel de leurs jugements ait pu être assuré, les tribunaux de bailliage statueront en dernier ressort sur toutes lesdites affaires.

Ne rentreront pas dans leur compétence les poursuites pour délits dont ils ne connaissent que sur renvoi ordonné par les tribunaux régionaux.

La compétence attribuée par le présent article aux tribunaux de bailliage en matière pénale ne  s’exercera que sous réserve, le cas échéant, de celle qui appartient en vertu du code français de justice militaire aux Conseils de Guerre aux Armées.

Provisoirement la compétence de ses conseils restera exclusive pour le jugement des délits et crimes qui relevaient des tribunaux régionaux et des cours d'assises

ARTICLE VI

Conformément à l'article 1er les lois en vigueur lors de l'occupation continueront, en principe, à s'appliquer, en matière pénale, devant les tribunaux de bailliage tant pour la procédure à suivre qu'en ce qui concerne les règles de fond relatives aux infractions, aux personnes punissables et aux peines.

Toutefois ,lesdites lois ne seront observées que sous réserve des exceptions prévues par l'art. 2 et des dispositions ci-après.

L'application des pénalités édictées par ces lois pourra être tempérée par l'admission de circonstances atténuantes atténuantes conformément aux dispositions de l'article 463 du Code pénal français et par le sursis à l'exécution dans les conditions déterminées par la loi française du 26 mars 1891.

En outre les contraventions aux règlements ou arrêtés pris en matière de police par l'autorité française depuis l'occupation seront punies des peines prévues par les articles 464 et suivants du Code pénal français .

ARTICLE VII

Les frais de justice resteront soumis aux lois en vigueur de l’occupation

ARTICLE VIII

Le présent acte sera publié et affiché dans toutes les communes des territoires d’Alsace occupées par les troupes françaises.

 

(1)Aux termes de l'article 18 du Code pénal en vigueur en Alsace « le maximum de la peine de détention simple est de six semaines, le minimum d'un jour.La peine de la détention simple consiste uniquement dans la privation de la liberté ».

 

Au Q.G.A.le 4 octobre 1915

 

Signé :DE MAUD’HUY.

St-Amarin_Imp Paul Ehkirch et Cie

 

Source :AD 64 3u 1 art.15 Tribunal de Première instance de Bayonne.

 

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22 mars 2021

1934:des parents demandent l'envoi de leur fille dans une maison de correction

Un procès verbal de gendarmerie du Boucau de février 1934, fait revivre un différend entre des parents et leur fille,une adolescente de 17 ans.

Les éléments d'identification ont été volontairement masqués par l'auteur du blog

Cejourd'hui, cinq février ,mil neuf cent trente-quatre à treize heures trente.

Nous soussignés LANUSSE Cyrille

                            Et VAL Paul

gendarmes à pied à la résidence de Boucau, département des Basses-Pyrénées, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs, étant en tournée et pour faire répondre à une demande de renseignements de Mr.le Procureur de la République de Bayonne en date du 1 er février 1934 à nous transmise par notre Commandant  de section sous le N°447/3 le 3 du même mois ;relative à une lettre formulée par les époux Lxxx de Boucau en vue de leur envoi de leur fille mineure dans une maison de correction nous avons recueilli les renseignements suivants :

1°_je me nomme Lxxx  Jean âgé de 70 ans, manœuvre, demeurant à Boucau, quartier yyyy maison zzzz

Le 26 janvier dernier, j'ai adressé une lettre à Mr. le Procureur de la République à Bayonne, lui faisant connaître la mauvaise conduite de ma fille L…, âgée actuellement de 17 ans.

Ma fille fréquente un jeune homme de Boucau et ne veut se livrer à aucun travail .

Ne pouvant la faire obéir, je demande à ce qu'elle soit enfermée dans une maison de correction jusqu’ à sa majorité.

Lecture faite persiste et signe

2°_Je me nomme Lxxx Jeanne âgée de 53 ans, ménagères demeurant à Boucau, maison zzz

Comme mon mari, je demande à ce que ma fille L…. soit placée dans une maison de correction.

