08 mai 2014

Barreaux et barbelés à Bayonne-1939-1945


"A la déclaration de la guerre,mon fiancé HERZ, a été conduit au camp de concentration à Bayonne,où de là,il a été transféré au camp de concentration de Libourne"
Cambo -les-bains le 31 octobre 1939
Le Commissaire Spécial
à Monsieur le Commissaire Divisionnaire
HENDAYE

Répondant à une demande d'enquête de Monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées,en date du 25 octobre 1939,à nous transmis par Monsieur le Commissaire Divisionnaire d'Hendaye,reçue au Commissariat le 30 octobre 1939,N°217,enquête relative aux ressortissants allemands:WENZEL,Marta,WENZEL Margarita HERZ et SCHAWABE,résidant à Souraïde (Basses-Pyrénées),nous avons reçu les déclarations suivantes:
1° -WENZEL,Marta,37 ans,née le 15 aout 1902 à Gustein Anhalt (Saxe-Allemagne) de feu Gustave et de feue Plagge Marie,sans profession,résidant à Souraïde;Maison Olhagaraya,titulaire de la carte d'identité N°36-H-C-21984 délivrée le 17 juillet 1937 par la Préfecture des Basses-Pyrénées,valable jusqu'au 16 juillet 1940,déclare:
"Il y a 6 ans,le 20 mai 1933,que j'ai quitté l'Allemagne,en compagnie de M.HERTZ qui est mon fiancé.
M. HERZ est de religion israélite et moi de religion protestante.Pour fuir les vexations et les persécutions dont nous étions l'objet de la part des Autorités de notre pays nous avons récupéré toutes les ressources dont nous pouvions disposer,et un jour,clandestinement,nous nous sommes enfuis en Hollande,où nous n'avons fait que passer....
Disposant de capitaux (cinq cent mille francs environ ) nous sommes venus en France,et nous nous sommes installés à Lille (Nord),où nous avons loué un immeuble,que nous avons transformé en garage.
En raison de la proximité de la frontière,nous avons reçu l'ordre des Autorités françaises de quitter Lille où nous avons abandonné le garage et l'argent que nous avions dépensé pour sa transformation,pour la simple raison que nous n'avions pas d'acquéreur.
Nous sommes alors venus nous installer à Brunois (S-O) où nous avons monté un commerce de charcuterie.
Nous sommes venus à Souraïde en septembre 1935,où sur les insistances de M.Kaufman, avec qui nous avions été mis en relations,et qui y avait une propriété,nous sommes venus nous installer à Souraïde et avons monté,avec lui,une charcuterie de gros.M.HERZ a fourni l'argent nécessaire pour l'achat de l'outillage,mais s'étant fâché avec Kaufmann,il a été obligé de tout lui abandonner,les affaires commerciales et d'association ,n'ayant pas été faites régulièrement et ne pouvant de ce fait,le faire poursuivre en justice.
A la déclaration de guerre,mon fiancé HERZ a été conduit au camp de concentration de Bayonne,où de là,il a été transféré au camp de concentration de Libourne,où il se trouve actuellement.Étant dans ce camp,mon fiancé,a manifesté l'intention de s'engager dans la Légion Étrangère,mais il a été réformé en raison de ses infirmités et de son age.Il a 48 ans.
En ce moment,nous ne travaillons pas à notre commerce mais nous aidons bénévolement,nos voisins dans leurs travaux de culture,fenaison et amassage de récoltes.
De tout ce que je viens de vous déclarer,il résulte que devant les agissements de nos compatriotes,nous avons été obligés de fuir l'Allemagne,y laissant une belle situation.Nous sommes en France,demandons à y rester,ne faisant  et ne ferons pas quoique ce soit de répréhensible contre elle.
Lecture faite persiste et signe
Signé:Marta WENZEL .                                          Le Commissaire Spécial Signé MOREL

Archives consultables au Pôle de Bayonne et du Pays Basque AD 64
39 avenue Duvergier de Hauranne 64100 Bayonne
sous la cote 1027 W art 7
 





























4 septembre 1941


 "Si leur sort ne leur parait pas agréable,nous pourrions les proposer un de ces jours pour le camp de concentration."

Bayonne le 4 septembre 1941

Le COMMISSAIRE SPECIAL
à Monsieur le COMMISSAIRE SPECIAL à MONT-de-MARSAN (Landes)

Comme suite à votre lettre du 2 septembre courant,relative au nommé COURBIN Paul,ancien conseiller municipal communiste d'ANGLET,actuellement en résidence forcée à ST-MARTIN-de-SEIGNANX,(Landes) qui demande à Monsieur le PREFET des Landes,l'autorisation de se rendre à ANGLET,une fois par semaine,du (Samedi au Lundi matin),j'ai l'honneur de vous de vous faire connaitre qu'à mon avis,il y a lieu de rejeter purement et simplement cette demande.
La demande de COURBIN coïncide avec la même demande émise par PERSE,ancien Maire du Boucau,éloigné également à ST-MARTIN-de-SEIGNANX,(Landes).
COURBIN et PERSE,oublient que nos prisonniers de guerre,n'ont pas une cantine aussi confortable que celle du chantier des Barthes de l'ADOUR.
Si leur sort ne leur parait pas agréable,nous pourrions les proposer un de ces jours pour le camp de concentration.
LE COMMISSAIRE SPECIAL
Copie à Monsieur le PREFET de la zone occupée des Basses-Pyrénées (Cabinet ) à BAYONNE.
En marge
N°7872
Transmis à M.LE PREFET des Landes avec avis conforme.
L'autorisation,si elle était accordée,pourrait favoriser une collusion entre des individus qu'il y a intéret à tenir isolés.
Mont-de-Marsan le 06/09/1941
LE COMMISSAIRE PRINCIPAL ,Chef de Service
Archive consultable :AD 40 - 283W art 80 Préfecture des Landes Cabinet
Maurice Perse à été conduit à la villa Julia,boulevard Jean d'Amou à Bayonne le 12 février 1941
et Paul Courbin le 20 février 1941.

