Algérie._Émigration d'ouvriers cultivateurs.
Pau,le 21 février 1845.
L'orthographe de l'époque a été respectée.
Le Maître des Requêtes au Conseil d’État,Préfet des Basses-Pyrénées,Officier de l'Ordre Royal de la Légion-d'Honneur,
À Messieurs les maires du département.
Monsieur le maire,
M. le Ministre de l’intérieur m’écrit que l’émigration,
en Algérie, amène dans cette colonie un grand nombre d’ouvriers appartenant aux
professions les plus usuelles ; que le Directeur de l’intérieur, à Alger, fait
remarquer que les cultivateurs comptent, parmi les émigrans,pour un chiffre qui n’est
nullement en rapport avec les besoins du pays ; que le manque de bras est un
obstacle sérieux au développement de la culture des terres, et qu’il résulte de
cet état de choses que beaucoup de propriétaires ne peuvent trouver ni
fermiers, ni garçons de labour, ni ouvriers de culture, ce qui les oblige à
employer des personnes inexpérimentées, d’où il résulte, pour eux, une grande
perte de temps, une augmentation de dépenses et de faibles produits.
M.le Ministre ajoute que dans telles circonstances
par suite de l’extension donnée à l'industrie agricole, les cultivateurs
célibataires, ceux qui sont mariés, mais n’ayant qu’un ou deux enfans en bas âge,
trouveront immédiatement, en Algérie, de l’emploi et des moyens d’existence
assurés. Que, quant aux émigrans qui ont un plus grand nombre d’enfans,
il est nécessaire qu’ils possèdent quelques ressources pécuniaires pour subvenir à l’existence
de leur famille, dans le cas où ils ne pourraient se placer aussitôt après leur
arrivée dans la colonie.
Vous le voyez, il y aurait un intérêt réel pour les ouvriers
cultivateurs qui ne peuvent se procurer chez eux des ressources suffisantes
pour vivre, à se rendre en Algérie où le prix de la main-d’œuvre est naturellement plus
élevé.
Toutefois, en donnant à ces faits le plus de publicité possible,
vous ne perdrez pas de vue, Monsieur le Maire, que l'administration ne doit
accepter que les individus qui offrent toutes les garanties de santé de
moralité nécessaires pour être utilement employés en Afrique.
Je crois devoir vous rappeler ici qu’aucune demande de
passage gratuit ne peut être adressée à M.le Ministre de la
guerre que par mon intermédiaire ; que celles-ci seront formées par des
individus ayant leur domicile dans l’arrondissement de Pau,me seront envoyées
par vos soins, et les autres par le Sous-Préfet de l’arrondissement où
les pétitionnaires auront leur domicile ; que chaque pétition sera appuyée de
certificats scrupuleusement en règle, délivrés par les Maires et des Médecins,
visé par les Sous-préfets, et constatant que les demandes sont faites par et pour des
gens valides, d'un âge à pouvoir encore travailler pendant plusieurs années, d’une
bonne constitution et, s’ils ne sont pas célibataires qui n’ont pas plus d’un
ou deux enfants en bas âge.
Vous préviendrez ceux de vos administrés qui seraient dans l’intention
de solliciter un permis de passage gratuit en Algérie, qu’ils ne devront se
mettre en route que lorsque le permis d’embarquement lorrain leur aura été
remis.
Agréer, Monsieur le maire, l’assurance de ma considération
distinguée.
Pour le préfet et par délégation, conseiller de préfecture,
B.MONDIET
Le Conseiller de Préfecture,Secrétaire-général,
POMAREDE.
Source:
Année 1845
Recueil des actes administratifs du département des Basses-Pyrénées.
Collection particulière.