Ma fille a une très mauvaise conduite, elle fréquente un jeune homme de Boucau et sort fréquemment la nuit avec lui, ce que je ne veux pas.

En plus, elle ne veut se livrer à aucun travail et elle a journellement à mon égard des réponses déplacées.

Lecture faite ne sait signer.

3°_Je me nomme Lxxx L… âgée de 17 ans ,ménagère, demeurant à Boucau  quartier yyyy maison zzzz

née à Tarnos (Landes)….,célibataire,jamais condamnée.

Je suis très surprise de la mesure envisagée par mes parents à mon égard car à aucun moment je ne me suis déplacée. Je fréquente il est vrai un jeune homme de Boucau nommé Xxxx mais très honnêtement et dans le but formel de l'épouser à son retour de régiment, il m'arrive ce qui me paraît normal de sortir quelquefois la nuit à l'occasion des fêtes, pour aller au cinéma.

Jamais je n'ai mal répondu à mes parents pas plus que j'ai refusé de travailler. Au contraire , lorsque j'ai été placée ils sont venus me chercher disant qu'ils avaient besoin de moi.

Il y a un mois environ ma mère m'ayant mise dehors, j'ai demandé l'hospitalité chez une voisine nommée Mme …chez qui deux jours par crainte de mauvais traitements que je m’attendais de recevoir chez moi.

Au cours de l’année dernière, j'ai été placée à Bayonne chez Mr.Dupla, charcutier rue Poissonnerie et à Biarritz chez Mme Demaret 18 rue du Château ainsi qu’à la brasserie « Marcel » avenue de Verdun. Ces personnes pourront donner des renseignements sur mon compte.

Lecture faite persiste et signe

4°_Je me nomme ….veuve …âgée de 34 ans, ménagère demeurant à Boucau  quartier…..

Je connais parfaitement la famille Lxxx  qui habitait jusqu’ à présent le voisinage. Je sais que les époux Lxxx  (surtout la mère) sont en désaccord avec leur fille L…qui n'est autre que leur victime. Il n'est point à ma connaissance que cette fille ait ou ait eu une mauvaise de conduite. Je sais quelle fréquence un jeune homme de Boucau mais très honnêtement, je peux affirmer qu'elle ne mérite pas d'être envoyée dans une maison de correction.

lecture faite persiste et signe

5°_Je me nomme Cxxx Louis âgé de 56 ans, demeurant à Boucau quartier …..

Je connais parfaitement la famille Lxxx qui vient de déménager.

Je suis très surpris de la mesure envisagée par le père et la mère à l'égard de leur fille qui est loin de mériter d'être enfermée.

Cette fille n'a pas une mauvaise conduite, il se peut qu'elle fréquente un jeune homme mais ce fait semble normal. Je ne crois pas non plus qu'elle soit méchante ni qu'elle ne veuille pas travailler.

Je crois pouvoir affirmer que les époux lxxx n'ont pas raison d'envisager une telle mesure contre leur fille.

Lecture faite a signé.

6°_je me nomme Dxxxx François  âgé de 53 ans employé aux Forges de l'Adour ,demeurant à Tarnos (Landes) quartier….

Je connais très bien la famille Lxxx qui habitait le voisinage. Je savais très bien que les parents avaient l'intention de mettre leur fille Lxxxx dans une maison de correction. A mon avis ils n'ont pas raison car leur fille n'a pas démérité pour justifier cette mesure. Je sais qu'elle fréquente un jeune homme mais je n'ai pas entendu dire qu'elle ait eu des gestes déplacés.

 lecture faite persiste et signe  


7°_Je me nomme Xxxxx ,âgé de 20 ans garçon épicier, demeurant à Boucau …….

Je fréquente la jeune Lxxx Lxxx depuis un an et demi environ, et dans le but de l'épouser à mon retour du régiment.

Le geste des parents me surprend car cette fille est honnête et travailleuse. C'est d'ailleurs au su de ses qualités que je me propose de l'épouser.

Aucune personne ne m'a fourni de mauvais renseignements sur elle.

Lecture faite persiste et signe.

 

8°_ Je me nomme Cxxx Marcelle âgée de 33 ans, ménagère à Boucau, quartier ….

