06 mars 2023

Mémoires et silences de la plaque « Parvis Pierre Semard » d’Hendaye

Le « Parvis Pierre Semard »  située  devant la gare SNCF d’Hendaye a été inauguré le 10 août 2022.

Une plaque apposée sur le mur extérieur de la gare, à droite de l’entrée du bâtiment voyageurs, expose aux passants les  éléments suivants :

"PARVIS PIERRE SEMARD

1887-1942

Secrétaire Général de la fédération CGT des cheminots

Conseiller général P.C.F.

Administrateur salarié de la S.N.C.F.

Livré comme otage aux nazis par la police de Vichy

Il est fusillé le 07 mars 1942"

 

Plaque "PARVIS Pierre SEMARD" Hendaye

Ce qui est transmis par ce petit support mémoriel n’aide pas à éclairer le public.

  • D'une part, une présentation minimaliste d'un engagement politique, qui se réduit à un vague mandat de conseiller général P.C.F..L’appartenance au bureau politique de ce parti est masquée.
  • D'autre part l’inscription  « livré comme otage aux nazis par la police de Vichy » peut s’interpréter de différentes manières. La police du régime a-t-elle agi de sa propre initiative ou a-t-elle obéi à un ordre donné par qui?


Certes,les dimensions de la plaque  imposent des choix et des limitations dans les énoncés.Cet article propose quelques compléments concernant Pierre Semard.

  

Quelques jalons  chronologiques

Pierre Victor Semard



Né le 15 février 1887 à Bragny-sur-Saône (Saône-et-Loire)
Fusillé le 7 mars 1942 Évreux (Eure)
Inhumé solennellement au cimetière du père Lachaise à Paris le 10 mars 1945

Élu conseiller général de la Seine le 27 mai 1935 ,dans le canton de Noisy-le-Sec ,4 e circonscription, commune de Drancy (93).

Au bureau politique du P.C.F. , il siégeait aux côtés de Marcel Cachin,Maurice Thorez,Jacques Duclos,Marcel Gitton,André Marty,Gaston Monmousseau.

 

1938

 

1 er janvier naissance de la  Société Nationale des Chemins de Fer français. La société compte au moins 514 700 agents. Source : https://ressources.data.sncf.com/explore/dataset/effectifs-disponibles-sncf-depuis-1851/table/?sort=date

 

12 novembre décrets-lois qui remettent en cause des conquêtes du Front populaire.

Appel de la C.G.T à une grève générale le 30 novembre.Le gouvernement Daladier ordonne une réquisition générale des services publics.

Échec de la grève générale

Jarrigion et Semard secrétaires  généraux de la Fédération nationale des cheminots  sont poursuivis pour infraction à l’article 18 de la loi du 15 juillet 1845 sur la police des chemins de fer .Ils sont démis de leurs fonctions de membre du conseil d’administration  de la SNCF.(J.O 14 décembre 1938)

 

1939

23 août  L’annonce de la  signature  à Moscou d’un pacte de non agression entre l’Allemagne nazie et l’URSS sidère l’opinion publique.

24 août La commission administrative de la C.G.T  adopte par 18 voix ,8 contre et 2 abstentions une résolution condamnant le pacte.

1 er septembre L’Allemagne nazie attaque  la Pologne,

3 septembre 1939 La France déclare la guerre à l’Allemagne. Début de la « drôle de guerre »

17 septembre L’Armée Rouge pénètre en Pologne

18 septembre La CGT décide de cesser toute collaboration  avec les communistes

26 septembre Décret de dissolution des organisations communistes

3 octobre Le soldat Maurice Thorez ,secrétaire général du P.C.F. déserte

18 octobre  Andruejol juge d’instruction au tribunal de la Seine ouvre une information contre Semard et le trésorier Tournemaine .

 20 octobre  Le commissaire  de police mobile Pigeon  de la Sureté Nationale arrête  Semard.Doute sur le lieu précis de l’arrestation ; à son domicile de Beaulieu-sur-Guigne  (Indre-et-Loire) ou à son poste de 
travail en gare de Loches (Indre-et-Loire).
Le juge Andruéjol a signé ensuite une ordonnance de dessaisissement au profit de la justice militaire.A cet effet ,le capitaine Pierre Marchat,(juge d’instruction adjoint dans le civil)  du 3 e tribunal militaire de la Seine a été désigné pour continuer l’information.

