Définitions de quelques-unes des formes spéciales du vol et de l'escroquerie
Vol à la tire.
Le voleur à
la tire ou pickpocket attire coquette enlève les objets placés dans les poches
de sa victime avec deux doigts de la main, l'index et le médius ; les autres
doigts restant pliés. Une pèlerine ou un pardessus jeté sur l'épaule ou
l'avant-bras aide le malfaiteur à dissimuler les mouvements de sa main .
L'objet est immédiatement transmis à un complice.
Une
certaine catégorie de spécialistes coupent les poches sous les vêtements à
l'aide d'un canif affilé qu’ils dénomment
saccagne et recueillent le contenu. Ce genre de vol à la tire a été importé en
France par des pickpockets italiens.
Les
professionnels du vol à la tire constituent de véritables associations et se
déplacent sans cesse. Ils suivent assidûment les foires de province et opèrent principalement
dans les gares et surtout où il y a de grands rassemblements.
Vol à l'esbroufe.
Le vol à
l'esbroufe n'est autre qu'un vol à la tire accompagné de légères violences. Le
malfaiteur profite d'une bousculade qu’il provoque ou fait provoquer par ses
acolytes pour s'emparer du porte-monnaie ou du portefeuille convoité par. Ce
vol se pratique habituellement à la montée ou à la descente des wagons de
chemin de fer, à l'arrivée ou au départ des trains.
Vol à l'étalage.
Ainsi que
son nom l'indique, ce vol consiste à prendre des objets dans les étalages qui
bordent les trottoirs, c'est une des formes les plus simples du vol.
Vol à la détourne
Au
contraire du vol à l'étalage, ce vol consiste à dérober des objets qui se
trouvent à l'intérieur des grands magasins.
Vol au poivrier.
Le vol au
poivrier est le vol qui consiste à dépouiller les ivrognes endormis sur les
bancs des promenades.
Vol au radin.
Vol
d'argent dans le tiroir-caisse d'un comptoir. Le voleur au radin profite d'une
courte absence du commerçant ; souvent même il provoque cette absence par
l'intervention d’un complice de façon éloigner le débitant de sa caisse.
Vol au rendez-moi.
Le voleur
donne en payement au marchand un billet ou un louis. Il se fait remettre la
monnaie et profite d'un moment d'inattention du caissier pour reprendre le
billet ou la pièce.
Ce vol est
quelquefois rendu compliqué par l'intervention d'un complice. Dans ce cas, le remier
malfaiteur, après avoir marqué un louis de 20 francs , paye avec cette pièce une marchandise de bas prix patrie et se
retire.Le second arrive peu après. Il offre e payement traînement une pièce de
20 francs ayant la même effigie que la première et se faire remettre la monnaie
en escamotant sa pièce. Si le marchand s'en aperçoit et prétend ne pas l’avoir
reçu, il déclare avec conviction qu'elle sera bien facile de la reconnaître,
car elle est marquée.Le marchand trouvant dans sa caisse un louis portant la
marque indiquée par son client, remet la monnaie en s'excusant.
Vol au change où à la pièce rare.
N'est
qu'une forme du vol au radin,commis en présence de la victime elle-même.
L'auteur et
ses complices font un achat dans une petite épicerie de campagne, ensuite e
quoi ils annoncent à la débitante qu'ils achèteraient volontiers des pièces à
telle ou telle effigie,à un prix supérieur à leur valeur.Alléchée par la
perspective de cette spéculation, la marchande étale tout l'argent qu'elle
possède devant ses clients, et ce n'est que le soir en faisant sa caisse
qu'elle constate le vol commis à son préjudice.
Ces deux
derniers genres de vol sont ordinairement pratiqués dans les campagnes au préjudice
des petits commerçants par des femmes nomades.
Vol dans les troncs d'église.
Spécialement
pratiqué par les romanichels allemands, ce vol s'opère sans effraction. Le
voleur introduit des baguettes de buis enduite de glu par l'orifice dans l'intérieur
des troncs et en extrait ainsi le contenu. Les chapelles éloignées des agglomérations
, lieux de pèlerinage, sont particulièrement exposés.