Il est exact que  j'ai donné une fois asile à la jeune Lxxx Lxxx qui était venu à ma porte chassée de chez elle par sa mère. Les époux lxxx elles n'ont pas raison de vouloir se débarrasser de cette petite qui ne demande qu’ à travailler et à vivre, en étant convenablement dirigée.

Lecture faite persiste et signe

Source :

AD 64 Bayonne _3 U 1 Art.15 Tribunal de Première Instance de Bayonne


18 mars 2021

Commune de Paris:quand Adolphe Thiers promettait la vie sauve aux insurgés qui déposeront les armes

L'annexe de Bayonne des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques conservent dans les fonds communaux de Bayonne ,Biarritz , Saint-Jean-de-Luz,quelques documents relatifs à la Commune de Paris.
E DÉPÔT BAYONNE 2 I 52;Insurrection parisienne de 1871dont est extrait le texte ci-dessous signé d'Adolphe Thiers.
E DÉPÔT BIARRITZ 4 H 11;guerre civile la commune de Paris.
E DÉPÔT Saint-Jean-de-Luz 4 H 26;dépêches relatives à la Commune de Paris.

 RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

Versailles ,12 avril 1871,7 h du soir

Dépêche Télégraphique

Le chef du pouvoir exécutif aux Préfets, Sous-Préfets, Généraux commandant les divisions et subdivisions militaires, Procureurs-Généraux, Procureurs de la République et toutes les autorités civiles et militaires.

(Circulaires à afficher dans toutes les communes de France)

 

Ne vous laissez pas inquiéter par de faux bruits, l'ordre le plus parfait règne en France, Paris seul excepté ; le Gouvernement suit son plan, et il n'agira que lorsqu'il jugera le moment venu .Jusque-là les événements de nos avant-postes sont insignifiants ; les récits de la Commune sont aussi faux que ses principes, les écrivains de l'insurrection prétendent qu'ils ont remporté une victoire du côté de Châtillon, opposez un démenti formel à ces mensonges ridicules ; ordre est donné aux avant-postes de ne dépenser inutilement ni la poudre ni le sang de nos soldats.

Cette nuit, vers Clamart les insurgés ont canonné, fusillé dans le vide, sans que nos soldats devant lesquels ils fuient à toutes jambes, aient daigné riposter. Notre armée, tranquille et confiante, attend le moment décisif avec une parfaite assurance ,et si le Gouvernement la fait attendre, c'est pour rendre la victoire moins sanglante et plus certaine.

L'insurrection donne plusieurs signes de fatigue et d'épuisement. Bien des intermédiaires sont venus à Versailles porter des paroles, non pas au nom de la Commune (sachant que à ce titre ils n'auraient pas même été reçus) mais au nom des républicains sincères qui demandent le maintien de la République et qui voudraient voir appliquer des traitements modérés aux insurgés vaincus. La  réponse a été invariable : personne ne menace la République si ce n'est l’insurrection elle-même ; le chef du pouvoir exécutif persévèrera  loyalement dans les déclarations qu'il a faites à plusieurs reprises. Quant aux insurgés, les assassins exceptés, ceux qui déposeront les armes auront la vie sauve ; les ouvriers malheureux conserveront pendant quelques semaines le subside qui les faisait vivre. Paris jouira, comme Lyon, comme Marseille, d'une représentation municipale élue, comme les autres villes de France fera librement les affaires de la cité ; mais pour les villes, comme pour les citoyens, il n'y aura qu'une loi, une seule, et il n'y aura de privilège pour personne ; toute tentative de sécession, essayée par une partie quelconque du territoire, sera énergiquement réprimée en France, ainsi qu'elle l'a été en Amérique.

Telle a été la réponse sans cesse répétée, non pas aux représentant de la Commune que le Gouvernement ne saurait admettre auprès de lui, mais à tous les hommes de bonne foi qui sont venus à Versailles s'informer des intentions du Gouvernement .

A.THIERS

Pour copie conforme : Le Préfet des Basses-Pyrénées

NADAILLAC

Source

AD 64 E Dépôt Bayonne 2 I art.52.