21 octobre Semard écroué à la prison de la Santé à Paris

1940

28 février Plusieurs élus communistes de la région parisienne dont Semard sont déchus de leur mandat

6 avril  Le 3E Tribunal militaire de Paris présidé par le colonel Gaffajoli  le condamne à 3 ans de prison

25 avril Rejet par le tribunal militaire de cassation du pourvoi de Semard et Tournemaine

9 mai Semard révoqué de la SNCF et transféré à la prison de Fresnes(94)

10 mai  début de l’offensive allemande,fin de la « drôle de guerre »

20 mai  Transfert de Semard  de la prison de Fresnes (94) vers celle de Bourges (18)

14 juin  entrée des allemands à Paris

16 juin 1940 Pétain chef du gouvernement

19 juin Début des négociations entre des représentants du P.C.F. et Otto Abetz ambassadeur du III Reich à Paris pour la reparution du quotidien L'Humanité

10 juillet 1940 Fin de la Troisième République, pleins pouvoirs constituants au Maréchal Pétain

 

L’Occupation allemande 

 

 21 Aout 1941 Après l’exécution à Paris du  militaire allemand Alons Moser à la station de métro Barbès - Rochechouart  par Pierre Georges, dit Frédo, (futur colonel Fabien ) le 21 août 1941 ,le  Militaerbefehlshaber in Frankreich a annoncé que «  tous les français mis en état d’arrestation, que ce soit par les autorités allemandes en France ,ou qui sont arrêtés pour celles-ci ,sont considérés comme otages.En cas de nouvel acte ,un nombre d'otages correspondant à la gravité de l'acte commis sera fusillé ». Le pistolet ayant servi à l'assassinat ,aurait appartenu à la bayonnaise, Jeanne Amélie Marguerite Clérisse plus connue sous l’identité de Marga d’Andurain. L’arme aurait été empruntée par son fils Jacques  d’Andurain.

Les attentats contre les militaires des troupes d'occupation ne sont pas immédiatement revendiqués par la résistance communiste.En représailles ,les allemands procèdent à des exécutions massives d'otages.

 

1942

6 janvier Juliette, épouse de Pierre Semard , est condamnée à huit ans de travaux forcés par la section spéciale de la Cour d’appel  de Paris pour propagande communiste.

Début 1942 Pierre Semard est transféré de Bourges vers le centre administratif  (château-prison) de Gaillon (Eure),lieu placé  sous l’autorité  de Vichy.

17 janvier Roger Salomon Ginsburger plus connu sous son nom de guerre Pierre Villon s’évade de Gaillon.Il représentera ultérieurement  le P.C.F au Conseil National de la Résistance .

1 er mars Paris (19 e  arrondissement) rue de Tanger Paris (19 e  arrondissement) attentat contre une école où sont cantonnés  des soldats allemands.Une sentinelle est tuée.A la suite de cette action,les allemands fusilleront plusieurs otages dont Pierre Semard le 7 mars.

6 mars Semard est extrait du "camp" administratif de Gaillon (27) et remis aux autorités allemandes de la maison d’arrêt d’Évreux (27). La distance par route entre ces deux établissements pénitentiaires est d’environ 28 kilomètres.Un prisonnier transféré est obligatoirement accompagné par des policiers ou gendarmes.Ordre de transfert donné par qui ? Par l’occupant allemand ? Un ministre à Vichy ? Le préfet du département de l’Eure ou par le procureur de la République ?

