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24 septembre 2016

Petits "camps" de prisonniers à Hendaye;1940-1944

Entre les automnes 1940 et 1944, la ville d'Hendaye a été un lieu de captivité.

Sommaire: 

I- Travaux et fournitures effectués aux "camps  de prisonniers à Hendaye" pendant l'occupation allemande

II - 23 mars 1942:militaire de l'armée française, prisonnier de guerre ,victime d'un accident du travail en gare d'Hendaye

III - 30 mai 1944: militaire de l'armée française,prisonnier de guerre,tué au cours de son évasion 

IV -"Camps de prisonniers à Hendaye" à la Libération


Je remercie Yannick Renaud ,de la Librairie du Levant à Bayonne,pour le partage spontané des photographies représentant des militaires allemands cantonnés à Hendaye.
Vous trouverez sa carte professionnelle en bas de page.


I -Travaux et fournitures effectués aux "camps de prisonniers à Hendaye" pendant l'occupation allemande


Sentinelle allemande



Les Archives départementales des Landes conservent  quelques documents relatifs à des dépenses engagées pour le compte des troupes d'occupation à Hendaye .
Archives départementales des Landes _314 W article 218 Divers services_

N°23 au crayon rouge.Visé par le maire d'Hendaye.10 avril 1941
Mémoire présenté par Mr O.......,plâtrier demeurant à Hendaye 
"Camp de prisonniers" sans éléments de localisation
26  septembre 1940 et 17,18,18,19,20 décembre 1940.Divers travaux à l'intérieur d'une habitation

N°22 au crayon rouge.Visé par le maire d'Hendaye .18 avril 1941
Mémoire présenté par Mr U ......plâtrier demeurant à Hendaye,rue du pont,pour travaux et fournitures effectués pour les troupes d'occupation au camp de prisonniers ,route de Béhobie.
27 novembre 1940 et 21 janvier 1941

N°21 au crayon rouge.Visé par le maire d'Hendaye le 19 février 1942
Troupes d'occupation (camp des prisonniers rue du port)
MM.D.....et S ......entrepreneurs,place de la République à Hendaye


N°24 au crayon rouge.Visé par le maire d'Hendaye le 15 décembre 1941
Dernier trimestre 1941
Villa Duruty (Prisonniers) STALAG

N°25 au crayon rouge.Visé par le maire d'Hendaye le 23 janvier 1942
Mémoire présenté par Mr V......serrurier à Hendaye
Camp de prisonniers d'Hendaye sans éléments d'identification 

N°26 au crayon rouge.Visé par le maire d'Hendaye le 20 mars 1942
Mémoire présenté par Mr S....électricien à Hendaye ,pour travaux et fournitures effectués à la Villa Duruty,Camp des prisonniers

N°27 au crayon rouge
Document manuscrit.
Maison B.....avenue de la gare à Hendaye
Ordre N°1029
Camp de prisonniers de Duruty
23 verres simples et 1 verre semi double






Hendaye plage,,hôtel Régina.On distingue également en arrière-plan une extrémité du casino style mauresque
Hendaye

II - 23 mars 1942,militaire de l'armée française, prisonnier de guerre ,victime d'un accident du travail en gare d'Hendaye

Source:Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques , site de Bayonne,cote  1027 W art 13 Tribunal de Grande Instance de Bayonne

Précision du blog Retours vers les Basses-Pyrénées:la différence d'écartement des rails entre les réseaux espagnols et français imposaient en gare d'Hendaye ,des opérations de déchargement /chargement des marchandises.

PROCÈS-VERBAL de RENSEIGNEMENTS sur un accident du travail ,survenu à la gare d'Hendaye.
Victime:Soldat Sénégalais du camp de prisonniers de Hendaye (B.P)

Ce jourd'hui vingt trois mars mil neuf cent quarante-deux,à douze heures.