 

 Pour aller plus loin



264 pages — 10 €
Parution : 4 mars 2021
ISBN physique : 9782377291762
 
Plusieurs exemplaires disponibles à la librairie Chez Simone  12 Boulevard Alsace Lorraine, 64100 Bayonne
 
— REVUE de PRESSE —

Publié sur le blog Mediapart de Faisons vivre la Commune, le 1er mars 2021.

Paru dans Le Canard enchaîné (24 février 2021).

À l’approche du 18 mars, grand jour de la Commune dont on fête le cent-cinquantenaire, les librairies voient fleurir moult ouvrages passionnants et rouge cerise.
[…] De son côté Michèle Audin s’est intéressée à la terrible Semaine sanglante par laquelle Thiers mit fin à la Commune. Combien de morts ? « Le débat est loin d’être clos. Les amis de l’ordre, au pouvoir à Paris depuis le 28 mai 1871, ont tout fait pour que ce nombre ne soit pas connu. »
Michèle Audin ouvre les registres d’inhumation des cimetières, enquête sur les gisements d’ossements découverts des années après, recoupe les sources, traque les erreurs des historiens.
En bonne mathématicienne, comme le fut son père, elle fait et refait les calculs. Fastidieux ? Non : son ardeur pinailleuse est communicative. Avec elle on voit l’histoire en train de se faire, on assiste à des scènes de massacres ou d’héroïsme, on croise « une jeune fille avec un bonnet phrygien sur la tête, le chassepot à la main, la cartouchière aux reins » qui campe sur une barricade place Blanche : « Halte-là citoyen, on ne passe pas. » Peu après les versaillais balaient cette barricade et reprennent Montmartre. En conclusion, Michèle Audin fait le compte : « Avec certitude, 10 000 morts de la Semaine sanglante inhumés dans les cimetières parisiens. Et, en tout, « certainement 15 000 morts ». Il y a des rêves qui dérangent terriblement.

Jean-Luc Porquet

 

12 mars 2021

Inauguration d’une rue d’Argentine à Saulieu (Côte-d'Or)

En marge d’un très long séjour dans le Morvan, j’ai été intrigué par l’existence d’une « rue d’Argentine » à proximité de l’hôpital de Saulieu 21210. Il s’agit d’une portion de l’ancienne Route Nationale 6 traversant cette localité .

Plaque de la rue d'Argentine à Saulieu 21210
 

Le Morvan a été un territoire où étaient placés les enfants assistés de Paris et de sa banlieue.Ce n’était pas une terre d’émigration ,du 
moins à destination de l’Amérique du Sud.
Retronews,le site internet de presse de la Bibliothèque Nationale de France,apporte une réponse.

La Bourgogne Républicaine lundi  31 mai 1948

Photographie page une

L’ambassadeur d'Argentine à Saulieu

Hier après-midi,Saulieu a fêté, en présence de l'ambassadeur d'Argentine, l'anniversaire de la Révolution de 1848 et la Fête des Mères.A l'occasion de la venue du plénipotentiaire et pour remercier la nation sud-américaines d'un don de 500 colis à la ville, une rue d'Argentine a été inaugurée. Notre cliché représente M. Roca , l'ambassadeur argentin, ayant à sa gauche M.Chevalier , son conseiller, écoutant le discours de M.Roclore, député-maire de Saulieu avant l'inauguration de la rue .

Suite page 2

EN PRÉSENCE DE M.ROCA

SAULIEU A CÉLÉBRÉ  HIER L’ANNIVERSAIRE DE 1848

FÊTÉ LES MÈRES

ET L’AMITIÉ FRANCO-ARGENTINE

(De notre envoyé spécial)

Saulieu a fêté hier à la fois l'anniversaire de la Révolution de 1848 ,la Fête des mères et l'Argentine. Cette nation au cœur généreux qui avait offert à ses déshérités et à ses enfants 500 colis.