24 mars 1945



























GENDARMERIE NATIONALE
18° Légion                                                                                       Compagnie des Basses-Pyrénées
Section de Bayonne
Ordre d'écrou

Le Capitaine Duran,Commandant la Section de Gendarmerie de Bayonne,Requiert le Gardien-Chef de la prison Militaire,Caserne CHATEAUNEUF,à Bayonne,d'écrouer le déserteur espagnol NICOLAS VICTORES,BARCELINA,arrêté le 24 mars 1945 par la brigade de Béhobie,en attendant son transfèrement au camp de GURS.
Et pour garantie du dit Gardien-Chef,nous apposons notre signature.
Bayonne,le 24 mars 1945.

Archive consultable au Pôle de Bayonne et du Pays Basque AD 64
39 avenue Duvergier de Hauranne 64100 Bayonne
sous la cote 1338 W art 45 Maison d’arrêt de Bayonne
(N°242)


Camps de concentration et camps d'extermination,lire l'article Camp de concentration -Wikipédia

Jacky Tronel qui développe un blog Histoire pénitentiaire et Justice militaire
et Claire Frossard du Collectif Mémoire Camp Beyris ont favorisé les recherches d'archives associées au centre de séjour surveillé,villa Julia et au camp Beyris à Bayonne.Je leur exprime ma reconnaissance.

Quatrième de couverture :
Espagne,janvier 1939.La République vit ses dernières heures et la guerre civile touche à sa fin.Aidées par les armées allemandes et italiennes,les troupes rebelles du général Franco battent définitivement l'armée républicaine espagnole sur le front de l'Est et se dirigent vers Barcelone.Un demi-million de civils et militaires,craignant la répression du futur régime totalitaire,fuient la Catalogne via les Pyrénées pour rejoindre la France.Cet exode,aussi massif qu'inattendu,se révèle être un véritable chemin de croix pour ces milliers de gens.
Parmi eux,un écrivain célèbre, Alvaro de Orriols,tente de sauver sa famille de ce naufrage collectif.Tout au long de son périple l'écrivain nous retrace,avec un talent de conteur et de dessinateur sans précédent,l'histoire de La Retirada,cette faillite d'un pays tout entier,mais aussi celle de son œuvre,perdue à jamais entre Barcelonne et la France.
Cet ouvrage est la première publication du journal de l'artiste en français et la première présentation de l'intégralité de ses dessins.


Editions Privat
ISBN 978-267089-6915-5

 
Didier Damestoy de Orriols petit fils d'Alvaro de Orriols,à la salle du  Carré à Bayonne,mercredi 7 mai 2014 .













Quatrième de couverture :
Entre le décret du 12 novembre 1938,qui permit d'interner les "indésirables étrangers" dans des centres spécialisés,et la libération du dernier interné en 1946,six cent mille hommes,femmes et enfants ont été enfermés dans les camps français.Denis Peschanski fait ici l'histoire d'un phénomène à la fois durable et massif,que de rares ouvrages pionniers n'avaient abordé que partiellement.
Républicains exilés de la guerre d'Espagne,puis "ressortissants des puissances ennemies"-qui,pour la plupart,avaient fui les persécutions antisémites et la répression politique-,enfin quelques centaines de communistes français furent les premiers à subir des mesures d'exception nées de situations d'exception.Avec l'instauration du régime de Vichy et l'occupation ,communistes,Juifs et Tsiganes,ainsi que les droits-communs et les marché-noir devinrent les victimes de la politique d'internement.A partir de l'été 1942,suivant la logique d'extermination de la Solution finale,les camps se transformèrent en antichambres de la mort pour soixante-quinze mille Juifs de France déportés à Auschwitz.Ils furent remplacés,à la Libération,par tous les suspects de la Collaboration.
La France des Camps,à partir d'une cartographie précise,dessine ainsi la géographie inattendue d'un archipel.Deux cents camps,avec leurs bâtiments,leurs aménagements,une administration,des ministères de tutelle aux gardiens,des rapports socio-économiques avec leur région,une société internée,des solidarités,une entraide officielle et non officielle,dont la description concrète est permise par des archives abondantes,auxquelles s'ajoutent les témoignages poignants des internés eux-mêmes.
Un épisode crucial de l'histoire de France est là retracé,face aux simplifications des reconstructions mémorielles,dans sa diversité,sa complexité:son exacte réalité.
Directeur de recherche au C.N.R.S. (Centre d'histoire sociale du XXe siècle,Paris-1),Denis Peschansky a notamment publié Vichy 1940-1944:Contrôle et exclusion (Ed.Complexe,1997). Cet ouvrage est issu de sa thèse de doctorat d’État.
Éditions Gallimard,2002
ISBN 2 07-073138-3

Articles du blog:
Le centre de séjour surveillé de Bayonne "Villa Julia,boulevard Jean d'Amou".
Un plan de 1914 de la villa Julia, boulevard Jean d'Amou à Bayonne
Mamadou Ba,Juliette Lévy veuve Vaez-Olivéra,Farjelh Farhat
Quartier Beyris :pose de la borne des 4 camps