Vol à la roulotte.
Se pratique
ordinairement dans les grandes villes à la faveur des embarras de circulation ;
le professionnel de ce genre de vol subtilise adroitement les paquets ou petits
colis transportés à découvert sur les camions, voitures, etc.
Vol aux narcotiques.
Les
professionnels du vol dit « au narcotique » sont des malfaiteurs
internationaux qui travaillent habituellement dans les rapides de luxe ou les grands
express. Toujours très bien mis, très liants, ils réussissent à faire accepter
à la victime sur laquelle ils ont jeté leur dévolu, un cigare préparé à
l'opium.
Le
narcotique ne tarde pas à faire son effet et le voleur profite de
l'assouplissement de sa victime, qu'il complète parfois en lui faisant respirer
une petite éponge imbibée de de
chloroforme, pour la dépouiller.
Cambriolage
Généralement,
un cambrioleur ne travaille que dans une maison inhabitée momentanément. Pour
s'en assurer, il a soin de faire sonner plusieurs fois à la porte par un
complice, ou place devant la porte un témoin, c'est-à-dire un objet quelconque,
un fétu de paille, une feuille morte qui sera nécessairement dérangée si la
porte vient à être ouverte. Le cambrioleur ou monte-en-l'air pénètre dans une
maison, soit en faisant usage de fausses clés (rossignols), soit en utilisant
une pince-monseigneur (jack ou presson).
Certaines
bandes de cambrioleurs utilisent les outils perfectionnés, tels que :
vilebrequins d’angle,forets, pied-de-biche, scies à manivelles, perforeuses,
chalumeaux oxhydriques,etc…
Ces deux
derniers instruments sont surtout employés par les perceurs de coffres-forts.
Vol au rat.
Malfaiteurs
internationaux, constituant de dangereuses associations ; les professionnels,
appelés « rats d’hôtel »,descendent dans les meilleurs
établissements des stations balnéaires, thermales ou climatériques, et profitent
de ce que les voyageurs s'absentent momentanément de leur chambre pour y voler.
Ils s'y introduisent même pendant la nuit en ouvrant la porte, fermée à clef, à
l'aide d'une pince spéciale appelée « ouistiti ». Cette pince est
composée de deux lamelles d'acier creuses, entre lesquelles on saisit le canon
de la clef pour le faire tourner à
l'extérieur.(Voir études parues au Bulletin de police criminelle,
n° 73 du 1er février 1909.)
Escroquerie à l'achat de chevaux,aussi appelée vente forcée.
Habituellement
pratiquée par des maquignons nomades désignés sous le nom de combinards, cette
escroquerie se commet de la façon suivante : un des combinards, le « teneur »,
ayant l'aspect d’un paysan ,conduit sur le marché une bête d'assez bonne
apparence, mais atteinte d'une tare cachée. Son complice, qui a l'allure d'un
maquignon, déclare à la victime choisie par lui que le teneur ne veut pas
vendre sa bête à un maquignon, de peur qu'elle ne soit maltraitée. Il prie son
interlocuteur de l'acheter pour son compte et lui propose une commission de 50 francs,
par exemple. Si le campagnard naïf accepte cette proposition, les combinards
s'enfuient dès que la vente est conclue et la victime reste en possession d'un
cheval qui vaut quelques fois une centaine de francs et qu'elle a payé 500
francs.Voir étude parue dans le Bulletin de police n°106.)
Escroquerie à l'achat de fonds de commerce.
L'individu
se présente chez un débitant ; il lui offre 3.000 francs de son fonds de commerce qui en vaut 2.000.
L'acte
d'achat est signé séance tenante ; avant de se retirer, l'acheteur réclame au vendeur 50 francs pour sa commission ou se
fait prêter une certaine somme sous un prétexte quelconque et disparaît.
Escroquerie à l'achat de marchandises.