Au milieu d'une foule nombreuse, dès 15 heures, place de la République, quelque  500 enfants des écoles se groupaient,différentes sociétés de la ville étaient également présentes.Le cortège gagna l'hôtel de ville pavoisé comme le reste de la ville aux couleurs argentines et françaises.M.Roy sous-préfet de Montbard ,le commandant Lanneau de la gendarmerie de Dijon,le capitaine Lejeune de Semur, le Conseil municipal, une délégation de fillettes de l'école communale costumées  en Mariannes, d'autres enfants ayant revêtu le costume folklorique du Morvan, attendaient les hautes personnalités.

Un peu plus tard à pied, à travers les rues pavoisées, M. Roca, ambassadeur d'Argentine accompagné de M.Chevalier, son conseiller d'ambassade, M.Sarie  préfet,M.le Dr Roclore ,roquelaure député-maire, arrivaient à leur tour.

La fanfare de Saulieu et la clique de l'Union laïque de la Jeunesse Sédélocienne rendaient les honneurs, tandis que les gendarmes de Semur présentaient les armes.Les hymnes nationaux argentins et français retentissaient bientôt,vivement applaudis par une foule enthousiaste.

Quelqu'un cria « Vive l'Argentine ! » M.Roca dans un élan spontané répliqua « Vive la France ! » et embrassa les deux fillettes placées devant la mairie, qui portaient les drapeaux des deux nations. M.Roclore présenta à l'ambassadeur son Conseil municipal.

Et, dans la salle des délibérations où le 11 décembre 1921 la municipalité d'alors reçu M.Poincaré , de courtes et cordiales allocutions furent prononcées.

« Nous n'avons pas déployé de fastes, dit M.Roclore, mais nous avons mis tout notre cœur pour vous recevoir,M.Roca « .

Très touché,M.Roca  remercia, et, dans un geste généreux, M.Pacheco Alvear,de la suite du plénipotentiaire, offrit 50.000 francs à la ville.

UN DÉFILÉ

Dans une atmosphère de fête, le cortège traversa la ville, musique en tête.Derrière venaient les anciens combattants,un char occupé par des fillettes coiffées du bonnet phrygien, un autre char portant l'arbre de la Liberté.Et c'était ensuite le long défilé des enfants le groupe officiel.

L’INAUGURATION DE LA RUE D’ARGENTINE

Ayant reçu des colis d'Argentine pour ses enfants, le Conseil municipal avait tenu à marquer sa reconnaissance à la nation sud-américaines.La rue de l'Abreuvoir ,cette grande artère qui traverse ce lieu fut désignée pour s'appeler rue de l'Argentine.Il était 16h lorsque le voile, tiré par  l'ambassadeur tomba.

M.Roclore souligna les liens qui unissaient désormais la ville à la nation amie et M.Roca affirma : « Nous sommes tous latins, ce n'est pas la charité que nous avons faite, notre geste vient du cœur. Cordialement je vous remercie du grand dommage que vous faites à mon pays ».

PLANTATION DE L’ARBRE DE LA LIBERTÉ

On fêtait aussi l'anniversaire de la Révolution de 1848 Place Monge,un chêne décoré de guirlandes tricolores, fut mis en terre.

« L’Hymne à l’Arbre planté » un chant  de circonstance,datant de 1848,fut entonné par les élèves du Collège moderne de fille puis  l« Hymne à la liberté ».

Les discours succédèrent.M. Roca une fois de plus, affirme l’indestructible amitié existant entre la France et son pays.

M.Roclore répondit.

M.Bertin, adjoint, prenant place derrière le micro, donna  la définition de cette Liberté, chevillée au cœur de tous les Français pour laquelle tant de nobles sacrifices ont déjà été faits.M.Kir député-maire de Dijon,arriva alors

LA FÊTE DES MÈRES 

Au marché couvert, la fête des Mères , qui se déroula ensuite, revêtit, un caractère solennel .M.Roca remis les colis offerts par son pays aux mamans.

M. Hervé ,un adjoint prit alors la parole, exaltant le rôle merveilleux de la mère et remettant cette nation au cœur généreux qu’ est l'Argentine.

Et cette fête solennelle se termina fort simplement :M.Roca assista au goûter des enfants

Plaque en partie masquée par un arbre


Aperçu de la plaque