7 mars Semard est fusillé à la Maison d’Arrêt d’Evreux.(Aujourd’hui,la rue desservant cet établissement est dénommée Pierre Semard)

Les autres otages fusillés à la suite de l’attaque rue de Tanger:


Poitiers
Roger Jurquet
Raymond Huart
Roland martinCompiègne
Corentin Cariou
Baptiste Réchossière
Pierre Rigaud

Mont Valérien
Maurice Gunsbourg
Symcha FrydmanNantes
Robert Douvillez
Armand Feldmann

Orléans
Abraham Baum

Source :
Jean-Marc Berlière Franck Liaigre
Le sang des communistes
Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée Automne 1941
Librairie Arthème Fayard,2004
EAN : 9782213614878
Annexe 1 page 293

 

Après la Libération

 

9 mars 1945 Transfert d’Evreux à Paris gare de Lyon  du corps de Pierre Semard

 


10 mars 1945 Obsèques solennelles organisées par le PCF ,de Paris gare de Lyon au cimetière du Père Lachaise.
A voir,petit film de 10 minutes intitulé OBSÈQUES DE PIERRE SEMARD, HÉROS DE LA LIBERTÉ
Ciné- archives,fonds audiovisuel du PCF Mouvement ouvrier démocratique
https://www.cinearchives.org

 

1949

7 Décembre  homologation au grade fictif de Lieutenant-Colonel  à compter du 1 er juin 1940 de Semard au titre de la Résistance intérieure française ,organisation Front National.Les services accomplis dans la résistance comptent du 25 juin 1940 au 7 mars 1942.Nomination parue au J.O 18 décembre 1949·      



AD 89_Archives départementales de l’Yonne 
Registres matricules du recrutement militaire

Bureau de Sens _Classe 1907_1 R 697 _N°501-820_

Matricule 677 vues 234/235/236/237


Archives en ligne

AD 71 _Archives départementales de Saône-et-Loire

Consulter en ligne /Familles et individus/Etat civil
Bragny-sur-Saône-Naissances-1887_ 5 E 54/11_ Acte N°4 Vue 2/6

AD 89_Archives départementales de l’Yonne

Indisponibilité du site internet:
· Depuis la France du lundi au jeudi de 20h à 5h et en fin de semaine à partir du vendredi 20h au lundi 5h
· totalement depuis l'étranger

 

AD 26_Archives départementales de la Drome

29 décembre 1909 mariage avec Montagnon Louise Laurence
Valence mariages 1909_ 4 E 6140_Acte N°175 Vue 187/197

03 mars 1919 décès de son épouse née Montagnon
Valence décès 1919_ 4 E 61_Acte N°213 Vue 61/294

16 juin 1920 mariage avec Contier Juliette Marie , employée au chemin de fer
Valence mariages 1920_ 4 E 6173_Acte N°204 Vue 108/229

 

AD 30_Archives départementales du Gard

Acte de naissance d’Yvette Marguerite Louise Semard
Bagnols-sur-Cèze naissances 1906-1912_1912_Acte N°22 Vue 145/158

 

Archives Nationales


Salle des inventaires virtuelles
Archives de l'Inspection générale des camps d'internement (1940-1964)
Départements de Doubs à Gard (F/7/15097)
Camps situés dans l'Eure (F/7/15097 dossier 3)
Château de Gaillon (F/7/15097 dossier 3a)
Cotes : F/7/15097, dossier 3a, rapport 1

En ligne ,rapport de Robert Lebègue à l'occasion de sa visite du 4 février 1942 _21 vues .Voir notamment les vues 7,8 et 17.

 

Institut d'histoire sociale de la Fédération CGT des cheminots



IHS CGT
263, rue de Paris - Case 546
93515 Montreuil Cedex
Secrétaires généraux
Exposition itinérante Pierre Semard

 

Presse écrite

Retronews le site de presse de la Bibliothèque nationale de France (payant)


Mediabask
Tribune Libre  Honorer Pierre Sémard n’a rien d’archaïque
22 Aout 2022 _Sébastien Geles

 

Bibliographie


L’État contre les communistes 1938-1944
Louis Poulhès
Atlande ,2021
ISBN :978-2-35030-724-4
Les exécutions d’otages au premier semestre 1942 Page 779

Cheminots victimes de la répression.1940-1945
Mémorial
Sous la direction de Thomas Fontaine
Perrin/SNCF/Rails et histoire,Paris 2017
ISBN :978-2-262-06963-6
Notice biographique signée Pierre Vincent


Les fusillés (1940-1944)
Dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otages ou guillotinés en France pendant l’Occupation
Les Éditions de l’Atelier/Éditions Ouvrières, Ivry-sur-Seine,2015
ISBN978-2-7082-4318-7
D’après la biographie du Maitron en ligne par Serge Wolikow