Nous soussignés G.....,Edouard et D......,Marc
gendarmes à pied à la résidence d'Hendaye,département des Basses-Pyrénées,revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs,étant à notre caserne,avons été prévenus par Mr le Chef de gare d'Hendaye,qu'un prisonnier de guerre Sénégalais,qui travaillait sous la surveillance de sentinelles Allemandes au transbordement de marchandises à la gare internationale d'Hendaye ,(voie 12),venait d’être comprimé entre le paroi d'un wagon espagnol et le montant de la porte amont de la halle d'exportation.Ce blessé qui portait diverses blessures aux mains et au visage ,se plaignait également de contusions du thorax.
Nous nous sommes immédiatement rendus sur les lieux et nous n'avons pu ,sur l'heure,procéder à aucune constatation.Les divers ouvriers qui,au cours de la matinée travaillaient aux abords immédiats du lieu de l'accident,avaient cessé le travail à 12 heures,pour le reprendre à 14 heures.Le wagon espagnol avait également été enlevé de la voie 12 et placé sur une voie de garage.
A 14 heures,les ouvriers étant revenus à leur travail,nous avons sur leurs indications procédé aux constatations suivantes:
L'accident s'est produit sur la voie 12,(voie espagnole),à la porte Nord de la halle d'exportation.Cette porte mesure 3m70 de large,la voie 1m80 et les wagons espagnols 2m90.
Au passage d'un wagon à la porte de la halle d'exportation,il existe un passage de 0m40  de large,entre le paroi du wagon et le montant de la porte.
Nous avons ensuite procédé à une enquête et les deux témoins civils de l'accident,(tous deux de nationalité espagnole),nous ont respectivement déclaré:
1° DANJOU,François,16 ans,manœuvre,demeurant rue d'Aispurdi à Hendaye:
"Ce matin j'ai pris mon travail,à la gare internationale,à 8 heures,en compagnie de GASTESI,Joseph.Vers 8h30 huit prisonniers Sénégalais sont venus se joindre à nous et nous avons travaillé toute la matinée ensemble.
Vers 11 heures,nous avons du sortir de la halle couverte un wagon espagnol chargé de bidons d'huile pour le placer devant le quai découvert.A cet effet,les huit soldats,GASTESI et moi,nous nous sommes placés sur les cotés et le derrière du wagon pour le pousser à la main.Au moment où l'arrière du wagon est arrivé à hauteur de la porte de sortie de la halle,j'ai aperçu un soldat chanceler et tomber à terre.J'ai aussitôt compris qu'il venait de se faire coincer entre le montant de la porte et le paroi du wagon.

Ce militaire qui portait des blessures à la main gauche et à une cuisse,se plaignait également de contusions du thorax.J'ignore la gravité de ses blessures et à mon avis il a été victime de son imprudence ou de son inattention.Je ne puis vous dire exactement dans quelles conditions l'accident s'est produit,car je poussais le wagon par l'arrière et le Sénégalais sur le coté droit,(direction de marche).
Les prisonniers travaillent tous les jours avec nous et chaque équipe est surveillée par deux sentinelles."
Lecture faite,persiste et signe.

2° GASTESI,Joseph,53 ans,transbordeur,demeurant rue de la Fontaine à Hendaye:
"Ce matin,j'ai travaillé à la gare comme d'habitude,en compagnie de DANJOU,François et huit prisonniers Sénégalais.Vers 11 heures,nous avons été obligés de déplacer à la main,un wagon espagnol afin d'effectuer son déchargement.Quatre soldats,DANJOU et moi,nous nous sommes placés à l'arrière du wagon,pendant que les quatre autres soldats se plaçaient sur les cotés.En arrivant à hauteur de la porte de sortie de la halle,j'ai aperçu un soldat chanceler et tomber à terre.Il portait divers blessures aux mains,au visage et il se plaignait de contusions du thorax.
Un de ses camarades m'a dit qu'en poussant le wagon,il s'était trouvé coincé entre le paroi du wagon et le mur .Nous l'avons aussitôt placé sur un brancard et ses camarades l'ont transporté à la gare.
A mon avis cet accident est du à une imprudence ou à une faute d'inattention.Depuis longtemps déjà,ce prisonnier travaillait avec nous et l'équipe était placée sous la surveillance de deux sentinelles allemandes."
Lecture faite,persiste et signe
Cinq expéditions
La 1 ere à la Géri...-der-Feldkommandantur à Biarritz
La 2 eme à Mr le S/Préfet de Bayonne
La 3 eme à Mr le Procureur de la République à Bayonne
La 4 eme au Cdt de Section à Bayonne
La 5 eme aux archives.


 




III - 30 mai 1944: militaire de l'armée française,prisonnier de guerre, tué au cours de son évasion


Sources:Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques , site de Bayonne,cote  1027 W art 17 Tribunal de Grande Instance de Bayonne