Un marchand
ambulant vend à une femme de la campagne 5 mètres de drap, qui sont
immédiatement payés. Après avoir causé longuement avec elle et s’être fait
indiquer l’endroit où travaille son
mari, il part, après avoir laissé en dépôt chez elle un volumineux coupon de 50
mètres de drap qu'il reviendra, dit-il, chercher dans quelques jours. Il va
alors trouver le mari,lui déclare que sa femme a acheté 50 mètres de drap et
lui fait signer une pièce établissant cet achat. Lorsque la victime de cette escroquerie
s’en rend compte, la vente est devenue parfaite par la signature du mari et par
la livraison, et, en cas de refus de payement, le procès du marchand indélicat
est gagné d'avance, à moins que la police prévenue ne parvienne à établir
l'escroquerie.
Escroquerie à l'annonce.
Exemple : «
Travail facile à faire chez soi, sans connaissances spéciales. » Si une personne prend au sérieux cette annonce
qu'elle trouve à la 4e page d'un journal et si elle demande des
renseignements, on lui réclame une certaine somme sous un prétexte quelconque,
pour la mettre au courant, pour lui fournir le matériel nécessaire.
Autre
exemple : « Escroquerie au cautionnement. »
« Place
de caissier, 200 francs par mois, références sérieuses exigées ». Le but de
l'auteur de cette annonce ,qui n'a nullement besoin d'un caissier, est de se
faire verser r le cautionnement qui ne sera jamais remboursé.
Escroquerie à la trouvaille.
Le
malfaiteur simule une trouvaille en présence de la personne qu'il désire duper,
et lui propose de lui vendre, à un prix qu’il dit très avantageux, un bijou
sans valeur, montre, bague ou bracelet.
Quelquefois,
un complice vient affirmer que le bijou trouvé a un grand prix et en offre
lui-même une somme importante.
Vol à l’américaine.
Les voleurs
à l’américaine de profession se tiennent à l'affût aux abords des grandes, rues,où
arrivent les étrangers qui se disposent à rentrer dans leur pays natal, pour
s'y établir avec leurs économies gagnées à force de travail et de privations.Les
victimes sont en général, des gens ignorants, des manœuvres, des paysans,
satisfaits de revenir après bien des années d'absence.
Quand la
victime débarque du bateau ou descend de chemin de fer, elle voit s’avancer ,
selon sa nationalité, un Italien, un Anglais, un Allemand ou un Français, qui
se charge de gagner sa confiance. Il se présente comme un compatriote.
Le principe
de vol est la confiance ; tout repose sur elle. Il faut que le guide qui
s'offre au voyageur ne néglige rien pour l'obtenir. Il se fait ordinairement
passer pour un homme riche, bienfaisant, désireux de le protéger ; il lui parle
dans sa langue nationale du pays du village, de la famille, et l’émeut en faisant
vibrer les cordes sensibles que lui ont fait connaître ses complices d’outre-mer.
La future
victime, contente de rencontrer une providence inespérée est convaincue par le
langage, par la tenue, qu'elle a trouvé un compatriote, presque un frère, ou
tout au moins un homme doué des meilleures qualités.
Pour
justifier leur présence à Paris, dans les ports de mer, les voleurs qui ont,
soi-disant, fait leur fortune dans le commerce, l'industrie, déclarent y être
venus pour recueillir un héritage. Les inventaires sont longs et les formalités
à remplir n’en finissent pas. C'est ainsi qu'ils endorment petit à petit leur
homme..
A l'hôtel
où il a été chaudement recommandé, ses dépenses sont payées, comme le sera le
prix du dernier transport qui doit le ramener au milieu de ses parents.
La future
victime, ensorcelée par tant de bons offices , commence à se laisser entraîner.
Le faux
bienfaiteur en profite et pousse la sa sollicitude jusqu'à lui dire : « Prenez
garde aux voleurs ; Paris en foisonne , on vous surveille, des malfaiteurs
peuvent se jeter sur vous et prendre votre argent, vous n'en avez pas besoin,
puisque je solde vos dépenses et que je
ne vous quitte pas. »
Ému,
troublé par une variété de sentiments différents, les valeurs sortent enfin des
mains de leurs légitimes propriétaires et passent doucement sans secousses,dans
celles de l’habile voleur. Celui-ci n'a
plus qu’un mobile : terminer par la fuite ; c'est alors qu'il remet 20 francs à sa dupe, en la priant, pour gagner du temps, de choisir des cigares,
de bons londrès noirs,secs,tachetés de blanc puis il monte dans la première
voiture et disparaît.