 

 Sources non consultées

Service Historique de la Défense Vincennes

Titres, homologations et services pour faits de résistance

Pierre Victor Léonard SEMARD
Né le 15-02-1887 à Bragny-sur-Saône (71 - Saône-et-Loire, France)
Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 544397

Juliette Marie Louise SEMARD née CONTIER
Née le 14-07-1895 à Valence (26 - Drôme, France)
Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 544396

Yvette SEMARD Autre nom : JUDITH
Née le/en 13-05-1912 à Bagnols-sur-Cèze (30 - Gard, France)
Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 544398

Clément Maxime ANDURAIN (Clément Maxime Jacques )
Né(e) le/en 26-11-1916 à Hastingues (40 - Landes, France)
Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 13460

 

 Dépôt Central des Archives de la Justice Militaire

36300 Le Blanc

Fermé pour une durée indéterminée pour cause d'amiante 

 

Archives départementales de l’Eure (27)

Extraits du fonds relatif à la Seconde Guerre mondiale

89 W 14./2 Y 46/ Dossiers individuels :notices de renseignements, procès-verbaux d'arrestation, arrêtés d'internement, fiches signalétiques avec photographies, actes de transfert on de libération ; par ordre alphabétique. Contient notamment le dossier de Pierre Semard, membre actif du parti communiste, fusillé à la prison d’Évreux par les autorités d'occupation en 1942.

 

89 W 4.\2 Y 65, 67, 68\Dossiers individuels des internés politiques transférés le 5 mars et à Voves le 4 mai 1942 : notices de renseignements et appréciations politiques, arrêtés d'internement (1941-1942); qq antres dossiers d'internés politiques transférés ailleurs ou non transférés (Pierre Semard), (…)

 

1290 W 53 Camp d’internement administratif de Gaillon 1941-1943

Instructions du ministre de l’Intérieur, recrutement du secrétaire gestionnaire (1940-1941) ;rapports périodiques du directeur, quelques arrêtés d’internement, rapports et courriers particuliers :transferts, évasions, exécution de Pierre Semard.(copie des envois au préfet, décembre. 1941-: janvier. 1943). Plan de protection, avec plan des lieux (février. 1942).

 

 

Articles du blog consacrés à Marcel Bidegaray 

  ancien secrétaire général de la fédération des cheminots 


Marcel Bidegaray (1875-1944) membre du Comité Central de la Ligue des Droits de l'Homme

L'utilisation du nom de Bidegaray au meeting du 11 avril 1943 au Vel' d'Hiv de Paris

À propos de Marcel Bidegaray 1943-1944 

Marcel Bidegaray exécuté de trois balles de révolver à Bidache  

20 décembre 1944:l'assassinat bien réel de Marcel Bidegaray dans un camp d’internement imaginaire à Bidache (64)  



 

27 février 2023

Comment accéder au petit cimetière des Third Guards de Bayonne ?

 Cimetière des Third Guards

Combat de Bayonne du 14 avril 1814

Il existe à Bayonne deux petits cimetières des Anglais.Le premier que l'on atteint par les chemins de Laharie.et Laborde.Le second , dénommé cimetière des Third Guards atteignable depuis la rue du Barrat et l'avenue de Coumeres.

 


Il est vivement recommander de laisser véhicule ou vélo rue du Barrat, puis de poursuivre à pied.Le cimetière est accessible seulement à pied .


Aperçu du chemin


Dépasser la boite aux lettres


Portillon d'accès vers le cimetière


Absence de signalétique ,poursuivre tout droit


Petit cimetière des Third Guards


État au 19 02 2023 d'un angle d'enceinte du cimetière


A la mémoire du capitaine Mahon



Plaque



20 février 2023

Examen des instituteurs des écoles primaires.Surveillance de l’instruction

 Pau,le 6 janvier 1816

LE PRÉFET DES BASSES- PYRÉNÉES

Maitre des Requêtes

A Messieurs les Maires du Département.

L’orthographe de l’époque a été respectée.