PROCÈS-VERBAL de Renseignements,sur la découverte d'un noyé,prisonnier de guerre Nord Africain nommé:MOHAMED-BEN HAMED
Ce jourd'hui,deux juin mil neuf cent quarante quatre à seize heures trente.
Nous soussignés:P.....,Joseph,M.D.L.Chef et D....Marc,gendarme,à la résidence de Hendaye,département des Basses-Pyrénées,revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos Chefs;étant à notre caserne,nous avons été avisés par Monsieur le Maire de Hendaye,que le corps d'un noyé,venait d’être découvert au Pont International de Hendaye.
Nous nous sommes rendus aussitôt sur les lieux et,nous avons en effet constaté,que le corps d'un noyé flottait sous la première arche du Pont International.Ce corps était accroché à cet endroit à des fils de fer barbelés.
A l'aide d'une barque mise gracieusement à notre disposition,nous avons transporté ce corps,jusqu'au Port de Hendaye,ou,après l'avoir déposé sur la berge,nous avons constaté qu'il portait une blessure par arme à feu au bras droit et que l'os était complètement brisé.
Il était vêtu d'une chemise Kaki,d'un Pull Over marron,d'une culotte en drap kaki,chaussé de brodequins,il porte en outre des bandes molletières en drap kaki.Un calot en drap kaki est maintenu à sa ceinture à l'aide d'une courroie en cuir.
Nous avons fouillé les poches du noyé afin de l'identifier,mais aucune pièce d'identité n'a pu être découverte.Dans la poche droite de sa culotte,nous avons trouvé un portefeuille en cuir marron,contenant la somme de CINQ CENT CINQUANTE Francs.Le corps de ce noyé portant des effets militaires,nous avons conclu qu'il s'agissait d'un prisonnier de Guerre Nord Africain,cantonné à Hendaye.
En effet un des prisonniers ayant tenté de s'évader en traversant la Bidassoa à la nage le 30 mai 1944,des militaires des Troupes d'occupation de Service,avaient tiré sur lui.Des renseignements verbaux recueillis,ce prisonnier aurait coulé dans la rivière quelques instants après le coup de feu.
Monsieur le Docteur REBOUL,avisé par les soins de Monsieur le Maire,s'est rendu sur les lieux et à procédé aux constatations médicales.Ce praticien,nous a déclaré que la blessure du bras droit était faite par une arme à feu et que la mort était due au choc traumatique et à l’hémorragie ayant entrainé la noyade.Il nous a délivré un certificat médical,qui sera joint à la première expédition du procès-verbal.
Les prisonniers de guerre Nord Africains,ayant quitté Hendaye dans la journée,nous n'avons pu demander à ces derniers s'ils reconnaissaient le corps du noyé comme étant un de leur camarade ayant tenté de s'évader le 30 mai 1944.Plusieurs personnes se trouvant sur les lieux,n'ont pas reconnu non plus le corps de ce noyé.

Ce noyé étant certainement le prisonnier de Guerre Nord Africain ayant tenté de s'évader ,nous avons prévenu la Standortkommandantur locale de cette découverte et lui avons demandé la destination à donner à ce corps.Il nous a été répondu de le transporter à la Morgue d'Hendaye.
Les services des Pompes funèbres prévenus sont arrivés peu après sur les lieux munis d'un cercueil et la mise en bière du corps a été faite.Cette opération terminée le corps a été transporté à la morgue du cimetière d'Hendaye.
La Standortkommandantur locale ,n'a pas pu nous fournir le nom de ce prisonnier de guerre,mais des renseignements recueillis il s'agirait du sujet marocain ;MOHAMED-BEN-HAMED Matricule au Frontstalag N°44 265.
L'inhumation a eu lieu le 3 Mars 1944_  _ à 20 heures,au nouveau cimetière d'Hendaye,travée N°5 concession N°19.
La somme d'argent trouvée sur le cadavre nous a été réclamée par les autorités d'occupation pour etre transmise à la Croix Rouge Internationale .Elle a été remise contre reçu au Sergent Allemand HENSEL de la Standortkommandantur de Hendaye qui sera joint à la première expédition du Procès-Verbal.
Quatre expéditions destinées:la 1ere à Monsieur le Procureur de la République à Bayonne avec le certificat médical et le reçu de la Somme,la 2 eme à Monsieur le Sous-Préfet à Bayonne,la 5eme à la Standortkommandantur locale,la 4 eme aux archives.
Fait et clos à Hendaye les jour,mois et an que d'autre part.

Copie du certificat médical:
Je soussigné A.REBOUL docteur en médecine,certifie avoir examiné le 2 juin 1944,le cadavre d'un homme d'environ 30 ans,présentant une blessure par arme à feu ayant traversé le bras droit après éclatement de l'os.
La mort est due au choc traumatique et à l'hémorragie ayant entrainé la noyade immédiate.
Signé:REBOUL.
Le 2 juin 1944.

Reçu
Je soussigné :HENSEL,Sergent Allemand à la Standortkommandantur de Hendaye,reconnais avoir reçu de la brigade de gendarmerie de Hendaye,un portefeuille ,contenant la somme de CINQ CENT CINQUANTE francs,découverte sur le Sujet marocain MOHAMED-BEN-HAMED,prisonnier de guerre Nord Africain trouvé noyé le 2 juin 1944.

