08 novembre 2024

Monument à la Gloire du 18e

Monument à la Gloire du 18e

Inauguré à Pau le 26 octobre 1925

Une dame américaine, Miss Alice Linzée Cushing, habitant à Pau, a  offert à la ville un monument élevé à la gloire du 18e R.I., régiment qui, au XVIIIe  siècle, pris part à la guerre de l'Indépendance des États-Unis et se fit remarquer ,en particulier ,à la bataille de York-Town  (octobre 1781). L’inauguration de ce monument eut lieu  le 26 octobre 1925 et donna lieu à une grandiose manifestation.

Le matin à l'église St-Martin, au Temple protestant et à la Synagogue ,des services religieux furent célébrés à la mémoire des soldats des 18e et 218e R.I.  tombés au champ d'honneur pendant la guerre. L'église St-Martin, pourtant immense, était comble. L’Office y fut célébré par l'abbé capitaine Daguzan  et Monsieur le chanoine St-Pierre (1),ancien  sergent du 18e ,dans un discours saisissant d'émotions glorifia l ‘âme  du 18e..

(1)    Sacré Evêque de Carthage en 1930.


Au Temple et à la Synagogue, on a aussi évoqué, en termes magnifiques l'épopée de la guerre.
Le monument érigé sur la place de Verdun, face aux Pyrénées, s'élève sur un socle de granit blanc. Un officier debout regarde l'ennemi, l'indique à ses hommes que représentent deux soldats armés l'un d’un fusil avec sa baïonnette menaçante, l'autre brandissant une grenade. Ce groupe évoque bien l'union intime qui, au cours de toute la guerre, a existé entre l'officier et ses hommes.

Dans la tribune officielle, toutes les personnalités civiles et militaires de Pau se sont regroupées autour de Miss Cushing. Il y a en outre le colonel Mott, attaché militaire à l’ambassade des États-Unis, les généraux Hirschauer, d’Armau de Pouydraguin, tous deux anciens commandants de la 36 e Division, Decherf, ancien du 18e R.I. ,de Belenet, représentant le général commandant le 18 e Corps d’Armée, M.Mac-Williams, vice-consul des États-Unis, le colonel Gloxin ,ancien commandant du 18e R.I.. Au pied du monument, les drapeaux des différentes Sociétés sont groupés sur un rang.

A 10h30, le glorieux drapeau du 18e ,dont les lambeaux  flottent au vent, encadré par la musique et par deux compagnies du 18e vient, sous une pluie battante ,se placer face au monument.

Après le salut au Drapeau, le Président de l'Amicale des 18e et  218e R.I.,M.Louis Sallenave, dans un discours puissant et poignant d'émotion, remercie Miss Cushing et offre   le monument à la ville de Pau.

Ayant célébré les vertus de ceux qui, de York-Town à la Marne ,suivirent la tradition  séculaire du Soldat de France, il dit en particulier :

…. » et mon émotion est grande de voir à cette heure, comme un vivifiant  symbole, massés  au pied de ce monument, à côté de la Femme français , dont la guerre a dit l'énergie et le dévouement inlassables ,les vénérés soldats de l’Année Terrible, ceux  de la Grande Épopée, précédés des martyrs mutilés et fiers de leur  douloureux sacrifice, ceux  d'aujourd'hui pleins des exemples de leurs aînés, cette jeunesse adolescente fleurie  dans le frémissement des armes ,et ces enfants adorables, lumineuse aurore après le crépuscule sanglant.

Ambiance douce, comme celle d'un temple, ambiance sacrée puisque là, des pères, des mères, des épouses ont voulu braver la douleur intarissable des souvenirs pour que flotte autour de nous l'âme de nos vaillants camarades disparus dont je salue bien bas la mémoire chérie… »

Et il termine ainsi :

« Car ils sont là les soldats de Marbais-la-Tour, de Marchais-en-Brie, de la Ville-aux-Bois, de Verdun , de la Somme, de Craonne et de Laffaux, et, devant eux, leurs chefs venus de très loin leur apporter le témoignage touchant de leur affection.

Et qui d’entre nous aujourd’hui ne revit pas le songe affreux, ces quatre années de misères, d'espoirs, de déceptions et d'enthousiasmes : le grand baptême de Charleroi, la déprimante retraite, la Marne victorieuse, l’Aisne sanglante, Douamont effroyable, l’assaut de Californie, « position jugée inexpugnable » enlevée en vingt minutes, la résistance désespérée de Montdidier, l’offensive de  la délivrance, l'armistice ?

« Élite », disaient nos généraux, dans les citations qui illustrent nos parchemins de gloire , »Élite », je ne sais, mais qu’il me soit permis de proclamer  bien haut, à vous, Messieurs, qui fûtes nos chefs aimés ;nous avons voulu simplement être dignes de vous, dignes de votre sollicitude et de vos vertus militaires .

Enfin, Mademoiselle, nous avons pu tout à l'heure éprouver une bien douce et bien réconfortante joie. Grâce à vous, il nous a été donné de revoir ensemble, coude à coude, cette relique sublime, cette loque meurtrie comme notre chair, diminuée comme notre jeunesse ardente, ce drapeau admirable dans les plis duquel s’attache tout notre passé.

Un jour, il nous quittera pour rejoindre sous la coupole dorée des Invalides, les autres étendards de l’Histoire. Et  il fanera  au cours des ans, notre drapeau bien-aimé, à moins que, pour ne pas qu'il meure, les Anciens qui seront là-haut ne viennent le prendre et ne l'emportent avec eux vers des cieux sereins et immortels.

(1)    Le vieux drapeau du 18e R.I. a été envoyée aux Invalides en septembre 1927, et a été remplacé par un drapeau neuf à la même époque.

 

Le Maire de Pau, M.d’Iriart d’Etchepare, prend acte de cette remise et remercie le Président de l'Amicale et ses collègues du zèle et  du dévouement qu'ils ont apportés à l'organisation de cette cérémonie.

Le général Hirschauer,,prend à son tour la parole au nom des généraux ayant eu le 18 e R.I.  sous leurs ordres. Après avoir remercié l'Amicale et Miss Cushing ,il évoque, en maître, l'épopée du 18e R.I. à la bataille de York-Town et pendant la guerre. Très applaudi pendant tout son discours, le général est l'objet d'une véritable ovation en quittant la tribune.

Aussitôt après, le colonel Mott, attaché militaire des États-Unis, représentant son ambassadeur M.Myron T.Herrick, remet au colonel Duplantier ,commandant le 18e R.I. un magnifique drapeau brodé par l'Association des Filles de la Révolution Américaine de Philadelphie qui ont ajouté aux noms de Rivoli,Austerlitz, La Moskova, Sébastopol celui de « York-Town » et dans une brillante allocution remercie le 18 R.I.

Cette émouvante cérémonie se termine par un banquet de plus de trois cents convives, dans le  cadre magnifique du Palmarium où de nouveaux  discours sont prononcés. 

Source:

Le 18e 1914-1918
Achevé d'imprimer sur les presses de Marrimpouey Jeune en Mai 1936,le Comité de Rédaction étant présidé par le Commandant Louis Lespinasse.
Imprimerie Marrimpouey Jeune,place du Palais,Pau.
Collection particulière

Billet du blog consacré à madame Bentley-Mott Georgette,conseillère municipale d'Anglet du 27 juin 1941 au 15 avril 1942 et à son époux le colonel T.Bentley MOTT,