Monsieur le Maire,l’instruction primaire, qui est la base de toutes les autres, est aussi la seule que le plus grand nombre reçoive.Elle n’est pas uniquement destinée à montrer les élémens de la lecture, de l'écriture et de l'arithmétique ; la jeunesse y puise encore, dans les préceptes de la religion et de la morale des connaissances plus précieuses et plus indispensables.

Il est ainsi du plus grand intérêt de ne la confier qu'à des personnes qui réunissent les qualités nécessaires pour leur professer.Ce n’est pas assez que les instituteurs primaires aient de l'aptitude pour l'enseignement ; leurs mœurs, leur attachement au gouvernement et la régularité de leur conduite doivent offrir l'exemple de leurs leçons.

Beaucoup d'entr’eux, je me plais à le croire, auront mérité par là d'être maintenus dans les fonctions qui leur sont confiées ; mais il en est d'autres qui se sont rendus indignes de les exercer et qui doivent être remplacés.

Tel est l'objet de l'arrêté que M. le Recteur de l'académie de Pau a rendu le 4 de ce mois ; il révoque, à compter du 15 février prochain, tous les brevets qui ont été accordés aux instituteurs ; il leur défend de se livrer à l'enseignement, à partir de cette époque, sans les avoir fait renouveler ; et il porte qu'il n'en sera délivré que sur le rapport d'une commission qu’il institue dans chaque arrondissement, pour la surveillance de cette branche si importante de l'instruction publique.

Je fais imprimer cet arrêté à la suite de la présente, ainsi que la liste des membres qui composent les commissions de surveillance,  nommés par Mgr.l’Évêque, par M. le Recteur et par moi, conformément à l'article 3 ; je vous invite à en donner connaissance aux instituteurs de votre commune, afin qu'ils aient à se rendre devant la commission dans le délai prescrit ; à concourir d'ailleurs à son exécution en ce qui pourra vous concerner ;à exercer vous-même sur les écoles primaires la surveillance qui vous a été recommandée par la circulaire de mon prédécesseur du 10 janvier 1813,insérée au n°37 du mémorial de correspondance administrative,et à en rendre compte à M.le Sous-préfet.

Recevez,Monsieur le Maire,l’assurance de ma considération distinguée.

D’ARGOUT.

 

ACADÉMIE DE PAU

LE RECTEUR DE L’ACADÉMIE,

Considérant,1° qu'il lui arrive des plaintes de toutes parts sur les instituteurs primaires, particulièrement sur les principes qu'une grande partie d'entr’eux a manifestés, et la conduite qu'elle a tenue dans le tems désastreux de la dernière usurpation ;

Considérant,2° qu'il est de la plus haute importance pour la société, que les jeunes enfans ,l'espoir de la France ,reçoivent une éducation morale et religieuse, et qu’on  leur inspire, dès le bas âge ,l’amour, la reconnaissance et le dévouement qu'ils doivent au meilleur des Rois ;

Considérant,3° qu'il est urgent d'écarter de ces nobles et intéressantes fonctions, les hommes qui, par leurs vices ou leurs principes, pourraient être dangereux pour la jeunesse confiée à leurs soins, et d'établir des instituteurs qui aient les vertus, les qualités et les principes que demandent leur état sacré ;

Considérant ,4° que cette seule mesure, devenue générale, serait capable de sauver la France des effets menaçans de cette immoralité, première source des malheurs qui y sont enracinés  26 ans de révolution et de désordres ;

Considérant,5° qu'il est impossible au Recteur, de connaître par lui-même les nombreux instituteurs primaires répandus dans le ressort de son académie ,et d'en surveiller constamment la conduite ;

Considérant ,6° que l'autorité administrative supérieure a le droit de surveiller les établissemens d'instruction publique, placés dans son département (Décret du 15 novembre 1811,chap.1,tit.5) ;

Considérant,7°que le juge naturel de la vie religieuse et morale, est l'autorité ecclésiastique (Lettre de M.de Fontanes à MM.les Eveques,au commencement de 1809).

Après s’être concerté avec M.l’Évêque et M.le Préfet du département des Basses-Pyrénées,

ARRÊTE

Art.1er.Tous les diplômes accordés par le Recteur aux instituteurs primaires du département des Basses-Pyrénées demeurent révoqués à partir du 15 février 1816.