Hendaye le 5 juin 1944








 

 

IV -"Camps de prisonniers à Hendaye" à la Libération

 Source:Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques,site de Pau,cote 77 W art 14

Service des Renseignements Généraux Hendaye

Hendaye le 30 octobre1944
Les inspecteurs de Police:L......et B...... 
A Monsieur le COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE à HENDAYE

Objet:A/S. du centre d'internement d'Hendaye
Réf:Note de M.le Préfet des Basses-Pyrénées N°1655 I.P. du 17/10/44

Nous avons l'honneur de vous rendre compte des résultats de l’enquête que nous avons effectuée suivant vos instructions,au sujet du camp d'internement d'IRANDATZ.
1°Le camp d'internement d'IRANDATZ est situé en bordure de la route de BEHOBIE et on y accède par la rue Santiago,
2°Les internés sont au nombre de 17 actuellement,et tous de nationalité espagnole,Plusieurs contingents de ces internés ont déjà été dirigés sur le camp d'internement de Jurançon à Pau,
3°La garde du camp est assurée par 9 sénégalais dont 1 sergent-chef et 1 sergent,tous détachés par le Commandement Militaire de la Frontière à Hendaye,
4°Le camp est constitué par une vingtaine de baraques en bois,Parmi ces bâtiments,est affecté un logement du corps de garde.Des baraques sont également prévues pour des salles de jeux,de désinfection,de douches et de réfectoire.
Le service médical est assuré par les médecins d'Hendaye qui sont appelés en cas de maladie d'un interné.
La nourriture est satisfaisante et assurée jusqu'à maintenant par le P.C. des F.F.I qui cependant se décharge de ce soin à partir du 1 er novembre 1944,
5° Ce camp a été installé par le Commandant Militaire de la Frontière et par la Sécurité Militaire pour recevoir les espagnols qui traversent clandestinement la frontière franco-espagnole depuis le départ des troupes d'occupation.
6° Les internés ne se livrent à aucun travail régulier en dehors de l'entretien du camp (barbelés,nettoyage etc...). Lorsque le nombre de ces internés est assez important,on nomme parmi eux un commandant responsable de ses hommes.
7°Dans l'ensemble les conditions de vie au camp d'IRANDATZ sont satisfaisantes.Les internés n'y restent d'ailleurs pas longtemps,étant évacués sur PAU dès que leur nombre permet la formation d'un convoi.
Il est à signaler d'ailleurs que le nombre de ces internés a sensiblement diminué depuis le renforcement par les troupes régulières de FRANCO.
Les inspecteurs de Police
Signé :L.....,B.....

N°746 .-Vu et transmis à Monsieur le PRÉFET,à Pau,suite à sa demande en date du 17/10/44

HENDAYE ,LE 30 OCTOBRE 1944
P/LE COMMISSAIRE DIVISIONNAIRE

P.S.Le camp d'IRANDATZ avait été construit par les allemands pour y loger la Division Bleue espagnole;les baraques sont très bien installées ,les couchettes sont en bon état,et il existe du chauffage dans chacune d'elles.

A propos de la Division Bleue

 La División Azul (la Division bleue en français, Blaue Division en allemand), était un corps de  volontaires espagnols créé par Franco et mis à la disposition  de l'Allemagne nazie pour combattre sur le front de l'est.Voir l'article Division Bleue -Wikipédia
Collection particulière
Collection particulière

   

Articles du blog

30 août 2016

Des archives du Centre de séjour surveillé villa Julia de Bayonne découvertes à Pau

Je l'avoue,l'idée ne me serait jamais venue de rechercher dans un fonds de la préfecture intitulé "collectivité locale", des archives du camp de Gurs et du Centre de séjour séjour surveillé de Bayonne. 

Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques -Extrait de l’instrument de recherche de la série W
 Du 12 février 1941 jusqu'à la fin juin 1942,l'équivalent d'une "Bastille" a fonctionné ,boulevard Jean d'Amou,quartier Saint-Esprit.Une villa appartenant à Henri Julia,armateur,négociant,avait été réquisitionnée par l’administration de Vichy,pour y interner des communistes de Tarnos ,du Boucau,de Bayonne et de ses environs;des étrangers,majoritairement des espagnols,et des juifs.
L'existence de ce centre de séjour surveillé à Bayonne a été tirée de l'oubli par l'historien Jacky Tronel dans un article du 19 novembre 2012. 
Depuis la fin 2013,je suis engagé dans une traque patiente et méthodique de la villa Julia sous Vichy: Les archives à Bayonne, Pau,Mont-de-Marsan, Bordeaux,Caen...