Escroquerie à la guérison._ A la bonne « ferte ».
Habituellement
pratiqué par des femmes nomades au préjudice de paysans naïfs. Les procédés sont connus
et varient à l’infini. La gitane réussit toujours à se faire remettre de
l'argent, des bijoux etc. qu'elle enterre avec un autre objet quelconque et s’en
va en recommandant de ne découvrir la cachette que deux ou trois jours après,
promettant que le sort sera conjuré ou la guérison obtenue à l'expiration de ce
délai. Lors de l’enfouissement qui se fait en présence de la victime, la gitane
a réussi très adroitement substituer les valeurs.
Escroquer au jeu de hasard._ Bonneteau.
Le
bonneteau se joue avec trois cartes, dont deux noires et une rouge,que le teneur
change de place rapidement, en les passant de main en main.Il s'agit, pour le
joueur, d’indiquer où se trouve la carte rouge. Le teneur amorce le joueur lui laissant
voir la carte rouge,ou en faisant gagner des complices qu'il avertit pas un
signe ou un cri convenu de la place occupée par la carte.
Calot ou biribi.
Ce jeu se
compose d’une petite boule de liège et de trois quilles creusées. Le joueur
doit deviner dans quelle quille le tenancier a mis la boule; or celui-ci l’escamote
presque toujours de façon à empêcher le joueur de gagner ; et lorsque ce
dernier retourne la quille choisie par lui, le tenancier retourne une des deux
autres quilles en y faisant tomber la boule qu'il avait conservée dans la main.
La parfaite ou Martin Claude.
Ce jeu
comprend une toile rectangulaire sur laquelle six figures sont dessinées et des
dés. Le joueur gagne lorsqu’un dé tombe de façon à laisser paraitre celle des
figures sur laquelle il a misé. Le tenancier s'assure le succès en pinçant le
cornet flexible où se trouve le dé, de façon à le faire tomber sur la face
qu'il désire.
La consolation.
La
consolation est le même jeu que le précédent, mais les six figures sont
remplacées par des numéros.
La ratière.
La ratière
est une boîte où on introduit trois
boules creuses contenant chacune un papier colorié. Les trois papiers ne sont
pas coloriés de la même façon et les trois couleurs des papiers se retrouvent
sur trois carrés de couleurs différentes où le joueur dépose son enjeu..
Celui-ci
gagne, lorsque la boule sortant contient la couleur qu'il a choisie. Le jeu est
truqué , soit en mettant un double fond à la ratière, soit en construisant la
trappe de la ratière de façon que, seule, une des boules , un peu plus petite
que les deux autres, puisse passer.
"Les
définitions qui précèdent sont génériques. Pour rester dans la note vraie ,
il est juste de dire que les procédés exposés dans leurs grandes lignes
comportent de multiples variantes. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que les
procédés des voleurs ou escrocs évoluent sans cesse et vont se perfectionnant
chaque jour. Néanmoins, et malgré tout, peut les ramener aux type définis plus
haut."
Source:
Décret annoté
Décret du 20 mai 1903 sur l'Organisation et le Service de la gendarmerie
(mis à jour au 1 er avril 1922)
Paris
Charles-Lavauzelle et Cie
Editeurs militaires
124,Boulevard Saint-Germain
(Même maison à Limoges)
Art.203 ,extrait,pages 320 à 325
Collection personnelle
Décret annoté
Décret du 20 mai 1903 sur l'Organisation et le Service de la gendarmerie
(mis à jour au 1 er avril 1922)
Paris
Charles-Lavauzelle et Cie
Editeurs militaires
124,Boulevard Saint-Germain
(Même maison à Limoges)
Art.203 ,extrait,pages 320 à 325
Collection personnelle