02 août 2021

Contrôle routier : Qu’avez-vous dans le coffre arrière ? De la merde !

Juillet 1946,une mère de famille, réagit verbalement à un contrôle routier par des C.R.S.

Renseignements sur les injures et menaces à agent de la force publique par Lxxx Jeanne  (…)

"Je me nomme P.xxx André ,25 ans,gardien de la Paix à la 133eme Cie de C.R.S. de Montluçon (Allier)détaché à Ainhoa (B-P).

Le 14 juillet 1946 à 21 heures me trouvant de service avec mon collègue Rxxx et Bxxxx,j’ai controlé un véhicule automobile immatriculé sous le numéro 60.07.N.M.2 conduit par les époux Lxxx (…) de Sare.Au cours du contrôle  Madame Lxxxà eu une attitude très incorrecte. Comme je lui demandais poliment d'ouvrir son coffre arrière afin de voir ce qu'il y avait dedans elle me répondit furieuse : de la merde.Ces paroles constituant un outrage à agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions, j'ai dressé le rapport que vous détenez, afin que Madame Lxxx  soit punie légalement.(…)

Lecture faite, persiste et signe.

Rxxx Gaston,24 ans, gardien de la Paix à la 133 ème Cie des C.R.S. détaché à Ainhoa (B-P.) déclare :

Le rapport concernant l’outrage à agent de la force publique dressé par mon collègue Pxxx à l'encontre de Madame Lxxx Jeanne est des plus exact. Cette personne n'avait aucune raison pour répondre comme elle l'a fait étant donné que le gardien Pxxx  lui avait demandé poliment d’ ouvrir le coffre de sa voiture afin de s'assurer qu'il n'y avait rien de frauduleux.

Lecture faite, persiste et signe.

Le gardien Bxxx étant absent n’a pu être entendu.

(...)


Les  menaces ne figurent plus dans l'objet du Procès-Verbal de renseignements de la mise en cause.

Renseignements sur outrages à agent des C.R.S. dans l’exercice de ses fonctions par Lxxx Jeanne

« Je me nomme Lxxx, née Hxxx, Jeanne ,36 ans ménagère, demeurant à Sare (B.P.) (…) mariée cinq enfants, sais lire et écrire, jamais condamnée, nationalité française.

Le 14 juillet 1946, vers 21 heures, alors que je revenais de Cambo, accompagnée de mon mari et de mes enfants, en automobile, nous fumes contrôlés par trois gardiens des C.R.S. C’était le troisième contrôle sur une distance de 4 kilomètres. Impatiente de rentrer chez moi pour le repas de mon bébé âgé de dix mois, je ne pus m’empêcher de dire à ces messieurs mon étonnement d’un pareil contrôle.

L’un d’eux particulièrement grossier, me répondit que cela ne me regardait pas, que c’était leur droit et me demanda comme un sauvage : Qu’avez-vous dans la malle arrière ?Je lui répondis sur le même ton :de la merde !

Furieux de ma réponse, que je reconnais  grossière, il fit prendre à l’un  de ses camarades carnet et crayon, pour me dresser  contravention pour insulte. Je me récriai en disant que je ne l'avais pas insulté, et que le mot employé était français, qu'il avait dû l'apprendre en étudiant « CAMBRONNE » sur son histoire de France et que d'ailleurs je lui disais la vérité ;la malle arrière  contenant les langes souillés de ma fille.

Il ne voulut pas s’en rendre compte ayant l'air très énervé, comme le sont très souvent ces gardes sur ces routes frontières, où il saisissent et gouttent  pas mal de vin espagnol.Tous les frontaliers peuvent actuellement en témoigner. »

Lecture faite, persiste et signe.

Source:AD 64 Bayonne 1027 W Art 21 Tribunal de Grande Instance de Bayonne