Le 26 aout dernier,grâce à un extraordinaire enchainement,je suis parvenu à prendre connaissance à Pau ,d'archives du Centre de séjour surveillé de Bayonne,curieusement classées par le cabinet de la préfecture à la rubrique "collectivité locale".
Le 18 aout ,via Facebook, Florence, me met  en relation avec Patrick Fort* ,écrivain.Ses  "recherches sur Gurs, dans le cadre de son  prochain roman, l'ont amené à croiser, à plusieurs reprises, le sinistre René Gruel, directeur du camp du 1er septembre 1942 au 30 septembre 1943.René Gruel , René le “Cruel”, depuis des mois, je le traque mais je ne trouve rien sur lui...comme si tout avait été soigneusement effacé, qu’il avait disparu... voire jamais existé...
Aussi, si vous avez des informations le concernant ou des conseils à me donner pour retrouver sa trace, je suis preneur !!!"
Les 22 et 24 août,je me suis rendu sur le site de Pau des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques pour tenter d'aider Patrick Fort.Durant ces deux jours,j'ai  brassé des archives relatives au camp de Gurs.J'ai trouvé quelques renseignements concernant le directeur du camp, René Gruel. Les recherches sur place ont été  aussi un moment privilégié pour échanger des informations avec la présidente de salle.
Le lendemain après midi,à la suite d'une recherche sur une église de la vallée d'Ossau, la présidente de salle  m’envoie un courriel dans lequel elle  m'indique avoir découvert  quelques archives complémentaires relatives au camp de Gurs.Je parcours le bordereau de versement 68 W  qu'elle a eu la gentillesse de m'adresser.Et de sursauter  à la lecture de la description de  l'article N°6  tout en haut de la page 2.
Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques,site de Pau.Bordereau de versement 68W


Ce qu'il faut retenir

  • Ne pas se fier aux intitulés des bordereaux établis par les services qui versent aux Archives départementales,
    Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques _Site de Pau_En-tête du bordereau de versement 68 W
  • Balayer la description de tous les articles figurant sur les bordereaux de versement,
  • Dialoguer avec le personnel des archives .

Le contenu du carton 68 W article 6 consultable aux AD 64 à Pau

Le carton ne contient aucune liste nominative de détenus et aucun renseignement sur les gendarmes français chargés de leur  surveillance
 
Catégorie de détenus se trouvant au Centre de séjour surveillé internés à la Maison d’Arrêt
28 juin 1941
NDLR:Après le 22 juin 1941,date  de l'attaque de l'Allemagne contre l'URSS,les autorités allemandes ont exigé l'évacuation de l'ensemble des internés qui se trouvaient  villa Julia pour y installer des personnes arrêtées au cours d'une  rafle .Vichy reprendra le contrôle du  CSS de Bayonne quelques semaines plus tard.
Espagnols 20
Hongrois 1
Polonais 2
Tchèques 2
Tangerois 1
Belge 1
Apatride 1
Total 28

Pièces comptables
Les archives comptables semblent complètes;factures,correspondance,salaires de la cuisinière et du régisseur comptable.
La plupart des fournisseurs ,un peu plus d'une dizaine,sont des commerçants et artisans  de Saint-Esprit ou du centre ville de Bayonne.Les factures sont détaillées.Ainsi,par exemple l'extrait suivant du  relevé de compte du mois de mars 1942 d'un primeur bayonnais:
4 mars
31 kg  choux
27 kg  navets
27 kg  carottes
18 kg  poireaux
7 kg oignons
6 mars
40 kg  carottes
38 kg navets
4.6 kg poireaux
4 douzaines scaroles
10 mars
10 douzaines épinards

Statistiques journalières du nombre de détenus 
Du 12 février au 27 juin 1941
Les données statistiques sont quasiment complètes.Pas de nom,ni de motif d'internement.


Autres archives relatives au Centre de Séjour surveillé de Bayonne

Archives départementales de la Gironde

72 cours Balguerie-Stuttenberg
33300 Bordeaux, France
Adresse courriel : archives.gironde@gironde.fr
Site internet:Archives départementales de la Gironde

W 103.3/3 et W 103 5/2.Des rapports mensuels sur le fonctionnement du CSS
Attention,il s'agit de documents numérisés ,accessibles seulement depuis un poste informatique  de la présidence de salle de recherches.La consultation de ces archives est en pratique très difficile:le personnel n'est pas en mesure  de retrouver le chemin d'accès des dossiers numérisés,lenteur de chargement des images......

Archives départementales des Landes
25, place du 6e RPIMA
40000 Mont-de-Marsan
Adresse courriel : archives@landes.fr
Internet : www.archives.landes.org ;
Navette gratuite devant la gare SNCF jusqu'au centre ville.Ensuite marche à pied.
283 W art 61
283 W art 68
283 W art 80
Des liasses à l'intérieur desquelles on trouvera des renseignements nominatifs sur des personnes internées au Centre de Séjour Surveillé de Bayonne;correspondance,arrêtés du préfet,PV de gendarmerie.


Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques
Pôle de Bayonne et du Pays Basque
39 avenue Duvergier de Hauranne 64100 Bayonne
Des traces de la Villa Julia apparaissent au hasard de la consultation des registres d'écrou et des registres de transfert des prisonniers.
Données fragmentaires.
Archives de la Maison D’Arrêt de Bayonne
2 Y 1 art 89
1338 W 

Une trouvaille à la bouquinerie Kontrapas ,36 rue Bourgneuf,64100 Bayonne
Un guide pratique édité en 1960 sous le patronage des personnels administratifs et techniques de la Sûreté Nationale situait la Maison d’Arrêt de Bayonne ......boulevard Jean d'Amou au lieu de la rue Charles Floquet......
 
Collection de l'auteur_Édition 1960





Maison d’Arrêt,boulevard Jean d'Amou



*Patrick Fort ,écrivain

Mes remerciements à  Jacky Tronel, Flo,Patrick Fort, Caroline de Pau ,Nathalie de Bayonne, Béatrice de la bouquinerie Kontrapas,Claire Frossard,Michèle Degorce,John.

14 juillet 2016

Cérémonies du 14 juillet 1939 au camp de Gurs

Camp de Gurs,le 19 juillet 1939

Rapport du Chef d'Escadron DAVERGNE,Commandant le Camp de Gurs,sur les différentes cérémonies qui se déroulèrent dans le centre d'accueil le 14 juillet 1939.

A l'occasion de la Fête Nationale du 14 juillet 1939 et en commémoration du 150 eme anniversaire de la Révolution Française,un salut aux couleurs françaises et des réunions sportives et artistiques ont eu lieu au Camp de Gurs.

SALUT AUX COULEURS
A 8 heures,les honneurs au drapeau français furent rendus par toutes les troupes de garde non de service ( 1 peloton de GRM* à pied-2 Compagnies d'infanterie,2 pelotons à pied du 2 eme Hussards-1 peloton de GRM à cheval) sous le commandement du Capitaine Commandant le Bataillon de garde,sous la présidence du Commandant du Camp.
Assistaient à cette cérémonie patriotique:
20 réfugiés basques,
20 réfugiés espagnols (autres provinces)
20 réfugiés espagnols (aviateurs)
20 réfugiés internationaux,
20 réfugiés appartenant à la Cie des travailleurs du Camp.

Ces délégations ,manœuvrant militairement,dans une tenue uniforme et parfaitement soignée,étaient groupées face au mat porte-drapeau,à 200 mètres des troupes.

RÉUNION SPORTIVE
De 9 heures à 11 heures 30,une réunion sportive se déroula au Stade du Camp.
Elle comprenait:
Un défilé de 800 gymnastes,dont 150 porteurs de petits drapeaux français,
Par les mêmes gymnastes (tous internationaux avec majorité d'anciens Sokols) une exécution de mouvements d'ensemble.
Des pyramides humaines,par des groupes polonais et Tchéco-Slovaques.
Un match de foot-ball association entre une sélection espagnole et une sélection internationale (perdu par ces derniers:1-4)

APRÈS-MIDI ARTISTIQUE
Elle eut lieu de 16 heures à 20 heures,au théâtre en plein air du Camp.
Coupée en son milieu par deux discours (joints au présent rapport avec le programme de la séance) elle commença et se termina par la "MARSEILLAISE" jouée par l'orchestre et reprise par les 17.000 réfugiés présents debout et tête nue.
Toutes les manifestations de la journée méticuleusement préparée et ordonnée,se déroulèrent sans heurt et sans fausse note,sans esprit partisan ni tendance politique quelconque,toutes présidées par le seul drapeau tricolore et donnèrent à tous les réfugiés du Camp l'occasion de communier sincèrement dans l'Amour de la France Républicaine.

DESTINATAIRES
Mr.le Général,Cdt la 18 ° Région à Bordeaux.
Mr.le Général MENARD,E.M.de l'Armée-Cabinet
Mr.le Préfet des Basses-Pyrénées,à Pau
Mr le Sous-Préfet d'Oloron

Document original consultable en salle de lecture des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques à Pau ,cote 3 Z art 80 Sous-Préfecture d'Oloron

GRM=Garde républicaine mobile
Sokol -Article Wikipédia

Pour aller plus loin 

Vidéos, présentation officiel du Camp de Gurs en français,espagnol,anglais et allemand

Amicale du Camp de Gurs

02 mai 2016

Militaires de l'armée française morts en captivité à Bayonne pendant l'Occupation allemande

Dans le cadre des cérémonies du 71e Anniversaire de la Victoire,dimanche 8 mai 2016,esplanade de Verdun (9h45-11h),une plaque à la mémoire des soldats des troupes coloniales,morts en captivité au Frontstalag 222 du Polo Beyris de Bayonne sera dévoilée. La plupart de ces soldats avait bénéficié de la mention "Mort pour la France".             
Monument aux Morts de Bayonne,esplanade de Verdun
 



















Le Monument aux Morts de Bayonne rend hommage aux morts bayonnais de :               
             1914-1918,
             1939-1945,
             1945-1955 (Corps expéditionnaire en Indochine et Corée)
             1952-1962 (Algérie,Maroc,Tunisie)
             1991 (Guerre du Golf Persique)
Sur les cotés de ce Monument , des plaques à la mémoire  :
            Des volontaires polonais instruits à Bayonne en 1916,
            Des volontaires espagnols de la guerre 1914-1918,
            Des volontaires tchécoslovaques engagés dans l'armée française  (12 octobre 1914)
            Des soldats de l'armée portugaise (1914-1918)
Le cimetière Saint-Léon ne disposant plus d'emplacements pour l'installation des caveaux,il avait été décidé en conseil municipal en 1949 ,de regrouper vers la crypte,une centaine de sépultures militaires disséminée .
(Source:AD 64 Pôle de Bayonne et du Pays Basque _E Dépôt Bayonne 4 W art 20-15.Agrandissement de la crypte au cimetière Saint-Léon)
 
 
Tombes militaires du cimetière Saint-Léon à Bayonne avant le regroupement vers la crypte                                 
J&D Éditions  18,rue de Folin Biarritz-Louis Poullenot  Basses-Pyrénées Occupation Libération 1940-1945

 

Quelques témoignages sur l'accompagnement des prisonniers de guerre

au cimetière Saint-Léon à Bayonne 

Source:SHD Caen

" Gueddal est entré à l’hôpital des prisonniers de Bayonne le 4 février 1941(...) Il est décédé le 23 février .Il a été enterré suivant les préceptes du Coran  le 26 février au cimetière de Bayonne ,en présence d'une délégation de prisonniers nord-africains conduite par un médecin capitaine ,des prières ont été dites par un mufti."
Le Médecin-Commandant Farinaud des Troupes coloniales
Dossier  Service Historique de Caen


 
"Le tirailleur Souhouera est entré le 24 _illisible_1941 à l’hôpital des prisonniers de guerre de Bayonne.
(...)Malgré les soins qui lui ont été prodigués son état (...) est allé en s’aggravant et il s'est éteint doucement le 8 mars .
Il a été inhumé le 10 mars en présence d'une délégation de prisonniers conduite par un médecin capitaine."

Le médecin Farinaud des troupes coloniales Médecin chef français de l’hôpital.

Dossier Service Historique de Caen  Cote



Le Tirailleur Koi Koré est entré à l’hôpital des prisonniers de guerre de Bayonne le 8 février 1941.(...). Il s'est éteint doucement le 21 mars après avoir reçu les derniers sacrements .Après une cérémonie célébrée à la cathédrale de Bayonne ,il a été inhumé le 24 mars au cimetière de Bayonne en présence d'une délégation de prisonniers africains conduite par un médecin capitaine."
Le Médecin-Commandant Farinaud
Médecin Chef  français de l’hôpital de prisonniers de Bayonne




"Le tirailleur malgache Sanama est entré à l’hôpital des prisonniers de guerre de Bayonne le 7/4/41 à 20h30 venant du camp de Labenne.
(...) il est mort le 8/4/41 à 15h30.Il a été inhumé au cimetière Saint-Léon à Bayonne en présence d'une délégation d'infirmiers et de prisonniers assisté du secours  du prêtre catholique."

Le médecin Cap Gast
Dossiers Service Historique de Caen Cote AC 21 P 141010 et  Cote AC 21 P 151370




"Le Tirailleur marocain Chergui Ben Naasi est entré à l"hôpital le 21/4/41.(...) Est mort le 22/4/41 à 13 heures.Il a été inhumé à au cimetière Saint-Léon à Bayonne le 24/4/41 à 9h30 selon les rites de sa religion et en présence d'une délégation de la croix-rouge ,d'infirmiers et de prisonniers de guerre."
Le médecin capitaine Gast des T.C.
Dossier Service Historique de Caen Cote



"Le tirailleur Abd Ben Salam est entré à l’hôpital des prisonniers de guerre de Bayonne le 7/4/41.
(...) il est mort le 5/5/41  à 6h15 du matin.Il a été inhumé le 6/5/41 au cimetière Saint-Léon de Bayonne en présence d'une délégation d'infirmiers et de prisonniers de guerre et selon les rites de sa religion
."

Le médecin Gast
Dossier Service Historique de Caen Cote




"Le tirailleur malgache Manofi est entré à l’hôpital de prisonniers de guerre de Bayonne  le 6 mars 1941.
(...) il est mort le 6 mai 1941 .Il a été inhumé au cimetière Saint-Léon le 7 mai 1941 selon les rites de la religion catholique et accompagné par une délégation d'infirmiers et de prisonniers de guerre indigènes."

Le médecin Gast

Dossier Service Historique de Caen Cote



L’hôpital des prisonniers de guerre de Bayonne se trouvait à l'emplacement actuel de la Médiathèque de Bayonne


"Le tirailleur Demba Sara  a succombé en présence du médecin Lieutenant Poinot sans souffrances et sans exprimer ces volontés dernières le 10 aout 1941 à 1h.L'inhumation a eu lieu le 12 aout 1941 à 14h30 au cimetière Saint-Léon à Bayonne ,en présence d'une délégation d'infirmiers et de prisonniers africains ,conduite par un sous Officier indigène"
Dossier Service Historique de Caen




"Le soldat Frahia Ben Abdelkader a été assisté au moment de sa mort_21/8/1941_ par un camarade coreligionnaire .Il a été enterré au cimetière Saint-Léon à Bayonne selon les rites de sa religion et en présence d'une délégation de prisonniers de guerre conduite par le sergent indigène M Bareck"
Médecin-Capitaine Vaubems
Dossier Service Historique de Caen Cote




"Le soldat Kelifa Ben Belaid a été inhumé au cimetière Saint Léon à Bayonne le 8 septembre 1941 en présence d'un détachement d'infirmiers,le médecin capitaine Veunac et le médecin lieutenant CazauXXXX
Une cérémonie religieuse a été faite par un marabout."

Dossier Service Historique de Caen



Cote



"Le soldat Larbi Ben Rahal a été inhumé au cimetière Saint-Léon à Bayonne le 29 décembre 1941 selon les rites de sa religion.
Une délégation de prisonniers de guerre assistait aux obsèques .Étaient également présents les médecins capitaine Veunac et Brune des troupes coloniales."

Dossier Service Historique de Caen Cote



"Le soldat Sadok Ben Ahmed _décédé le 10 12 1941_a été inhumé au cimetière Saint-Léon à Bayonne selon les rites de la religion musulmane et en présence d'une délégation de prisonniers du camp du Polo."
Dossier Service Historique de Caen


Cimetière de Louillot,Anglet depuis février 2014





Archives des victimes des conflits contemporains à Caen 


 Remerciements aux personnels


de l'Etat-civil des villes de  Bayonne et d'Anglet,
de la Médiathèque de Bayonne ,
des sites de Bayonne et de Pau des Archives départementales,
du Service Historique de la Défense à Caen,

Le Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris 

L'histoire oubliée des prisonniers de guerre du Frontstalag 222 de Bayonne a pu être retrouvée grâce au travail mené depuis 2012 par le Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris. Collectif composé de simples citoyens soucieux, notamment, de rendre hommage à ces hommes venus de si loin pour défendre la France qu'ils ne connaissaient pas.

Contact : c_campbeyris@orange.fr
Claire Frossard,
Coordinatrice du Collectif  Mémoire

Le Souvenir Français

Site officiel de l'ONACVG - Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre  


Pour aller plus loin


Prisonniers de guerre « indigènes » Visages oubliés de la France occupée d'Armelle Mabon
La Découverte


Une saison noire.Les massacres de tirailleurs sénégalais (Mai-juin 1940) de Raffael Scheck. Traduit de l'anglais par Eric Thiébaud. Tallandier, 288 p., 22 €. 
Tallandier 

France-Inter
Thiarroye 1944:un massacre camouflé

Elysée.fr
Discours et hommage aux tirailleurs sénégalais au cimetière de Thiaroye à Dakar