2.Après l'expiration de ce terme ,aucun instituteur primaire ne pourra exercer ses fonctions sans un nouveau diplôme, sous peine d'être poursuivi en police  correctionnelle, par le Procureur du Roi du tribunal de l'arrondissement, conformément aux dispositions du chap. 2, tit 2 du décret du 15 novembre 1811, sans préjudice de plus grandes peines, s'il était trouvé coupable d'avoir dirigé l'enseignement d'une manière contraire à l'ordre et à l'intérêt public (Ibid.art.56).

3.Il sera établi dans chaque arrondissement, une commission composée de trois personnes, choisies par M.l’ Évêque ,M.le Préfet et le Recteur,à l’exception de Mauléon , dans lequel il y en aura trois,une à Mauléon pour la Soule, ancien diocèse d'Oloron ;une à Saint-Jean-Pied-de-Port  pour la partie de la Navarre qui appartenait au diocèse de Bayonne ; et une troisième  à Saint-Palais pour les paroisses de l'ancien diocèse de Dax dans la Navarre.

4.Cette commission sera priée de rendre à la société l'important service de  s'occuper de l'examen des instituteurs primaires ,et de prendre des renseignements assurés sur leur vie et mœurs,ainsi que sur leurs principes religieux et politiques.

5. Elle pourra déléguer le soin de l'examen à une ou plusieurs personnes de sa confiance

6.Après cet examen fait et les renseignemens reçus, la commission voudra bien faire une liste des candidats qui lui paraîtront capables et dignes d'exercer les fonctions d'instituteur primaire, avec désignation des lieux pour lesquels elle les destine.

7.Cette liste sera adressée au Recteur de l'académie ,qui enverra immédiatement après les diplômes nécessaires à la commission, afin qu'elle les fasse remettre aux maîtres auquel ils appartiendront.

8.Le droit de sceau ne sera pas exigé de ceux qui l'ont déjà payé, et qui seront approuvés par la commission, pour continuer leurs fonctions dans la même commune, quoiqu'il doive leur être expédié un nouveau diplôme ; celui dont ils sont munis actuellement demeurant révoqué depuis l'époque fixée,art.1er  de cet arrêté.Tous les autres instituteurs paieront ce droit (3 francs pour chacun), entre les mains d'une personne désignée par la commission.

9. Commission surveillera tous les instituteurs de son arrondissement, les appellera pour leur donner les avis et les ordres qu'elle jugera nécessaires, et fera connaître ceux dont la conduite exigerait qu’ils fussent suspendus de leurs fonctions au Recteur de l’académie,qui prononcera de suite cette suspension,t en donnera avis au Préfet du département.

10. Un des articles principaux sur lesquels les instituteurs devront être surveillés relativement à leurs fonctions, c'est sur leur exactitude à enseigner aux enfans le catéchisme et les prières, indépendamment de leur conduite à faire l'école aux heures ordonnées, et de leur bon exemple, qui est la plus puissante des leçons pour les enfans, et sans laquelle toutes les autres seraient inutiles.

11.Lorsque le Recteur ou un inspecteur de l'académie de Pau fera une tournée,il  assemblera la commission qui voudra bien lui faire toutes les communications qu'il demandera pour le bien de l'instruction primaire dont elle est chargée.

12.Le présent arrêté sera envoyé à la commission de l'instruction publique pour être soumis à son approbation ; mais, vu l'urgence, on commencera à l'exécuter de suite.

Fait à Pau ,chef au lieu de l'académie, le 4 janvier 1816.

Le Recteur de l’Académie,ELIÇAGARAY

Par M.le Recteur :

Le Secrétaire de l’Académie ,DOMENGÉ  

Certifié conforme

Le secrétaire général de préfecture

 

Actes administratifs de la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques_Bibliothèque BIB BAB 1.article 1816
 

Source :
Pôle d’archives de Bayonne et du Pays basque,
Annexe des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
39 Avenue Duvergier de Hauranne,
64100 Bayonne,
Bibliothèque (consultation sur place uniquement)
BIB BAB 1.article 1816
Actes administratifs de la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques